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La logique (2) -- La vérité
04 novembre 2014

Hi'.

Tout d'abord, j'ai une révélation à vous faire : là tout de suite je devrais bosser sur mon article scientifique, ou faire les illustrations pour Acylius, ou écrire un texte pour Knight, ou même écrire un texte pour moi, oui môssieur j'écris encore oui ça m'arrive ! Maaaaaais là je le sens pas alors je vais me faire plaisir et ajouter à votre torture de la dernière fois.

Donc non, pour ce second article sur la logique on ne va pas décréter qui de l'oeuf ou de la poule est arrivé le premier, si les chihuahuas sont des chiens ou si Vaissel'estia lave plus blanc que Sombra'ssiette, le genre d'info' qu'un doc' à noeud pap' connaît mieux que moi.

Par contre, on va discuter de la Vérité avec une grosse majuscule que tiens je vais mettre en gras juste pour la forme, la Vérité disais-je tellement vraie que même quand elle est fausse elle est vraie quand même. Et oui ce genre de vérité existe, exemple :

1) 1 + 1 = 2

Pfff encore des maths', mais avoue que même pour le gros bourrin du fin fond du Kamchatka, s'il met un poney à côté de son poney ben il a deux poneys, qu'il le veuille ou non. On parle du genre de vérité tellement vraie que même si tu traverses l'univers ! deux fois ! le temps que ça t'a pris pour le faire ta vérité sera toujours vraie. À ce point-là, et plus encore.

Et maintenant je vais te soutenir que là-dedans :

2) Twilight hésitait. Starswirl avait raison, mais si elle le soutenait elle allait perdre ses amies. Pire encore, elle risquait de perdre Dash ! Mais, se dit-elle, il avait raison !

Il y a de telles vérités.

Là si vous êtes de bons logiciens, ou juste des fanboys endurcis de Doctor Who, votre première réaction devrait être de demander "whyyyy ?" avec une voix mignonne de Dalek, et brohoof à vous. Pour les autres, demandez-vous pourquoi. Mettez ça en doute.

Partez du principe que j'ai raison, hein, sinon vous allez arrêter de lire, mais demandez pourquoi.

Non mais parce que bon, même Twilight elle est perdue. Twilight motherbuckin' miss perfect alicorn Sparkle ! Si elle-même ne sait pas quoi penser, nous autres pauvres mortels ne risquons pas de faire mieux. Donc après un petit rire hautain et précieux pour la transition, prouvons-lui le contraire. En commençant par faire la liste des variables :

Starswirl a raison.
Elle le soutient.
Elle perd ses amies.
Elle perd Dash.

Ouais j'ai utilisé le mot "variable", au secours tout ça, voilà une bonne excuse pour retourner lire l'article sur le sujet tandis que les plus hardcore d'entre vous auront déjà tout abstrait avec des lettres genre bien crypté. Et si vous vous rappelez bien, on peut avoir des variables de n'importe quoi, alors pourquoi avoir choisi ces variables-là ?

Simple.

1. La valeur de vérité

Si je vous dis "1", ou "8", ou encore "-3", c'est vrai ou faux ? Bah vous en savez rien, c'est juste des nombres. Si je vous dis "1 + 1" ou "2/3", c'est vrai ou faux ? Là encore vous haussez admirablement les épaules et vous me demandez d'enchaîner parce que ça cogite et que vous savez déjà où je veux en venir. Si je vous répète l'exemple (1) soudain il y a un signe d'égalité et déclic, là vous pouvez me dire si je sais calculer ou pas. Et vous savez quoi ? C'est pareil pour les quatre phrases listées plus haut. C'est à partir de là qu'on peut dire si c'est vrai ou faux.

Ce qui, dans un article destiné à parler du vrai et du faux, est plutôt bien tombé.

Mais, mais mais mais, est-ce que pour autant on sait si elles sont vraies ou fausses ? Bah non. Rien que "elle le soutient", punaise c'est l'enjeu du paragraphe ! Si on le savait on ne perdrait pas notre temps à se poser la question ! ... Ouais okay ouais, "Starswirl a raison" on dirait que c'est vrai, je veux dire c'est Twi' qui le dit alors ça doit être le cas. Non ? Non ? Non. Pas forcément. Genre vous avez jamais lu un texte où ce qu'on croyait vrai se révèle soudain faux ? Genre le héros qui revient d'entre les morts, le gentil qui en fait est méchant et j'en passe ? Non, jamais ?

Dans le principe, une variable peut être vraie ou fausse. Mais ça reste une variable : on n'en sait rien. Dans le jargon on dit que la variable a une "valeur de vérité" et cette valeur est, à ce stade, inconnue.

Mais.

Mais mais mais.

Cette valeur de vérité est soit "vrai", soit "faux", c'est blanc ou noir, c'est l'un ou l'autre, c'est du manichéisme assumé et primaire et c'est comme pour les ordinateurs, des 1 et des 0. Et pas de 2. Ça n'existe pas les 2.

En d'autres termes, on va remplacer la variable, quelle qu'elle soit, par un "1" ou un "0". Et les 1 et les 0, ça, on sait calculer. Mmmmmh on l'avait pas vue venir, celle-là. Attention prêts à hurler ?

3) Twilight hésitait. Vrai (?) mais si Vrai (?) alors Faux (?). Pire, Vrai (?) ! Mais Vrai (?) !

Okay y a des points d'interrogation partout, parce qu'en fait la valeur on la connaît pas, mais yup. Les variables sont des abstractions, on peut mettre n'importe quoi à la place alors on va tout remplacer par deux valeurs et on va calculer avec ça. Notre but dans la vie ? Arriver à attribuer une valeur à toutes les variables. Nos chances d'y arriver ? Proches de zéro mais ça n'a jamais arrêté un héros de shônen.

2. L'hypothèse

À ce stade on a juste décidé qu'on allait remplacer des phrases entières par des 1 et des 0, super ! Le problème c'est qu'on n'a toujours pas dit comment on allait faire. On peut toujours le faire au pif', hein, y a une chance sur deux de se planter à chaque variable, on peut jouer au casino. Mais va savoir pourquoi, un peu de rigueur serait la bienvenue.

Pour obtenir les valeurs, il faut comprendre comment fonctionne un raisonnement. C'est une argumentation : tu as des "arguments" qui te permettent d'aboutir à une "conclusion". Donc la logique c'est pareille, arguments et conclusion.

Sauf qu'on est logiciens.

On complique tout.

Donc à la place de dire "argument" on va dire "hypothèse".

Okay en fait on pourrait compliquer encore plus et dire "prémisse" mais on va dire "hypothèse". Et pour les logiciens de passage, oui je sais ce que je fais, et oui je sais qu'on parle de validité plutôt que de vérité, à raison, vos gueules c'est déjà assez la gadoue comme ça.

Donc reprenons. Quand vous êtes autour de la machine à café (ou dans le préau, pour les plus jeunes) et que vous devez convaincre vos collègues-slash-camarades que les poneys ça roxxe, vous devez donner un tas de raisons. Ces raisons, vos arguments, ce sont des hypothèses. Pourquoi on va appeler ça une "hypothèse" ? Parce qu'on ne sait pas si c'est vrai.

Non non non. Non. Non. Non ! Non j'ai dit. Non.

Je sais que pour toi tes arguments c'est la vérité vraie genre la Terre est plate et les merguez c'est meilleur que les frites mais là tes vérités vraies ne nous intéressent pas, nous on veut des vérités vraies++ qualité Optimus Prime, et encore.

En fait, une hypothèse ce n'est pas juste qu'on ne sait pas si c'est vrai ou faux. Une hypothèse, c'est qu'on fait le pari que c'est vrai. Genre "Le Village doit être excellent", j'en sais rien je l'ai pas lu, mais je fais l'hypothèse que c'est vrai. Et quand je raisonne, je raisonne "comme si" c'était vrai. Vous ne me croyez pas ? Okay.

Imaginez que vous êtes chez Twilight, vous notez que Dash n'est pas là et vous lui demandez : "elle est où Dash ?" Bon là Twi' a passé le stade du "Par Luna un humain c'est quoi ce bordel !" et donc elle vous répond : "en prison". Elle a toutes les raisons de le croire. Mais si ça se trouve, Dash s'est évadée, ou bien on est en train de la transférer, ou bien elle a été libérée ou en promenade... hay, si ça se trouve un vortex l'a subitement avalée et emportée dans la dimension X pour ce qu'on en sait ! C'est comme le chat dans la boîte, t'as toutes les raisons de croire qu'il est dedans mais tant que tu l'ouvres pas, bah tu sais pas. Et même pas besoin de neurotoxines. Merci le Petit Prince.

Punaise celui qui me ponifie le Petit Prince je lui cuisine des muffins.

Non sérieux arrêtez de lire et allez me ponifier le Petit Prince. Maintenant.

Okay vous êtes de retour ? Alors on reprend. Nos quatre "phrases" tirées de l'exemple (2) ? Ce sont des hypothèses. Elles peuvent être vraies ou fausses mais on va partir du principe qu'elles sont vraies. Et on va voir ce qui se passe si elles sont vraies.

3. Le syllogisme

À ce stade il faut savoir qu'on empiète sur l'article suivant, qui parlera des connecteurs, mais dans le principe uniquement.

Dans le principe vous avez l'habitude de raisonner comme ça :

4) Starswirl a raison donc elle le soutient

Et vous vous dites qu'il n'y a aucun problème et vous avez parfaitement raison... jusqu'à ce que vous vous rappeliez que ce sont des variables. Vous ne voyez pas le problème ? Okay je le refais :

5) Le bifidus actif est plus mieux donc Tom est une femme.

En quoi l'exemple (5) serait moins vrai, logiquement parlant, que l'exemple (4) ? C'est le même raisonnement, on donne un argument (= hypothèse) et on a une conclusion. On ne sait pas vraiment si Starswirl a raison, si ça se trouve le bifidus actif est vraiment plus mieux et Tom est une pierre. Les mecs. De la caillasse.

Pourtant étonnamment vous vous êtes dits que "te fous pas d'ma gueule" l'exemple (5) c'était du grand n'importe quoi. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas. Le moindre. Foutu rapport. Entre le bifidus actif et un caillou. Autrement dit, on ne va pas regarder juste la vérité de l'argument : on va aussi regarder la vérité de son rapport à la conclusion.

Et ça, c'est le syllogisme :

Starswirl a raison.
Si Starswirl a raison alors elle le soutient.
Donc elle le soutient.

M-m-mais je triche ! Euh c'est censé être votre réaction donc : m-m-mais tu triches ! Me direz-vous grâce à la magie de l'écriture, et je vais secouer la tête. Vous ne voyez pas le problème ? Bah le "si Starswirl a raison alors elle le soutient"... je le tire d'où ? Allez relire l'exemple (2)... okay je vous le remets :

2) Twilight hésitait. Starswirl avait raison, mais si elle le soutenait elle allait perdre ses amies. Pire encore, elle risquait de perdre Dash ! Mais, se dit-elle, il avait raison !

Voilà relisez ça et dites-moi où se trouve la seconde ligne du "syllogisme". Le seul "si" que vous allez trouver là-dedans concerne la perte des amies :

6) "si elle le soutenait (alors) elle allait perdre ses amies."

Vous vous rappelez quand on a dit qu'une variable pouvait en contenir d'autres ? Ouais c'était le bon vieux temps. L'exemple (6) est une variable. Elle en contient deux avec leur valeur de vérité propre, mais elle a sa propre valeur de vérité. On peut dire, de l'ensemble de (6), si c'est vrai ou faux.

Alors d'où je tire mon "Si Starswirl... alors elle le soutient" ? Vraiment ? Vous venez de relire le paragraphe, ça devrait vous sauter aux yeux. C'est sous-entendu, et même pas juste sous-entendu, on a deux fois le "mais" pour nous décoder tout ça. Le texte vous dit, juste de façon "subtile", quoi conclure si Starswirl a raison. Donc oui, la règle apparaît bien dans le texte. Il y en a trois :

Si Starswirl a raison alors elle le soutient.
Si elle le soutient alors elle perd ses amies.
Si elle le soutient alors elle perd Dash.

Et les deux dernières nous donnent les deux syllogismes manquants :

Elle le soutient.
Si elle le soutient alors elle perd ses amies.
Donc elle perd ses amies.

Elle le soutient.
Si elle le soutient alors elle perd Dash.
Donc elle perd Dash.

Voilà, ça a été long (pour pas grand-chose) mais on a enfin explicité l'ensemble du raisonnement, et mis en évidence la contradiction... enfin presque.

4. Les sophismes

On n'a toujours pas dit ce qui était vrai ou faux. On peut dire ce que le texte suppose vrai, ou plutôt, ce que Twilight suppose vrai. C'est-à-dire l'ensemble des variables, vu que c'est son raisonnement. Et c'est amusant de voir qu'elle suppose déjà vrai qu'elle va soutenir Starswirl. Ouais, si vous y regardez bien elle part du principe qu'elle va le soutenir, et réfléchit à partir de là !

Ce qui signifie que pour pouvoir conclure qu'elle ne le soutient pas, il manque encore de l'information. Nos deux derniers syllogismes, on a besoin de les renverser. Et la logique permet ça. Je vous épargne le détail mais ça s'appelle la "contraposée", et ça permet d'écrire, par exemple, que :

Elle ne perd pas ses amies.
Si elle ne perd pas ses amies alors elle ne le soutient pas.
Donc elle ne le soutient pas.

Beuh. De quoi ? Non attends, attends... mais c'est stupide ! Non là je m'excuse mais ça veut dire que, du simple fait qu'elle est amie avec ses amies, elle ne va pas soutenir Starswirl. Indépendamment de savoir si elle risque de les perdre ou non. C'est juste "j'ai des amies ! Désapprouvons ce type !" C'est littéralement ce que dit ce raisonnement !

Elle ne perd pas ses amies.
Si elle ne perd pas ses amies alors elle mange du bon bâtonnet de poisson.
Donc elle mange du bon bâtonnet de poisson.

Et paf, un matin Twilight s'est rappelée qu'elles étaient toujours amies et a envoyé Spike faire les courses, tout ! va ! bien ! Il n'y a strictement aucune raison de l'envoyer à l'asile (ou à l'école). Mais au moins si au milieu d'un épisode vous la voyez soudain tout plaquer et dire "j'ai besoin de poisson" vous saurez d'où ça vient.

Non.

Si elle ne soutient pas Starswirl, c'est parce qu'elle "ne veut pas perdre ses amies". Ou encore qu'elle "risque de perdre ses amies". C'est légèrement différent mais ça la rend déjà moins folle :

Elle risque d'y perdre ses amies.
Si elle risque d'y perdre ses amies alors elle le soutient pas.
Donc elle ne le soutient pas.

Cette information n'apparaît pas explicitement dans le paragraphe en (2) mais voilà quoi, c'est l'idée. Et... c'est toujours un peu stupide.

Ouais je m'apprête à râler, désolé. Dans un récit d'aventure, le héros est souvent confronté à des choix impossibles, genre "sauve untel et tu condamnes tel autre". Et dans un récit d'aventure, le héros doit dépasser l'opposition et sauver tout le monde. Mais. Petit a, s'il pouvait le faire sans deus ex ce serait apprécié, merci d'avance. Et. Petit b, si ça pouvait éviter d'être une routine, ce serait apprécié aussi. Parce que bon, le méchant fait "ah ah ! j'ai capturé ta keupine et tes parents et ton poisson rouge, tu vas dev-" et là l'héroïne le coupe en mode "non mais je les ai déjà sauvés parce que j'ai un badge avec marqué 'forcé de gagner' sur ma poitrine, discute pas". Un récit d'aventure n'est pas un wtf non plus. Un peu de mesure.

Donc ici, la logique déraille.

Elle n'a pas tort : si elle soutient Starswirl, elle va perdre ses amies. Le texte nous dit que c'est le cas et les retournements de situation ça n'arrive jaaaaaaaamais ! Donc hypothèse que c'est vrai, elle décide de ne pas le soutenir. Et ensuite ? Qu'est-ce qui se passe ?

Et si ses amies partaient quand même ? Et si le fait de ne pas soutenir Starswirl causait leur départ également ? Elle n'en sait rien ! Elle ne pas soutenir qu'elles vont rester -- surtout considérant qu'elle s'apprête à mentir et trahir ses principes, hein, merci l'amitié -- en fait elle n'y a pas réfléchi du tout ! Elle s'est juste dit "la conséquence A me dérange donc je refuse et buck ce qui adviendra" et elle s'est arrêtée là.

C'est un peu comme un méchant qui veut votre mort, qui braque une arme sur la tempe de perso' lambda #6 et qui fait "lâche ton arme !" Ouais, si tu lâches pas ton arme ce poney est mort. Mais si tu lâches ton arme c'est toi qu'es mort, et en général perso' lambda #6 suit de très près. Donc bon je sais que dans les films il y a la convention pour que ça finisse bien mais bon logiquement parlant t'es un peu perdant dans l'échange. Je dis que ça.

Et là on a les deux sabots dans le sophisme.

Mais si, le "sophisme", vous savez, c'est l'insulte qu'on vous balance quand on est pas d'accord avec vous. C'est quand on veut insulter votre intelligence. C'est l'attaque personnelle "toute manière t'es même pas un brony" (aussi appelé "ad hominem"), c'est l'argument du plus grand nombre "les bronies sont des dizaines de milliers" (aussi appelé "ad populum") et j'en passe.

Un sophisme n'est pas un raisonnement faux. Pas nécessairement. C'est un raisonnement juste dans la majorité des cas, un "raccourci" qui évite à votre cervelle de flamber sur des problèmes anodins genre "tiens le lait est en action, est-ce que j'en prends ?" En général vous avez fait votre choix avant de savoir pourquoi. Le sophisme permet de résoudre des problèmes très rapidement, avec quand même une marge confortable de sécurité. Non parce que c'est pas pour dire mais l'évolution vous a pas implanté ça pour le plaisir, les sophismes sont là parce qu'ils fonctionnent.

Maintenant, bien sûr, c'est pas fiable à 100% non plus et quand ça foire ben ça foire. Et ça peut causer quelques problèmes -- ne pas parler politique, ne pas parler politique... -- genre acheter une bouteille de lait en trop. Ou trahir ses principes et lâcher votre mentor en plein tribunal, libérant ainsi une psychopathe en nature pour avoir à culpabiliser sur ce choix durant encore sept chapitres. Je dis pas que c'était le mauvais choix. Je dis juste que le raisonnement est discutable.

Là, en l'occurrence, Twilight fait un sophisme.

Elle peut avoir raison. Il se peut que ses keupines soient des p-p-poneys et qu'elles attendent un mensonge de Twily'. Plus probablement, bah elle aura condamné une keupine à l'isolement, elle a beau avoir raison y a de quoi empoisonner les discussions, le risque qu'elles se distancient, tout ça... Mais Twilight suppose que pour éviter ça, tous les moyens sont bons (la fin justifie les moyens), donc pour garder ses copines elle doit mentir, trahir et pourquoi pas assassiner un poney dans la foulée, hein, au cas où Starswirl s'en sortirait sans elle.

5. Conclusion

Mais assez râlé.

Maintenant qu'on a bien décortiqué ce paragraphe, qu'on a bien fait des syllogismes dans tous les sens, qu'est-ce qui est vrai ? Qu'est-ce qui est nécessairement vrai ?

On ne sait pas si Twilight va soutenir Starswirl ou non. On ne sait pas si Starswirl a raison. On ne sait pas si les keupines vont lâcher Twi' et si Dash va être condamnée (tout peut arriver). Cela comprend les deux règles liant le soutien de Twilight à la condamnation -- on peut arguer pour la condamnation mais à ce stade, dur à dire.

Par contre.

L'hypothèse (4) est une certitude. Si Starswirl a raison alors Twilight va le soutenir. J'irai plus loin. Cette règle est vraie même si, à terme, Twilight venait à décider le contraire. Même si elle avait raison et qu'elle ne le soutenait pas, cette règle serait toujours vraie.

Du moins, si le texte est bien écrit. C'est à ça que sert le remords : la règle vaut toujours, Twilight sait l'avoir transgressée et ça la travaille. Ça peut même l'aveugler sur les agissements de Dash, parce qu'elle a la besoin viscéral d'aller contre sa nature pour justifier son choix. Et comment je sais que c'est sa nature ? Parce que ça ne dépend que d'elle. Autant les keupines qui se tirent c'est leur problème, autant Dash condamnée c'est la décision de Starswirl, autant soutenir la vérité c'est la décision de Twilight, et dans le paragraphe elle pose et applique cette règle avec zèle, d'où son désarroi.

Alors ouais, la vérité n'est pas si absolue que ça : dans un autre texte, genre grimdark, Twilight en a probablement ranacirer des principes. Elle peut juste vouloir qu'on la laisse tranquille, voire jouer les manipulatrices. Mais dans ce texte, c'est une certitude absolue, et par cohérence ça doit le rester du début jusqu'à la fin. C'est ce qu'on appelle la cohérence, j'en avais touché un mot.

... Okay ouais il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, oui Twi' a le droit d'évoluer, mais alors là encore restez logiques. On ne change pas du jour au lendemain, ça met du temps, alors à moins de faire une ellipse de plusieurs années le remords, l'arrière-pensée, sera toujours présent. Sans être psychologue. Simplement question que d'un chapitre au suivant on parle toujours du même personnage.

Et oui, vos personnages ont le droit de faire des sophismes.

Tous les poneys en font.

Mais on va bientôt voir pourquoi tout ne peut pas toujours être vrai ou faux.

 

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Meta' mère !
02 novembre 2014

Hi'.

Je suis un peu grognon.

Moi, on m'avait dit que j'aurais ma dose de 12h non-stop de Meta' chaque dimanche et j'étais comme un gamin à qui on aurait promis Noël CHAQUE DIMANCHE s'te plait, et donc voir que ma dose hebdomadaire de flex n'est pas aussi stable que je l'aurais désiré joue un brin sur mes nerfs.

Heureusement je suis adulte.

Et j'ai des réactions d'adulte.

RIEN À FIIIIIICHE ! FLEEEEEEEEEEEEEEX !

Si ça ça vous hype pas pour regarder Metasigma streamer Secret of Evermore je sais pas ce qu'y vous faut et non ce n'est pas de moi, c'est de Kenny et je n'ai même pas eu à le payer pour ça. Sérieux.

Quoi qu'il en soit, Meta' est en train de préparer son stream à l'heure où j'écris, ainsi que de ruminer sur l'existence de contraintes sociales vestimentaires mais c'est une autre histoire. Je n'étais pas très chaud pour traduire aujourd'hui mais avec une telle image, un programme codé achevé et le retour du grand Meta', eh ! Tous les paris sont ouverts !

Donc comme d'hab' :

Va là : Metasigma (stream anglais sur SoE)

Ou là : Chapitre 43 (traduction de FO:E en cours)

Ouais j'ai été flemmard au point de même pas aligner cinq pages et d'oublier de changer les autorisations, le chapitre était donc accessible toute la semaine et on s'en fiche, pony up ! On se met dans l'ambiance et on passe une fin de dimanche correcte !

Donc fanficers,
à vos plumes !

 

EDIT: Il est minuit (et demi), Meta' stream toujours, j'ai encore du coca mais surtout j'ai fini le chapitre 43. Plutôt positif en fait, loin du marasme des chapitres 25-40, mais avec toujours assez de wtf pour faire un addendum à l'addendum de mon râlage.
Je vais peut-être traduire encore quelques pages mais c'est négligeable, donc pas de lien pour le chapitre 44, à ce stade j'ai surtout envie de flemmarder.
EDIT2: À noter qu'il reste 102 pages, soit 15 pages durant 7 semaines pour tenir le délai. Le prochain chapitre en fait 67, allez ! On n'est plus à ça près.

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La logique (1) -- Les variables
31 octobre 2014

Hi'.

Aaaah de la logique ! Ah ! AH ! Panique ! Paniiiique !

Je sais, depuis un certain article qui a renforcé vos préjugés sur ce mot tant honni, vous vous méfiez. Vous êtes déjà en mode "how about no" et vous avez fait vos valises pour la planète "ranafiche" mais donnez-moi deux secondes pour vous convaincre de rester.

Cette fois juré, on va y aller pas à pas et on va faire en sorte que ce soit simple et accessible. Enfin... autant que d'habitude. Non mais bon ça reste signé par Vuld Edone, je suis moins là pour vous donner des réponses que pour vous faire vous poser des questions.

Bref.

Notre but n'est pas ici de comprendre à quoi peut servir la logique. Le but sera d'arriver à lire un "langage formel", vous savez, l'espèce d'elfique barbare fait de formules imbuvables... ouais, après une dizaine d'articles je compte vous balancer ce genre de formule et au lieu de "au secours, ça boit mon âme !" vous ferez "euh t'as mal placé une parenthèse. Là. T'es nul."

1 -- Isoler les variables

Les formules qui nous intéressent sont composées :
- de variables
- de connecteurs

Je sais que ça va en faire fuir plus d'un mais c'est contre mon ADN de ne pas vous le montrer, donc je vais vous balancer une formule complète (la définition de la négation) puis la même formule avec uniquement les variables, car oui, c'est ce qu'on va faire : ignorer tout le reste et faire comme si seules les variables existaient.

1a) [p][ ≡(~(p)≡(p[q][q])) ]
1b) p p p q q

En gros on a enlevé tous les signes bizarres pour ne conserver que les lettres. Rassurés ? Non ? Vous vous demandez toujours comment on est passé de (1a) à (1b) ? Je l'espère parce que c'est l'attitude normale à avoir. On va donc refaire la même chose mais cette fois au lieu d'une formule bizarrofreakazoïd on va utiliser un texte :

2a) "Le rapport des frontières était arrivé quelques minutes à peine après le retour du souverain. Après avoir appris l’évasion, il venait maintenant de prendre connaissance de la débâcle dans l’Empire de Cristal." (Acylius, Dernier Sortilège, ch.14)

2b) rapport frontières minutes retour souverain évasion souverain connaissance débâcle empire cristal

Ce qu'on vient de faire en (2) est identique à ce qui a été fait en (1). On a pris un texte, on a conservé uniquement les noms et viré tout le reste.

Dans la foulée on a une première définition de ce qu'est une variable.

Dans la grammaire scolaire, une phrase est une structure "Sujet - Verbe - Complément". En simplifiant, ça correspond à des noms (listés en 2a) sur lesquels les verbes vont agir. "Le chat" c'est juste un nom, mais "le chat mange" est une action et "le chat mange la souris" aussi. On a donc :
- des objets
- des verbes
Et oui on retrouve nos "variables" et "connecteurs". Et on ne va s'intéresser qu'aux variables. Ces variables, ce sont les objets sur lesquels on va agir, les objets qu'on va manipuler.

Mais.

2 -- Définir une variable

Ce sont des objets abstraits.

La liste en (2b) ce sont des objets concrets. Je vous dit "rapport" vous savez ce que c'est, les "frontières" ça vous parle, le "souverain" y en a qu'un. Tu entends le mot tu sais tout de suite de quoi on parle, c'est confortable et intellectuellement dangereux mais on parle de choses concrètes.

Maintenant si je dis "p" tu comprends... bah rien. Forcément, "p" est une variable, dans "variable" il y a "varier". Derrière ce "p" tu peux mettre n'importe quoi.

Le langage connaît ça aussi. Par exemple si je vous dis que ta mère est une [insérer mot tout fleur ici], vous pouvez littéralement insérer le mot qui vous chante. Et le bon mot était "alicorne", mais vous ne pouviez pas le savoir : c'était une variable. On réessaie ? "Je me mangerais bien [insérer nom commun]". Là encore, vous pouvez me faire manger n'importe quoi, du pain, un éclair au chocolat, un rouleau compresseur... la langue française permet d'insérer ici le nom qu'on veut, tant que c'est grammaticalement correct, et c'est pareil pour notre exemple (2) :

3a) [Le rapport] des frontières était arrivé...
3b) [L'éléphant] des frontières était arrivé...
3c) [Les streptocoques] des frontières étai(en)t arrivé(s)...
3d) ...

Bon ici en l'occurrence il faut que ce soit un nom commun (ou propre ?) masculin singulier, la faute à l'accord du verbe, mais autrement les frontières peuvent nous envoyer à peu près n'importe quoi.

Donc oui, vos textes sont bourrés de variables. C'est juste que vous ne les voyez pas.

Cela dit, il y a un autre domaine que vous avez connu sur les bancs d'école et où les variables ont toute leur importance. Voyons, de quoi je pourrais bien parler... mais si, des "x", des "y", on en a tous avalé des louches entières... les maths' ! Alors on disait "équations à x inconnues", x étant une varia- le nombre d'inconnues dans l'équation, et surprise ! "Inconnues" c'est synonyme de "variables". C'est du pareil au même.

Donc si je vous écris :

4a) x + 1 = 2

Vous avez déjà résolu ça de tête : équation à une inconnue, deux moins un égal "x" et deux moins un ça vaut un donc "x = 1", tiens ta gommette. "x" ici est bien une variable, seulement sa valeur est "contrainte" par l'équation. Dans cette équation, "x" vaut et vaudra toujours 1.

Maintenant, si je vous écris :

4b) x + 1 = y
4c) x + y = z

Équations à deux respectivement trois inconnues (= variables) et vous me direz tout de suite qu'il est impossible de connaître leur valeur. Ce que vous pourrez me dire par contre c'est que, en (4b), "si x vaut 3 alors y vaut 4, si x vaut 10 alors y vaut 11, etc..." Les variables sont toujours contraintes, mais par une autre variable. En (4c) c'est la fête, les contraintes sont si faibles que vous pouvez donner n'importe quelle valeur à "y", les deux autres resteront toujours aussi indéterminées.

Mine de rien on a donc déterminé deux choses : la valeur d'une variable est inconnue ; cette valeur est contrainte par le contexte (au point de devenir connue).

Il reste une troisième chose à déterminer.

Si je vous écris :

4d) x + y = x

Il n'y a que des variables mais pourtant vous êtes capable d'en déterminer une, à savoir y. En fait vous l'avez déjà fait. Laissez-moi le temps de vous rattraper : "y = x - x", "x - x = 0" donc "y = 0", cette fois tu gagnes une médaille en chocolat.

Comment c'est possible ? Eh bien, outre d'être inconnue et contrainte, la valeur d'une variable est... invariable. Ouais on ne sait pas ce que vaut "x", mais "x" vaudra toujours la même chose partout où elle apparaît. Si on remplace "x" par une valeur quelque part, on remplace par la même valeur partout ailleurs.

Pas besoin de faire des maths' pour s'en rendre compte. Reprenez l'exemple (2) à nouveau et regardez la liste : on a "souverain" qui revient deux fois. Mais dans (2a), la seconde fois c'est un "il". Que s'est-il passé ? Eh bien "il" est une variable dont on détermine la valeur par le contexte. Si on le refait avec de vraies variables, ça donne :

5) ... à peine après le retour de x. Après avoir appris l’évasion, x venait maintenant de...

Donc oui, quand je dis que les textes sont bourrés de variables ce n'est pas pour plaisanter, elles sont partout et elles expliquent pas mal de trucs.

Ce n'est pas tout. "Souverain" ça signifie "souverain", mais ça ne désigne pas toujours le même personnage. Ici en l'occurrence ça désigne un bouc, mais dans Oblivion's King le mot peut désigner Sombra, et à l'Assemblée nationale ça désigne plus ou moins le peuple. Si je te dis "j'ai un livre à te montrer", t'as pas la moindre idée de quelle livre je parle, et pourtant "livre" c'est un mot concret. Là encore il s'agit d'une variable contrainte par le contexte et oooooooh ça me rappelle un article ça...

Donc laissez-moi résumer :
- la variable est inconnue
- la variable est contrainte
- la variable est constante

Ce qui m'amène ici à introduire une autre notion : la "constante". En gros, tout ce qui n'est pas une variable est une constante. Dans "x + 1 = 2", les valeurs "1" et "2" sont des constantes. Un vaudra toujours un, deux vaudra toujours deux, un peu comme "souverain" vaudra toujours "souverain".

Mais pas juste. "+" est une constante. Plus sera toujours plus. L'addition va pas soudainement devenir une soustraction juste pour de rire. "=" vaudra toujours "=", c'est constant là aussi. Vous voulez vous en persuader ? Remplaçons-les par des variables :

4e) 1 p 1 p 2 = 2

Vous pouvez remplacer "p" par l'opération qui vous chante, mais... vous avez déjà calculé que pour obtenir 2 vous deviez nécessairement y mettre une multiplication.

EDIT: Okay peut-être pas. Je reprends parce que c'est important. Vous avez une variable, "p", et vous voulez y attribuer une valeur. Mais bon, quel que soit le nombre que vous y mettez, ça vous donne une équation absurde du genre "1 3 1 3 2 = 2", ça ne veut rien dire. En fait, vous savez qu'entre deux nombres il doit y avoir une opération. Ce qui signifie... que "p" doit être une opération. Et en l'occurrence la seule opération qui, avec 1, 1 et 2 permet d'obtenir 2, c'est la multiplication...

Attends wait. "1 / (1/2) = 2" c'est juste aussi... bon autant pour moi ! Ca peut être une multiplication OU une division. My bad. Et peu importe :

Inconnue, contrainte et constante... ouais ouais on vient de faire une variable d'opération !

3 -- Varier les variables

Normalement là je viens de faire éclater votre petite bulle confortable. Rappelez-vous la séparation qu'on avait faite au départ : on avait "variables vs connecteurs", "noms vs verbes" et donc vous deviez en avoir conclu, logiquement, qu'on aurait "nombres vs opérations". Alors comment une opération, comme l'addition ou la multiplication, peut être remplacée par une variable ?

Aaaaaaaah le renard nous a menti !

Euh oui déjà oui je vous ai menti sciemment, mais c'est votre faute c'est vous qui vouliez que je fasse simple. Moi je voulais vous dire d'emblée qu'on pouvait faire des variables d'à peu près n'importe quoi, mais si je vous l'avais dit d'entrée de jeu vous auriez commencé à courir comme des poules de Zelda et personne ne veut d'une situation pareille.

Donc oui, on peut faire des variables de n'importe quoi. Et pour vous l'expliquer je vais reprendre l'exemple (2), encore et toujours, et comme il date pour vous éviter de scroller tout là-haut je vais vous le remettre, puis vous en re-lister les variables :

2a) "Le rapport des frontières était arrivé quelques minutes à peine après le retour du souverain. Après avoir appris l’évasion, il venait maintenant de prendre connaissance de la débâcle dans l’Empire de Cristal." (Acylius, Dernier Sortilège, ch.14)

2c) p
2d) p q
2e) p q r s
2b) p q r s t u t v w x y
2f) ...

Brièvement : en (2c) j'ai listé les paragraphes, en (2d) les phrases, en (2e) les "propositions" (cherche pas) et en (2b) les noms. J'aurais pu aussi lister toutes les lettres du texte, mais passons.

Avant même de pouvoir déterminer la valeur d'une variable, il faut pouvoir en déterminer la "catégorie". Le type de variable dont il s'agit. Phrase ? Nom ? Nombre ? Il peut y avoir des variables d'à peu près n'importe quoi. En informatique c'est très connu :

bool i;  <- variable "boolean", pour le vrai et le faux
int i;  <- variable "integer", pour les nombres
char i;  <- variable "character", pour les caractères
...

À chaque fois la variable c'est "i", mais à chaque fois on change de catégorie. Et là vous vous demandez "mais comment on connaît la catégorie de la variable si tout ce qu'on a c'est "i" ?" et pour être honnête on répondra à ça dans un autre article. Dans le troisième ou le quatrième, donc patience.

Pour le moment, j'aimerais juste revenir sur les équations mathématiques, et le fait de transformer une opération en variable. Si je vous écris :

6a) a + b c d

Ça vous semble impossible à lire ? Vous avez sans doute essayé de tout remplacer par des nombres et ça vous a donné genre "1 + 3 4 5", ouais effectivement c'est absurde. Mais vous avez aussi pu vous arrêter deux secondes et faire... "attends... c'est une équation... il est où le signe d'égalité ?" Et bon il ne peut pas être à trois mille endroits : vous en avez conclu que "c" vaut "=" et, donc que c'était une opération, "a", "b" et "d" étant eux des nombres. Et tu t'es donné une petite tape sur le dos tellement t'es fort. Une fois encore, la variable est contrainte par le contexte, donc il y a moyen de retrouver la catégorie.

On teste ?

6b) a b + c d e

Okay, là encore tu es en train de suer en regardant s'écouler les minutes sur ta montre parce que bon sang ! Ce prof' est un sadique de te fiche ça. Mais réfléchissons posément. "c d e" on l'a déjà résolu, on sait que "d" est une égalité. Restent "a b". Si les deux sont des nombres ça coince, les deux ne peuvent pas être des opérations donc lequel est quoi ? Et si je vous écris "4^2" ? Ça se lit "quatre au carré" ou "quatre puissance deux" et ça peut s'écrire avec juste le "2" en exposant. Yup, "b" est une puissance.

Donc oui, on peut avoir des variables de différentes catégories, mais notre cerveau arrive à gérer ça. En langue française on le fait tout le temps :

7) Fatiguant à la longue, Tom est parti de la fête.

"Fatiguant" c'est un adjectif ou un participe présent ? Est-ce que Tom est parti parce qu'il fatiguait, ou est-ce que les autres en avaient marre de lui ? Pas besoin de règle orthographique pour le déduire : le contexte nous renseigne. Les gens connaissent Tom, le texte est écrit de manière à nous clarifier ça. Et au besoin, si au lieu de Tom on avait Rarity, l'absence d'accord nous renseignerait aussitôt.

Tu m'entends, correcteur orthographique pourri ? Soit tu me mets un "u" soit tu ne m'en mets pas mais va pas m'inventer des règles débiles !

Coup de gueule à part, yup, face à un texte on passe notre temps à replacer les catégories grammaticales, et on le fait sans même y penser, à force de lire c'est automatique. Genre quelle était la catégorie de "automatique" ? C'était un adjectif, mais vous n'avez même pas eu à y penser. Si je vous écris "il est Pinkie Pie ce meuble" soit vous avez décidé que "Pinkie Pie" était un nom propre, et vous m'avez corrigé en "il est à Pinkie Pie ce meuble", soit vous avez reconnu un adjectif et vous comprenez que le meuble est loufoque.

Bon.

Ces histoires de catégories c'est bien gentil mais j'aurais pu vous en parler dans un article ultérieur, pourquoi je vous pourris la vie avec ça maintenant ?

Eh bien parce que je vous ai encore menti. Ouais c'est pas cool, criez au haro mais en (5a) on a bossé dur pour retrouver les catégories, on était tout fier et j'ai hoché la tête sans rien dire. En vérité toute notre démonstration est complètement foireuse. Tenez-vous à votre clavier, je vous explique.

Vous voyez l'équation (4a) ? Rappelez-vous, "x + 1 = 2". C'est une équation. C'est un peu comme un paragraphe. Et on a déjà réduit un paragraphe en une variable. Donc qu'est-ce qui nous empêcherait de réduire cette équation en une variable ? Disons, oh, je ne sais pas... "d" ?

6c) a + b c x + 1 = 2

Booooon ! On s'était planté en beauté en fait ! Mais là vous vous dites, parce que vous êtes au taquet : "mais 'c' est forcément toujours une opération !" Ouais. Ou pas. Vous voyez le "x +" en (4a) ? Qu'est-ce qui m'empêche de...

6d) a + b x + x + 1 = 2

Et là vous avez révisé votre logique, déjà parce que "b" ne peut plus être juste un nombre mais qu'il ne peut pas non plus être juste une opération : "+" exige un nombre à droite. Aussi, vous avez dû commencer à vous méfier et faire "mais et si x était plus qu'un nombre ?" Si vous vous êtes demandé ça, c'est bon, vous avez enfin compris la logique des variables. Et je vous rassure : peu importe ce qu'est "x", il contient un nombre à gauche, vu qu'il apparaît à droite d'un "+" et qu'on vient de dire que... bref. On en conclut que "b" est une variable commençant par un nombre et finissant par une opération. Avec n'importe quoi au milieu.

Donc :
- Une variable est d'une catégorie donnée
- Une variable peut contenir plus d'un élément
- Une variable peut contenir d'autres variables

Et on a enfin fait le tour sur les variables !

4 -- Pour les flemmards

Aussi appelé "conclusion", je me doute que tout le monde n'a pas eu la patience de tout lire donc on va tout résumer ici :

1) La variable a une valeur :
- inconnue
- contrainte
- constante

2) La variable peut :
- être de différentes catégories
- contenir plus d'un élément
- contenir d'autres variables

Une variable est une abstraction, un [veuillez insérer...] qui ne vous dit pas immédiatement quoi insérer. Elle est inconnue : on ne sait pas ce qu'il faut insérer. Elle est contrainte : on devine ce qu'il faut insérer en regardant ce qu'il y a autour. Elle est constante : partout où la même variable apparaît, on insère la même chose.

Une variable peut abstraire n'importe quoi. Ce "n'importe quoi" est la catégorie et, suivant la catégorie, celle-ci peut contenir un tas de sous-catégories dont rien n'empêche certaines d'être également des variables. En gros, derrière une variable il peut vraiment se cacher n'importe quoi.

La meilleure démonstration de ça, en langue française, c'est ce qu'on appelle "l'anaphore résomptive".

Une anaphore c'est... attendez je vais sur wikipedia... un "mot qui reprend un mot apparu avant lui", en gros. Genre "il" pour "le souverain". Donc des anaphores on en croise tous les jours, c'est les mots qui se réfèrent à d'autres mots déjà utilisés auparavant. Mais appliquez la logique des variables -- l'anaphore en est une. Qu'est-ce qui nous empêcherait de nous référer à autre chose qu'un mot ? Pourquoi pas à une phrase ? À plusieurs phrases ? À un paragraphe ? Non oh allez, à tout un texte ? L'anaphore résomptive fait ça : "la débâcle dans l'Empire de Cristal" (exemple (2)) est une anaphore, et vous savez à quoi elle se rapporte ? À tout un chapitre. Le texte vous a fait "je te parle d'une débâcle, devine laquelle", vous avez regardé le contexte et ça vous a renvoyé à un chapitre complet. Un chapitre, des dizaines d'événements, des milliers de mots, tout ça résumé en "débâcle". C'est puissant les variables, quand on y pense.

 

Bon ! Les variables c'est fait, la prochaine fois on parlera... des valeurs de vérité ! Et je vous dirai pourquoi, mais pour l'instant je vais stresser, F5 mon navigateur et vérifier si la base de la base de la logique formelle a réussi à passer.

On verra, ce sera déjà bien si j'ai réussi à vous faire cogiter et donner de la matière, fanficers,
à vos plumes !

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Le message.
28 octobre 2014

Hi'.

J'ai lu -- en diagonale -- l'article de Rainbow Knight sur les héros. Et comme je n'allais pas râler inutilement dans les commentaires j'y vais en mode ranaf' et je m'offre carrément un article, donc ce soir on va faire un feu de cheminée, on allume les pipes et on cause du "message".

Hein ?

Quel rapport entre les héros et le "message" vous vous demandez ?

Pour faire simple, au terme de cet article j'aurai tenté de vous convaincre que le "héros" du texte est le porteur du "message" dudit texte. Et pour réussir à vous le démontrer je devrai d'abord vous convaincre que tout texte a un "message". Et pour ça... je dois déjà vous dire ce qu'est un message.

Donc commençons.

Pour vous -- on va dire -- une histoire se résume à une suite d'événements, genre : "Les héros sont dans une taverne, ils décident d'aller tuer un dragon, ils vont à la grotte, trouvent une arme sacrée et l'utilisent pour tuer le dragon", voilà, je vous ai résumé l'histoire. De ce point de vue, l'histoire est neutre, c'est juste des "faits", il s'est passé ça ça ça et puis c'est tout.

Bien entendu comme c'est de la pédagogie et que je vous ai décrit cette vision de choses de manière dépréciative (moqueuse), vous aurez deviné que c'est pas la bonne version des choses et que notre version à nous elle va être plus mieux. Je pourrais vous l'imposer du haut de ma vérité absolue mais essayons plutôt d'observer, et pour ça je vous demanderai quelle est la différence entre :

1) "Je m'en méfie quand même..." murmura Fluttershy.
2) Elle murmura de se méfier malgré tout.
3) Elle murmura de son côté, méfiante.

Ouais ouais on va faire l'inventaire des types de discours, mais promis j'abrège. Ou non, il y en a certainement qui ne connaissent pas, alors retour sur les bancs et révision plus que rapide parce que mince quoi.

L'exemple (1) donne un cas de "discours direct". C'est quand il y a les guillemets, on entend directement le personnage, sans intermédiaire, c'est littéralement ce que Fluttershy a dit mot pour mot. Ici Fluttershy parle et dit "Je m'en méfie quand même..." en traînant la fin s'il vous plait.

L'exemple (2) donne un cas de "discours indirect" ou rapporté. Ici c'est quelqu'un d'autre que Fluttershy qui parle et rapporte ce qu'elle a dit. On n'entend plus Fluttershy parler mais on sait quand même ce qu'elle a dit, à peu près : de se méfier. On note que le discours rapporté peut gravement déformer le propos (elle ne dit pas de se méfier, elle dit qu'elle se méfie...) donc s'il vous plait gardez ça en tête.

L'exemple (3) est hors-charte. Ici on ne sait même pas ce que Fluttershy a bien pu murmurer. Tout ce que nous dit le texte, c'est qu'elle murmure et qu'elle... se méfie... ouais ouais le texte nous a dit, sans nous le dire, le contenu de son propos. Mais ça tu ne le sais pas.

En l'occurrence, dans les exemples (2) et (3), qui parle ? Qui rapporte le discours de Fluttershy ? Eh bien, le "narrateur". Là encore, c'est du niveau scolaire mais le "narrateur" est le personnage fictif qui raconte l'histoire. C'est celui qui "narre", toute la narration vient de lui. Il est visible quand le texte est à la première personne, genre l'inspecteur dans un polar (qui a dit "Dans les Brumes de Ponyville" ?) ou bien caché quand le texte est à la troisième personne... okay y a bien plus de nuances mais on n'est pas là pour parler du narrateur donc pour résumer, il y a un personnage derrière tous les autres et c'est lui qui raconte l'histoire.

Ce qui nous ramène à l'exemple (1) : c'est vraiment Fluttershy qui parle ?

Réfléchissez...

Eeeeyup. C'est le narrateur qui vous rapporte ce que Fluttershy a dit. Mais si, regardez :

4) "Elle m'a dit : 'tu ne feras jamais rien de ta vie !' Elle a dit ça !" S'énerva encore Sweetie Belle.

Ici c'est Sweetie Belle qui parle, et qui rapporte le discours d'un "elle" (on dira que c'est Rarity) en faisant comme si c'étaient les mots exacts. Mais ça reste du discours rapporté, ce n'est pas Rarity qui nous parle directement. Mmmmmh tu la sens venir, la fraude ?

5) "Tu ne fais rien de ta vie !" Se plaignit Rarity, inquiète pour sa petite soeur.

Bienvenue dans la raison numéro un des disputes qui déchirent le monde : les malentendus. Rarity a dit A, Sweetie Belle a compris B, il y a toute une psychologie derrière mais passons. Un personnage qui rapporte un discours, même en faisant comme si c'étaient exactement ce qui a été dit mot pour mot, peut se tromper, ou mentir. Et on l'a dit, le narrateur est un personnage.

Vous commencez à comprendre ?

Du moment que vous avez compris que c'est un personnage qui vous raconte l'histoire, mais vraiment un personnage, j'insiste, vous pouvez comprendre ce que je veux dire par "message".

Chaque personnage a sa vision des choses, sa manière de percevoir le monde. Dans les Brumes, je m'excuse par avance si ce n'est pas le cas, on a le cliché du vieux grognard ivrogne et désabusé qui ne peut pas voir la couleur jaune sans penser à de l'urine. Riez pas, c'est une maladie grave chez les inspecteurs de police qui les empêche de manger des pâtes sans vomir. Et c'est pire s'il y a de la sauce tomate. Dans le Manoir, par contre, le narrateur est bien plus jovial, très enthousiaste...

Laissez-moi vous le dire autrement.

Prenez un caillou. Juste. Un caillou. Puis montrez exactement le même caillou, à chaque fois, à chacune des juments du mane6, et regardez leurs réactions. Si les personnages sont bien faits, chacune aura une réaction différente (entendu que ce sera un peu à chaque fois une variation de "pourquoi tu me montres ce caillou ?"). C'est parce que chacune a sa vision du monde, ses idées à elle, et qu'elle va les appliquer au caillou. Ça fonctionne aussi dans la réalité, hein, tu montres le même arbre à deux personnes, l'un va le trouver superbe, l'autre horrible...

Le narrateur est pareil. Exactement pareil. Tu lui passes l'histoire, il a son avis dessus et il va te l'asséner à chaque page, à chaque mot, à chaque blanc entre les caractères ! C'est lui qui raconte l'histoire et plus le narrateur est bon, plus il a fait en sorte que cette histoire exprime sa vision des choses.

Cette "vision des choses", c'est le message.

Un bête exemple ?

Le récit initiatique. Vous savez, le personnage principal "quelconque", qui débute sans rien, genre paysan dans son village ou gamin à l'école, et qui finit demi-dieu sauveur du monde et plus si affinités ? Le message est un truc du genre "tu peux accomplir de grandes choses" ou "crois en toi"... Bah oui, le mec lambda a pu le faire, pourquoi pas toi ?

Le "message" d'un texte est l'ensemble des idées qu'il soutient. Par exemple, imagine un texte où Celestia décide, je sais pas pourquoi, que les bisons sont tellement méchants qu'il faut les exterminer. C'est la seule solution pour sauver Equestria. Elle envoie donc Dash, désormais générale de la garde ou un truc, massacrer tous les bisons. Dash y va, tue tout le monde et revient auréolée de gloire.

... Quel était le message ? Non parce que là y a un mot pour ça, ça s'appelle un "génocide". Et tu as beau remplacer les bisons par les changelins ou même sniffer derrière, le texte défend le génocide. C'est son message. Quelque chose comme "la fin justifie les moyens".

Ce n'est pas forcément un mal. Pourquoi ? Parce que le narrateur est un personnage, il est fictif. Ce n'est pas l'auteur. Comme l'avait dit BroNie, un personnage qui défend des thèses disons pas très très gentilles est tout à fait possible : c'est le personnage qui est comme ça, pas l'auteur. Et il en va de même pour le narrateur : c'est le narrateur qui le dit, pas l'auteur. Certains textes ont pour but de nous offrir une vision du monde disons pas très positive, c'est leur raison d'être : le polar' est censé nous plonger dans la fange de l'humanité, dans les bas quartiers, là où les poulains meurent de faim dans la rue et où les juments gémissent sous les sabots des malfrats. On lit ce genre de polar' comme on lit un texte grimdark, pour se confronter au pire du pire et frissonner. On lit un texte sur Sombra pour jouer au méchant.

La plupart du temps, l'auteur n'est même pas conscient que son texte convoie un message. J'espère, en tout cas... En général il se contente d'écrire son histoire de la façon qui lui paraît la plus cool. Genre il envoie son perso' à l'asile, ce serait cool si là-bas on le maltraitait et tout ! Ouais ! Ça va rendre le récit super cool !

Excusez-moi, je reviens, le temps de me taper la tête sur le mur là-bas douze ou treize fois.

En fait, quand on débute vraiment, on se contente de copier-coller ce qu'on a vu ailleurs. Je veux dire, c'est enfantin, quand tout gosse je jouais à Astérix on passait notre temps à se faire assommer par un romain (et forcément comme on était tous assommés ben le jeu avançait pas). C'était la scène cool, le héros était en péril, tout ça... on comprenait rien mais cool !

Donc vraiment, au début on copie-colle ce qu'on a vu ailleurs et on se demande souvent pourquoi ça marche pas (indice : le contexte). Puis on se met à innover, on mélange, on crée... on écrit ce qui nous passe par la tête et on n'a toujours pas conscience du message. Genre Fluttershy devient l'assistante de Zecora qui l'initie à la magie noire, Fluttershy devient magical filly à temps partiel et s'inquiète de s'éloigner peu à peu de ses amies qui ne comprennent pas le changement... Je sais pas, je jette des idées au pif, aucune idée du message, on s'en fout.

Jusqu'au jour où déclic.

Oui, votre narrateur soutient des thèses, des idées, des opinions que votre texte va exprimer tout du long. De quoi parle le "Fruit de la vengeance" ? De la vengeance. C'est le message. Quel est le message ? La vengeance a un prix. Tout le texte vise à montrer les conséquences de cette quête de revanche, etc... et en cela le texte est franchement bien. Il y a une note positive à la toute fin : on peut l'aimer ou pas, mais elle fait partie du message, et même si elle est un peu facile, je dois l'admettre, eh. Elle est cohérente (yup, la cohérence s'applique au message).

Vous voulez un autre exemple de message ? Le personnage secondaire. J'ai quand même suffisamment râlé sur le sujet : traînez le personnage secondaire dans la boue et vous aurez énervé le goupil. Pourquoi ? Parce que le message me hérisse le poil. Le personnage principal, supérieur aux autres ? Désolé mais chez moi ça ne passe pas.

Alors oui... le "message" est sujet à l'interprétation, tout ça. Mais il y en a toujours un. Même pour un texte wtf, le message à minima est "te prends pas la tête", et avouez que ça marche. S'il vous faut être sérieux durant un wtf c'est que le texte s'est planté quelque part.

Bon.

Il est temps de revenir au héros.

Pour cela, reprenez l'histoire du génocide. Le personnage principal est Rainbow Dash, on va la suivre durant une centaine de pages et si tout va bien on est censé sympathiser avec elle et s'identifier à notre emplumée de service.

On va donc suivre Rainbow Dash dans son aventure pour tuer tout un peuple. On va la regarder se réjouir d'abord de sa mission, puis douter, puis vivre un événement qui va lui prouver qu'elle fait le bon truc, puis triompher, puis revenir acclamée par tous et toutes. On aura vécu l'aventure au travers des sabots d'une criminelle de guerre et, à travers elle, on aura participé sinon mené le génocide. Et parce qu'on a sympathisé avec elle, parce qu'on s'est identifié à elle (si le texte est bien fait, hein), on est censé être d'accord avec elle. On est censé approuver.

Alors, peut-on dire que cette Rainbow Dash est une héroïne ?

Il faut différencier trois emplois du mot "héros" :

1) Héros : personnage principal
2) Héros : personnage hors du commun
3) Héros : personnage gentil

Au premier sens du terme, Rainbow Dash est définitivement "l'héroïne du récit". C'est elle qu'on suit, c'est à travers elle qu'on vit l'aventure. Le lecteur a même tendance à nous placer dans sa tête, à nous donner accès à ses pensées, c'est te dire si on est intimes.

Au second sens du terme... ça dépend encore de comment on l'entend. Mais je suppose que causer un génocide est assez peu commun, donc ouais, ouais, ça compte. Du moment qu'elle fait un truc impressionnant, un "haut-fait", je suppose que ça compte.

Au troisième sens du terme... pourquoi est-ce que j'ai seulement besoin de nuancer ? Écoutez, pour les besoins de la discussion, essayez d'admettre que non, non, pour le coup elle a pas été super-héroïque.

Deux sur trois, pas mal ! Qu'en est-il de Derpy ? Elle n'est pas un perso' principal, elle n'a rien fait de remarquable mais elle est gentille ! Un sur trois ! LittlePip, la petite prétentieuse des Terres Brûlées ? Trois sur trois ! Ça c't'une héroïne ! Sombra ? Deux sur trois ! Oh et 'pis allez, on pourrait même lui trouver des excuses ! Trois sur trois !

Ah bah oui, du moment qu'on est d'accord avec le message, ce que le héros fait est "bien" et donc le troisième point compte.

"Gentil", en ce sens, signifie simplement "en accord avec le message". Allez, exemple bien connu dans l'anime japonais : salut Death Note ! Eh oui, la première saison de cet anime se concluait sur "tuer les criminels a réduit la criminalité", Kira gagne et L se fait dessouder, ou comme dirait le Joueur du Grenier, "à la fin les méchants gagnent". Kira nous est sympathique (pour diverses raisons), on s'identifie à lui (il est fait pour) et donc quand il réussit on est tout yay alors que bon, dans les faits c'est une pourriture.

Pour moi, un héros c'est ça.

Un héros représente un "ensemble de valeurs", une idéologie. Il est censé représenter ce à quoi le lecteur doit aspirer, un "je voudrais être comme ça".

La règle est la suivante : plus le personnage est sympathique, plus il est héroïque.

Pas pour vous, mais pour le texte. Le texte a son message, le héros est là pour le transmettre. Plus le personnage y correspond, plus il est héroïque, plus le texte voudra vous le rendre sympathique. Mais si, vous savez : tous les gentils sentent bon la rose et tous les méchants sont bossus et véreux. Révisez vos conventions bon sang ! Les méchants sont petits, gras et portent un bonnet.

Si vous appliquez cette règle un peu simple du "sympathie = héroïsme", vous commencez à comprendre d'où sortent ces différents emplois du mot "héros" : le personnage principal est généralement sympathique, c'est donc généralement le héros ; le personnage qui se démarque des autres, qui se fait remarquer, a plus de chances d'être sympathique, qu'on veuille être comme lui -- ce sont les feux d'artifice de Trixie, peu importe ce qu'il y a derrière. Donc ouais, LittlePip est une Trixie dans la forme -- ; et bien sûr plus le personnage fait des choses que VOUS approuvez, plus il a de chances de vous être sympathique, et donc que VOUS approuviez le reste des valeurs que le texte veut vous faire avaler.

Car oui, évidemment, vous avez toujours votre propre échelle de valeurs à côté.

Là deux options : soit le texte vous balance masse de feux d'artifice et de drama pour que vous oubliez deux secondes que, authentique, je l'ai vraiment lu dans un texte, l'héroïne est en train de dégommer ses amies avec de vrais lasers qui tuent pour jouer ; soit le texte argumente.

Ce qui m'oblige à évidemment citer Asylum, dont le message avoué est de sensibiliser les gens aux maladies mentales et à leur traitement. Le personnage principal ? Twilight Sparkle. Les personnages hors du commun ? Aucun. Les personnages gentils ? Tous. Vous sympathisez avec Twilight, vous vous identifiez à elle et du coup vous voudriez détester l'asile, mais l'asile est normal, tout indique que vous avez tort... votre échelle de valeurs, faite ici pas mal de conventions, est ébranlée, et quand vous voyez Twilight tromper le personnel médical, vous pouvez vous réjouir à ses côtés, ou au contraire craindre les conséquences.

Bref résumé avant la dernière ligne droite (promis) :

1) Tout texte a un "message" : un ensemble d'idées / de valeurs exprimées par les différents événements et personnages du texte, et pris en charge par le narrateur

2) À ce titre, plus un personnage est conforme au message et plus il est héroïque ; plus le texte voudra nous le rendre sympathique.

Ce qui nous amène donc à la question... soupir... de l'anti-héros.

Et si je vous disais que derrière tous les emplois différents de ce terme, derrière tous les Gaston Lagaffe et tous les Sombra il y avait une seule et même logique ? Vous ne me croyez pas ? Ne vous inquiétez pas, je suis là pour ébranler vos croyances tout en m'assurant que vous ne gobez pas les miennes trop facilement.

Ma logique est la suivante : on a un personnage. Ou un caillou. Genre Tom. On applique une échelle de valeurs à ce caillou. Et soudain on obtient un héros, un anti-héros, un méchant, un scrameustache... Eh oui ! Ça dépend totalement des valeurs qu'on utilise !

Prenez Gaston Lagaffe. Si la valeur est la compassion, Gaston se soucie autant des autres que Spirou. Il est donc tout aussi héroïque, et sur cet aspect le texte voudra nous rendre Gaston sympathique. Et si la valeur est la détermination ? L'esprit d'initiative ? Eh, les gars : ses inventions. Quand ce mec veut inventer un truc il y met du coeur. Mais si la valeur est la fiabilité, alors là forcément on a soudain un anti-hér- (zut trop tôt) méchant tout trouvé, gaffeur et flemmard au possible, ou juste tête-en-l'air.

Prenez Sombra à présent. Vous vous dites que non, c'est pas possible, c'est l'archétype du méchant, je veux dire mince, ce greuh est tellement en carton-pâte que c'est dur de trouver plus à dire sur lui que ça : "il est méchant". Mais... on reprend la détermination ? Eh, il s'acharne, après mille ans il a encore la rage au coeur. Si ça c'est pas tenir à ses rêves ! Et bien sûr il y a le joker de tous les méchants : le pouvoir. Mais si, on veut tous être important, fort, puissant, bref : Sombra menace une cité entière, donc fort ouais on va cocher la case.

Même Cartman, quand vous y réfléchissez, a des... qualités. Cartman, c'est le petit gros râleur au bonnet de South Park, et qui défend des idées... pas très très gentilles. Mais Cartman réussit aussi à faire des choses dingues, et parce qu'il réussit, parce qu'il est fait des choses spectaculaires ou "hors du commun", eh... feux d'artifice, il vend du rêve.

Et c'est ça la différence entre un anti-héros et un méchant.

Quand vous considérez le méchant, vous dites qu'il est méchant selon les valeurs que vous n'appréciez pas chez lui. Mais ensuite, ouais, vous adorez haïr Jack dans Borderlands 2. Vous êtes fasciné par Ganondorf, surtout quand le mec arrive à mourir debout, le mec ! Et puis vous êtes pris par la folie de Sombra, par le côté pervers d'une Chysalis ou, pour moi, par la bestialité de Nightmare Moon. Soudain le méchant n'est plus juste un méchant... c'est un anti-héros.

C'est un méchant qu'on vous rend sympathique : Un exemple à ne pas suivre que vous appréciez.

Ça y est ? Le déclic s'est fait ?

Je vous avais dit que c'était logique. Une fois qu'on a décrété qu'un héros était, dans le texte, un personnage qu'on vous rend sympathique ; une fois qu'on observe que le texte vous rend les méchants sympathiques ; ces méchants sont des anti-héros. Des personnages pour lesquelles vous vous dites "moi aussi j'aimerais...", des persos' qui vous font rêver mais pour lesquels, à terme, le texte passe un jugement : on rit de Lagaffe, on démolit Sombra, on traîne Tiara dans la boue et tout rentre dans l'ordre. Vous faites "ooooh" parce que c'est la fin de la récré' mais le message est passé. Lagaffe est flemmard, ch'est pas bien.

Pour le lecteur, héros, anti-héros, méchant... tout cela c'est blanc bonnet et bonnet blanc. Le lecteur sait juste quels personnages il adore (ou adore détester) et lesquels il approuve (ou lesquels le texte veut lui faire approuver).

Pour l'auteur, l'important est de rendre les personnages sympathiques -- ça accroche le lecteur et ça assure qu'il continue à lire. Pour cela il faut leur donner des qualités, comme une grande intelligence ou une grande force, et peu importe si à côté ce personnage est sadique et maléfique. Et si vraiment on ne veut plus que le lecteur s'identifie à telle ou telle idé- je veux dire personnage, eh. On le transforme en vieille sorcière ou en crapaud, plus c'est moche et plus le lecteur voudra s'en dispenser. Merci les apparences.

 

Chaque histoire a un message, et comme c'est l'histoire (le narrateur) qui raconte, ce message sera toujours valorisé. Tout ira en sa faveur, plus ou moins arbitrairement. Ce peut être fait avec du feu d'artifice -- du drama -- question d'éviter que le lecteur réfléchisse, ou ce peut être fait un peu plus intelligemment, mais eh. Dans les deux cas, le héros est le messager et le lecteur libre d'approuver ou pas.

Donc arrêtez de nous gonfler avec des définitions dont tout le monde se fiche et continuez à nous distraire et à nous amuser avec vos histoires sans queue ni tête et vos messages parfois plus que douteux, pour le swag et les poneys, et bien sûr, fanficers,
à vos plumes!

 

EDIT: À la relecture je le sens déjà venir, on me dira "mais personne ne dirait que Chrysalis est une anti-héroïne !"
C'est vrai. Ma définition est purement technique. De fait, avec cette définition, il suffit que quelqu'un prenne un méchant en sympathie pour en faire, chez lui, un anti-héros. Même une fois réformé, je n'ai lu nulle part quelqu'un dire que Discord était un anti-héros.
Arrêtez de regarder aux apparences, aux mots employés. Regardez ce qu'il y a derrière.

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Meta' à la rescousse !
26 octobre 2014

Hi'.

Mouais... bon...

(Je suis super flemmard aujourd'hui.
C'est comme la flemme de base mais je porte aussi une cape.)

On est dimanche... Meta' va pas tarder à lancer son stream... et j'ai deux raisons de pas être super motivé à l'idée de passer ma journée sur une trentaine de pages de trad' pendant qu'il run son Evermore.

La première raison... bah la semaine passée était plutôt décevante : stream qui commence tard, quatre heures de pause et le run nocturne qui s'arrête au beau milieu pour pas de raison... grmf quoi. Il est où le stream de douze heures de fous qu'on m'avait promis ? Mais la seconde raison, bien plus triviale, est que j'ai pris pas mal d'avance. Il me reste 130 pages à faire en quelques 8 à 9 semaines, pour ceux qui ont calculé ça fait 14-16 pages par semaine. Il en reste 28 pour finir le chapitre 43... mais pourquoi je le ferais ? En fait, pourquoi je traduirais aujourd'hui ?

C'est là que j'espère très fort que Metasigma sera en forme et me poussera à m'y mettre.

Bref, comme d'habitude :

Va là -> Metasigma (speedrun en anglais)

Ou là -> Chapitre 43 (FO:E, traduction)

Moi j'ai mon jus d'orange, mon gâteau au noix et le doc' ouvert, dès que Meta' se manifeste je pony up et je retrouve ma bonne humeur, promis, mais d'ici là je passe le relais, fanficers,
à vos plumes !

 

EDIT: La nuit est même pas finie et je peux déjà la conclure. Je suis tombé malade en plein milieu (je vais bien \ o / ), je n'ai traduit que trois pages et je ne compte pas rouvrir le document. Par contre je m'amuse comme un petit fou à coder en C++.
Secrètement je me dis que de toute manière j'ai de la marge et que si j'ai des remords j'essaierai de rattraper ça en semaine, mais là buck, je suis pas en Meta'.

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Tellement Meta' !
19 octobre 2014

Hi'.

Nous sommes dimanche et quand je publierai cet arti- no buck that, le stream de Metasigma ne va pas tarder à commencer. Ah 'faudra vous y faire, y en aura encore quatre à neuf des articles comme ça.

Pour rappel donc Metasigma c'est un motivational sur pattes qui donne la pêche et prie Luna, bourreau et victime d'Evermore et petite légende que je vous invite à suivre sur son stream et sur son chat ce dimanche pendant les douze heures et plus où il va nous donner du rêve. Allez là-bas, donnez du FLEX ! et montrez que MLP Fictions a des tripes, parce qu'il le mérite déjà et pour l'honneur du site aussi. Ouais carrément, j'ai invoqué l'honneur du site, ça veut rien dire mais maintenant t'es forcé.

Côté trad' ?

Car oui, rappel oblige, ces streams sont le moment privilégié pour traduire. La dernière fois j'avais fait vingt pages et il m'en restait douze pour boucler le chapitre 42. Eh bien le chapitre 42 est bouclé, j'ai bossé dans l'ombre et ça c'est grâce à ces articles que je vais vous spammer jusqu'à Noël.

Yup ! Ces articles sont utiles. Pas parce que des gens me regardent, y a personne et c'est normal, mais parce que des gens peuvent me voir et du coup je me mets la pression.

Résultat il reste 167 pages (161 désormais) et dix semaines avant Noël (celle-ci comprise), ce qui signifie un minimum vital de 16 pages à faire aujourd'hui ; un objectif de vingt pages ; et surtout un défi de 32 pages à aligner, soit huit heures de trad' (indice :  ah ah ah ah ah). Et question de tenir la distance, comme la semaine passée, je vais vous donner le lien du chapitre en cours de trad', c'est-à-dire le chapitre 43, avec l'option de commentaire activée pour ceux qui veulent passer me voir procrastiner, râler ou traduire à la truelle.

...

Oh, puisque j'ai un peu de temps je vais m'amuser à vous donner des anecdotes sur Metasigma. Question de radoter, quand j'ai commencé à le suivre le run de Secret of Evermore (SNES) prenait 2h43. Meta' était tout fier d'un "skip" qu'il avait découvert et qui consistait simplement à se barrer du banquet au moment où il commence. À noter que le "skip" du désert, direction ville, était déjà connu : c'était un moyen pour les testeurs du jeu d'aller plus vite et ça a été laissé dans la copie finale.

Le premier gros "skip" qui a démoli le jeu c'est le passe-murailles. Un jour un gars est passé sur le stream et a fait "eh, pourquoi tu traverses pas le caillou là ?" Chose amusante, à l'époque Panda était déjà là, et non ce n'est pas le chanteur d'SLG, c'est le technicien du run, qui est en train de faire le TAS du jeu et qui le connaît donc par coeur. Eh bien Panda était pas au courant du skip. Ça a fait sauter la moitié de l'acte un qui se faisait désormais en 11 minutes, d'où l'objectif à l'époque du "sub-11". Les deux seuls boss de l'acte 1 désormais sont Thraxx, le gros insecte qu'on flingue avant la 5ème minute, et Magmar, le dinopierre trolleur qui meurt désormais en général vers 10:43.

Ensuite les autres skip se sont mis à pleuvoir, notamment grâce à Panda et aussi CraWeK qui, au passage, est le français détenteur du record du monde actuel. Le plus récent, de mémoire, est le skip du désert mais cette fois direction plage, et sur lequel sans surprise Meta' a pas mal ragé. Autre skip célèbre, qui a tout bousillé, celui de l'acte 4. On prend le chien, on l'amène au-dessus de la porte du boss, on viole la manette et paf, boss final. Ouais ouais avant ça 'fallait détruire toutes les tourelles, et autres trucs longs et pas swag. Mais le plus gros tripatouillage reste le FLEX ! C'est ce qui se passe en début d'acte 2.

L'idée est d'entasser les effets sur le garçon : on se fait empoisonner, on se fait infliger la lèpre, on balance deux-trois buffs dont le sort Atlas qui fait flex le héros puis on se fait taper par un monstre et l'un des buffs nous soigne. À ce stade la machine a perdu le compte et fait tomber l'attaque en-dessous de zéro, résultat elle passe à quelque chose comme 65'000 et des poussières (logique d'ordinateur) et du moment que Meta' ne level pas trop pour revenir au-dessus de zéro, et que son attaque est déchargée, il fera constamment du 999 de dégâts.

Bon, il reste le skip des raptors, le zombiboy et j'en passe mais je conclurai bien sûr par le "verminator skip" qui a failli mettre Meta' hors-course (et qui commence doucement à révéler ses secrets). Verminator est un boss de l'acte 3 qui donne accès au "vieux château", mais cet accès est déjà ouvert si on traverse la forêt de la mort of doom trollestienne, donc on fait demi-tour et on se barre. Aussi simple que ça. Le problème c'est qu'ensuite, à un point du jeu, la machine veut charger deux événements à la fois, résultat le jeu peut planter à un passage obligé et oui je sais je suis vague mais eh. Aujourd'hui le record du monde c'est 1h18 et 13 secondes, donc s'te plait.

Je ne sais pas combien d'autres radotages sur mon héros de l'internet je pourrai vous balancer d'ici à Noël mais dans tous les cas je vous le répète, allez le voir, flexez avec lui (et avec nous), profitez de l'ambiance et sans même vous en rendre compte vous m'aurez aidé à achever ce pavé qu'est FO:E.

 

Donc tl;dr :

Allez là -> Metasigma (stream anglais)

Ou là -> Chapitre 43 (traduction FO:E)

De préférence le premier et pour ceux que ça n'intéresse pas, c'est tout à fait légitime, vous avez suffisamment de lecture pour passer le dimanche, ou des textes à faire cracher, fanficers,
à vos plumes !

 

EDIT: Okay... Je mentirais si je disais que c'était une bonne journée.
Commencé à 17h au lieu de 14-15h, bon... on n'est pas à deux buckin' heures près. Là Meta' stream jusqu'à 22h ou 23h, je ne sais plus, puis fait une pause jusqu'à 3h du mat' pour son run en costume. Qu'il interrompt là, à 6h du mat', parce qu'il a chaud dedans et que sa copine doit dormir.
C'est égoïste de ma part mais grmf... j'ai un peu l'impression d'avoir été "lâché".
Côté trad', 25 pages vers 21h, 35 au final, ça au moins c'est fait. Il reste neuf semaines et 130 pages (pose pas de questions), ça fait un peu plus de 14 pages par semaine. Et j'hésite à faire une pause la semaine prochaine mais ça, ce serait l'assurance de louper le délai de Noël.

Donc buck, il est 6h du m at', je suis épuisé, plutôt déçu et de mauvaise humeur mais au moins la trad' avance et la semaine prochaine je devrais pouvoir boucler ce buckin' chapitre. Yay.

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La cohérence.
14 octobre 2014

Hi'.

Quand j'ai commencé mes études de littérature, il existait un tryptique maudit, un trio de notions juste abominables : la "pertinence", la "cohérence" et la "vraisemblance". Et quand tu débutes tes études, ben c'est juste impossible de faire la différence. Ou de même comprendre à quoi ça sert. Sérieux. Comment tu veux juger de la "cohérence" d'un texte ?

Alors la pertinence j'ai fait un article entier dessus donc on ne va pas y revenir... ou juste un peu.

Pour résumer (sinon allez lire l'article), en littérature la "pertinence" c'est ce qui est utile. Genre l'inspecteur Trucmuche voit que la porte était entrouverte, c'est un indice, c'est donc pertinent. L'inspecteur voit que les rideaux sont gris, ce n'est pas un indice, on s'en fout, c'est juste des rideaux, okay la grand-mère nous dira deux chapitres plus loin que son gendre détestait le gris vous en avez pas marre de démolir mes exemples ?

Le plus important, à propos de la pertinence, c'est le principe du "après c'est trop tard". Comme dit, sur le moment les rideaux gris on s'en fout, savoir que la vendeuse de fruits a le pelage pamplemousse rien à carrer. Ce n'est pas grave si c'est juste un mot jeté comme ça à la va-vite mais si le personnage passe un à deux buckin' paragraphes à s'émerveiller sur ces foutus rideaux ben on risque de grogner. Même si, comme dit, deux chapitres plus loin on découvre que ces rideaux c'était l'alpha et l'omega du texte : sur le moment c'est agaçant.

Voilà donc la pertinence c'est expédié, restent la "cohérence" et la "vraisemblance".

Si vous avez compris comment fonctionne cet article, il est donc temps d'expédier la vraisemblance. Et pour être honnête, j'ai toujours confondu les deux notions. Dans les deux cas, on juge de la crédibilité du texte. Dans les deux cas ça correspond à la réaction "non mais c'est pas possible c'est quoi ces foutaises ?!" Ça et un renversement de table bien senti.

Dans les deux cas, donc, on évalue le texte. Le contenu du texte. Et pour l'évaluer, on se réfère soit à notre connaissance du monde, soit à notre connaissance du texte. Je m'explique dans deux secondes mais pour résumer, la "vraisemblance" c'est juger le texte par rapport au monde et la "cohérence" c'est juger le texte par rapport au texte.

Alors touchons brièvement un mot sur la "vraisemblance".

On a chacun notre vision du monde mais par chance les lois de la physique sont les mêmes pour tous. Plus le texte correspond à ce qu'on sait de la réalité, plus il sera semblable au vrai, donc "vraisemblable". Quel exemple donner...

Eh bien, de façon amusante chez le débutant c'est généralement la notion de temps ou de distance qui se fait massacrer. Je pense par exemple à un texte anglais où l'héroïne, une alicorne, se trouve à Ponyville quand on lui annonce que Manehattan est attaquée. Déjà là j'aimerais que vous tiquiez, comment elle a pu l'apprendre aussi vite, mais on va supposer un gros "Ta Gueule C'est Magique" ou se dire qu'elles ont le téléphone. Donc l'héroïne s'envole et arrive à Manehattan en pleine attaque. Et là soit l'attaque dure depuis des heures, voire des jours, soit elle a fait la distance Ponyville - Manehattan en quelques minutes, dans les deux cas elle a volé durant tout ce temps bordel c'est pas possible l'endurance de la petite. Bourrinisme ? Non, c'est juste que l'auteur n'a pas réfléchi aux distances.

Je râle souvent sur la vraisemblance mais au final personne ne peut être une encyclopédie vivante et la fiction n'a pas à ressembler absolument à la réalité. Ce serait même assez... problématique. De plus, comme dit, on a chacun notre vision du monde, donc la vraisemblance est parfois subjective. Bête exemple, dans Caudectomie Applejack abandonne sa petite soeur suspendue la tête à l'envers. On m'a fait remarquer qu'Applejack ne ferait jamais ça, parce que c'est une fermière et qu'elle devrait être au courant que c'est pas une bonne idée. C'est assez invraisemblable, yup, mais c'est hélas assez réaliste.

Au final donc la "vraisemblance" est risquée, parfois subjective et le seul moyen de s'améliorer est de se documenter. En gros, l'auteur n'y peut rien.

Mais un texte qui s'écarte de la réalité n'est pas mauvais pour autant. Nos chers petits poneys sont complètement invraisemblables, ce qui ne nous empêche pas "d'y croire" ou à défaut d'apprécier leurs aventures. C'est tout simplement parce que la vraisemblance passe au second plan. On compare toujours ce qui se passe dans les épisodes avec ce qu'on sait de la réalité, mais on a aussi, depuis quatre saisons (et deux films (et les comics))) une petite idée de comment leur monde fonctionne. Genre les pégases font la pluie et le beau temps. Quand on voit un pégase bouger un nuage on ne se dit pas "c'est irréaliste" mais "ça correspond aux règles d'Equestria).

Il faut donc comprendre que chaque texte a ses règles, sa "logique interne". Si dans la saison cinq on découvre que les pégases habitent dans les montagnes et ne peuvent pas manipuler les nuages, comme ça, sans explication, on va se dire que punaise "c'est pas possible" (ah !) c'est plus le même univers. On est en train de juger ce qui se passe dans le texte par rapport à ce qui s'y est déjà passé, par rapport à ce que le texte nous a dit être possible ou impossible.

Et ça, c'est la "cohérence".

Je reprends. La "pertinence" c'est juger de ce qui est utile dans le texte (et sur le moment, siouplait). La "cohérence" c'est juger de ce qui est possible dans le texte (par rapport au texte). La "vraisemblance" c'est juger de ce qui est possible dans le texte (par rapport à la réalité).

Un bon exemple de ça s'est produit à la fin de la saison quatre, qui était épique autant que tu veux mais j'ai pu apprécier la réaction en direct : lorsque Tirek -- j'ai vraiment besoin de signaler que ça va spoil ? -- lorsque Tirek dévore le pouvoir de Discord, il y a eu la réaction "mais bordel c'est pas possible !" Suivie de "okay c'est fini, Tirek est invincible".

La série a donné comme règle que Tirek peut absorber les pouvoirs. Donc bon, absorber le pouvoir de Discord c'est conforme à la règle, rien ne l'empêche, c'est donc : cohérent. Mais, début de la saison deux, la série nous a montré un Discord capable de réécrire les lois de la gravité, et de se rire de la magie de Celestia. C'est aussi une règle, le pouvoir de Discord est juste hallucinant, donc "logiquement" Tirek aurait dû être au moins aussi puissant. Et le combat contre Twilight n'aurait pas été possible. Après on me dira que c'est comme calculer le pouvoir de Sangoku, c'est ridicule, mais la réaction était là : ça a semblé incohérent.

Ça fonctionne donc comme ça : le texte (im)pose des règles à mesure qu'il avance, règles que le lecteur assimile autant qu'il peut. Si les événements suivants contredisent ces règles, le texte devient incohérent.

Vous pouvez en conclure qu'il y a donc toujours aussi une part de subjectivité : le lecteur a pu mal comprendre les règles ou les rejeter au profit de sa vision des choses. Le plus difficile, au moment de juger de la cohérence d'un texte, est donc d'en déterminer les règles. Elles ne dépendent ni de l'auteur, qui a pu se planter en voulant écrire les siennes, ni du lecteur, qui a pu se planter en voulant les comprendre. Elles dépendent du texte. Du texte tel qu'il est écrit, tel qu'il est lu, tel quel.

Donc.

Disons que le mane6 soit dans l'Everfree Forest, pour pas de raison, elles sont tombées sur des plantes et Rarity, pour pas de raison, s'est faite empoisonner. L'histoire manque de pertinence mais on s'en fiche. Là, Rainbow Dash balance "Faut l'amener à un docteur rapidement !"

Stop. Qu'est-ce que le texte est en train de nous dire ? On nous a posé un enjeu, trouvé un docteur, et le "rapidement" signifie que, ben... c'est urgent. Je veux dire punaise là je suis en train de paraphraser, dans l'idée la quête de l'antipoison doit devenir une priorité. Enjeu à court terme. Tout ça.

Okay on reprend l'histoire, le mane6 continue dans la forêt et tombe sur une grotte pour pas de raison, et décide de l'explorer. Hello ? Ponette blessée ? Quelqu'un ? Rarity leur éclaire le chemin (... non mais je dis rien) puis ils se font emprisonner par je sais pas moi des gobelaines et là enfin y a Applejack qui entend Rarity gémir et qui fait "au fait, les filles, Rarity est toujours empoisonnée." MERCI ! Capitaine évidence, merci ! On l'aurait presque oublié !

Tout cela aurait pu être facilement évité si le texte avait pris le temps de dire, je sais pas, venant de Twilight : "On n'a pas le temps, il faut continuer... Rarity, tu peux tenir le coup ?" Et là le texte aurait posé comme règle que oui, il va falloir attendre. Ça n'enlève rien à l'urgence mais on sait désormais que les keupines qui se fichent du poison c'est normal, ça ne contrevient pas à la règle. C'est cohérent.

Bien sûr, un lecteur peut avoir oublié l'histoire du poison, ou déduit l'urgence de la quête ou je ne sais pas : mais dans ce cas les règles viennent de lui, c'est lui qui corrige les incohérences. Rappelez-vous l'alicorne à qui on annonce que Manehattan est attaquée, on a supposé qu'ils avaient le téléphone ou des orbes magiques ou peu importe, on le fait naturellement ça de boucher les trous. Mais c'est le boulot du texte.

Toute la difficulté est donc de repérer les règles. Pas d'imposer les nôtres mais bien de déterminer quelles règles le texte, et uniquement le texte, nous donnent.

J'insiste.

Et je ne peux évidemment pas m'empêcher de citer Fallout: Equestria comme exemple d'incohérences vu que cette fic' en est bourrée ras-la-gueule jusqu'aux naseaux comme c'est même pas équinement possible. On y dit que la guerre poney-zèbre a duré neuf ans. La référence dans la réalité c'est la troisième guerre mondiale. Donc côté texte, c'est parfaitement cohérent, rien n'empêche que ça ait duré tout ce temps. Côté réalité, par contre, c'est juste une blague, mais passons.

Ce qui m'intéresse c'est que cette fic' nous dit également que les zèbres avaient des capes d'invisibilité. Au point qu'un civil zèbre a pu massacrer une bonne centaine de poneys dans un lieu pourtant défendu. Le texte a posé cette règle, ces capes existent et si un civil peut en avoir alors ces trucs ne sont pas rares. Ce qui signifie que les zèbres pouvaient avoir des armées invisibles. Comment... tu ne peux pas gagner la guerre... avec des armées invisibles... et non, les poneys n'avaient pas de détecteurs, ou quasiment pas de ce que j'en ai vu. Comment tu peux faire pour piétiner neuf ans avec un tel avantage, c'est juste... yup, incohérent.

Une fois encore, on a le réflexe de justifier, je veux dire, c'est un réflexe : justement, ils avaient des détecteurs, ou les capes étaient rares, etc... ce n'est pas que face à un texte on est crédule, qu'on deviendrait soudain stupides : c'est qu'on a envie d'y croire, on fait en sorte de recoller les morceaux.

Cela dit...

Ouais allez, parenthèse. Papert-Christofides, en 1972, a publié une thèse sur la psychogenèse de l'argume- elle a étudié comment les enfants réfléchissent. On leur pose un problème, genre "qu'est-ce qui flotte" et on regarde comment les enfants (6-11 ans) résolvent le problème.

Dans le cas des objets qui flottent, elle a observé que même quand l'enfant voyait l'objet flotter, il pouvait maintenir que l'objet coule. L'enfant passe donc pour un imbécile : il est "incohérent". Si ça flotte ça flotte, zut quoi. Mais comme c'est une scientifique, elle a continué à tester et a pu conclure que les enfants, comme les adultes, avaient une connaissance "fragmentée". "L'objet est lourd donc il coule", l'enfant conclut donc que l'objet coule mais "L'objet flotte donc il flotte", l'enfant conclut donc que l'objet flotte. Il est capable de soutenir les deux conclusions parce qu'elles appartiennent à des champs de connaissance séparés. À l'intérieur de ces "îlots de savoir", l'enfant est parfaitement cohérent.

Pour nous fanficers, le problème est le même. Une contradiction peut nous échapper alors même qu'elle devrait être évidente. On est fait comme ça.

Bête exemple et là encore je reprendrai FO:E. Un personnage se fait blesser, il saigne gravement. Un autre personnage s'empresse de recouvrir la plaie avec une robe. Le personnage est sauvé. Logique ? Oui, parfaitement, c'est cohérent. On a "soigné" la plaie, rien dans le texte ne l'empêche donc aucune raison d'en douter. Le texte nous a donné une raison pour la survie du personnage, le lecteur est content.

Bon et maintenant si je vous dis que la blessure est au cou et que c'est la carotide qui est ouverte ? Ouais elle est morte. Sa survie est invraisemblable, même si on avait arrêté la perte de sang elle n'a plus de trachée, elle ne peut plus respirer, elle est morte. Juste morte. Là on est en train de montrer la baignoire à l'enfant et on lui fait "mais regarde le bois ne coule pas !" C'est invraisemblable. Mais l'enfant répète la logique "on l'a soignée donc elle va vivre", et ça reste cohérent.

Est-ce que la logique du texte prime sur celle de la réalité ? Je dirais oui. C'est en tout cas plus prudent. Mais pour le lecteur ça importe peu, ce qui importe c'est qu'il n'ait pas la réaction "mais bordel c'est pas possible !" Que ce soit un défaut de vraisemblance ou de cohérence, c'est la réaction qu'on veut éviter. Et quand elle arrive, c'est au lecteur d'en déterminer la cause. Avec prudence.

Bon.

...

Là je vous ai donné la théorie mais je me dis qu'à appliquer... bah appliquer quoi ? Pour nous autres les auteurs, la question c'est donc de s'assurer que le texte soit cohérent. Si vous avez bien suivi, ne pensez pas que c'est cohérent juste parce que ça vous "paraît" cohérent. En général on a quasiment des oeillères et si quelqu'un ne vient pas nous remettre les idées en place, même en relisant le texte trois fois on ne verra pas ce qui cloche.

C'est d'ailleurs -- désolé de râler là-dessus -- quelque chose d'agaçant pour le relecteur, quand il pointe une incohérence. L'auteur ne la verra pas et tu peux lui répéter dix fois, explicitement, ce qui cloche, c'est comme l'enfant à qui tu montres la baignoire -- ou l'adulte à qui tu montres les chiffres du chômage -- c'est perdu d'avance parce, pour lui, c'est cohérent.

Le plus important, au final, est de bien poser les "règles" de votre texte.

Oh, et j'y pense. Ces règles aussi ont une pertinence. Par exemple, dans le Dernier Sortilège, je suis en mode "ouaaaaais la poupoudre rouge sortie de nulle part c'est toooootalement crédible", le texte dit qu'il y a de la poudre rouge, c'est une règle, mais ça laisse un paquet de questions. Cela dit, y répondre n'est pas nécessaire. C'est du râlage gratuit. Pourquoi ? Parce que ça n'a aucune pertinence ! Aucune incidence sur le récit, c'est du luxe, du luxe appréciable certes mais du luxe quand même. Donc même si quelqu'un vous dit que votre texte est incohérent, si c'est juste local, sans incidence, haussez les épaules et continuez.

Là, l'exemple que j'utiliserais serait la réforme de Discord face aux ailes de Twilight. Discord est gentil ? Ça concerne un épisode, okay trois-quatre tout au plus et ça n'a pas changé fondamentalement la série. Twilight choppe ses ailes ? Oh punaise, on n'en a toujours pas fini... L'un est un tout petit peu plus pertinent que l'autre.

Bref.

Lecteur, quand tu as la réaction "bordel mais c'est pas possible !" Vérifie si c'est ta vision des choses (vraisemblance) ou si le texte se contredit (cohérence). Dans ce dernier cas, c'est qu'il y a une règle, retrouve les passages qui ont établi cette règle et montre-les à l'auteur. Et si tu ne les trouves pas c'est que c'est juste toi, râle si tu veux mais le texte n'y est pour rien.

Auteur... je sais pas, brûle un cierge, tout ce qu'on peut faire c'est tenter de jouer l'avocat du diable et honnêtement ça n'en vaut pas le coup. L'important est, si tu tombes sur une incohérence -- je n'aime pas ce ton professoral là d'un coup -- de déterminer son importance, sa "pertinence". Si c'est juste un détail, qu'est-ce que tu t'en fiches... si par effet boule de neige ça pourrit le reste du texte, ne laisse pas passer ce truc. Et par pitié, juste par pitié (ça sent le vécu), pars du principe que si on te dit que c'est incohérent, c'est que ce l'est. Ne t'enferme pas dans ta logique, même si elle te paraît de béton.

Ouais la cohérence se prête mal aux exemples donc on va s'arrêter là. Vous savez, longtemps j'ai refusé de juger le contenu d'un texte. Toutes les histoires sont bonnes, y compris Mary Sue l'alicorne qui remplace le mane6 et se marie avec Celestia et Luna. Mais la cohérence permet en fait un jugement assez objectif de la chose, du moment qu'on est de bonne foi.

Ce qui n'est pas toujours le cas, mais eh on fera toujours confiance, fanficers,
à vos plumes !

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