Hi'.
J'étais en train d'écouter le dernier Crusoé de FantaBobShow -- je perdais mon temps, donc -- quand j'ai entendu BobLennon parler des mondes possibles. Et je me suis rendu compte que BobLennon comprenait le fonctionnement des mondes possibles. Fanta' non mais ça c'est normal, mais BobLennon lui a réussi.
Et là j'ai fait "buck, s'il en est capable alors tout le monde le peut !"
Alors.
Laissez-moi vous poser une question métaphysique :
(1) "Une voiture bon marché est rare."
(2) "Ce qui est rare est cher."
Donc :
(3) "Une voiture bon marché est cher."
Ceci est un syllogisme. Vous noterez qu'on vient de dire que ce qui est "bon marché" est "cher", c'est une contradiction, normalement c'est pas possible. Alors comment c'est possible ?
Je viens de poser le problème sur Skype et comme prévu -- et comme moi à l'époque -- c'est parti dans un savatage en règle parce que tout le monde a son avis sur la question. Or cette question, là, en haut, est en fait l'exemple qu'on m'a donné à l'époque où je débutais en logique, pour justement m'expliquer que je ne réfléchissais pas "rigoureusement". En gros je m'intéressais aux objets et pas au raisonnement lui-même.
Donc supprimons les objets :
(1) "Un truc machin est bidule."
(2) "Ce qui est bidule n'est pas machin."
Donc :
(3) "Un truc machin n'est pas machin."
En logique on utilise plutôt des lettres mais c'est ça l'idée. Maintenant qu'on ne parle plus que de bidules et de trucs, on peut réfléchir au problème de façon abstraite. En l'occurrence, ici, "truc machin" est un objet complexe, interdit dans un syllogisme, et c'est cet objet complexe qui cause la contradiction. En d'autres termes, la proposition (1) est fausse.
Car yup, le but de la logique "classique" est de dire ce qui est vrai ou faux. Plus précisément, la logique "classique" permet de vérifier la validité d'un raisonnement. Par exemple, la proposition (3) est vraie si les propositions (1) et (2) sont vraies. C'est quoi une "proposition" ? Un peu l'équivalent d'une phrase, et par définition quelque chose dont on peut dire si c'est vrai ou faux.
Comme un critique sur une histoire, le logicien ne juge pas les objets eux-mêmes, seulement la structure autour.
Mais là je ne parle pas de l'art de l'écriture, je veux vous parler de mondes possibles.
Arrêtez de changer de sujet.
En logique classique, donc, on s'intéresse à la vérité des choses. Et il n'y a que deux possibilités. Deux. C'est tout. C'est vrai ou c'est faux, c'est blanc ou noir, tu as raison ou tort, c'est 1 ou 0, comme en informatique, "ça n'existe pas les 2". La nuance c'est pour les tapettes, y a que des gentils ou des méchants mais être les deux à la fois c'est tellement impensable que- okay je pense que vous avez compris, la logique binaire et la réalité ça ne va pas ensemble.
Bon.
Un problème de la logique est donc de couvrir les cas où "c'est pas vrai mais pas forcément faux non plus"... et il y a eu des logiques à trois valeurs, aka "0, 1 et 2" qui auraient fait brûler vos ordinateurs... honnêtement le logicien a tout tenté, et ces tentatives, pour simplifier, ont donné ce qu'on appelle la logique "modale", aka la logique qui cherche à nuancer le monde.
Ma manière préférée d'aborder cette logique, c'est de dire "on ne sait pas tout". Bah oui, la logique classique suppose qu'on est omniscient, alors que dans la vie de tous les jours on traite des problèmes avec les moyens du bord, mode yolo. Du coup, la logique modale essaie de dire ce dont on est sûr et ce qu'au contraire on ne fait que supposer. Les choses restent vraies ou fausses, mais peuvent être :
1) "nécessairement" vrai
2) "possiblement" vrai
3) "possiblement" faux
4) "nécessairement" faux
La logique modale rajoute donc ces "modalités" que sont la nécessité et le possible.
Nécessaire, ça veut dire que ce sera vrai quoi qu'il advienne. Genre c'est nécessaire que tu respires si tu ne veux pas mourir. Par contre, il n'est pas nécessaire d'avoir étudié la veille pour réussir son examen (mais punaise que ça aide). Possible signifie que ça peut être vrai, mais pas toujours. C'est possible de survivre à une balle de revolver en pleine tête, c'est possible d'aimer Sombra... ou Nightmare Moon. Ce n'est juste pas nécessaire, tout le monde n'a pas à aimer la meilleure princesse de tous les temps de l'univers de la création du cosmos et au-delà.
C'est d'ailleurs une nuance amusante qu'on se fait en logique, que "possible" ne signifie pas "probable". Il est possible de gagner à la loterie... une chance sur trois cents millions. Il est probable que vous ayez aimé la saison 4, mais eh tout peut arriver.
En fait, "possiblement" vrai et "possiblement" faux s'équivalent.
Bon mais quel rapport avec les mondes possibles ?
Sérieux ?
Vous posez encore la question ?
Je viens de vous dire que ça pouvait être "possible-ment" quelque chose et vous me demandez le rapport avec les mondes possibles ? Okay okay, pour faire simple les mondes possibles sont une manière de décrire la logique modale. À l'origine c'était fait pour décrire les futurs possibles. À partir du présent actuel là tout de suite, on imaginait tous les futurs possibles. Par exemple, quelle sera ma prochaine phrase ? J'aime les tomates. Eh, c'était possible.
Par la suite, on a décrit les mondes possibles autrement. On a décrété qu'il existait un monde de départ, appelé amoureusement "P", et que ce monde de départ P nous servirait de repère. Ce monde P est en général notre monde actuel, celui où vous lisez cet article, le vrai monde de la vérité vraie.
Ce monde P est rempli de propositions du type "ce qui est rare est cher", qui sont vraies pour ce monde ou, si vous préférez, cet univers. Du point de vue de la logique, donc, un univers est un ensemble de "propositions", c'est-à-dire de vérités. "Il existe Twilight Sparkle", "C'est une princesse", "Elle sert à rien"... des vérités, quoi, qui définissent l'univers.
Notez qu'on peut également faire d'Equestria notre monde de départ.
Maintenant, qu'est-ce qu'un monde possible ?
Un monde possible est un monde dont, par rapport au monde P, au moins une vérité est différente. Une proposition fausse est soudainement vraie ; une proposition vraie est soudainement fausse. Il suffit que le Sahara compte un grain de sable en moins pour avoir un univers parallèle, parce que notre monde à cet instant précis compte un nombre précis de grains de sable et qu'en enlever un c'est défier les lois de l'univers.
Bien sûr, vous pourriez aller dans ce monde possible et n'y voir absolument aucune différence. Bonne chance pour remarquer l'absence du grain de sable. Pour les rêveurs, vous pouvez même imaginer que chaque matin vous êtes dans un autre univers, où par exemple une brique du Népal serait un peu moins rouge. Ces changements sont suffisants pour différencier cet univers de celui de base, mais parfaitement négligeables pour nos petites têtes d'homo sapiens.
Avant d'aller plus loin, laissez-moi bien souligner.
Les choses sont vraies ou fausses. Une chose est "possible" quand elle est vraie dans au moins un monde. Une chose est "nécessaire" quand elle est vraie dans tous les mondes. Un exemple de nécessité ?
[p][ =(pp) ]
"Pour tout p, p équivaut à p."
"Toute chose équivaut à elle-même."
En d'autres termes, "un chat est un chat". Si cette proposition n'est plus vraie alors votre monde devient contradictoire, il peut y avoir tout et son contraire, et les mondes contradictoires ça n'existe pas. Par définition. Si si rappelez-vous, un monde est défini comme un ensemble de vérités, si le monde est contradictoire tout est faux, donc le monde n'existe pas. Après libre à vous d'imaginer des mondes contradictoires mais la logique s'en fiche.
Pour faire la brève parenthèse littéraire du jour, qu'en est-il dans nos textes ?
Eh bien, déjà, tous nos textes sont, par définition, des mondes possibles par rapport à Equestria. Je veux dire c'est le but, on raconte ce qui aurait pu s'y passer. Par exemple, entre deux épisodes Fluttershy aurait pu ouvrir une boutique... eh, c'est possible ! Mais pas nécessaire.
Le lecteur en a une perception différente. Même si on venait à tuer Rainbow Dash, cette mort ne ferait pas du texte un monde parallèle pour le lecteur, parce qu'on se situe dans le futur immédiat de la série (en tout cas sur le moment) et que comme c'est le futur eh, c'est tout à fait "possible". Ce pourrait très bien être l'Equestria d'origine que tout le monde connaît, juste avec un futur un brin morbide. Avec cette logique, MAI ne devrait pas être un monde possible vu que c'est juste le futur d'Equestria, mais eh, le lecteur a sa logique.
Dans les faits on parle de monde possible, ou "d'univers parallèle", aka les fameux UA, quand l'univers décrit diffère vraiment des attentes, aka de l'Equestria que tout le monde connaît. En fait, pour le lecteur, ces mondes devraient plutôt être "impossibles" dans l'Equestria qui lui est familière.
Voilà.
Normalement à ce stade vous savez ce qu'est, logiquement, un monde possible.
Question.
Combien il y a de mondes possibles ? Combien y a-t-il de versions alternatives d'Equestria ? Réponse : considérez qu'à chaque point dans le temps, à chaque point dans l'espace, ce point peut exister ou ne pas exister. À chaque fois c'est une vérité différente, donc un nouveau monde possible. À peu de choses près, il y en a donc une infinité.
Question.
Et si on voyage dans un monde possible ?
Ramenez le problème à ce qu'il est. Un monde est un ensemble de vérités. "Twilight Sparkle arrive dans ce monde" est une vérité. Il est possible qu'elle n'y arrive pas. Cela signifie qu'à chaque fois il y a deux mondes possibles, un où le voyageur arrive et un où le voyageur n'arrive pas.
C'est notamment une manière de résoudre les voyages temporels. Vous foirez un examen. Vous remontez dans le temps et, en connaissant les réponses, vous réussissez l'examen. Paradoxe ? Non. Dans le premier monde vous avez toujours foiré l'examen et ensuite vous avez disparu. Dans le second monde vous avez réussi l'examen et vous êtes tout content. Remplacer "réussir un examen" par "sauver le monde"... ouais, vouloir sauver le monde en remontant dans le temps est futile pour le monde actuel, vu que lui ne sera pas changé. Ce sera un autre monde possible qui le sera. Vous, vous allez toujours vous faire rouler dessus.
Et ce n'est pas tout. Dans un épisode de Stargate, le héros passe une porte qui l'amène dans une version alternative de son monde où les méchants attaquent. Il tente de sauver cet autre monde mais celui-ci finit par se faire détruire et il retourne chez lui prévenir les gens de ce qui les attend. Il se passe la même chose dans Doctor Who, d'ailleurs.
Seulement.
Est-ce qu'il est vraiment revenu dans son monde ? En fait, il y a un monde possible où il n'est jamais parti. Un monde possible où il n'est jamais revenu. Bien sûr, pour lui, ces questions ne se posent pas. Tout ce qu'il connaît, c'est le monde où il se trouve, et le souvenir de ceux qu'il a traversés. Mais au final il est juste en train de sauver un monde possible parmi d'autres, ce qui l'arrange bien, sans conscience que le monde qu'il a quitté va, lui, probablement se faire rétamer quand même.
Il y a alors deux façons de considérer les voyages entre mondes parallèles, aka mondes possibles.
1) Ils font partie d'un multivers
2) Ils n'ont pas lieu
La solution du multivers est une fausse solution. On imagine que tous les mondes possibles font partie d'un même super-univers (les comics sont très forts avec ça) sans considérer que ce super-univers est lui-même soumis au possible. Il y a un super-univers où le mec voyage et un super-univers où le mec ne voyage pas... on retombe sur le même problème, et un super-super-univers n'y changera rien.
Un multivers unique impliquerait que tout ce qui s'y trouve soit "nécessaire". Quelque chose ne doit pas pouvoir y être faux, même en possibilité. Et ça, ça signifie qu'on ne doit pas pouvoir s'y rendre, parce que si on le "peut", le simple mot "pouvoir" devrait faire comprendre que le contraire est possible.
Donc, le voyage entre les mondes possibles reste impossible.
En effet, dans le second cas de figure, tout est préprogrammé. Ce qui se passe n'est pas que le même objet passe d'un monde possible à un autre : ce qui se passe est qu'un objet est supprimé d'un premier monde possible, pendant qu'un second monde possible crée un objet identique.
Laissez-moi traduire.
Vous voyez Equestria Girls ? Imaginez que Canterlot High soit un monde possible, et que Twilight Sparkle veuille s'y rendre. Le monde d'Equestria détruit alors l'objet Twilight Sparkle, et il se trouve qu'il existe un monde possible, Canterlot High, qui parce que c'est possible crée un objet Twilight Sparkle identique. Elle n'a jamais voyagé, en fait elle est carrément morte, il y a juste une autre Twilight Sparkle dans un autre monde qui a pris vie.
Allons plus loin. C'était possible qu'elle arrive à n'importe quel moment, à n'importe quel endroit, en n'importe quel état et dans n'importe quel univers. Tous ces mondes possibles existent du simple fait qu'ils sont possibles, et on en a simplement considéré un. Mais dans les faits, une infinité de Twilight sont "arrivées" dans une infinité de Canterlot High, et au moins une Twilight Sparkle a eu la surprise de n'y trouver aucune trace de Sunset Shimmer, tandis qu'une autre y est arrivée sous forme de jument. Et une fois "arrivée" là-bas, il y avait une infinité de déroulements possibles, y compris des cas où elle ne rentrait pas. Ce qui signifie aussi une infinité d'Equestria vers laquelle "rentrer".
Logiquement parlant, Twilight Sparkle n'est jamais partie. On a simplement regardé une Equestria où l'objet Twilight Sparkle disparaît sur une durée déterminée puis réapparaît avec tels souvenirs ; et on a regardé un autre monde qui, par coïncidence, créait un objet Twilight Sparkle similaire et lui faisait vivre lesdits souvenirs. On a ignoré l'infinité de mondes parallèles qui existent également.
Conclusion ?
Tout cela importe au final assez peu pour Twilight. Elle a son monde, elle a ses souvenirs et elle se fiche de l'infinité d'autres Twilight Sparkle qui elles se sont plantées en beauté. Quand vous réussissez votre examen, vous vous fichez de savoir qu'une infinité de "vous" l'a foiré. Mais vous vous en fichez justement parce que le voyage entre les mondes possibles est impossible, nécessairement, et que dans votre monde il n'y aura jamais un "vous" qui viendra avec un fusil prendre votre place.
(Source)
J'aurais pu encore ajouter quelques mots mais à ce stade on peut comprendre les conclusions de BobLennon : il n'y a pas juste "quelques" mondes possibles, il y en a une quasi-infinité. Et surtout, vouloir tenter de les changer est absurde, logiquement absurde.
À ce titre il est presque certain que Canterlot High n'est pas un monde possible, juste un monde sur une autre planète ou dans le miroir même, un peu à la Myst : des mondes créés, artificiels, à l'intérieur d'un monde unique, et qui n'ont absolument rien de "parallèle".
Si Bob Lennon l'a compris, vous devriez pouvoir le comprendre aussi.
Lire et commenter l'article completHi'.
L'occasion se présente à moi de reparler d'écriture et bon sang que j'ai peur... Non parce que le sujet en surface il est simple, attendez je vous explique :
"Fluttershy se rendit chez Twilight. Elle ouvrit la porte..."
C'est qui, elle ?
Voilà, on va parler de ça pendant dix plombes parce que la grammaire scolaire ne vous dit pas vraiment comment ça fonctionne. La grammaire vous dit que dans la première phrase il y a deux objets, "Fluttershy" et "Twilight", que ce sont tous les deux des féminins singuliers et que du coup "elle" peut désigner n'importe laquelle des deux. Et question de bien vous prendre pour des imbéciles on dira encore que le dernier objet introduit est le bon... Ou alors que c'est le sujet qui l'emporte.
Ouais un objet (on va dire "élément", vous allez voir tout de suite pourquoi) peut être "sujet" ou... ou objet. Ouais. Sujet, c'est celui qui agit, l'élément qui compte. Objet, c'est celui sur qui on agit, l'élément-outil à la limite. "Fluttershy se rendit chez Twilight", Twilight est juste la destination de Fluttershy, elle se tourne les ongles pendant que Fluttershy se foule les chevilles et vous savez dit comme ça je sais pas laquelle des deux bosse le plus...
Bref, avec cette logique, le sujet serait automatiquement l'élément désigné par "elle", woohoo, problème réglé ! C'était ultra-méga-facile-de-sa-mère...
"Fluttershy se rendit chez Twilight. Elle était en train de nettoyer les étagères..."
Ah.
Ah ah ah.
Fils de sa mère l'alicorne.
Okay je suis en train de jouer avec vous. Vous vous rappelez mon article sur l'inférence ? Ouais, le truc auquel personne a rien compris. En même temps c'est normal, c'est pas juste que je l'ai expliqué avec les sabots, c'est qu'il faut six mois minimum pour commencer à y comprendre quelque chose.
Mais appliquez l'inférence ici : "Fluttershy se rendit chez Twilight. Elle..." Le texte dit au lecteur qu'il y a un personnage féminin, rien de plus. Le lecteur doit faire l'hypothèse de qui c'est, à partir du... contexte oui c'est bien vous suivez, le contexte étant la phrase précédente vu que je ne vous ai rien donné d'autre. Par défaut la règle du sujet s'applique, pas de raison de changer de sujet, on fait l'hypothèse donc que c'est Fluttershy.
Mais c'est une hypothèse.
Elle peut être contredite.
Et quand le lecteur se retrouve face à "poney + étagère" ou bien il nous fait un beau bug de flemmardise genre "j'comprends plus rieeeeeen" soit il se rappelle l'épisode S01E03 où que Fluttershy nettoie les étagères et là il m'inquiète... soit il fait l'effort de revenir sur son hypothèse et il conclut que "poney + étagère = Twilight", et il fait donc sa nouvelle hypothèse, "elle" désigne Twilight Sparkle. S'te plait.
Ah et j'en profite pour expédier un détail extrêmement énervant : "une foule de poneys était en train de..." ou "une foule de poneys étaient en train de..." c'est du pareil au même, on conjugue comme on veut. La première fois on se concentre sur la foule, la seconde fois sur les poneys eux-mêmes. C'est ce qui permet d'écrire des : "le village se rallia à Twilight. Elles étaient excédées." Le "elle" se réfère aux villageoises et si j'avais eu le courage de vous écrire mon article sur la logique j'aurais pu vous expliquer en détail pourquoi, mais là croyez-moi juste sur parole. Le principe est le même, le lecteur fait une hypothèse sur "de qui on parle" et le contexte lui donne la réponse.
Bon donc l'article est fini ? C'est bon là, on a couvert tous les cas de figure ?
Ah ah ah ah ah ah ah ah vous êtes drôle.
Comme vous le savez si vous avez déjà lu ou écrit un texte, on a plus ou moins trois manières de désigner l'élément : (1) le nom complet, genre "Fluttershy", (2) une description, genre "la pégase crème" et (3) le pronom, genre "elle". Ce qui fonctionne aussi en position objet :
"Twilight en voulut à Fluttershy."
"Twilight en voulut à la gentille jument."
"Twilight lui en voulut."
Et là on aborde la question qui m'intéresse vraiment. Lequel on emploie ?
Un guide d'écriture pour fanfic', anglophone, avait conseillé d'utiliser au maximum le nom complet et le pronom, et d'éviter comme la peste la description. La raison en est simple : une description demande un effort. Le lecteur fait une hypothèse et une description, vis-à-vis de cette hypothèse, est comme une petite énigme à résoudre. "Okay jument donc c'est pas Big Mac', euh gentille punaise mais elles sont toutes gent- aaaah Élément de la Gentillesse okay Fluttershy". C'est marrant deux secondes mais effectivement quand tu as :
"Twilight s'assit sur son trône. La princesse de l'amitié se morfondait. La jeune alicorne appela Spike qui vit la petite jument violette toute piteuse et lui demanda : 'Équidé coloré à frange courte et une étoile sur le flanc, qu'est-ce qui se passe ?' L'ancienne élève de Celestia soupira."
Ouais. Ouais. Forcément, quelques "elle" n'auraient pas été de trop.
Mais inversement, je n'arrête pas de dire aux gens de décrire. Et effectivement, les moments où on se réfère au personnage sont idéaux pour le détailler. Je le fais constamment, c'est presque même systématique : Première mention du personnage, je donne son nom. Seconde mention, c'est quasiment toujours "le bébé dragon" ou "la jeune pégase" ou quelque chose comme ça. Tout simplement parce que ça me permet de décrire le personnage sans m'arrêter :
"Twilight se retourna : 'Spike !' Cria-t-elle vers la porte d'entrée. Un bébé dragon tout endormi entra en dodelinant de la tête, se frotta les yeux avec sa patte griffue et..."
Phrase intéressante pour la réactualisation mais passons, ce n'est pas le sujet. Notons aussi que j'utilise "elle" pour mentionner Twilight la seconde fois. Twilight donne le nom de Spike et au lieu de dire "il" je pars du principe que mon lecteur ne connaît pas encore le personnage (alors que je sais pertinemment le contraire) et donc au lieu de dire "Spike tout endormi entra..." ou "Il entra tout endormi..." je lui donne une brève description.
Génial. Super. Fantastique. Formidable. Extraboursiflant.
On a couvert un cas d'utilisation sur un bazillion.
Mec.
Notez d'ailleurs que la description peut être placée ailleurs. Par exemple, le geste de se frotter les yeux est l'occasion parfaitement gratuite de rappeler que Spike a des pattes avec des griffes. C'était parfaitement inutile mais c'est fait.
Alors on répète la question : quand utiliser le nom complet, la description, le pronom ? La réponse se trouve dans l'inférence, encore une fois : le nom complet est celui qui demande le moins d'efforts. On sait de qui on parle, sans ambiguïté, c'est direct, c'est clair, c'est flemmard puissance cent. Et répétitif. Notamment, dans la vraie vie on ne répète pas son nom toutes les trois répliques... "Eh Twilight, tu crois que tu..." non, dans la vraie vie on fait "tu crois que tu..." parce qu'il n'y a pas de lecteur à qui on doit mettre un gros panneau "tel personnage parle à tel personnage".
Donc la question c'est plutôt, quelle quantité d'efforts demander au lecteur. Par défaut, on va mettre le pronom :
"Fluttershy se rendit chez Twilight. Elle ouvrit la porte. Elle regarda à l'intérieur. Elle était seule. Elle trotta un peu puis elle réfléchit. Elle se rendit compte qu'il faisait nuit. Honteuse, elle ressortit en silence."
En cas d'ambiguïté, on répète le nom complet :
"Fluttershy se rendit chez Twilight. Elle ouvrit la porte. Elle regarda à l'intérieur. Twilight n'était nulle part. Fluttershy trotta un peu puis réfléchit. Twilight devait dormir. Honteuse, elle ressortit en silence."
Notez déjà que j'ai effacé un "elle" pour laisser vide. C'est le "puis réfléchit". Bon c'est un détail mais à quoi bon répéter des elles, si c'est toujours le même sujet c'est inutile : "Elle ouvrit la porte, regarda à l'intérieur..." On a un tas de connecteurs, "puis, après quoi, avant de, pour, et" et j'en passe au besoin.
Notez surtout qu'à la fin j'ai envoyé l'ambiguïté balader : pas besoin d'un énième "Fluttershy", on comprend que c'est Fluttershy.
Plus précisément, le texte a donné suffisamment de contexte avant de réintroduire le "elle" pour qu'on sache qu'on parle d'elle avant même de le lire : oui, je parle du "honteuse". Conjugué au féminin, cet adjectif contient toute une phrase qui dit "tel personnage a honte". Le lecteur est donc forcé de faire l'hypothèse "de qui on parle" à ce moment-là déjà, et comme c'est difficile d'avoir honte quand on dort, et que Fluttershy est légèrement en décalage horaire, le lecteur conclut que c'est Flutty'. Donc, au moment où j'écrirais "Fluttershy", le lecteur le saurait déjà. Pas besoin de me fatiguer, je remets "elle" et baste.
Testez. Normalement, "Twilight devait dormir. Elle ressortit en silence, honteuse" devrait être ambigu, au moins le temps d'atteindre "ressortit" (on ne ressort pas quand on dort), et demande donc plus d'efforts.
Je reprends vite pour les moins attentifs : (1) par défaut on se réfère au sujet précédent, (2) c'est une hypothèse révisable et (3) le contexte nous dit qui c'était vraiment. Avec plus ou moins d'efforts.
Maintenant, il faut savoir que ça m'a démangé d'écrire :
"... Fluttershy trotta un peu puis réfléchit. Son amie devait dormir. Honteuse..."
Ceci est une description. Ça demande plus d'efforts que juste "Twilight". Des amies Fluttershy en a cinq, il n'y en a qu'une en contexte donc c'est Twilight mais c'est déjà un bref détour. Alors pourquoi je demande cet effort au lecteur ?
Eh bien, déjà, parce que je suis en train de rapporter les pensées de la petite. Elle est en train de réfléchir, on veut savoir ce qu'elle pense. De même, "son" est un possessif, je parle donc en fait toujours de Fluttershy. "Sa maison", "son lapin blanc"... Ça me permet de maintenir l'attention du lecteur sur Flutty'.
Mais surtout, je suis en train de rappeler le contexte. À l'instant même où j'explique que notre timide préférée (paf description) a débarqué en pleine nuit comme une malpropre, je rappelle au lecteur sa relation avec l'autre personnage. Elles sont amies, du coup forcément qu'elle est honteuse d'avoir fait ça -- sans pour autant s'affoler. J'ai besoin que le lecteur ait cette information en tête.
Yup, toujours l'inférence. Je décris le personnage pour m'assurer que ce soit ce détail de Twilight auquel le lecteur pense lorsque je la mentionne.
On réessaie ?
"Fluttershy se rendit chez son amie Twilight. Elle ouvrit la porte et regarda à l'intérieur, mais la jeune pégase était seule. Trottant un peu, elle réfléchit et se rendit compte qu'il faisait nuit. Honteuse, elle ressortit en silence."
À chaque fois je me suis demandé "est-ce que je vais décrire ?" Et je dis bien à chaque fois. Et à chaque fois je me suis demandé "quels détails je veux mettre en avant ?" Et également "quel va être l'effort ?"
C'est pour cela notamment que je conserve le "elle" après Twilight. C'est ambigu mais pas beaucoup, j'exige au moins ce degré d'attention à mon lecteur. J'aurais voulu mettre "la timide jument", appuyer sur le côté timoré du fait qu'elle enfreint l'espace personnel de Twi', mais une description juste après le nom de Twilight aurait prêté beaucoup trop à confusion. D'ailleurs "mais la jeune pégase..." est encore trop ambigu. "Pégase" est censé faire conclure automatiquement à Fluttershy, mais le lecteur n'a pas ce degré d'attention et, tout comme Fluttershy, il s'attend à trouver Twilight. Du coup il s'attend... bah à ce qu'après le "mais" ce soit Twilight.
Pourquoi je m'entête à placer ma description là, à part une bonne dose de sadisme ? Parce que "elle est seule" est un moment de drama, la solitude, l'inquiétude, la fragilité, tout ça. Je veux donc rappeler au lecteur qu'on parle de Fluttershy, qui s'inquiète pour un rien. Et comme "timide" serait trop... euh... brut, on va dire, je dis juste qu'elle est jeune. "Pégase" sert à dire que c'est elle, pas Twilight, mais une fois encore ne vous y trompez pas, parce que le lecteur lui va s'y tromper.
Notez également que j'ai mis "son amie Twilight", une fois encore pour leur relation et donc les réactions de Flutty' à son intrusion. Sauf que là c'est placé à la truelle et ça se sent quand même pas mal...
Enfin, pour les deux derniers "elle", la question ne s'est pas posée. À chaque fois j'ai senti qu'une description supplémentaire serait de trop. Le lecteur a déjà dû résoudre l'énigme de la "jeune pégase", et je n'ai pas d'information nouvelle à lui transmettre. J'aurais pu faire "trottant un peu avec ses petits sabots crème (assombris par les ombres de la pièce)" mais ça contrasterait avec le reste de la narration dépourvue de description.
Ce qui me pousse qu'il y a un quatrième moyen de se référer au personnage : le passif. Par exemple, "La porte s'ouvrit." À moins que ce ne soit une histoire de fantômes ou qu'il y ait un courant d'air, on se doute que c'est Fluttershy qui a poussé le battant. Eeeyup. Mais là ça demande particulièrement beaucoup d'efforts, donc à moins que vous ne sachiez ce que vous faites, je déconseille d'utiliser le passif. Moi en tout cas je l'évite.
Je répète donc ma démarche :
1) Toujours donner le nom en premier
2) Toujours donner une description juste après
3) Par défaut, employer le pronom
4) À chaque fois, se demander s'il faudrait décrire
5) Se demander quel détail mettre en avant ; quel effort ça demandera au lecteur
Sachant qu'il y a d'autres manières de décrire le personnage et son état, une fois encore, en détaillant ses gestes ou son environnement. Pourtant, on a tous ces temps-ci le besoin viscéral d'écrire "la jeune princesse" et compagnie, tout simplement pour mettre un panneau "ceci est un texte post-S4", tout comme on n'arrêtait pas de dire "l'alicorne violette" après la S3. En y repensant punaise on craint, genre maintenant qu'elle a un château c'est une princesse... okay... non mais juste okay... juste...
Bref.
Ceux qui ont déjà un peu de mou dans le poignet et l'habitude de la plume trouveront que j'ai dit pas mal de banalités, et noteront que comme toutes les règles, il y a moyen de jouer avec. Notamment surprendre le lecteur, bla, bla, bla... mais pour ceux qui débutent ou qui voudraient expérimenter, je me dis que c'est déjà un petit moyen de repère.
J'avais prévu de dire encore un truc sur la thématique et j'avais aussi envie de parler de réactualisation mais euh on va laisser ça pour une autre fois...
Pour le moment je suppose que je vais juste conclure par, fanficers,
à vos plumes !
Hi'.
Tout d'abord, ceci n'est pas un article sur l'art de l'écriture. C'est juste que ce matin vers deux heures j'ai failli abandonner la trad' de FO:E. En cause cette phrase :
"Un poney inférieur aurait abandonné depuis longtemps."
("A lesser poney would have called quits long ago." de mémoire)
J'aurais pu traduire par "un poney plus faible" mais je suis mesquin. J'avais déjà râlé sur le bourrinisme de LittlePip mais pour moi ici on vient de dire noir sur blanc que LittlePip était supérieure aux autres poneys. J'appelle ça de l'élitisme. J'ai l'élitisme un peu en haine. Je ne vais pas rappeler l'épisode S01E06 de FiM...
Et je suis obligé aussi de dire comment je l'ai perçu. Je l'avais dit, BroNie l'a relevé, que je traduis FO:E parce que "des gens le veulent, je peux le faire, je suis le seul". J'aimerais revenir sur la troisième proposition, le "je suis le seul". Cela ne veut pas dire que je suis le seul à être capable de le faire. N'importe qui avec un clavier et des connaissances d'anglais peut y arriver. Sans doute mieux que moi, d'ailleurs, je n'ai jamais caché traduire au kilomètre, ni tout le retard que j'ai pris. "Je suis le seul" signifie juste qu'il n'y avait personne d'autre de disponible.
Donc non, un poney inférieur n'aurait pas abandonné depuis longtemps. WaddleMoogle n'était pas inférieur ou "plus faible" ou peu importe comment on essaie d'atténuer ça. System qui a du mal à se motiver pour ses trad' ne m'est pas inférieur, bien au contraire.
Laissez-moi insister.
L'écriture a une tradition élitiste. À l'époque médiévale, la notion d'auteur n'existait pas vraiment. Il y avait une histoire, n'importe qui pouvait ajouter ou retrancher, modifier... bien sûr on a des noms et des auteurs un peu célèbres mais la "matière" appartenait à tout le monde. Avec la Renaissance ou quelque part par là l'auteur a repris de l'importance et c'est surtout avec le romantisme du XVIIIe siècle (lâchez-moi) que s'est créé le mythe du "génie" littéraire. Quand j'avais quinze ans, j'avais Rimbaud comme modèle, aka célèbre à 15 ans. Sinon c'était qui, Beethoven ou Mozart qui avait composé sa première pièce (de musique) à huit ans ?
En écriture donc, on a encore cette vision très forte du talent : soit tu es talentueux, soit peu importe tes efforts, tu resteras médiocre. Cela revient à dire qu'en écriture il n'y a qu'une poignée d'élus et que tous les autres ne valent rien.
Inutile de dire que ça rentre un "tout petit peu" en conflit avec ma propre vision.
Et on en vient aux textes eux-mêmes.
En général quand je lis une fanfic', je m'attends à ce que le héros fasse tout. C'est normal, c'est le héros. Du coup les autres personnages n'ont plus rien à faire et ne servent généralement que de "faire-valoir". Les méchants sont des cibles en carton et les gentils des lèche-sabottes. L'exemple le plus canonique est le traitement réservé aux soldats, et leur incompétence maladive. Dans le comic' FiM officiel, quand Shimmer veut traverser le miroir, la case d'avant elle est escortée par deux gardes, la case d'après les deux gardes sont assommés. Au coeur du palais de Canterlot. Le comic' ne prend même pas la peine de dire comment Shimmer a fait, elle l'a fait, c'est tout. L'idée même que des gardes royaux pourraient éventuellement faire leur boulot ne viendrait pas à l'esprit.
Alors imaginez mon plaisir quand je vois des textes qui donnent une vraie place aux personnages secondaires ! Les méchants du Dernier Sortilège, par exemple : ils ont leurs buts, leur vie, leurs rêves, leurs défauts et leurs limites... ils sont travaillés.
Imaginez mon déplaisir quand je vois des textes où la princesse Luna est envoyée pour aider le mane6 à retrouver Applejack et passe son temps à lire un livre. Merci pour rien.
Il y a bien sûr une considération littéraire là-derrière, l'idée de personnages "actifs" et de l'effort. Mais il y a surtout une croisade personnelle, au sens d'une idéologie aveugle et plutôt intolérante. Je l'ai dit cent fois et je le répète, tuer les poneys gratuitement, rendre les gardes complètement incompétents, ridiculiser un personnage secondaire... tout cela va inévitablement m'irriter. Dernier en date, Blueblood qui se pâme chez Acylius. Je sais que vous n'aimez pas Blueblood mais pour ridicule et détestable qu'il soit, ça reste un poney. Pas une marionnette pour faire rire les poulains.
Je.
Déteste.
Quand on méprise un personnage secondaire.
Et maintenant j'espère que vous commencez à comprendre pourquoi. Et pourquoi je suis fan de Luna. Luna est la petite soeur, elle vit dans l'ombre de Celestia. Peu importe ce qu'elle fait, peu importe la beauté de sa nuit, les poneys préfèreront toujours la lumière. Luna est faible, Luna est dédaignée et ah oui accessoirement dans la saison 4 elle n'est plus qu'un porte-manteau sur pattes. Et dire que les fans d'Applejack se plaignent... Luna incarne le "background pony", le personnage secondaire. Et je me considère comme elle.
Le comportement est pour moi le même, entre le personnage secondaire maltraité et l'auteur débutant qui se ferait démonter par ses pairs. Et j'ai beau être acerbe, pour moi c'est intolérable. Tout comme de mentir à l'auteur mais ça c'est une autre histoire.
Revenons à FO:E deux secondes. Au départ, on a LittlePip, la pouliche la plus quelconque de l'Étable la plus quelconque des Terres Brûlées. N'importe qui aurait pu être LittlePip, elle n'était destinée à rien. Trente-huit chapitres plus loin ? Le texte dit qu'elle est le messie et qu'aucun autre poney ne lui arrive au genou. Cette fille de p-
Mais FO:E n'est pas le texte qui maltraite le plus les personnages secondaires. L'exemple le plus hurlant est celui d'un texte anglais dont les prémisses sont banales : Celestia a brûlé vif la mère du héros et veut tuer ce dernier. Le héros rencontre un capitaine et un garde mais le capitaine décide que Celestia a un peu abusé et laisse le héros tranquille. Arrive la nuit et là le garde se dit qu'il va tuer le héros dans son sommeil. Jusque-là, tout est parfaitement normal, toutes les fanfics' font pareil.
Mais là le héros se réveille parce que c'est le héros, il affronte le garde en mode "tu m'cherches ?" pendant que tous les autres dorment toujours et il met le garde en fuite. C'est pas fini. On retrouve le garde terrorisé par sa défaite, donc là déjà le héros terrorise les gardes royaux rien qu'en les combattant... ouaaaais... et le héros laisse partir le garde. Mais. Le texte dit noir sur blanc que le garde regrette tellement son acte qu'il veut se suicider. Ouais. Cherche pas. Oh, et le héros le sait, comment aucune idée mais il le sait, et il ne dit rien. Le héros de l'histoire laisse consciemment partir un poney vers sa mort.
Je n'ai pas encore trouvé de fic' qui insulte plus le personnage secondaire.
Tout cela pour dire quoi ? Que quand vous négligez un personnage secondaire, vous faites la part belle à l'élitisme. Le héros est meilleur que les autres, c'est logique au sens où c'est le héros et qu'il doit être remarquable, mais cela revient aussi à dire que 99% de l'équinité est faite de bons à rien voire de nuisibles et ça je m'excuse mais c'est difficilement tolérable, ça tient de l'ignorance et du mépris. Ou alors libre à vous de vous croire supérieur à sept milliards et quelques de personnes...
Je ne vous demande pas de faire des héros quelconques. Encore une fois, S01E06, vous êtes bon à quelque chose ? Pas la peine de le cacher. Mais pas question pour autant de cracher sur les autres, voire de les humilier. Traiter correctement les personnages secondaires est difficile, risqué et demande des efforts. Je voudrais juste vous demander de faire cet effort.
Si vous pouviez arrêter de one-shoter les gardes à la douzaine, ce serait apprécié. Chacun de ces gardes est un héros potentiel. Voir une cantine entière d'étudiants lobotomisés par une chanson est agaçant, alors par pitié, essayez de vous mettre dans leurs sabots et de les considérer comme des personnages à part entière. Des héros méconnus qui se trouvent juste n'être pas au bon moment au bon endroit.
Vous pouvez très bien glorifier un poney sans cracher sur les autres. Merci d'avance.
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EDIT: En relisant cet article je me suis rendu compte qu'il est incompréhensible et comme j'ai la flemme et que c'est justement le sujet, je laisse tel quel. Enjoy.
Aujourd'hui on ne va pas discuter de littérature. Bon okay si mais on va faire un tel détour pour en parler que vous aurez largement le temps de l'oublier. En plus vous êtes en train de causer littérature à ma place donc ce coup-ci on va ressortir nos Woona, brohoofer les linguistes de passage et enfiler nos blouses blanches :
C'est de l'heure de faire de la science !
Ce que vous dites peut être très mal interprété. Interprété ? Ça veut dire quoi ? Eh bien, quand votre poney de compagnie se met à trépigner devant la porte, en général ça veut dire qu'il faut aller le promener. Le poney -- ou chien -- vous a fait passer un message que vous avez plus ou moins bien compris. Le message était : "je trépigne devant la porte". Vous, vous avez compris "il veut sortir".
Mais... mais mais mais ! C'est pas du tout la même chose ! Vous ne me croyez pas ? Très bien, le même poney -- mettons Applejack -- se remet à trépigner devant la porte. Vous êtes déjà en train de chercher la laisse (espèce de malade) quand vous entendez la porte sonner. Et là c'est la révélation : "je trépigne devant la porte" voulait dire "y a machin qui arrive" ! Même message, interprétation complètement différente.
"trépignement = trépignement"
"trépignement + Applejack + porte = promenade"
"trépignement + Applejack + porte + sonnerie = visiteur"
Si vos blouses blanches sont bien ajustées, vous avez l'obligation de ne toujours pas me croire, parce que vous ne comprenez pas bien encore ce qui se passe. Je vais donc faire une dernière chose : mettons qu'Applejack trépigne mais au salon, alors que vous êtes bien assis dans votre canapé, journal en main. La sonnerie a beau sonner, elle n'est pas en train d'accueillir quelqu'un, pas plus qu'elle ne veut sortir.
"trépignement + Applejack (+/- sonnerie) = jouer !"
Bon ceux qui possèdent un chien savent qu'il ne trépigne pas et ceux qui possèdent un poney savent qu'il agite la queue, lâchez-moi c'est pour l'exemple. On a donc trois fois le même message de base : "Je trépigne !" Et trois fois une interprétation différente, suivant le "contexte".
Contexte.
Contexte.
Cooooooooontex- retenez bien ce mot parce qu'il est l'alpha et l'omega de notre théorie scientifique. On a donc :
[message] + [contexte] = [interprétation]
Ou quelque chose comme ça. Le message c'est facile, c'est ce que fait le poney, c'est ce qui est écrit dans le texte, noir sur blanc, c'est littéral. "Il faisait beau à Ponyville" ça veut dire qu'il faisait beau à Ponyville, c'est la paraphrase parfaite. C'est aussi pour ça que ce début de texte est aussi mauvais : il ne nous dit rien !
Réfléchissez-y bien. Si votre poney trépignait en permanence déjà vous l'emmèneriez au vétérinaire mais surtout vous ne sauriez jamais s'il veut sortir, jouer ou s'il y a un visiteur... Alors imaginez que tous les textes débutent par "Il faisait beau à Ponyville..." Qu'est-ce que tu veux faire avec ça ?! En fait si, ça vous dit quelque chose : que c'est bel et bien une fanfic' MLP. Woohoo. Woo-buckin'-hoo. Dans les faits les gens mettent ça par défaut et à force de le retrouver dans tous les genres ben ça ne veut plus rien dire. Le poney a trop trépigné -- c'est la "saturation".
Vous avez vu ? On a parlé littérature ! \ o / Et c'est pas fini.
Le message, donc, c'est ce que dit le texte. En linguistique on parle de "discours explicite", parce que... c'est un discours... qui est, euh... explicite. On peut pas être plus explicite que ça (allez googler le mot pour comprendre l'ironie).
Le contexte, par contre, il vient d'où ? Le contexte c'est la porte, c'est Applejack, c'est la sonnerie... Okay préparez-vous à morfler, ça va être compliqué. Dans un texte, le contexte correspondrait à de la description, hein ? "Applejack trépignait devant la porte. On sonna." Mais rappelez-vous ce qu'on vient de dire, tout cela est explicite : on nous dit explicitement que c'est Applejack, qu'elle est devant la porte et qu'il y a une sonnerie. Oui le texte est en train de nous donner le contexte, mais si c'est explicite alors ça fait partie du message !
Alors c'est quoi, le contexte ?
Eh bien c'est votre mémoire de lecteur. Au lieu de : "Applejack trépignait...", mettons : "La jument trépignait..." Quel jument ? Toi, lecteur, qui n'as pas la mémoire d'un poisson rouge, tu sais qu'on parle d'Applejack. Ce n'est pas dit explicitement. Tu viens de rajouter du contexte. Tu as ajouté l'information : "jument = Applejack". C'aurait pu être n'importe quelle autre jument mais par un savant calcul d'une fraction de seconde, tu as su dire laquelle. T'es trop fort.
Et si je vous dis "Il faisait beau dans le Golden Oak." Okay, vous savez où on est ? Ce n'est pas dit explicitement, on a juste "le Golden Oak". J'aurais aussi bien pu dire "Il faisait beau dans le Pomtomtouyaka", c'est un nom propre aussi, un lieu précis mais vous n'avez pas la moindre fichtre idée de ce que ça peut bien être. Tandis que le Golden Oak, vous savez, bibliothèque de Twilight, votre mémoire a flashé comme un radar d'autoroute. Vous avez, une fois encore, ajouté du contexte.
C'est pour ça qu'en linguistique on parle aussi de "mémoire discursive" : le contexte correspond à la mémoire du lecteur.
Mais pas toute la mémoire. Bah oui. "Applejack trépignait devant la porte." Okay. Et là tu te rappelles que Rainbow Dash est bleue, que deux plus deux égal quatre et que tu as oublié de mettre un pantalon ce matin. Trois éléments de ta mémoire qui peuvent être ajoutés au contexte et qui... ne servent absolument à rien. C'est quoi le rapport entre la couleur de Dash et le fait qu'Applejack trépigne ? Y en a pas ! La mémoire est sélective, elle ne choisira que l'information, attention roulement de tambours : "pertinente".
Motherbuckin' pertinence dans ta face. YEEEEAAH !
Flexe-moi c'te théorie !
Okay fanboyisme à part, l'information pertinente est l'information qui permettre à quelqu'un d'interpréter votre texte. L'humanité a une boîte noire dans la tête qui lui permet, par un calcul improbable, de sélectionner suffisamment d'informations pour permettre l'interprétation. Sérieusement, vous voyez Applejack trépigner, il y a un bazillion de choses autour de vous, le plafond, les pantoufles, votre rendez-vous chez le dentiste, et parmi ce bazillion de choses vous avez réussi à sélectionner la porte. Comment vous faites ?!
Et puis, parfois, ça foire.
Une bonne partie du temps, le type en face n'a pas l'information qu'il faut. Par exemple quand je dis à quelqu'un "ton texte est générique", lui il n'y voit qu'une insulte. Moi j'ai tout un contexte de lectures, de critiques, de théories derrière. Générique n'est pas mauvais, les médicaments génériques soignent très bien, ce n'est juste pas le remède contre le cancer, tu ne feras pas la une d'une revue de médecine avec ça.
Il arrive aussi que le type en face ait le choix entre plusieurs informations conflictuelles. Applejack trépigne devant la porte, mais elle a sa balle en mousse préférée dans la bouche. C'est quoi l'information qui prime ? La porte ou la baballe ? Tu lui ouvres la porte et elle ne veut pas sortir, okay là c'est sûr c'était pas la promenade ! Euuh... attention tiens-toi bien : le poney aussi interprète tes gestes. Quand tu as ouvert la porte, elle a cru que tu voulais la mettre dehors pour le soir. Bah oui, tu n'as pas mis tes chaussures et tu n'as pas la laisse. Du coup elle reste à l'intérieur et continue de trépigner, et toi tu te dis qu'elle ne veut pas sortir, du coup tu refermes et... zuuuut !Même topo pour la fanfic'. L'auteur passe son temps à essayer de deviner ce que comprendra le lecteur, et le lecteur passe son temps à essayer de comprendre ce que veut lui dire l'auteur.
Quel exemple de malentendu je donnerais...
Un exemple qui me vient en tête est le début du Dernier Sortilège d'Acylius. Twilight est dans le palais, elle va trouver Celestia, blablabla elle embarque dans le dirigea- attends quoi ? Le dirigeable ?! Mais elle était dans le palais et... elles se sont téléportées sur des quais ou bien ? J'ai dû louper quelque chose... et effectivement j'avais loupé une ou deux phrases expliquant que le dirigeable venait en gros de se parquer contre le balcon. Normal. J'ai loupé une phrase, du coup il m'a manqué du contexte, du coup la situation m'a paru complètement délirante.
Oui, rappelez-vous.
Il y a un bazillion d'informations, et votre boîte noire dans la tétête est programmée pour ne retenir que l'information "pertinente", celle qui permet d'interpréter. Ce qui signifie que si vous lisez une phrase qui n'aide pas à l'interprétation, vous allez l'ignorer. Dans le cas contraire, vous risquez l'autisme : trop d'informations non filtrées, saturation, c'est comme si le monde entier vous hurlait dessus en même temps.
Donc oui, quelqu'un qui lit votre texte sélectionne parmi l'information que vous lui donnez et ne conservera que l'information qui lui est "utile", qui est pertinente. D'où souvent les "ah tiens je n'avais pas remarqué". C'est écrit noir sur blanc mais le lecteur a passé dessus parce que sur le moment ce n'était pas pertinent.
Et maintenant, pause.
Résumons.
[message] + [contexte] = [interprétation]
"ce que dit le texte" + "ce qu'ajoute le lecteur" = "ce que le lecteur comprend"
[discours explicite] + [discours implicite] = [inférence]
Jusqu'ici je vous ai dit que le lecteur allait ajouter de l'information pour interpréter votre texte, et que du coup il allait comprendre un peu tout et n'importe quoi.
Mais... mais le texte lui dit quelle information sélectionner. Comment, je n'en sais fichtre rien, mais un texte est bourré de signaux pour diriger le lecteur sur la bonne piste. Par exemple, "Blueblood eut un sourire trop large", explicitement on dit juste que Blueblood sourit, que ce sourire est large et que la largeur est excessive. Mais toi lecteur, tu es habitué à cette formulation, tu sais que "trop large" signifie faux, exagéré, que Blueblood a donc une arrière-pensée. Le texte te force cette interprétation. Tu peux la manquer complètement, par exemple si tu ne connais pas la convention ou que tu penses que Blueblood est un bon gars... mais le texte te le dit. C'est dans le texte. Ce n'est juste pas "explicite".
Et rappelez-vous, un texte est faire pour émouvoir. Il veut vous rendre triste ? Il ne vous dit pas "sois triste" explicitement. Ça ne fonctionnerait de toute manière pas. Riez, là, tout de suite. Pourquoi vous ne riez pas ?
Mais, implicitement, le texte vous suggère de pleurer. "Applejack trépignait en vain devant la porte. Son maître restait vautré devant la télévision. Elle racla le bois de la porte avec son sabot, gémit un peu. Seul le son trop fort de la télévision lui répondit." Implicite : animal négligé, maltraitance, triste. Ce n'est dit nulle part mais fortement suggéré (et bâclé mais zut quoi, vous avez vu la taille de cet article ?).
Voilà pourquoi je voulais vous parler de l'inférence.
C'est un mécanisme fondamental.
Rappelez-vous de l'article sur le "Défi de la nuit". Le calcul "truc + truc = truc" ? C'était une inférence. Un auteur dit "tu m'as mal lu" ? Dans un sens oui, c'est plutôt que le lecteur l'a lu avec son propre contexte, l'a interprété de son côté. Mais l'auteur est responsable (en grande partie) de cette interprétation. C'est son boulot de contraindre l'interprétation, d'éviter les malentendus. C'est pour ça que l'auteur a une toute autre vision du texte, et énormément de mal à se figurer ce que voient ses lecteurs : l'auteur a un contexte bien plus vaste dessus, il SAIT. Et quand on débute en écriture, punaise, c'est la croix et la bannière pour se mettre dans les bottes du lecteur. Je n'y arrive toujours pas.
Non, sérieusement. J'avais écrit, de mémoire : "Nulle n'est immortelle. Avant elles le soleil se levait déjà, après elles les licornes reprirent cette tâche." Comment ?! Comment vous pouvez ne pas comprendre ? Mais les deux lecteurs à qui j'ai soumis ce passage m'ont fait une erreur 404.
Du coup mieux vaut mettre les points sur les i (les princesses sont mortes), par sécurité. Ou bien ? Une information implicite est bien plus forte parce que ça vient du lecteur, pas du texte. Si le lecteur conclut que c'est triste, il sera triste. Et forcément quand on te crêpe des "Applejack pleurait, roulée en boule contre la porte d'entrée", pas étonnant que vous trouviez MyLittleDashie triste. Et notez que si je dis juste "Applejack pleurait", c'est triste, mais pas beaucoup. "Applejack pleurait, roulée en boule" c'est triste, mais toujours pas beaucoup.
Pourquoi ?
Parce qu'on n'a pas de contexte. On n'arrive pas à interpréter la situation. On ne sait pas ce qui se passe et du coup on veut bien se sentir triste mais on veut surtout savoir pourquoi. "... contre la porte d'entrée", paf, du contexte. Ouf ! On ne sait rien encore mais on a enfin un signal qui va contraindre notre interprétation. Elle a été rejetée par sa famille ? Elle s'est fait plaquer par Dash (qui est bleue, rappelons-le) ? Non, bien sûr, ça fait un article entier que je t'installe le contexte. Tu sais ce qui lui est arrivé, ce qu'elle vient de traverser, tu sais pourquoi tu pleures et si tu juges que c'est une bonne raison, tu vas compatir. "Applejack pleurait, roulée en boule devant une magnifique tarte aux pommes", euh... non mais disons que "magnifique" soit trop joyeux : "Applejack pleurait, roulée en boule devant une toute petite tarte aux pommes." 'Ala. Elle a perdu un membre de sa famille ? C'est la famine ?
Tant que le lecteur peut interpréter, tant que le texte lui donne matière à interprétation, la boîte noire tourne et le lecteur est content.
Et c'est comme ça que, scientifiquement, un texte fonctionne.
Voilà.
Et euh, voilà. Voilà... voilà voilà voilà...
Non je sais, ça reste un peu abstrait, vous avez plus ou moins compris mais on en fait quoi de tout ce cirque ? C'est pour ça que j'ai dit qu'on allait faire de la science et pas de la littérature. Ici je voulais vous expliquer un mécanisme qui est sous-entendu (implicite, ah ah) dans tous mes commentaires. Actuellement Igibab parle de jouer avec le lecteur et comment voulez-vous que j'en parle sans faire appel à l'inférence ?
Je voulais donc juste vous expliquer ce mécanisme, même vaguement, pour que vous ayez un peu mieux conscience de ce qui se passe quand on vous lit, ou quand vous lisez, et donc de la raison pour laquelle on vous supplie de décrire et en même temps on vous hurle dessus qu'on se fiche de la couleur de crin de la vendeuse de gaufres au miel.
Donc euh... voilà ? euh... fanficers,
à vos plumes ?
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"Ce message a été édité pour des raisons de propagande."
- Lunar Guard
Thy queene Luna ! Amatrice d'histoires et n'ayant rien d'autre à faire de ses nuits invite les plumes de son royaume à la distraire, à l'instruire et à l'émouvoir sur le sujet de son choix...
Bienvenue pour la seconde saison des Lunatiques, une série de défis pour les fanficers brony francophones ! La pause a été longue mais les habitués se souviennent comment ça fonctionne -- et pour les autres, voici ce qu'il en est.
Les Lunatiques ont lieu toutes les deux semaines. Le dimanche soir à minuit pile (ahem) je donne un sujet. N'importe qui peut alors participer et a une semaine, jusqu'au prochain dimanche soir minuit, pour m'envoyer sa participation :
1) Par MP sur MLP Fictions
2) Texte brut, doc' ou GoogleDoc
3) de 300 à 9'000 mots
4) Tout public, merci
Je confirme à chaque fois quand j'ai reçu, lu et approuvé le texte. Puis, le délai échu, je donne mon avis sur la fanfiction -- en ne disant que ce qui est positif, défi personnel -- et je crée un classement (s'il y a plus de deux textes).
Après quoi on attend encore une semaine, jusqu'à dimanche soir minuit, pour avoir un nouveau sujet.
Les Lunatiques jugent par le potentiel, donc n'importe qui a ses chances ! Yup, du moment qu'il y a de l'effort et de la passion, même le débutant peut l'emporter haut le sabot ! Et bien sûr n'oubliez pas que vous adressez vos histoires à la princesse Luna...
Oh, et vous pouvez accéder à toutes les anciennes Lunatiques ici : Lunatiques
Il ne me reste donc plus qu'à vous dire, fanficers,
à vos plumes !
Hi'.
Inomsim a posé une question, et comme d'habitude j'ai cherché le chemin le plus tordu possible pour y répondre. On va donc parler de détail et je vous prie de vous poser les bonnes questions, comme par exemple :
Vous vous rappelez de l'école ?
Vous avez déjà stressé à un oral de français ? On vous passe un texte tout pourri et vous avez une fichue demi-heure pour trouver des trucs à dire sur ce torchon. Sans offense pour l'auteur, son texte est formidable, mais on vous demande soit de faire du par coeur soit d'avoir le don d'omniscience... Y a rien à dire, vous ne comprenez rien, ce texte vous barbe et secrètement votre professeur pense comme vous.
Depuis lors, la science du langage est passée par là. Et ce que cette science privilégie, c'est la comparaison (les "paires parallèles" comme qu'on dit). On prend deux textes, on compare, science ! Donc depuis lors je fais pareil quand j'analyse un texte, je le compare avec un autre. Avec beaucoup d'autres. Avec beaucoup, beaucoup, beaucoup d'autres textes. Ouais forcément quand on a une bibliothèque de fanfics' au compteur, ça aide.
Mais si ce n'est pas le cas, il reste une option : la paraphrase.
La paraphrase consiste à répéter ce que dit le texte avec vos propres mots. Alors oui, le professeur vous tuera si vous le faites devant lui, mais la paraphrase a ses avantages. Elle fournit un point de comparaison pratique, avec l'habitude. Je m'en suis rendu compte en parlant avec quelqu'un du premier paragraphe d'Equestrian Women, de PonyCroc, et c'est là enfin qu'on va presque bientôt retomber dans le sujet, promis.
Accessoirement, et rien que parce qu'il a utilisé les tags de façon cohérente, eh, allez jeter un oeil. Mais passons :
"L'horloge indiquait neuf heures quarante-cinq. Dans la banque, les clients faisaient la queue, calmement, attendant leur tour. Du fait de l'heure matinale, il n'y avait ici qu'une vingtaine de personnes, dont une bonne moitié étaient employés de l'établissement."
Voilà, vous avez une demi-heure pour parler de ce paragraphe. Vous êtes seul, page blanche, vous avez envie de pleurer votre mère et parce que le renard l'a dit, vous allez commencer par paraphraser tout ça.
Ma paraphrase donne : "Il y a une horloge. Elle indique neuf heures quarante-cinq. Il y a une banque et des clients qui font la queue. C'est le matin, il n'y a que vingt personnes. La moitié sont des employés." Notez que je n'utilise quasiment que des "il y a" et du verbe être, ce qui est normal avec une description. Mais surtout, notez ce que la paraphrase a laissé de côté : "calmement, attendant leur tour" a disparu, "vingtaine" est devenu "vingt" et la relation "du fait que" sur l'heure matinale elle-même simplifiée en "matin" a également sauté.
Oui ! Oui, on est enfin retombés sur nos pattes ! Ce sont des détails.
La paraphrase fournit le squelette, la base de la base, le niveau en-dessous duquel on ne devrait pas pouvoir descendre (notamment en éliminant adjectifs et adverbes). Alors c'est un peu faux parce qu'une banque, c'est déjà du détail... mais ne compliquons pas. Si on a bien paraphrasé, normalement, comme au travers d'un filtre, on a séparé le détail du reste.
Remarquez d'ailleurs quels détails on a : "calme", "attente", une heure matinale... mh. Ce texte essaierait-il de nous dire que... que tout était... mh calme ? (Si vous en doutez, lisez la première phrase du paragraphe suivant...) Les détails sont une manière de diriger le regard du lecteur, de lui faire voir la scène d'une certaine façon. Ici, le calme avant la tempête, aka le texte se prépare à un braquage.
Passons.
À présent qu'on a une vague définition de ce qu'est le "détail", c'est-à-dire tout ce qui échappe à la paraphrase... il est temps de revenir à la question d'Incomsim : comment évaluer la quantité de détails ?
De fait, PonyCroc adopte une solution qui en vaut une autre. Il pose un décor et il y ajoute des détails qui orientent le texte là où il veut. Il décide que c'est le matin parce que tous les casses ont lieu le matin et il met une horloge parce que tous les films commencent par un gros plan d'horloge. Ce sont des conventions que le lecteur saisit, reconnaît, qui lui sont familières et qui rendent le texte très, très confortable.
Juste un problème.
La banque n'est pas décrite. Les clients ne sont pas décrits. Les queues ne sont pas décrites. Les employés ne sont pas décrits. Le matin est tout juste vaguement décrit. L'horloge est à peu près décrite, à travers l'heure, mais c'est tout. Les quatre cinquièmes de ce paragraphe sont dépourvus de détails.
Ce n'est pas un mal. À quoi bon ajouter des fioritures ? On se fiche de cette banque, c'est juste une banque lambda. On se fiche des clients, ce sont juste des clients lambda. T'inquiète, on te décrira la mère et son gamin le moment venu pour te faire chouiner. On se fiche de savoir si le sol est fait de carrelage ou en bois, combien il y a de guichets ou la couleur de crinière du poney sur la photo' dans l'arrière-bureau à côté des toilettes. On s'en fout mais d'une force...
À quoi je répondrai deux choses.
La première est qu'on s'en fiche parce que ce n'est pas intéressant. Ce n'est pas intéressant parce que le texte ne s'y intéresse pas. Si le texte s'y intéressait, il nous le rendrait intéressant. Si c'était intéressant, on ne s'en ficherait pas. En d'autres termes, même s'il est fondé, je rejette l'idée qu'un objet "ne sert à rien". Le texte a décrété qu'il ne servait à rien. C'est différent. C'est tout à fait vrai, neuf fois sur dix je demanderai à l'auteur "mais pourquoi tu parles de ça, on s'en fiche". Ce n'est pas qu'il ne faut pas en parler : c'est que ce qu'il dit dessus est fichtrement hors-sujet.
La seconde est qu'on veut dire que tout est calme. Et pour dire que tout est calme, on a une banque, on a des clients, on a des employés. Pourquoi ne pas les utiliser ? "Deux files éparses de clients paressaient devant les guichets à peine ouverts." Ce n'est qu'un jet, mais c'est déjà décrire, détailler. Soudain on voit un peu mieux les files, on voit un peu mieux leur attitude. On peut les imaginer dodeliner sur leurs pattes, bâiller, jeter des regards mous aux cordons rouge et or ou aux grillages des guichets. On peut voir l'employée encore en train de ranger ses affaires, la crinière hâtivement coiffée, qui sourit à son premier client. Et là non seulement on a installé la routine mais la routine est vivante.
En d'autres termes, dans ce paragraphe il y a un tas d'éléments qui pourraient être détaillés, pas juste pour le plaisir de détailler mais pour orienter le lecteur vers cette idée de calme, sans avoir à le répéter au paragraphe suivant. Les détails servent, justement, à mettre en scène.
Mon calcul est donc le suivant.
La paraphrase me donne X éléments : la banque, les clients, les employés, le matin et l'horloge. Cinq éléments. Mon objectif pour ce paragraphe est de dire que "tout est calme". Ma réponse est que plus de la moitié des éléments doivent s'orienter dans ce sens. "Banque + détail = calme", "client + détail = calme", etc... J'ajouterais des téléviseurs, pour l'aspect moderne et pour faire croire au lecteur que l'événement viendra de là, pour déjouer ses attentes. Je donnerais un aspect luxueux aux lieux, pour jouer sur la tentation. Je mettrais l'accent sur l'insouciance.
Prenez un paragraphe, comptez ses objets/éléments et voyez combien ont des détails. Voyez si ces détails disent la même chose (ou à peu près). Si c'est le cas, mon calcul fonctionne, sinon il faudra chercher la réponse ailleurs.
Mais quand est-ce qu'il y a trop de détails ?
Eh bien, jamais vraiment.
Ici je dois me rapporter à un autre début de texte, La dame de coeur de BroNie, où Spike passe six paragraphes, six buckin' paragraphes à "monologuer" devant son miroir sur un fichu vêtement. C'est un défaut ? Non ! Non, pas du tout. La construction est excellente, motivée, avec des transitions, un bel exemple à suivre. Je subis un peu parce que bon voilà, mais pendant six paragraphes on nous détaille un vêtement, et on empile détail sur détail sans se lasser. Ce qu'il serait impossible de faire avec la banque.
Pourquoi ? Pourquoi on peut détailler le vêtement et pas la banque ? Parce que le vêtement donne toujours de nouvelles informations. "Cet habit a une histoire > c'est un cadeau > niom niom repas > wash excitation > projet > argument dragon". Les détails font voir toujours plus loin, renouvellent l'intérêt. Du côté de la banque, on veut juste dire "tout est calme". Au bout d'un paragraphe c'est bon, on a compris, passe à la suite. Pour continuer à détailler la banque, il faudrait là aussi enchaîner sur autre chose, ajouter de l'information. Commencer à décrire la sécurité. Faire tourner le journal à la télé'. Parler du directeur qui n'est pas venu ce matin... Le lecteur ne se rendra même pas compte qu'on piétine sur place !
Le véritable problème pour évaluer la quantité de détails est que tous les lecteurs n'ont pas le même degré d'attention. Personnellement, dès qu'on me parle de l'horloge, avant même d'entendre parler de la banque j'avais compris que ça allait canarder. Mais ceux qui n'ont pas l'habitude de ces conventions peuvent avoir besoin qu'on leur dise noir sur blanc "tout était calme". On n'a pas tous le même bagage de lectures.
J'en reviens à la description de l'uniforme chez Inomsim.
On a donc un uniforme de Stalker, avec le capuchon, la bonbonne, le masque à gaz. Si au niveau de la description c'est bien fait parce qu'on découvre la combi' en même temps que le personnage la rajuste pour partir, ce qui la motive -- comme pour Spike qui s'apprête à sortir -- au niveau du détail c'est très pauvre. En soit ces éléments sont déjà des détails de l'uniforme, qui laissent entendre un environnement hostile et "inhumain", façon de parler. Mais ils ne sont pas détaillés eux-mêmes. Jusqu'à quel point l'environnement est-il hostile et dangereux ? Jusqu'à quel point y est-on préparé ?
Le texte nous a déjà intéressés à ces éléments, parce qu'ils sont motivés. Il a attiré notre intérêt, il faut en profiter. Puisque ces éléments servent à quelque chose, autant les exploiter.
C'est pourquoi je pardonne aisément à PonyCroc de ne faire qu'une banque générique dont la description tient à son seul mot, mais que je critique Inomsim pour n'avoir pas donné de la "couleur" à sa combinaison. Il n'y a pas la même utilité derrière, pas la même importance.
Le calcul est donc toujours le même : "capuche + ? = danger", "bombonne + ? = danger". J'avais pensé à l'usure, à la saleté, mais il a fait observer que Stalker est un univers plutôt propre, un "paradis mort". Enfin grmf quand même, parce que les fusils par la suite sont de la camelote, mais passons. Une fois qu'on sait ce qu'on veut suggérer au lecteur, le "paradis mort", alors autant exploiter nos éléments, leur ajouter des détails allant dans ce sens.
N'ayez pas peur d'en faire trop, on expérimente, si c'est trop quelqu'un finira par vous le dire et vous pourrez ajuster. Mais pour commencer, autant exagérer vraiment. C'est mon conseil en tout cas.
Et vraiment, n'importe quel élément est une excuse pour décrire.
Au travers du projet Hydre je demande aux gens de me donner un univers. Et ce que j'attends d'eux, c'est qu'ils me donnent des détails qui montrent l'originalité de ce monde. Le Griffonic, à ce titre, insiste lourdement sur la fierté et l'orgueil, au point de donner des détails que je n'arrive même plus à rappeler par la suite, comme les uniformes rouge et bleu et leurs boutons cuivrés qu'on donne même aux gens dans les soutes.
Parler de détail, c'est parler de "ton", d'"atmosphère", d'"ambiance", de "couleur", d'"expression", toutes ces choses vagues et abstraites.
Mais le détail, quand on calcule, c'est ce que vous voulez que le lecteur voie, et je finirai par l'anecdote du chien.
Imaginez deux personnes qui discutent, et l'une a un chien. Il dit "j'ai un chien." L'autre imagine aussitôt un bouledogue. "C'est un labrador." Bon d'accord, un labrador noir. "Il est blanc à pois verts." Ah ben mince... bon mais il est petit quand même "Il est tout petit petit petit il tient dans ma poche." C'est quoi ce ch- l'anecdote du chien est une façon de dire que les gens ont leur propre vision des choses. Les détails servent à éviter qu'il mette n'importe quoi. Dans un texte sans description, c'est le lecteur qui pose le décor et les personnages, qui décrète qui est qui et où est quoi, qui remplit les vides. Dans un texte détaillé, le texte lui dit "regarde cette chaise, tu ne trouves pas ça triste ?"
"Bah non, c'est juste une chaise."
"Mais la chaise reposait là, tirée de travers, au milieu des décombres de la bibliothèque."
Je n'ai pas de réponse claire, juste des détails que je glane ici et là dans tous vos textes et dans les quelques réflexions que vous voulez bien partager à l'occasion. Et c'est aussi pour ça que je répète encore cet encouragement, fanficers,
à vos plumes !
Lire et commenter l'article completHi'.
Ca y est.
Il est 4h33 du matin. Après quatre soirs intensifs et une nuit blanche, septante pages en cinq jours, j'ai traduit le chapitre 37 de Fallout: Equestria. Cela ne représente rien pour vous, et vous aurez raison. J'ai deux mois de retard pour ce chapitre seul, et huit mois de retard sur la fic' entière. Ce n'est qu'une traduction parmi toutes les traductions et ce n'est de loin pas la meilleure.
Mais c'est aussi un chapitre de 110 pages, le plus long chapitre de la plus longue fanfiction du fandom MLP. Et s'il reste des chapitres de 70 pages après ça, je viens de dépasser le sommet, le pic, le plus dur est derrière moi.
Je m'autorise alors le plus long râlage de ma vie.
Mais avant.
Je veux remercier par avance quelques personnes. C'est beaucoup trop tôt pour le faire, sachant que ça ne viendra vraiment qu'une fois le point final traduit, mais c'est dû. c'est dû depuis longtemps.
Je dois remercier Waddle-Moogle qui, le premier, a tenté la traduction de ce monstre. À mes yeux cette traduction reste sa traduction, et il m'a fallu batailler longtemps pour retirer son nom sous le titre. Je ne l'ai fait que pour éviter qu'on lui demande les chapitres, ou autres désagréments. Waddle-Moogle est allé jusqu'au chapitre 8, et même si j'ai tout repris de zéro, il a défriché le terrain. Ignorer son travail serait injuste.
Je dois remercier avec force le groupe des bronies romands pour avoir supporté mes râlages incessants. Je sais que mon malheur les amuse mais avoir des gens prêts à vous écouter geindre en permanence est important. Sans le groupe, jamais je n'aurais pu aller aussi loin. Je serais devenu fou. Vous saurez bientôt pourquoi.
Je dois remercier tout particulièrement Bookman qui a accepté, après d'autres, d'être mon correcteur. C'est grâce à lui, notamment, que des horreurs comme l'insectépais ont été exterminés. Et même si je n'arrive pas à me débarrasser de mes temps verbaux ou de mon refus carabiné d'inverser le verbe et sujet, son travail dans l'ombre est titanesque. Il relit tout, il essaie de réparer du mieux qu'il peut le tas d'erreurs que je laisse derrière moi, et il y a du boulot. Sans lui, tout mon travail ne servirait à rien.
Enfin, et plus que tout.
Je dois remercier Metasigma. Vous ne le connaissez pas, c'est un speedrunner américain, et un brony plus ou moins, mais ce n'est pas le plus important. Metasigma joue à Secret of Evermore, et tente de le finir le plus vite possible. Il a détenu le record du monde, un temps, et se dépense encore pour le reprendre. Et il est célèbre dans la communauté française, à travers Mister MV mais aussi et surtout RealMyop qui a commenté son record du monde à l'époque, et qui l'a interviewé.
Metasigma est impressionnant. Le gars vient de passer ce soir sa 6'000 tentative sur un jeu buggé au possible. Il a décroché le record du monde avec une console de jeu, la seule connue à ce jour, qui faisait planter sa partie aux deux tiers une fois sur deux (le fameux "telescope softlock"). Il a dû changer de console, changer de jeu et changer de manette (deux fois) et il n'abandonne jamais. Quand je dis jamais, c'est jamais. Il représente une persévérance rare, aveugle et admirable.
Je ne suis pas là pour parler de Meta', il mériterait un article à lui tout seul, mais pour le dire simplement : il est l'alpha et l'omega de cette trad'. À ceux qui se demandent comment j'arrive à continuer cette trad', à aligner les pages, c'est lui. La réponse c'est lui. À chaque live stream de Metasigma, je rouvre le chapitre en cours et je traduis. Des heures durant. Tant qu'il continue, je continue. Tant qu'il ne lâche pas, je ne lâche pas. Il est l'âme de cette traduction.
Donc ça c'est fait.
Maintenant.
Fallout: Equestria (FO:E de son diminutif)... est une bonne fanfic' d'aventure. C'est même plutôt une très bonne fic' dans le genre.
De façon générale, les personnages sont intéressants, expressifs ; il y a des tas d'explosions, de difficultés, de trucs qui arrivent ; des retournements constants, des changements de décor sans arrêt, du renouveau ; un bon rythme, de bonnes descriptions... Et il y a de l'humour, etc... Je ne peux pas nier tout ce qui s'y trouve. C'est un bon récit d'aventure, du genre de l'aventure, toute la formule s'y trouve parfaitement exploitée et si vous voulez vous sentir important, lisez ce texte.
Je dois dire qu'en commençant la traduction, au chapitre un, vous pouvez vérifier mon commentaire de l'époque : j'étais impressionné. Les descriptions étaient vraiment au-dessus de ce que j'avais l'habitude de voir. Je voyais que le type avait l'habitude d'écrire et de raconter des histoires. Mais surtout, j'avais été pris de court par l'utilisation des personnages, beaucoup plus naturelle qu'ailleurs. J'avais affaire à des poneys, j'avais affaire à des êtres vivants. Et même si le premier chapitre finissait sur une fausse note... ça partait vraiment bien. J'étais confiant.
Et...
Et c'est à partir d'ici que je vais râler.
Je préviens, je vais beaucoup spoiler.
Non, vraiment, je pense qu'à la fin de cet article vous devriez connaître Fallout: Equestria comme si vous en aviez traversé le wiki'.
Si vous ne voulez pas de spoil, arrêtez-vous maintenant.
...
Bien.
La fausse note, sur laquelle je passais volontiers à l'époque, était que LittlePip, l'héroïne, assommait deux gardes de sécurité en faisant flotter un objet lourd sur leur tête. C'est con. C'est super con. C'est le genre de piège du niveau d'un enfant de huit ans. Je ne me fatiguerai même pas à l'expliquer. Sur le moment ce n'était qu'un détail et je ne m'arrête jamais à ça, mais je dois souligner en quoi c'était un prélude : les gardes sont ici ridiculisés.
Cela allait devenir une constante par la suite.
J'ai apprécié, dans les premiers chapitres, le danger qui confrontait LittlePip. Plus ou moins. En tout cas elle ne passait pas comme dans du beurre et cela était déjà notable, là où dans tant d'autres textes le héros est invincible. Dans le chapitre 3, LittlePip entre dans un bâtiment occupé par les ponillards (c'est "pillard" + "poney", oui j'assume). Elle a un pistolet et six cartouches. Soudain un ponillard la surprend. Dans tout autre texte, elle aurait tué le poney à coups de sabots ou tiré une seule balle. Ici, elle vide le barillet sous la panique. C'est une réaction crédible et normale, tout à fait adaptée à la situation -- d'autant plus que la petite n'a probablement jamais tenu une arme avant.
Donc oui, au départ tout cela s'annonçait pas mal...
Mais, dans ce même chapitre 3, le premier vrai "couac" s'est produit. Dans ce même bâtiment, soudain, un ponillard lance une caisse entière de grenades dans la pièce principale, forçant l'héroïne à se cacher dans une pièce attenante, une cuisine. Les grenades explosent. L'héroïne se relève. Et va fouiller le frigo.
Elle va. Buckin'. Vider le frigo. Je ne sais pas. Si vous vous rendez compte. Elle est au coeur d'un village de ponillards. Elle vient de subir le souffle d'une volée de grenades. Il y a des ennemis partout. Et la première chose qu'elle fait. C'est. Fouiller. Le. Frigo. Et je tiens à préciser que sur le moment, si j'avais trouvé cela ridicule, j'étais toujours d'avis que l'histoire était plutôt crédible, bien menée, et je laissais passer volontiers. Je n'allais pas râler pour une petite incohérence de passage, sans la moindre portée.
Non vraiment, j'insiste.
Quand je râle sur un texte, il m'arrive de lister un tas de trucs qui ne vont pas et de ne pas y revenir. Quand je fais ça, j'ai plutôt tendance à m'amuser, je liste des trucs au fond sans importance, des détails. Oui, ces détails peuvent démolir l'ambiance, mais au final l'histoire peut y survivre. Oui, l'action est absurde, mais c'est localisé, du moment que le reste de l'histoire tient la route je vais tout juste hausser les épaules. Et là on avait un récit qui tenait la route, on allait quelque part, on avait un héroïne équine et crédible, à laquelle je voulais bien m'attacher. Je râle sans vraiment râler, uniquement parce que je sais pertinemment que tout cela était annonciateur.
Au nom de Luna je n'avais aucune idée, mais cette histoire de frigo allait résumer TOUT LE RESTE. Et oui, je peux résumer FO:E à ce bref instant, à l'héroïne fouillant un frigo au moment le moins opportun. Ça défie le bon sens. Et ce n'était que le début.
Au début du chapitre 4, LittlePip se promène. Vraiment. Elle décide de visiter une usine et je décide qu'il n'y a plus d'intrigue. Alors oui, bien sûr, l'auteur sait certainement où il va tout ça, mais sur le moment je me contentais de suivre une héroïne qui ne savait pas où aller, et c'était tout. Or cette errance, malgré tous les éléments qui allaient suivre, allait durer jusqu'au chapitre 21. Du chapitre 4. Au chapitre 21. Avant le chapitre 4, nous devions retrouver une jument, mais cette jument l'héroïne l'oublie rapidement et n'y pense plus qu'anecdotiquement, comme tout bon joueur de Fallout préférant les quêtes secondaires à l'intrigue principale. On ne la revoit qu'au chapitre 7 ou 8, je ne sais plus, par inadvertance, et on expédie cette histoire sur un haussement d'épaules. Donc oui, jusqu'au chapitre 21 il n'y a plus le moindre fil directeur, juste l'héroïne qui fait des trucs d'héroïne. Et honnêtement je dis le chapitre 21 mais l'intrigue qui se révèle alors est à nouveau occultée pour du simple questage jusqu'au chapitre où j'en suis, où on découvre ben... que l'intrigue est franchement... non mais je vais y venir.
Vous n'avez encore aucune idée de ce qui nous attend.
Honnêtement, je ne râlerai pas trop sur ces premiers chapitres. Oui, il arrive à LittlePip de se surpasser, mais ça reste encore mesuré et puis, c'est un récit d'aventure, c'est l'héroïne, c'est normal qu'elle soit puissante. J'apprécie aussi et toujours que les ennemis lui opposent un minimum de résistance et paraissent, une fois encore, être plus que de simples chairs à canon.
En fait, je tracerais la ligne rouge vers le chapitre 15.
Au chapitre 15, on vient de finir une instance avec un dragon, et même s'il y a eu son lot d'incohérences, ça reste tout à fait mesuré, parfaitement acceptable. À ce stade de la traduction je suis toujours motivé, je ne trouve pas cela extraordinaire mais oui, c'est une bonne fic' et j'ai envie de lire la suite. Je me plaignais déjà alors de l'écriture au kilomètre mais c'est pour plus tard. On finit donc l'instance et on se dirige vers Manehattan.
C'est là que ça part en vrille.
Sur le chemin de Manehattan, il y a un combat qui reste gravé dans mon esprit. Pas pour les bonnes raisons. Une ellipse nous amène dans... je sais pas trop quoi, mais il y a des ruines et des ponillards donc on tire. Déjà, les ponillards on sait pas qui c'est, on sait pas qu'est-ce qu'ils foutent là, c'est une rencontre aléatoire de jeu de rôle et les ennemis ne sont jamais vraiment détaillés. Donc chair à canon. Ensuite, la manière de les vaincre est... ben comme tirer depuis le sol c'est ennuyeux, toute la bande embarque dans un chariot à pommes (pourri) que le pégase de l'équipe se met à tirer pour tourner au-dessus des ponillards. Ce qui est d'une stupidité sans fin mais eh, je ne vais pas discuter. Ce qui doit arriver arrive (à ce stade l'histoire a encore un peu d'amour-propre) et le chariot s'écrase sur un toit de bâtiment en ruines. Bon. Et là les ponillards, au lieu de monter massacrer tout ce beau monde, décide de camper en bas de l'escalier menant au toit.
Ce n'est pas la première fois qu'ils font ça. Au début du chapitre 3, déjà, les ponillards s'étaient amusés à mettre une mine à l'entrée de la boutique où l'héroïne avait trouvé refuge. Mais c'était motivé. Pourquoi tuer ta proie quand tu peux t'amuser avec ? C'était sadique, c'était ponillard. Ici... ici, c'est juste une facilité pour éviter que le groupe ne meurt et pour permettre une scène rigolote où que le poney regarde la grenade avant qu'elle n'explose. Si au moins la barricade avait servi à quelque chose mais non, elle est expédiée en un instant. Les ponillards ne représentent plus la moindre menace.
Oh, j'ai parlé de menace ?
Ce n'est pas mon problème numéro un, mais c'est peut-être l'incohérence qui revient le plus souvent.
Le texte se donne un mal de chien pour vous faire croire qu'il y a du danger. Et ensuite réussit admirablement à foutre en l'air ce danger par un tas de deus ex. Non, je m'excuse, c'est vraiment ça. Vous ne me croyez pas ? Préparez-vous à vous *facehoof* à répétition.
Okay, l'héroïne (LittlePip) se fait déchiqueter par le tir d'une mitrailleuse. Ça s'est passé dans l'abri je sais plus combien, à Manehattan. La tourelle automatique tire à la mitrailleuse à bout portant sur LittlePip et la déchiquète. Là vous vous dites qu'elle est morte. Non. LittlePip boit une potion et repart au combat, "comme neuve". Je ne plaisante pas. Même pas d'ellipse, même pas de quoi que ce soit, une potion de soin et c'est reparti.
Vous ne trouvez pas encore ça abusé ? Ah ah. Allez, au pif. Chapitre 28, je crois, LittlePip et sa bande sont dans une salle d'Étable (les abris de FO:E), un genre de bar. Un ennemi tire un missile dans la pièce. Je ne sais pas si vous vous représentez ce que c'est qu'un missile. Le missile explose. LittlePip n'a rien. Sa bande n'a rien. Pas d'éclat. Pas même le poil frisé. Rien. Je tiens à préciser que LittlePip n'avait aucun couvert, que les seuls couverts étaient des tables en bois (ça n'arrête pas les shrapnels) et que oui, elle était proche de l'explosion. Et qu'elle ne portait pour ainsi dire aucune véritable protection. Elle en est sortie indemne, même pas secouée.
Toujours pas convaincus ? Ce n'est pas comme si j'avais des dizaines de cas dans lesquels puiser.
Oh.
Je sais.
Je vais vous parler à présent de l'une des scènes les plus délirantes que j'aie lu dans tout ce texte. Si délirante que j'ai demandé Bookman de me retrouver ma réaction à chaud, que j'ai sauvegardé sur disque dur. J'ai. Rigolé. Pendant plus de vingt minutes.
Nous sommes donc aux environs du chapitre oh je sais plus 30-quelque chose. Le groupe se promène de nuit, dans des ruines, et utilise un sort de protection contre les armes à énergie magique. Car sans ce sort, le poney touché par une arme à énergie magique est réduit en cendres. Ce sort forme une orbe de lumière au-dessus de leur tête et tant qu'il y a cette lumière, ils sont juste blessés par le laser, mais pas désintégrés. Et donc ils se promènent de nuit avec des sphères brillantes sur la tête en plein territoire hostile, mais eh, comme dit, c'est un détail, je laisse passer.
Et là un ennemi caché tire un laser qui touche un membre de l'équipe, Xenith. Le sort évite à Xenith d'être désintégrée. Et le tir se contente de lui trouer le cou de part en part, y creusant une plaie large comme une orbe (comme un poing).
Donc là vous vous dites qu'elle est morte ? Ah. Ah. Ah. Non, pas du tout. L'infirmière du groupe arrête le sang avec une robe et environ quelques heures plus tard, Xenith reçoit des soins et guérit. Voilà. Ouais. Ma réaction à chaud. Un personnage a survécu pendant des heures avec le cou troué, un trou de la taille d'un sabot, des heures ! Ah et ça ne vous suffit pas ? La docteure en question s'est fait arracher la patte, aussi, ce sont des choses qui arrivent. Au chapitre suivant, il ne restait même plus une cicatrice.
...
Vous n'êtes toujours pas convaincus ?
Non mais pas de problème. Chapitre... oh ça doit être le 35, de tête. LittlePip et sa bande vont à un échange d'otages, plus ou moins. Et là je vous donne le résumé en images, pour ceux qui savent lire l'anglais : It's like the roleplaying dream. Pour ceux qui ne lisent pas l'anglais, restez avec moi, on est parti pour le pays des merveilles.
Donc, LittlePip se pose et va avec son équipe à la rencontre d'autres poneys. Les poneys en question sont des Steel Rangers, l'équivalent de la Confrérie de l'Acier dans le Fallout d'origine, et pour ceux qui ne sont pas familiers avec Fallout, ce sont des superarmures super puissantes avec de super armes de la mort. Le comité d'accueil est donc deux fois plus nombreux que les héros. Ce comité est composé de guerriers vétérans, surarmés, suréquipés, avec des canons antichars, des lance-grenades et lance-missiles, etc... Oh et il y en a encore une vingtaine à couvert, toutes armes braquées sur les héros. LittlePip ? Un caparaçon ridicule, des armes qui peinent à percer les blindages et... et elle est complètement à découvert, au beau milieu du feu croisé. Feu croisé qui ne manque pas d'arriver.
Comment ça se finit ? Les héros gagnent. Comment ? Je. Ne. Sais. Pas. Le texte ne prend même pas la peine de l'expliquer, on a droit à une ellipse et paf, victoire, massacre complet et total de l'ensemble des guerriers vétérans. Eeeyup. Oh, et la meilleure ? Avant l'ellipse on a quand même un détail. Un membre du groupe se fait percer par deux obus antichar et tombe raide mort. Donc là vous croyez qu'il est mort ? Ah. Ah. Ah. Vous êtes drôle. Non, il se relève dans la minute et reprend le combat. Il s'est soigné ? Non. C'est juste un goule. Parce que les goules régénèrent en moins d'une minute, après s'être pris deux obus antichar. Vous ne voyez pas mes sourcils froncés mais croyez-moi, ils sont froncés.
Oh mais attendez, attendez... vous n'êtes TOUJOURS pas convaincu que c'est du grand foutage de gueule ?
J'ai mieux.
Oui oui, j'ai encore mieux que ça.
Fin du chapitre 37, les héros sont empoisonnés, à bord de leur chariot aérien quand le pégase qui le tire perd conscience. Le chariot tombe alors dans l'eau empoisonnée et dérive jusqu'à une chute d'eau haute de trois à cinq cents mètres. Là vous vous dites, "c'est haut", mais j'aimerais que vous notiez que le pégase était harnaché à l'avant. À votre avis, durant le temps où le chariot dérive, il est où ? Eeeyup, la tête sous l'eau. Mais ce n'est pas grave, donc le chariot bascule dans la chute d'eau empoisonnée et tombe de mettons trois cents mètres pour s'écraser sur un aqueduc. Et là... là le pégase... se réveille... donc je rappelle qu'il était harnaché à l'avant du chariot, donc dehors, exposé, mais eh... et euh ensuite... euh... le pégase parvient à retirer son harnais, je suppose, le texte ne nous le dit pas, et à rattraper le reste de l'équipe avant que tout le monde ne s'écrase une seconde fois sur les rochers.
Une chute de cinq cents mètres, empoisonnés, noyés, après avoir perdu connaissance, mais attendez, attendez. Là je parle de poison mais je n'ai pas dit de quel poison on parle. Il s'agit du "rose", le pire poison de tout FO:E, pire que la "corruption" -- qui n'était qu'un rhumatisme de passage, chapitre 32 à peu près. Le "rose" peut tuer en quelques secondes -- les héros s'y sont promenés des heures -- et peut fusionner la chair avec les objets en contact, que ce soit le sol ou les habits, ou par exemple un harnais ou un chariot... Et donc le "rose" était partout dans l'air, et partout dans l'eau... Et maintenant le clou du spectacle : L'héroïne, LittlePip, portait un CAPARAÇON COMPLET sur elle. Une cuirasse. Sur sa peau. Tout du long. Dans le "rose". Pour le cas où s'écraser après cinq cents mètres de chute n'aurait pas suffi.
Il vous faut quoi.
Donc oui, le texte essaie de faire croire qu'il y a du danger mais très vite on tombe dans une routine absurde : deux minutes plus tard la menace n'existe plus. Un mars et ça repart. C'est un problème constant, systématique à partir du chapitre 15. Oh, je ne vous ai même pas parlé de la fois où LittlePip a tué une pièce entière de manticores avec un pistolet à aiguilles.
Bon, mais s'il n'y avait que ça, est-ce que ça justifierait que je râle ? Après tout c'est, encore une fois, un récit d'aventure. Le but est qu'il y ait des obstacles d'apparence insurmontables pour ensuite les surmonter, de façon spectaculaire si possible. Donc est-ce que c'est vraiment grave si l'héroïne se sort de situations où clairement n'importe quel poney aurait dû mourir ? Je me plains très, très souvent que le héros d'une fanfic' puisse faire ou résister à des choses que le commun des autres personnages ne pourrait pas. Mais c'est de bonne guerre. Vous, lecteur, voulez cela. Et même si je déteste voir les personnages secondaires traités comme des moins que rien... je ne peux pas le retenir contre la fic'. Seulement le regretter infiniment.
Mais FO:E tombe dans une facilité crasse, au point de nier ses propres règles. Je vous ai déjà parlé du "rose", de ses effets finalement complètement ignorés. Ce n'est pas grave. Mais vous vous rappelez des lasers ? Le texte le dit clairement, c'est encore plus radical que dans le jeu : un laser vous touche, vous êtes réduit en cendres. Depuis le chapitre 7 qu'on le voit.
Donc, chapitre 37... un robot tank braque un canon multigemmes sur LittlePip. C'est un canon à énergie magique, capable de déchiqueter un blindage, avec cinq tubes. La machine a le temps de tirer cinq lasers avant que LittlePip ne la détruise (...) et quatre des lasers sont arrêtés par le caparaçon complet. Là vous vous dites c'est normal ? Ahem. "Capable de déchiqueter un blindage". Une arme antichar. Tous les lasers jusqu'à présent traversaient le métal comme dans du beurre. Donc maintenant qu'on a conclu que la cuirasse de LittlePip était en impossiblion (oh par Luna vous ne savez pas...) parlons du cinquième laser. Le cinquième laser la frappe à la poitrine, et donc là vous vous dites qu'elle est morte ? Non, hein, vous avez appris votre leçon. Non, le laser est arrêté par une côte. Ouais, la côte est désintégrée et le reste du corps est en pleine forme. Oh et pour ceux qui demandent, non, la protection contre la désintégration était déjà tombée.
Et vous croyez que c'est tout ? La fanfic' ne fait pas que vous dire que c'est dangereux. Elle essaie de vous faire croire que LittlePip a mal. Par exemple, après s'être reçu un laser antichar dans la poitrine, LittlePip "garde un sabot à la poitrine" et "a du mal à respirer". Ouais. Ouais. Plantez-vous un couteau dans la main et regardez votre réaction. Maintenant imaginez une balle en plein torse. Okay maintenant un laser. Vous la sentez la crédibilité ? Mais ce n'est pas fini. Vous vous rappelez la côte "désintégrée" ? L'infirmière l'a réparée. Ouais ouais l'infirmière a utilisé sa magie pour reformer la côte désintégrée tantôt. Parce que.
Pour être honnête avec vous, c'est avec cette blessure que j'ai décrété que LittlePip était une goule.
Si vous n'avez toujours pas bien compris où je veux en venir, LittlePip est une bourrine en puissance. Non, vraiment, je ne plaisante pas. Quand je dis que c'est la fille de Raptor Sparkle, je suis très près de la vérité.
Par exemple, LittlePip peut voler. C'est une licorne, mais elle a découvert qu'elle pouvait se léviter elle-même. Oui, nous sommes en intersaison avant la saison 2, Twilight attendra la saison 3 pour pouvoir le faire, mais eh, tout le monde y avait déjà pensé. Ce qu'il faut comprendre c'est que LittlePip peut se promener en plein vol comme elle veut. Oh, et parlant de sa lévitation : elle peut soulever des wagons de train, ou plus si affinités. De fait, la description de sa compétence suggère qu'elle pourrait même déplacer le soleil et la lune, et je ne suis pas loin de prendre la blague au premier degré. Il y a un problème ? Télékinésie. Des tourelles vous tirent dessus ? Télékinésie, on retire les batteries. Un boss que vous n'aimez pas ? Télékinésie, il est mort.
Toujours au chapitre 37, qui est un festival à lui seul...
...
Vous savez quoi ?
J'étais sur le point de réécrire cet article, un second jet pour restructurer mon propos, mais ranaf'. Il est 5h57 et j'ai juste envie de râler. Donc laissez-moi restructurer ici : le texte est flemmard.
Gardez ça en tête pour plus tard : FO:E, la fic' la plus longue du fandom, est flemmarde. J'y reviendrai.
Donc, au chapitre 37 qui est un festival, le groupe tombe dans un piège. Ils tombent dans un champ de mines et soudain deux ennemis apparaissent sur les côtés pour former un bouclier et les emprisonner avec les mines. Donc là vous avez l'habitude et vous savez déjà qu'ils vont s'en sortir. La question c'est comment. Eh bien, LittlePip utilise sa télékinésie pour repousser mines contre les bords du bouclier. Ensuite sa keupine infirmière à côté d'elle crée son propre bouclier pour les protéger de l'explosion, réduisant déjà le piège à néant. Mais comme ce n'est pas assez, LittlePip active sur elle un émetteur qui tue tous les êtres vivants en quelques secondes. Les deux ennemis surpris relâchent le bouclier, les mines explosent.
Je vous laisse réfléchir à tout ce qui ne va pas.
Non, ce qui nous intéresse est qu'au moment d'utiliser sa télékinésie, le texte dit que LittlePip "sépare la mer de mines en deux". Avec un mot anglais un peu archaïque, oui c'est une formule connue, oui c'est une référence biblique. Et même si c'est une blague, c'est un peu l'idée. Je n'arriverais pas à décrire le nombre de fois où le deus ex de la télékinésie a été utilisé.
Tiens, parlant du chapitre 37, laissez-moi vous expliquer pourquoi je parle de festival. En début de chapitre, la troupe passe à côté de panneaux publicitaires. Et là le pégase explique comme quoi les panneaux feraient un bon blindage pour leur chariot aérien, parce qu'ils sont en je-sais-plus-quoi-ite, un métal super résistant, bien plus que le machintrucchosion plus répandu. J'aimerais que ça fasse tilt dans vos têtes. Les cuirasses des Steel Rangers, l'armure la plus puissante des forces armées équestriennes, sont en acier. Il existe un métal plus résistant dont on n'a jamais entendu parler... et un métal plus résistant encore. Et à quoi est utilisé ce métal ? À faire. Des panneaux. Publicitaires.
C'est sérieux.
Mais jusqu'à présent on a juste parlé de quelques invraisemblances. Bon, les combats ne sont pas crédibles pour un sou, le deus ex y est une constante et toute notion de danger s'est évaporée depuis longtemps. Et alors ? Ça ne rend pas le texte si désagréable ?
Au nom de Luna... vous ne savez pas.
Sur le stream de Metasigma, une personne a résumé FO:E encore mieux que moi. Moi, je dis que c'est la fille de Raptor Sparkle. Lui, il a dit que c'était l'histoire de l'héroïne la plus prétentieuse jamais vu.
Il a raison. À 120%. 118.6% périodique pour être précis.
LITTLEPIP EST PRÉTENTIEUSE ! Mais prétentieuse comme je n'avais jamais vu !
Le texte veut faire de LittlePip un parangon, une héroïne, un exemple à suivre. Du coup il faut qu'elle soit gentille. Du coup elle a constamment des états d'âme sur tout et n'importe quoi, et elle est censée subir des épreuves et se sacrifier. Et elle est censée ne jamais abandonner, toutes ces banalités... comme j'ai lu des bribes de la fin, je sais que je pourrais citer l'épilogue pour expliquer à quel point ce texte n'est qu'un vaste hymne à la gloire de miss bourrine, mais je ne vais pas le faire. Je suis là pour que vous ayez une idée des absurdités que j'ai dû me bouffer.
Par exemple.
Au chapitre 2, l'un des premiers personnages que l'on rencontre est Monterey Jack. Ce personnage avait tout pour devenir un équipier mais s'avéra une belle raclure -- et donc un personnage sympathique -- qui a manqué de tuer l'héroïne. Bien. Au chapitre... ouais 17 ou quelque chose, on retrouve ce même Monterey Jack et on apprend qu'il va être tué. Je vous passe les détails, sa vie est passionnante. Bref. LittlePip veut le sauver, parce qu'elle est gentille et parce que c'est un peu sa faute, et que Monterey a des enfants mais hein bon... et, chapitre 19, elle échoue. Monterey Jack est tué.
La fic' nous pleure une rivière sur le fait qu'elle n'a pas réussi à sauver un poney.
Alors juste pour précision, aussi : ce n'est pas comme si LittlePip avait essayé et échoué. Non. Ce sont ses potes qui ont dû l'empêcher d'intervenir en l'endormant. Ce qui n'empêche pas l'héroïne de se flageller comme quoi elle a échoué blablabla après avoir sauvé je ne sais plus combien de poneys et la moitié de Manehattan etc... En fait, la mort de Moneterey Jack au chapitre 19 est le premier échec de LittlePip, la première chose qu'elle ne réussit pas. Et accessoirement ce sera la seule.
Une fois encore : pour un récit d'aventure, c'est normal. Le héros doit se soucier des autres et surtout il doit réussir. C'est normal qu'il réussisse. Mais il est un peu beaucoup difficile de faire prendre en pitié un héros à qui tout réussit. Le texte le sait par ailleurs, en mettant en parallèle le poney lambda, souffrant de faim, de soif, des radiations... et LittlePip dont les problèmes existentiels sont de n'avoir pas sauvé un criminel.
Mais laissons Monterey Jack.
Chapitre... 35 je crois. Je vous passe les circonstances, il y a un village de cannibales, je ne vous spoile même pas, on le sait dix à quinze pages à l'avance. En le découvrant, LittlePip s'énerve et tue tout le monde. Puis a des remords et se dit qu'elle a été méchante et tout ça.
Alors, laissons de côté la question de savoir s'il fallait tuer tout le monde, ou juste prévenir les gens, ou peu importe... ça on s'en fout. Non, ce qui nous importe, c'est que LittlePip essaie de dire qu'elle a été méchante. Parce qu'elle a tué tous les poneys. Elle a même étranglé une pouliche tout juste jument avec sa magie. Donc là vous vous dites, ses remords et ses doutes sont légitimes ? Vous n'avez toujours pas compris. Elle n'a pas étranglé la pouliche, le texte est très clair là-dessus. Elle l'a laissée en vie. Et de fait, avant de tuer, elle a vérifié chacun des habitants pour voir s'ils portaient les marque des cannibales. Ce qui signifie que, dans sa rage, LittlePip a pris le temps de s'assurer de qui elle tuait.
Attendez, ce n'est peut-être pas clair pour vous, un autre exemple.
Chapitre 37, rappelez-vous, on vient de tomber de cinq cents mètres, de s'écraser en bas, et maintenant pendant que le pégase se débat nous on se noie dans l'eau empoisonnée qui emplit le chariot aérien. Voilà, vous y êtes ? Très bien. Vous faites quoi ? Vous êtes blessé, vous êtes empoisonné, à bout de forces, vous vous noyez, vous venez de faire une chute... eh bien LittlePip, elle, elle se préoccupe de sa keupine infirmière qui risque de se noyer. Et on va passer trois paragraphes à tenter de sauver la keupine infirmière de la noyade. Non, attendez, j'ai dit trois paragraphes ? Je voulais dire deux pages, vu que même une fois que tout est fini, l'héroïne veut encore se traîner jusqu'à sa keupine pour s'assurer qu'elle va bien.
Vous pouvez trouver cela mignon mais j'aimerais quand même remettre en avant le fait que punaise, LittlePip était épuisée et se noyait ! Au nom de Luna ! Quand tu te noies tu ne peux pas aider quelqu'un d'autre à ne pas se noyer ! Tu essaies de ne pas te noyer toi-même ! LittlePip veut tellement bien faire que ça en devient ridicule, voire absurde.
Honnêtement, pendant un temps le texte a voulu faire les choses correctement. Donner des défauts à LittlePip. Des mesquineries, des traits équins. Dépendance à la drogue. Jalousie... Même la curiosité, au final. Et aussi des difficultés à jouer le rôle de meneuse, une fois le groupe formé. Mais une fois encore, tout cela passe très vite à la trappe à partir de Manehattan, expédié et plus ou moins oublié à partir du chapitre 21, remplacé par un hymne à la gloire de la grande et merveilleuse LittlePip. C'est un de ces cas où elle est tellement "parfaite" qu'elle en est inhumaine -- et bien entendu inéquine.
Donc.
Ce que nous avons est un texte qui va vous dire constamment "admire-la" et qui va se forcer à la rendre trop gentille, donc très conne et très énervante, surtout avec ses questions philosophiques à deux sous et ses pensées saoulantes, tout simplement parce que derrière il n'y a que du vent.
Vous vous demandiez peut-être pourquoi je vous avais autant parlé de Metasigma, mais comparez. LittlePip est censée être persévérante, représenter une détermination sans faille. Mais punaise, LittlePip n'a jamais affronté la moindre vraie difficulté ! Tout lui est servi sur un plateau d'argent ! Elle empile les deus ex, non sérieusement, son groupe tue les alicornes par paquets de dix ! Elle n'a jamais connu la défaite, jamais, oubliez Monterey c'est de la foutaise, tout ce qu'elle fait lui réussit. Comment voulez-vous qu'elle représente la persévérance si tout lui réussit par défaut ? Metasigma se tue des mois, encaisse les échecs, persévère. "À vaincre sans périls, on triomphe sans gloire", LittlePip n'est qu'une parvenue là où Metasigma est un combattant. Et oui c'est bête d'utiliser ce terme pour un joueur de jeu vidéo mais il est vraiment acharné, il se relève vraiment de véritables gifles que le jeu lui inflige. LittlePip chouine parce que son caparaçon est taché.
L'un des deux m'a inspiré pour continuer, devinez LEQUEL.
Vous n'imaginez pas les pétages de plomb que j'ai eus. Je n'ai rien contre une héroïne puissante, si au moins le texte l'assumait. Mais le texte essaie de faire deux choses à la fois. Il me dit que c'est dangereux puis balaie le danger, et une fois le danger balayé avec une facilité décevante, il me dit de plaindre l'héroïne parce que c'est difficile. Foutage. De gueule.
Mais là je n'ai parlé que des combats et de l'héroïne.
Je ne vous ai pas encore parlé de l'histoire.
Oh bon sang l'histoire. Honnêtement, et même si c'est probablement la seule occasion de râler que j'aurais avant la fin de la traduction, je ne sais pas si j'aurais le courage de vous la décrire. Je n'ai jamais vu un tel paquet d'incohérences. Mais je peux au moins vous donner quelques détails des absurdités que j'ai dû subir.
Ainsi, dans les chapitres 30 et quelques, on apprend de la bouche de Twilight Sparkle en personne que les zèbres sont capables de tirer leurs mégasorts sur Equestria en l'espace de quelques minutes. Bon. Cela ne vous parle peut-être pas. Alors laissez-moi vous évoquer la crise de Cuba. Cette crise se résume au fait que la Russie allait disposer de missiles à proximité du sol américain, et donc pouvoir frapper ledit sol américain en moins d'une heure. Les États-Unis ont dit "non", ce n'était tout simplement pas une option. Si la Russie avait placé ses missiles, c'était la guerre. Tout simplement parce qu'autrement les États-Unis se retrouvaient à peu près sans défense. Donc quand la fic' explique que les zèbres pouvaient frapper les grandes villes d'Equestria en quelques minutes, je m'excuses mais non. Juste. Non.
Des détails de ce type, la fic' en regorge. Par exemple. Nous sommes bien avant le mariage, mais on retrouve des boucliers partout. Celui de l'infirmière, pour commencer. Celui des alicornes, aussi. Celui des princesses Celestia et Luna. Bon. Ceux des entrepôts, etc... celui du Single... okay il y a des boucliers partout et ils sont juste absurdement puissants. À ce titre le bouclier de la Tenpony Power a soutenu un mégasort. Question : pourquoi les grandes villes ne sont pas protégées ?
Vous allez me dire, "c'est impossible" ? Vraiment ? Vous n'avez pas idée des ressources qu'ils ont dépensées ailleurs, et ils n'auraient pas pu bâtir des boucliers géants... Bon, admettons. D'accord. Alors laissez-moi vous poser une autre question. Si les mégasorts peuvent tomber en l'espace de quelques minutes, à quoi servent les Étables ? Vous n'avez pas le temps d'y faire rentrer les gens. Vous n'avez même pas le temps de les avertir. Alors pourquoi construire des Étables, au lieu de construire des boucliers ?
Mais laissons ça, c'est de la logique falloutienne, c'est entendu.
Laissez-moi vous poser une autre question.
Vous êtes la dirigeante d'Equestria depuis mille ans. Votre royaume entre en guerre. Qu'est-ce que vous faites ? Si votre réponse était "vous abdiquez", félicitations, bienvenue dans FO:E. Oui, après six ans de guerre...
... six...
Okay excusez-moi, je dois râler sur ça aussi. La première guerre mondiale a duré quatre ans. Après quatre ans, l'Allemagne était à genoux. Niveau ressources, il ne restait plus rien. La seconde guerre mondiale a duré six ans. Là aussi, à la fin de la guerre la plupart des combattants étaient épuisés. Une guerre consomme des sommes astronomiques de ressources. Alors bien sûr, pour les américains une guerre peut durer longtemps : ils pensent à la guerre du Vietnam, qui a duré dix ans. Mais ils n'y ont envoyé qu'un corps expéditionnaire, et même si ça leur a coûté formidablement cher, c'était un conflit limité, pas une guerre totale, de type thermonucléaire. Pas un conflit ouvert avec la Russie.
Or c'est le cas avec FO:E : Equestria est en guerre ouverte, directe, avec les zèbres. Et, avec les Ministères, il y a clairement une économie de guerre qui s'installe. On parle de guerre totale. Ca signifie aussi une guerre d'attrition, et les ressources se font dévorer par le conflit. Devinez combien d'années ça a duré. Un peu plus de douze ans.
Non. Juste. Non.
Mais revenons à Celestia. Donc, après six ans de guerre où visiblement elle n'a pas été foutue de négocier ne serait-ce qu'une trêve... et je n'ai même pas parlé des causes de la guerre... donc après six ans de guerre, elle abdique. Elle abandonne les poneys, passe le sabot à Luna et part en congé. Ouais. Oh, et l'excuse ? Une école a été massacrée. Après six ans de guerre, il y a une poignée d'enfants qui sont morts, donc la dirigeante d'Equestria abdique. LOGIQUE.
Vous expliquer certaines des absurdités que j'ai pu voir demanderait trop d'explications, mais rien que cette abdication donne une idée de la chose. La fic' a besoin que certaines choses se produisent et sautera sur la première excuse venue pour le justifier. C'est, là aussi, une constante.
Mais parlons du Black Book.
Parce qu'à côté de l'intrigue ô combien intéressante de whatever, il y a aussi un livre de magie noire, et blablabla... bref, le Black Book permet de découper une âme en parties et de mettre ces parties dans des objets, appelés "jarres d'âme". Okay. Ca n'a rien à foutre là mais admettons, il paraît que c'est une référence à Harry Potter, je ne vais pas discuter.
Alors, vous êtes Rarity, vous regrettez que vos copines s'éloignent les unes des autres, qu'est-ce que vous faites ? Vous travaillez à les réunir, vous allez les voir, discuter avec elles, faire des trucs de keupine ? Naaaaan c'est pas assez FO:E. Allez, magie noire, on va créer des jarres d'âme avec l'âme qu'on aura volées à nos amies. Et je tiens à préciser que j'ai vu le coup venir depuis qu'on a évoqué le truc, vers les chapitres 15-20 je crois. Bon... pour une raison qui m'échappe totalement, mettons que ce soit logique. Qu'est-ce que vous faites ? Vous faites six jarres d'âmes, une pour chaque poney du mane6 ?
Non.
QUARANTE-DEUX.
Vous faites QUARANTE-DEUX jarres d'âme pour une raison qui échappe à l'équinité ! Quarante-deux ! Bordel de...
Oh mais attendez.
Vous ne voyez toujours pas le problème.
Okay, okay. Autre exemple de mentalité débile que cette fic' vous infligera. Chapitre 37 toujours, je vous avais dit que c'était le festival. On apprend qu'une dragonne garde le trésor royal de Canterlot. Bon, pourquoi pas. On apprend aussi que l'école de Celestia utilisait des bébés dragon pour on ne sait quoi. Okay, référence à Spike, pourquoi pas. On apprend que la dragonne est la mère de ces bébés dragon... oooookay... ouais ? Et là on apprend que Celestia a passé un accord avec la dragonne, la dragonne avait le trésor et Celestia avait ses bébés.
Je vous laisse cogiter... voilà. La dragonne a vendu ses enfants. Bon, c'est un dragon, je ne questionnerai pas sa logique. Mais Celestia... a acheté des bébés. Celestia. Non je répète, vous n'avez pas l'air de bien suivre. Celestia. A acheté. Des bébés. Pour faire quoi, je sais pas, on va éviter de voir le mal partout... mais voilà quoi. Celestia. A acheté. Des bébés. La dirigeante d'Equestria. Parangon de la vertu.
Toujours pas convaincus, hein...
Non mais d'accord.
Chapitre 37 encore et toujours, parce que décidément c'est juste formidable. On apprend que Rainbow Dash a créé une machine pour contrôler la météo. Aka une machine capable de balayer la grisaille et ramener le grand soleil sur tout Equestria. Ce qu'on savait devoir arriver depuis, oh... le chapitre 30, 32 ? 'Fin bref. Cette machine a juste besoin d'un poney pour fonctionner. Là les mégasorts s'abattent, et Rainbow Dash pourrait, je ne sais pas, aller dans cette machine ?
Non, Rainbow Dash trouve que tout est nul et va se suicider sur une montagne.
Buckin'. Rainbow Dash.
Et attention. Lorsqu'on apprend la façon dont elle était morte, c'était cool. Un peu décevant bien sûr, mais c'était limite poignant, bien fait. En tout cas c'était intelligent et je l'avais pris volontiers. Mais quand j'apprends, seize chapitres plus tard, qu'au lieu de rester là comme une gourde elle aurait pu gérer le ciel d'Equestria, je me permets de sourciller. C'est Rainbow Dash.
...
Vous savez, je le sens bien que ça ne vous parle pas. Vous avez pu me croire quand je vous disais que le danger était foireux, les combats stupides et l'héroïne prétentieuse. Mais vous n'arrivez pas à saisir la mentalité de mer- que la fic' attribue aux poneys pour justifier tout et n'importe quoi, et à quel point l'histoire derrière tout ça est formidablement foireuse.
Ce n'est pas grave.
Parce que je n'ai pas encore sorti mon joker.
Et avant de sortir mon joker, mon argument ultime, laissez-moi vous parler du plus gros problème, du problème numéro UN de cette fanfiction. L'écriture au kilomètre.
Ah, l'écriture au kilomètre.
Jusqu'à présent j'ai râlé sur le fond, mais il est temps de parler de la forme. Et là je tiens à souligner que FO:E représente une performance. Ce sont environ 1'500 pages (estimation personnelle) écrites en 6 mois. J'avais calculé environ un chapitre par semaine, et un chapitre à FO:E c'est en moyenne 30 pages. Kkat, l'auteur, a fait preuve d'une endurance absolument ahurissante.
Mais pour réussir cette performance, il a dû recourir à ce que j'appelle l'écriture au kilomètre.
Cela signifie d'écrire tout le temps de la même manière, comme une machine, de répéter tout le temps les mêmes techniques, les mêmes procédés, encore et encore, pour gagner du temps. Vous pouvez aligner des pages et des pages et des pages et des pages de cette manière, sans mal. Non, vraiment, si vous n'avez pas peur du résultat, vous pouvez aisément faire des chapitres dépassant les trente pages. Il suffit de connaître la technique, et de répéter, et de répéter, et de répéter... et de répéter...
Du coup, oui, ironiquement la fanfiction la plus longue du fandom est flemmarde. Elle repose sur des techniques de gain de temps et d'empilement de texte. Alors oui, c'est maîtrisé, comme dit Kkat sait écrire. Mais c'est tout le temps la même chose. Et ça devient très vite répétitif. Kkat n'avait pas le choix de le faire s'il voulait tenir ses délais, et de toute manière pourquoi faire autrement ? Il faut vraiment vouloir être passionné d'écriture pour vouloir se dépasser.
Alors je ne peux pas vous citer de passage de texte mais je peux vous citer encore une anecdote.
L'histoire jongle entre humour et sérieux, mais parfois c'est... assez inapproprié. Ainsi, chapitre 36, les héros sont empoisonnés -- toujours le fameux "rose" -- et arrivent dans une pièce remplie de zombis invincibles. Ouais, c'est des goules, tu les tues, ils se relèvent. Pose pas de questions. Là, l'un d'entre eux est plongé dans une cuve de poison et forcé de se battre à sabots nus contre une des goules. Et là les autres... qui sont blessés, empoisonnés, dans une pièce remplie d'ennemis... regardent le combat et se mettent à plaisanter. Eeeyup.
C'est tout simplement qu'une fois encore, le texte est écrit au kilomètre. Kkat doit enchaîner absolument, faire la transition vers la suite -- d'où, aussi, des tas d'ellipses -- et l'humour aide pas mal à ça. Ici il cherche simplement le moyen de se détacher d'un combat qu'il ne compte pas finir, et donc il recourt à la première technique venue : paf, des blagues, ça contentera le lecteur, vite la suite. Même si dans le contexte ça n'a mais alors vraiment pas sa place.
Mais je sais que tout cela ne vous parle pas encore.
Donc joker.
Je vais vous parler du pire moment de tout FO:E.
Chapitre 37... soupir... nous sommes au château de Canterlot. On sait depuis une volée de chapitres déjà, à travers le récit d'un pégase, que les princesses sont mortes dans ce château. L'héroïne craint d'y trouver leurs ossements, vu qu'elle a grandi en les voyant comme des déesses. Elle arrive à la salle du trône, pas d'ossements. Elle est soulagée et nous lecteurs ont sait qu'elle les verra plus loin. Elle continue son chemin jusqu'aux appartements de la princesse Luna.
Et là, une alicorne apparaît.
Et cette motherbuckin' alicorne porte une cuirasse d'ossements, avec la cage thoracique et les ailes d'un squelette, et en collier un crâne avec une longue corne pointue. Oui, l'alicorne, Nightseer, porte rien moins que la princesse Luna en cuirasse.
Donc là vous me faites "okay qu'est-ce qui ne va pas encore ?" Rien ! Mais rien du tout ! Au contraire, c'est énorme ! La mise en scène est cool, l'idée est génial, l'effet est maximal ! Tu ne PEUX PAS foirer une scène pareille ! C'est tout simplement le moment le plus épique de toute cette foutue fic' ! Tu ne peux pas la foirer cette scène, tu ne peux pas, tu... ah ouais, c'est FO:E.
Donc, comment foirer une scène épique.
Déjà, tu essaies de faire comme si le lecteur était un abruti fini. Et tu répètes quatre fois, sur deux pages, que le crâne a une longue corne pointue. Pour le cas où on serait vraiment lents à comprendre. Alors oui, peut-être que l'auteur a voulu créer un effet, mais si c'est le cas alors c'est foiré au-delà de tout. Se contenter de répéter quatre fois la même information ce n'est pas la même chose que des plans caméra intense, ça ne fonctionne pas pareil.
Ensuite, tu reprends l'habituel poncif de l'héroine invincible et des combats foireux. Par exemple, pendant que LittlePip fait sa fixette sur la corne, l'alicorne lui balance deux lames de sang sur la gueule. Aka des épées magiques qui font très mal. Alors, question : deux épées projetées sur l'héroïne à bout portant sans que celle-ci n'esquive ? Les dégâts ? Réponse : la première épais ricoche sur le caparaçon, parce que visiblement Nightseer ne sait pas viser... et la seconde épée égratigne le cou. Woo-buckin'-hoo. Ouais, pendant deux pages LittlePip ne fait rien, et on subit des pitreries du genre.
Enfin, tu expédies le boss le plus cool de toute la fic' en une phrase. Après deux pages où il ne se passe rien, où LittlePip baigne dans son propre sang empoisonné, soudain paf, télékinésie ! Et la méchante est morte. Une. Phrase. Une buckin' phrase.
Voilà.
Voilà comment foirer une scène épique.
Et voilà comment je résumerais FO:E à ce stade, après 37 chapitres de pétages de plomb et de râlages sans fin. Un tas de bonnes idées qui, par manque de temps et de réflexion, ont donné un gigantesque "trainwreck" et des incohérences hurlantes, quand il ne s'agit pas carrément de bâclage. Les armes à énergie magique qui soudain se rechargent, comme ça, sans raison. Les chiens de diamant pas foutus de faire sauter un pilier de pont, mais qui menacent d'exploser l'hôpital que du reste ils n'ont jamais pillé parce que dedans cha fait peur... Sérieux... Applejack qui nous fait "j'ai vendu ma feeeeeeerme !" alors qu'elle l'a juste passée à sa soeur... c'est sans fin et ça se résume en général à un simple manque de temps.
Mais aussi et surtout à une prétention sans borne qui fait de LittlePip la fille légitime de Raptor Sparkle, une bourrine parmi les bourrines, dans une histoire qui a depuis longtemps perdu toute crédibilité et tout intérêt pour ne plus reposer que sur du screamer et quelques rares bonnes idées... parfois très mal exploitées, parfois de bonnes surprises de passage...
Alors je râle contre les incohérences, contre l'histoire qui n'a aucun sens, les personnages qui font n'importe quoi, les situations absurdes... mais dans ces cas-là, quand je râle, je m'amuse, et ça ne signifie pas que j'arrêterais de lire. Râler, c'est ne pas être indifférent, c'est se soucier de l'histoire parfois plus que l'auteur lui-même. C'est de bon coeur. Quand, à la fin du chapitre 20, j'ai découvert l'identité de Watcher et que j'ai fait "non", c'était au fond un détail, ça ne rendait pas l'histoire mauvaise pour autant.
Mais l'héroïne, la prétention de l'héroïne, ça par contre c'est impardonnable. Et si ce n'est pas au niveau d'un Past Sins -- où là j'ai carrément abandonné la traduction d'un texte qui mériterait la remise à l'index -- j'aimerais que les lecteurs ne s'y trompent pas. Cette héroïne joue les martyrs. C'est une bourrine qui se plaint sans cesse et ça la rend détestable. Et faire semblant qu'elle ait du mal ne sert qu'à souligner la facilité de ses aventures, à quel point elle est détachée de l'équinité. C'est, dans mon jargon, un monstre.
Donc voilà.
Je n'ai encore qu'esquissé, vous n'avez pas le dixième de tous mes râlages. FO:E mérite autant de félicitations que de crachats -- ce qui est d'ailleurs devenu une blague parmi les bronies romands, le crachat pour se soigner, ou le fait que Velvet Remedy peut soigner n'importe quoi -- et si je sois forcé, à contrecoeur, de reconnaître ses qualités à cette fic', je refuse que tous ses défauts passent sous silence. Surtout si d'autres auteurs doivent l'utiliser comme repère.
L'auteur sait écrire, et il y a des tas de bonnes idées. Mais c'est répétitif, c'est incohérent et infiniment prétentieux.
C'est FO:E.
Et le plus long râlage de ma vie.
EDIT: Un addendum imprévu.
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