Hi'.
J'ai discuté sur Teamspeak avec lnomsim et on se demandait comment éviter des personnages caricaturaux. Notamment dans MAI, comment faire un capitaine convaincant. Allez lire le texte si vous comprenez pas.
Comment souvent quand on me met face à un problème concret en écriture, je me rends vite compte que je n'ai absolument aucune idée de la réponse.
Donc commençons par poser le problème.
Lorsque le Crystal Empire a fini d'agoniser sous nos yeux, parmi la montagne de reproches les bronies en avaient un en particulier : celui que Pinkie Pie avait été réduite à une machine à blagues sur échasses.
Si vous préférez un autre poney, pas de problème : depuis qu'elle a ses ailes, Twilight se résume à une parfaite petite princesse. Et si je vous dis Fluttershy ? Comme un chien de Pavlov, vous devriez me répondre "timide". Flutty' est timide c'est tout ta gueule, si elle est pas timide c'est pas Fluttershy.
Et oui, effectivement, quand on pense à ces personnages ce sont ces choses-là qui nous viennent en premier en tête. On les connaît pour ça, on attend ça d'eux, à part pour Twilight mais ne revenons pas sur le Twilicorn. On veut que Pinkie Pie fasse des blagues et quand elle en fait, on rigole.
Pourtant ce sont des caricatures.
Qu'est-ce qui en fait des caricatures ? Eh bien, Pinkie Pie fait des blagues "pour faire des blagues". Elle fait des blagues parce que c'est Pinkie Pie, et c'est Pinkie Pie parce qu'elle fait des blagues. Tu le sens le raisonnement circulaire ? Les blagues sont arbitraires, elle en fait sur commande comme un automate et c'est tout.
Alors bien sûr, ce peut être un problème d'interprétation. Et j'avoue que je suis plutôt partisan de l'idée que nos ponettes préférées ont toujours un peu de profondeur. Mais ici je me dois de reprendre le propos de FiMFlam qui, à propos de Fluttershy, soulignait les petites piques que la pégase savait envoyer, du type : "j'ai un an de plus que toi". Ça ne semble rien, mais ça montre que la petite n'était pas juste timide, et FiMFlam la résumait plutôt en "la fille qui ne veut pas être là".
Un personnage est caricatural quand il est cantonné à un rôle, à une fonction : c'est le capitaine, c'est la princesse, c'est la machine à blagues.
Et encore une fois, ce n'est pas une mauvaise chose en soi : une caricature est facile à reconnaître et a un fort impact. C'est confortable pour le lecteur et pratique pour l'auteur, insérer ici un OC que vous n'aimez pas pour l'exemple.
Alors posez-vous la question...
En quoi la caricature ce serait mal ? Pourquoi ne pas faire un perso' caricatural ? Okay ce sont des persos' en carton-pâte et toutes les insultes qu'on trouvera pour les désigner mais du moment que le lecteur accroche, pourquoi réparer ce qui n'est pas cassé ?
Dans MAI, les personnages ne sont pas exactement les plus recherchés. Mais si on y regarde, ils sont expressifs, ils servent l'histoire et bah on lit sans vraiment s'en préoccuper.
Allons plus avant : au départ, tous les persos' sont des caricatures. Je dois créer un garde ? Bah ce sera un garde. Sans rien de plus, ce sera la "caricature" d'un garde, bâti sur ce modèle. Et, à juste titre, on s'attendre un minimum à ce qu'il se comporte en garde. Un capitaine doit faire des trucs de capitaine, une princesse des trucs de princesse, mince quoi. On ne va pas s'interdire de créer des orphelins juste parce que ça ferait "cliché".
Alors en quoi c'est mal ?
Eh bien laissez-moi vous parler de Sonic Boom (la série). À ma surprise, Sonic Boom est... pas si mal ! L'humour me fait rire, le rythme est là (avec des épisodes de 11 minutes, bonheur), les graphismes plutôt sympa', il y a même la référence aux poneys obligatoire (épisode 5) donc eh, si tu as six ans cette série ne te volera pas tes neurones. Dit autrement, c'est débile mais les personnages sont supportables.
Sauf un.
Stix, en plus de se taper l'incruste et de ne servir à rien à part voler le taf' du renard, est une paranoïaque. Et okay, un perso' paranoïaque pourquoi pas -- surtout dans le monde de Sonic -- mais elle ne fait que ça. Mais vraiment que ça. Rien d'autre. Chacune de ses répliques consiste à crier que le monde veut sa mort et je vous jure que c'est très vite lassant.
Stix est donc une caricature : c'est la paranoïaque de service. Ce qui m'amène à deux constats.
Premier constat : comment qu'c'est bon quand elle ferme sa grande gu- J'ai pu apprécier toutes les rares occasions où la série donnait à Stix un comportement différent. Par exemple, épisode 3, elle se détend sur la plage et même si c'est juste pour faire la blague, elle te dit "ça fait du bien d'être détendue". Ouais, ça fait du bien de voir qu'elle sait se détendre.
Fort de ce constat, logiquement, on se dirait que pour éviter la caricature il suffit d'étendre le panel des réactions.
Par exemple, Pinkie ne fait pas juste des blagues. Elle sait aussi être super snif, genre avec les clones et tout ça. Twilight n'est pas juste une princesse, elle est aussi... euh... ah ben non en fait c'est vraiment juste une buckin' princesse. Fluttershy a "Flutterrage" par exemple, pour rappeler qu'au fond d'elle-même y a une jument qui a envie de crier.
Le problème ? On ne fait qu'empiler les caricatures.
Mais si, comparez : dans Dragonshy, Flutty' se met en colère contre le dragon. Elle refait pareil contre la cockatrice bien plus tard, et enfin elle pète les plombs au gala. Maintenant prenez les Power Ponies et arrêtez de râler sur l'épisode, on se concentre. Si je vous dis que dans les Power Ponies le flutterrage est une caricature, et pas dans les autres cas, vous arrivez à me croire ?
Pinkamena, inspirée notamment de Party of One, est une autre facette de Pinkie Pie, mais une caricature quand même : Pinkie pète les plombs parce qu'elle est Pinkamena, et elle est Pinkamena parce qu'elle pète les plombs.
Alors est-ce qu'avec ce constat on se serait planté ?
Pas vraiment.
Quand on commence en écriture, on fait par défaut des persos' caricaturaux. Le héros, le méchant, etc... des rôles simples et reconnaissables. Mais ensuite on se met à complexifier, à étoffer les personnages, et pour ça effectivement on fait varier leurs réactions.
Par exemple, le capitaine peut aussi être un père. On lui donnera donc tantôt des réactions de capitaine et tantôt des réactions de père. Ça reste caricatural, mais ça élargit son champ de réaction et ça évite donc la répétition vite gonflante qu'on a vue plus tôt avec Sonic Boom.
Varier les réactions est donc la piste la plus simple et la plus sûre pour améliorer une caricature et travailler le personnage, mais j'ai beau faire, tout me ramène à ce constat : pour éviter la caricature, pour vraiment donner de la profondeur au personnage, il faut donner une raison à ses actes.
Et là je reprends Stix.
Dans l'épisode 5 (j'ai arrêté là, la série est sympa' mais 'faut pas déconner), après avoir paranoïaqué sur une foutue enveloppe, Stix nous décrit son agent : "je suis surchargée, je dois fouiller les poubelles, puis fouiller les poubelles, puis rappel antitétanos, puis fouiller les poubelles..." Et là tu comprends que Stix est en "situation de précarité", soit elle est folle soit elle est pauvre soit je sais pas mais en tout cas ça va pas super bien dans sa vie.
Pour être honnête, au départ je croyais qu'elle était parano' parce qu'Eggman attaquait tous les quatre matins. Mais comme elle est la seule à stresser et que tout le monde à côté est super tranquille, bah ça collait pas. À l'épisode 4 on lui balance même un robot-chien débile et la série décrète qu'elle l'aime, comme ça, en mode gratuit, et tu dois le subir.
Mais soudain, si tu tiens compte du fait qu'elle est euh fauchée, bah ça explique son stress. Yup, pour ceux qui ont vécu ce genre de situation, ça s'appelle "vivre au jour le jour", on est inquiet en permanence, plutôt agressif parce que sous pression et bref, le comportement parano' fait soudain sens. D'autant que, dans ce même épisode, elle montre qu'elle se soucie du regard des autres, donc elle est pas juste décérébrée.
De même, je l'ai dit, elle récupère un robot-chien débile, une véritable poubelle rouillée. Remets en contexte, elle est elle-même plutôt mal mise et plutôt mal vue, forcément qu'elle se retrouve en ce truc, et donc qu'elle s'y attache. Soudain son comportement fait sens.
Si seulement la série avait pris la peine d'introduire ça plus tôt.
Punaise.
Vous vous rappelez ce que je disais sur le Flutterrage ? Dans Dragonshy, elle passe en mode berzerk pour protéger ses amies. Face à la cockatrice, pour protéger les petites. Au gala elle pète les plombs parce que ses rêves sont brisés. Dans Power Ponies ? Un foutu papillon. Ses amies vont mourir ? Ranaf'. La ville est condamnée ? Ranaf'. Mais un foutu papillon ? T'es mort biaaat- non mais sérieusement c'est drôle ah ah deux secondes mais c'est con comme une poêle.
Une caricature c'est "je fais ce truc parce que je fais ce truc".
Un personnage travaillé c'est "je fais ce truc pour une raison".
À ce stade vous avez dû vous dire deux choses. La première : "ça y est ! Question réglée !" La seconde : "Ouf ! Mon personnage n'est pas caricatural !" Et comme vous avez pu le déduire, la première idée est fausse.
Exemple.
Pour quelle raison Pinkie Pie, dans Castle-mane-ia, va jouer de l'orgue ?
Bon déjà rien qu'au fait que je pose la question (et que c'est la S4), vous avez deviné qu'on est face, à mes yeux, à une caricature. Et donc, pour me faire plaisir, vous direz "pour jouer de l'orgue" ou "parce que c'est Pinkie Pie".
Mais maintenant, disons que vous vouliez défendre l'épisode et sa logique béton -- et j'aime bien cet épisode, moi, perso'. Pourquoi Pinkie Pie va jouer de l'orgue ? En général on dira "pour s'amuser" ou "par curiosité" ou "pour jouer avec ses amies" ou tout ce que vous voudrez. On peut trouver mille excuses à son comportement, genre "parce qu'elle l'avait lu dans un livre" ou "pour prouver qu'il n'y a rien à craindre", etc... jusqu'au plus cynique "parce que c'est écrit dans le script".
Et maintenant, disons que vous ayez carrément écrit l'épisode. Déjà toutes mes félicitations, c'est un chouette épisode. Ensuite, à quoi servaient les astraraignées ? Enfin : pour quelle raison Pinkie Pie va jouer de l'orgue ? Vous aurez toujours mille excuses mais parce que vous aurez écrit l'épisode, vous serez persuadé que ces excuses sont les bonnes. Vu que ce sont les vôtres.
C'est là toute la difficulté : juger entre une "vraie" raison ou une simple excuse.
Dans le même registre, est-ce que le Flutterrage dans Power Ponies est justifié ? Bah oui, y a un papillon qui est blessé. Et puis pourquoi elle défendrait ses keupines, elles ont l'air parfaitement capables de s'en sortir sans elles... une fois encore, si on veut trouver des excuses alors il n'y a rien de plus facile, vous en aurez par camions entiers.
Cela dit.
Si on reprend le cas de Stix (la parano'), on aura constaté que :
1) Il faut que la raison soit donnée avant ou pendant l'acte. Après c'est trop tard.
2) Il faut que ça "dise quelque chose".
Dans le cas de Stix, donc, la paranoïa servirait surtout à cacher un malaise vis-à-vis de sa situation difficile. Mais délaissons définitivement l'univers de Sonic pour les poneys, et là je vais reprendre FiMFlam : dans la saison 1, on voit Rainbow Dash jouer les bravaches et se vanter à tout va. Jusque-là, elle remplit le stéréotype du garçon manqué, mais lors de l'épisode du Rainboom on découvre qu'elle doute en fait sérieusement d'elle. C'est cet épisode qui, plus qu'aucune fadaise qu'on a pu nous balancer jusque-là, donne vraiment une raison d'être aux bravades de Dash. Un manque d'assurance.
À noter qu'ici on est vraiment dans l'interprétation de fan, comme dit, celle de FiMFlam. Mais au final c'est le lecteur qui détermine s'il s'agit d'une caricature ou non. Si la raison ne le convainc pas, on retombe dans l'excuse et il ne verra qu'un personnage en carton. S'il n'est pas difficile, alors un papillon peut le persuader qu'on a affaire à de la grande psychologie.
Jusqu'ici, qu'est-ce qu'on a dit ? Qu'un personnage était, de base, une caricature ou un ensemble de caricatures, et que pour lui donner de la profondeur il fallait donner des raisons à ses actes.
Mettons ça en pratique.
Disons que je veuille créer une alicorne. Qui tire des lasers. Elle serait tombée d'une comète et aurait pour destinée de sauver Equestria. Vous me suivez jusqu'ici ? Très bien.
Alors, c'est entendu, là on est en mode hardcore, mais je suis aussi partisan de l'idée que toutes les histoires sont bonnes, et que donc notre alicornes cométo-lasers peut être cool si on essaie. On va donc faire les choses dans l'ordre et voir à sauver ce radeau de la méduse.
Pour résumer, c'est une alicorne. On a donc notre caricature.
La première chose qu'on peut faire est de lui coller d'autres caricatures. En général on veut lui donner un côté comique, donc... maladroite ? Ou paresseuse ? C'est la technique bête des JdR où on donne des défauts au personnage pour le rendre plus équ- plus humain.
Moi, je décide que c'est une ancienne générale (donc autoritaire) et une scientifique, et euh... Oh ouais elle avait un mari et un enfant mais ils sont morts je sais pas comment. Et le mari a ressuscité. En méchant. Amnésique.
Première étape de faite, notre alicorne a désormais quatre caricatures empilées, et oui je sais que j'utilise le terme de façon générique mais bref :
1) C'est une alicorne
2) C'est une générale
3) C'est une scientifique
4) C'est une veuve
À quoi j'ajoute bien sûre l'héroïne tout ça....
Et maintenant, on veut lui donner une raison d'être. Plus précisément, elle est destinée à sauver le monde, alors... pourquoi ?
Si je regarde dans la liste qu'on a, elle est veuve, donc elle veut peut-être faire honneur à la mémoire de ses proches ? Elle est scientifique, elle a peut-être vu quelque chose que personne d'autre ne peut/veut voir ? Elle est générale, est-ce qu'elle mène un combat d'arrière-garde ? Est-ce qu'elle obéit aveuglément ? C'est une alicorne, et si elle se sentait forcée de le faire ? À contrecoeur ? Au contraire avec foi ?
Ça fait quand même un paquet de possibilités.
Et là vous reconnaîtrez facilement l'équation que j'utilise :
[caricature] + ??? = [acte]
alicorne + ??? = sauver le monde
Disons que mon alicorne rencontre Twilight Sparkle juste après une bataille contre son ancien mari mort ressuscité méchant. Comment mon alicorne va réagir ? Elle pourrait, bien sûr, agir en alicorne, être noble et expliquer les choses de la façon la moins informative possible... ou agir en veuve et en vouloir à l'univers d'avoir dû affronter son mari. Ou agir en générale et se cacher derrière son devoir -- en donnant des ordres à tout va -- pour éviter le chagrin.
[caricature] + bataille = [acte]
Tout dépend alors de ce que l'histoire veut mettre en avant, la façon dont on veut valoriser le personnage. En se rappelant, comme dit plus haut, qu'il faut varier un minimum, mais là c'est encore une autre histoire.
Pour finir, testons avec Fluttershy.
Flutterrage + papillon = ???
Si votre réponse est :
Flutterrage + papillon = Flutterrage
Félicitations, vous êtes retombé dans la caricature. Pourtant, l'équation est toujours valide. Et si le papillon était la "goutte d'eau" qui déclenchait le raz-de-marée ? Le truc qui lui fait enfin remarquer que oui des poneys sont blessés... Et si, plutôt que de venger le papillon, elle agissait purement pour se sauver elle-même ? En se voyant broyée comme l'a été le nanimal ?
Flutterrage + papillon = réveil
Flutterrage + papillon = instinct
Il y a là encore un tas de manières de tourner la chose et je tiens à souligner que le résultat est, quelque part, le même : on a toujours Fluttershy qui passe en mode Hulk. Mais les raisons qui la motivent sont très différentes et ces raisons donnent une toute autre profondeur à la scène, et de toutes autres possibilités d'interprétations, et donc d'émotions, au lecteur.
Et c'est ça l'intérêt d'aller au-delà de la caricature.
Je suis obligé de répondre ici à un autre propos : oui, c'est vrai, parfois se prendre la tête est d'une stupidité sans nom. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Les caricatures sont efficaces et font de très bons personnages pour de très bonnes histoires... ou en tout cas des personnages qui plaisent pour des histoires qui plaisent, mais je ne veux pas faire mon râleur.
Mais donner de la profondeur au personnage, c'est réfléchir aux raisons qui le motivent, c'est lui donner une vie (et donc vie). C'est donner de l'intérêt à ses actes et donc une raison au lecteur de s'y intéresser.
Une caricature est ce qu'autrefois j'appelais un "personnage-fonction", ou "personnage-outil", qui est juste là pour les besoins du texte, type le héros ou le forgeron.
Lui donner de la profondeur ne l'empêchera pas de toujours remplir sa fonction, mais permettra de développer, dans le texte, tant le personnage que l'action même.
Et ça, ça signifie que le lecteur a plus de mou à broyer quand il lit. Et c'est cool.
Un capitaine criera toujours sur ses recrues, mais d'une telle manière -- et aidé par le texte -- que derrière on sente le père ou l'amant.
Lire et commenter l'article completHi'.
J'ai un mythe personnel, le mythe de la première phrase, qui veut que la première phrase d'un texte doit contenir l'ensemble de l'histoire en germe. Il y a pas mal de raisons à ce mythe et j'en donnerai deux.
La première est le "syndrome de la page blanche" : quand tu te mets devant ton écran, avec ta super idée de fic', et que tu n'arrives pas à aligner deux mots. Dans ces conditions, la première phrase du texte devient incroyablement importante, parce que si elle est ratée, en général tu cales et le syndrome continue.
La seconde est que ce mythe existait avant moi, et ne concerne pas la première phrase du texte, mais le titre. Un littéraire fait de l'analyse de texte : on te donne un passage du texte et tu l'analyses. En général, on n'analyse pas le quart de couverture d'un livre, mais on considère que le titre fait partie du texte. Et l'attente est alors que le titre contienne à lui tout seul l'ensemble du texte.
Allons plus loin.
En littérature, on n'analyse JAMAIS l'image. Vous savez, l'image sur le livre, l'image qui illustre votre fanfic'. Normal : on fauche ces images sur internet, on les met après coup et elles n'ont pas plus été pensées pour le texte que le texte n'a été pensé pour elles. Mais si l'image était pensée pour le texte, qu'attendrait-on d'elle ? Que l'image résume le texte.
Maintenant qu'on a expédié l'introduction, passons au synopsis.
Tout comme le titre, tout comme l'illustration, en général un littéraire n'analyse pas le synopsis : il a été écrit après-coup, il ne fait pas "partie du texte". Mais s'il devait servir à quelque chose, alors le synopsis devrait résumer le texte ? Non ?
C'était ma supposition jusqu'à ce qu'on me pose la question. Et la réponse, surprenamment... est non. Et pour le comprendre, un peu de littérature de bac à sable s'il vous plait, parce qu'on va devoir reprendre les bases du "plan" d'un texte.
Le plan de base qu'on nous apprend à l'école, c'est :
Situation initiale -- Problème -- Développement -- Résolution -- Situation finale
La situation au départ c'est ça, soudain paf un problème, du coup il se passe un tas de choses puis on arrive à résoudre le problème et on se retrouve dans telle situation à la fin.
Quand on dit que le titre doit résumer l'ensemble du texte, on veut dire qu'il doit contenir le texte depuis la situation initiale jusqu'à la situation finale. Chaque chapitre, chaque paragraphe, chaque fichu signe de ponctuation du texte doit être concentré, compressé, comprimé dans les quelques mots mis en gras centré police quatorze Times de votre fanfiction.
Le synopsis, lui, suit une autre logique. Il ne doit contenir que la situation initiale et la problématique :
[ Situation initiale -- Problème ] -- Dével...
En termes littéraires, le synopsis va dire au lecteur quel problème va se produire, et rien de plus.
Pour le comprendre, supposons un texte lambda. Par exemple, mettons que Derpy Hooves se fasse enlever par des dragons. Le mane6 doit aller la secourir mais en cours de route Spike découvre qu'il est un prince en exil et ensuite Tirek revient et il se passe un tas d'autres trucs mais à la fin les gentils gagnent. À quoi devrait ressembler le synopsis, par défaut ?
1) Derpy Hooves s'est fait enlever. Le mane6 doit aller la secourir, et pour cela elles devront s'aventurer dans le territoire des dragons.
Comme dit, le synopsis va donner au lecteur le problème posé dans le texte. Définir le problème n'est pas évident : si on délivre Derpy au chapitre 3, alors que des chapitres il y en a 26, y a des chances que ce problème n'en soit pas un. Pensez au cochon dans le film des simpsons, cochon qui disparaît après le premier tiers du film ; ou pensez au sauvetage de princesse au tout début du jeu Final Fantasy 1, quête quasi-anecdotique face au reste du jeu.
Si on décide que le problème n'est pas Derpy (c'était juste une excuse pour aller chez les dragons) mais Spike, alors le synopsis sera plutôt :
2) Parti avec le mane6 sauver Derpy Hooves, Spike découvre qu'il est un prince exilé.
On a donc la situation initiale, à savoir l'enlèvement de Derpy, mais surtout on nous donne le "vrai" problème du texte, c'est-à-dire que Spike est en fait un prince exilé et blablabla... et si on décide que le vrai problème du texte c'est le retour de Tirek ? Même si ça n'arrivera qu'au chapitre 6 ? Même chose : on réduit tout ce qui précède au rang de situation initiale et on se concentre sur le retour de machin.
Pour la littérature, de base, un synopsis c'est ça.
Mais pour la littérature le synopsis c'est surtout un outil commercial fait pour attirer le lecteur.
À force de se répéter qu'MLP est une publicité pour jouets, on doit être le fandom le plus cynique d'internet. Ce qui serait en soi un exploit. Mais oui, MLP Fictions est une vitrine pour mettre le texte en valeur et le fameux synopsis y participe.
Un synopsis est donc fait pour vendre et doit être aussi accrocheur qu'un "titre kiklak".
En termes littéraires, on doit créer une tension. En gros, on va créer une attente qui poussera le lecteur à aller lire. Quelle est cette attente ? Eh bien, par exemple, la réponse à une question :
3) Derpy Hooves s'est fait enlever. Le mane6 parviendra-t-il à la délivrer ?
Au risque de vous spoiler, oui, elles vont y arriver. Je n'ai vu ni tag "sombre" ni "grimdark" donc c'est un peu dans le contrat. Mais on a posé une question et vous voudrez au moins vérifier que vous aviez raison. Ou à la place d'une question, le synopsis vous cache de l'information :
4) Derpy Hooves s'est fait enlever. Le mane6 doit aller la délivrer, mais devront compter sur un certain dragon pour réussir.
Là encore au risque de vous spoiler, je crois que potentiellement ça risque d'être Spike. Mais idem, dans le doute ça donnera envie d'aller voir. C'est ce qu'on appelle du "faux suspense", c'est artificiel mais quand on est désespéré ça fonctionne.
Bon, mais est-ce qu'on a des techniques plus avancées pour rendre le synopsis alléchant ?
Oui... et non.
La réponse littéraire, une fois encore, est compliquée. En gros, à défaut de concentrer toute l'histoire dans un seul paragraphe, on va concentrer toute l'atmosphère. Et c'est là qu'on retombe sur le mythe de la première phrase : le synopsis va donner une idée au lecteur du genre de texte qu'il va lire pendant... quoi, dix, cent pages ?
L'idée est alors que le synopsis "mime" à son échelle l'écriture qu'on retrouvera tout au long du texte. Les paragraphes sont plutôt longs ? Le synopsis sera long également. On veut de la bonne humeur et de la simplicité ? Le synopsis sera direct et plein de points d'exclamations. On veut réfléchir au sens de la vie et torturer les persos' avec des conflits de whatever ? Le synopsis va accumuler les périphrases et broyer du noir.
5a) Derpy s'est fait enlever... par des dragons ! Twilight et ses amies pourront-elles la sauver ? C'était sans compter sur Spike !
5b) Parfois, la vie est rude. Parfois on n'a rien demandé. Mais quand le début du commencement se produit alors il faut accepter la puissance draconique qui est en soi.
En gros, imaginez que vous avez 1'000 tableaux à exposer dans un musée, et que vous pouvez en mettre un seul devant la porte pour attirer les gens. Ce tableau va dire "vous allez en trouver mille autres des comme ça à l'intérieur". Ce qu'on veut, c'est que ce tableau, ce paragraphe de texte, soit représentatif du texte qu'on trouvera en tournant la page.
Il faut alors envisager le synopsis, effectivement, comme un paragraphe supplémentaire du texte, écrit de la même manière : quelque chose qui pourrait apparaître dans le texte, qui pourrait y être dit.
5c) Spike fronça les sourcils : "Et pourquoi ce ne serait pas MON tour d'être le héros, hein ?" Et sur ces mots il se détourna de la cellule et de ses amies.
Bon là c'est un peu extrême mais on a un synopsis qui reprend littéralement la narration du texte (avec un mot tout en majuscules, ce qui est le mal absolu je le rappelle). Que ce passage existe ou non importe peu : on a là un échantillon de ce qui nous attend, et qui en plus nous donne une bonne idée du problème.
Donc...
En définitive, peut-on envisager le synopsis comme un travail littéraire ? Un synopsis peut-il... avoir du style ?
Personnellement, je suis flemmard. Et avant de considérer seulement cet article, j'avais effectivement tendance à reprendre un passage emblématique du texte et à le coller comme synopsis sans réfléchir plus loin. C'est d'ailleurs ce que je fais aussi avec les illustrations de textes : je dessine un moment marquant du texte, ou avec des éléments marquants question d'évoquer un peu l'histoire. J'avais même pris l'habitude, durant quelques mois, de débuter tous mes textes par une phrase pour me donner une idée de l'ambiance du texte.
Mais le synopsis peut être beaucoup plus travaillé que cela.
Et pour cela on doit considérer encore deux "notions" littéraires. La première est cette idée d'attente du lecteur. La seconde est celle de la problématique, ou plus précisément, du thème.
Lorsque vous lisez un texte, vous avez des attentes. Par exemple vous voulez lire une romance : vous vous attendez donc à ce que le texte colle ensemble deux poneys ou plus si affinités. Mais si vous imposez certaines attentes au texte, avant même de le découvrir, inversement le texte va créer des attentes à mesure que vous le lisez. Typiquement, si on apprend que le tonton d'Applejack va venir visiter, on s'attend à... bah à la visite du tonton d'Applejack.
On a donc les attentes du lecteur, genre "aujourd'hui je veux lire un texte SF sombre avec Discord dedans", et on a les attentes que peut créer le texte, genre "attends-toi à voir des dragons".
Tout ce qui compose la fanfic' va alors jouer sur les attentes. Le titre va accrocher le lecteur s'il correspond à ses attentes : "La légende d'autrefois" n'est pas très SF, le lecteur va passer son chemin. "Technowave Pulsar AD" fait assez SF, le lecteur va s'arrêter. Mais le titre va également créer ses propres attentes : "Comme un coq en pâte", on ne s'attendra pas à un sauvetage du monde par l'énième héros alicorne amnésique tombé des étoiles. Moi ce titre m'évoquerait plutôt une "tranche de vie" un peu comique.
Le synopsis va faire pareil.
6a) Rainbow Dash va rendre visite à Fluttershy. Que va-t-elle trouver dans la maison de son amie ?
Coup d'oeil aux tags : si c'est [NSFW] je préfère ne pas connaître la réponse. Si c'est [romance], je crois deviner que c'est de l'amour. Si c'est [triste], on aura droit à une révélation whatever. Si c'est [grimdark] bon bah un cupcake-like.
6b) Rainbow Dash va rendre visite à Fluttershy. Y trouvera-t-elle enfin le réconfort ?
Avant même de jeter un coup d'oeil aux tags, cette fois, à quoi s'attendre ? "Réconfort", donc on suppose que Dash est triste, on peut donc s'attendre à un peu de drama et tout ça. Mais "réconfort" c'est aussi la présence chaleureuse, et ça en général ça signifie de la romance. Parce que.
Okay je jette un coup d'oeil aux tags et ooookay [grimdark]. Vous êtes sérieux ?!
6c) Rainbow Dash va rendre visite à Fluttershy. Avec une truelle et un yoyo.
Okay, premier réflexe, c'est soit de la comédie soit du wtf. Pourquoi ? Parce qu'on me sort deux objets qui n'ont aucun rapport avec une visite amicale. Et c'est ce que je veux souligner : le synopsis a un effet sur le lecteur, un effet comique, justement parce qu'on ne voit pas le rapport, que ça sort de nulle part comme un diable en boîte. C'est si absurde que ça fait rire, et c'est le but d'un texte comique / wtf. Donc on s'attendra à trouver un texte comique / wt- comment ça [triste][sombre][guerre/violence] ?! Mais bon sang les gens c'est quoi votre problème !
La forme du synopsis va donc créer l'attente, ce qu'on s'attend à trouver dans le texte.
Mais le synopsis fait autre chose également.
Si vous vous rappelez de ce qu'on a dit au départ, le synopsis résume le problème posé par le texte. Et on ne savait pas, par exemple, si le problème était la capture de Derpy ou Spike qui est un prince exilé. Et faut-il évoquer le retour de Tirek ?
Allons plus loin : imaginez un texte qui mélange six intrigues à la fois. Ce qui serait typique d'Icorne, d'ailleurs. Comment tu veux faire le synopsis d'une histoire où il se passe six trucs à la fois ?
La réponse, c'est le "thème". Il y a un tas d'autres mots pour ça mais ne compliquons pas les choses. Le thème, c'est en gros l'idée centrale du texte, la raison même pour laquelle on l'écrit. Ce n'est pas le retour de Tirek, la capture de Derpy ou Rarity qui n'a plus de peigne : c'est une idée, abstraite, présente partout, visible nulle part... disons-le autrement. Quand je demande à quelqu'un "ça parle de quoi ce texte ?" En général on me répondra :
7a) Ah ce texte c'est Derpy qui se fait enlever alors le mane6 doit aller la sauver mais elle est chez les dragons alors elles y vont et là Spike découvre qu'il est un prince exilé et blablabla...
Ça, ce n'est pas le thème de l'histoire. Ça c'est juste une suite d'événements et personnellement j'en ai ranafiche. Ce qui m'intéresse c'est le thème. Quand je demande à quelqu'un "ça parle de quoi ce texte ?" j'aimerais entendre une réponse du genre :
7b) Ah ce texte ça parle de férocité, avec des dragons qui se tapent dessus pour le pouvoir.
7c) Ah ce texte ça parle d'ambition, avec Spike qui se sent freiné et empêché par ses amies
7d) Ah ce texte ça parle de papier toilette. Ou comment le papier toilette c'est la réponse à tout.
L'idée centrale du texte est une chose assez abstraite et franchement difficile à concevoir, et c'est pour ça que le synopsis peut aider en essayant de la résumer en un paragraphe ou moins -- en général une à deux lignes. Le synopsis va dire au lecteur : "C'est ça le thème, c'est de ça dont on va parler pendant 100 pages, t'es prévenu". C'est censé créer cette attente, c'est censé le mettre en condition pour que, justement, quand il arrive à la première page, il sache à quoi s'attendre.
8a) Je m'en veux d'avoir emmené Spike avec nous. Je pensais qu'il nous aiderait à sauver Derpy des griffes des dragons. Au lieu de ça, je l'ai exposé à la haine et au sang.
Je ne laisserai personne lui faire du mal.
8b) Spike fronça les sourcils : "Et pourquoi ce ne serait pas MON tour d'être le héros, hein ?" Et sur ces mots il se détourna de la cellule et de ses amies.
8c) Chers dragons, suite à la capture de Derpy Hooves et du colis qu'elle portait, à savoir mon papier toilette, je vous déclare amicalement la guerre. Veuillez agréer blablabla, Twilight Sparkle
Un synopsis est donc censé faire trois choses :
1) Résumer le problème
2) Accrocher le lecteur
3) Donner le thème
Il doit, dans un premier temps, informer. Le but n'est pas de spoiler l'ensemble du texte mais d'en dire suffisamment pour savoir de quoi le texte va parler. En gros, faire le boulot des tags, avec plus de précision.
Il doit, dans un second temps, intéresser. Le but n'est pas de faire de la publicité mensongère, mais plutôt de donner du style, un "échantillon" de ce que le texte a en réserve.
Il doit, dans un troisième temps, préparer. Le but n'est pas de "faire stylé" mais d'engager à l'avance la discussion avec le lecteur, sur le thème de la fic'.
Donc...
Qu'est-ce qu'un bon synopsis ? Pas la moindre idée. Ou plutôt, comme on dit lâchement : "tout dépend du texte". Et de l'auteur. Et du contexte. Et bref, pour beaucoup le synopsis sera toujours cette corvée à faire après coup, un peu comme trouver une image pour la fic'. La littérature s'en désintéresse.
Mais si on veut traiter le synopsis de façon littéraire, alors la technique de base que je conseillerais serait de prendre un moment marquant du texte et de l'adapter en synopsis. C'est ce que je fais avec les images. C'est ce que j'ai fait avec Melodrama.
Et si vous voulez vraiment travailler ce truc, alors considérez le synopsis comme le trailer d'un film : essayez d'y rendre la même atmosphère, essayez d'y évoquer le thème du texte. C'est ce que je fais avec plus ou moins tous mes synopsis, PonyCell en tête.
Après, je suis fan du laconisme, aka de dire le plus possible avec le moins de mots, et c'est pour ça que je résumerais par, fanficers,
à vos plumes !
Hi'.
Pour ceux qui ne connaissent pas le projet Hydre, il s'agissait, début 2014, d'un récit en commun racontant "Bannie", l'errance de Sunset Shimmer à travers les univers parallèles d'Equestria.
En le débutant, je ne m'attendais même pas à avoir de participants. À ma surprise, même un an plus tard il y a toujours quatre plumes actives sur le projet, et en septembre l'une d'elles a même achevé son chapitre (ici la version .pdf) :
Bannie - Chapitre 4
« Sacrifice »
(Acylius)
À noter qu'il manque encore une image sur la page de titre, mais ce n'est pas étonnant : de façon générale, tout fonctionne avec lenteur sur le projet Hydre.
Cela dit, partager avec vous ce premier chapitre achevé n'est pas la seule raison d'être de cet article.
Il y en a deux autres.
Premier tome
"Bannie" devra faire, à terme, douze chapitres. Actuellement les chapitres 1, 3, 4 et 5 ont un auteur et, vers la fin de l'année, le chapitre 2 avait retrouvé une plume. Je me suis alors dit que j'allais écrire le chapitre 6 et "publier" ainsi un premier tome de l'Hydre. L'histoire s'y prête, les chapitres avancent (lentement), c'est donc le projet.
Problème : finalement le chapitre 2 n'a plus d'auteur.
Le chapitre est planifié : Wagi en a écrit l'histoire avant de devoir abandonner, faute de temps. Et mine de rien, son idée était cool. J'aurais pu l'écrire moi-même mais à mes yeux ce serait trahir l'esprit de l'Hydre : je veux que ce soit votre texte. Je me sens déjà mal en m'appropriant le chapitre 6.
Donc.
J'aimerais savoir s'il y a quelqu'un ici intéressé à reprendre le chapitre 2. Soit pour reprendre le plan (en le modifiant au besoin) tel que prévu par Wagi, et l'écrire, soit pour réécrire entièrement l'histoire et l'univers du chapitre.
Si je trouve une cinquième plume, avec de la chance le premier tome pourrait "sortir" courant 2015. C'est en tout cas mon secret espoir.
Second tome
Ce qui laisse encore les chapitres 7 à 12 dans le noir.
Lorsque le projet Hydre avait débuté, j'avais donné un plan à titre indicatif, pour montrer ce qui pouvait être fait. Les gens m'avaient alors fait "je prends tel chapitre" comme si ce plan était gravé dans le marbre. J'avais dit non, de créer leurs propres univers, avec leurs propres idées, et même si c'est laborieux (avec des mois de discussions) je reste d'avis que c'est le plus enrichissant.
En cours de route, je me suis rendu compte que les gens avaient du mal à se coordonner. À ce titre, même si le projet dispose d'un sous-forum dédié, la discussion y est rare et limitée, si bien que le gros de la discussion se passe sur le groupe Skype et même là... au final ne mentons pas, chacun travaille dans son coin.
Enfin, l'aventure du chapitre 2 avait fini de me convaincre qu'en fournissant un plan de chapitre déjà fait, les gens seraient plus enclins à participer.
Ce même chapitre 2 a ensuite prouvé que non mais passons.
Je relance donc mon appel à la communauté des fanficers : le projet Hydre aura besoin de plumes pour le second tome, il y a six chapitres à prendre et peu importe si on met un an, deux ans pour l'écrire, je suis chroniqueur, je suis patient.
Surtout, je peux vous proposer trois formules :
Formule "classique" :
À vous d'inventer l'univers et l'intrigue du chapitre, la seule contrainte est Sunset Shimmer. On discute ensemble, je vous conseille, vous pouvez me dire non et quand le plan est arrêté, il ne vous reste plus qu'à écrire vos trente pages.
Formule "débutant" :C'est la même qu'avant, vous inventez l'univers et l'intrigue, vous faites le plan et on en discute pendant des mois. Mais une fois qu'il est arrêté, c'est moi qui écris. Et c'est vous qui servirez de relecteur, pour me dire s'il y a des choses à changer, question de coller plus à votre vision.
Formule "rapide" :
Ici c'est moi qui vous fournirai le plan tout fait du chapitre. Pas de discussion, vous passez directement à la case écriture. À noter que vous pouvez modifier le plan à mesure, selon les besoins. Dans tous les cas, vous avez vos consignes, je vous fais confiance.
Ma priorité est de boucler le premier tome, mais -- et je le répète assez souvent -- il y a des tas de noms par ici que j'espère toujours voir finir entre les pages de "Bannie". À la fin vous n'aurez qu'un .pdf, éventuellement une version papier (si je trouve quelqu'un pour la distribuer en convention) et, je l'espère, un peu de fierté.
Cela dépend au final uniquement de votre temps et de votre motivation, mais j'en appelle encore et toujours, fanficers,
à vos plumes.
Thy queene Luna ! Amatrice d'histoires et n'ayant rien d'autre à faire de ses nuits invite les plumes de son royaume à la distraire, à l'instruire et à l'émouvoir sur le sujet de son choix...
Saison 1
Lunatiques - Heir (30 juin 2013) : « Spike reçoit un héritage. »
Lunatiques - Rock (14 juillet 2013) : « Rarity a volé le Crystal Heart. »
Lunatiques - Second (28 juillet 2013) : « L'ombre d'un poney s'échappe »
Lunatiques - Guard (11 août 2013) : « L'aventure d'un garde royal. »
Lunatiques - Justice (25 août 2013) : « Blueblood passe en jugement. »
Lunatiques - Stars (15 septembre 2013) : « Il y a des poneys sur la Lune. »
Lunatiques - Madness (29 septembre 2013) :« Un poney du mane6 devient fou. »
Lunatiques - Fly (13 octobre 2013) : « Rainbow Dash est une parasprite »
Lunatiques - White (27 octobre 2013) : « Fluttershy ouvre sa boutique »
Lunatiques - Last (04 novembre 2013) : « Sunset Shimmer revient »
Les Lunatiques
(pdf à télécharger)
Saison 2
Lunatiques - Family (20 juillet 2014) : « Discord veut se marier. »
Lunatiques - Hunt (3 août 2014) : « Le château de Twilight est hanté. »
Lunatiques - Towers (17 août 2014) : « Canterlot est assiégée. »
Lunatiques - Race (31 août 2014) : « Les jeunes dragons harcèlent Ponyville. »
Lunatiques - Cake (14 septembre 2014) : « Le passé de Mr.Cake le rattrape. »
Lunatiques - Reign (28 septembre 2014) : « Les timberwolves sont des esclaves. »
Lunatiques - Promise (04 janvier 2015) : « Twilight monte sur le trône »
Lunatiques - Pride (18 janvier 2015) : « Applejack veut se sentir importante »
Lunatiques - Gold (01 février 2015) : « Une nouvelle religion s'impose »
Lunatiques - Bliss (15 février 2015) : « Rarity part fonder une colonie »
Lunatiques - Ashes (01 mars 2015) : « Silver Spoon est exclue de l'école »
Lunatiques - Kind (15 mars 2015) : « Les vaches étaient libres »
Saison 3
Lunatiques - Brad (06 juin 2016) : « Dos au miroir »
Lunatiques - Brad (20 juin 2016) : « Comet »
Lunatiques - Dare (04 juillet 2016) : « Intemporel »
Lunatiques - Dare (18 juillet 2016) : « Pulsar »
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Hi'.
Dans un éclair de lucidité, je viens de réaliser que le principal problème des fics', c'est que des gens les lisent. Et je vais arrêter cette blague là sinon quelqu'un risque de croire que je suis sérieux.
Non non.
En fait, récemment je suis devenu disciple de Luna, plus qu'avant, et j'ai passé quelques nuits à dessiner sur ma tablette pas du tout faite pour ça. Et si en écriture c'est moi qui ai écrit la Bible, en dessin je n'en suis encore qu'à donner des leçons à Léonard de Vinci. Et parce que je ne suis pas du tout narcissique, une fois un dessin accompli je passe en général minimum dix minutes à ne plus rien faire d'autre que de regarder l'image sur mon écran. Notamment parce que je suis trop épuisé pour m'en rendre compte.
C'est durant l'une de ces contemplations intenses, à repasser dans ma liste la tê- dan sm... fatigue. À repasser dans ma tête la liste de tout ce qui ne va pas -- ouais ouais dix minutes -- que je me suis dit "en fait le principal problème c'est ça", tel détail parmi un millier d'autres.
Pourquoi celui-là ?
Parce que c'est le problème le plus visible, d'une part, donc le plus dommageable pour le dessin en général ; et parce que c'est aussi celui que je serais le plus à même de corriger.
C'est le principe du "stade de développement".
Tous les pédagogues connaissent ça. C'est l'idée que l'élève, écolier, étudiant, apprenti, c'que-tu-veux, en est à un certain stade de développement. Il maîtrise certaines techniques, il en découvre quelques autres et pour tout le reste c'est mort. L'idée est d'évaluer le stade auquel se trouve on va dire le fanficer, et de ne se concentrer que sur les techniques qu'il découvre. Parce que celles qu'il maîtrise bah pas besoin d'y revenir... et celles qu'il ne connaît même pas, il ne risque pas de les comprendre.
Ce qui nous amène à la critique.
Une critique peut être subjective : on se contente de donner notre avis de lecteur. Et, positive ou négative, cette critique est bonne à prendre. Surtout si elle est argumentée, mais eh. Cela dit, la plupart des gens qui critiquent ont pour but d'aider l'auteur à s'améliorer. Notamment en lui montrant ce qui ne va pas, et quand tout va bien, ce qui pourrait être mieux. Le risque étant qu'en se concentrant là-dessus, le type en face le prenne mal. Surtout quand derrière vous aimez pas la fic'.
Une première technique pour éviter ça est la technique du "oui mais". Riez pas, j'ai mis plus d'un an et des poneys à la mettre au point. C'est en fait un code social qu'on acquiert en général minimum à l'adolescence et qui montre que je devrais sortir plus souvent.
Si on se contente de dire ce qui ne va pas, ça donne l'impression que tout va mal. Comme aux informations, en fait. C'est un phénomène psychologique naturel blablabla... l'homme a tendance à voir le verre à moitié vide et on doit faire avec. Au moment de dire ce qui ne va pas, donc, il faut rappeler à l'auteur que son texte est bien. Sauf s'il n'est pas bien. Une critique est donc en général structurée en "J'ai trouvé tout ça bien mais il y a ça... mais dans l'absolu ça reste bien". On perd beaucoup de temps à dire des évidences mais on a évité un malentendu, yay.
Maintenant, comme on est des poneys, la partie qui nous intéresse c'est le "mais".
Dans une critique subjective, où on se contente de dire pourquoi on aime / on n'aime pas, l'objectif est d'empiler la liste exhaustive de tout ce qui nous passe par la tête. Genre "j'aime pas les fics' au présent" ou "c'est nul Twilight a pas d'ailes" et autres raisons tout à fait valables. Parce qu'argument Moon.
Une critique objective, cependant, ne peut pas se permettre ça.
Déjà parce que ça prendrait trop de temps...
Mais surtout parce que l'auteur ne peut ni aborder tous les problèmes à la fois, ni aborder tous les problèmes tout court.
Prenons une fic' que j'aime. "Le Manoir". C'est une fic' que personnellement j'apprécie (pour son ambiance, ses personnages et l'originalité de traitement d'une intrigue autrement assez... classique) mais, c'est indéniable, ça reste un texte "de débutant".
... Okay le Manoir n'est pas encore sur MLP Fictions, espérons que ce sera vite corrigé.
Là j'ai choisi de donner le lien du GoogleDoc, qui a deux chapitres de retard, donc on ouvre le chapitre 7 et qu'est-ce qu'on voit ? Que la mise en page n'est pas justifiée est qu'il n'y a pas d'espace entre les paragraphes (et répliques). Ça et la taille du chapitre mais passons.
À la lecture simplement de la première demi-page, voire du premier paragraphe, quelqu'un pourra-t-il deviner où Derpyna devrait s'améliorer ?
Si vous avez répondu "partout", vous n'êtes pas critique.
Comme on l'a dit, l'auteur a un "stade de développement". La première étape est donc d'évaluer ce stade. Et ce n'est pas facile du tout, parce que la seule chose qu'on a pour faire cette évaluation, c'est... ben le texte.
Un exemple de technique que Derpyna maîtrise, c'est l'unité. Cela va vous sembler bête mais son premier paragraphe ne traite que d'un seul objet : la rencontre avec Maud. Plus précisément, ce que voient les deux autres juments. Oui je sous-entend que vous avez ouvert le GoogleDoc, chapitre 7, et que vous avez l'exemple sous les yeux. Et oui, c'est une excuse pour vous faire découvrir un peu cette fic'. Arrêtez de râler.
L'unité n'est pas quelque chose d'évident. Beaucoup de débutants ne comprennent pas l'utilité des paragraphes, autre que de "faire joli". Ici, chaque phrase du paragraphe participe au tout (ce regard sur Maud) et offre une progression de phrase en phrase : elle apparaît ; on décrit son pelage ; on décrit ses habits ; on décrit son expression. Puis on décrit la réaction des deux juments, et leur regard. L'ensemble du paragraphe nous a donc mis dans les sabots de ces deux juments, nous a fait vivre la rencontre selon leur point de vue. Et ça, quand on débute, c'est dur.
Un exemple de technique que Derpyna ne maîtrise pas, c'est l'enchâssement de phrases. Je n'ai pas vraiment de termes pour ça mais si vous regardez bien, toutes les phrases sont simples, en mode "sujet - verbe - complément", avec très peu de variation.
Le résultat est une narration assez monotone (monotonie brisée par l'ambiance, hein), répétitive dans sa structure. Essayons d'enchâsser les phrases :
La mystérieuse jument s'avance lentement jusqu'à apparaître dans la pâleur lunaire, par les fenêtres (...) Sa petite robe bleue tranchée pâlit moins que sa coiffure améthyste et que le gris de son crin. Même son regard turquoise reste indéchiffrable et sans expression, si bien que face à elle Derpy et Lyra restent figées. (...)
On dit la même chose de façon plus compliquée.
Alors bien sûr, Derpyna peut faire compliqué. N'importe qui le peut. Mais ce n'est pas le but. Il faudrait tout un article pour expliquer ce qu'on a fait là mais en gros, on a effectivement "enchâssé" les phrases, on les a mélangées afin de rebondir de l'une à l'autre. J'ai du mal à le résumer ici alors imaginer ce que ce doit être pour un débutant. À la lecture du texte, je pense que l'auteure du Manoir ne maîtrise pas ça.
Et lui demander de maîtriser ça serait "trop demander". Comme demander à un écolier de me coder tout seul Half Life 3, moteur de jeu compris, d'ici à Noël. Ou me demander de faire des traits expressifs en dessin.
L'idée est celle du "nain sur l'épaule d'un géant". On apprend des techniques et ce sont ces techniques qui permettent de passer à l'étape suivante. Là, Derpyna ne saurait même pas par où commencer pour tenter d'enchâsser les phrases. Exiger ça d'elle serait stupide.
Et en plus ça pourrait démolir l'ambiance.
Non ça ce sera pour plus tard. Et Derpyna est la preuve que ce plus tard arrive. Avant le Manoir, elle a écrit Cauchemar (non pas celui-là, l'autre) et vous savez quand je parlais d'unité ? Ben paf. Au début de Cauchemar, l'unité n'était pas maîtrisée, ni les transitions, ni... wow la liste est longue. À la fin de Cauchemar, tout ça était maîtrisé et appliqué pour le premier chapitre du Manoir.
Allez voir ce premier chapitre, premier paragraphe : vous ne notez rien ? Bah l'unité n'est pas respectée. On a un seul paragraphe pour deux objets différents ("la journée est belle" et "Derpy voit un nuage"). Yup, Derpyna a maîtrisé l'unité en cours de route. Et ce n'est pas tout. Dans ce premier chapitre, on a toute une mise en scène, avec annonce du nuage, relance, etc... pour avoir vu le premier brouillon de ce chapitre, cette mise en scène n'y était pas. Derpyna l'a apprise avec cette fic'.
La courbe de progression de Derpyna est une véritable flèche montante.
...
Oooookay j'ai un peu dévié du sujet.
On a identifié une technique que l'auteure maîtrise : inutile de revenir dessus (à part pour la partie "oui" du "oui mais"). On a identifié une technique que l'auteure ne maîtrise pas : inutile de la mentionner (à part pour troller), elle y peut rien.
La fic' nous dit à quel stade se trouve le fanficer, et une fois qu'on a déterminé le stade, il nous reste les techniques que l'auteur est en train d'apprendre, mais qu'il ne maîtrise pas bien.
Alors, pendant que je parlais, vous avez deviné quelle technique Derpyna devrait tenter de maîtriser maintenant ?
Chacun son avis, voici le mien.
Pendant la demi-page de ce début de chapitre sept, le manoir lui-même n'est jamais décrit. On a les trois personnages mais aucune mention du lieu où elles se trouvent, du décor. Maud apparaît "dans la lumière de la lune" comme si elles étaient en plein air. En arrière-fond, donc, on sait juste qu'il fait nuit.
Ce que Derpyna fait juste, c'est de se concentrer sur ce qui importe. Ici, en l'occurrence, les personnages. Mais même alors, il faut rappeler constamment au lecteur où on se trouve, poser et reposer le décor, et l'exploiter. Si vous regardez mon exemple pour "l'enchâssement des phrases", j'ai utilisé le mot "fenêtres". Rien que cela rappelle aux gens qu'on est dans une maison. Et pour un huis clos, bah... c'est un peu utile.
On en arrive au titre de cet article.
Quand je critique, je soulève souvent plusieurs problèmes. Il m'arrive alors de dire "mais ça c'est accessoire" ou "c'est un détail mais"... Ce n'est pas pour faire joli. C'est vraiment que certaines choses méritent plus d'attention que d'autres.
Jusqu'alors mon critère était ce qui nuisait le plus au texte. En bref, le défaut que j'avais le plus remarqué, qui était revenu le plus souvent. Par exemple le manque de ponification d'Humanity Online ou les participes présents du Village.
Mais, quand je joue les relecteurs, mon critère est plutôt "là où tu as le plus de chances de t'améliorer". Dans le cas du Manoir, Derpyna sait faire des descriptions et de la mise en scène, il faut juste qu'elle porte un peu d'attention au décor. Ce n'est pas évident mais c'est dans sa "zone proximale de développement", elle en est à ce stade.
Dans un cas comme dans l'autres, quand on critique une fic', je m'aperçois qu'il y a en général un problème qui prime sur tous les autres. Le plus important, la priorité. Le problème qui occupe la moitié de la critique, le problème sur lequel on insiste bien en conclusion de message. Donc pour les gens qui veulent jouer à la critique "objective" (autant que possible), le moule pourrait ressembler un peu à ça :
Oui... (ce qui va dans la fic', deux-trois choses) mais... (ce qui ne va pas, deux-trois choses)
1) J'ai lu (ou pas) et aimé (ou pas)
2) J'ai trouvé que ça ça ça allait bien
2.1) Mettre en avant UN point fort de la fic'
3) Mais...
4) J'ai trouvé que ça ça ça n'allait pas
4.1) Mettre en avant UN point faible de la fic'
4.2) Tenter de voir comment améliorer ça
5) Donc...
6) Insister sur le plus important (ce qu'on a mis en avant)
Une bonne critique se doit de tenir compte du niveau de l'auteur en face. Ne pas lui mentir, ne pas avoir peur d'avoir une opinion non plus... et s'il n'y a rien à dire, ne rien dire, aussi. Mais au moment de signaler des pistes d'amélioration (aka des problèmes), n'oublier ni de rassurer l'auteur sur son niveau ni de tenir compte dudit niveau de l'auteur.
Non que ça vous soit très utile mais j'avais envie d'en parler, maintenant vous m'excuserez je dois retourner contempler mes dessins dix minutes de plus, je vous souhaite bonne nuit à vous et, fanficers,
à vos plumes !
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Hi'.
Bronify est lourd. Si vous n'avez pas lu Bronify vous avez désormais une excellente raison de ne pas le faire. Et même si c'est un autre texte qui me pousse à parler du sujet, j'ai choisi un de mes propres récits parce que la lourdeur est l'un des pires crimes de l'écrit du web.
Donc comme d'hab', qu'est-ce que la lourdeur ?
En général quand on parle de "lourdeur" dans un texte on fait référence à la mise en page. La taille des paragraphes. Quand j'écris mes articles, dans l'éditeur de texte je fais en sorte de tourner autour de 4-5 lignes par paragraphe, et même si ça change d'une résolution d'écran à l'autre, ça reste une bonne mesure pour vous éviter, d'une part, de vous manger un pavé, une énorme brique visuelle dans les yeux, d'autre part de n'avoir qu'un truc squelettique modèle "est-ce que t'as seulement essayé ?"
C'est d'ailleurs une raison qui fait que je n'aime pas les dialogues aux nombreuses répliques courtes : c'est squelettique. Et ça donne une mauvaise impression.
J'aime aussi séparer les parties de mon article par des paragraphes plus courts. Yup c'est volontaire.
Autre anecdote amusante : quand j'écris mes paragraphes, surtout sous GoogleDoc où la taille du texte est fixe, je fais en sorte de ne jamais finir le paragraphe sur une ligne qui ne contiendrait qu'un seul mot. En général je fais en sorte de finir la ligne vers le milieu, et de varier un peu (un quart, trois quarts...) pour ne pas lasser l'oeil du lecteur. C'est bête mais je le fais.
Vala'.
Nous ici on va parler d'un autre type de "lourdeur". Car oui, un texte peut être lourd même si les paragraphes sont "allégés", "découpés" ou "aérés". Cette lourdeur vient du contenu, ou de la manière dont on écrit les phrases.
... Okay soyons plus concrets. Est-ce que vous connaissez l'expression "étaler la confiture" ? Les profs' de français le disent parfois à leurs élèves. Ça signifie que la personne n'a presque rien à dire mais le dit avec beaucoup de mots. Le résultat est un texte très lourd et pénible car... ben... on parle beaucoup pour ne rien dire. C'est typiquement ce qu'on fait lors d'une dissertation, parce qu'on nous a dit "fais cinq pages" alors tu fais cinq pages, même si tu pourrais tout dire en deux.
Avant de vous donner un exemple, laissez-moi souligner que cela vaut pour le plan du texte. Vous avez un chapitre où je sais pas moi, Sombra revient pour la x'ième fois envahir Equestria. Au début du chapitre Sombra apparaît, à la fin du chapitre Sombra est sur le trône. Okay. Comment rendre ça lourd ?
Eh bien, par exemple, en répétant cent fois le même schéma. Il rencontre Luna, il la bat. Il rencontre Discord, il la bat. Il rencontre Celestia, il la bat. Il rencontre Discord, il la bat. Il rencontre Twilight, il la bat. Il rencontre un grille-pain, il le bat. Il rencontre ta mère, il la bat... dlgkdsah IL SE PASSE RIEN LÀ ! C'est bon, on a compris, il a gagné ! Pas besoin d'insister, insister c'est lourd.
Autre exemple, en faisant qu'il accède directement au trône. Genre il vient d'arriver, il déglingue tous les poneys en une demi-page, s'assoit sur le trône et passe SEPT PAGES à admirer sa victoire. IL SE PASSE RIEN LÀ ! Ses pensées sont sûrement formidables mais passe à la suite !
L'impression qu'il se passe des trucs n'est pas non plus l'assurance d'éviter la lourdeur. J'avais écrit un texte qui se résumait à "Spike et Rarity se battent" en mode épique. Tout le texte c'était juste ça, ils se bastonnent. Eh bien, même si j'ai fait en sorte de varier les attaques, de changer le décor et ainsi de suite... ben c'était juste du "ils se battent", donc le lecteur s'ennuie. Il ne se passait rien (d'important).
La lourdeur d'un texte peut donc être un contenu trop faible par rapport à sa taille.
Et bien sûr cela vaut pour les phrases.
Oui, une phrase peut être lourde. Même principe, si on met deux lignes à dire "elle se réveille", bah non, non ça ne passe pas.
1) Fluttershy s'arracha à la torpeur languissante de son inconscient, passant d'une sorte de morne somnolence à un soudain enthousiasme vif et spontané à mesure que les pensées se chamboulant dans sa tête frétillaient sous ses paupières encore un peu lourdes.
Okay ouais donc elle se réveille. Je sais pas si on a essayé de dire autre chose, moi passé la première virgule ça a fait "blablabla banalités machin truc plus de blablabla" dans ma tête et j'ai arrêté de suivre. La phrase est un vrai brouillon pour un truc qui se résume à trois mots.
Cela dit :
2) Fluttershy se réveilla. Elle se leva. Elle alla à la fenêtre. Dehors il faisait beau.
C'est... ce n'est pas lourd, mais c'est très pénible. Ici le texte est squelettique. Yup ! On l'a dit au départ, "en faire trop" rend le texte lourd mais ne pas en faire assez rend le texte... basique ? Flemmard ?
Peu importe. L'important est qu'une phrase peut être lourde, faute de contenu pour justifier sa longueur. Mais même si le contenu était au rendez-vous, la phrase peut toujours être lourde. Et cela vaut pour le texte entier, d'ailleurs.
3) Fluttershy saisit au léger bruissement les premiers rayons du soleil grignotant sa patte le poil or et crème s'enfonçant sous le drap, elle frissonna, un grincement, son coeur bondit et l'arracha à l'inconscience.
Riez pas, pendant une période j'avais l'habitude d'écrire de telles phrases. Et encore, celle-là est simple, plus loin on se fera plaisir, avec des "qui" et des participes présents dans tous les sens. Ici en l'occurrence on essaie de dire qu'Angel vient réveiller Fluttershy, mais du point de vue de Flutty', dans le flou du réveil. Ce serait super artistique si on y comprenait quelque chose...
Mais la structure d'une phrase n'est pas forcément l'exemple le plus clair que je puisse trouver. Il y a mieux. Il y a le registre.
4) Fluttershy recouvra l'état d'éveil.
Recouvra ? État d'éveil ? Non là en oubliant les broutilles, la phrase elle fait quatre mots. Quatre. Mots. Mais parce qu'on utilise des termes complètement barrés, bah c'est comme si on venait de me balancer une brique. Non mais sérieux, l'état d'éveil ?!
Je suis forcé d'insister parce que là mine de rien on vient de passer en revue trois manières de rendre un texte lourd :
1) Parler beaucoup pour ne rien dire
2) Faire des phrases compliquées pour des trucs simples
3) Utiliser des mots compliqués pour des trucs simples
Compliquer les choses rend le texte lourd. C'est parfois nécessaire, par exemple pour rendre la scène solennelle et carrément impressionnante, mais la plupart du temps c'est surtout incroyablement hors de propos et ça donne envie de fermer l'onglet et d'aller manger des chips. Ouais j'avais plus d'imagination alors chips.
Compliquer les choses c'est donc, par exemple, utiliser des "périphrases" : utiliser plein de mots pour décrire quelque chose de commun. C'est ce qu'entre chroniqueurs on appelle le "syndrome du pistolet". Parce que quelqu'un avait décrit un pistolet en disant : "Il sortit un étrange objet formé d'un tube de métal blablabla..." et le lecteur est là "non mais c'est un pistolet, on sait." Alors oui rendre l'objet étrange était bien pensé mais un paragraphe pour nous décrire chaque partie du pistolet, non, c'est lourd.
Compliquer les choses c'est aussi utiliser un registre soutenu pour des choses familières.
5) Fluttershy manda son léporidé afin de maniérer la livrée du susdit.
Elle a appelé Angel pour le brosser ! Non, jeter des termes "élevés" ne rend pas ton texte plus cool ! Alors oui, il faut expérimenter, tester les termes qui passent dans tel ou tel contexte, c'est excellent. Mais à moins d'avoir un style particulièrement cynique, ça là, l'exemple (5), c'est une horreur. Et c'est gonflant.
Bon.
Bon.
Reprenons.
Si vous avez suivi, jusqu'à présent on essayait de définir ce qu'était la lourdeur. Au niveau du texte, de la phrase, des mots...
Mais on n'a pas dit comment faire pour repérer la lourdeur. Ni pour l'éviter.
Repérer la lourdeur dans nos propres textes n'est pas évident. Loin s'en faut. Bah oui, si on l'écrit c'est qu'on pense que c'est bien. Et la relecture à chaud n'aide pas. En fait, je ne me rends vraiment compte de la lourdeur qu'après une bonne nuit de sommeil. Le meilleur indice étant si je décroche de mon propre texte.
Un bon plan va en général permettre de voir où la lourdeur va arriver ("étaler la confiture") mais il ne peut rien pour votre style, pour la forme de vos phrases ou le choix de vos mots. Et si vous pensez que "plus c'est compliqué plus c'est artistique" alors vous allez droit dans le mur.
Donc disons que vous soyez comme moi, vos plans sont foireux et vous ne prenez pas le temps de vous relire. Que faire ?
Ma réponse : la paraphrase.
J'en avais déjà parlé à une autre occasion mais lorsque j'analyse un texte, j'ai tendance à d'abord la résumer. C'est ce qu'on a fait pour les exemples (1) à (5) : on a à chaque fois fait une variation de "Fluttershy se réveilla". Cette paraphrase minimaliste, qui tente de simplifier la phrase jusqu'à l'os, offre un repère pratique pour voir ce qui a été fait.
On teste ?
6) Apparemment, Strawberry n'était pas tellement d'accord, alors que Sweetie Belle et Derpy commençaient à sourire, pensant que leurs problèmes pourraient être réglés. (Le règne de la nuit, chapitre 3)
Non, ce texte n'est pas lourd, j'ai juste pris une phrase au hasard dans une fic' au hasard. Bon la phrase est un brin trop longue mais tant mieux, on verra comment la paraphrase nous permet de détecter ça. Donc paraphrasons, vous voulez bien ?
6a) Strawberry n'est pas d'accord alors que Sweetie Belle et Derpy sourient en pensant que leurs problèmes sont réglés.
Comme dit, on essaie de ne conserver que le minimal vital. Toutes les nuances genre "apparemment", "commençaient" ou "pourraient" giclent par la fenêtre.
Oui je sais il faudrait un article entier pour expliquer comment faire ce genre de paraphrase, mais passons.
À partir de l'exemple (6a), qui nous sert de repère, que dire de (6) ? Eh bien, déjà, le vocabulaire est simple. Et effectivement, le vocabulaire devrait être simple. Il y a beaucoup d'atténuateurs un peu partout (toutes les nuances précédemment citées) qui font de cette phrase un gros euphémisme... okay on a vu un effet de style, mais quid de la lourdeur ?
La paraphrase se doit d'être la plus simple possible. Ici, il y a deux parties compliquées : "alors que" et "en pensant". On note pour ce dernier qu'on a rajouté un "en". Pourquoi ? Parce que sa suppression est un effet de style. Croyez-moi sur parole.
La paraphrase nous dit où regarder et en regardant bien on verrait que la phrase mélange deux "propositions". Le problème se produit à "pensant", avec un lecteur qui croit qu'on parle à nouveau de Strawberry. Problème de structure, phrase trop compliquée, il faut clarifier les choses :
6b) Apparemment, Strawberry n'était pas tellement d'accord, alors que Sweetie Belle et Derpy (pour leur part) commençaient à sourire en pensant que leurs problèmes pourraient être réglés.
Mais même alors, le participe présent reste quelque chose d'assez "complexe". Simplifions encore plus :
6c) Apparemment, Strawberry n'était pas tellement d'accord, contrairement à Sweetie Belle et Derpy qui commençaient à sourire à l'idée que leurs problèmes pourraient être réglés.
Notez qu'ici la lourdeur venait de la structure de la phrase. Pour régler le problème, on a rajouté des mots, on a allongé la phrase. La lourdeur n'est donc vraiment pas une question de nombre de mots. Pour le lecteur, la "lourdeur" c'est quand le texte ne lui parle plus.
Là on a eu un exemple de paraphrase mais retentons l'expérience, cette fois avec un cas qu'on a déjà vu, celui de Fluttershy au réveil. Je vous propose le cas (1) :
1) Fluttershy s'arracha à la torpeur languissante de son inconscient, passant d'une sorte de morne somnolence à un soudain enthousiasme vif et spontané à mesure que les pensées se chamboulant dans sa tête frétillaient sous ses paupières encore un peu lourdes.
Paraphrase :
1a) Fluttershy s'arrache à la torpeur de l'inconscient et passe de la somnolence à l'enthousiasme alors que ses pensées frétillent sous ses paupières.
Et maintenant imagine que quelqu'un a lu ta phrase et te demande d'en faire un résumé. Tu lui dirais ça ? Non, tu lui dirais "Fluttershy reprend conscience, ce qui l'enthousiasme et la fait frétiller." Quelque chose comme ça. Ici les termes sont trop compliqués ("torpeur de l'inconscient" est un monstre en soi) et on nous met des adjectifs un peu partout. Autant d'indices qu'on se complique la vie pour rien.
Là je montre une paraphrase assez basique mais le travail de paraphrase va toujours plus loin : je l'ai dit, on veut le minimum vital. Là, en (1a), ce n'est pas le minimum vital. Mais passons.
Et corrigeons.
Face à la lourdeur, le premier réflexe est de supprimer. Couper. Retirer des mots. Genre ici l'auteur frustré qui ne voit pas comment corriger son torchon décide que "tout est nul" et ne laissera que "Fluttershy s'arracha à la torpeur languissante de son inconscient." Point. Voilà, on a supprimé environ deux lignes, problème réglé ? Nope, c'est toujours lourd. Stade auquel l'auteur vous insulte en grec.
De fait, ce que la paraphrase peut nous dire, c'est ce que la phrase contient. En l'occurrence, on veut dire que Fluttershy reprend conscience et que ça l'enthousiasme. Alors plutôt que de vouloir couper dans le lard ou autres pansements sur une jambe de bois...
Pourquoi ne pas réécrire carrément la phrase ?
Maintenant qu'on sait ce qu'on veut dire, essayons de le dire de façon plus fluide, plus légère.
1b) Fluttershy frétilla à la foule de pensées qui venaient de bousculer son inconscient.
Ici plus besoin de mentionner l'enthousiasme de l'éveil : la forme l'évoque pour nous. Phrase dynamique, frétillement, bousculade, etc... Le côté "morne" est lui moins accentué mais le simple emploi du mot "inconscient" contraste avec le ton plus enjoué. Car yup, les termes élevés ont tendance à être assez graves et... pesants. Bref.
La paraphrase, bien appliquée, nous dit ce que la phrase est censée faire. On en dégage les idées principales, puis on reformule. Encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et bien sûr on fait avec ce qu'on a, je ne vous demanderai pas d'avoir fait l'université (surtout pas, restez spontanés, pitié) mais corriger la lourdeur ne se fait pas juste en supprimant ou en changeant des mots. En général, la meilleure solution est de reformuler.
Et oui, il faudrait aussi tout un article sur la reformulation, punaise on n'en a jamais fini...
C'est le moment pour un tl;dr ?
La "lourdeur" d'un texte ne se résume pas à son nombre de mots. Ça joue au niveau du texte, de la phrase, du mot... et ce peut être son contenu, sa structure, son registre... Essentiellement, on dit qu'un texte est "lourd" quand il complique les choses pour rien.
C'est souvent un signe de manque de maîtrise mais qui indique des efforts (pour étoffer, développer). Donc on pardonne, mais ça rend la lecture pénible.
Parfois, c'est juste de la flemme, ou "pour faire genre", et là on grogne.
Le meilleur moyen, à part la relecture (pour voir quand nous-mêmes on décroche), est encore la "paraphrase". Résumer le passage le plus possible et, à partir de ce repère, voir si la complication se justifie vraiment. Et si on découvre que c'est lourd, le mieux est encore de "reformuler".
J'ai l'impression de n'avoir toujours qu'esquissé le sujet, notamment parce qu'il faudrait à l'inverse parler de la "fluidité" mais en l'état c'est tout ce que j'ai à dire et je suis super-duper-fatigué donc je vais vous laisser juges et donner comme d'habitude le dernier mot, fanficers,
à vos plumes !
Hi'.
Cette fois, ça y est.
Si tout se passe bien, d'ici à dimanche soir, la traduction de Fallout: Equestria (et cette série d'articles) sera enfin terminée.
Il reste 35 pages à traduire, soit un minimum syndical de 9 pages qu'on se fera un plaisir (ah ah) d'exploser. Épilogue à part, il reste un seul chapitre et celui-ci fait 24 pages. Ce sera notre objectif aujourd'hui.
Car yup, Meta' streame le lundi désormais, mais ce lundi il devait bosser et nous a donc promis un bon gros long stream le jour de la Thanksgiving, c'est-à-dire là aujourd'hui, tout de suite. À plus ou moins quelques heures près... je suppose. Avec ou sans lui, d'une manière ou d'une autre, je vais aligner les pages, et si je n'arrive pas à boucler le chapitre ?
Pas grave.
En effet, une surprise de taille est venue me faucher les pattes en début de semaine. Metasigma et quelques-uns de ses potes, dont Osey889, nous concoctent un marathon. Yup. Un marathon, ce samedi, vous savez ce que ça signifie ? ... Ça signifie que ce samedi je serai en famille loin d'internet, mais ! Je vais me dépêcher de rentrer et samedi soir j'abats encore des pages. Entre autres parce qu'il y a minimum six heures de décalage, donc je ne sais pas quand ils commencent mais j'arriverai probablement en cours de route.
Et si le marathon est épique, ce sera ce jour-là, précisément, que cette traduction interminable sera terminée. Dans ta face, la logique.
Donc tl;dr :
Va là -> Osey889 (Meta'rathon)
Et le programme -> Programme
Non vraiment, laissez-moi insister.
Aujourd'hui, on bosse. Aujourd'hui, on essaie d'abattre le plus gros du boulot. Mais samedi, avec ou sans moi, qu'il reste des pages ou pas, ce samedi c'est la FÊTE ! Ce samedi je fête la fin de FO:E et ça se passera là-bas, sur ce marathon improvisé.
Alors pour l'occasion je veux faire un raid.
Je me suis déjà bien repayé pour cette trad'. À travers mes râlages. À travers mes articles. Mais si vous voulez me remercier une dernière fois, alors rendez-moi ce service :
Ce samedi, allez voir le Meta'rathon. Débarquez là-bas. Et là, sans honte, sans retenue, que vous soyez seul, en retard, même si j'y suis pas (encore), même si vous ne pensez pas rester longtemps, balancez, en toutes majuscules, un bon gros "DRILL DRILL DRILL!" Ceci est un message de raid, c'est un rituel de Twitch et peu importe le nombre que vous serez, si vous le faites ce sera déjà beaucoup.
Pour ceux qui ont vraiment du mal avec le texte, je le résume en une image :
Oui je fais avec les images que j'ai.
Et maintenant assez bavassé, on a du texte sur la planche ! Votre cadeau de Noël est quasiment prêt, venez assister au déballage en direct ou venez FLEX ! Faites couler l'encre, répandez le fun, balancez du poney et continuez à demander l'impossible, fanficers,
à vos plumes !
EDIT: Il est 22h30 et le chapitre 45 est achevé. L'épilogue fait 11 pages, c'est une formalité. Meta' va revenir en ligne brièvement, j'expédierai encore quelques pages et ensuite, le reste samedi soir.
(Je compte sur vous samedi.)
EDIT2: Nous sommes le 29 à 21h40, le Meta'rathon tourne depuis un moment et le point final a été atteint. La traduction de Fallout: Equestria est officiellement terminée. Vala' vala'...
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