Site archivé par Silou. Le site officiel ayant disparu, toutes les fonctionnalités de recherche et de compte également. Ce site est une copie en lecture seule

Toutes les publications

Vuld 2 356

La référenciation.

Hi'.
L'occasion se présente à moi de reparler d'écriture et bon sang que j'ai peur... Non parce que le sujet en surface il est simple, attendez je vous explique :
"Fluttershy se rendit chez Twilight. Elle ouvrit la porte..."
C'est qui, elle ?
Voilà, on va parler de ça pendant dix plombes parce que la grammaire scolaire ne vous dit pas vraiment comment ça fonctionne. La grammaire vous dit que dans la première phrase il y a deux objets, "Fluttershy" et "Twilight", que ce sont tous les deux des féminins singuliers et que du coup "elle" peut désigner n'importe laquelle des deux. Et question de bien vous prendre pour des imbéciles on dira encore que le dernier objet introduit est le bon... Ou alors que c'est le sujet qui l'emporte.
Ouais un objet (on va dire "élément", vous allez voir tout de suite pourquoi) peut être "sujet" ou... ou objet. Ouais. Sujet, c'est celui qui agit, l'élément qui compte. Objet, c'est celui sur qui on agit, l'élément-outil à la limite. "Fluttershy se rendit chez Twilight", Twilight est juste la destination de Fluttershy, elle se tourne les ongles pendant que Fluttershy se foule les chevilles et vous savez dit comme ça je sais pas laquelle des deux bosse le plus...
Bref, avec cette logique, le sujet serait automatiquement l'élément désigné par "elle", woohoo, problème réglé ! C'était ultra-méga-facile-de-sa-mère...
"Fluttershy se rendit chez Twilight. Elle était en train de nettoyer les étagères..."
Ah.
Ah ah ah.
Fils de sa mère l'alicorne.
Okay je suis en train de jouer avec vous. Vous vous rappelez mon article sur l'inférence ? Ouais, le truc auquel personne a rien compris. En même temps c'est normal, c'est pas juste que je l'ai expliqué avec les sabots, c'est qu'il faut six mois minimum pour commencer à y comprendre quelque chose.
Mais appliquez l'inférence ici : "Fluttershy se rendit chez Twilight. Elle..." Le texte dit au lecteur qu'il y a un personnage féminin, rien de plus. Le lecteur doit faire l'hypothèse de qui c'est, à partir du... contexte oui c'est bien vous suivez, le contexte étant la phrase précédente vu que je ne vous ai rien donné d'autre. Par défaut la règle du sujet s'applique, pas de raison de changer de sujet, on fait l'hypothèse donc que c'est Fluttershy.
Mais c'est une hypothèse.
Elle peut être contredite.
Et quand le lecteur se retrouve face à "poney + étagère" ou bien il nous fait un beau bug de flemmardise genre "j'comprends plus rieeeeeen" soit il se rappelle l'épisode S01E03 où que Fluttershy nettoie les étagères et là il m'inquiète... soit il fait l'effort de revenir sur son hypothèse et il conclut que "poney + étagère = Twilight", et il fait donc sa nouvelle hypothèse, "elle" désigne Twilight Sparkle. S'te plait.
Ah et j'en profite pour expédier un détail extrêmement énervant : "une foule de poneys était en train de..." ou "une foule de poneys étaient en train de..." c'est du pareil au même, on conjugue comme on veut. La première fois on se concentre sur la foule, la seconde fois sur les poneys eux-mêmes. C'est ce qui permet d'écrire des : "le village se rallia à Twilight. Elles étaient excédées." Le "elle" se réfère aux villageoises et si j'avais eu le courage de vous écrire mon article sur la logique j'aurais pu vous expliquer en détail pourquoi, mais là croyez-moi juste sur parole. Le principe est le même, le lecteur fait une hypothèse sur "de qui on parle" et le contexte lui donne la réponse.
Bon donc l'article est fini ? C'est bon là, on a couvert tous les cas de figure ?
Ah ah ah ah ah ah ah ah vous êtes drôle.
Comme vous le savez si vous avez déjà lu ou écrit un texte, on a plus ou moins trois manières de désigner l'élément : (1) le nom complet, genre "Fluttershy", (2) une description, genre "la pégase crème" et (3) le pronom, genre "elle". Ce qui fonctionne aussi en position objet :
"Twilight en voulut à Fluttershy.""Twilight en voulut à la gentille jument.""Twilight lui en voulut."
Et là on aborde la question qui m'intéresse vraiment. Lequel on emploie ?
Un guide d'écriture pour fanfic', anglophone, avait conseillé d'utiliser au maximum le nom complet et le pronom, et d'éviter comme la peste la description. La raison en est simple : une description demande un effort. Le lecteur fait une hypothèse et une description, vis-à-vis de cette hypothèse, est comme une petite énigme à résoudre. "Okay jument donc c'est pas Big Mac', euh gentille punaise mais elles sont toutes gent- aaaah Élément de la Gentillesse okay Fluttershy". C'est marrant deux secondes mais effectivement quand tu as :
"Twilight s'assit sur son trône. La princesse de l'amitié se morfondait. La jeune alicorne appela Spike qui vit la petite jument violette toute piteuse et lui demanda : 'Équidé coloré à frange courte et une étoile sur le flanc, qu'est-ce qui se passe ?' L'ancienne élève de Celestia soupira."
Ouais. Ouais. Forcément, quelques "elle" n'auraient pas été de trop.
Mais inversement, je n'arrête pas de dire aux gens de décrire. Et effectivement, les moments où on se réfère au personnage sont idéaux pour le détailler. Je le fais constamment, c'est presque même systématique : Première mention du personnage, je donne son nom. Seconde mention, c'est quasiment toujours "le bébé dragon" ou "la jeune pégase" ou quelque chose comme ça. Tout simplement parce que ça me permet de décrire le personnage sans m'arrêter :
"Twilight se retourna : 'Spike !' Cria-t-elle vers la porte d'entrée. Un bébé dragon tout endormi entra en dodelinant de la tête, se frotta les yeux avec sa patte griffue et..."
Phrase intéressante pour la réactualisation mais passons, ce n'est pas le sujet. Notons aussi que j'utilise "elle" pour mentionner Twilight la seconde fois. Twilight donne le nom de Spike et au lieu de dire "il" je pars du principe que mon lecteur ne connaît pas encore le personnage (alors que je sais pertinemment le contraire) et donc au lieu de dire "Spike tout endormi entra..." ou "Il entra tout endormi..." je lui donne une brève description.
Génial. Super. Fantastique. Formidable. Extraboursiflant.
On a couvert un cas d'utilisation sur un bazillion.
Mec.
Notez d'ailleurs que la description peut être placée ailleurs. Par exemple, le geste de se frotter les yeux est l'occasion parfaitement gratuite de rappeler que Spike a des pattes avec des griffes. C'était parfaitement inutile mais c'est fait.
Alors on répète la question : quand utiliser le nom complet, la description, le pronom ? La réponse se trouve dans l'inférence, encore une fois : le nom complet est celui qui demande le moins d'efforts. On sait de qui on parle, sans ambiguïté, c'est direct, c'est clair, c'est flemmard puissance cent. Et répétitif. Notamment, dans la vraie vie on ne répète pas son nom toutes les trois répliques... "Eh Twilight, tu crois que tu..." non, dans la vraie vie on fait "tu crois que tu..." parce qu'il n'y a pas de lecteur à qui on doit mettre un gros panneau "tel personnage parle à tel personnage".
Donc la question c'est plutôt, quelle quantité d'efforts demander au lecteur. Par défaut, on va mettre le pronom :
"Fluttershy se rendit chez Twilight. Elle ouvrit la porte. Elle regarda à l'intérieur. Elle était seule. Elle trotta un peu puis elle réfléchit. Elle se rendit compte qu'il faisait nuit. Honteuse, elle ressortit en silence."
En cas d'ambiguïté, on répète le nom complet :
"Fluttershy se rendit chez Twilight. Elle ouvrit la porte. Elle regarda à l'intérieur. Twilight n'était nulle part. Fluttershy trotta un peu puis réfléchit. Twilight devait dormir. Honteuse, elle ressortit en silence."
Notez déjà que j'ai effacé un "elle" pour laisser vide. C'est le "puis réfléchit". Bon c'est un détail mais à quoi bon répéter des elles, si c'est toujours le même sujet c'est inutile : "Elle ouvrit la porte, regarda à l'intérieur..." On a un tas de connecteurs, "puis, après quoi, avant de, pour, et" et j'en passe au besoin.
Notez surtout qu'à la fin j'ai envoyé l'ambiguïté balader : pas besoin d'un énième "Fluttershy", on comprend que c'est Fluttershy.
Plus précisément, le texte a donné suffisamment de contexte avant de réintroduire le "elle" pour qu'on sache qu'on parle d'elle avant même de le lire : oui, je parle du "honteuse". Conjugué au féminin, cet adjectif contient toute une phrase qui dit "tel personnage a honte". Le lecteur est donc forcé de faire l'hypothèse "de qui on parle" à ce moment-là déjà, et comme c'est difficile d'avoir honte quand on dort, et que Fluttershy est légèrement en décalage horaire, le lecteur conclut que c'est Flutty'. Donc, au moment où j'écrirais "Fluttershy", le lecteur le saurait déjà. Pas besoin de me fatiguer, je remets "elle" et baste.
Testez. Normalement, "Twilight devait dormir. Elle ressortit en silence, honteuse" devrait être ambigu, au moins le temps d'atteindre "ressortit" (on ne ressort pas quand on dort), et demande donc plus d'efforts.
Je reprends vite pour les moins attentifs : (1) par défaut on se réfère au sujet précédent, (2) c'est une hypothèse révisable et (3) le contexte nous dit qui c'était vraiment. Avec plus ou moins d'efforts.
Maintenant, il faut savoir que ça m'a démangé d'écrire :
"... Fluttershy trotta un peu puis réfléchit. Son amie devait dormir. Honteuse..."
Ceci est une description. Ça demande plus d'efforts que juste "Twilight". Des amies Fluttershy en a cinq, il n'y en a qu'une en contexte donc c'est Twilight mais c'est déjà un bref détour. Alors pourquoi je demande cet effort au lecteur ?
Eh bien, déjà, parce que je suis en train de rapporter les pensées de la petite. Elle est en train de réfléchir, on veut savoir ce qu'elle pense. De même, "son" est un possessif, je parle donc en fait toujours de Fluttershy. "Sa maison", "son lapin blanc"... Ça me permet de maintenir l'attention du lecteur sur Flutty'.
Mais surtout, je suis en train de rappeler le contexte. À l'instant même où j'explique que notre timide préférée (paf description) a débarqué en pleine nuit comme une malpropre, je rappelle au lecteur sa relation avec l'autre personnage. Elles sont amies, du coup forcément qu'elle est honteuse d'avoir fait ça -- sans pour autant s'affoler. J'ai besoin que le lecteur ait cette information en tête.
Yup, toujours l'inférence. Je décris le personnage pour m'assurer que ce soit ce détail de Twilight auquel le lecteur pense lorsque je la mentionne.
On réessaie ?
"Fluttershy se rendit chez son amie Twilight. Elle ouvrit la porte et regarda à l'intérieur, mais la jeune pégase était seule. Trottant un peu, elle réfléchit et se rendit compte qu'il faisait nuit. Honteuse, elle ressortit en silence."
À chaque fois je me suis demandé "est-ce que je vais décrire ?" Et je dis bien à chaque fois. Et à chaque fois je me suis demandé "quels détails je veux mettre en avant ?" Et également "quel va être l'effort ?"
C'est pour cela notamment que je conserve le "elle" après Twilight. C'est ambigu mais pas beaucoup, j'exige au moins ce degré d'attention à mon lecteur. J'aurais voulu mettre "la timide jument", appuyer sur le côté timoré du fait qu'elle enfreint l'espace personnel de Twi', mais une description juste après le nom de Twilight aurait prêté beaucoup trop à confusion. D'ailleurs "mais la jeune pégase..." est encore trop ambigu. "Pégase" est censé faire conclure automatiquement à Fluttershy, mais le lecteur n'a pas ce degré d'attention et, tout comme Fluttershy, il s'attend à trouver Twilight. Du coup il s'attend... bah à ce qu'après le "mais" ce soit Twilight.
Pourquoi je m'entête à placer ma description là, à part une bonne dose de sadisme ? Parce que "elle est seule" est un moment de drama, la solitude, l'inquiétude, la fragilité, tout ça. Je veux donc rappeler au lecteur qu'on parle de Fluttershy, qui s'inquiète pour un rien. Et comme "timide" serait trop... euh... brut, on va dire, je dis juste qu'elle est jeune. "Pégase" sert à dire que c'est elle, pas Twilight, mais une fois encore ne vous y trompez pas, parce que le lecteur lui va s'y tromper.
Notez également que j'ai mis "son amie Twilight", une fois encore pour leur relation et donc les réactions de Flutty' à son intrusion. Sauf que là c'est placé à la truelle et ça se sent quand même pas mal...
Enfin, pour les deux derniers "elle", la question ne s'est pas posée. À chaque fois j'ai senti qu'une description supplémentaire serait de trop. Le lecteur a déjà dû résoudre l'énigme de la "jeune pégase", et je n'ai pas d'information nouvelle à lui transmettre. J'aurais pu faire "trottant un peu avec ses petits sabots crème (assombris par les ombres de la pièce)" mais ça contrasterait avec le reste de la narration dépourvue de description.
Ce qui me pousse qu'il y a un quatrième moyen de se référer au personnage : le passif. Par exemple, "La porte s'ouvrit." À moins que ce ne soit une histoire de fantômes ou qu'il y ait un courant d'air, on se doute que c'est Fluttershy qui a poussé le battant. Eeeyup. Mais là ça demande particulièrement beaucoup d'efforts, donc à moins que vous ne sachiez ce que vous faites, je déconseille d'utiliser le passif. Moi en tout cas je l'évite.
Je répète donc ma démarche :
1) Toujours donner le nom en premier2) Toujours donner une description juste après3) Par défaut, employer le pronom4) À chaque fois, se demander s'il faudrait décrire5) Se demander quel détail mettre en avant ; quel effort ça demandera au lecteur
Sachant qu'il y a d'autres manières de décrire le personnage et son état, une fois encore, en détaillant ses gestes ou son environnement. Pourtant, on a tous ces temps-ci le besoin viscéral d'écrire "la jeune princesse" et compagnie, tout simplement pour mettre un panneau "ceci est un texte post-S4", tout comme on n'arrêtait pas de dire "l'alicorne violette" après la S3. En y repensant punaise on craint, genre maintenant qu'elle a un château c'est une princesse... okay... non mais juste okay... juste...
Bref.
Ceux qui ont déjà un peu de mou dans le poignet et l'habitude de la plume trouveront que j'ai dit pas mal de banalités, et noteront que comme toutes les règles, il y a moyen de jouer avec. Notamment surprendre le lecteur, bla, bla, bla... mais pour ceux qui débutent ou qui voudraient expérimenter, je me dis que c'est déjà un petit moyen de repère.
J'avais prévu de dire encore un truc sur la thématique et j'avais aussi envie de parler de réactualisation mais euh on va laisser ça pour une autre fois...
Pour le moment je suppose que je vais juste conclure par, fanficers,à vos plumes !

Vuld 2 543

L'inférence.

Hi'.
EDIT: En relisant cet article je me suis rendu compte qu'il est incompréhensible et comme j'ai la flemme et que c'est justement le sujet, je laisse tel quel. Enjoy.
Aujourd'hui on ne va pas discuter de littérature. Bon okay si mais on va faire un tel détour pour en parler que vous aurez largement le temps de l'oublier. En plus vous êtes en train de causer littérature à ma place donc ce coup-ci on va ressortir nos Woona, brohoofer les linguistes de passage et enfiler nos blouses blanches :
C'est de l'heure de faire de la science !
Ce que vous dites peut être très mal interprété. Interprété ? Ça veut dire quoi ? Eh bien, quand votre poney de compagnie se met à trépigner devant la porte, en général ça veut dire qu'il faut aller le promener. Le poney -- ou chien -- vous a fait passer un message que vous avez plus ou moins bien compris. Le message était : "je trépigne devant la porte". Vous, vous avez compris "il veut sortir".
Mais... mais mais mais ! C'est pas du tout la même chose ! Vous ne me croyez pas ? Très bien, le même poney -- mettons Applejack -- se remet à trépigner devant la porte. Vous êtes déjà en train de chercher la laisse (espèce de malade) quand vous entendez la porte sonner. Et là c'est la révélation : "je trépigne devant la porte" voulait dire "y a machin qui arrive" ! Même message, interprétation complètement différente.
"trépignement = trépignement""trépignement + Applejack + porte = promenade""trépignement + Applejack + porte + sonnerie = visiteur"
Si vos blouses blanches sont bien ajustées, vous avez l'obligation de ne toujours pas me croire, parce que vous ne comprenez pas bien encore ce qui se passe. Je vais donc faire une dernière chose : mettons qu'Applejack trépigne mais au salon, alors que vous êtes bien assis dans votre canapé, journal en main. La sonnerie a beau sonner, elle n'est pas en train d'accueillir quelqu'un, pas plus qu'elle ne veut sortir.
"trépignement + Applejack (+/- sonnerie) = jouer !"
Bon ceux qui possèdent un chien savent qu'il ne trépigne pas et ceux qui possèdent un poney savent qu'il agite la queue, lâchez-moi c'est pour l'exemple. On a donc trois fois le même message de base : "Je trépigne !" Et trois fois une interprétation différente, suivant le "contexte".
Contexte.
Contexte.
Cooooooooontex- retenez bien ce mot parce qu'il est l'alpha et l'omega de notre théorie scientifique. On a donc :
[message] + [contexte] = [interprétation]
Ou quelque chose comme ça. Le message c'est facile, c'est ce que fait le poney, c'est ce qui est écrit dans le texte, noir sur blanc, c'est littéral. "Il faisait beau à Ponyville" ça veut dire qu'il faisait beau à Ponyville, c'est la paraphrase parfaite. C'est aussi pour ça que ce début de texte est aussi mauvais : il ne nous dit rien !
Réfléchissez-y bien. Si votre poney trépignait en permanence déjà vous l'emmèneriez au vétérinaire mais surtout vous ne sauriez jamais s'il veut sortir, jouer ou s'il y a un visiteur... Alors imaginez que tous les textes débutent par "Il faisait beau à Ponyville..." Qu'est-ce que tu veux faire avec ça ?! En fait si, ça vous dit quelque chose : que c'est bel et bien une fanfic' MLP. Woohoo. Woo-buckin'-hoo. Dans les faits les gens mettent ça par défaut et à force de le retrouver dans tous les genres ben ça ne veut plus rien dire. Le poney a trop trépigné -- c'est la "saturation".
Vous avez vu ? On a parlé littérature ! \ o / Et c'est pas fini.
Le message, donc, c'est ce que dit le texte. En linguistique on parle de "discours explicite", parce que... c'est un discours... qui est, euh... explicite. On peut pas être plus explicite que ça (allez googler le mot pour comprendre l'ironie).
Le contexte, par contre, il vient d'où ? Le contexte c'est la porte, c'est Applejack, c'est la sonnerie... Okay préparez-vous à morfler, ça va être compliqué. Dans un texte, le contexte correspondrait à de la description, hein ? "Applejack trépignait devant la porte. On sonna." Mais rappelez-vous ce qu'on vient de dire, tout cela est explicite : on nous dit explicitement que c'est Applejack, qu'elle est devant la porte et qu'il y a une sonnerie. Oui le texte est en train de nous donner le contexte, mais si c'est explicite alors ça fait partie du message !
Alors c'est quoi, le contexte ?
Eh bien c'est votre mémoire de lecteur. Au lieu de : "Applejack trépignait...", mettons : "La jument trépignait..." Quel jument ? Toi, lecteur, qui n'as pas la mémoire d'un poisson rouge, tu sais qu'on parle d'Applejack. Ce n'est pas dit explicitement. Tu viens de rajouter du contexte. Tu as ajouté l'information : "jument = Applejack". C'aurait pu être n'importe quelle autre jument mais par un savant calcul d'une fraction de seconde, tu as su dire laquelle. T'es trop fort.
Et si je vous dis "Il faisait beau dans le Golden Oak." Okay, vous savez où on est ? Ce n'est pas dit explicitement, on a juste "le Golden Oak". J'aurais aussi bien pu dire "Il faisait beau dans le Pomtomtouyaka", c'est un nom propre aussi, un lieu précis mais vous n'avez pas la moindre fichtre idée de ce que ça peut bien être. Tandis que le Golden Oak, vous savez, bibliothèque de Twilight, votre mémoire a flashé comme un radar d'autoroute. Vous avez, une fois encore, ajouté du contexte.
C'est pour ça qu'en linguistique on parle aussi de "mémoire discursive" : le contexte correspond à la mémoire du lecteur.
Mais pas toute la mémoire. Bah oui. "Applejack trépignait devant la porte." Okay. Et là tu te rappelles que Rainbow Dash est bleue, que deux plus deux égal quatre et que tu as oublié de mettre un pantalon ce matin. Trois éléments de ta mémoire qui peuvent être ajoutés au contexte et qui... ne servent absolument à rien. C'est quoi le rapport entre la couleur de Dash et le fait qu'Applejack trépigne ? Y en a pas ! La mémoire est sélective, elle ne choisira que l'information, attention roulement de tambours : "pertinente".
Motherbuckin' pertinence dans ta face. YEEEEAAH !
Flexe-moi c'te théorie !
Okay fanboyisme à part, l'information pertinente est l'information qui permettre à quelqu'un d'interpréter votre texte. L'humanité a une boîte noire dans la tête qui lui permet, par un calcul improbable, de sélectionner suffisamment d'informations pour permettre l'interprétation. Sérieusement, vous voyez Applejack trépigner, il y a un bazillion de choses autour de vous, le plafond, les pantoufles, votre rendez-vous chez le dentiste, et parmi ce bazillion de choses vous avez réussi à sélectionner la porte. Comment vous faites ?!
Et puis, parfois, ça foire.
Une bonne partie du temps, le type en face n'a pas l'information qu'il faut. Par exemple quand je dis à quelqu'un "ton texte est générique", lui il n'y voit qu'une insulte. Moi j'ai tout un contexte de lectures, de critiques, de théories derrière. Générique n'est pas mauvais, les médicaments génériques soignent très bien, ce n'est juste pas le remède contre le cancer, tu ne feras pas la une d'une revue de médecine avec ça.
Il arrive aussi que le type en face ait le choix entre plusieurs informations conflictuelles. Applejack trépigne devant la porte, mais elle a sa balle en mousse préférée dans la bouche. C'est quoi l'information qui prime ? La porte ou la baballe ? Tu lui ouvres la porte et elle ne veut pas sortir, okay là c'est sûr c'était pas la promenade ! Euuh... attention tiens-toi bien : le poney aussi interprète tes gestes. Quand tu as ouvert la porte, elle a cru que tu voulais la mettre dehors pour le soir. Bah oui, tu n'as pas mis tes chaussures et tu n'as pas la laisse. Du coup elle reste à l'intérieur et continue de trépigner, et toi tu te dis qu'elle ne veut pas sortir, du coup tu refermes et... zuuuut !Même topo pour la fanfic'. L'auteur passe son temps à essayer de deviner ce que comprendra le lecteur, et le lecteur passe son temps à essayer de comprendre ce que veut lui dire l'auteur.
Quel exemple de malentendu je donnerais...
Un exemple qui me vient en tête est le début du Dernier Sortilège d'Acylius. Twilight est dans le palais, elle va trouver Celestia, blablabla elle embarque dans le dirigea- attends quoi ? Le dirigeable ?! Mais elle était dans le palais et... elles se sont téléportées sur des quais ou bien ? J'ai dû louper quelque chose... et effectivement j'avais loupé une ou deux phrases expliquant que le dirigeable venait en gros de se parquer contre le balcon. Normal. J'ai loupé une phrase, du coup il m'a manqué du contexte, du coup la situation m'a paru complètement délirante.
Oui, rappelez-vous.
Il y a un bazillion d'informations, et votre boîte noire dans la tétête est programmée pour ne retenir que l'information "pertinente", celle qui permet d'interpréter. Ce qui signifie que si vous lisez une phrase qui n'aide pas à l'interprétation, vous allez l'ignorer. Dans le cas contraire, vous risquez l'autisme : trop d'informations non filtrées, saturation, c'est comme si le monde entier vous hurlait dessus en même temps.
Donc oui, quelqu'un qui lit votre texte sélectionne parmi l'information que vous lui donnez et ne conservera que l'information qui lui est "utile", qui est pertinente. D'où souvent les "ah tiens je n'avais pas remarqué". C'est écrit noir sur blanc mais le lecteur a passé dessus parce que sur le moment ce n'était pas pertinent.
Et maintenant, pause.
Résumons.
[message] + [contexte] = [interprétation]"ce que dit le texte" + "ce qu'ajoute le lecteur" = "ce que le lecteur comprend"[discours explicite] + [discours implicite] = [inférence]
Jusqu'ici je vous ai dit que le lecteur allait ajouter de l'information pour interpréter votre texte, et que du coup il allait comprendre un peu tout et n'importe quoi.
Mais... mais le texte lui dit quelle information sélectionner. Comment, je n'en sais fichtre rien, mais un texte est bourré de signaux pour diriger le lecteur sur la bonne piste. Par exemple, "Blueblood eut un sourire trop large", explicitement on dit juste que Blueblood sourit, que ce sourire est large et que la largeur est excessive. Mais toi lecteur, tu es habitué à cette formulation, tu sais que "trop large" signifie faux, exagéré, que Blueblood a donc une arrière-pensée. Le texte te force cette interprétation. Tu peux la manquer complètement, par exemple si tu ne connais pas la convention ou que tu penses que Blueblood est un bon gars... mais le texte te le dit. C'est dans le texte. Ce n'est juste pas "explicite".
Et rappelez-vous, un texte est faire pour émouvoir. Il veut vous rendre triste ? Il ne vous dit pas "sois triste" explicitement. Ça ne fonctionnerait de toute manière pas. Riez, là, tout de suite. Pourquoi vous ne riez pas ?
Mais, implicitement, le texte vous suggère de pleurer. "Applejack trépignait en vain devant la porte. Son maître restait vautré devant la télévision. Elle racla le bois de la porte avec son sabot, gémit un peu. Seul le son trop fort de la télévision lui répondit." Implicite : animal négligé, maltraitance, triste. Ce n'est dit nulle part mais fortement suggéré (et bâclé mais zut quoi, vous avez vu la taille de cet article ?).
Voilà pourquoi je voulais vous parler de l'inférence.
C'est un mécanisme fondamental.
Rappelez-vous de l'article sur le "Défi de la nuit". Le calcul "truc + truc = truc" ? C'était une inférence. Un auteur dit "tu m'as mal lu" ? Dans un sens oui, c'est plutôt que le lecteur l'a lu avec son propre contexte, l'a interprété de son côté. Mais l'auteur est responsable (en grande partie) de cette interprétation. C'est son boulot de contraindre l'interprétation, d'éviter les malentendus. C'est pour ça que l'auteur a une toute autre vision du texte, et énormément de mal à se figurer ce que voient ses lecteurs : l'auteur a un contexte bien plus vaste dessus, il SAIT. Et quand on débute en écriture, punaise, c'est la croix et la bannière pour se mettre dans les bottes du lecteur. Je n'y arrive toujours pas.
Non, sérieusement. J'avais écrit, de mémoire : "Nulle n'est immortelle. Avant elles le soleil se levait déjà, après elles les licornes reprirent cette tâche." Comment ?! Comment vous pouvez ne pas comprendre ? Mais les deux lecteurs à qui j'ai soumis ce passage m'ont fait une erreur 404.
Du coup mieux vaut mettre les points sur les i (les princesses sont mortes), par sécurité. Ou bien ? Une information implicite est bien plus forte parce que ça vient du lecteur, pas du texte. Si le lecteur conclut que c'est triste, il sera triste. Et forcément quand on te crêpe des "Applejack pleurait, roulée en boule contre la porte d'entrée", pas étonnant que vous trouviez MyLittleDashie triste. Et notez que si je dis juste "Applejack pleurait", c'est triste, mais pas beaucoup. "Applejack pleurait, roulée en boule" c'est triste, mais toujours pas beaucoup.
Pourquoi ?
Parce qu'on n'a pas de contexte. On n'arrive pas à interpréter la situation. On ne sait pas ce qui se passe et du coup on veut bien se sentir triste mais on veut surtout savoir pourquoi. "... contre la porte d'entrée", paf, du contexte. Ouf ! On ne sait rien encore mais on a enfin un signal qui va contraindre notre interprétation. Elle a été rejetée par sa famille ? Elle s'est fait plaquer par Dash (qui est bleue, rappelons-le) ? Non, bien sûr, ça fait un article entier que je t'installe le contexte. Tu sais ce qui lui est arrivé, ce qu'elle vient de traverser, tu sais pourquoi tu pleures et si tu juges que c'est une bonne raison, tu vas compatir. "Applejack pleurait, roulée en boule devant une magnifique tarte aux pommes", euh... non mais disons que "magnifique" soit trop joyeux : "Applejack pleurait, roulée en boule devant une toute petite tarte aux pommes." 'Ala. Elle a perdu un membre de sa famille ? C'est la famine ?
Tant que le lecteur peut interpréter, tant que le texte lui donne matière à interprétation, la boîte noire tourne et le lecteur est content.
Et c'est comme ça que, scientifiquement, un texte fonctionne.
Voilà.
Et euh, voilà. Voilà... voilà voilà voilà...
Non je sais, ça reste un peu abstrait, vous avez plus ou moins compris mais on en fait quoi de tout ce cirque ? C'est pour ça que j'ai dit qu'on allait faire de la science et pas de la littérature. Ici je voulais vous expliquer un mécanisme qui est sous-entendu (implicite, ah ah) dans tous mes commentaires. Actuellement Igibab parle de jouer avec le lecteur et comment voulez-vous que j'en parle sans faire appel à l'inférence ?
Je voulais donc juste vous expliquer ce mécanisme, même vaguement, pour que vous ayez un peu mieux conscience de ce qui se passe quand on vous lit, ou quand vous lisez, et donc de la raison pour laquelle on vous supplie de décrire et en même temps on vous hurle dessus qu'on se fiche de la couleur de crin de la vendeuse de gaufres au miel.
Donc euh... voilà ? euh... fanficers,
à vos plumes ?

Vuld 7 755

Une question de détail.

Hi'.
Inomsim a posé une question, et comme d'habitude j'ai cherché le chemin le plus tordu possible pour y répondre. On va donc parler de détail et je vous prie de vous poser les bonnes questions, comme par exemple :
Vous vous rappelez de l'école ?
Vous avez déjà stressé à un oral de français ? On vous passe un texte tout pourri et vous avez une fichue demi-heure pour trouver des trucs à dire sur ce torchon. Sans offense pour l'auteur, son texte est formidable, mais on vous demande soit de faire du par coeur soit d'avoir le don d'omniscience... Y a rien à dire, vous ne comprenez rien, ce texte vous barbe et secrètement votre professeur pense comme vous.
Depuis lors, la science du langage est passée par là. Et ce que cette science privilégie, c'est la comparaison (les "paires parallèles" comme qu'on dit). On prend deux textes, on compare, science ! Donc depuis lors je fais pareil quand j'analyse un texte, je le compare avec un autre. Avec beaucoup d'autres. Avec beaucoup, beaucoup, beaucoup d'autres textes. Ouais forcément quand on a une bibliothèque de fanfics' au compteur, ça aide.
Mais si ce n'est pas le cas, il reste une option : la paraphrase.
La paraphrase consiste à répéter ce que dit le texte avec vos propres mots. Alors oui, le professeur vous tuera si vous le faites devant lui, mais la paraphrase a ses avantages. Elle fournit un point de comparaison pratique, avec l'habitude. Je m'en suis rendu compte en parlant avec quelqu'un du premier paragraphe d'Equestrian Women, de PonyCroc, et c'est là enfin qu'on va presque bientôt retomber dans le sujet, promis.
Accessoirement, et rien que parce qu'il a utilisé les tags de façon cohérente, eh, allez jeter un oeil. Mais passons :
"L'horloge indiquait neuf heures quarante-cinq. Dans la banque, les clients faisaient la queue, calmement, attendant leur tour. Du fait de l'heure matinale, il n'y avait ici qu'une vingtaine de personnes, dont une bonne moitié étaient employés de l'établissement."
Voilà, vous avez une demi-heure pour parler de ce paragraphe. Vous êtes seul, page blanche, vous avez envie de pleurer votre mère et parce que le renard l'a dit, vous allez commencer par paraphraser tout ça.
Ma paraphrase donne : "Il y a une horloge. Elle indique neuf heures quarante-cinq. Il y a une banque et des clients qui font la queue. C'est le matin, il n'y a que vingt personnes. La moitié sont des employés." Notez que je n'utilise quasiment que des "il y a" et du verbe être, ce qui est normal avec une description. Mais surtout, notez ce que la paraphrase a laissé de côté : "calmement, attendant leur tour" a disparu, "vingtaine" est devenu "vingt" et la relation "du fait que" sur l'heure matinale elle-même simplifiée en "matin" a également sauté.
Oui ! Oui, on est enfin retombés sur nos pattes ! Ce sont des détails.
La paraphrase fournit le squelette, la base de la base, le niveau en-dessous duquel on ne devrait pas pouvoir descendre (notamment en éliminant adjectifs et adverbes). Alors c'est un peu faux parce qu'une banque, c'est déjà du détail... mais ne compliquons pas. Si on a bien paraphrasé, normalement, comme au travers d'un filtre, on a séparé le détail du reste.
Remarquez d'ailleurs quels détails on a : "calme", "attente", une heure matinale... mh. Ce texte essaierait-il de nous dire que... que tout était... mh calme ? (Si vous en doutez, lisez la première phrase du paragraphe suivant...) Les détails sont une manière de diriger le regard du lecteur, de lui faire voir la scène d'une certaine façon. Ici, le calme avant la tempête, aka le texte se prépare à un braquage.
Passons.
À présent qu'on a une vague définition de ce qu'est le "détail", c'est-à-dire tout ce qui échappe à la paraphrase... il est temps de revenir à la question d'Incomsim : comment évaluer la quantité de détails ?
De fait, PonyCroc adopte une solution qui en vaut une autre. Il pose un décor et il y ajoute des détails qui orientent le texte là où il veut. Il décide que c'est le matin parce que tous les casses ont lieu le matin et il met une horloge parce que tous les films commencent par un gros plan d'horloge. Ce sont des conventions que le lecteur saisit, reconnaît, qui lui sont familières et qui rendent le texte très, très confortable.
Juste un problème.
La banque n'est pas décrite. Les clients ne sont pas décrits. Les queues ne sont pas décrites. Les employés ne sont pas décrits. Le matin est tout juste vaguement décrit. L'horloge est à peu près décrite, à travers l'heure, mais c'est tout. Les quatre cinquièmes de ce paragraphe sont dépourvus de détails.
Ce n'est pas un mal. À quoi bon ajouter des fioritures ? On se fiche de cette banque, c'est juste une banque lambda. On se fiche des clients, ce sont juste des clients lambda. T'inquiète, on te décrira la mère et son gamin le moment venu pour te faire chouiner. On se fiche de savoir si le sol est fait de carrelage ou en bois, combien il y a de guichets ou la couleur de crinière du poney sur la photo' dans l'arrière-bureau à côté des toilettes. On s'en fout mais d'une force...
À quoi je répondrai deux choses.
La première est qu'on s'en fiche parce que ce n'est pas intéressant. Ce n'est pas intéressant parce que le texte ne s'y intéresse pas. Si le texte s'y intéressait, il nous le rendrait intéressant. Si c'était intéressant, on ne s'en ficherait pas. En d'autres termes, même s'il est fondé, je rejette l'idée qu'un objet "ne sert à rien". Le texte a décrété qu'il ne servait à rien. C'est différent. C'est tout à fait vrai, neuf fois sur dix je demanderai à l'auteur "mais pourquoi tu parles de ça, on s'en fiche". Ce n'est pas qu'il ne faut pas en parler : c'est que ce qu'il dit dessus est fichtrement hors-sujet.
La seconde est qu'on veut dire que tout est calme. Et pour dire que tout est calme, on a une banque, on a des clients, on a des employés. Pourquoi ne pas les utiliser ? "Deux files éparses de clients paressaient devant les guichets à peine ouverts." Ce n'est qu'un jet, mais c'est déjà décrire, détailler. Soudain on voit un peu mieux les files, on voit un peu mieux leur attitude. On peut les imaginer dodeliner sur leurs pattes, bâiller, jeter des regards mous aux cordons rouge et or ou aux grillages des guichets. On peut voir l'employée encore en train de ranger ses affaires, la crinière hâtivement coiffée, qui sourit à son premier client. Et là non seulement on a installé la routine mais la routine est vivante.
En d'autres termes, dans ce paragraphe il y a un tas d'éléments qui pourraient être détaillés, pas juste pour le plaisir de détailler mais pour orienter le lecteur vers cette idée de calme, sans avoir à le répéter au paragraphe suivant. Les détails servent, justement, à mettre en scène.
Mon calcul est donc le suivant.
La paraphrase me donne X éléments : la banque, les clients, les employés, le matin et l'horloge. Cinq éléments. Mon objectif pour ce paragraphe est de dire que "tout est calme". Ma réponse est que plus de la moitié des éléments doivent s'orienter dans ce sens. "Banque + détail = calme", "client + détail = calme", etc... J'ajouterais des téléviseurs, pour l'aspect moderne et pour faire croire au lecteur que l'événement viendra de là, pour déjouer ses attentes. Je donnerais un aspect luxueux aux lieux, pour jouer sur la tentation. Je mettrais l'accent sur l'insouciance.
Prenez un paragraphe, comptez ses objets/éléments et voyez combien ont des détails. Voyez si ces détails disent la même chose (ou à peu près). Si c'est le cas, mon calcul fonctionne, sinon il faudra chercher la réponse ailleurs.
Mais quand est-ce qu'il y a trop de détails ?
Eh bien, jamais vraiment.
Ici je dois me rapporter à un autre début de texte, La dame de coeur de BroNie, où Spike passe six paragraphes, six buckin' paragraphes à "monologuer" devant son miroir sur un fichu vêtement. C'est un défaut ? Non ! Non, pas du tout. La construction est excellente, motivée, avec des transitions, un bel exemple à suivre. Je subis un peu parce que bon voilà, mais pendant six paragraphes on nous détaille un vêtement, et on empile détail sur détail sans se lasser. Ce qu'il serait impossible de faire avec la banque.
Pourquoi ? Pourquoi on peut détailler le vêtement et pas la banque ? Parce que le vêtement donne toujours de nouvelles informations. "Cet habit a une histoire > c'est un cadeau > niom niom repas > wash excitation > projet > argument dragon". Les détails font voir toujours plus loin, renouvellent l'intérêt. Du côté de la banque, on veut juste dire "tout est calme". Au bout d'un paragraphe c'est bon, on a compris, passe à la suite. Pour continuer à détailler la banque, il faudrait là aussi enchaîner sur autre chose, ajouter de l'information. Commencer à décrire la sécurité. Faire tourner le journal à la télé'. Parler du directeur qui n'est pas venu ce matin... Le lecteur ne se rendra même pas compte qu'on piétine sur place !
Le véritable problème pour évaluer la quantité de détails est que tous les lecteurs n'ont pas le même degré d'attention. Personnellement, dès qu'on me parle de l'horloge, avant même d'entendre parler de la banque j'avais compris que ça allait canarder. Mais ceux qui n'ont pas l'habitude de ces conventions peuvent avoir besoin qu'on leur dise noir sur blanc "tout était calme". On n'a pas tous le même bagage de lectures.
J'en reviens à la description de l'uniforme chez Inomsim.
On a donc un uniforme de Stalker, avec le capuchon, la bonbonne, le masque à gaz. Si au niveau de la description c'est bien fait parce qu'on découvre la combi' en même temps que le personnage la rajuste pour partir, ce qui la motive -- comme pour Spike qui s'apprête à sortir -- au niveau du détail c'est très pauvre. En soit ces éléments sont déjà des détails de l'uniforme, qui laissent entendre un environnement hostile et "inhumain", façon de parler. Mais ils ne sont pas détaillés eux-mêmes. Jusqu'à quel point l'environnement est-il hostile et dangereux ? Jusqu'à quel point y est-on préparé ?
Le texte nous a déjà intéressés à ces éléments, parce qu'ils sont motivés. Il a attiré notre intérêt, il faut en profiter. Puisque ces éléments servent à quelque chose, autant les exploiter.
C'est pourquoi je pardonne aisément à PonyCroc de ne faire qu'une banque générique dont la description tient à son seul mot, mais que je critique Inomsim pour n'avoir pas donné de la "couleur" à sa combinaison. Il n'y a pas la même utilité derrière, pas la même importance.
Le calcul est donc toujours le même : "capuche + ? = danger", "bombonne + ? = danger". J'avais pensé à l'usure, à la saleté, mais il a fait observer que Stalker est un univers plutôt propre, un "paradis mort". Enfin grmf quand même, parce que les fusils par la suite sont de la camelote, mais passons. Une fois qu'on sait ce qu'on veut suggérer au lecteur, le "paradis mort", alors autant exploiter nos éléments, leur ajouter des détails allant dans ce sens.
N'ayez pas peur d'en faire trop, on expérimente, si c'est trop quelqu'un finira par vous le dire et vous pourrez ajuster. Mais pour commencer, autant exagérer vraiment. C'est mon conseil en tout cas.
Et vraiment, n'importe quel élément est une excuse pour décrire.
Au travers du projet Hydre je demande aux gens de me donner un univers. Et ce que j'attends d'eux, c'est qu'ils me donnent des détails qui montrent l'originalité de ce monde. Le Griffonic, à ce titre, insiste lourdement sur la fierté et l'orgueil, au point de donner des détails que je n'arrive même plus à rappeler par la suite, comme les uniformes rouge et bleu et leurs boutons cuivrés qu'on donne même aux gens dans les soutes.
Parler de détail, c'est parler de "ton", d'"atmosphère", d'"ambiance", de "couleur", d'"expression", toutes ces choses vagues et abstraites.
Mais le détail, quand on calcule, c'est ce que vous voulez que le lecteur voie, et je finirai par l'anecdote du chien.
Imaginez deux personnes qui discutent, et l'une a un chien. Il dit "j'ai un chien." L'autre imagine aussitôt un bouledogue. "C'est un labrador." Bon d'accord, un labrador noir. "Il est blanc à pois verts." Ah ben mince... bon mais il est petit quand même "Il est tout petit petit petit il tient dans ma poche." C'est quoi ce ch- l'anecdote du chien est une façon de dire que les gens ont leur propre vision des choses. Les détails servent à éviter qu'il mette n'importe quoi. Dans un texte sans description, c'est le lecteur qui pose le décor et les personnages, qui décrète qui est qui et où est quoi, qui remplit les vides. Dans un texte détaillé, le texte lui dit "regarde cette chaise, tu ne trouves pas ça triste ?"
"Bah non, c'est juste une chaise."
"Mais la chaise reposait là, tirée de travers, au milieu des décombres de la bibliothèque."
Je n'ai pas de réponse claire, juste des détails que je glane ici et là dans tous vos textes et dans les quelques réflexions que vous voulez bien partager à l'occasion. Et c'est aussi pour ça que je répète encore cet encouragement, fanficers,
à vos plumes !

Vuld 4 474

Le drama.

Hi'.
Un screamer est, au sens large, l'apparition soudaine d'un élément qui fait peur (son, image, etc...). C'est une technique efficace pour provoquer une émotion (la peur) mais décriée parce que facile et flemmarde, souvent sans rien derrière, là où d'autres utilisent plutôt l'ambiance. Le screamer (au sens large) n'est pas une mauvaise technique, elle est juste généralement mal employée, mal maîtrisée, mal comprise.
Mais on est là pour parler de drama et, chance, c'est pareil.
Un texte est fait pour émouvoir, c'est ce que veut le lecteur, on demande du drame, de grandes scènes et des personnages expressifs. À ce titre mieux vaut en faire trop plutôt que trop peu et user de toutes les ressources disponibles pour frapper l'imagination. Il faut que ça pleure, il faut que ça crie, le plus sera le mieux.
Et puis parfois on va trop loin.
La série met cela en scène, en tant que ressort comique. Ainsi Rarity perd un objet quelconque et se met à geindre, un sabot sur le front avant de se pâmer dans son sofa. La réaction est surjouée, complètement disproportionnée et donc plutôt amusante. Rarity est une drama queen, une reine du drame, une chouineuse : elle en fait trop.
Il n'y a pas de frontière claire entre le drame et le drama, entre une réaction normale et exagérée. Par exemple, quand Twilight pleure sur le corps blessé et inerte de Celestia, ma réaction est "dans deux secondes elle sera debout et comme neuve", et je ne sourcille même pas. C'est subjectif, en l'état il est tout à fait justifié que Twilight pleure, c'est juste que je ne suis pas Twilight. Ce qui peut paraître triste à l'un ne l'est pas forcément pour un autre.
À ce titre ça dépend vraiment de ce que savent les lecteurs, ou de ce que sait l'auteur. Disons que le mane6 soit en vacances sur une île. Soudain, éruption volcanique. Elles font la chaîne pour jeter de l'eau sur la lave et arrivent à éteindre le volcan. Si vous n'êtes pas au fait des températures et échanges de chaleur... alors pas de problème. J'ai vu des enfants jouer aux Lego et faire voler des chevaliers en plate complète par-dessus les remparts du château. Combien de vous savent les contraintes pour un atterrissage sur porte-avions ? Et pour ceux qui demandent, non, il n'y a que dans Tintin qu'on fait sauter les capitales à la dynamite...
On a donc un problème.
Et tant qu'on attaque le problème sous l'angle de la connaissance, de la réaction à avoir dans telle ou telle situation, alors il n'y a pas de solution. Il ne reste plus qu'à apprendre une liste potentiellement infinie de cas et à prier pour ne pas se tromper le moment venu.
Mais j'aimerais aborder le problème sous deux angles différents.
Tout d'abord, j'aimerais que vous considériez le drama comme étant ce calcul simple : "la situation est triste, donc on pleure."
Il y a deux parties à ce calcul : la situation et la réaction. Et de fait le drama ne se trouve pas seulement dans la réaction. L'exemple le plus courant de drama de situation est quand l'auteur s'amuse à tuer un personnage pour faire genre. La mort c'est toujours triste, je veux bien, mais à force de voir ça partout ben ça lasse. C'est comme l'enfant qui crie au loup : à force que le loup ne vienne pas, on n'écoute plus le cri. À force que les poneys meurent, qu'est-ce que tu veux que ça me fasse. J'y reviens dans un instant mais le problème est ici un problème de saturation : il y a juste trop de morts et trop de sang par page pour que ça ait un impact. Un exemple concret ? FO:E. L'héroïne se mange balle sur balle, dit qu'elle a mal de toutes les manières possible et, deux paragraphes plus loin, elle est comme neuve. C'est systématique, et à force j'en ai plus ranafiche qu'elle se bouffe du métal dans les côtes.
On peut donc aborder le problème d'abord sous l'angle de la saturation et du contraste.
Si vos personnages pleurent constamment, alors plus les personnages pleurent et moins on le remarque, moins il y a d'impact. À force on se lasse et même quand la situation le justifiera, on aura tellement vu la bande geindre à tout va que, comme l'enfant qui crie au loup, on n'écoutera plus. Dans cette optique, la priorité est de n'utiliser la grosse artillerie (les larmes et tout) que pour les cas les plus importants. Pour les autres, il faut recourir à des expressions moins fortes. Un regard peiné, un silence lourd... L'idée est de ne donner l'alarme que quand il y a vraiment le loup, de sorte que l'impact soit maximal et que le lecteur réponde présent.
Mais, et toujours en lien avec l'enfant qui criait au loup, on peut aborder le problème sous un second angle.
Celui de l'activité.
Je vais être franc, je ne comprends rien à cette notion d'activité dans les textes. Mais il y a l'idée que le lecteur, quand il lit, est également actif et pas seulement spectateur. Il agit à minima en essayant de deviner la suite -- ce sont les "attentes". L'exemple typique est bien sûr l'enquête policière où le lecteur est invité à chercher les indices et à résoudre le crime de son côté, aux côtés de l'inspecteur. On "s'attend" à ce qu'untel soit le coupable. Si nos attentes ne sont jamais détrompées, "il ne se passe rien", on s'ennuie ; si nos attentes sont tout le temps détrompées, "c'est n'importe quoi", on lâche l'affaire.
Sous cet angle, le problème du drama n'est plus de savoir si c'est approprié ou non mais si cela répond à une attente. À ce titre je vais reprendre un propos sur le grimdark : "le grimdark consiste à maintenir une porte de sortie entrouverte jusqu'à la toute fin, avant de la refermer brutalement". Une histoire horrible ne se contente donc pas d'empiler situation horrible sur situation horrible : elle laisse entendre qu'il y a une solution, elle pousse vers cette solution, elle fait en sorte que le lecteur y croie pour ensuite seulement abattre le couperet. Tant qu'on ne fait qu'empiler les horreurs, on fait du "screamer", du drama. Si on joue sur les attentes du lecteur, là on fait du grimdark, du drame.
Ce qui n'est ni meilleur ni moins bon... juste différent. Je présente ici le drama comme le mal absolu, et je le pense très fort, mais eh, c'est un art comme un autre. Et un screamer bien utilisé -- Fatal Frame quelqu'un ? -- c'est joli.
...
Bon.
Ne mentons pas, je parle de saturation, de contraste et d'activité, d'attentes... et ça ne doit parler à personne. Moi-même je commence à m'y perdre, d'autant qu'au final ce ne sont que des pistes pour tenter de faire autre chose que du drama dans le 90% des fanfictions que je lis. Doser, contraster, jouer sur les attentes... tout ça est abominablement compliqué.
Donc euh... un exemple ?
Imaginez que je sois un fan de Luna. Bon ça ne va pas être difficile. Imaginez que vous êtes un fan de Celestia. Imaginez j'ai dit. Vous voulez me démontrer que Celestia est triste d'avoir banni sa petite soeur. Comment vous faites ? "Elle a beaucoup pleuré", ouais super pour elle, juste... ce n'est pas elle qui a passé mille ans de solitude absolue parce qu'elle était foulée du sabot pendant que sa grande soeur était adorée. Après je ne dis pas, Luna était peut-être mytho', je veux bien que ce soit subjectif mais votre point de vue l'est aussi alors il va vous falloir un peu mieux que "c'était très triste". Vous aurez beau y mettre tous les violons du monde, 'Tia a eu le beau rôle.
La première chose que vous pourriez faire pour me faire changer d'avis est de me dire "non, bien sûr, elle n'a pas été triste durant mille ans". On installe un contraste, pendant 999 ans elle a été plutôt heureuse, elle a pensé à autre chose, elle a vécu. Elle a souri aux poneys, elle s'est amusée durant les fêtes, etc... Là vous vous dites que vous êtes en train de déclarer forfait mais en fait non : il est juste totalement, absolument, complètement impossible de rester triste mille ans d'affilée. Ou alors Celestia c'est une machine.
Et maintenant vous me dites : 1) "elle a des vitraux partout dans son palais fêtant sa victoire sur Moon" et 2) "elle a levé chaque soir durant mille ans la Lune avec le visage de sa soeur dessus".
Et c'est tout. Rien d'autre. Ce sont les arguments donnés récemment sur la memebase. Mon premier réflexe a été de rejeter ça comme "encore plus de drama", d'excuses pour plaindre la pauvre princesse Celestia motherbuckin' dirigeante d'Equestria adorée de toutes. Et il y a des gens qui s'arrêteront là, tant pis pour eux. Mais en y regardant bien, on ne me dit plus qu'elle a pleuré dans ses oreillers en permanence. Là, on me dit juste que, même si elle l'avait voulu, il lui était impossible d'oublier son acte. Ce qui rappelle très fortement un Crime et Châtiment. Quelles attentes est-ce que ça déclenche ? Le remords. Le regret. L'absence. Celestia n'a même plus besoin de pleurer, il lui suffit de sourire et, avec ces attentes en tête, au mot de Luna ou de Nightmare Moon on peut deviner tout ce qu'elle ressent.
N'essayez pas d'être triste constamment. Dosez. Installez le contraste. Un personnage toujours énervé finit par être énervant. Et installez des attentes. Prenez le temps de poser les conditions, prenez le temps de laisser mûrir la réaction avant de tout faire sauter. Si vous ne faites qu'empiler les situations tristes, ou violentes, ou peu importe, ça donnera du screamer. Comme au jeu d'échec, mettez en place vos pions, préparez votre coup et ne déclarez un échec qu'au bon moment.
D'ici là, par pitié, rangez les grands violons.
Ou alors assumez, acceptez d'en faire trop, rajoutez-en et signez, au final c'est vous qui décidez. Je n'interdirai jamais rien, fanficers,
à vos plumes !

Vuld 8 1290

Le défi de la nuit.

Hi'.
Je m'étais dit que je n'écrirais pas plus d'un article par semaine, et ce que je vais dire ici tient plus de la chronique d'écriture, mais... déjà vous ne savez pas ce que sont les Chroniques d'écriture et surtout, eh bien, pour moi c'est une question d'actualité. Un de ces problèmes auxquels on se retrouve confronté, que ce soit sur ses propres textes ou sur ceux des autres. J'aimerais en parler et c'est ça, une Chronique d'écriture. Même si ici je vais plutôt me contenter d'esquisser le sujet sans trop l'approfondir.
On va parler ici un peu de description, un peu de motivation mais pas au sens de s'encourager à écrire, au sens de donner du sens et de l'intérêt au texte.
Autant que possible.
J'ai eu par deux fois à expliquer aux gens pourquoi il fallait décrire. Et déjà auparavant j'avais dit à Raincloud que tous les écoliers de l'univers (plus ou moins) haïssaient les descriptions vues à l'école, dans les gros bouquins ch- ennuyeux qu'on nous faisait lire. Comment convaincre les gens d'essayer de décrire alors que la description fait grimper le taux de mortalité parmi les lecteurs ?
Pour y répondre, les petites têtes de quinze ans que nous étions avions discuté, et surtout pas mal écrit, et comparé les "techniques" des différentes plumes présentes alors. Et on avait remarqué que toutes les descriptions n'étaient pas les mêmes. C'est de là que vient notamment la "description-liste" ou la description "dynamique", des notions construites ad hoc pour décrire ce qu'on constatait.
Mais cette fois, plutôt que de dire comment décrire, je vais vous dire pourquoi. Ce qui revient un peu au même. Je vais vous proposer une piste en suggérant que la description peut être, tenez-vous bien... utile.
Oui je sais c'est fou.
Le défi de la nuit consiste à écrire une scène qui se passe la nuit. J'avais d'abord pensé à prendre la pluie comme exemple, et il y a beaucoup de situations comme ça, mais étrangement c'est avec les scènes de nuit que le problème se révèle le plus. En général, face à ce genre de scène, on a tendance à écrire "il faisait nuit" puis, cette information posée... on écrit la scène comme s'il faisait jour. Les personnages ne semblent pas y voir moins bien... pas de rumeurs nocturnes... pas de mention du ciel étoilé -- là vous êtes vraiment en train de défier la nuit -- et bref, la même scène aurait pu avoir lieu en plein jour, ça aurait été pareil.
Face à ce genre de situation, je dis aux gens 1) d'exploiter la nuit et 2) de réactualiser l'information, c'est-à-dire de répéter à intervalles plus ou moins réguliers le fait qu'il fait nuit. Et dans tous les cas je râle parce que mince il fait nuit ! Merci d'en tenir compte.
Et puis ensuite je me suis retrouvé face à la même situation. Je viens d'écrire un texte qui se passe la nuit, et je me suis retrouvé un peu bête... la nuit ne sert à rien. Du coup, je n'ai aucune raison de rappeler qu'il fait nuit. Du coup, rappeler qu'il fait nuit ne ferait qu'agacer le lecteur. Cela arrive couramment, surtout quand on ne planifie pas le texte à l'avance. On se retrouve pris entre deux extrêmes : entre le besoin de parler de la nuit et la nécessité de ne pas barber le lecteur avec ça. Et comme chaque lecteur réagit différemment, en général c'est la seconde option qui gagne. Aussi parce qu'elle demande moins d'efforts.
Le défi de la nuit est donc de trouver un équilibre entre en faire trop peu et en faire trop. De réussir une ambiance "nocturne" à partir de zéro.
Face à ce problème, mon premier réflexe a été de me demander à quoi pouvait me servir la nuit.
C'est ce que je dis souvent aux auteurs. Si un élément ne sert à rien, il faut le supprimer. Si on ne veut/peut pas le supprimer, alors il faut qu'il serve à quelque chose. Parler d'utilité est risqué parce que ça comprend des choses abstraites comme, justement, l'ambiance. La mousse d'une forêt ne sert à rien pour l'intrigue, mais elle aide à installer l'idée d'une forêt humide et âgée, entre autres choses. Donc, quand on veut faire une forêt millénaire, y mettre beaucoup de mousse est en général une bonne idée. Dire si elle est sèche ou humide aussi. De même, quand on décrit la nuit, la question de la luminosité est vitale pour comprendre la scène : c'est la pleine lune, il y a des nuages ? Bon c'est toujours la "pleine lune" avec Luna mais passons.
La première utilité de la nuit est de pouvoir cacher les choses. La seconde utilité, bien connue des textes "sombres" (ah ah), est de déformer la réalité, le jeu des ombres. On lui fait jouer des tas d'autres rôles mais mine de rien la nuit est bien utile. Elle a du potentiel, et ce serait bête de se contenter de dire "il fait nuit" sans rien en faire.
Dans mon cas, tout le texte reposait sur les retrouvailles, et sur le problème de reconnaître quelqu'un. J'ai donc choisi la lumière qu'il me fallait -- j'aurais pu fermer les volets pour une obscurité totale, ou allumer la lumière dès le départ -- juste assez pour qu'on puisse y voir, pour qu'on devine. La nuit devient une barrière fictive entre les personnages. Je n'allume la lumière qu'une fois que la panique, proche d'un cauchemar, est passée.
Tout cela me donne une raison de mentionner la nuit, encore et encore, sans (trop) lasser le lecteur. J'ai une raison de la mentionner. J'ai une motivation à en parler, et le lecteur une motivation pour la retenir.
Elle est donc "motivée".
Chaque texte et chaque scène a ses propres buts. Dans le cas d'Oeil de Braise, le défi de la nuit se produit lors d'une bataille. L'utilité de la nuit devrait alors aussitôt apparaître. Bêtement : pour rendre le combat confus et chaotique. Mais aussi : pour les effets pyrotechniques. Les joueurs de FPS ou les fans de films de guerre penseront aux balles traçantes et aux explosions magnifiées par le contraste de l'obscurité. La nuit permet de décrire et d'intensifier les combats. Elle peut servir à bien d'autres choses encore, comme marquer les sentiments de chaque camp avant la charge. Ou simplement, la nuit il fait plus froid... c'est dommage de s'en passer.
De fait, et trop souvent, on me dit qu'un objet dans le texte "ne sert à rien". Il est juste là, il fallait le mettre pour quelque raison et on n'en fait rien. C'est du potentiel perdu !
Le défi de la nuit est d'écrire une scène se passant de nuit, où la nuit sert à quelque chose. Il faut motiver la nuit comme il faut motiver la présence de n'importe quel élément de l'histoire. Oui, les descriptions doivent être motivées, sans quoi elles sont formidablement barbantes. On se moque du nombre de poutres d'une chapelle, on est là pour un mariage ! On se moque du nombre d'étoiles dans le ciel... jusqu'à ce que celles-ci retrouvent leur lien avec l'histoire.
Je figure cela en général par une addition.
S'il n'y a que la nuit, le calcul est "nuit = nuit" et on dira juste "il faisait nuit", plus éventuellement une description générique d'une nuit générique et puissamment pas intéressante. C'est d'ailleurs le problème du "c'était une belle journée à Ponyville", merci on sait.
Mais si je commence mon texte par "Les nuages se dissipaient doucement au-dessus de Ponyville", qu'est-ce qui a changé ? J'ai dit, techniquement, la même chose. Il fait beau. Le ciel se dissipe. Le soleil est de retour. Tout va toujours bien les oiseaux tout ça. Ce que j'ai fait, c'est une addition. Par exemple : "nuit + nuages". Pourquoi parler des nuages ? Peut-être que je vais faire une histoire de pégases. Dans ce cas, moi auteur je fais l'addition "nuit + pégases = nuages" là où le lecteur fera lui l'addition "nuit + nuages = ?". Il se pose une question. Il est "intéressé". Vous avez installé, sans même y penser, un début de tension. Ne serait-ce que pour lui faire lever les yeux vers le ciel.
"La nuit les nuages revenaient se hasarder dans le ciel."
Je n'ai dit nulle part qu'on parlerait de pégases : l'addition se passe dans les coulisses, cachée du lecteur. Ce qui est important d'ailleurs : à ce stade il ne sait pas encore pourquoi on lui parle de nuages. Et si on se met soudain à parler d'autre chose sans lien, on sera passé du coq à l'âne et nos nuages seront apparus en vain.
Autre remarque d'importance : ces nuages sont liés à la nuit. Si on oublie cela, on se retrouve avec deux calculs séparés, "nuages = nuages" et "nuit = nuit"... Ces nuages ne nous intéressent que parce qu'ils sont liés à la nuit. Ce sont des nuages nocturnes et il faut le souligner. En l'occurrence, ici, j'ai en tête que la nuit les nuages de l'Everfree reviennent plus facilement sur Ponyville, ce qui jouera probablement un rôle dans l'intrigue. Ou pas. Je peux simplement suggérer qu'une tempête se prépare, et cette tempête peut être émotionnelle. Les nuages nocturnes vont servir, tout au long du texte, à figurer les émotions de mes poneys.
Tant que les nuages jouent un rôle, ils sont motivés et à travers eux j'aurai une raison de revenir encore et encore sur le fait qu'il fait nuit. La nuit permet de faire quelque chose qui n'est pas possible le jour, c'est aussi simple que ça.
Le défi de la nuit est donc un exercice scolaire.
Dans le cas du texte que j'ai eu à écrire, l'addition était quelque chose comme "nuit + retrouvailles + humain = lit, lampadaires, fatigue, ..." J'ai résumé les principaux éléments de ma scène avec un mot par élément, puis je les ai additionnés pour déterminer quels détails intégrer (et utiliser) dans ma scène. L'addition est en fait bien plus longue, pour expliquer par exemple pourquoi la retrouvaille se passe au lit et pas à la cuisine, lors du repas du soir, ou lors d'une veillée devant l'écran d'ordinateur... mais ça se résume bien à ça.
Expliquer ce qu'est une "bonne" (ah ah) description est difficile tant ça dépend du contexte, c'est-à-dire que ça change de texte en texte : mais le principe derrière, la "motivation", reste le même. Liez la nuit à ce qui se passe et vous aurez une raison de la détailler, de répéter qu'elle est là. Vous y serez presque forcé par les circonstances. Ne faites pas de lien et alors soit vous forcerez sa présence (et agacerez le lecteur), soit vous ferez l'impasse dessus et il y aura un renard pour râler que vous avez mal exploité votre texte.
Mais le défi de la nuit, ce n'est pas juste de décrire une scène nocturne. Le défi de la nuit, c'est de partir du principe que tout dans votre texte a son importance. Que ce que vous négligez peut-être plus important que ce que vous pensez. C'est de donner à chaque élément sa chance, de lui donner une place dans le texte et un rôle, de le faire briller, d'ajouter sa lueur, aussi infime soit-elle, à toutes celles de votre histoire. Accepter de prendre du temps pour ces détails, de leur donner un rôle alors qu'on veut avancer dans l'histoire, alors qu'ils nous gênent... c'est un défi.
Je vous défie donc, et je vous invite à relever ce défi, à vous fanficers,à vos plumes !

LittleParrot 21 2468

Du bon usage des guillemets (français)

Hello there,
 
Pour reprendre l’introduction de la fiche utile de System, une fiction doit suivre quelques règles, tant orthographiques que typographiques, si elle veut retenir l’attention de ses lecteurs. La manière de présenter une histoire, ainsi, importe au même titre que son contenu.
L’une de ces règles concerne l’usage des guillemets et tirets dans les dialogues.
 
Dans les fanfictions, on retrouve souvent la version anglaise, aux règles moins nombreuses et qui a recourt à des symboles (“ ”) plus simples à taper que les français (« » —). De plus, elle parait presque naturelle en traduction puisqu’on conserve alors la même mise en forme que l’originale.
Cependant, si on écrit dans une langue, il est d’usage d’appliquer ses règles. Tout comme on met une espace avant certains signes de ponctuation (? ! : ;) quand on rédige en français, on utilise également les dialogues adaptés.
 
Ce guide tentera donc d’éclaircir les deux méthodes, en se concentrant sur les difficultés que peuvent poser la version française. Vous serez libres par la suite de choisir la version que vous préférez, mais au moins cela sera-t-il en toute connaissance de cause.
 

 
Un texte en anglais totalement improvisé pour un aperçu de leurs règles
“Listen, Rainbow, you can’t do this,” Twilight said, “this is far too dangerous.”
“Oh yeah? Let’s see then,” the pegasus replied.
She flapped her wings faster and faster, and finally freed herself without getting harmed. She looked down to see Twilight’s surprised expression and laughed, “Hehe, told you!”
 
Une traduction tout aussi improvisée qui conserve ces mêmes règles
“Écoute, Rainbow, tu ne peux pas faire ça,” dit Twilight, “c’est bien trop dangereux.”
“Ah ouais ? C’est ce qu’on va voir,” répliqua la pégase.
Elle battit des ailes de plus en plus fort, et finalement se libéra sans se blesser. Elle baissa les yeux sur l’expression surprise de Twilight et rit, “Hehe, je te l’avais dit !”
 
La même traduction avec les règles françaises
« Écoute, Rainbow, tu ne peux pas faire ça, dit Twilight, c’est bien trop dangereux.
— Ah ouais ? C’est ce qu’on va voir », répliqua la pégase.
Elle battit des ailes de plus en plus fort, et finalement se libéra sans se blesser. Elle baissa les yeux sur l’expression surprise de Twilight et rit : « Hehe, je te l’avais dit ! »
 

 
On voit donc bien la différence entre les deux méthodes.
En anglais, les guillemets sont refermés dès que le dialogue subit une interruption, si courte soit-elle, tandis qu’en français on attend de rencontrer une phrase complète pour le faire. Les mots « dit Twilight » sont considérés comme ne faisant pas partie du dialogue anglais, mais en français on nomme cela une « incise » et on ne ferme pas les guillemets dans ce cas. De même, « répliqua la pégase » est une incise. Par contre, « Elle battit des ailes… » est une phrase complète qui mérite donc que l’on ferme les guillemets puisque le dialogue s’achève temporairement pour laisser place à de la description.
De plus, en anglais, les guillemets sont aussi refermés dès que l’on change de réplique. Mais, en français, on utilise un « tiret cadratin » pour marquer le changement de personnage sans fermer le dialogue.
En plus de ces différences majeures, on note des changements au niveau de la forme des incises. En français, elles sont formées d’un verbe suivi de son sujet, c’est-à-dire l’inverse de la version anglaise.
Enfin, certains signes de ponctuation diffèrent : la place des virgules, l’usage d’une virgule ou des deux-points pour introduire le dialogue… Je ne comparerai pas ces changements au cas par cas, mais la façon de faire en français sera expliquée par la suite.
 

 
Après cette petite comparaison qui s’adressait plus particulièrement aux traducteurs, voyons finalement les règles du dialogue à la française.
 
Tout d’abord, les généralités. Un dialogue commence par un guillemet ouvrant (ou guillemet gauche) « et s’achève par un guillemet fermant (ou guillemet droit) ». Entre ces deux, il y a un tiret cadratin — qui marque chaque changement de personnage.
Un dialogue peut être introduit par une phrase narrative qui annonce que le personnage va parler (Elle se pencha vers son amie et lui déclara soudain : « J’ai soif, pas toi ? »), auquel cas cette phrase finira par les deux-points. Cela peut aussi ne pas être le cas (Elle se pencha vers son amie. « J’ai soif, pas toi ? » déclara-t-elle soudain.).
Un dialogue se termine lorsque les personnages n’ont plus rien à dire, mais aussi lorsqu’une phrase de narration vient s’insérer entre deux répliques. Dans ce cas, on ferme les guillemets avant cette phrase, et on les rouvre juste après (« J’ai soif, pas toi ? » La jument bâilla sans discrétion. « Oh, et j’ai sommeil aussi. »). Cela n’est pas à confondre avec les incises, qui permettent justement de donner des descriptions sans fermer le dialogue. Elles se présentent sous la forme d’un verbe suivi d’un sujet, et éventuellement d’un complément, accolés au dialogue (« J’ai soif, pas toi ? déclara la jument en bâillant sans discrétion. Oh, et j’ai sommeil aussi. »).
Il est à noter aussi que, quand un même personnage fait un discours sur plusieurs paragraphes, chacun doit être introduit par un guillemet ouvrant sans que le précédent ne soit terminé par un guillemet fermant.
 
À présent, quelques règles concernant les incises. Comme nous l’avons vu, elles permettent de donner des précisions descriptives sans fermer les guillemets. Cependant, si une incise est présente en fin de dialogue, alors elle sera hors guillemets (« Bravo ! » s’écria-t-il joyeusement. Son ami lui fit un grand sourire.).
De plus, l’incise se compose d’un verbe puis d’un sujet. Cependant, il ne s’agit pas de n’importe quel verbe. On ne dit pas : « Bravo ! » donna-t-il un coup de sabot sur l’épaule de son voisin. « Donner » n’est pas un verbe de parole, il ne peut donc pas introduire une incise. On dira plutôt : « Bravo ! » s’écria-t-il en donnant un coup de sabot sur l’épaule de son voisin. Ou encore : « Bravo ! » Il donna un coup de sabot sur l’épaule de son voisin. Une dernière version utilisera des semi-cadratins – comme cela : « Bravo – il donna un coup de sabot sur l'épaule de son voisin –, tu t'es bien débrouillé ! »
Cette règle restreint certes le nombre de verbes possibles, mais ils restent très nombreux. Trop souvent, les fanficeurs se contentent de « dire », « demander » ou « répondre », mais les nuances sont pourtant innombrables et permettent d'éviter les répétitions tout en allégeant souvent les incises. Exemples : « dit-il d'une voix forte, laissant paraître sa colère » peut devenir « s'emporta-t-il » ou « tempêta-t-il », tandis que « dit-elle, désireuse de convaincre » peut être remplacé par « insista-t-elle » ou « argumenta-t-elle ».
Une dernière chose à savoir sur les incises est la manière de les introduire dans un dialogue. Cela dépend de la manière dont finit la réplique dans laquelle on veut en insérer une.

La phrase finit par un point et est au milieu du dialogue (Non, je ne vais pas très bien.) : on remplace le point par une virgule (Non, je ne vais pas très bien, soupira-t-elle.)
La phrase finit par un point et termine le dialogue (Non, je ne vais pas très bien. ») : on remplace le point par une virgule qu’on met à l’extérieur des guillemets (Non, je ne vais pas très bien », soupira-t-elle.)
La phrase se termine par des points de suspension, un point d’exclamation ou d’interrogation et est au milieu du dialogue (Non, je ne vais pas très bien… // Non, je ne vais pas très bien ! // Comment vas-tu ?) : on accole l’incise juste après la phrase (Non, je ne vais pas très bien… gémit-elle. // Non, je ne vais pas très bien ! répliqua-t-elle. // Comment vas-tu ? s’enquit-elle.)
La phrase se termine par des points de suspension, un point d’exclamation ou d’interrogation et achève le dialogue (Non, je ne vais pas très bien… » // Non, je ne vais pas très bien ! » // Comment vas-tu ? ») : on accole l’incise juste après le guillemet (Non, je ne vais pas très bien… » gémit-elle. // Non, je ne vais pas très bien ! » répliqua-t-elle. // Comment vas-tu ? » s’enquit-elle.)
Si on veut mettre l’incise en plein milieu d’une phrase, on l’encadre tout simplement de virgules : « Non, je ne vais pas très bien. » devient « Non, répondit-elle, je ne vais pas très bien. »

 

 
Avant de conclure, voici quelques manières d’optenir les symboles à utiliser sans avoir à les copier/coller à chaque fois :

Guillemet ouvrant « : alt+174 ou alt+0171 sous Windows
Guillemet fermant » : alt+175 ou alt+0187 sous Windows
Tiret cadratin — : alt+0151 sous Windows, alt+tiret sous MacOS, ctrl+alt+tiret sur Word

D’autres façons suivant les OS ou les logiciels de traitement de texte peuvent être trouvées sur Wikipédia dans le cas des guillemets, et un peu partout sur internet. Il existe même des logiciels prêts à personnaliser vos raccourcis clavier !
 
Je pense avoir fait le tour de la question, j’espère que ça pourra aider quelques personnes à être moins confuses à ce sujet et peut-être même à choisir ces dialogues à la françaises si boudés. Si ce n’est pas clair, si j’ai oublié un cas, si je me suis trompée quelque part, signalez-le-moi ! :)
 
Little Parrot

System 11 808

La subtile subjectivité de la traduction

 
Dear Princess Celestia,
Today I learned that being a good translator is an unreachable aim. Not only because nopony is perfect, but also because perfection is something subjective!
Please find enclosed my detailed report.
Your faithful student,
System.
 

 
Vous avez cinq minutes pour me traduire ce compte-rendu !
Ahem, plus sérieusement. J'ai décidé, une fois encore, grâce à mes observations, de faire un nouvel article concernant un domaine que j'affectionne. Cette espèce de guide a, avant tout, une optique didactique pour ceux qui souhaiteraient se lancer dans l'aventure de la traduction mais a aussi pour but de faire prendre du recul aux plus expérimentés.
La traduction est un art d'apparence aisé mais qui regorge de pièges et autres nuances propres à chacun. Ci-dessous, je vous expose un texte que j'ai fait traduire à quatre de mes plus fidèles traducteurs, à moi-même ainsi qu'à un débutant.
 

 
Texte original
"As long as she doesn’t remember the procedure, Doctor. You can assure that?"
"Oh, yes. Between the medicine Versed, the morphine, and your magic, she will be good as new and won’t remember anything about the procedure."
Wait, why don’t they want me to remember? Oh God, I knew it. It’s my legs, isn’t it? What if they’re not there anymore and that is why I can’t feel them? I was probably in a crash, I shouldn’t have been showing off. They’re trying to make sure I can’t remember how awful it was. Or maybe they had to cut open my chest to fix the injuries! What if it was my spine?
 
System
« Du moment qu’elle ne garde pas de souvenirs du processus, Docteur. Vous pouvez le garantir ?
— Oh, oui. Entre le Versed, la morphine, et votre magie, elle sera requinquée et ne se rappellera de rien. »
Attendez, pourquoi ne veulent-ils pas que je me souvienne ? Punaise, je le savais. C’est mes pattes, c’est ça ? Et si elles n’étaient plus là et que c’est pour ça que je ne peux plus les sentir ? J’ai probablement dû me planter, je n’aurais pas dû frimer. Ils essayent de faire en sorte que je ne me rappelle pas l’horreur de la chose. Ou peut-être qu’ils ont dû m’ouvrir la poitrine pour soigner les blessures ! Et si c’était ma colonne vertébrale ?
 
 Supernovae
« Du moment qu’elle ne se souvient pas de l’opération, Docteur. Vous pouvez vous en assurer ? »
« Oh oui. Entre le Versed, la morphine, et votre magie, elle sera comme neuf et ne se rappellera rien de l’opération. »
Une seconde, pourquoi veulent-ils que je ne me rappelle pas ? Oh mon Dieu, je le savais. Ce sont mes jambes, c’est ça ? Et si elles ne sont plus là et que c’est pour ça que je ne les sens plus ? J’ai probablement été impliquée dans un crash, je n’aurais pas dû faire la maligne. Ils sont en train de faire en sorte que je me rappelle plus combien c’était terrible. Ou peut-être qu’ils ont dû ouvrir mon ventre pour soigner les blessures ! Et si c’était la colonne vertébrale ?
 
LittleParrot
« Du moment qu’elle n’a pas souvenir de la procédure, docteur. Vous pouvez le garantir ?
— Oh, oui. Entre le Versed, la morphine et votre magie, elle sera comme neuve et ne se rappellera rien. »
Attends, pourquoi ils ne veulent pas que je me souvienne ? Oh Celestia, je le savais. Ce sont mes jambes, pas vrai ? Et si elles n’étaient plus là et que c’était pour ça que je ne les sens plus ? J’ai probablement eu un accident, je n’aurais pas dû tant frimer. Ils essayent de faire en sorte que je ne me rappelle pas cette horreur. Ou peut-être qu’ils ont dû m’ouvrir la cage thoracique pour réparer mes blessures ! Et si c’était ma colonne vertébrale ?
 
Ehunkel
« Du moment qu'elle ne se souvienne pas de l'opération, Docteur. Pouvez vous le garantir ? »
« Oh, oui. Avec le Versed, la morphine et votre magie, elle sera totalement rétablie et n'aura aucun souvenir de l'opération. »
Minute, pourquoi ne veulent-ils pas que je m'en souvienne ? Oh Seigneur, je le savais. C'est mes jambes, c'est ça ? Et si je ne les avaient plus et c'était la raison pour laquelle je ne peux plus les sentir ? J'ai probablement dû me crasher, j'aurai pas dû faire la maline. Ils essayent de s'assurer que je ne puisse pas me rappeler de l'horreur que c'était. Ou bien peut-être qu'ils ont dû m'ouvrir le ventre pour me soigner ! Et si c'était ma colonne vertébrale ?
 
GinsterSteed
"Du moment qu'elle ne se rappelle pas de la procédure, Docteur. Vous pouvez vous en assurer?"
"Oh, oui. Entre les médicaments prescrits, la morphine, et votre magie, elle sera comme neuve et n'aura aucun souvenir de la procédure."
Attends, pourquoi ils ne veulent pas que je me rappelle? Mon dieu, je le savais. C'est mes pattes, c'est ça? Et si elles n'étaient plus là et que c'était pour ça que je ne les sens plus? J'ai du me crasher, j'aurais pas du me la jouer. Ils essayent de s'arranger pour que je ne me rappelle plus d'à quel point c'était horrible. Ou peut être qu'ils ont du m'ouvrir la poitrine pour soigner mes blessures! Et si c'était mes nerfs spinaux?
 
Texte type débutant
"Elle ne se rappelleras plus de la procédure docteur, vous pouvez l'assuré ?"
"Oh oui. Entre l'expérimentation médicinal, la morphine et votre magie, elle ira bien à nouveau et ne voudras pas se rappeler de la procédure."       
Attend, pourquoi ils ne veulent pas que je me souvienne ? Oh mon dieu, je le savais. Je sont mes jambes, Non ? Elles ne sont plus là et c'est pour ça que je ne les sent plus ? J'étais certainement dans un accident. Je ne devais pas voir ça. Ils essayaient de s'assurer que je ne me souvienne pas à quel point c'était horrible. Ou peut-être qu'ils on du ouvrir mon torse pour soigner mes blessures ! Qu'est ce que ce serait si c'était ma colonne vertébrale ?
 

 
Je tiens à préciser que personne n'a eu l'occasion de tricher sur les textes des autres et que ce texte est tiré d'une traduction que je prépare, donc pas moyen d'être tombé sur une version traduite de quelque manière que ce soit. De plus, le Versed est une marque déposée d'un anesthésiant, ce qui aurait été normalement indiqué par une note de bas de page si ç'avait été traduit pour être publié.
Comme vous avez pu le voir, différents points sont à discuter.

Tout d'abord, chaque traducteur a obéi à ses propres règles qu'il considère comme justes, pas forcément aux règles communément admises (ces différences concernent essentiellement la typographie ; certains utilisent des guillemets français, d'autres utilisent des guillemets anglais et certains font un mélange des guillemets d'une langue avec les règles de l'autre). Encore plus marquant, chacun a décidé d'utiliser les temps différemment, ce qui influe sur l'immédiateté de certains faits et modifie donc l'intensité de l'action désirée par l'auteur originel.
Malgré les différences de chacun, on voit bien que les textes produits par les habitués suivent des structures semblables et que, même si les choix personnels varient, certaines expressions restent majoritaires et que même les expressions plus nuancées ont tendance à être utilisées par au moins deux personnes différentes.
L'expérience influe beaucoup sur le résultat ; par exemple, le texte débutant montre des lacunes évidentes sur la compréhension et tend même à faire des contresens en plus du fait d'ignorer certaines règles. Tout traducteur qui débute aura tendance à fournir des textes de ce genre en commençant (même nous !), mais on ne peut que s'améliorer.
Parmi les résultats similaires, êtes-vous capables de dire lequel vous plaît le plus ? J'en doute, et même si c'était le cas, sur un panel de plusieurs personnes, les avis différeraient. En clair, c'est une question de goût du côté du traducteur ET du lecteur. Lors de la rédaction, il est évident que je préférais ma version puisque ce sont les mots que j'ai choisis mais, après coup, j'ai trouvé des tournures intéressantes et même des raccourcis intelligents sur les autres versions.

La conclusion de tout ce bazar est assez évidente : la traduction parfaite n'existe pas, le traducteur parfait n'existe pas, la tournure parfaite n'existe pas. Tout dépend du niveau, de l'appréciation et de la subjectivité de chacun. C'est pourquoi des travaux a priori mauvais pour vous plairont à d'autres lecteurs et vice-versa.
Vous voulez vous mettre à traduire ? Armez-vous de patience, de courage, d'un relecteur qualifié et dévoué ainsi que d'une inconscience démesurée et vous êtes théoriquement prêts. Préférez les oneshots courts n'excédant pas les 2500 mots pour commencer, ça vous permettra de jauger votre motivation et aussi de voir si les lecteurs se plaignent de douleurs rétiniennes.
Si vous traduisez déjà, vous êtes probablement dans l'un des deux cas suivants : ou bien vous êtes en train de vous apitoyer sur votre sort en vous disant que vous êtes mauvais, auquel cas vous êtes partiellement dans le vrai puisque personne n'est parfait, mais vous avez aussi besoin de reprendre confiance en vous pour retrouver l'étincelle qui vous a fait débuter. Ou bien vous êtes extrêmement confiant en ce que vous faites et vous avez pénétré la catégorie kikitoudur, auquel cas vous êtes certainement en train de rédiger un tutoriel insensé en croyant instruire la populace et vous faites partie de mon elite squad ; vous avez donc vraiment besoin de vous rappeler à quel point vos travaux, bien qu'acclamés par les foules, restent somme toute assez banals et que vous n'en êtes pas les auteurs.
NB : Ce dernier paragraphe est satirique.

System 29 3899

Fiche utile pour écrivains et traducteurs

Salutations, chers amis écrivains et traducteurs,
Ayant dû récemment ressortir ma fiche utile, disponible sur mon Drive, pour aider un apprenti-traducteur dans le besoin, j'ai pensé qu'il serait aussi utile pour certains de se rafraîchir la mémoire/de découvrir les bases de l'écriture digeste. Que ce soit dans le fond ou la forme, un texte mal écrit et bien fichu donnera envie d'être lu mais engendrera des critiques – a contrario, un texte bien écrit et mal fichu ne sera tout simplement pas lu. D'où l'importance notamment de la typographie, qui est une composante à part entière de l'écriture, au même titre que l'orthographe ou la conjugaison. Bref, on passe aux choses sérieuses ! Ce genre de détails vous démarquera des autres et fera que le lecteur aura tendance à préférer vous lire, ou, dans le pire des cas, à être plus conciliant dans ses commentaires.
 

 
Typographie :


Les majuscules dans le titre


Règles typographiques de base


La ponctuation en détail


Comparaison typographique français/anglais

Préfixes et traits d'union

Règles sur le dialogue (par LittleParrot)


Les chiffres et les nombres

Article détaillé sur l'emploi des majuscules

Compteur de mots efficace 



L'élision

 
Langue :
Spécifique aux traducteurs :


Urban Dictionary


Dictionnaire bilingue

Traîtres d'idiomes


Nos amis les faux-amis

Outil de traduction


Outil de traduction (alternatif)


Outil de traduction (alternatif)


Commun aux traducteurs et aux écrivains :


Conjugaison

Les systèmes de temps


Concordance des temps et discours indirect


Liste non exhaustive de verbes de parole



Dictionnaires

Les prépositions


L'emploi du subjonctif

Wiktionnaire

Accord du participe passé

Site de l’Académie française

Résumé de la réforme orthographique de 1990

 
Apprentissage :

Guide d'écriture (par Bro-Nie, Iron Pony Maiden et Dimirah)


Guide de traduction (par LittleParrot et System)


Fanfiction : mode d'emploi

 
Dernière mise à jour par System le 15/10/16.

BroNie 11 4101

Tutoriel ou comment conquérir la Russie en hiver, par Monsieur Napoléon B.

Ou presque.
Il y a de ça pas mal de temps d'ailleurs (quand j'étais encore régulièrement sur French Brony, c'est dire) constatant que les nouveaux auteurs étaient nombreux à tomber dans les pièges habituels de la fanfic, du mary-sue au self insert, idée fut donnée de rédiger un petit tutoriel afin de donner un coup de main à ces jeunes écrivains.
Iron Pony Maiden, Dimirah et moi-même nous y attellâmes. Aujourd'hui, il est nécéssairement un peu daté (MLPfiction, ou LPB n'existaient pas à l'époque et Frenchy Ponies n'était que balbutiant), mais encouragé dans cette voie par Shining Paradox, j'estime qu'il est encore valable. Le voici donc. N'hésitez pas à demander précision ou correction dans les commentaires de ce billet.
Ecrire une fanfiction My Little Pony Friendship is Magic
par Dimirah, Iron Pony Maiden et Bro-Nie auteurs respectifs d’Une Charmante Ville, de Pony War Chronicles et de Ponykrieg.
Bonjour et bienvenue, cher lecteur! Ce document a pour but de... (attendez la suite)... vous apprendre les bases de l’écriture d’une fanfiction! Oui, je dis bien les bases parce qu’évidemment, le lire ne vous fera pas devenir le prochain Hugo. Néanmoins, il vous permettra d’éviter les erreurs les plus courantes.
 
Ecrire ou ne pas écrire ?
Tout d’abord, il faut se poser une question que la plupart d’entre vous s’est normalement posée: “Vais-je écrire une fanfiction ou non?” Attention, je n’ai pas dit “Ai-je envie” car elles sont loin d’être pareilles. Si vous lisez ceci, soit vous vous ennuyez ferme, soit l’idée d’écrire ne vous a pas semblé désagréable. Ainsi, vous avez, au moins pour l’instant, un élément clé de l’écriture: la motivation.
Justement, pour écrire un texte en général, il faut trois ingrédients essentiels:-Le style.-Le scénario.-La motivation.
Non non, ne rigolez pas! La motivation est presque le plus important (presque hein)! Le style et le scénario, on verra ça plus tard. Mais si vous souhaitez continuer, il faut à tout prix être motivé.
...
Vous êtes motivé? Génial! Testons cette motivation.
Sachez qu’une fanfiction est une oeuvre et demande du temps. Tout comme une peluche, un dessin ou tout ce qui est artistique, plus vous y consacrerez du temps et mieux sera le résultat final.
Ainsi, ne vous dites pas que c’est juste un passe-temps quand vous vous ennuyez, ou quand vous n’avez rien d’autre à faire. Non ! Pour obtenir une histoire de qualité, il faut s’investir dedans, jusqu’à ce qu’elle soit achevée, voire encore après.
De plus, il y a de très fortes chances que vous vouliez publier votre texte. C’est tout à fait normal, et je vous encourage à le faire! Cependant, réfléchissez bien avant de le soumettre aux yeux critiques de la plèbe. Assurez-vous d’avoir les moyens de le continuer et de le terminer. Néanmoins, ayez conscience, surtout si c’est la première fois, que les commentaires risquent de vous vexer, ou vous blesser dans le pire des cas. Les lecteurs attendent quelque chose de vous quand vous leur proposez une histoire, et si leurs attentes sont déçues, il est tout à fait légitime qu’ils expriment leur mécontentement. Je reviendrais sur les commentaires plus tard.
Ah oui ! Avant de vous lancer dans l’aventure, lisez. Des romans, des pièces de théâtre, des fics... Tout ce que vous voulez ! Je ne saurais trop vous conseiller la littérature française du XIXème siècle juste pour vous faire une idée d’un bon style. Je ne dis pas que vous devez écrire exactement comme ça, ni que c’est le style parfait, mais ils ont traversé les âges pour une bonne raison. En ce qui concerne les fics, elles vous renseigneront plus sur ce que recherche le public (d’ailleurs, lisez aussi les commentaires, ils sont souvent très intéressants). Déjà c’est un niveau beaucoup plus abordable pour vous, mais surtout  vous aurez une petite idée du “barème” du public et une vague notion du bien/nul en la matière.
Toujours là ? Bien ! Mais ce n’est que le début. Maintenant, on va s’attaquer à la fanfiction en elle-même. Enfin, pas tout à fait.
 
Avant d’écrire le premier mot
Bon, vous êtes motivé, prêt à écrire votre chef-d’oeuvre, prêt à recevoir les pires huées de l’internet, vous ouvrez Word, vous vous enfoncez dans votre fauteuil, positionnez vos mains pour taper... taper quoi au fait?
Ahah! Eh oui, maintenant il faut se demander qu’est-ce qu’on va écrire.
D’habitude, quand on a envie d’écrire une fic, c’est qu’on a une idée. Si ce n’est pas le cas, trouvez-en une. C’est fait? Parfait. Malheureusement, il ne suffit pas d’avoir une idée.
Il y a deux sortes d’idées: les idées de thème et les idées de chute. Oui, ce n’est pas très clair, mais je vais essayer de m’expliquer:

Les idées de thème donnent une direction à la fic. En gros, vous savez quels personnages vous allez utiliser, dans quel contexte... Par exemple: “Twilight découvre un nouveau sort qui la téléporte dans un pays inconnu”. Je sais, c’est aussi original qu’un poney à quatre pattes, mais au moins, le message y est. On sait que le personnage sera Twilight, on sait qu’elle va explorer un pays qu’elle ne connaît pas etc, etc. Ces fics sont très souvent en plusieurs chapitres et sont les plus longues, structurées en différents épisodes. La plupart du temps, on a pas encore d’idée précise sur la fin, mais elle apparaît naturellement au fil de l’écriture.
Les idées de chute, au contraire, s’appuient sur le twist final. Dans sa tête, on voit très bien ce qui arrive à la fin, mais le problème est d’y arriver. Elles sont particulièrement utiles pour les One-Shot qui reposent presque uniquement dessus. Tout le texte sert à amener le lecteur vers cette chute, chute qui doit le surprendre. Par exemple: “Un soir, alors qu’elle rentre du travail, Derpy s’étonne de trouver sa maison vide, sa fille ayant disparue. Elle se rend ensuite compte qu’elle s’est trompée de maison et habite le numéro d’à côté.” D’accord, c’est pas fameux non plus, mais vous voyez le topo; on insiste sur l’incompréhension et sur l’angoisse de Derpy jusqu’au dernier paragraphe qui explique tout.

Un peu moins confus? J’espère. Bref, même s’il est ardu de contrôler ses idées, la plus simple pour débuter est bien entendue la deuxième. De plus, elle se prête très bien aux One-Shot, meilleur genre pour commencer. Si vous avez une idée de thème, ne la jetez surtout pas! On ne jette jamais une idée, elle pourra servir, même trois ans plus tard. Gardez-la dans un coin de votre tête, ou mieux, notez-la quelque part. Ainsi, vous n’aurez pas à en chercher une autre quand vous serez plus expérimenté.
Il peut bien sûr arriver d’avoir les deux, c’est-à-dire une idée de thème et de chute. Autrement dit, on sait comment ça va se terminer, mais y a d’abord une bonne série d’évènements que l’on connaît à peu près. C’est très bien, bien sûr, car cela permet une histoire assez riche sans risquer de se perdre en route. Normalement.
Si c’est votre première histoire, je vous conseille vivement un One-Shot avec idée de chute. Pourquoi? De un, un One-Shot est court, d’une traite, ce qui permet de cerner votre style, que ce soit pour le lecteur ou pour vous. Ensuite, avec l’idée de chute, il y a très peu de chances que vous vous arrêtiez en plein milieu et laissiez le public en plan, chose peu recommandée. Si vous balancez un Chapitre 1 et disparaissez dans la nature, vous serez assez mal vu (devinez pourquoi).
De plus, les critiques seront beaucoup plus ciblées lorsqu’elles visent une histoire entière: trop souvent, on ne peut juger parce qu’on a pas assez sous la dent : n’avoir que le premier chapitre d’une fic ne permet pas de réellement juger du scénario, qui plus est les premiers chapitres ne sont pas toujours révélateurs du style global, selon le type de fic que vous choisirez d’adopter (en particulier les fics s’inscrivant dans un registre sombre).
Compris? Pour commencer, One-Shot, chute.
Bien sûr, vous avez le droit de tenter directement une oeuvre plus ambitieuse, mais c’est très très risqué. Les raisons de l’échec y sont en effet plus nombreuses: Abandon de la fic, se perdre en route, incohérences... Bref, mieux vaut ne pas essayer, vraiment.
Maintenant que vous avez votre idée de OS, essayez de visualiser votre histoire. Pas ce qui se passe à chaque seconde, mais les grandes lignes, histoire d’avoir une ébauche de plan à laquelle vous pourrez toujours vous raccrocher. Pour mon exemple, c’est pas dur:-Derpy, à la Poste, a fini sa tournée et rentre chez elle.-Elle arrive à sa maison, ouvre la porte, flippe parce que y a rien/personne.-Elle remarque l’écriteau à louer sur la porte d’entrée et comprend qu’elle s’est gourée de maison.
Voilà ! En trois phrases, j’ai créé le squelette de ma fic, je ne peux plus me perdre à moins d’avoir le sens de l’orientation d’un cabillaud dans une grande ville étatsunienne.
Note sur les personnages:
Attention, choisissez judicieusement le personnage que vous utilisez. Le raisonnement “jpren RD parckel é tro swag é c mon poné préférée” est plus qu’idiot. Choisissez un personnage qui correspond à ce que vous voulez! Pour mon exemple, je n’ai choisi aucun du Mane 6 car leurs maisons sont trop reconnaissables pour se tromper (vous imaginez RD entrant dans le mauvais nuage?). De plus, Derpy est tout à fait capable de commettre ce genre d’étourderies, c’est donc le poney parfait.
Concernant les OC, faites doublement gaffe. C’est trop tentant de mettre son poney perso, de laisser son empreinte sur le monde par un personnage dont tout le monde se souviendra. C’est trop casse-gueule aussi. Autant un Original Character peut être très détaillé moralement et physiquement et devenir un vrai personnage, autant ça peut dériver dans le self-insert Mary-Suesque. Et n’oubliez pas, Yours Truly ou Eternal ont été écrites sans OC. Donc! Si vous voulez tenter d’introduire un personnage, faites-le vraiment bien. Cela fera l’objet d’une section détaillée. Par contre, si vous en avez vraiment besoin, n’hésitez pas non plus. Si vous voulez tuer un perso sans toucher au canon, vous pouvez créer un OC vite fait ou mieux, piocher dans le Wiki MLP, section “List of ponies”. De même, si l’histoire se passe dans un futur lointain ou un passé très ancien, je vous vois mal caser Rainbow Dash pas encore née/morte et enterrée depuis belle lurette.
C’est bon ? Vous avez votre idée, votre ébauche de plan, vos personnages soigneusement choisis?  Félicitations, vous pouvez enfin entamer l’écriture !
Enfin presque, tout d’abord, il vous faudra planifier ce que vous raconterez.
 
Ecrire, bien écrire
Comment commencer ? A vous de voir, mais évitez quand même les gros clichés bateaux. Celui qui commence par “Le soleil brillait doucement sur la paisible ville de Ponyville” perd déjà deux tiers de son lectorat. C’est fait et refait, pas recherché, nul quoi. Il y a tellement d’autres possibilités comme les débuts in medias res (dans l’action): “Le pégase s’étira longuement les ailes et bâilla aux corneilles. Derpy jeta un coup d’oeil à la pendule au-dessus de l’accueil de la poste: déjà vingt heures?” Vous voyez, on a déjà le personnage, le lieu et l’heure, pourtant ça ne ressemble pas à une scène d’exposition. A vous de trouver votre introduction originale, mais qui répond aux questions qui? quand? où?, sauf si justement vous comptez dévoiler certaines informations plus tard.
N’oubliez pas, ce que vous écrivez là est le premier contact avec le lecteur, donc soignez-le! Il est tout à fait possible qu’un critique exigeant s’arrête au premier paragraphe, même si le reste est excellent. Ce serait bien bête, non? Et même s’il ne s’arrête pas, il est susceptible de partir sur une mauvaise impression et de se dire que toute la fanfiction est mauvaise, et dégradera inconsciemment la qualité de la fic dans sa tête, ne faisant pas attention aux passages bien écrits et se focalisant sur les erreurs. Donc n’hésitez pas à utiliser vos plus belles tournures pour accrocher le lecteur, donnez-lui envie de poursuivre.
 
Personnages
IC et OOC
Sous ces deux acronymes barbares se cachent des concepts qui sont au coeur d’une bonne fanfic, j’ai nommé l’in character (IC) et l’out of character (OOC).
Notez que certains raccourcissent en OC pour out character. Attention à ne pas confondre avec un personnage original soit original character, lui aussi résumé en OC.
L’IC c’est quoi ? C’est tout simplement de faire coller le personnage à sa personnalité. Exemple type : Rainbow Dash est la plus athlétique du groupe, elle aime aller vite, ne réfléchit pas avant d’agir et dispose d’un égo assez démesuré. Tout le contraire d’une Fluttershy, douce, gentille, timide et repliée sur elle-même.
Si vous faites apparaître Rainbow dans votre fic, on s’attendra logiquement à ce qu’elle se comporte comme elle agit dans la série. Une Dashie repliée sur elle-même ne collera pas plus qu’une Fluttershy extravertie. Attention, je n’ai pas dit qu’en étant justifié, un personnage ne puisse pas sortir du squelette émotionnel traditionnel où on le connait. Mais cela doit être justifié. Prenez Fluttershy qui s’affirme dans Putting your hoof down. Il lui faut l’entraînement d’Iron Will pour devenir plus confiante (jusqu’à l’excès certes) mais elle ne s’est pas levée un matin en se disant “tiens, je vais m’imposer aujourd’hui !”.
J’insiste donc là dessus, à moins d’une bonne justification de votre part, une Rarity qui jure comme un chartrier ou une Applejack maniérée sera mal perçu.
Il va de soi que nous parlons là de personnages à la personnalité déjà établie par le show où le fandom. Centrez une fic sur Rose et vous pouvez la faire agir à peu près comme vous le désirez. Bien plus que si vous prenez Derpy et n’incluez pas son côté gaffeuse.
Dans le cas où votre fic se base sur des OC (original characters), le risque d’OOC est faible pour une raison simple : les poneys (ou les zèbres, les bisons, ce que vous voulez) que vous faites apparaître n’ont eux non plus pas de personnalité connue du public. Faites un étalon salaud si ça vous plait. Par contre, il faudra qu’il soit raccord tout le temps de votre fanfiction. Votre poney qui se comporte en fumier devra rester un fumier tout le long de l’histoire. Sauf justification encore une fois.
A noter que si votre fic est un UA (univers alternatif), vous pouvez généralement plus modifier la personnalité des personnages sans qu’on vous accuse d’OOC. L’univers alternatif étant en lui-même différent de celui que l’on connait, on sera moins choqué d’y voir une Pinkie Pie mature et une Twilight Sparkle bête comme ses sabots. 
 
Mary Sue, cette ennemie
Commençons par un peu d’histoire. Le terme “mary sue” apparaît pour la première fois en 1974 dans une parodie d’un épisode de Star Trek. Le personnage de Mary Sue est alors la pilote la plus jeune de la flotte, à quinze ans et demi et est absolument parfaite. Le nom a fini par désigner l’archétype que Mary Sue représentait.
A noter qu’en théorie, l’équivalent masculin d’une Mary Sue serait un Gary Stu mais dans les faits, le terme est sous-utilisé. Mary Sue s’est généralisé pour parler de personnages masculins comme féminins.
Qu’est-ce qu’un Mary Sue ? Si vous êtes familiers du jeu de rôle, le grosbil est ce qui s’en rapproche le plus. Concrètement, on pourrait définir le Mary Sue par un certain nombre de clichés récurrents tels que la perfection absolue, l’omniscience, l’omnipotence, un passé sombre et douloureux, une capacité à se lier d’amitié quand ce n’est pas plus avec les personnages principaux en un tournemain...
Je ne vais pas faire de liste exhaustive, ça serait long et il existe déjà ailleurs sur Internet, quantité de ces listes. Néanmoins, abordons le cas particulier du Mary Sue MLPesque.
Le cas type d’un Mary Sue MLP serait ceci : le personnage est une alicorne (race rare et puissante), sa famille est morte (passé douloureux), il arrive un beau matin à Ponyville et rencontre rapidement les héroïnes avec lesquelles il devient ami (relations sociales brossées à grands traits) et une relation amoureuse se met en place rapidement avec l’une d’entre elle (relations amoureuses idem). Mais un danger terrible menace Ponyville et Mary Sue doit y faire face (syndrome du héros). Mary Sue triomphe au prix de sa vie (ultime sacrifice) et personne ne l’oubliera jamais (façon d'accéder à l’immortalité).
Je caricature volontairement mais voilà ce que donnent la plupart des fics à Mary Sues. Elles sont inintéressantes de part la perfection du personnage principal (nous reviendrons sur l’intérêt de créer des personnages faillibles plus tard) et une fic comportant une Mary Sue sera généralement très mal appréciée par le lectorat, parce qu’elles ressemblent plus à une parodie qu’autre chose. A ce propos, n’oubliez pas que la Mary Sue originale a été créée dans un but parodique.
 
Qu’attendre d’une Mary Sue premier degré alors ?  
 
De l’art de créer un OC
Vous avez deux, voire trois choix : prendre une des héroïnes du show, avec son caractère, son passé et tout ce qu’on connait d’elle. Comme expliqué, vous pouvez vous situer dans un UA, et donc faire ce que vous voulez de la personnalité de ces personnages, mais vous risquez de vous faire taper sur les doigts : quand on voit écrit Twilight Sparkle dans une fiction, on s’attend à une tête d’œuf experte en magie, pas à une sportive internationale. Donc si vous choisissez cette solution, à moins d’être sûr de votre coup, restez dans l’IC.
La seconde solution, si vous ne voulez pas vous casser la tête sur la création de personnage, c’est de prendre un Background Pony. Berry Punch, Granny Smith, le Docteur Whooves, l’immanquable Derpy, tous ces poneys ont peu d’historique et de caractère dans le show. Attention, certains sont particulièrement développé au niveau du fandom. Faire une Berry Punch abhorrant l’alcool ou Lyra qui déteste Bon Bon surprendra le lectorat. Mais au-delà de ces menues « Fanon », vous pouvez faire ce que vous voulez. Berry Punch est alcoolo, certes, mais est-elle juste fêtarde ou se saoule-t-elle pour oublier son mari qui l’a quitté ? A vous de voir.
A présent, nous entrons dans le vif du sujet : l’OC, l’Original Character, le poney sorti tout droit de votre imagination. Là, vous pouvez faire absolument n’importe quoi.
Mais en fait non.
Aucune de ces trois solutions n’est plus facile qu’une autre. Que ce soit le respect du personnage ou la création de votre poney (ou autre, d’ailleurs), il y a des contraintes à respecter pour ne pas exaspérer le lecteur.
Donc, vous avez décidé de vous passer des contraintes de l’utilisation des personnages précréés, ou vous voulez juste vivre l’aventure à travers les yeux d’un personnage de votre création.Là se pose la première question : votre personnage est-il un OC ou un SI ? Comprendre : Un Personnage Original ou une Insertion de vous-même dans l’histoire.Comprendre : Allez-vous créer un personnage pour l’histoire, ou allez-vous vous représenter sous forme de poney, pour vivre votre rêve de déambuler parmi les équidés ?Je ne vous cache pas que la seconde solution, très prisée des jeunes écrivains (comprendre : jeune=nouveaux) par son aspect « Chouette, je vais pouvoir vivre une aventure parmi les poneys »,  est bien souvent vouée à l’échec.
D’où le problème du Self-Insert. Car lorsque l’auteur se transpose dans l’histoire, il voudra toujours avoir le beau rôle. Etre surpuissant, ou avoir une reconnaissance parmi les autres personnages. De plus, rares sont les personnes à savoir avoir un œil critique sur eux-mêmes, et sachant se mettre en scène avec crédibilité. L’auteur du Self-Insert exagère toujours, que ce soit ses qualités, ou ses défauts quand il s’aperçoit qu’il en a trop fait avec ses qualités.
Et quand un personnage ayant été juste depuis le début se met à trainer dans la boue ses anciens alliés d’un coup sans véritable justification, pour se retourner une nouvelle fois et vaincre l’ennemi sous les hourras desdits amis qui lui ont pardonné en direct, ça ne le fait pas.
Ecrire un Self-Insert est très difficile, car vous n’êtes PAS un être de papier. Et si vous lisez ce tutorial, nous pouvons penser que vous n’avez pas forcément le niveau pour en faire un. Donc oubliez pour le moment. On en reparlera quand vous serez riche et célèbre pour vos écrits.
DONC, après cette longue digression, revenons-en à nos moutons : créer son personnage.Chose à éviter : Ecrire son histoire avec pour seule description de son personnage son nom et son physique, en se disant que son historique viendra avec l’histoire. Ça peut marcher, ça marche, même, mais le mieux reste de créer complètement son personnage principal, voire même les secondaire et ceux qui apparaissent en coup de vent, en leur donnant avant d’écrire une personnalité, un passé, des caractéristiques.
De toute façon, à ce niveau, vous avez déjà votre scénario, et vous avez déjà une bonne partie de la psyché de votre personnage principal, voire de quelques-uns de ses aides et ennemis. Maintenant, il faut formaliser tout ça.
Je fais un aparté pour signaler une chose importante : vous êtes Brony, vous avez sûrement déjà un OC planqué quelque part, avec une histoire, un caractère, ect. Peut-être voulez-vous le voir évoluer dans le monde d’Equestria, pour lui donner une véritable « vie ».
Là, je ne peux que vous enjoindre à la prudence. Le mieux reste de créer un OC pour une histoire, et ne pas créer une histoire pour un OC, car cette dernière a trop de chance d’être plate, Mary-Suesque, ect. En réalité, c’est le même problème que les Self-Inserts, à ceci près que le personnage n’est pas l’auteur.
Dans un premier temps, faites votre scénario et façonnez les personnages pour lui. Avec la pratique, vous serez plus à même de tenter de mettre en scène un personnage créé en dehors de toute trame scénaristique.
A présent, travaillons par étape. Primo : le rôle du personnage. Héros, aide, ennemi, vieux fou dispensant sa sagesse avant de mourir suicidé car l’équipe a déclenché la fin du monde… Vous devez avoir une idée de où et quand votre personnage apparaitra, et ce qu’il fera. C’est généralement le plus facile, car déjà fait dans la scénarisation.
Attention, toutes les étapes qui suivent sont plus ou moins simultanées, mais sont présentées dans l’ordre que j’estime être le plus pratique dans la création.
Ensuite, et bien, le caractère. Sombre, joyeux, maniaque, juste, aimant les enfants... J’en profite pour dire ceci : faites des fiches de personnages. Même trois lignes jetées sur une feuille de papier vous permettront de le construire plus efficacement. Et surtout, après six mois d’écriture, vous vous souviendrez de ce qu’il est, ce qui vous évitera un OOC pour votre propre personnage (ce qui est bien ennuyeux).
Dans son caractère, veillez à bien doser les éléments : évitez les caricatures, sauf si c’est fait exprès. Surtout, éviter Mary-Sue, toute gentille toute mignonne ne pensant jamais à mal et aimant amis comme ennemis, à moins de lui coller des défauts qui en feront un boulet fini (et par-à, la sortir du Mary-Sueisme). Il est joyeux en toute circonstance ? Peut-être déprimera-t-il quand personne ne le regardera (et donc, se force à oublier ses propres tourments pour ses amis…). C’est un gros méchant pas beau ? Il fait ça pour protéger ses proches. C’est un mec sombre et solitaire, over-badass et séducteur ? Dans le feu de l’action, il passe en mode berserk et peut en arriver à blesser ses amis…
Les possibilités sont nombreuses. Généralement, un « gentil » aura une blessure dans son passé qui pourra le faire douter aux moments critiques, tandis qu’un « méchant » le sera pour des raisons qui lui semble juste pour lui. Mais après, c’est déclinable à l’infini. Le dosage se fait aussi par rapport aux autres qui sont avec lui.
Evitez d’avoir trop de fois le même type de personnages. Une bande de mecs en noir taciturnes étant tous orphelins et souhaitant tous se venger du seigneur du mal dans un silence parfait, c’est peu passionnant. Un équipe d’aventurier tous de race et de classe différentes à un point qu’ils ne sont jamais d’accords, là on tient un truc capable d’avoir du succès sur internet.
(Digression, quand tu nous tiens)
Ensuite, vous avez son caractère. Bien. Il le tient d’où ? Certes, c’est un peu déterministe, mais le caractère de votre personnage est bien souvent influé par sa vie passée.
Il a vécu une enfance heureuse dans la classe moyenne ? Il sera plus médiateur. Ses parents sont morts devant ses yeux ? La vengeance sera son unique but. Sa femme l’a quitté pour une bonnette de douche ? Alors là, il faut mettre le pays à feu et à sang pour montrer son autorité d’Overlord !
Passez du temps sur le passé de votre OC et sur son caractère. C’est eux qui dirigeront la fic. Mettez leur vie en parallèle avec les récents évènements du monde. Celestia devient tyrannique ? Que faisait-il pendant la montée de la propagande ? Luna a fait son grand retour dans le monde ? Comment votre OC l’a-t-il pris ? Crise sucrière en Equestria ? Est-ce que votre OC est tiraillé par la faim et l’envie de gâteaux, ou de toute façon il avait appris à ne pas manger de bonbons sans arrêt ?
Là encore, évitez d’en faire trop, et restez cohérent avec votre univers. Aussi, n’hésitez pas à rajouter des détails qui n’auront à priori aucun rapport avec la fic et ne seront jamais important. Vous pourriez être surpris de ce que votre cerveau vous réserve.
Ce point est TRES important : restez cohérent avec votre univers. Si vous vous placez dans le canon, évitez de faire en sorte que la famille du héros ait été tuée dans une fusillade, à moins d’expliquer comment les armes à feu ont été introduites et pourquoi les poneys se mettent à tuer. Vous faites du Grimdark ? Alors personne ne sera totalement gentil (ou se fera baiser de façon atroce) et tout le monde aura des arrière-pensées.
Bref, vous avez son caractère, vous avez son passé, vous avez l’intérieur.  Maintenant, penchons-nous sur l’emballage.
Le nom, en premier. Evocateur de sa personnalité, même si apparemment aucun poney ne s’est jusque-là rendu compte de l’affreuse vérité qui se cachait sous leurs appellations. Pas de véritables limites, tant que ça reste cohérent avec votre personnage. Les noms de famille n’ont à priori aucune valeur, évitez juste les noms humains. Les poneys ont des noms signifiant quelque chose. En deux parties, pensez aussi aux diminutifs, notamment une version « moqueuse » pour les ennemis goguenards et une version « gentillette » pour les proches.
Et enfin… l’apparence.
Bon, alors là, c’est votre choix. Comme pour le nom, il doit être en relation avec sa personnalité. Pensez aux détails, ailes, cornes, gros, maigre, grands, pilosité faciale, regard… Faites attention. Comme vous n’aurez pas forcément d’image à donner au lecteur, souvent il fera avec les clichés en fonction de sa personnalité. Certains auteurs vont même jusqu’à ne donner presque aucune description.
Le basique reste le “Couleur du pelage/ Couleur de la crinière/ Couleur des yeux”, et ensuite les détails qui le sortent de l’ordinaire. Après, c’est le lecteur qui fait comme il veut.
Certains sont partisans de l’ultra-description. C’est un avis personnel, mais que le personnage ait un museau carré ou ovale, si j’ai décidé de comment il serait, on me l’enlèvera pas de la tête (ce qui est embêtant quand vous imaginez un gros black au lieu d’un viking, mais bon, passons).
En clair et en résumé : caractère, passé, nom, caractéristiques physique le sortant du commun. Faite une fiche tenue à jour. Le reste appartient généralement à l’histoire elle-même.
 
Utiliser des personnages existants
L’intérêt même d’une fic est de creuser et de prolonger l’univers que l’on aime. A cet égard, il semble logique qu’un lecteur voudra y retrouver les éléments qui l’ont séduit dans l’oeuvre d’origine : une porte des étoiles dans une fanfic Stargate, des courses dans une fanfic des Fous du Volant et bien entendu des poneys dans une fanfic My Little Pony.
Comme nous l’avons vu plus haut, vous pouvez très bien vous passer de personnages déjà crées pour faire votre fic. Mais cela va vous demander un certain travail sur la création de vos OC, à les rendre assez intéressants pour qu’ils accrochent le lectorat. Ce n’est pas toujours facile. Cela demande un vrai talent d’écriture. Sans compter que bien souvent, le lecteur va rechercher une fic, par son thème (aventure, grimdark, clopfic, etc) mais avant tout par son personnage. Un fan de Pinkie Pie ne se précipitera pas forcément sur votre texte si la ponette rose n’y apparaît pas.
Pour toutes ces raisons, vous pouvez très bien opter pour l’introduction de personnages existants déjà dans le show dans votre fanfic. Voyons maintenant les avantages et les inconvénients de ce principe :
premièrement, qui dit personnage canon, dit personnalité et attitude canon aussi. On vous pardonnera l’out of character sur un OC. Jamais sur un personnage existant.
Paradoxalement, mettre un personnage existant, s’il vous oblige à le respecter en tant que personnage canon peut apporter une vraie force à votre histoire. De Rainbow Dash qui vous permet de mettre en scène des courses haletantes, à Celestia qui peut poser la question philosophique de l’immortalité en passant par Pinkie Pie et son bris de la réalité...
La seule condition étant encore une fois de bien maîtriser le personnage. Je vous conseille personnellement de ne pas prendre comme héros ou personnage à suivre un poney que vous ne “sentez” pas. A titre d’exemple, un Discord est extrêmement dur à diriger dans une fanfic, puisque il surfe toujours sur la ligne entre la pensée aléatoire de Pinkie et un côté bien plus sombre et dangereux. Donc encore une fois, tant que vous ne vous sentez pas en phase avec tel ou tel poney, ne les mettez pas en avant. Restez en à leurs archétypes, comme Rarity en drama-queen ou Fluttershy en timide. Ca sera un peu réducteur mais d’une, vous éviterez l’OOC et de deux, le lectorat y trouvera ses repères.
Et ne pas perdre le lecteur est un point essentiel d’une bonne fanfic.
A noter que vous pouvez très bien prendre des poneys d’arrière-plan : qui connaît au fond Rose, Lily ou Daisy ?
A ce titre, vous pouvez vous focaliser sur elles et leur donner à peu de choses près l’attitude que vous désirez puisque leur personnalité n’a toujours pas été officiellement établie.
Vous combinez ainsi l’avantage de l’OC (fraîcheur, nouveauté) avec le personnage existant (points de repères pour le lectorat). Faites néanmoins attention sur qui porte votre choix : Derpy et le docteur ont beau être des poneys de second plan dans le show, ils sont extrêmement présents dans le fandom. A cet égard, il faut les considérer comme des personnages de premier plan, à l’instar d’une Twilight et donc, de respecter le fanon attaché à leurs personnages.
 
Les dialogues
Sauf cas exceptionnels, vous aurez très certainement besoin de faire parler vos personnages. La méthode la plus utilisée est le discours direct qui rapporte les propos tels quels, sous forme de dialogues. Néanmoins, comme tout procédé littéraire, il y a des règles à respecter.
Vous devez impérativement choisir un système de dialogues et le conserver pendant toute la durée de votre fanfic. Un système de dialogues est l’ensemble de règles de mise en page et de ponctuation qui codifient le discours direct. Voici les plus courants.
Système français
Celui-là, vous le connaissez forcément, vous l’avez vu depuis la primaire. Les guillemets sont les fameux chevrons « ». Je vous déconseille fortement les << >>, qui sont lourds car trop gros, en plus de donner une allergie aux matheux. Oui, ce sont les signes inférieur/supérieur à.
Exemple:
«Bonsoir Derpy! Comment s’est passée ta journée? demanda Raindrops qui venait d’atterrir à ses côtés.
-Très bien! Pinkie Pie m’a offert des muffins pour lui avoir apporté son livre de recettes en avance, lui confia la pégase grise.
-Je suis contente pour toi, vraiment. Ça fait des jours que tu nous répètes sans arrêt que les patisseries du Sugarcube Corner sont les meilleures, que tu oublies d’y passer après le travail et que tu t’en plains le lendemain... lui rappela sa collègue citron.
-Ah oui, rigola l’intéressée alors que ses yeux dérivaient dans deux directions opposées. Bon, excuse-moi, il se fait tard, ma fille va s’inquiéter. A demain!» s’excusa-t-elle avant de prendre son envol.
Vous êtes censé en connaître les caractéristiques, mais faisons quand même un point rapide.

 On ouvre les guillemets avant les premières paroles rapportées et on les ferme juste après les dernières.
 On passe à la ligne et on place un tiret avant un changement d’interlocuteur, sauf pour la première réplique où les guillemets remplacent le tiret.
 Les propositions incises sont incluses dans les guillemets, sauf la dernière si elle suit la dernière réplique. De plus, elles ne commencent jamais par une majuscule.
 Les points précédant une proposition incise se transforment en virgules. 

 
Système anglo-saxon
Celui-là, vous ne l’avez peut-être pas croisé sur les bancs de l’école, mais il est très présent sur internet. La quasi-totalité des fics écrites en anglais l’utilisent, donc il ne devrait pas vous être inconnu non plus.
Ici, les guillemets sont de petites virgules “ ”, plus discrètes mais tout autant efficaces.
Exemple:
“Bonsoir Derpy! Comment s’est passée ta journée?” demanda Raindrops qui venait d’atterrir à ses côtés.
“Très bien! Pinkie Pie m’a offert des muffins pour lui avoir apporté son livre de recettes en avance,” lui confia la pégase grise.
“Je suis contente pour toi, vraiment. Ça fait des jours que tu nous répètes sans arrêt que les patisseries du Sugarcube Corner sont les meilleures, que tu oublies d’y passer après le travail et que tu t’en plains le lendemain...” lui rappela sa collègue citron.
“Ah oui,” rigola l’intéressée alors que ses yeux dérivaient dans deux directions opposées. “Bon, excuse-moi, il se fait tard, ma fille va s’inquiéter. A demain!” s’excusa-t-elle avant de prendre son envol.
Des similitudes, mais aussi des différences avec notre système:

 Des guillemets tout le temps, qui encadrent uniquement les paroles rapportées.
 On passe aussi à la ligne, mais les tirets disparaissent.
 Les propositions incises sont désormais exclues des guillemets.
 Même règles pour la ponctuation et les majuscules.

Voilà, faites votre choix, et tenez vous-y. Il en existe d’autres, bien sûr, mais ceux-là servent à éviter les horreurs types théâtres (alias je n’ai pas assez de style pour écrire une proposition incise pour préciser qui parle) du genre:
Raindrops: Bonsoir Derpy! Comment s’est passée ta journée? *atterrit à côté d’elle*
Si vous écrivez quelque chose comme ça, vous tuez votre fic. Les dialogues théâtres ne sont utilisés qu’au théâtre! Si vous vous entêtez, alors on s’attendra à une vraie pièce avec des scènes, des actes, des didascalies, des décors, des costumes et le public qui râle.
 
Orthographe
La critique qui revient le plus souvent concerne les fautes. L’orthographe en elle-même ne modifie que le confort de lecture et non la qualité de la rédaction, mais c’est déjà énorme. Tout ça parce que les lecteurs exigeants, donc susceptibles de vous fournir un avis détaillé constructif, remarquent quasiment toutes les fautes. Leur regard “accroche” chaque erreur et le rythme s’en trouve cassé.
Exemple :
Les larmes de Raindrops se mêlaient à la pluie qui fouettait son visage. L’étalon de son coeur se tenait juste devant elle, sa silhouette foncée se fondant avec le paysage nocturne. S’il partait, elle ne le supporterait pas. Incapable d’avancer plus, elle forma un porte-voix avec ses sabots et cria de tous ses poumons, la lune et son amant seuls témoins de cette scène déchirante:
“Mais... je t’aimez!”
Et boum! Toute l’atmosphère vole en éclat à cause d’un imparfait foiré.
Si votre histoire tient la route et est bien racontée, mais parsemée de fautes, on vous dira que c’est dommage à cause des fautes. Et si même le fond n’est pas au rendez-vous, alors là...
a contrario, une histoire plate, fade, au style simplet, mais digne du lauréat du Concours de Dictée International aura droit à des “Au moins, l’orthographe est irréprochable”.
Bref, débrouillez-vous, mais soignez votre orthographe.
 
Conjugaison
Si vous utilisez des verbes dans votre fic (ce qui est assez probable), choisissez bien le temps et le mode. Un texte peut être soit au passé, soit au présent.
Passé
Couramment utilisés, les temps du récit sont l’imparfait, le passé simple, le plus-que-parfait, le passé antérieur, le conditionnel présent et le conditionnel passé. Souvent privilégiés par les auteurs, il n’est cependant pas rare de trouver un passé composé qui s’est sournoisement faufilé. A bannir.
Techniquement, le subjonctif imparfait devrait être utilisé, mais beaucoup lui préfèrent le subjonctif présent, moins lourd bien qu’incorrect.
Exemple:
Il tint à remercier la jument avant qu’elle ne parte.
Il tint à remercier la jument avant qu’elle ne partît.
Yup, la formulation correcte est la deuxième, bien moche.
 
Présent
Ces temps-là, dits de l’énonciation, sont le présent de l’indicatif, le futur simple, le passé composé, le futur antérieur et le conditionnel présent. ll est aussi possible de placer des imparfaits, sans en abuser. Par contre, le passé simple est proscrit. Et bien sûr, subjonctif présent.
D’habitude réservé aux dialogues, le présent peut habiller un récit dans certains cadres particuliers, comme le journal intime.
Ou alors vous innovez. Pourquoi pas un texte entièrement au futur telle une prophétie, ou une fic à l’infinitif genre recette de cuisine? Vous êtes libres, mais n’oubliez pas que les maigres points gagnés en originalité risquent fort d’être perdus autre part. Car une idée originale mal exploitée, ça ne pardonne pas.
 
Après
Ca y est, vous l’avez fini votre chapitre avec vos personnages, vos lignes de dialogues percutantes, votre intrigue de fou, votre cliffhanger final. Vous n’avez qu’une envie, créer un beau topic et le voir noyé de commentaires.
Ca se comprend. Et c’est justement parce que nous comprenons que nous vous donnons un conseil de plus : ne postez pas tout de suite. Laissez reposer. Oui, comme pour un plat. Je vous explique : quand vous sortez de votre écriture, votre cerveau est encore en mode création. Il fourmille d’idées, de pistes, de plans. C’est très bien pour écrire. Moins pour poster.
Quand vous avez fini votre chapitre, quittez toute activité d’écriture. Allez faire un tour dehors, glandez sur Google, allez voir des sites sur la reproduction animale. Bref, laissez refroidir votre petite tête. Attendez plusieurs heures, et non pas 20 minutes, sinon ça ne sert à rien.
Il est même mieux de laisser s’écouler au moins une nuit entière pour relire votre écrit le lendemain, une fois que vous serez assez réveillé.
Dites vous que les gens peuvent attendre quelques heures voire quelques jours de plus (d’où l’importance de ne pas vous être imposé de délai), surtout dans le cas d’un one shot ou d’un premier chapitre, que personne n’attend.
Ensuite, relisez une enième fois votre fic. Et là surprise ! Toutes les coquilles, les oublis, les fautes de temps vont vous sauter aux yeux. Parce que votre cerveau sera passé de la création à la correction.
Ca se fera tout seul : laissez juste le temps à vos neurones de se configurer.
En plus, vous pourrez en profiter pour faire une ultime retouche, clarifier ce qui était obscur, rajouter de la description ou des émotions. Bref, booster votre fic.
Ces ultimes retouches apportées, vous pouvez passer à la dernière étape pré-publication, j’ai nommé le betareading. Sous ce nom abscons se cache tout simplement l’idée extrêmement simple de confier votre texte à un volontaire qui la lira avant les autres et qui vous donnera un premier avis. Un beta-lecteur peut-être n’importe qui : vos parents, votre frère, un ami...néanmoins pour éviter un avis biaisé, préférez l’utilisation d’un service de betareading professionnel. Le terme est peut être un peu fort mais il décrit bien cette communauté qui a décidé de donner un coup de main à tous les auteurs qui le souhaitent. L’avantage étant qu’au bout de quelques échanges, votre betareader connait votre style, pointe plus facilement vos défauts et vous aide à vous améliorer assez rapidement.
C’est du coaching en bref.
Attention, votre beta n’est pas là pour écrire à votre place non plus.
Vous devez malgré tout fournir l’essentiel du travail, il n’est là que pour vous aider à poser les dernières couches de vernis avant la publication.
N’attendez pas trop non plus avant de livrer votre chapitre. Vous y verrez de toute façon toujours un défaut, un petit quelque chose qui ne va pas que vous voudrez modifier.
Je ne dis pas qu’il fasse abandonner tout perfectionnisme mais l’important est d’être lu et bien lu. Vous ne le serez pas si vous ne publiez pas.  
Autre point très important : ne publiez votre fanfiction que quand elle est achevée, que vous n’avez plus rien à modifier. Si vous envisagez de prendre un bêta-lecteur (il n’y a aucune honte, même les plus grands auteurs du forum demandent à des connaissances de relire leur écrit), ne publiez votre fanfiction que lorsque vous et votre beta-lecteur êtes d’accord sur toute la ligne.
Ainsi, ne faites surtout pas de “version 2”.
Peu importe que les changements soient mineurs, par exemple orthographiques, ou majeurs, c’est à dire tout le déroulement qui est chamboulé : ne le faites surtout pas.
Si les gens voient votre première version et qu’elle est mauvaise, ils n’auront que rarement l’envie de lire la version 2, vous aurez beau faire une très bonne version 2, vous aurez déjà perdu les trois quarts de votre lectorat à cause de votre première version.
Venons-en maintenant au coeur du sujet, j’ai nommé : le lectorat. Sachez avant tout que c’est un monde complexe : vous retrouverez côte à côte lecteurs chevronnés et débutants, routards de l’écriture et simples curieux. Néanmoins, un forum ou un site étant ce qu’il est, vous devriez rapidement savoir si le commentaire posté sur votre fic émane d’une personne qui a l’habitude de critiquer les fanfics avec un avis construit ou juste un troll de passage. Car le lectorat en a aussi. Généralement peu, mais il arrive d’en croiser.
Je ne vais pas vous mentir : même les gros auteurs aiment avoir des commentaires. Ca prouve qu’on est lu et bien souvent, qu’on est aimé. Je suis le premier après une update de fanfic à presser la touche F5 comme un forcené. Cela dit, il faut être extrêmement prudent avec les commentaires.
Ecrire pour avoir des commentaires est un erreur. Bien des auteurs débutants dont la fic grouille de commentaires pensent avoir du succès, ce qui d’un certain point de vue, n’est pas totalement faux. Mais popularité n’est pas nécéssairement synonyme de qualité. Je ne citerai que les innombrables fanfics publiées sur Skyblog ou des fandoms ultra-populaires, type Harry Potter sur fanfiction.net.
Le risque étant que l’auteur, le plus souvent jeune auteur, se grise de cette affluence de commentaires et en veuille toujours plus.Dans ce cas, il va tomber dans le piège pervers de la fanfic : donner au public ce qu’il veut.
Soyons clairs : vous et seulement vous êtes le maître de votre fanfic. Si un de vos lecteurs, dans votre fic d’aventure vous pousse à shipper ensemble Twilight et Rainbow Dash, considérez bien la chose. Si ça peut apporter de la chair à votre histoire, pourquoi pas ? Si c’est pour faire du fanservice et espérer attirer les fans du Twidash vous dénaturez votre scénario.
Poussons la réflexion un peu plus loin : l’autre souci des commentaires positifs, c’est que l’auteur en voudra toujours plus. Je sais dit comme ça, on à l’impression que je vous parle d’une nouvelle forme de cocaïne. Mais quelque part, je pense qu’on peut qualifier ça d’addiction. En un sens c’est normal, l’être humain est une créature orgueilleuse qui aime être complimentée. C’est tout à fait humain. Mais dans cette cascade de compliments, l’auteur va finir par s’enfermer dans une bulle, où il se considère comme le meilleur écrivain de tous les temps, digne des plus grands, qui devrait publier physiquement ses écrits. Comment lui donner tort ? Ses trois-cents commentaires sont unanimes !
Mais observons ces trois-cents commentaires d’un peu plus près voulez vous ? Appartiennent-ils à trois-cents personnes différentes ? C’est bien rare.La plupart du temps, nous avons affaire à un petit comité de fans qui s’auto-nourrit. Typiquement, l’auteur 1 laisse un commentaire chez l’auteur 2 non pas tellement parce que l’histoire est bien mais surtout parce que 1 espère que 2 va lui renvoyer l'ascenseur.
Ce comité va tourner à vide, n’apportant aucune critique constructive. Comité qui devient violent dès qu’on brise leur bulle d’illusion. Faites un petit test pour moi voulez vous ? Allez sur fanfiction.net, dans un des trois fandoms les plus courus  (soit typiquement Harry Potter, Twilight et Naruto). Trouvez une histoire perfectible. Je n’ai pas dit une histoire horrible mais une histoire perfectible. Une histoire de débutant avec ses clichés et ses défauts. Regardez les commentaires. Abreuvez-vous des pages et des pages de reviews typées “c’est trop bien, continue” et postez votre critique. Ne soyez pas mordant, pointez simplement les erreurs que n’importe qui verrait.
Et attendez. Croyez-moi, vous ne serez pas déçu du résultat.
Toute cette digression concerne sans doute plus la fanfic en général que la fanfic MLP mais il me semblait important de la faire. D’ailleurs, puisque on est là dessus, j’aimerai préciser une autre chose. Nous sommes une communauté de fans de MLP. Pour beaucoup, le love & tolerance s’applique partout et la règle de base sera : quoique vous voyez, aimez-le.
Et bien non. Si la fic en face de vous est mauvaise, il faut le dire. Il faut crever cette bulle d’illusion dont j’ai parlé plus haut. Oui, ça ne sera pas agréable pour l’auteur mais il lui faut un choc extérieur, qu’il se rende compte de ses faiblesses afin qu’il les corrige pour plus tard.
Toutefois : argumentez, donnez des exemples. Ne vous contentez pas de dire “c’est de la merde” (vous avez le droit de le penser cela dit), votre avis ne sera pas pris en compte et sera de toute façon inutile.
Ca vaut aussi pour les auteurs plus expérimentés : pointez leurs erreurs jusqu’à ce qu’elles disparaissent. Les écrivains eux-mêmes vous en seront reconnaissants.  
Je résumerai mon avis sur les commentaires ainsi : une critique positive fait toujours plaisir. Mais seule une critique négative fait progresser l’auteur.
 
Conclusion(s) des auteurs du tutoriel
Ecrire une fanfic n’est pas une chose simple, pas plus que peindre un tableau ou jouer d’un instrument de musique. C’est de l’art. Ca demande de l’investissement et du travail. La recette magique est simple : grattez du pixel encore et encore, peaufinez vos histoires et le succès viendra.
Vous n’aurez peut-être pas autant de commentaires que si vous aviez pondu un lemon Twilight c’est certain.
Mais vos reviews seront mille fois plus profondes et vous réchaufferont le coeur quand vous poserez les yeux dessus.
Et est-ce que ce n’est pas ça au fond le plus important ?
Bro-Nie
Gardez en tête que ce tuto n'est pas une liste de règles à suivre à tout prix, mais des conseils. Qu'on vous conseille fortement de suivre. Mais sachez garder une certaine indépendance vis-à-vis de tout ça.
Et au final, si tout se passe bien, vous aurez la satisfaction d'avoir apporté votre pierre au gigantesque édifice qu'est le fandom.
Si ça se passe pas bien, par contre, il y a au moins trois types qui vont vous coller leur travail dans la tronche.
Iron Pony Maiden 
Bon, nous voilà arrivés à la fin de huit mille mots de conseils, règles, définitions... et tout ça pour quoi? Bien écrire.Oh, je ne me targuerai pas d’être une référence dans le domaine de la critique littéraire, et chaque phrase que j’ai écrite n’engage que moi (et malheureusement, je ne pourrais plus vous dire avec certitude qui a écrit quoi).Je vous vois venir : et si je me trompais? Et si ce que je considère comme bon est en fait de qualité exécrable? Ce à quoi je répondrai: l’art est subjectif, donc je ne sais pas.
Alors, à quoi sert ce tutoriel?La réponse est dans le titre du sujet et dans le nom du forum: Faire une fanfic, publié sur le forum French Brony.
Je ne sais pas si vous avez du talent, si vous avez le potentiel de devenir un “grand”, ou si au contraire vous êtes aussi doué qu’une mangouste lobotomisée. Et je m’en fous.Tout ce que j’ai à vous offrir, c’est un ensemble de règles arbitrairement dictées qui définissent une bonne fanfiction sur French Brony : suivez ce tutoriel à la lettre et vous serez acclamé par le forum. Sûrement pas tout le forum, certes, mais une bonne partie.Formatage, conformisme? Oui.Entrave de la créativité? Peut-être bien.Mort de l’esprit artistique? A vous de voir.
Est-ce que je semble imposer ma vision des choses? Ne serai-je pas en train d’introduire un système de valeurs dogmatique? C’est possible, mais je ne me base pas sur mes propres goûts.Chaque remarque de ce document est une solution pratique à des comportements qualifiés d’erreurs de débutant par nous, lecteurs. Des néophytes écrivent une demi-page vide et nous demandent un avis qu’on ne peut donner? Soit : qu’ils écrivent un minimum de x mots. D’autres avancent au feeling et se perdent en route, abandonnant leur travail et leur public? Très bien : qu’ils construisent un plan.Ce tutoriel peut donc se résumer à une synthèse des attentes du lectorat de French Brony, synthèse que j’espère la plus fidèle à la majorité de la communauté. Si vous m’accusez de prostitution, ne vous gênez pas. Mais en retour, laissez-moi vous poser une question : si les réactions du public vous indiffèrent et que votre méthode est la meilleure... vaut-il le coup de poster votre fanfiction sur French Brony?
Mon but n’est donc pas de faire de vous un artiste, comprenez-le bien. Et si demain, vous publiez une histoire que la totalité du forum adore à l’exception de moi qui la déteste, alors je vous féliciterai sincèrement.
C’est tout le mal que je vous souhaite.
Dimirah

Nouveau message privé