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Description & sensations Aller aux commentaires
25 juillet 2014

Un titre un peu pompeux, mais de temps en temps, c'est bien de pas se moucher avec la cuillère en argent du coude.

 

Ce soir donc, nous allons parler de description et de sensation. Ben oui, comme indiqué dans le titre, dites-donc, c'est fou, ça.

 

Le camarade citoyen Vuld avait un petit peu traité le sujet ici : https://mlpfictions.com/blog/46/une-question-de-detail

 

mais j'avais envie de vous parler d'un petit truc d'écrivain qui marche bien, à propos de la description sensorielle.

 

Est-ce que vous connaissez Lovecraft ? L'auteur américain ?

Si vous avez un peu de culture de littérature horrifique, je pense que oui. Si vous avez un peu de culture geek, sachez que c'est le papa de ce brave Cthulhu. Et si vous n'avez pas de culture du tout, sachez juste que c'est un monsieur qui écrivait sur des humains rendus fous par des monstres bien méchants. En gros. Je me vais tuer par n'importe quel lovecraftophile, mais n'afout', je vulgarise.

 

Ce qu'il faut savoir, c'est que Lovecraft était très bon pour installer une ambiance, vous faire ressentir que quelque chose ne tourne pas rond, et qu'il y a trois monstres tapis dans l'ombre qui aimeraient bien vous tentaculer l'arrière-train. Le tout, en s'appuyant sur un autre type de description que celle dont à l'habitude de voir ici et là.

 

Je m'explique. Quand on veut décrire une scène, on a tendance, et moi le premier, à dire ce que l'on voit. A parler du héros qui entre dans le hall, qui voit la plante en pot, le tapis rouge et les rideaux de dentelle. C'est bien. Dans la majeure partie des cas, c'est suffisant pour se représenter la scène, et c'est le minimum qu'on demande à un auteur. Mais il est intéressant d'aller au delà.

 

Il faut partir du postulat où votre héros n'est pas qu'un être de papier. Que c'est un être vivant, du moins autant que se peut, qu'il a des émotions, et des sensations. Si vous arrivez à retranscrire ces sensations dans votre texte, vous aurez franchi un pas vers le réalisme (ou la vraisemblance) de votre histoire.

 

Prenons une situation : votre héros entre dans une grotte abandonnée. Vous allez naturellement parler de l'obscurité, des chauves-souris qui s'échappent vers la lumière, bref, de tout ce que le personnage voit quand il entre dans la caverne. Maintenant, demandez vous ce que vous ressentiriez vous, à sa place. Fait-il froid dans la grotte ? Oui ? Alors parlez des frissons qui parcourent son échine, et de sa chair de poule. Est-ce que la caverne sent mauvais, est-ce qu'il y a de l'eau ? Parlez des odeurs qui lui piquent le nez, parlez de sa perception de la rivière souterraine qui coule au loin. Parlez des gouttes d'eau qui tombent une à une, le long des stalactites.

 

Etc, etc.

 

L'important est de se représenter la scène à la perfection, de la vivre, avant de la retranscrire sur papier.

Bien sûr, vous n'êtes pas obligé de lister à chaque fois les cinq sens à chaque scène. Ce serait finir par tourner en boucle, et devenir quelque peu lourd. Mais dans votre prochaine description, essayez de rajouter un sens en plus de la vue. Juste un seul, de votre choix. Faites prendre du relief à votre texte, donnez lui de la chair, rendez-le vivant.

 

En bref, créez plus loin. Et vous créerez mieux.

 

PS : un dernier mot. Il existe une vieille théorie, qui déconseille d'écrire si on a pas soi-même fait l'expérience en question, de façon à pouvoir décrire au mieux ladite expérience en mots. La théorie est assez louable. Mais elle montre assez vite ses défauts : à moins que vous ne le souhaitiez absolument, je vous déconseille de partir aujourd'hui en Syrie les armes à la main, pour revenir compléter le chapitre de votre roman qui se passe à la guerre.

Sans même prendre un exemple aussi fort, je ne pense pas que beaucoup d'écrivains de clop aient eu des expériences sexuelles avec des poneys colorés qui parlent. Ou alors j'ai raté un truc et c'est pas sympa de m'avoir tenu à l'écart les copains.

 

L'important est de se mettre dans la peau de votre personnage, de ressentir à travers lui, de devenir lui. Un peu comme au théâtre. De cette façon, vous devriez avoir moins de mal à écrire votre récit de space opéra, même si vous n'êtes pas Dark Vador lui-même (et sachez que j'en suis navré.)

 

Je pense développer ma technique d'imprégnation dans un billet futur. Mais on s'arrête là pour ce soir.

 

Merci de m'avoir lu. Et si vous ne m'avez pas lu, sachez que c'est dommage, j'ai parlé de clop. Mais je vous aime quand même.

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BroNie
BroNie : #2646
@Vuld.

Oui, je compte bien développer la technique d'imprégnation. Mais, faut encore que j'y mette de l'ordre, ça tient plus de la théorie/technique un peu personnelle pour l'instant, faut que je trouve comment bien l'expliquer. Mais en revanche, je ne pense pas que comprendre "faire à sa place" soit si nuisible. Bien sûr, si on réfléchit de façon ordonnée, avec ton exemple (un peu creepy d'ailleurs oO), si on se dit qu'il faut rester terré dans le placard pour pas se faire voir, attendre une ouverture pour appeler la police, oui, y a un risque de "déviance". Bien que paradoxalement, l'intertie littéraire est très souvent, bonne en soi. Argh, encore un point à développer plus tard. Je conclus.

Mais si l'auteur a réussi à suffisament devenir son personnage, à réfléchir comme lui dans cette situation donnée, le risque de déviance est gommé puisque les réactions seront celles du personnage. Donc, je ne sais pas, une possibilité de craquer, d'éclater en sanglots, et de se faire chopper par l'assassin.



@Sangohan

Après on entre là dans un domaine plus technique. Y a des tas de moyens d'écrire sans sembler trop lourd : les synonymes les premiers, certains effets et tournures, comme la gradation, le rythme ternaire, et bien d'autres.
Je pense par contre, au risque de répéter un peu ce que je disais dans le billet, qu'il n'est pas nécéssaire à chaque fois de détailler les cinq sens. En associer un ou deux à l'habituelle description visuelle permet d'entrer dans le domaine recherché, sans être trop "listeur" et pesant.
Il y a 4 ans · Répondre
Sangohan38
Sangohan38 : #2609
D'accord, il faut décrire ce qu'on ressent et pas seulement ce que l'on voit.
Mais quels informations sont utiles pour ne pas paraitre trop lourd ? Quelles sont les possibilités de tournures pour varier les descriptions ?
Il y a 4 ans · Répondre
Vuld
Vuld : #2607
J'espère bien que tu développeras, il y a tant à dire -- et à illustrer.
J'aimerais surtout savoir comment tu conseillerais aux gens de "se mettre dans la peau du personnage". J'ai l'impression qu'il y a un véritable piège qui attend là le débutant, s'il s'y prend mal.

Le risque est qu'il comprenne "qu'est-ce que je ferais à sa place" et non pas "qu'est-ce que je ressentirais à sa place".
Je m'explique.
Imagine une scène lambda, un meurtrier arrive et tue le pôpa, donc la maman cache l'héroïne dans le placard et tout ça. Et là on demande à l'auteur de "se mettre à la place" de la pouliche.
S'il comprend "qu'est-ce que tu ferais", il va faire ce qu'il aurait fait de toute manière. "Je me cache et je ne fais plus de bruit." "J'essaie de voir ce qui se passe." Et ensuite on tire à pile ou face si on veut du drama.
Mais quelle question devrait-il se poser pour se mettre à penser "c'est un placard, ça doit être étroit, c'est plein d'habits, est-ce que mes mouvements font s'entrechoquer les cintres ? Ce doit être sombre, le placard est en bois ? Ça sent comment là-dedans ?"
Toutes ces questions n'ont pour lui aucune importance, ce qui l'intéresse c'est de tuer la môman et de traumatiser l'héroïne. Comment faire pour qu'il se concentre sur le contexte ?

Parce que s'il n'y pense pas, alors il ne saura jamais quand appliquer les autres sens, ni pourquoi.
Il y a 4 ans · Répondre

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