Vous inquiétez pas, le titre fait peur, mais l’article est pas méchant.
Je me suis rendu compte que je vous avais pas encore parlé d'inertie littéraire, ce qui est très mal. On va s’y attarder un brin dans ce billet.
L’inertie littéraire est un terme que vous ne retrouverez nulle-part dans des traités de littérature pour une raison très simple : à ma connaissance, je suis le seul à utiliser ce terme là. Le concept lui-même existe, et je suis près à parier qu’il a un nom officiel. Mais ayant pris le pli d’appeler ça de l'inertie littéraire, je suis persuadé que c’est le mot que j’emploierais jusqu’au bout. Dans la même logique des choses, sachez que pour moi, la Reine des Neiges dans l’univers de Fables s’appele Elsa à cause de Frozen, et n’afout’ si c’est pas la même.
Je m’égare.
Ah, et en préambule, je sais bien (et je le précise car je vous vois déjà, camarades physiciens, bondir sur vos claviers) que je détourne totalement le concept d'inertie de so sens newtoonien. C’est pas ma faute, la première fois que j’ai découvert le mot inertie, c’était dans la BD de Picsou sur les rayons des Rapetou, et j’ai compris le truc de travers. Depuis c’est resté.
Et maintenant qu’avant même d’expliquer, je viens de confesser que j’utilise le mauvais mot pour illustrer un concept qui n’a rien à voir et que je me suis bien savonné la planche, on y va !
L’inertie littéraire, c’est le nom que je donne au fait suivant : avant d’écrire, rédigez un plan de votre fanfic. Tracez y les grandes lignes, les évènements, les personnages, leurs relations, bref, faites un résumé.
Ensuite, écrivez votre fanfiction.
Quand le point final est apposé, reprenez votre plan initial et amusez vous à voir tout ce qui a changé. Y a des chances pour que vous ne reconnaissiez plus rien.
La raison en est assez simple : l’inspiration va & devient, on peut avoir soudainement de nouvelles idées, et partir sur quelque chose de totalement différent.
C’est d’autant plus vrai qu’on rédige une longue fic, qui prend du temps, durant laquelle on lit aussi d’autres auteurs, on pioche des idées à droite à gauche.
Par exemple, en pleine rédaction de votre récit épique de Fancypants sauvant Equestria de la damnation éternelle (on aime pas assez ce gars-là. Alors qu’il est cool, et qu’il a une moustache), vous vous attardez sur le récit d’un de vos camarades auteur, qui décrit la liaison déchirante entre son OC et Spike (on aime pas assez ce gars-là. Alors qu’il est cool, et qu’il a une moustache). Si vous vous amusez à placer son OC en caméo dans votre fic, par exemple, en le décrivant attablé dans un restaurant où passe Fancypants.
Vous aurez subi ce que j’appelle de l’inertie littéraire. Le récit a avancé “de lui-même”.
Rien ne prédisposait cet OC à apparaître là. Mais vous l’avez fait, et vous avez modifié le cours de votre histoire pour y inclure le personnage.
Il n’y a d’ailleurs pas nécessairement besoin d’une influence extérieure. D’une manière plus générale, j’appelle “inertie littéraire” toute évolution entre le plan de base et le résultat final.
Pour donner un exemple peut-être un peu plus précis, j’ai fouillé dans mes vieux brouillons et j’ai trouvé un bout de plan d’une des scènes de B.A.Z, celles de la cutieanera. Je retranscris ici en tapuscrit un bout du plan en question :
Ici, je vous C/C la version finale (mais en abrégé, rassurez vous), de cette scène, comme vous avez pu la lire dans la fic.
L'attention du professeur fut attirée par une belle enveloppe, frappée du sceau officiel de la Chancellerie. Regal l'ouvrit sans attendre.
Monsieur le professeur Regal.
[...] Nous aimerions vous rencontrer personnellement à Manehattan afin que nous puissions discuter de vive voix de votre discipline et envisager de vous intégrer au personnel scolaire de l'académie. Nous comptons sur votre présence dans nos locaux dans l'après-midi du jeudi qui vient.[...]
Le délégué à l’Éducation auprès du Chancelier Strawberry et recteur de l'académie supérieure de Manehattan.
Regal eut du mal à se retenir pour ne pas danser de joie sur son bureau. [...]
Une minute... ce jeudi après-midi ? Mais c'était le jour des retenues ! Regal ne pourrait pas être à son rendez-vous de Manehattan, à moins que...
La licorne leva la patte pour attirer l'attention de Celestia qui était dans les dernières à quitter la salle de classe.
_Mademoiselle Celestia, lui dit Regal d'un air le plus neutre possible, j'ai bien réfléchi à votre retenue de jeudi prochain et j'ai décidé de la décaler à la semaine suivante.
[...]
_Allez, filez maintenant, lui ordonna Regal en lui désignant la sortie du sabot. Vous avez des devoirs à me rendre demain, alors faites-les au plus vite.
Ce ne fut que lorsque Celestia fut sortie de l'école qu'un petit sourire de satisfaction vint briser son masque de quiétude. Passer toutes ces heures à tourner les mots pour faire une vraie-fausse lettre de l'académie avait payé on dirait. Comme d'arriver à trouver un tampon ressemblant assez à celui de l'institution pour faire illusion d'ailleurs.
L’idée principale reste la même : Celestia rédige un faux pour obliger son professeur à décaler sa retenue. Mais si j’avais originellement prévu que le faux soit une convocation au palais pour un entretien d’embauche, j’ai modifié cette idée, la transformant en entretien à la Chancellerie des terrestres. Car pour des raisons de cohérence, et de logique propre à B.A.Z, il me semblait plus logique que l’Education Nationale dépende des poneys que des licornes. Mais on s’éloigne là du sujet.
Amusez vous à reprendre les topics des fics sur les forums, dès que ces dernières sont un peu épaisses (car nécessairement plus longues à écrire et donc plus sujettes à être modifiées entre le plan et le résultat final), et vous verrez que bien souvent, l’auteur avoue avoir bifurqué en cours de route, fait un autre choix de personnage, cela quelquefois modifiant le récit du tout au tout.
Tout cela pour vous dire de ne pas vous inquiéter si en pleine rédaction, vous vous apercevez que ça n’a plus grand chose à voir avec ce que vous vouliez faire originellement. La plupart du temps, vous allez corriger les défauts de base, sans même vous en apercevoir. Vous allez peaufiner votre travail. Nous avons l’avantage d’écrire sur PC, où tout est facilement retouchable, il faut en profiter.
Laissez l’inertie littéraire faire son boulot, vous verrez, elle est sympa.
PS : et je maintiens que pour Fables, Elsa c’est mieux que Lumi.
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C'est pratique si, comme moi, on a tendance à ne pas trop s'attarder sur le plan et à attaquer l'écriture assez rapidement.
Pour les os, je choisi un personnage et je crée une histoire autours de lui, sans place une idée qui a ete mûrement réfléchie, tien et si je fessait sa, oui sa me plait et je le fait.
Je fais ça pour deux raisons. La première, c'est parce que je suis un fainéant pas possible, la seconde, c'est justement parce que je laisse faire ce principe d'inertie et que je me contente de point simplifié pour pouvoir me laisser le libre passage.
Pour éviter tout problème par la suite, je note un résumé de ce que j'ai écrit entre chaque point pour éviter toutes incohérences.
Oui, l'inertie c'est fantastique, ça te fait pop des idées que tu n'aurais jamais eu si tu t'étais posé et que t'y aurais logement réfléchis. Pour me prendre en exemple, une énorme partie de ma fic est basé sur ce concept, je prends ne serait ce que Palette Swap, pas du tout prévue, inséré vite fait comme un simple caméo, mais elle est finalement venue enrichir mes projets pour l'évolution de Drawlife. Mais ma plus grosse inertie, ça reste Sweetie Belle ; punaise cette gamine s'est tapé une incruste du tartare et maintenant je me sens obligé de la mettre partout.
L'ennuie, et c'est là que parfois je la maudis cette inertie, c'est qu'elle pousse à ne pas la prendre complètement comme elle vient, je dois la penser, la juger, voir les répercussions qu'elle peut avoir sur l'avenir, ou pire, devoir reconsidérer des moments déjà écrit. C'est long, très long, et quand ça pope, ça peut ne jamais partir, ça me supplie d'être implanter et ça me fait changer un pan complet de mon scénario. Si je mets des mois à écrire un chapitre, c'est bien à cause de ça. Et c'est aussi à cause de ça que j'ai dut faire un histogramme complet pour ne pas perdre toutes mes idées germé de cette manière.
En définitive, sur un One Shoot, l'inertie c'est super cool, t'as limite pas à la juger, tu la teste direct, et tu as vite fait de revenir dessus pour la peaufiner et la juger. Dans un récit sur plusieurs scénarios ... ça dépend vraiment où elle tombe. Si c'est sur un truc pas lié à la trame principale, ça va, si c'est en plein dessus, ça peut être le drame.
Ce genre de choses qui font qu'on a l'impression que nos personnages vivent et qu'ils veulent agir par eux-même...
C'est beau ! Non ?
Bon il faut avouer qu'avec du recul c'est quand même amusant de voir ce qu'un projet achevé est en comparaison de ce qu'il aurait dû être.
Mais quand même, cette histoire d'inertie, moi je lui fais un peu la gueule, et préfère lui tordre le cou pour me tenir à mes plans de base.
Pas de terme technique à ça à ma connaissance, j'ai juste souvent entendu un auteur dire qu'il a laissé le texte le guider et que c'est même comme ça qu'il a besoin d'écrire, pour que le texte "vive".
Cela dit...
J'avais pensé à reparler du plan à propos de "Déesses". Le texte fait 4 chapitres, 30 pages, c'est plutôt court et pourtant entre le plan de départ et le résultat c'est le jour et la nuit.
Un bête exemple d'adaptation du plan (d'inertie littéraire on peut dire), c'est la fin du chapitre 3. Celui-ci prévoyait un combat contre Trimanail, monstre lambda qui enrageait les dragons à l'ouest. Je me suis dit que Trimanail était un peu gratuit et qu'en gros ça aurait pu être Patarsors et ses screums ça aurait été pareil.
J'ai donc adapté en me disant "eh, why not Spike?" et en soi l'idée est cool, ça rend bien et ça m'aide même pour la fin.
Le problème c'est que le texte n'avait pas du tout planifié un Spike. Du coup on a un dragon qui tombe du ciel (ah ah). En gros j'ai eu la flemme de revenir sur les premiers chapitres pour l'introduire correctement, alors que j'avais plein de moments qui auraient pu servir à ça.
Et on me dira qu'introduire les éléments en amont c'est inutile et que j'aurais pu tout expliquer sur le moment, genre Spike en mode "3615 my life" mais justement je rencontre souvent ça dans les textes et j'ai tendance à y voir une mauvaise planification de la part de l'auteur.
Ce n'est plus le dragon qui tombe du ciel, c'est l'explication. Et à mes yeux c'est pas mieux.
L'inertie souvent c'est cool, il y en a toujours un peu et ça rend l'écriture fun. Mais je dois souligner aussi que, si le plan derrière est pas solide, eeeeeeh ça peut faire des dégâts.
À noter aussi que l'écriture sans plan, "freestyle", repose sur l'inertie littéraire. Dans les deux cas ça devient de l'acrobatie sans filet.
Mais oui, il y a parfois du bon de ce laisser porter par sa propre fanfic et s'apercevoir qu'on à écrit un chapitre sur ce qui était prévu pour être un détail mineur.
Uh, uh. Inertie littéraire, quand tu nous tiens.
Ps: il n'y à pas une petite étourderie dans le titre?