Hi'.
Ouais je suis censé être en train de traduire là tout de suite -- le minimum syndical est fait, on est en pause, reprise dans deux heures, ça devrait me laisser tout juste le temps de ne pas pouvoir finir cet article -- oui ça commence à faire beaucoup d'articles en même temps -- je n'aime pas le spam -- et oui je vais critiquer mon propre texte -- j'aime râler.
À l'heure où on parle, PonyCell a 500 vues, deux fois plus que n'importe laquelle de mes autres fics'. 58 votes, 30 favoris, coup de coeur de l'équipe et même avant ça elle avait tellement plu qu'elle se trouvait sur Frenchy Ponies avant même mon arrivée là-bas.
Question d'en rajouter, Evy Eltrian en a fait la lecture : PonyCell - french reading.
Maintenant quelqu'un vient carrément de faire un article dessus -- d'ailleurs ce site, "Fic is not your enemy" a l'avantage d'offrir une jolie ouverture sur les fanfics' d'autres fandoms -- mais bref autant dire que je devrais me sentir fier.
J'en suis fier. Et j'aime bien ce texte. Mais étonnamment je ne peux pas me réjouir de ce succès. En fait, ça me mine un peu le moral.
Pourquoi ?
Pour rappel, PonyCell SA est l'histoire d'un live stream qui prend vie, avec dedans un clone de Fluttershy. Le héros, un "je" aussi transparent qu'un buvard, devient alors spectateur passif d'une course en avant pour, à partir de cet incident, promouvoir ces clones au grand public.
Je l'ai relue ce soir et je dois lui laisser ça : ça se laisse lire. Aucune formule difficile, aucun moment compliqué. On est loin d'un "Déesses" qui demande un décryptage à la Enigma. En fait, et c'est un reproche que je partage avec moi-même, le style est plutôt plat, un peu répétitif, assez flemmard. Alors oui, ça colle au fond, c'est pour l'atmosphère, mais littérairement ce texte est aussi intéressant qu'une brochure de gare.
Outre le héros en carton pâte et le style digne d'un fer à repasser, certains ont noté la fin plutôt étrange, qui semble tomber du ciel. Gardez ça en tête pour plus tard.
Mais pour le reste, les gens qui lisent PonyCell ressentent le malaise et ça c'est bien.
C'est dû bien sûr au florilège de détails (cornes, ailes, etc...) qui attire le regard et attise l'imagination, mais c'est dû surtout au silence, aux sous-entendus. Tout ce qui est vraiment révoltant est en général tu, gardé en coulisse. Le mécanisme du texte est au fond une curiosité malsaine, un voyeurisme. Les détails sont là pour suggérer une "Rainbow Factory" en coulisse qu'on ne montre jamais clairement et que le lecteur attend au détour de chaque page. C'était, du moins, l'intention : ne rien dire, tout sous-entendre, laisser l'imagination (et le raisonnement) faire le reste.
L'imagination a fait le reste, et le texte aidant, les gens se sont persuadés que PonyCell était une critique de la société. La plupart des commentaires vont dans ce sens, y compris quand les gens disent que l'univers de la fiction est le nôtre, ou que c'est réaliste, etc...
Oui, c'est vrai. Je me suis effectivement renseigné, j'ai cherché un certain réalisme. Reliance existe vraiment, le résumé du texte est inspiré presque mot pour mot d'une question sur leur site. L'ICMR existe aussi, et si Dambo est fictif (le nom d'un brony à qui on avait volé sa statue de poney en bois et qui s'était filmer en train de la récupérer) son champ de recherche est réel également.
Donc je critique le clonage ? La société ?
Eh bien... non.
PonyCell, à la base, critiquait le HiE. Plus précisément, l'opposition entre un monde humain tout pourri tout méchant tout qui a éteint la lumière et un monde équestre paradisiaque au point que c'est là où tu vas quand tu meurs (non mais littéralement). Cette opposition a le don de m'agacer.
Pourtant, elle est logique. Le but d'une HiE est de pouvoir s'évader. Pas au sens "oh non je veux me suicider lol" mais au sens "les choses peuvent s'améliorer". Imaginer des temps meilleurs, positiver... C'est une pause, un moyen de décompresser, comme une récré'. Et c'est donc normal de laisser derrière nous le monde tout pourri, voire même de le combattre.
La HiE est un moyen de réaffirmer ce qu'on aime, ce qu'on approuve, ce qui nous fait nous lever le matin. Ce qu'on a envie de voir plus souvent dans la réalité.
Et maintenant, un peu de contexte.
Je ne me souviens plus de quand date PonyCell, mais il y a un passage dedans qui est daté qui fait référence au Twilicorn et à la réaction de la communauté.
Durant toute la S2, et encore un peu en S3, la question que je ne croise plus vraiment aujourd'hui mais qui était pressante alors était de savoir si la série était "juste une série" ou "plus que ça". Le "juste une série" a gagné et c'est tant mieux, ça a évité des contraintes, le côté culte. Ouf. Mais ça a causé pas mal de désillusions, d'espoirs déçus. Je suis d'ailleurs toujours partisan du "plus que ça", tant qu'on n'essaie pas de l'imposer.
Le "plus que ça", ce peut simplement être le côté positif. Un îlot de bon sens au milieu du cynisme et de l'actualité. Ça peut aller plus loin, avec l'idée que le brony sera [insérer whatever ici] et, plus loin encore, qu'MLP pouvait rendre le monde juste un tout petit peu, tout tout petit peu meilleur.
Eh.
C'est là le vrai thème de PonyCell. Les clones n'y sont qu'une métaphore. Ce n'est pas une vision de notre monde, c'est notre vision de la série. Une vision où la série n'est vue que comme un produit de consommation, traité comme tel, parce que c'est un produit de consommation, conçu comme tel. Et le côté vivant, le malaise, c'est le "plus que ça". La scène finale, si inexplicable, c'est le "plus que ça", en face à face, qu'on regarde mourir. Oui j'avais toujours le Twilicorn au travers de la gorge. Et la saison 4, pour cool qu'elle soit... n'est pas la même chose.
Les gens aiment le PonyCell qui critique la société, le PonyCell où le monde est tout pourri et qu'on a toujours pas rallumé la lumière.
Eh, tant mieux ! C'est votre texte. Quand je publie un texte, je considère qu'il ne m'appartient plus. Vous en faites ce que vous voulez et vous y voyez certainement ce que bon vous semble. Content que vous ayez passé un bon moment.
Mais vous devez sans doute comprendre à présent pourquoi chaque fois qu'on me dit que le texte est bien, je baisse un peu plus la tête. Le texte qui se révoltait contre une vision très noire de l'humanité, applaudi pour sa vision très noire de l'humanité. Dommage que les idées, les valeurs, les principes, ne soient pas des êtres vivants.
Bon je retourne traduire dans mon coin à présent, il me reste du flex pour quelques heures et j'ai besoin de me changer les idées. On se retrouve à l'occasion et, fanficers,
à vos plumes !
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Problème : j'ai plus internet en ce moment, j'arrive moi même pas à avancer dans mes fictions et pour finir chronomogiquement ta fic est un sacré bordel, et j'ai pas le temps de reprendre la timeline adéquat pour que ça reste crédible.
Donc a l'heure actuelle, faire une suite de mon côté c'est mort, du moins pour le moment.
Chez moi, les clones devenaient conscients. Je n'ai jamais réfléchi plus loin, j'ai imaginé bien sûr les poneys qui se révoltent mais c'était hors de propos.
Je pense qu'une suite de PonyCell traiterait de cette peur de voir la série s'achever. Plus les clones deviennent "équins", plus ils déplaisent (on n'aime pas quand notre animal de compagnie nous dit non). PonyCell arrête la production, les poneys sont stériles, compte à rebours. On serait aux trois quarts du texte, avec le héros, à causer avec Twilight (ou Applejack, pour faire plaisir, Twilight aurait pu fuguer) de ce qu'elle compte faire.
Et elle dirait quelque chose comme "eh, ça a été sympa le temps que ça a duré".
Là encore, bien sûr, personne ne se rendrait compte qu'on parle de la fin de la série. On trouverait PonyCell cruel, les gens méchants, le héros passif et tout ça super triste.
Mais ça c'est mon PonyCell. C'est ma suite. Et je n'ai pas envie que quelqu'un d'autre l'écrive.
J'ai envie de voir les gens s'approprier le texte, sans se soucier de ce que j'aurais voulu, et lui donner la direction dont ils ont envie. Je suis fier de ce texte parce que les gens s'en sont emparés, et même si ma vision des choses n'est pas partagée j'ai envie de voir les gens exploiter l'univers qui leur a plu.
Ça ça me donnerait une impression d'accomplissement...
Donc yup, je serais intéressé de savoir comment toi tu aurais écrit la suite.
Or donc, disais-je avant que mes mots ne soient perdus dans les limbes, si j'ai aimé ce texte ce n'est ni pour sa vision très noire de la société (d'autant que bon, on peut croiser plus noir que du clonage de poney à but marketing), ni pour sa vision très noire du fonctionnement de la communauté (je ne suis pas assez impliquée dans les poneys pour en connaître les subtilités), mais pour la vision très noire de l'état actuel de la fanfiction -- le côté grand public, j'entends. Parce que de nos jours, lorsque tu dis "eh, j'ai trouvé une super fanfiction dans laquelle l'auteur se met en scène avec des poneys", la première chose qu'on te répond c'est "oh, et à la fin, ils baisent ? Comme dans Fifty Shades ?"
A cause de ça, à chaque fois que je tombe sur une fanfic qui ne rentre pas dans ce schéma, ça me déprime. Du coup j'ai fait une petite fiche, effectivement, même si j'ai vaguement l'impression de nager à contre-courant.
Enfin bref. En tout cas, ça me fait plaisir de t'avoir fait déprimer également. Comme ça on est deux, hein...