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À propos de Silence. Aller aux commentaires
13 mars 2016

Hi'.

Maintenant que Silence est fini, je peux enfin revenir sur ce texte.

Deux choses avant de commencer. L'une, j'ai fait un blackout complet sur cette fic'. Je n'en ai parlé à personne, je ne l'ai évoquée nulle part et je l'avais même déclarée en pause. C'est ce qui m'a permis de la mener à terme. Et avouez que vu le titre, c'était approprié. L'autre, je trouve précieux d'avoir l'avis de l'auteur, et comme sur les Chroniques j'aimerais qu'ici plus de gens ayant fini ou sur le point de finir leur saga prennent le temps de faire un article pour nous en parler, leur donner leur point de vue d'auteur. Y compris les plus jeunes.

 

1. Le self-insert

Silence est un self-insert. À l'origine, j'avais vu Silent Scream en page d'accueil et j'ai voulu essayer. Le synopsis me parlait d'un personnage froid et associal, et j'ai donc lu les premières phrases du chapitre six. Non. Non. Ce n'est pas ça, froid et associal. En tout cas ce n'est pas mon expérience.

Au départ, donc, j'avais juste voulu faire un one-shot en reprenant mes souvenirs du lycée-collège. Les deux premiers chapitres sont du pur self-insert. Jusqu'aux chapitres 6-8, le texte se concentre encore majoritairement sur le personnage. Ce n'est que vers ces chapitres qu'on dérive et que l'intrigue elle-même prend le pas.

Silence parle d'un manque de communication.

On n'est pas dans la tête des autres, on n'arrive pas à les comprendre. Ça crée des malentendus, de la méfiance, des disputes. Je passe sur les détails techniques. Le texte propose, face à ce problème, deux solutions. La première, celle de Pinkie : une approche humaine, faite d'émotion, de cercles communautaires et où prime l'intuition (en littérature il y a aussi la notion de "non-savoir", mais passons). La seconde, celle de Twilight : une approche humaniste, faite de raisonnements logiques, de tests empiriques, d'observation froide et où l'esprit critique est une obsession.

Le texte tout entier est à la troisième personne, mais vous pouvez essayer de remplacer tous les "elle" ou les "Twilight" par des "je" et vous verrez que c'est une focalisation interne déguisée. Les premiers chapitres n'hésitaient pas à donner les pensées de Twilight directement. Le style est conçu pour masquer les émotions : présenter un visage insensible derrière lequel fourmillent les émotions. On les nie ou on tente de les ignorer, un peu des deux franchement. C'est ce style, entre autres, qui m'a convaincu de passer du one-shot à la saga.

 

2. L'ellipse

La réplique du "maelström" du chapitre un était gratuite, sans rien derrière, mais je savais déjà pouvoir m'appuyer dessus pour inventer une intrigue. J'imaginais déjà pourquoi elle avait pu dire ça. J'ai continué à tâtonner jusqu'au chapitre trois : typiquement, au chapitre deux, le numéro de téléphone était toujours gratuit et je ne l'ai jamais pleinement justifié derrière.

Le chapitre deux ne m'engageait toujours à rien, mais au chapitre trois je devais me décider : ou m'arrêter à quatre chapitres, ou passer à 12-16 chapitres. Pas question d'en faire plus, je me serais essoufflé. Si je voulais faire plus de quatre chapitres alors il fallait impérativement lancer l'intrigue au chapitre trois (honnêtement c'était déjà un peu tard).

J'ai donc établi mon plan, en douze chapitres (quitte à en faire plus), avec, au chapitre 3, le déclencheur et au chapitre 8 le retournement.

Les chapitres devaient faire huit pages, en quatre parties de deux pages. Vous pouvez vérifier, c'est plus ou moins constant. Le plan général était assez vague et, pour chaque chapitre, j'ai dû passer du temps à le planifier juste avant de l'écrire. Notamment, développer assez de matière pour pouvoir remplir deux pages par partie. Par exemple, au chapitre quatre ce devait juste être le week-end de Twilight avec son frère. Pas assez de matière : Pinkie passe. C'est du remplissage. Même chose pour Brad au magasin. J'ai motivé ça comme j'ai pu mais voilà, quoi, bricolage.

Et bien sûr, tout repose sur l'ellipse.

On change de temps et de lieu à chaque partie, et souvent même d'action également. Parfois il ne s'écoule que quelques heures, parfois un ou deux jours. J'avais, dès le chapitre deux, un plan d'études pour Twilight, et j'ai fait en sorte qu'il y ait une continuité visible, même si au final je n'ai aucune idée du temps écoulé.

L'ellipse est aussi sensible à l'intérieur des parties. On peut s'arrêter sur des détails, mais tout aussi brutalement, en une phrase, expédier le reste du cours. Mais l'ellipse est surtout sensible au niveau de l'intrigue, du discours. Énormément d'informations sont cachées au lecteur. Par exemple, au chapitre dix Pinkie et Twilight passent un accord : Pinkie arrête de lui courir après et Twilight la tient informée sur les expériences. Le lecteur n'a que des bribes et ne peut pas toujours reconstruire le tout : on est en situation de manque de communication, de sous-information. Oui c'est volontaire.

 

3. Icorne

Lorsque j'ai évoqué le maelström, je savais déjà plusieurs choses. Ce serait un prequel. Twilight devrait recevoir Spike. Twilight devrait désirer des amies. Twilight devrait disposer d'un détecteur à deus e- à magie. J'avais tout cela à exploiter et, derrière, le cycle d'Icorne (autrement dit mon fanon d'Equestria).

J'ai donc repris le principe du monstre du Tartare, type Tirek ou les sirènes, piégé dans ce monde sans magie. Pour échapper au piège, ce monstre enferme son pouvoir dans des perles puis va dormir en attendant son heure. Une de ces billes est retrouvée à l'école de Pinkie et une nuit, boom. Pinkie en a vu assez pour le savoir et découvre qu'il y a d'autres billes. Elle part donc en chasse, triche pour intégrer l'école de Twilight, se fait prendre par Airglow et doit passer un contrat avec elle : elle trouve la bille pour Airglow et en échange, elle peut rester.

Le plan dès le départ prévoyait que Pinkie découvre la bille de Twilight, finisse par la dénoncer à Airglow et que cette dernière décide de recruter Twilight. Le retournement devait être Spike. Le plan des chapitres 9-11 se résumait à : "?" et il était déjà prévu une fin abrupte au chapitre douze.

Et maintenant, tout un tas d'anecdotes inutiles :

  • La fin prévue était que Twilight réveille le monstre et le batte, avec ou sans l'aide de Pinkie. Ouais ça a été vite abandonné.
  • Airglow était censée avoir sa propre bille, mais épuisée. Dans une scène, elle allait vouloir la montrer à Twilight, seulement pour découvrir que Pinkie la lui avait volée en douce. À la fin, Twilight était censée utiliser la ville vide pour neutraliser celle active. J'ai décidé à mi-chemin que ça cassait un peu le mythe et le MLP n'est plus qu'une tradition de recherches sur ces phénomènes inexpliqués.
  • Oui, c'est Brad au chapitre 7. Twilight devait acheter un téléphone, j'ai fait du remplissage. Puis j'ai découvert que mes personnages devaient avoir environ 15-16 ans et que j'avais peut-être écrit quelque chose d'illégal. Donc quand, vers le chapitre 10, j'ai eu l'occasion de le faire revenir, j'ai sagement oublié son existence.
  • Le monstre était censé exister. Attiré par l'activation de ses billes, il devait tourner autour des deux filles, parler dans le téléphone, ce genre de choses. À partir du chapitre 6, cette idée a définitivement été abandonnée.
  • Airglow n'avait pas de nom jusqu'à l'instant où j'ai été forcé de lui en trouver un. J'ai même wiki pour le trouver, si ça c'est pas du boulot...
  • Parlant de wiki, j'ai passé des heures sur l'histoire du Canada, des jours sur la physique quantique et ainsi de suite, en plus de récupérer des souvenirs d'école pour les cours de biologie et d'économie. J'ai passé la fic' à m'amuser à ponifier les noms, mais aussi à donner des indices pour théoriser le fonctionnement de la magie. Et bien sûr, la mention à Port-Royal...
  • L'ellipse c'est pratique. Par exemple, ça m'évite d'avoir à avouer que je n'ai, mais alors, absolument aucune idée de ce que Shining fiche chez les militaires, ce qu'il y a fichu et pourquoi il a envoyé Spike. Ce mec est pas net.
  • Lorsque Pinkie est à l'arrêt de bus, au chapitre quatre, elle suivait son pendule.
  • Le monstre n'avait pas d'identité jusque vers le chapitre huit où j'ai imaginé Pinkie donnant le livre à Twilight ("non-savoir", à nouveau). Or Icorne a un monstre pour ça : Mute. En gros une ombre de rats avide de savoir, qui dévore la connaissance et susurre des vérités à l'oreille des gens. Avec les conséquences que Twilight a pu vivre. La mention de Victoire est une référence à la "Victory's tale", un texte en anglais qui fait quelque chose comme 13 chapitres de 30 pages. Et qui devait en faire 26.
  • Oui, l'accident du chapitre 11 est un mini-blitz pareil à Bronify.

Tout cela pour souligner d'une part le côté freestyle du texte, d'autre part le travail de réécriture pour changer des parties, modifier sans cesse le plan et essayer de ne pas trop dériver de ce qui fait le coeur de l'histoire. Une fille froide et associale.

Mais bon, allez, juste pour la fin : au départ l'intrigue devait juste être une excuse pour justifier que Twilight soit OOC. L'influence de Mute qui aurait détraqué le monde. Mais l'autre explication était que Moondancer avait dû quitter l'école de Twilight (pour finir dans celle de Pinkie... ouais).

 

4. Bon mais alors ?

Faire ce texte a été particulièrement excitant parce qu'en l'écrivant j'avais l'impression d'être replongé dans la masse. De n'être plus personne. J'ai regardé les vues, estimé que je devais avoir 10-20 lecteurs et constaté que passé les premiers chapitres j'étais devenu invisible. Et j'ai enfin pu être dans mon élément. Dans l'ombre.

Bien sûr j'avais oublié le système des abonnements, et cela m'inquiète un peu pour les nouveaux qui n'auraient pas ce soutien-là, mais inversement on est assez peu nombreux pour qu'ils soient visibles (ça a ses avantages) et les aventures / romances / comédies sont faites pour avoir du succès.

Silence n'est pas un texte très ambitieux.

Il est court, il est simple, il ne s'y passe pas grand-chose. Mais c'est ce qui m'a permis de le finir. Face au monstre de Bronify, qui n'est qu'un nain face au projet d'Icorne, c'est mieux que rien. Outre ces deux pavés j'ai encore un tas d'idées mais pour le moment j'aimerais surtout retourner lire les autres, et briser le silence.

Autrement dit, fanficers,
à vos plumes.

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cocolicoco
cocolicoco : #35680
Silence m'a plu, vraiment.
Car bien écrit. Ce style de phrases courtes nous met dans la tête de cette pauvre twilight en trois lignes, et on en ressort plus. Pauvre Twilight, qui est d'ailleurs très convaincante dans son rôle.
Car aussi semblable à mes propres années lycée, peut-être, où on crève de pas comprendre ce qu'il se passe dans la tête des autres, et où on se sent trop empoté pour bien s’intégrer.

Dans l'ensemble, la fic est très mélancolique et plutôt triste, mais sans sombrer dans le pathos lourdingue. C'est plus l'ambiance générale, et la façon qu'a twilight d'être différente de celle qu'on connait, tout en lui étant semblable.
Je me suis senti malheureux et compatissant tout le long de la fic pour cette pauvre fille qui a manifestement un souci avec les relations humaines, qui prend tout au pied de la lettre, et qui se débat comme elle peut avec ça.

L'histoire des billes est plutôt secondaire pour moi (et lacunaire de toute façon, comme tu l'a dit). Ce qui compte à mon avis dans cette fic, c'est l'ambiance et les personnages, et là j'ai rien à redire, c'est du très bon.

Une fic qui m'a plu, donc, et qui était faite pour me plaire. Je suis d'ailleurs surpris de ta traversée du désert, je pensais naïvement qu'un bon texte, même court, finissait toujours par être remarqué sur ce ptit site, il faut croire que non.
Je like, je recommande, pouce bleu en l'air, toussa toussa. Et j’attends tes prochains textes.
Il y a 2 ans · Répondre
Wellen
Wellen : #35679
C'était donc bel et bien la fin.
J'ai beaucoup apprécié cette fiction, qui me rappelle un petit peu mon caractère hors de devant mon écran, et mes années de primaire où j'étais souvent mis à l'écart. Bref, je suis content que tu ais fait cette fiction.
Il y a 2 ans · Répondre

Quelques statistiques

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Silence

À propos

Renard râleur, linguiste critique et correcteur, traducteur, littéraire et logicien.

16 fictions publiées
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