Ou presque.
Il y a de ça pas mal de temps d'ailleurs (quand j'étais encore régulièrement sur French Brony, c'est dire) constatant que les nouveaux auteurs étaient nombreux à tomber dans les pièges habituels de la fanfic, du mary-sue au self insert, idée fut donnée de rédiger un petit tutoriel afin de donner un coup de main à ces jeunes écrivains.
Iron Pony Maiden, Dimirah et moi-même nous y attellâmes. Aujourd'hui, il est nécéssairement un peu daté (MLPfiction, ou LPB n'existaient pas à l'époque et Frenchy Ponies n'était que balbutiant), mais encouragé dans cette voie par Shining Paradox, j'estime qu'il est encore valable. Le voici donc. N'hésitez pas à demander précision ou correction dans les commentaires de ce billet.
Bonjour et bienvenue, cher lecteur! Ce document a pour but de... (attendez la suite)... vous apprendre les bases de l’écriture d’une fanfiction! Oui, je dis bien les bases parce qu’évidemment, le lire ne vous fera pas devenir le prochain Hugo. Néanmoins, il vous permettra d’éviter les erreurs les plus courantes.
Tout d’abord, il faut se poser une question que la plupart d’entre vous s’est normalement posée: “Vais-je écrire une fanfiction ou non?” Attention, je n’ai pas dit “Ai-je envie” car elles sont loin d’être pareilles. Si vous lisez ceci, soit vous vous ennuyez ferme, soit l’idée d’écrire ne vous a pas semblé désagréable. Ainsi, vous avez, au moins pour l’instant, un élément clé de l’écriture: la motivation.
Justement, pour écrire un texte en général, il faut trois ingrédients essentiels:
-Le style.
-Le scénario.
-La motivation.
Non non, ne rigolez pas! La motivation est presque le plus important (presque hein)! Le style et le scénario, on verra ça plus tard. Mais si vous souhaitez continuer, il faut à tout prix être motivé.
...
Vous êtes motivé? Génial! Testons cette motivation.
Sachez qu’une fanfiction est une oeuvre et demande du temps. Tout comme une peluche, un dessin ou tout ce qui est artistique, plus vous y consacrerez du temps et mieux sera le résultat final.
Ainsi, ne vous dites pas que c’est juste un passe-temps quand vous vous ennuyez, ou quand vous n’avez rien d’autre à faire.
Non ! Pour obtenir une histoire de qualité, il faut s’investir dedans, jusqu’à ce qu’elle soit achevée, voire encore après.
De plus, il y a de très fortes chances que vous vouliez publier votre texte. C’est tout à fait normal, et je vous encourage à le faire! Cependant, réfléchissez bien avant de le soumettre aux yeux critiques de la plèbe. Assurez-vous d’avoir les moyens de le continuer et de le terminer. Néanmoins, ayez conscience, surtout si c’est la première fois, que les commentaires risquent de vous vexer, ou vous blesser dans le pire des cas. Les lecteurs attendent quelque chose de vous quand vous leur proposez une histoire, et si leurs attentes sont déçues, il est tout à fait légitime qu’ils expriment leur mécontentement. Je reviendrais sur les commentaires plus tard.
Ah oui ! Avant de vous lancer dans l’aventure, lisez. Des romans, des pièces de théâtre, des fics... Tout ce que vous voulez ! Je ne saurais trop vous conseiller la littérature française du XIXème siècle juste pour vous faire une idée d’un bon style. Je ne dis pas que vous devez écrire exactement comme ça, ni que c’est le style parfait, mais ils ont traversé les âges pour une bonne raison. En ce qui concerne les fics, elles vous renseigneront plus sur ce que recherche le public (d’ailleurs, lisez aussi les commentaires, ils sont souvent très intéressants). Déjà c’est un niveau beaucoup plus abordable pour vous, mais surtout vous aurez une petite idée du “barème” du public et une vague notion du bien/nul en la matière.
Toujours là ? Bien ! Mais ce n’est que le début. Maintenant, on va s’attaquer à la fanfiction en elle-même. Enfin, pas tout à fait.
Bon, vous êtes motivé, prêt à écrire votre chef-d’oeuvre, prêt à recevoir les pires huées de l’internet, vous ouvrez Word, vous vous enfoncez dans votre fauteuil, positionnez vos mains pour taper... taper quoi au fait?
Ahah! Eh oui, maintenant il faut se demander qu’est-ce qu’on va écrire.
D’habitude, quand on a envie d’écrire une fic, c’est qu’on a une idée. Si ce n’est pas le cas, trouvez-en une. C’est fait? Parfait. Malheureusement, il ne suffit pas d’avoir une idée.
Il y a deux sortes d’idées: les idées de thème et les idées de chute. Oui, ce n’est pas très clair, mais je vais essayer de m’expliquer:
Un peu moins confus? J’espère. Bref, même s’il est ardu de contrôler ses idées, la plus simple pour débuter est bien entendue la deuxième. De plus, elle se prête très bien aux One-Shot, meilleur genre pour commencer. Si vous avez une idée de thème, ne la jetez surtout pas! On ne jette jamais une idée, elle pourra servir, même trois ans plus tard. Gardez-la dans un coin de votre tête, ou mieux, notez-la quelque part. Ainsi, vous n’aurez pas à en chercher une autre quand vous serez plus expérimenté.
Il peut bien sûr arriver d’avoir les deux, c’est-à-dire une idée de thème et de chute. Autrement dit, on sait comment ça va se terminer, mais y a d’abord une bonne série d’évènements que l’on connaît à peu près. C’est très bien, bien sûr, car cela permet une histoire assez riche sans risquer de se perdre en route. Normalement.
Si c’est votre première histoire, je vous conseille vivement un One-Shot avec idée de chute. Pourquoi? De un, un One-Shot est court, d’une traite, ce qui permet de cerner votre style, que ce soit pour le lecteur ou pour vous. Ensuite, avec l’idée de chute, il y a très peu de chances que vous vous arrêtiez en plein milieu et laissiez le public en plan, chose peu recommandée. Si vous balancez un Chapitre 1 et disparaissez dans la nature, vous serez assez mal vu (devinez pourquoi).
De plus, les critiques seront beaucoup plus ciblées lorsqu’elles visent une histoire entière: trop souvent, on ne peut juger parce qu’on a pas assez sous la dent : n’avoir que le premier chapitre d’une fic ne permet pas de réellement juger du scénario, qui plus est les premiers chapitres ne sont pas toujours révélateurs du style global, selon le type de fic que vous choisirez d’adopter (en particulier les fics s’inscrivant dans un registre sombre).
Compris? Pour commencer, One-Shot, chute.
Bien sûr, vous avez le droit de tenter directement une oeuvre plus ambitieuse, mais c’est très très risqué. Les raisons de l’échec y sont en effet plus nombreuses: Abandon de la fic, se perdre en route, incohérences... Bref, mieux vaut ne pas essayer, vraiment.
Maintenant que vous avez votre idée de OS, essayez de visualiser votre histoire. Pas ce qui se passe à chaque seconde, mais les grandes lignes, histoire d’avoir une ébauche de plan à laquelle vous pourrez toujours vous raccrocher. Pour mon exemple, c’est pas dur:
-Derpy, à la Poste, a fini sa tournée et rentre chez elle.
-Elle arrive à sa maison, ouvre la porte, flippe parce que y a rien/personne.
-Elle remarque l’écriteau à louer sur la porte d’entrée et comprend qu’elle s’est gourée de maison.
Voilà ! En trois phrases, j’ai créé le squelette de ma fic, je ne peux plus me perdre à moins d’avoir le sens de l’orientation d’un cabillaud dans une grande ville étatsunienne.
Note sur les personnages:
Attention, choisissez judicieusement le personnage que vous utilisez. Le raisonnement “jpren RD parckel é tro swag é c mon poné préférée” est plus qu’idiot. Choisissez un personnage qui correspond à ce que vous voulez! Pour mon exemple, je n’ai choisi aucun du Mane 6 car leurs maisons sont trop reconnaissables pour se tromper (vous imaginez RD entrant dans le mauvais nuage?). De plus, Derpy est tout à fait capable de commettre ce genre d’étourderies, c’est donc le poney parfait.
Concernant les OC, faites doublement gaffe. C’est trop tentant de mettre son poney perso, de laisser son empreinte sur le monde par un personnage dont tout le monde se souviendra. C’est trop casse-gueule aussi. Autant un Original Character peut être très détaillé moralement et physiquement et devenir un vrai personnage, autant ça peut dériver dans le self-insert Mary-Suesque. Et n’oubliez pas, Yours Truly ou Eternal ont été écrites sans OC. Donc! Si vous voulez tenter d’introduire un personnage, faites-le vraiment bien. Cela fera l’objet d’une section détaillée. Par contre, si vous en avez vraiment besoin, n’hésitez pas non plus. Si vous voulez tuer un perso sans toucher au canon, vous pouvez créer un OC vite fait ou mieux, piocher dans le Wiki MLP, section “List of ponies”. De même, si l’histoire se passe dans un futur lointain ou un passé très ancien, je vous vois mal caser Rainbow Dash pas encore née/morte et enterrée depuis belle lurette.
C’est bon ? Vous avez votre idée, votre ébauche de plan, vos personnages soigneusement choisis? Félicitations, vous pouvez enfin entamer l’écriture !
Enfin presque, tout d’abord, il vous faudra planifier ce que vous raconterez.
Comment commencer ? A vous de voir, mais évitez quand même les gros clichés bateaux. Celui qui commence par “Le soleil brillait doucement sur la paisible ville de Ponyville” perd déjà deux tiers de son lectorat. C’est fait et refait, pas recherché, nul quoi. Il y a tellement d’autres possibilités comme les débuts in medias res (dans l’action): “Le pégase s’étira longuement les ailes et bâilla aux corneilles. Derpy jeta un coup d’oeil à la pendule au-dessus de l’accueil de la poste: déjà vingt heures?” Vous voyez, on a déjà le personnage, le lieu et l’heure, pourtant ça ne ressemble pas à une scène d’exposition. A vous de trouver votre introduction originale, mais qui répond aux questions qui? quand? où?, sauf si justement vous comptez dévoiler certaines informations plus tard.
N’oubliez pas, ce que vous écrivez là est le premier contact avec le lecteur, donc soignez-le! Il est tout à fait possible qu’un critique exigeant s’arrête au premier paragraphe, même si le reste est excellent. Ce serait bien bête, non? Et même s’il ne s’arrête pas, il est susceptible de partir sur une mauvaise impression et de se dire que toute la fanfiction est mauvaise, et dégradera inconsciemment la qualité de la fic dans sa tête, ne faisant pas attention aux passages bien écrits et se focalisant sur les erreurs. Donc n’hésitez pas à utiliser vos plus belles tournures pour accrocher le lecteur, donnez-lui envie de poursuivre.
Sous ces deux acronymes barbares se cachent des concepts qui sont au coeur d’une bonne fanfic, j’ai nommé l’in character (IC) et l’out of character (OOC).
Notez que certains raccourcissent en OC pour out character. Attention à ne pas confondre avec un personnage original soit original character, lui aussi résumé en OC.
L’IC c’est quoi ? C’est tout simplement de faire coller le personnage à sa personnalité. Exemple type : Rainbow Dash est la plus athlétique du groupe, elle aime aller vite, ne réfléchit pas avant d’agir et dispose d’un égo assez démesuré. Tout le contraire d’une Fluttershy, douce, gentille, timide et repliée sur elle-même.
Si vous faites apparaître Rainbow dans votre fic, on s’attendra logiquement à ce qu’elle se comporte comme elle agit dans la série. Une Dashie repliée sur elle-même ne collera pas plus qu’une Fluttershy extravertie. Attention, je n’ai pas dit qu’en étant justifié, un personnage ne puisse pas sortir du squelette émotionnel traditionnel où on le connait. Mais cela doit être justifié. Prenez Fluttershy qui s’affirme dans Putting your hoof down. Il lui faut l’entraînement d’Iron Will pour devenir plus confiante (jusqu’à l’excès certes) mais elle ne s’est pas levée un matin en se disant “tiens, je vais m’imposer aujourd’hui !”.
J’insiste donc là dessus, à moins d’une bonne justification de votre part, une Rarity qui jure comme un chartrier ou une Applejack maniérée sera mal perçu.
Il va de soi que nous parlons là de personnages à la personnalité déjà établie par le show où le fandom. Centrez une fic sur Rose et vous pouvez la faire agir à peu près comme vous le désirez. Bien plus que si vous prenez Derpy et n’incluez pas son côté gaffeuse.
Dans le cas où votre fic se base sur des OC (original characters), le risque d’OOC est faible pour une raison simple : les poneys (ou les zèbres, les bisons, ce que vous voulez) que vous faites apparaître n’ont eux non plus pas de personnalité connue du public. Faites un étalon salaud si ça vous plait. Par contre, il faudra qu’il soit raccord tout le temps de votre fanfiction. Votre poney qui se comporte en fumier devra rester un fumier tout le long de l’histoire. Sauf justification encore une fois.
A noter que si votre fic est un UA (univers alternatif), vous pouvez généralement plus modifier la personnalité des personnages sans qu’on vous accuse d’OOC. L’univers alternatif étant en lui-même différent de celui que l’on connait, on sera moins choqué d’y voir une Pinkie Pie mature et une Twilight Sparkle bête comme ses sabots.
Commençons par un peu d’histoire. Le terme “mary sue” apparaît pour la première fois en 1974 dans une parodie d’un épisode de Star Trek. Le personnage de Mary Sue est alors la pilote la plus jeune de la flotte, à quinze ans et demi et est absolument parfaite. Le nom a fini par désigner l’archétype que Mary Sue représentait.
A noter qu’en théorie, l’équivalent masculin d’une Mary Sue serait un Gary Stu mais dans les faits, le terme est sous-utilisé. Mary Sue s’est généralisé pour parler de personnages masculins comme féminins.
Qu’est-ce qu’un Mary Sue ? Si vous êtes familiers du jeu de rôle, le grosbil est ce qui s’en rapproche le plus. Concrètement, on pourrait définir le Mary Sue par un certain nombre de clichés récurrents tels que la perfection absolue, l’omniscience, l’omnipotence, un passé sombre et douloureux, une capacité à se lier d’amitié quand ce n’est pas plus avec les personnages principaux en un tournemain...
Je ne vais pas faire de liste exhaustive, ça serait long et il existe déjà ailleurs sur Internet, quantité de ces listes. Néanmoins, abordons le cas particulier du Mary Sue MLPesque.
Le cas type d’un Mary Sue MLP serait ceci : le personnage est une alicorne (race rare et puissante), sa famille est morte (passé douloureux), il arrive un beau matin à Ponyville et rencontre rapidement les héroïnes avec lesquelles il devient ami (relations sociales brossées à grands traits) et une relation amoureuse se met en place rapidement avec l’une d’entre elle (relations amoureuses idem). Mais un danger terrible menace Ponyville et Mary Sue doit y faire face (syndrome du héros). Mary Sue triomphe au prix de sa vie (ultime sacrifice) et personne ne l’oubliera jamais (façon d'accéder à l’immortalité).
Je caricature volontairement mais voilà ce que donnent la plupart des fics à Mary Sues. Elles sont inintéressantes de part la perfection du personnage principal (nous reviendrons sur l’intérêt de créer des personnages faillibles plus tard) et une fic comportant une Mary Sue sera généralement très mal appréciée par le lectorat, parce qu’elles ressemblent plus à une parodie qu’autre chose. A ce propos, n’oubliez pas que la Mary Sue originale a été créée dans un but parodique.
Qu’attendre d’une Mary Sue premier degré alors ?
Vous avez deux, voire trois choix : prendre une des héroïnes du show, avec son caractère, son passé et tout ce qu’on connait d’elle. Comme expliqué, vous pouvez vous situer dans un UA, et donc faire ce que vous voulez de la personnalité de ces personnages, mais vous risquez de vous faire taper sur les doigts : quand on voit écrit Twilight Sparkle dans une fiction, on s’attend à une tête d’œuf experte en magie, pas à une sportive internationale. Donc si vous choisissez cette solution, à moins d’être sûr de votre coup, restez dans l’IC.
La seconde solution, si vous ne voulez pas vous casser la tête sur la création de personnage, c’est de prendre un Background Pony. Berry Punch, Granny Smith, le Docteur Whooves, l’immanquable Derpy, tous ces poneys ont peu d’historique et de caractère dans le show. Attention, certains sont particulièrement développé au niveau du fandom. Faire une Berry Punch abhorrant l’alcool ou Lyra qui déteste Bon Bon surprendra le lectorat. Mais au-delà de ces menues « Fanon », vous pouvez faire ce que vous voulez. Berry Punch est alcoolo, certes, mais est-elle juste fêtarde ou se saoule-t-elle pour oublier son mari qui l’a quitté ? A vous de voir.
A présent, nous entrons dans le vif du sujet : l’OC, l’Original Character, le poney sorti tout droit de votre imagination. Là, vous pouvez faire absolument n’importe quoi.
Mais en fait non.
Aucune de ces trois solutions n’est plus facile qu’une autre. Que ce soit le respect du personnage ou la création de votre poney (ou autre, d’ailleurs), il y a des contraintes à respecter pour ne pas exaspérer le lecteur.
Donc, vous avez décidé de vous passer des contraintes de l’utilisation des personnages précréés, ou vous voulez juste vivre l’aventure à travers les yeux d’un personnage de votre création.
Là se pose la première question : votre personnage est-il un OC ou un SI ? Comprendre : Un Personnage Original ou une Insertion de vous-même dans l’histoire.
Comprendre : Allez-vous créer un personnage pour l’histoire, ou allez-vous vous représenter sous forme de poney, pour vivre votre rêve de déambuler parmi les équidés ?
Je ne vous cache pas que la seconde solution, très prisée des jeunes écrivains (comprendre : jeune=nouveaux) par son aspect « Chouette, je vais pouvoir vivre une aventure parmi les poneys », est bien souvent vouée à l’échec.
D’où le problème du Self-Insert. Car lorsque l’auteur se transpose dans l’histoire, il voudra toujours avoir le beau rôle. Etre surpuissant, ou avoir une reconnaissance parmi les autres personnages. De plus, rares sont les personnes à savoir avoir un œil critique sur eux-mêmes, et sachant se mettre en scène avec crédibilité. L’auteur du Self-Insert exagère toujours, que ce soit ses qualités, ou ses défauts quand il s’aperçoit qu’il en a trop fait avec ses qualités.
Et quand un personnage ayant été juste depuis le début se met à trainer dans la boue ses anciens alliés d’un coup sans véritable justification, pour se retourner une nouvelle fois et vaincre l’ennemi sous les hourras desdits amis qui lui ont pardonné en direct, ça ne le fait pas.
Ecrire un Self-Insert est très difficile, car vous n’êtes PAS un être de papier. Et si vous lisez ce tutorial, nous pouvons penser que vous n’avez pas forcément le niveau pour en faire un. Donc oubliez pour le moment. On en reparlera quand vous serez riche et célèbre pour vos écrits.
DONC, après cette longue digression, revenons-en à nos moutons : créer son personnage.
Chose à éviter : Ecrire son histoire avec pour seule description de son personnage son nom et son physique, en se disant que son historique viendra avec l’histoire. Ça peut marcher, ça marche, même, mais le mieux reste de créer complètement son personnage principal, voire même les secondaire et ceux qui apparaissent en coup de vent, en leur donnant avant d’écrire une personnalité, un passé, des caractéristiques.
De toute façon, à ce niveau, vous avez déjà votre scénario, et vous avez déjà une bonne partie de la psyché de votre personnage principal, voire de quelques-uns de ses aides et ennemis. Maintenant, il faut formaliser tout ça.
Je fais un aparté pour signaler une chose importante : vous êtes Brony, vous avez sûrement déjà un OC planqué quelque part, avec une histoire, un caractère, ect. Peut-être voulez-vous le voir évoluer dans le monde d’Equestria, pour lui donner une véritable « vie ».
Là, je ne peux que vous enjoindre à la prudence. Le mieux reste de créer un OC pour une histoire, et ne pas créer une histoire pour un OC, car cette dernière a trop de chance d’être plate, Mary-Suesque, ect. En réalité, c’est le même problème que les Self-Inserts, à ceci près que le personnage n’est pas l’auteur.
Dans un premier temps, faites votre scénario et façonnez les personnages pour lui. Avec la pratique, vous serez plus à même de tenter de mettre en scène un personnage créé en dehors de toute trame scénaristique.
A présent, travaillons par étape. Primo : le rôle du personnage. Héros, aide, ennemi, vieux fou dispensant sa sagesse avant de mourir suicidé car l’équipe a déclenché la fin du monde… Vous devez avoir une idée de où et quand votre personnage apparaitra, et ce qu’il fera. C’est généralement le plus facile, car déjà fait dans la scénarisation.
Attention, toutes les étapes qui suivent sont plus ou moins simultanées, mais sont présentées dans l’ordre que j’estime être le plus pratique dans la création.
Ensuite, et bien, le caractère. Sombre, joyeux, maniaque, juste, aimant les enfants... J’en profite pour dire ceci : faites des fiches de personnages. Même trois lignes jetées sur une feuille de papier vous permettront de le construire plus efficacement. Et surtout, après six mois d’écriture, vous vous souviendrez de ce qu’il est, ce qui vous évitera un OOC pour votre propre personnage (ce qui est bien ennuyeux).
Dans son caractère, veillez à bien doser les éléments : évitez les caricatures, sauf si c’est fait exprès. Surtout, éviter Mary-Sue, toute gentille toute mignonne ne pensant jamais à mal et aimant amis comme ennemis, à moins de lui coller des défauts qui en feront un boulet fini (et par-à, la sortir du Mary-Sueisme). Il est joyeux en toute circonstance ? Peut-être déprimera-t-il quand personne ne le regardera (et donc, se force à oublier ses propres tourments pour ses amis…). C’est un gros méchant pas beau ? Il fait ça pour protéger ses proches. C’est un mec sombre et solitaire, over-badass et séducteur ? Dans le feu de l’action, il passe en mode berserk et peut en arriver à blesser ses amis…
Les possibilités sont nombreuses. Généralement, un « gentil » aura une blessure dans son passé qui pourra le faire douter aux moments critiques, tandis qu’un « méchant » le sera pour des raisons qui lui semble juste pour lui. Mais après, c’est déclinable à l’infini. Le dosage se fait aussi par rapport aux autres qui sont avec lui.
Evitez d’avoir trop de fois le même type de personnages. Une bande de mecs en noir taciturnes étant tous orphelins et souhaitant tous se venger du seigneur du mal dans un silence parfait, c’est peu passionnant. Un équipe d’aventurier tous de race et de classe différentes à un point qu’ils ne sont jamais d’accords, là on tient un truc capable d’avoir du succès sur internet.
(Digression, quand tu nous tiens)
Ensuite, vous avez son caractère. Bien. Il le tient d’où ? Certes, c’est un peu déterministe, mais le caractère de votre personnage est bien souvent influé par sa vie passée.
Il a vécu une enfance heureuse dans la classe moyenne ? Il sera plus médiateur. Ses parents sont morts devant ses yeux ? La vengeance sera son unique but. Sa femme l’a quitté pour une bonnette de douche ? Alors là, il faut mettre le pays à feu et à sang pour montrer son autorité d’Overlord !
Passez du temps sur le passé de votre OC et sur son caractère. C’est eux qui dirigeront la fic. Mettez leur vie en parallèle avec les récents évènements du monde. Celestia devient tyrannique ? Que faisait-il pendant la montée de la propagande ? Luna a fait son grand retour dans le monde ? Comment votre OC l’a-t-il pris ? Crise sucrière en Equestria ? Est-ce que votre OC est tiraillé par la faim et l’envie de gâteaux, ou de toute façon il avait appris à ne pas manger de bonbons sans arrêt ?
Là encore, évitez d’en faire trop, et restez cohérent avec votre univers. Aussi, n’hésitez pas à rajouter des détails qui n’auront à priori aucun rapport avec la fic et ne seront jamais important. Vous pourriez être surpris de ce que votre cerveau vous réserve.
Ce point est TRES important : restez cohérent avec votre univers. Si vous vous placez dans le canon, évitez de faire en sorte que la famille du héros ait été tuée dans une fusillade, à moins d’expliquer comment les armes à feu ont été introduites et pourquoi les poneys se mettent à tuer. Vous faites du Grimdark ? Alors personne ne sera totalement gentil (ou se fera baiser de façon atroce) et tout le monde aura des arrière-pensées.
Bref, vous avez son caractère, vous avez son passé, vous avez l’intérieur. Maintenant, penchons-nous sur l’emballage.
Le nom, en premier. Evocateur de sa personnalité, même si apparemment aucun poney ne s’est jusque-là rendu compte de l’affreuse vérité qui se cachait sous leurs appellations. Pas de véritables limites, tant que ça reste cohérent avec votre personnage. Les noms de famille n’ont à priori aucune valeur, évitez juste les noms humains. Les poneys ont des noms signifiant quelque chose. En deux parties, pensez aussi aux diminutifs, notamment une version « moqueuse » pour les ennemis goguenards et une version « gentillette » pour les proches.
Et enfin… l’apparence.
Bon, alors là, c’est votre choix. Comme pour le nom, il doit être en relation avec sa personnalité. Pensez aux détails, ailes, cornes, gros, maigre, grands, pilosité faciale, regard… Faites attention. Comme vous n’aurez pas forcément d’image à donner au lecteur, souvent il fera avec les clichés en fonction de sa personnalité. Certains auteurs vont même jusqu’à ne donner presque aucune description.
Le basique reste le “Couleur du pelage/ Couleur de la crinière/ Couleur des yeux”, et ensuite les détails qui le sortent de l’ordinaire. Après, c’est le lecteur qui fait comme il veut.
Certains sont partisans de l’ultra-description. C’est un avis personnel, mais que le personnage ait un museau carré ou ovale, si j’ai décidé de comment il serait, on me l’enlèvera pas de la tête (ce qui est embêtant quand vous imaginez un gros black au lieu d’un viking, mais bon, passons).
En clair et en résumé : caractère, passé, nom, caractéristiques physique le sortant du commun. Faite une fiche tenue à jour. Le reste appartient généralement à l’histoire elle-même.
L’intérêt même d’une fic est de creuser et de prolonger l’univers que l’on aime. A cet égard, il semble logique qu’un lecteur voudra y retrouver les éléments qui l’ont séduit dans l’oeuvre d’origine : une porte des étoiles dans une fanfic Stargate, des courses dans une fanfic des Fous du Volant et bien entendu des poneys dans une fanfic My Little Pony.
Comme nous l’avons vu plus haut, vous pouvez très bien vous passer de personnages déjà crées pour faire votre fic. Mais cela va vous demander un certain travail sur la création de vos OC, à les rendre assez intéressants pour qu’ils accrochent le lectorat. Ce n’est pas toujours facile. Cela demande un vrai talent d’écriture. Sans compter que bien souvent, le lecteur va rechercher une fic, par son thème (aventure, grimdark, clopfic, etc) mais avant tout par son personnage. Un fan de Pinkie Pie ne se précipitera pas forcément sur votre texte si la ponette rose n’y apparaît pas.
Pour toutes ces raisons, vous pouvez très bien opter pour l’introduction de personnages existants déjà dans le show dans votre fanfic. Voyons maintenant les avantages et les inconvénients de ce principe :
premièrement, qui dit personnage canon, dit personnalité et attitude canon aussi. On vous pardonnera l’out of character sur un OC. Jamais sur un personnage existant.
Paradoxalement, mettre un personnage existant, s’il vous oblige à le respecter en tant que personnage canon peut apporter une vraie force à votre histoire. De Rainbow Dash qui vous permet de mettre en scène des courses haletantes, à Celestia qui peut poser la question philosophique de l’immortalité en passant par Pinkie Pie et son bris de la réalité...
La seule condition étant encore une fois de bien maîtriser le personnage. Je vous conseille personnellement de ne pas prendre comme héros ou personnage à suivre un poney que vous ne “sentez” pas. A titre d’exemple, un Discord est extrêmement dur à diriger dans une fanfic, puisque il surfe toujours sur la ligne entre la pensée aléatoire de Pinkie et un côté bien plus sombre et dangereux. Donc encore une fois, tant que vous ne vous sentez pas en phase avec tel ou tel poney, ne les mettez pas en avant. Restez en à leurs archétypes, comme Rarity en drama-queen ou Fluttershy en timide. Ca sera un peu réducteur mais d’une, vous éviterez l’OOC et de deux, le lectorat y trouvera ses repères.
Et ne pas perdre le lecteur est un point essentiel d’une bonne fanfic.
A noter que vous pouvez très bien prendre des poneys d’arrière-plan : qui connaît au fond Rose, Lily ou Daisy ?
A ce titre, vous pouvez vous focaliser sur elles et leur donner à peu de choses près l’attitude que vous désirez puisque leur personnalité n’a toujours pas été officiellement établie.
Vous combinez ainsi l’avantage de l’OC (fraîcheur, nouveauté) avec le personnage existant (points de repères pour le lectorat). Faites néanmoins attention sur qui porte votre choix : Derpy et le docteur ont beau être des poneys de second plan dans le show, ils sont extrêmement présents dans le fandom. A cet égard, il faut les considérer comme des personnages de premier plan, à l’instar d’une Twilight et donc, de respecter le fanon attaché à leurs personnages.
Sauf cas exceptionnels, vous aurez très certainement besoin de faire parler vos personnages. La méthode la plus utilisée est le discours direct qui rapporte les propos tels quels, sous forme de dialogues. Néanmoins, comme tout procédé littéraire, il y a des règles à respecter.
Vous devez impérativement choisir un système de dialogues et le conserver pendant toute la durée de votre fanfic. Un système de dialogues est l’ensemble de règles de mise en page et de ponctuation qui codifient le discours direct. Voici les plus courants.
Celui-là, vous le connaissez forcément, vous l’avez vu depuis la primaire. Les guillemets sont les fameux chevrons « ». Je vous déconseille fortement les << >>, qui sont lourds car trop gros, en plus de donner une allergie aux matheux. Oui, ce sont les signes inférieur/supérieur à.
Exemple:
«Bonsoir Derpy! Comment s’est passée ta journée? demanda Raindrops qui venait d’atterrir à ses côtés.
-Très bien! Pinkie Pie m’a offert des muffins pour lui avoir apporté son livre de recettes en avance, lui confia la pégase grise.
-Je suis contente pour toi, vraiment. Ça fait des jours que tu nous répètes sans arrêt que les patisseries du Sugarcube Corner sont les meilleures, que tu oublies d’y passer après le travail et que tu t’en plains le lendemain... lui rappela sa collègue citron.
-Ah oui, rigola l’intéressée alors que ses yeux dérivaient dans deux directions opposées. Bon, excuse-moi, il se fait tard, ma fille va s’inquiéter. A demain!» s’excusa-t-elle avant de prendre son envol.
Vous êtes censé en connaître les caractéristiques, mais faisons quand même un point rapide.
Celui-là, vous ne l’avez peut-être pas croisé sur les bancs de l’école, mais il est très présent sur internet. La quasi-totalité des fics écrites en anglais l’utilisent, donc il ne devrait pas vous être inconnu non plus.
Ici, les guillemets sont de petites virgules “ ”, plus discrètes mais tout autant efficaces.
Exemple:
“Bonsoir Derpy! Comment s’est passée ta journée?” demanda Raindrops qui venait d’atterrir à ses côtés.
“Très bien! Pinkie Pie m’a offert des muffins pour lui avoir apporté son livre de recettes en avance,” lui confia la pégase grise.
“Je suis contente pour toi, vraiment. Ça fait des jours que tu nous répètes sans arrêt que les patisseries du Sugarcube Corner sont les meilleures, que tu oublies d’y passer après le travail et que tu t’en plains le lendemain...” lui rappela sa collègue citron.
“Ah oui,” rigola l’intéressée alors que ses yeux dérivaient dans deux directions opposées. “Bon, excuse-moi, il se fait tard, ma fille va s’inquiéter. A demain!” s’excusa-t-elle avant de prendre son envol.
Des similitudes, mais aussi des différences avec notre système:
Voilà, faites votre choix, et tenez vous-y. Il en existe d’autres, bien sûr, mais ceux-là servent à éviter les horreurs types théâtres (alias je n’ai pas assez de style pour écrire une proposition incise pour préciser qui parle) du genre:
Raindrops: Bonsoir Derpy! Comment s’est passée ta journée? *atterrit à côté d’elle*
Si vous écrivez quelque chose comme ça, vous tuez votre fic. Les dialogues théâtres ne sont utilisés qu’au théâtre! Si vous vous entêtez, alors on s’attendra à une vraie pièce avec des scènes, des actes, des didascalies, des décors, des costumes et le public qui râle.
La critique qui revient le plus souvent concerne les fautes. L’orthographe en elle-même ne modifie que le confort de lecture et non la qualité de la rédaction, mais c’est déjà énorme. Tout ça parce que les lecteurs exigeants, donc susceptibles de vous fournir un avis détaillé constructif, remarquent quasiment toutes les fautes. Leur regard “accroche” chaque erreur et le rythme s’en trouve cassé.
Exemple :
Les larmes de Raindrops se mêlaient à la pluie qui fouettait son visage. L’étalon de son coeur se tenait juste devant elle, sa silhouette foncée se fondant avec le paysage nocturne. S’il partait, elle ne le supporterait pas. Incapable d’avancer plus, elle forma un porte-voix avec ses sabots et cria de tous ses poumons, la lune et son amant seuls témoins de cette scène déchirante:
“Mais... je t’aimez!”
Et boum! Toute l’atmosphère vole en éclat à cause d’un imparfait foiré.
Si votre histoire tient la route et est bien racontée, mais parsemée de fautes, on vous dira que c’est dommage à cause des fautes. Et si même le fond n’est pas au rendez-vous, alors là...
a contrario, une histoire plate, fade, au style simplet, mais digne du lauréat du Concours de Dictée International aura droit à des “Au moins, l’orthographe est irréprochable”.
Bref, débrouillez-vous, mais soignez votre orthographe.
Si vous utilisez des verbes dans votre fic (ce qui est assez probable), choisissez bien le temps et le mode. Un texte peut être soit au passé, soit au présent.
Couramment utilisés, les temps du récit sont l’imparfait, le passé simple, le plus-que-parfait, le passé antérieur, le conditionnel présent et le conditionnel passé. Souvent privilégiés par les auteurs, il n’est cependant pas rare de trouver un passé composé qui s’est sournoisement faufilé. A bannir.
Techniquement, le subjonctif imparfait devrait être utilisé, mais beaucoup lui préfèrent le subjonctif présent, moins lourd bien qu’incorrect.
Exemple:
Il tint à remercier la jument avant qu’elle ne parte.
Il tint à remercier la jument avant qu’elle ne partît.
Yup, la formulation correcte est la deuxième, bien moche.
Ces temps-là, dits de l’énonciation, sont le présent de l’indicatif, le futur simple, le passé composé, le futur antérieur et le conditionnel présent. ll est aussi possible de placer des imparfaits, sans en abuser. Par contre, le passé simple est proscrit. Et bien sûr, subjonctif présent.
D’habitude réservé aux dialogues, le présent peut habiller un récit dans certains cadres particuliers, comme le journal intime.
Ou alors vous innovez. Pourquoi pas un texte entièrement au futur telle une prophétie, ou une fic à l’infinitif genre recette de cuisine? Vous êtes libres, mais n’oubliez pas que les maigres points gagnés en originalité risquent fort d’être perdus autre part. Car une idée originale mal exploitée, ça ne pardonne pas.
Ca y est, vous l’avez fini votre chapitre avec vos personnages, vos lignes de dialogues percutantes, votre intrigue de fou, votre cliffhanger final. Vous n’avez qu’une envie, créer un beau topic et le voir noyé de commentaires.
Ca se comprend. Et c’est justement parce que nous comprenons que nous vous donnons un conseil de plus : ne postez pas tout de suite. Laissez reposer. Oui, comme pour un plat. Je vous explique : quand vous sortez de votre écriture, votre cerveau est encore en mode création. Il fourmille d’idées, de pistes, de plans. C’est très bien pour écrire. Moins pour poster.
Quand vous avez fini votre chapitre, quittez toute activité d’écriture. Allez faire un tour dehors, glandez sur Google, allez voir des sites sur la reproduction animale. Bref, laissez refroidir votre petite tête. Attendez plusieurs heures, et non pas 20 minutes, sinon ça ne sert à rien.
Il est même mieux de laisser s’écouler au moins une nuit entière pour relire votre écrit le lendemain, une fois que vous serez assez réveillé.
Dites vous que les gens peuvent attendre quelques heures voire quelques jours de plus (d’où l’importance de ne pas vous être imposé de délai), surtout dans le cas d’un one shot ou d’un premier chapitre, que personne n’attend.
Ensuite, relisez une enième fois votre fic. Et là surprise ! Toutes les coquilles, les oublis, les fautes de temps vont vous sauter aux yeux. Parce que votre cerveau sera passé de la création à la correction.
Ca se fera tout seul : laissez juste le temps à vos neurones de se configurer.
En plus, vous pourrez en profiter pour faire une ultime retouche, clarifier ce qui était obscur, rajouter de la description ou des émotions. Bref, booster votre fic.
Ces ultimes retouches apportées, vous pouvez passer à la dernière étape pré-publication, j’ai nommé le betareading. Sous ce nom abscons se cache tout simplement l’idée extrêmement simple de confier votre texte à un volontaire qui la lira avant les autres et qui vous donnera un premier avis. Un beta-lecteur peut-être n’importe qui : vos parents, votre frère, un ami...néanmoins pour éviter un avis biaisé, préférez l’utilisation d’un service de betareading professionnel. Le terme est peut être un peu fort mais il décrit bien cette communauté qui a décidé de donner un coup de main à tous les auteurs qui le souhaitent. L’avantage étant qu’au bout de quelques échanges, votre betareader connait votre style, pointe plus facilement vos défauts et vous aide à vous améliorer assez rapidement.
C’est du coaching en bref.
Attention, votre beta n’est pas là pour écrire à votre place non plus.
Vous devez malgré tout fournir l’essentiel du travail, il n’est là que pour vous aider à poser les dernières couches de vernis avant la publication.
N’attendez pas trop non plus avant de livrer votre chapitre. Vous y verrez de toute façon toujours un défaut, un petit quelque chose qui ne va pas que vous voudrez modifier.
Je ne dis pas qu’il fasse abandonner tout perfectionnisme mais l’important est d’être lu et bien lu. Vous ne le serez pas si vous ne publiez pas.
Autre point très important : ne publiez votre fanfiction que quand elle est achevée, que vous n’avez plus rien à modifier. Si vous envisagez de prendre un bêta-lecteur (il n’y a aucune honte, même les plus grands auteurs du forum demandent à des connaissances de relire leur écrit), ne publiez votre fanfiction que lorsque vous et votre beta-lecteur êtes d’accord sur toute la ligne.
Ainsi, ne faites surtout pas de “version 2”.
Peu importe que les changements soient mineurs, par exemple orthographiques, ou majeurs, c’est à dire tout le déroulement qui est chamboulé : ne le faites surtout pas.
Si les gens voient votre première version et qu’elle est mauvaise, ils n’auront que rarement l’envie de lire la version 2, vous aurez beau faire une très bonne version 2, vous aurez déjà perdu les trois quarts de votre lectorat à cause de votre première version.
Venons-en maintenant au coeur du sujet, j’ai nommé : le lectorat. Sachez avant tout que c’est un monde complexe : vous retrouverez côte à côte lecteurs chevronnés et débutants, routards de l’écriture et simples curieux. Néanmoins, un forum ou un site étant ce qu’il est, vous devriez rapidement savoir si le commentaire posté sur votre fic émane d’une personne qui a l’habitude de critiquer les fanfics avec un avis construit ou juste un troll de passage. Car le lectorat en a aussi. Généralement peu, mais il arrive d’en croiser.
Je ne vais pas vous mentir : même les gros auteurs aiment avoir des commentaires. Ca prouve qu’on est lu et bien souvent, qu’on est aimé. Je suis le premier après une update de fanfic à presser la touche F5 comme un forcené. Cela dit, il faut être extrêmement prudent avec les commentaires.
Ecrire pour avoir des commentaires est un erreur. Bien des auteurs débutants dont la fic grouille de commentaires pensent avoir du succès, ce qui d’un certain point de vue, n’est pas totalement faux. Mais popularité n’est pas nécéssairement synonyme de qualité. Je ne citerai que les innombrables fanfics publiées sur Skyblog ou des fandoms ultra-populaires, type Harry Potter sur fanfiction.net.
Le risque étant que l’auteur, le plus souvent jeune auteur, se grise de cette affluence de commentaires et en veuille toujours plus.
Dans ce cas, il va tomber dans le piège pervers de la fanfic : donner au public ce qu’il veut.
Soyons clairs : vous et seulement vous êtes le maître de votre fanfic. Si un de vos lecteurs, dans votre fic d’aventure vous pousse à shipper ensemble Twilight et Rainbow Dash, considérez bien la chose. Si ça peut apporter de la chair à votre histoire, pourquoi pas ? Si c’est pour faire du fanservice et espérer attirer les fans du Twidash vous dénaturez votre scénario.
Poussons la réflexion un peu plus loin : l’autre souci des commentaires positifs, c’est que l’auteur en voudra toujours plus. Je sais dit comme ça, on à l’impression que je vous parle d’une nouvelle forme de cocaïne. Mais quelque part, je pense qu’on peut qualifier ça d’addiction. En un sens c’est normal, l’être humain est une créature orgueilleuse qui aime être complimentée. C’est tout à fait humain. Mais dans cette cascade de compliments, l’auteur va finir par s’enfermer dans une bulle, où il se considère comme le meilleur écrivain de tous les temps, digne des plus grands, qui devrait publier physiquement ses écrits. Comment lui donner tort ? Ses trois-cents commentaires sont unanimes !
Mais observons ces trois-cents commentaires d’un peu plus près voulez vous ? Appartiennent-ils à trois-cents personnes différentes ? C’est bien rare.
La plupart du temps, nous avons affaire à un petit comité de fans qui s’auto-nourrit. Typiquement, l’auteur 1 laisse un commentaire chez l’auteur 2 non pas tellement parce que l’histoire est bien mais surtout parce que 1 espère que 2 va lui renvoyer l'ascenseur.
Ce comité va tourner à vide, n’apportant aucune critique constructive. Comité qui devient violent dès qu’on brise leur bulle d’illusion. Faites un petit test pour moi voulez vous ? Allez sur fanfiction.net, dans un des trois fandoms les plus courus (soit typiquement Harry Potter, Twilight et Naruto). Trouvez une histoire perfectible. Je n’ai pas dit une histoire horrible mais une histoire perfectible. Une histoire de débutant avec ses clichés et ses défauts. Regardez les commentaires. Abreuvez-vous des pages et des pages de reviews typées “c’est trop bien, continue” et postez votre critique. Ne soyez pas mordant, pointez simplement les erreurs que n’importe qui verrait.
Et attendez. Croyez-moi, vous ne serez pas déçu du résultat.
Toute cette digression concerne sans doute plus la fanfic en général que la fanfic MLP mais il me semblait important de la faire. D’ailleurs, puisque on est là dessus, j’aimerai préciser une autre chose. Nous sommes une communauté de fans de MLP. Pour beaucoup, le love & tolerance s’applique partout et la règle de base sera : quoique vous voyez, aimez-le.
Et bien non. Si la fic en face de vous est mauvaise, il faut le dire. Il faut crever cette bulle d’illusion dont j’ai parlé plus haut. Oui, ça ne sera pas agréable pour l’auteur mais il lui faut un choc extérieur, qu’il se rende compte de ses faiblesses afin qu’il les corrige pour plus tard.
Toutefois : argumentez, donnez des exemples. Ne vous contentez pas de dire “c’est de la merde” (vous avez le droit de le penser cela dit), votre avis ne sera pas pris en compte et sera de toute façon inutile.
Ca vaut aussi pour les auteurs plus expérimentés : pointez leurs erreurs jusqu’à ce qu’elles disparaissent. Les écrivains eux-mêmes vous en seront reconnaissants.
Je résumerai mon avis sur les commentaires ainsi : une critique positive fait toujours plaisir. Mais seule une critique négative fait progresser l’auteur.
Ecrire une fanfic n’est pas une chose simple, pas plus que peindre un tableau ou jouer d’un instrument de musique. C’est de l’art. Ca demande de l’investissement et du travail. La recette magique est simple : grattez du pixel encore et encore, peaufinez vos histoires et le succès viendra.
Vous n’aurez peut-être pas autant de commentaires que si vous aviez pondu un lemon Twilight c’est certain.
Mais vos reviews seront mille fois plus profondes et vous réchaufferont le coeur quand vous poserez les yeux dessus.
Et est-ce que ce n’est pas ça au fond le plus important ?
Bro-Nie
Gardez en tête que ce tuto n'est pas une liste de règles à suivre à tout prix, mais des conseils. Qu'on vous conseille fortement de suivre. Mais sachez garder une certaine indépendance vis-à-vis de tout ça.
Et au final, si tout se passe bien, vous aurez la satisfaction d'avoir apporté votre pierre au gigantesque édifice qu'est le fandom.
Si ça se passe pas bien, par contre, il y a au moins trois types qui vont vous coller leur travail dans la tronche.
Iron Pony Maiden
Bon, nous voilà arrivés à la fin de huit mille mots de conseils, règles, définitions... et tout ça pour quoi? Bien écrire.
Oh, je ne me targuerai pas d’être une référence dans le domaine de la critique littéraire, et chaque phrase que j’ai écrite n’engage que moi (et malheureusement, je ne pourrais plus vous dire avec certitude qui a écrit quoi).
Je vous vois venir : et si je me trompais? Et si ce que je considère comme bon est en fait de qualité exécrable? Ce à quoi je répondrai: l’art est subjectif, donc je ne sais pas.
Alors, à quoi sert ce tutoriel?
La réponse est dans le titre du sujet et dans le nom du forum: Faire une fanfic, publié sur le forum French Brony.
Je ne sais pas si vous avez du talent, si vous avez le potentiel de devenir un “grand”, ou si au contraire vous êtes aussi doué qu’une mangouste lobotomisée. Et je m’en fous.
Tout ce que j’ai à vous offrir, c’est un ensemble de règles arbitrairement dictées qui définissent une bonne fanfiction sur French Brony : suivez ce tutoriel à la lettre et vous serez acclamé par le forum. Sûrement pas tout le forum, certes, mais une bonne partie.
Formatage, conformisme? Oui.
Entrave de la créativité? Peut-être bien.
Mort de l’esprit artistique? A vous de voir.
Est-ce que je semble imposer ma vision des choses? Ne serai-je pas en train d’introduire un système de valeurs dogmatique? C’est possible, mais je ne me base pas sur mes propres goûts.
Chaque remarque de ce document est une solution pratique à des comportements qualifiés d’erreurs de débutant par nous, lecteurs. Des néophytes écrivent une demi-page vide et nous demandent un avis qu’on ne peut donner? Soit : qu’ils écrivent un minimum de x mots. D’autres avancent au feeling et se perdent en route, abandonnant leur travail et leur public? Très bien : qu’ils construisent un plan.
Ce tutoriel peut donc se résumer à une synthèse des attentes du lectorat de French Brony, synthèse que j’espère la plus fidèle à la majorité de la communauté. Si vous m’accusez de prostitution, ne vous gênez pas. Mais en retour, laissez-moi vous poser une question : si les réactions du public vous indiffèrent et que votre méthode est la meilleure... vaut-il le coup de poster votre fanfiction sur French Brony?
Mon but n’est donc pas de faire de vous un artiste, comprenez-le bien. Et si demain, vous publiez une histoire que la totalité du forum adore à l’exception de moi qui la déteste, alors je vous féliciterai sincèrement.
C’est tout le mal que je vous souhaite.
Dimirah
L'article a été visualisé 4 097 fois depuis sa publication le 20 avril 2014. Celui-ci possède 11 commentaires.
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Mais il manque un « i » dans le titre (…la Russie en hiver, ou comment franchir le Rubicon sans que cela ne se transforme en bérézina) :)
On pourrait y ajouter un chapitre sur l'usage approprié de la ponctuation, et non de la ponctualité (à ce sujet, harmoniser les guillemets dans le texte entre “ ” et « »).
Recommander l'usage des majuscules accentuées si possible (Écrire, À venir, Ôte-toi de mon Soleil !).
Rappeler qu'en français, même pour les académiciens, l'usage d'un dictionnaire est quasi-obligatoire, et qu'il ne s'agit pas d'un aveu de faiblesse lexicale.
« “Le soleil brillait doucement sur la paisible ville de Ponyville” » Eh bien, quoi ? Vous n'aimez pas les synesthésies ? ;)
Peut-être rappeler quelques règles de concordance des temps, englobant les deux § sur le passé et le présent (à ce sujet, l'exemple de l'imparfait du subjonctif me laisse un peu dubitatif).
À compléter. Mais chapeau bas, quoiqu'il en soit !