Hi'.
J'étais en train d'écouter le dernier Crusoé de FantaBobShow -- je perdais mon temps, donc -- quand j'ai entendu BobLennon parler des mondes possibles. Et je me suis rendu compte que BobLennon comprenait le fonctionnement des mondes possibles. Fanta' non mais ça c'est normal, mais BobLennon lui a réussi.
Et là j'ai fait "buck, s'il en est capable alors tout le monde le peut !"
Alors.
Laissez-moi vous poser une question métaphysique :
(1) "Une voiture bon marché est rare."
(2) "Ce qui est rare est cher."
Donc :
(3) "Une voiture bon marché est cher."
Ceci est un syllogisme. Vous noterez qu'on vient de dire que ce qui est "bon marché" est "cher", c'est une contradiction, normalement c'est pas possible. Alors comment c'est possible ?
Je viens de poser le problème sur Skype et comme prévu -- et comme moi à l'époque -- c'est parti dans un savatage en règle parce que tout le monde a son avis sur la question. Or cette question, là, en haut, est en fait l'exemple qu'on m'a donné à l'époque où je débutais en logique, pour justement m'expliquer que je ne réfléchissais pas "rigoureusement". En gros je m'intéressais aux objets et pas au raisonnement lui-même.
Donc supprimons les objets :
(1) "Un truc machin est bidule."
(2) "Ce qui est bidule n'est pas machin."
Donc :
(3) "Un truc machin n'est pas machin."
En logique on utilise plutôt des lettres mais c'est ça l'idée. Maintenant qu'on ne parle plus que de bidules et de trucs, on peut réfléchir au problème de façon abstraite. En l'occurrence, ici, "truc machin" est un objet complexe, interdit dans un syllogisme, et c'est cet objet complexe qui cause la contradiction. En d'autres termes, la proposition (1) est fausse.
Car yup, le but de la logique "classique" est de dire ce qui est vrai ou faux. Plus précisément, la logique "classique" permet de vérifier la validité d'un raisonnement. Par exemple, la proposition (3) est vraie si les propositions (1) et (2) sont vraies. C'est quoi une "proposition" ? Un peu l'équivalent d'une phrase, et par définition quelque chose dont on peut dire si c'est vrai ou faux.
Comme un critique sur une histoire, le logicien ne juge pas les objets eux-mêmes, seulement la structure autour.
Mais là je ne parle pas de l'art de l'écriture, je veux vous parler de mondes possibles.
Arrêtez de changer de sujet.
En logique classique, donc, on s'intéresse à la vérité des choses. Et il n'y a que deux possibilités. Deux. C'est tout. C'est vrai ou c'est faux, c'est blanc ou noir, tu as raison ou tort, c'est 1 ou 0, comme en informatique, "ça n'existe pas les 2". La nuance c'est pour les tapettes, y a que des gentils ou des méchants mais être les deux à la fois c'est tellement impensable que- okay je pense que vous avez compris, la logique binaire et la réalité ça ne va pas ensemble.
Bon.
Un problème de la logique est donc de couvrir les cas où "c'est pas vrai mais pas forcément faux non plus"... et il y a eu des logiques à trois valeurs, aka "0, 1 et 2" qui auraient fait brûler vos ordinateurs... honnêtement le logicien a tout tenté, et ces tentatives, pour simplifier, ont donné ce qu'on appelle la logique "modale", aka la logique qui cherche à nuancer le monde.
Ma manière préférée d'aborder cette logique, c'est de dire "on ne sait pas tout". Bah oui, la logique classique suppose qu'on est omniscient, alors que dans la vie de tous les jours on traite des problèmes avec les moyens du bord, mode yolo. Du coup, la logique modale essaie de dire ce dont on est sûr et ce qu'au contraire on ne fait que supposer. Les choses restent vraies ou fausses, mais peuvent être :
1) "nécessairement" vrai
2) "possiblement" vrai
3) "possiblement" faux
4) "nécessairement" faux
La logique modale rajoute donc ces "modalités" que sont la nécessité et le possible.
Nécessaire, ça veut dire que ce sera vrai quoi qu'il advienne. Genre c'est nécessaire que tu respires si tu ne veux pas mourir. Par contre, il n'est pas nécessaire d'avoir étudié la veille pour réussir son examen (mais punaise que ça aide). Possible signifie que ça peut être vrai, mais pas toujours. C'est possible de survivre à une balle de revolver en pleine tête, c'est possible d'aimer Sombra... ou Nightmare Moon. Ce n'est juste pas nécessaire, tout le monde n'a pas à aimer la meilleure princesse de tous les temps de l'univers de la création du cosmos et au-delà.
C'est d'ailleurs une nuance amusante qu'on se fait en logique, que "possible" ne signifie pas "probable". Il est possible de gagner à la loterie... une chance sur trois cents millions. Il est probable que vous ayez aimé la saison 4, mais eh tout peut arriver.
En fait, "possiblement" vrai et "possiblement" faux s'équivalent.
Bon mais quel rapport avec les mondes possibles ?
Sérieux ?
Vous posez encore la question ?
Je viens de vous dire que ça pouvait être "possible-ment" quelque chose et vous me demandez le rapport avec les mondes possibles ? Okay okay, pour faire simple les mondes possibles sont une manière de décrire la logique modale. À l'origine c'était fait pour décrire les futurs possibles. À partir du présent actuel là tout de suite, on imaginait tous les futurs possibles. Par exemple, quelle sera ma prochaine phrase ? J'aime les tomates. Eh, c'était possible.
Par la suite, on a décrit les mondes possibles autrement. On a décrété qu'il existait un monde de départ, appelé amoureusement "P", et que ce monde de départ P nous servirait de repère. Ce monde P est en général notre monde actuel, celui où vous lisez cet article, le vrai monde de la vérité vraie.
Ce monde P est rempli de propositions du type "ce qui est rare est cher", qui sont vraies pour ce monde ou, si vous préférez, cet univers. Du point de vue de la logique, donc, un univers est un ensemble de "propositions", c'est-à-dire de vérités. "Il existe Twilight Sparkle", "C'est une princesse", "Elle sert à rien"... des vérités, quoi, qui définissent l'univers.
Notez qu'on peut également faire d'Equestria notre monde de départ.
Maintenant, qu'est-ce qu'un monde possible ?
Un monde possible est un monde dont, par rapport au monde P, au moins une vérité est différente. Une proposition fausse est soudainement vraie ; une proposition vraie est soudainement fausse. Il suffit que le Sahara compte un grain de sable en moins pour avoir un univers parallèle, parce que notre monde à cet instant précis compte un nombre précis de grains de sable et qu'en enlever un c'est défier les lois de l'univers.
Bien sûr, vous pourriez aller dans ce monde possible et n'y voir absolument aucune différence. Bonne chance pour remarquer l'absence du grain de sable. Pour les rêveurs, vous pouvez même imaginer que chaque matin vous êtes dans un autre univers, où par exemple une brique du Népal serait un peu moins rouge. Ces changements sont suffisants pour différencier cet univers de celui de base, mais parfaitement négligeables pour nos petites têtes d'homo sapiens.
Avant d'aller plus loin, laissez-moi bien souligner.
Les choses sont vraies ou fausses. Une chose est "possible" quand elle est vraie dans au moins un monde. Une chose est "nécessaire" quand elle est vraie dans tous les mondes. Un exemple de nécessité ?
[p][ =(pp) ]
"Pour tout p, p équivaut à p."
"Toute chose équivaut à elle-même."
En d'autres termes, "un chat est un chat". Si cette proposition n'est plus vraie alors votre monde devient contradictoire, il peut y avoir tout et son contraire, et les mondes contradictoires ça n'existe pas. Par définition. Si si rappelez-vous, un monde est défini comme un ensemble de vérités, si le monde est contradictoire tout est faux, donc le monde n'existe pas. Après libre à vous d'imaginer des mondes contradictoires mais la logique s'en fiche.
Pour faire la brève parenthèse littéraire du jour, qu'en est-il dans nos textes ?
Eh bien, déjà, tous nos textes sont, par définition, des mondes possibles par rapport à Equestria. Je veux dire c'est le but, on raconte ce qui aurait pu s'y passer. Par exemple, entre deux épisodes Fluttershy aurait pu ouvrir une boutique... eh, c'est possible ! Mais pas nécessaire.
Le lecteur en a une perception différente. Même si on venait à tuer Rainbow Dash, cette mort ne ferait pas du texte un monde parallèle pour le lecteur, parce qu'on se situe dans le futur immédiat de la série (en tout cas sur le moment) et que comme c'est le futur eh, c'est tout à fait "possible". Ce pourrait très bien être l'Equestria d'origine que tout le monde connaît, juste avec un futur un brin morbide. Avec cette logique, MAI ne devrait pas être un monde possible vu que c'est juste le futur d'Equestria, mais eh, le lecteur a sa logique.
Dans les faits on parle de monde possible, ou "d'univers parallèle", aka les fameux UA, quand l'univers décrit diffère vraiment des attentes, aka de l'Equestria que tout le monde connaît. En fait, pour le lecteur, ces mondes devraient plutôt être "impossibles" dans l'Equestria qui lui est familière.
Voilà.
Normalement à ce stade vous savez ce qu'est, logiquement, un monde possible.
Question.
Combien il y a de mondes possibles ? Combien y a-t-il de versions alternatives d'Equestria ? Réponse : considérez qu'à chaque point dans le temps, à chaque point dans l'espace, ce point peut exister ou ne pas exister. À chaque fois c'est une vérité différente, donc un nouveau monde possible. À peu de choses près, il y en a donc une infinité.
Question.
Et si on voyage dans un monde possible ?
Ramenez le problème à ce qu'il est. Un monde est un ensemble de vérités. "Twilight Sparkle arrive dans ce monde" est une vérité. Il est possible qu'elle n'y arrive pas. Cela signifie qu'à chaque fois il y a deux mondes possibles, un où le voyageur arrive et un où le voyageur n'arrive pas.
C'est notamment une manière de résoudre les voyages temporels. Vous foirez un examen. Vous remontez dans le temps et, en connaissant les réponses, vous réussissez l'examen. Paradoxe ? Non. Dans le premier monde vous avez toujours foiré l'examen et ensuite vous avez disparu. Dans le second monde vous avez réussi l'examen et vous êtes tout content. Remplacer "réussir un examen" par "sauver le monde"... ouais, vouloir sauver le monde en remontant dans le temps est futile pour le monde actuel, vu que lui ne sera pas changé. Ce sera un autre monde possible qui le sera. Vous, vous allez toujours vous faire rouler dessus.
Et ce n'est pas tout. Dans un épisode de Stargate, le héros passe une porte qui l'amène dans une version alternative de son monde où les méchants attaquent. Il tente de sauver cet autre monde mais celui-ci finit par se faire détruire et il retourne chez lui prévenir les gens de ce qui les attend. Il se passe la même chose dans Doctor Who, d'ailleurs.
Seulement.
Est-ce qu'il est vraiment revenu dans son monde ? En fait, il y a un monde possible où il n'est jamais parti. Un monde possible où il n'est jamais revenu. Bien sûr, pour lui, ces questions ne se posent pas. Tout ce qu'il connaît, c'est le monde où il se trouve, et le souvenir de ceux qu'il a traversés. Mais au final il est juste en train de sauver un monde possible parmi d'autres, ce qui l'arrange bien, sans conscience que le monde qu'il a quitté va, lui, probablement se faire rétamer quand même.
Il y a alors deux façons de considérer les voyages entre mondes parallèles, aka mondes possibles.
1) Ils font partie d'un multivers
2) Ils n'ont pas lieu
La solution du multivers est une fausse solution. On imagine que tous les mondes possibles font partie d'un même super-univers (les comics sont très forts avec ça) sans considérer que ce super-univers est lui-même soumis au possible. Il y a un super-univers où le mec voyage et un super-univers où le mec ne voyage pas... on retombe sur le même problème, et un super-super-univers n'y changera rien.
Un multivers unique impliquerait que tout ce qui s'y trouve soit "nécessaire". Quelque chose ne doit pas pouvoir y être faux, même en possibilité. Et ça, ça signifie qu'on ne doit pas pouvoir s'y rendre, parce que si on le "peut", le simple mot "pouvoir" devrait faire comprendre que le contraire est possible.
Donc, le voyage entre les mondes possibles reste impossible.
En effet, dans le second cas de figure, tout est préprogrammé. Ce qui se passe n'est pas que le même objet passe d'un monde possible à un autre : ce qui se passe est qu'un objet est supprimé d'un premier monde possible, pendant qu'un second monde possible crée un objet identique.
Laissez-moi traduire.
Vous voyez Equestria Girls ? Imaginez que Canterlot High soit un monde possible, et que Twilight Sparkle veuille s'y rendre. Le monde d'Equestria détruit alors l'objet Twilight Sparkle, et il se trouve qu'il existe un monde possible, Canterlot High, qui parce que c'est possible crée un objet Twilight Sparkle identique. Elle n'a jamais voyagé, en fait elle est carrément morte, il y a juste une autre Twilight Sparkle dans un autre monde qui a pris vie.
Allons plus loin. C'était possible qu'elle arrive à n'importe quel moment, à n'importe quel endroit, en n'importe quel état et dans n'importe quel univers. Tous ces mondes possibles existent du simple fait qu'ils sont possibles, et on en a simplement considéré un. Mais dans les faits, une infinité de Twilight sont "arrivées" dans une infinité de Canterlot High, et au moins une Twilight Sparkle a eu la surprise de n'y trouver aucune trace de Sunset Shimmer, tandis qu'une autre y est arrivée sous forme de jument. Et une fois "arrivée" là-bas, il y avait une infinité de déroulements possibles, y compris des cas où elle ne rentrait pas. Ce qui signifie aussi une infinité d'Equestria vers laquelle "rentrer".
Logiquement parlant, Twilight Sparkle n'est jamais partie. On a simplement regardé une Equestria où l'objet Twilight Sparkle disparaît sur une durée déterminée puis réapparaît avec tels souvenirs ; et on a regardé un autre monde qui, par coïncidence, créait un objet Twilight Sparkle similaire et lui faisait vivre lesdits souvenirs. On a ignoré l'infinité de mondes parallèles qui existent également.
Conclusion ?
Tout cela importe au final assez peu pour Twilight. Elle a son monde, elle a ses souvenirs et elle se fiche de l'infinité d'autres Twilight Sparkle qui elles se sont plantées en beauté. Quand vous réussissez votre examen, vous vous fichez de savoir qu'une infinité de "vous" l'a foiré. Mais vous vous en fichez justement parce que le voyage entre les mondes possibles est impossible, nécessairement, et que dans votre monde il n'y aura jamais un "vous" qui viendra avec un fusil prendre votre place.
(Source)
J'aurais pu encore ajouter quelques mots mais à ce stade on peut comprendre les conclusions de BobLennon : il n'y a pas juste "quelques" mondes possibles, il y en a une quasi-infinité. Et surtout, vouloir tenter de les changer est absurde, logiquement absurde.
À ce titre il est presque certain que Canterlot High n'est pas un monde possible, juste un monde sur une autre planète ou dans le miroir même, un peu à la Myst : des mondes créés, artificiels, à l'intérieur d'un monde unique, et qui n'ont absolument rien de "parallèle".
Si Bob Lennon l'a compris, vous devriez pouvoir le comprendre aussi.
L'article a été visualisé 600 fois depuis sa publication le 16 août 2014. Celui-ci possède 15 commentaires.
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@IGIBAB Le voyage n'est possible que s'il est "nécessaire". Parce qu'il n'est que possible, il est impossible. Et cela à n'importe quel niveau de multivers, même s'il y en a une infinité. Wesh.
Si on reste purement et simplement logique, ça tient debout, même si j'ai des doutes sur les multivers. En effet, si ils sont soumis au possible, (si on reste purement logique hein) on a donc un multivers où quelqu'un voyage, et un autre où il ne voyage pas. Donc on peut les englober dans un super-multivers, et ainsi de suite à l'infini. Pourquoi pas non ? Si il y a une infinité de possibilité, de mondes possibles, pourquoi n'y aurait-il pas une infinité de contenant ? La seule chose qui me dérange en fait c'est que c'est une solution de facilité.
Article intéressant :)
Imaginons que l'univers est un gigantesque ordinateur. Chaque être vivant, qu'il soit sur terre ou ailleurs est un transistor. - mékécécé un transistor ? - C'est un truc qui permet de véhiculer ou non des infos, cherchez vous même - BREF. Imaginons donc que chaque être est un transistor. Maintenant on va prendre une temps t. Imaginons qu'à chaque temps t, chaque transistor puisse avoir une position 1 ou 0. Cela correspondrait à chaque être ferait ou ne ferait pas tel action.
Étant donné que l'univers est infini, il y a donc une infinité d'être. Et vu qu'il y a une infinité d'être, il y a donc une infinité de possibilité, et donc une infinité de monde possible.