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De l'art de faire de chouettes dialogues. Aller aux commentaires
24 novembre 2014

Ouep, c’est peut être un des seuls articles que je ferais, mais le sujet me tâte trop pour que je la laisse de coté. Et puis ce sujet n’est pas exempt de choses à dire.

Bon un dialogue, vous savez tous ce que c’est, sinon vous vous êtes juste trompé de site. Mais histoire d’être sûr, un dialogue, concrètement c’est ça :

--

- Bonjour Fluttershy.

- Bonjour Twilight.

- Tu vas bien ?

- Oui, et toi ?

- Très bien, la journée est belle.

--

Voilà un dialogue. Banal, voir inintéressant, mais un dialogue quand même. L’idée de base est de faire parler et interagir au moins deux personnages. Au moins deux parce que sinon c’est un monologue, dont l’utilisation est différente et moins fréquente.

Alors, pour la forme, je ne vais pas revenir sur certains points essentiels détaillés dans ces deux articles ici et  , je considérerais que la suite de cet article est lue en connaissance de ces bases.

Le but de cet article est un peu différent, car personnellement, ce qui me gêne souvent dans des dialogue que je juge insatisfaisant voir mauvais, ce n’est pas l’absence de guillemet, les tirets pas au bon endroit ou autre chose du même style. Non, ce qui me pose vraiment problème, c’est leur contenue. Alors oui, je crée ce sujet car j’ai assez souvent lut des fanfics composés de dialogues qui m’ont fait grincer des dents. Il y a pas mal de raison, rarement tous ensemble (heureusement, mes pauvres yeux sinon), mais on va se concentrer sur quelques unes.

Attention ! Cet article est en bonne partie subjectif, beaucoup d’avis sont basé sur mes ressentis, mes opinions. Pourtant, j’espère que mon avis pourra au moins faire réfléchir, voir donner d’autres avis qui pourrais changer les miens.

On va d’abord parler de la pertinence d’un dialogue.

Oui, ça reprend un peu un article de Vuld. Bon, honnêtement, ça ne me semble pas être le point le plus pénalisant, ce serait même le plus abstrait, notamment parce que la pertinence (ou l’intérêt dit de façon plus barbare) dépend de beaucoup de paramètres, que ce soit le texte qui l’habille ou le jugement du lecteur. Néanmoins, je vais pousser un exemple au ridicule pour que vous compreniez à quoi je veux en venir avec ce point.

La pertinence d’un dialogue, je le résumerai par cette question : qu’est ce qui peut justifier l’écriture d’un dialogue ?

Typiquement, mon petit dialogue plus haut fait partie de ceux qui ne font pas intervenir grand chose, il renseigne juste que Twilight dit bonjour à Fluttershy, et se demande mutuellement s’ils vont bien de la façon la plus basique possible, le tout avec un beau temps. Alors oui, prit comme ça, sans contexte, ça ne sert effectivement à rien. Seulement, même remis dans un contexte, genre Twilight qui va faire ses courses et croise la pégase, ben … honnêtement, ça reste du meublage, son intérêt dans la narration n’y est pas, il n’est pas pertinent. Et encore plus s’ils ne font que se croiser pour se séparer à la fin de ce dialogue. On pourrait ne pas le lire que l’histoire n’en serait pas chamboulée.

Qu’est ce qui pourrait arranger les choses ?

--

- Bonjour Fluttershy.

- Bonjour Twilight. - Tu vas bien ? Ce n’est pas habituel de te voir en ville si tôt le matin

- Oui, mais aujourd’hui c’est la saison des amours, et je ne voudrais pas les déranger pendant leur parade de séduction, mais heureusement Rarity m’a proposé une séance au SPA avec elle. Et toi ?

- Je vais très bien, j’étais partie pour acheter de l’encre. C’est sur le chemin, je t’accompagne si tu veux ?

--

Voilà, déjà on a du mieux. Là, concrètement, on a la raison du dialogue, à savoir Twilight qui s’étonne de voir Fluttershy dans la matinée, et celle-ci qui lui donne la raison, et en prime une petite perturbation dans le fil conducteur « Twilight va faire ses courses ». Sans ce détail, rien n’aurait pu sortir de ce dialogue, On l’aurait lu et c’est tout, on serait passé à autre chose. Il aurait alors suffit d’écrire qu’elles se croisaient et se saluaient dans la narration et basta, le résultat aurait été le même.

Et justement, cette narration, elle est où ? Car là, on a le dialogue seul. Hors un dialogue, c’est (presque) toujours précédé d’une narration pour l’amorcer. C’est de cette manière que l’on plante le décor, tout comme dans un théâtre. Et c’est grâce à ça que l’on évite des lourdeurs inutiles dans un dialogue, voir éviter carrément des dialogues. Car oui, vous l’aurez peut être compris, c’est les deux phrases de politesse qui me gêne. C’est commun de se dire bonjour, ça allonge inutilement le dialogue, et ça fait une répétition pas très belle à la lecture. On peut très largement s’en passer. Bon en fait non, ne nous en passons pas, ça éviterait de transformer nos ponettes en robot, replaçons les plutôt dans la narration.

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En profitant du ciel bleu, Twilight Sparkle passa par le centre de Ponyville, où elle vit son amie amoureuse des animaux qui semblait venir de son cottage. Elle vint alors la saluer pour ensuite prendre des nouvelles.

- Tu vas bien Fluttershy ? Ce n’est pas habituel de te voir en ville si tôt le matin.

- Oui, mais aujourd’hui c’est la saison des amours, et je ne voudrais pas les déranger pendant leur parade de séduction, mais heureusement Rarity m’a proposé une séance au SPA avec elle. Et toi ?

- Je vais très bien, j’étais partie pour acheter de l’encre. C’est sur le chemin, je t’accompagne si tu veux ?

--

Bon, ce n’est pas de la grande littérature, mais avouez que c’est plus sympa à lire, ça dynamise le dialogue qui entre directement dans le vif du sujet.

C’est un exemple parmi tant d’autre, et c’est volontairement caricaturé pour vous faire comprendre le fond de l’idée. D’autres événements peuvent préférer un texte descriptif plutôt qu’un dialogue, par exemple lorsque deux personnages subissent une situation répétitif, un dialogue relatant leurs réactions finira pas devenir lassant. Alors qu’il suffirait simplement de décrire les changements entre les situations qui s’opèrent au fur et à mesure dans un paragraphe, en appuyant au passage sur le ressentit des personnages quand il change, chose plus difficile à rendre si on se contente de les faire parler.

Bien sur, un dialogue ne sert pas qu’à apporter des informations aux événements alentour, ce n’est d’ailleurs que leur rôle le moins courant. Bien plus souvent, on s’en servira pour montrer comment réagit un personnage quand il est confronté à un autre. Cela permet de mettre en avant les sentiments et relations que peut éprouver un personnage A envers un personnage B, et vice versa. Il se peut même que l’ont apprenne beaucoup de ces personnages alors qu’ils ne se disent pas grand-chose de très intéressant dans la forme. Est-ce que ça remet en cause ce que j’ai écrit jusque là ? Non, juste qu’il faut faire la différence entre les dialogues qui se contentent de parler, et ceux qui bougent.

Bref, il faut donner vie à un dialogue.

Oui, c’est peut être bête à dire, mais dans un dialogue, les personnages ne se contentent pas de parler, ils bougent, voient, sentent et ressentent comme tout être vivant. Ne prenez pas en compte ce fait et vous en ferez des robots. C’est à mon sens un des plus gros travaux à apporter à un dialogue.

Et c’est là qu’interviennent les propositions incises. Vous savez, ces petites phrases qui viennent s’incruster en plein dans les dialogues pour nous dirent la plupart du temps qui parle, de quelles manières ils le disent, et de nous renseigner sur plein d’autres détails qui, si vous suivez bien, rendent vivant les personnages.

Illustrons ça en reprenant notre petit texte

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En profitant du ciel bleu, Twilight Sparkle passa par le centre de Ponyville, où elle vit son amie amoureuse des animaux qui semblait venir de son cottage. Elle vint alors la saluer pour ensuite prendre des nouvelles.

- Tu vas bien Fluttershy ? Ce n’est pas habituel de te voir en ville si tôt le matin.

- Oui, mais aujourd’hui c’est la saison des amours, et je ne voudrais pas les déranger pendant leur parade de séduction, mais heureusement Rarity m’a proposé une séance au SPA avec elle. Et toi ?

- Je vais très bien, j’étais partie pour acheter de l’encre. C’est sur le chemin, je t’accompagne si tu veux ?

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Bon, là, pour être honnête, les propositions incises ne sont pas indispensables, on comprend qui parle, qui répond, et si le seul but de ce dialogue est de nous renseigner sur l’activité des ponettes, il le fait très bien.

Pourtant, on aimerait bien savoir ce que ça fait à Twilight de croiser Fluttershy, et inversement ce que ressent la pégase de raconter son histoire à son amie. C’est là que l’on découvre la magie des propositions incises.

(On va zapper la description et se concentrer sur le dialogue, vue que les propositions incises n’interviennent que là)

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- Tu vas bien Fluttershy ? Ce n’est pas habituel de te voir en ville si tôt le matin, demanda la licorne en levant un sourcil d’étonnement.

- Oui, mais aujourd’hui c’est la saison des amours, et je ne voudrais pas les déranger pendant leur parade de séduction, confessa Fluttershy avec un sourire timide caché par son sabot, mais heureusement Rarity m’a proposé une séance au SPA avec elle. Et toi ?

- Je vais très bien, assura Twilight d’un rire amusé, j’étais partie pour acheter de l’encre. C’est sur le chemin, je t’accompagne si tu veux ?

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Simple non ? Grace à nos petites propositions, on obtient une atmosphère enjouée, on voit clairement que ça surprend Twilight de voir son amie (même si sa question l’indiquait implicitement), et on constate que Fluttershy n’est totalement à l’aise avec le sujet (elle confesse, suggérant qu’elle ne le dit pas ouvertement), et l’insertion de petits détails comme le sabot sur la bouche et le rire pour animer les deux personnages, afin de ne pas avoir deux statues qui se parlent.

Le choix du verbe, la description d’un détail pour afficher le sentiment d’un personnage, c’est exactement comme décrire un décor, sauf qu’on le fait avec des êtres qui communiquent sous nos yeux, et ça permet aisément au lecteur de s’imaginer la scène, et l’attitude des personnages. On lit le dialogue de l’écrit comme on regarderait le dialogue d’un film. Maintenant nous allons voir un truc amusant. Comme je vous pouvez le constater, les propositions incises nous ont permit d’installer une ambiance, qui s’avère être joyeuse dans notre exemple ci-dessus.

Maintenant, que pourrions-nous faire pour changer cette ambiance en quelque chose d’un peu plus triste ?

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- Tu vas bien Fluttershy ? Ce n’est pas habituel de te voir en ville si tôt le matin, s’inquiéta la licorne du regard peiné de son amie, posant un sabot compatissant sur son épaule gracile.

- Oui, mais aujourd’hui c’est la saison des amours, et je ne voudrais pas les déranger pendant leur parade de séduction, se plaignit Fluttershy avant d’afficher un sourire rassuré, mais heureusement Rarity m’a proposé une séance au SPA avec elle. Et toi ?

- Je vais très bien, avoua une Twilight rassurée que la pégase ne soit pas si mal, j’étais partie pour acheter de l’encre. C’est sur le chemin, je t’accompagne si tu veux ?

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Vous avez remarqué ? J’ai simplement modifié les propositions, et à partir des mêmes paroles, j’ai obtenue deux atmosphères différentes. Bon, vous pourriez me dire que pour rendre la chose encore plus triste, on pourrait changer les paroles, et je vous donnerais entièrement raison. Mais l’idée que je veux véhiculer, c’est l’utilité des propositions, leur rôles dans les dialogues, et leur presque indépendance par rapport à ceux-ci, qui font qu’elles peuvent à elles seules changer drastiquement le fond d’un dialogue. Et leur pertinence. Tiens, vous vous souvenez de notre dialogue inintéressant du début ?

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- Bonjour Fluttershy, lança nonchalamment la licorne à la pégase.

- Bonjour Twilight, couina celle-ci en sachant très bien pourquoi la jument violette l’accostait dans ce coin de rue.

- Tu vas bien ? badina Twilight en tendant un sabot vers la boule grelottante que formait à présent sa victime.

- Oui, et toi ? se força à articuler une Fluttershy qui déposait toutes les pièces qu’elle avait dans le sabot menaçant.

- Très bien, la journée est belle.

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Oui je suis cruel, osef c’est pour l’exemple. Dialogue banal et inintéressant dans la forme, mais pertinent car fait vivre une scène montant en avant Twilight dominant complètement Fluttershy. On aurait plus simplement décrire cette échange dans une narration, mais avouez que ça a plus de poigne d’y assisté en live, non ? Alors bien évidement, il ne faut pas abuser des propositions incises : en mettre une à chaque phrase comme là risque de hacher le dialogue, à le rendre pesant à lire. On n’a pas besoin de détailler le moindre battement cils des protagonistes, seulement les mimiques qui soutiennent les paroles.

Oui, ça remet bien en question ma partie sur la pertinence d’un texte, mais je vous avez dit que ce point était abstrait et dépendant de beaucoup de paramètre. Ce qui fait qu’un dialogue est bon, c’est la symbiose de ces deux éléments.

C’est comme beaucoup de chose dans l’écriture, il faut savoir doser, bien utiliser les mots pour un effet maximal. Le dialogue ne vaut pas grand-chose sans un texte pour l’accompagner, le situer, mais à l’inverse, se baser entièrement sur le texte pour animer le dialogue rend celui-ci fade et monocorde. Un dialogue ce n’est pas juste des paroles, ça se vit. Il ne faut pas seulement entendre les personnages, il faut les voir.

Sur cette dernière phrase, vous être en mesure d’écrire des dialogues sympas à lire. Mais si je peux vous garder encore quelques minutes, on va aborder le point qui est la cause primaire de la création de cet article.

Bon, encore une fois, sujet abstrait, néanmoins, c’est quelque chose qui fait très souvent la différence entre un bon dialogue et un dialogue que l’on oublie. Je veux parler du jeu des personnages.

Qu’est ce que j’entends par « le jeu d’un personnage » ? Tout simplement le fait qu’un personnage, de par son caractère et ses habitudes, influence énormément les paroles qu’il dira, ainsi que la manière de dire. Prenons un exemple tout bête dans un dialogue entre Rarity et Applejack, notre licorne rejoignant la fermière au Sweet Apple Acres.

--

- Hey AJ, qu’est ce que tu fais de beau ? brailla presque Rarity pour couvrir le meuglement agité des bêtes.

- Rien d’spécial , tonna tout autant Applejack en relevant le museau des excréments, j’stock les bouses pour l’compost. Ça t’dis de m’aider.

- Pourquoi pas, ça à l’air marrant.

Ravis d’avoir de la compagnie pour cette tache salissante et usante, la fermière fit confiance à son amie et reprit sa part de travail. Elle était alors loin de s’imaginer comment la licorne procèderait quand, après avoir entendue un bruit spongieux peu ragoutant, elle vit Rarity les pattes avants plongés jusqu’aux genoux dans la matière odorante, luttant ensuite pour en extraire un gros morceau.

- Heu, tu veux pas des gants ?

- Pourquoi faire ? s’étonna Rarity comme si Applejack avait dit une bêtise. C’est que des crottes. »

--

(S’en va purger ses mains au White spirit et revient après un bon verre de Jack. Se relis et garde la bouteille à ses cotés)

A moins que vous soyez complètement nouveau dans ce fandom, vous avez très sûrement repéré ce qui ne va pas ? Non ? Vraiment ? Bon, juste, remplacez Rarity par Pinkie Pie. Là, ça ne vous parait pas plus approprié comme situation ? Et bien c’est exactement ce dont je veux parler.

Chaque personnage que vous créez (OC, Original Character) ou que vous réutilisez (Personnages tirés de l’univers utilisé) a un mode de pensée qui fait son identité, qui dicte ses actes. Si votre personnage est quelqu’un de tolérant envers ses semblables, il serait plus naturel de le faire se poser des questions sur le pourquoi un autre l’as agressé, plutôt que de le rendre agressif à son tour et vouloir réglé les choses d’une manière plus physique. S’il est un male séducteur, il n’abordera pas la gente féminine de la même manière qu’il le ferrait avec un homme.

A chaque fois que vient le moment de faire parler votre personnage, ne pensez pas « qu’est ce qu’il serait bien qu’il dise » mais plutôt « qu’est ce qu’il dirait/comment il réagirait dans cette situation ». C’est un exercice qui peut s’avérer compliqué à mettre en place pour certaines personnes, car l’idée derrière tout ça est de se mettre dans la peau du personnage, de penser comme lui, d’être lui. C’est un jeu d’acteur en quelque sorte.

Et justement en parlant d’acteur, quelque chose que je fais beaucoup et que je vous conseille. Jouez la scène que vous écrivez, en respectant l’intonation que vous avez décrit et éventuellement les mimiques, exactement comme vous le feriez dans une pièce de théâtre. Quand c’est dit plutôt que simplement lu, certaines évidences ressortent. Vous vous rendrez compte dans un premier temps si la parole est naturelle ou pas, et vous verrez mieux si votre personnage est dans le bon ton ou pas, échappant ainsi au redouté Out Of Chatacter (OOC). N’hésitez pas à la refaire plusieurs fois, quitte à n’avoir à modifier qu’un élément en changeant deux-trois choses au fur est à mesure. Cette méthode est à mon sens un premier pas vers l’écriture de dialogue vivant, et ce avant même de penser aux propositions incises.

Dans le cas d’un OC, c’est plus facile à prendre en main, car quand on le créer, en général (quand on est consciencieux quoi) on le définit entièrement soi même jusque dans sa pensée. Involontairement, on entre dans sa tête, il devient quelqu’un que l’on connait par cœur. Mais attention, l’exercice reste toujours le même : devenir ce personnage pour le faire parler et réagir de la meilleur façon qu’il soit. N’oubliez pas non plus que chaque détail compte, cela inclus le mode de pensée mais aussi les attitudes. Et aussi, pensez aux relations qu’entretien un personnage avec les autres.

Je ne peux pas vraiment montrer d’exemple pour ce coup là, mais seulement vous encourager à travailler vos dialogues autant que vous le feriez sur la narration. Il peut arriver parfois qu’en respectant parfaitement le comportement d’un personnage, vous vous retrouviez à ne pas pouvoir rendre une scène cohérente. Ne tomber pas dans la facilité en violant l’esprit d’un personnage pour l’adapter de force. Réfléchissez et tourner la scène autrement, vous pourriez même y trouver une idée qui vous serait jamais venu autrement. C’est aussi de cette manière qu’on obtient de jolis moments d’inertie littéraire.

J’ouvre une parenthèse sur un point, à savoir qu’un personnage IC (In Character) dépend beaucoup de la vision qu’à chacun de ce personnage.

Prenons Luna, bon exemple de cette divergence. Elle n’est pas un personnage qui a reçu un développement très poussé, néanmoins les apparitions que l’ont voit d’elle dans le show permettent de penser qu’il s’agit de quelqu’un de très sage, de pragmatique et plutôt en retrait, et qui possèdent pourtant un petit coté espiègle (son relâchement à la nuit du cauchemar et ses clins d’œil lors de ses épisodes avec Sweetie Belle et Scootaloo). Nous avons donc la Princesse Luna, Gardienne de la Nuit, protégeant son peuple des cauchemars et montrant l’exemple par ses manières, sans oublier cependant qu’elle n’est pas au dessus des autres.

A coté de ça, nous avons les comics, où Luna est dépeinte d’une toute autre façon, tout du moins à après le premier arc avec Chrysalys. Elle est toujours espiègle, mais beaucoup plus. Sage, beaucoup moins. Elle a l’air de plus d’être moins concernée par les autres, telle une gamine à laquelle on aurait donné des pouvoirs dont elle ne voulait pas.

Peut-on la considéré comme OOC dans les comics ? Pas vraiment, puisque les rares fois où nous ayons pu voir Luna après son intégration à la vie moderne de l’épisode 03 S02 était systématiquement lié à un événement qui demandait du sérieux (retour de Sombra, rôle de gardienne de la nuit, réunion diplomatique). Les comics ont exploité tous les blancs, montrant Luna de façon plus intime.

Fermons la parenthèse en concluant sur ceci : il n’est pas interdit de détourner un personnage pour se permettre d’écrire des dialogues très différent de ce que la pensée collective aurait imaginé, la règle étant de rester cohérent dans son histoire. Si votre personnage doit changer d’attitude en cours de fic, le lecteur doit voir cette évolution, et pas y être confronté comme si on lui avait imposé une nouvelle vérité.

Sur ce je termine ici cet article, et espère avoir éclairé certaine lanterne. Je suis aussi conscient d’être perfectible, alors si on peut discuter sur certains points, je suis tout ouvert.

Allez, à la prochaine !

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LordAngelos
LordAngelos : #8318
@Toropicana : Ce n'est pas mal au contraire, c'est ce qui est préférable de faire même. En fait, ce que je pointe surtout du doigt avec cet article, c'est tous ces dialogues mornes, qui même si elles parviennent à faire avancer l'histoire, manquent carrément de punch, comme si tu lisait une narration du genre : "Il y a du vent. George entre à la boulangerie, et y achète du pain. Il croise Josephine, elle lui fait coucou de la main."
Il y a 3 ans · Répondre
LittleParrot
LittleParrot : #8317
@Toropicana : Je pense que ce sont les deux points principaux, en plus des relations entre les personnages et de leur évolution, bien sûr. Mais ça, ça découle plus ou moins de leur personnalité, de leur but, etc.
Il y a 3 ans · Répondre
Toropicana
Toropicana : #8267
Au risque de dire n'importe quoi, je me sert beaucoup des dialogues pour montrer la véritable personnalité des personnages et faire avancer une intrigue. Est-ce que c'est mal de s'en tenir à seulement ces deux points ? Parce que j'ai toujours fais comme ça.
Il y a 3 ans · Répondre
LordAngelos
LordAngelos : #8184
@LitteParrot : le gars de ton lien est vraiment un bon, j'ai l'impression d'avoir appris une mine de truc. Surtout qu'il a calmé quelques une de mes peurs avec les incises, à savoir celle qui se contente de dire qui parle.
Il y a 3 ans · Répondre
LittleParrot
LittleParrot : #8182
Super intéressant et complet !

Par contre, tes exemples d'incises étaient souvent très développés, quand un verbe de parole bien choisi ou même une interruption du dialogue le temps d'une phrase de narration permettent d'alléger tout ça. Et, comme Vuld et toi l'avez dit, les incises ne sont pas nécessaires à chaque réplique.

Et pour rebondir sur ce que disait @Vuld sur les anglais : [lien] : ce blog de bookplayer de fimfiction parle des dialogues en général, et en particulier de comment rendre un personnage reconnaissable, de comment régler le "timing" d'un dialogue (longueur des phrases, incises), du fameux "show, not tell" qui s'applique aussi aux dialogues, et de comment amener un sujet précis dans une conversation.
Ce qui m'avait particulièrement marquée en le lisant est ce qu'elle raconte à propos des incises. Pour les anglo-saxons, il semblerait que plus un verbe de parole est court et neutre, et plus il est susceptible d'être utilisé. Sinon, ils considèrent que ça casse le dialogue.
Il y a 3 ans · Répondre
Vuld
Vuld : #8180
Yeah, en gros on dit la même chose. J'avais juste envie de souligner ces points.
Il y a 3 ans · Répondre
LordAngelos
LordAngelos : #8179
@Vuld : Quand j'ai finis de lire ton commentaire, j'ai eu d'abord envie de te répliquer que tu répète en plus détaillé ce que j'ai écris, et puis je me suis relu ... et si pour ta première remarque, je pense avoir été assez explicite avec ce passage :

"Alors bien évidement, il ne faut pas abuser des propositions incises : en mettre une à chaque phrase comme là risque de hacher le dialogue, à le rendre pesant à lire. On n’a pas besoin de détailler le moindre battement cils des protagonistes, seulement les mimiques qui soutiennent les paroles.

Oui, ça remet bien en question ma partie sur la pertinence d’un texte, mais je vous avez dit que ce point était abstrait et dépendant de beaucoup de paramètre. Ce qui fait qu’un dialogue est bon, c’est la symbiose de ces deux éléments.

C’est comme beaucoup de chose dans l’écriture, il faut savoir doser, bien utiliser les mots pour un effet maximal. Le dialogue ne vaut pas grand-chose sans un texte pour l’accompagner, le situer, mais à l’inverse, se baser entièrement sur le texte pour animer le dialogue rend celui-ci fade et monocorde. Un dialogue ce n’est pas juste des paroles, ça se vit. Il ne faut pas seulement entendre les personnages, il faut les voir."

Bon, sur la fin, c'est vrai que j'ai l'air de sous entendre qu'il faut toujours une petite proposition incise quelque part ... Ce que je ne suis pas loin de penser, mais le point de vue de ta seconde remarque m'y fait réfléchir.

Toutefois cette remarque rejoint en quelque sorte ma partie sur le "jeu des personnages".

Quand a ta dernière remarque, j'ai fait moi même un exemple (un peu bancal certes), mais avec le tient, c'est encore plus évident ^^.

En fait, je me rend compte que l'on a pratiquement le même point de vue, c'est juste que mon article est peut être un peu désordonné. Jamais été très bon en cours de littérature :( .
Il y a 3 ans · Répondre
Vuld
Vuld : #8173
Deux-trois remarques.

La première sur les incises : elles sont pratiques, mais il ne faut pas oublier qu'elles coupent le dialogue. Les anglais ont tendance à en mettre systématiquement, mais nous les fromages qui puent on préfèrera varier :
- Salut, dit Twilight.
- Salut, dit Dash.
- T'as vu j'suis rad, lui fit Twilight.
- Euh... super ? lui dit Dash.
Même si on peut nuancer ça dans tous les sens, ça en reste assez lourd. Et là on a encore de la chance, les "incises" sont en fin de dialogue, la coupure est moins sensible.
- Salut, suggéra Twilight en équilibre sur son piquet de barrière du champ d'Applejack, une mèche glissant sur l'oeil à quinze heures quatorze et Spike sur le dos, comment tu vas ?
Pour s'entraîner, il est bon de mettre des incises partout. Mais par la suite, il faut réaliser que trop c'est trop, et "apprendre" à doser. N'en mettre que quand c'est utile, au bon endroit, pas trop long...

Ce qui amène à une seconde remarque, accessoire, mais j'aime penser que le dialogue en lui-même permet de transmettre ce que devrait faire une incise :
- Salut p'tit sucre ! Comment va, dis ?
- M'appelle pas p'tit sucre sale vache ! Tu vois pas que je suis super corrompue ?!
On n'a pas d'incise, mais on sait qui parle. À peu près, Et ce qu'ils expriment. Première réplique, c't Applejack, tournures paysannes et tout ça. Elle a l'air expressive, de bonne humeur, bref, degré zéro de l'intérêt.
Deuxième réplique, il y a un mot qui devrait vous dire de qui on parle : "super". Ni Twilight ni Rarity, ni Fluttershy n'utiliseront ce terme. Ça nous laisse Dash et Pinkie Pie, et là ça se joue à la nuance mais Pinkie pie aurait plus tendance à faire une montée en puissance "mais ouais très bien j'adore j'avais justement envie de me faire pourrir ma matinée par une grognasse dans ton genre !" Là où Dash y va cash, direct.
Dans les deux cas, y a des chances qu'elles ne soient pas tout à fait dans leur état normal.

L'incise ne doit pas remplacer ces détails dans le dialogue même.

La dernière remarque est sur la pertinence.
Et là effectivement, comme dit l'article, un simple "salut ça va ça va et toi ?" c'est ce qu'il y a de pire. Mais le même dialogue banal peut être extrêmement pertinent, suivant le contexte :

Pourquoi Fluttershy voudrait la tuer ? C'était absurde ! Twilight refusait d'y croire ou même d'y penser et se forçait à trotter dans la rue, aveuglément, jusqu'à manquer de bousculer une pégase crème qui lâcha un petit cri de surprise. Twilight sortit de ses rêveries, prise de court.
- Salut Fluttershy ! Comment ça va ?
- Bonjour Twilight. Lui répondit son amie. Je vais bien, et toi ?
- Très bien, parfaitement bien ! Impeccable !
- Oh, tant mieux !
- Oui, tant mieux.
Elle regardait les yeux doux de son amie et se demandait comment ça aurait pu être ceux d'une tueuse.

Okay je triche un brin, j'ai déjà un peu travaillé ces dialogues, notamment avec l'insistance sur le "bien" de Twilight qui en fait trop et signale donc qu'elle se force. Mais dans le principe elles se disent juste "salut ça va" et c'est justement le côté banal qui souligne tout ce qui se passe derrière.
La pertinence d'un dialogue repose donc énormément sur son contexte. L'important n'est pas forcément d'y dire quelque chose, mais que ça ajoute quelque chose à ce qui a déjà été dit.
Il y a 3 ans · Répondre

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Là, tu n'es pas seulement en train de lire le profil d'un brony, mais celui d'un brony écrivain ... mouais, en fait laisse tomber, un simple bonjour suffira ^^.

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