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Embrumé

Une fiction écrite par NordHoofer.

Chapitre 2 : Tout n’est qu’affaire de déduction

Après mon appel avec Avery, j’avais décidé de m’intégrer vraiment à la société. Je ne restais pas souvent chez moi, je discutais avec le plus de poney possible et je continuais d’enchaîner les petits boulots. Cependant, je consacrais trois jours de la semaine à autre chose. Le premier et le second étaient réservés à mon entrainement de verrier. Vous devez comprendre que ce n’est pas un métier qui s’apprend en l’espace de quelques heures. C’est pour cette raison que je travaillais si durement là-dessus. Après la deuxième semaine, je parvenais enfin à manier relativement bien la canne de verrier à l’aide de ma bouche. Apprendre à se servir de sa bouche fut quelque chose de très compliqué pour moi, car jusqu’à ce que j’arrive dans le monde d’Equestria, j’avais des mains et je pouvais m’en servir. Enfin, le tout était que j’avais réussi à m’adapter en partie. Passé le premier mois d’entrainement, j’arrivais à récupérer correctement le verre en fusion avec la canne. Puis, au bout de deux mois, j’arrivais enfin à souffler des bulles de verre. Cette étape incluait aussi l’apprentissage des autres outils nécessaires à ce travail. Je ne vous raconte pas la difficulté que j’eus à me les procurer. Il y avait, en somme : un four de réchauds, pour chauffer le verre autre part que là où il y a le verre fondu ; une mailloche, sorte de cuillère en bois pour régulariser la surface du verre ; une arche à temporiser, un troisième four servant lui à refroidir lentement le verre pour lui éviter les chocs thermique qui le fragiliserait ; un système mécanique importé tout droit de Fillydelphia servant à tourner la canne. Notez pour ce dernier que je dus supplier un million de fois Twilight pour qu’elle m’aide à l’obtenir.

Pour en revenir à mes occupations hebdomadaires, et plus particulièrement, à ce que je faisais durant le dernier jour de la semaine, je recevais des séances d’enseignement de la magie de la part de Twilight. Elle fut d’abord extrêmement réticente à cette idée, pour les bonnes raisons que je ne suis pas une licorne et que j’avais déjà trop abusé de ses services. Cependant, en tant qu’être humain, je suis aussi têtu qu’un mulet, et je la suppliai donc d’accepter cette ultime requête pendant plusieurs semaines. Vous qui lisez ces mots, ne faîtes jamais cela. C’est énervant pour votre interlocuteur et cela ne vous apportera rien. Excédée, la princesse (j’avaisencore découvert ça pendant les deux derniers mois) finit par accepter, à une condition. Que je réponde à chacune de ses questions concernant mon monde et les humains. Ce terme ne me dérangeant pas le moins du monde, nous concluions le contrat. Ce ne fut pas les sorts qu’elle m’apprit, car j’aurais été incapable de les faire, mais la façon, l’état d’esprit, etc. qui permettait l’utilisation de ceux-ci. Je crois qu’il ne lui fallut que quatre semaines pour me dire tout ce qu’elle savait. Twilight était vraiment un bon professeur. Bien qu’elle ait d’abord refusé ma demande, je remarquai qu’elle prenait un plaisir fou à m’apprendre des choses.

Petit à petit, jour après jour, je m’ancrais dans une certaine routine. Avant que je m’en rende compte, l’argent gagné grâce à mes petits boulots me permit de rembourser l’achat de la maison, de la canne et des autres matériaux nécessaires. D’une certaine façon, je n’avais aucune raison de continuer à m’entrainer pour pouvoir souffler le verre, mais après être arrivé si loin je ne voulais pas m’arrêter. Même si je ne m’entrainais pas avec la même intensité, je continuais à progresser.

Au bout de ces deux mois, une chose me frappa. Haze ne m’avait pas contacté du tout et rien d’étrange ne s’était encore produit. J’en venais même à me demander s’il ne s’était pas trompé. Comme je l’avais souhaité, il m’avait apporté des livres de mon monde. Chaque semaine j’en recevais un, que je lisais en l’espace d’une semaine. Etrangement, il ne m’avait donné que des polars, qui étaient malheureusement un des genres littéraires que j’aimais le moins. Je ne fis pas la fine bouche et m’y habituai. Un soir cependant, je fus une nouvelle fois amenée dans cette étrange salle blanche. Haze m’attendait le dos tourné. Il portait un tablier et sortait d’un placard divers objets. Il m’indiqua un siège comportant un rembourrage, des accoudoirs, un appui-tête tout aussi rembourré et un repose-pied. Je m’y assis sans poser de question. Il me passa un peignoir blanc en toile fin que je mis puis il engagea la conversation :

- Tu es bien silencieux aujourd’hui. Tu es sûr que ça va ?

- Mais oui ça va, répliquai-je avec un peu de brutalité.

Je ne savais même pas pourquoi j’étais en colère. Je n’avais aucune raison de l’être après tout. Je repris calmement :

- Pardon. Je ne sais pas ce qui m’a pris.

- Ce n’est pas bien grave, ne t’en fais pas. C’est ma faute, je ne t’ai pas contacté pendant deux mois. Mais j’avais pas mal de travail.

Il sortit une sorte de lame qui ressemblait à celle d’un rasoir. Il me demanda :

- Au fait, ta barbe, tu veux que je te la coupe comment ?

J’avais presque oublié que mon corps humain était conservé dans ce monde. Je touchai mon visage pour découvrir une épaisse touffe de poil. Je compris donc que mon corps continuait de fonctionner même si mon esprit ne l’occupait plus. Je répondis :

- Rases-les. A part ça, tu n’as rien d’autre à me dire… Tu ne m’as pas fait venir que pour me raser ?

- Bien sûr que non, affirma-t-il alors qu’il commençait à me mettre de la mousse partout sur le visage. Je voulais te prévenir. Cette nuit, pendant que tu dors, la brume est en train d’agir. Je le sens. J’ai donc pensé que c’était une bonne idée de plus t’informer sur les effets de la brume.

De deux coups vifs, il fit tomber tous les poils qui ornaient mon visage. Il me rinça pour enlever ce qu’il restait de la mousse. L’esprit reconverti en barbier pour notre rencontre me montra son travail à l’aide d’un miroir. Il n’avait laissé que les rouflaquettes, surement pour me taquiner. Je ne critiquai pas son choix, car, après tout, ce n’est pas comme si j’allais posséder ce corps si souvent que cela. Une fois qu’il eut finis, il fit disparaître ses outils, le peignoir et les poils qui étaient tombés. Il invoqua une autre chaise pour s’asseoir avant de reprendre :

- Commençons par le commencement, si je puis m’exprimer ainsi. Rappelle-moi tout ce que tu sais de la Brume.

- C’est ce qui est à l’origine des principaux mystères qui existent dans mon monde, mais à part ça j’en sais pas grand-chose.

- Et bien, dans ce cas écoute bien. La Brume n’est ni vivante, ni morte, ni inerte. C’est une chose hors du temps qui déforme l’espace. Elle n’a pas de conscience et agis aléatoirement sur son environnement. Les effets qu’elle provoque sont divers et variés. Elle peut autant agir sur une seule personne que sur un pays entier. Voilà pour les généralités. Concernant les effets les plus présents, ils peuvent être aussi bénéfiques que nocifs. Sur une personne seule ou sur une foule, ça peut aller de la simple obsession à réaliser ses rêves et à assouvir ses désirs cachés à la perte totale de libre arbitre, à la recouvrance de sens perdus depuis toujours ou au changement de personnalité. Sur un lieu, ça fait généralement apparaître des grottes ou divers temples dont personne n’avait encore entendu parler. Après comme je te l’ai déjà dit, les effets sont vraiment aléatoire, alors attend-toi vraiment à tout.

J’écoutai chacun de ses mots avec la même attention que je prêtais à Twilight lorsqu’elle m’instruisait.

- Tu as bien fait ce que je t’ai demandé ? m’interrogea-t-il. Tu sais, concernant la demande que je t’avais faite la dernière fois.

J’acquiesçai.

- Bien. Dans ce cas, prend ce pendentif. Je t’apprendrais à le manier plus tard, mais là, on a plus le temps de discuter. Je ne sais ni où ni sur qui la Brume a agi cette nuit, donc il faudra que tu vérifies que tout ailles bien par toi-même. Je sais que tu vas y arriver.

Comme les fois précédentes, il claqua juste des doigts pour me renvoyer dans le monde d’Equestria. Je me réveillai ainsi dans mon corps de poney. Je décidai aujourd’hui que j’allais mettre mes activités de côté pour vérifier rapidement que tout aille bien dans le village.

*****

Je récapitulais rapidement où j’étais déjà allé et où rien d’étrange ne se passait. La ferme des Apples, si on exceptait le nombre incommensurable de pommier présent là-bas, rien ne sortait de l’ordinaire. Le Sugarcube Corner, je n’avais rien remarqué d’étrange sinon Pinkie Pie. La boutique Carrousel, seul le bruit des idées de Rarity en venait, alors je n’étais pas rentré, de peur de la déranger. Le ciel était aussi dégagé qu’à son habitude. En bref, rien dans Ponyville ne semblait avoir été affecté par la Brume. Je commençais à croire que Haze s’était trompé. Enfin… il ne fallait pas être trop présomptueux, car il me restait un endroit que je n’avais pas encore vérifié : le hameau de Fluttershy. J’avais préféré y venir à la toute fin car je me souvenais que la pauvre petite pégase avait eu un petit peu peur de moi la première fois que nous nous étions vu. Je frappai à la porte en appelant :

- Fluttershy, tu es là ? C’est Covert Mist, le nouveau. Je peux te poser une question ?

Personne ne répondit. Peut-être avait-elle encore trop peur de moi pour se montrer ? Je m’adossai contre un des murs pour patienter un peu. J’entendis ensuite la porte s’ouvrir et une voix inqualifiable me demanda :

- Vous venez pour quoi ?

- Et bien je voulais savoir si tout allais bien et…

Je m’arrêtai en voyant la créature qui était devant moi. Elle semblait être une chimère mêlant une dizaine d’animaux différents. Je ne saurais les reconnaître mais je sus immédiatement que cette chose n’était pas naturelle, même pour ce monde. La créature dût voir la tête que je tirais à ce moment là car il me poussa à l’intérieur avec un grand sourire. Je n’arrivais plus à bouger ou à parler tant j’étais effrayé. De la même manière que Haze – c’est à dire en claquant des doigts – il fit apparaître des tasses et une théière. Je me risquai alors à lui poser une question, essayant de lui soutirer quelque information qui m’aurait permis de savoir s’il était l’effet de la Brume ou non, bien que la réponse soit évidente pour moi :

- Euh… et sinon. Je peux savoir votre… nom ? Si vous avez un nom je veux dire. Héhé…

Mon visage était déformé par un rire nerveux. Quant à celui de mon interlocuteur, lui aussi était parcourue d’un sourire, mais celui-là était parfaitement volontaire – et légèrement remplis de sadisme. Il me répondit :

- Mon nom est Discord, mais tu peux m’appeler Discord. Et toi, tu es ?

- Hum… Covert Mist. Vous… savez où est Fluttershy ?

- Elle est sortie ce matin pour faire des courses mais elle n’est pas encore revenue. Je suppose que tu voulais lui demander quelque chose, puisque c’est ce que tu as dis en frappant.

- Exactement.

Ma peur ne cessait de croitre. Peut-être me mentait-il ? Peut-être l’avait-il mangé ? Ou pire encore… Je n’osais imaginer quel esprit torturé l’étrange chose avait. La seule chose qui avait un peu d’intérêt à mes yeux étaient de partir en courant. Il continua :

- Mais pourquoi fais-tu cette tête, Covert ? Je ne vais pas te manger.

Il claqua des doigts pour se retrouver sur mon épaule avec une bien plus petite taille.

- Ou peut-être que oui.

Je sursautai violement en arrière. Je pense qu’à ce moment, si j’avais été humain et que j’avais eu un beau pantalon, il aurait été bon pour la benne à ordure. Mais je me retins du mieux que je pus. Je courus vers la sortie en hurlant de peur, espérant pouvoir échapper à ce fou. Je trébuchai malheureusement dans ma précipitation et me ramassai lamentablement par terre. Le dénommé Discord repris une taille normale et s’approcha de moi, tout en gardant le même sourire sardonique. Il sembla cependant remarquer quelque chose.

- Ce pendentif, tu le tiens d’où ?

Il ne paraissait plus du tout être le même être. Il avait changé assez brutalement de ton et me regardait d’un air menaçant. Cependant, je ne pouvais pas dire que c’était un esprit qui me l’avait offert dans un de mes rêves. Je préférai lui mentir :

- C’est un ami. Oui c’est ça. Un ami me l’a donné.

- Un ami, dis-tu ? Tu ne me mentirais pas un peu par hasard ?

- Pourquoi ça…?

- Ce pendentif est un calice de Brume, ce n’est pas quelque chose que l’on trouve dans tous les coins de rue.

- Ah bon, je savais pas, fis-je pour faire le parfait imbécile.

- Ne fais pas l’imbécile avec moi. Je déteste les mensonges, sauf quand c’est moi qui les fais.

C’est à ce moment là que la pièce se transforma en véritable tribunal de l’inquisition avec non pas un, mais trois Discord en face de moi. Je paniquais de plus en plus. Je ne pensais plus devoir lui mentir. En fait, à ce moment là, mon cerveau humain (1) s’étant déjà éteint depuis longtemps, mon cerveau paléo mammalien (2) se mit à son tour en veille. Ne restait donc que mon petit cerveau reptilien (3) pour m’indiquer de la marche à suivre. Par instinct de conservation donc, je lui avouai, les yeux pleins de larme :

- C’est Haze qui me l’a donné. J’ai rien fait de mal.

A la mention du nom de l’esprit, la créature se calma d’un coup. Il recula et continua son interrogatoire :

- Haze ? Tu parles bien de Haze ? Si c’est bien de lui dont tu parles, dis-moi ses initiales.

C’était une question piège. N’importe qui aurait répondu “H” et ce serait trompé. Heureusement pour moi, je n’étais pas n’importe qui. Je fouillai dans ma mémoire afin de me rappeler de ce que l’esprit m’avait dis à propos de ce monde. Je m’en souvins après quelques secondes de réflexion. Malgré ma panique, je n’avais pas oublié les initiales qu’il m’avait dites :

- P… D… B… il me semble.

Un large sourire repris la place sur le visage de Discord. La pièce, quant à elle, redevint ce qu’elle était avant que Discord ne la transforme.

- Il fallait le dire tout de suite que tu connais le vieux.

- Hein ?

Il y avait plus d’incompréhension sur mon visage qu’il n’y a de sel dans la Mer Morte. Je ne saisissais pas un mot de ce qu’il m’avait sortis. Il semblait connaître Haze. Mais comment cela aurait pu être possible. Je lui demandai :

- Vous connaissez Haze ? Mais comment ? Et d’où ?

- Voyons, je suis le chaos. Il est normal que je connaisse l’esprit des choses étranges.

Je ne compris pas bien son argument, mais fis mine de l’inverse. Je continuai :

- Et, par hasard, vous n’êtes pas apparu seulement hier ?

- Bien sûr que non. Pourquoi cette question ?

- Et bien… Haze m’a prévenu que la Brume avait agit à Ponyville hier dans la nuit. Il m’a aussi dit que c’était moi qui devais s’occuper de régler tous les problèmes liés. Vu que vous êtes la seule chose étrange que j’ai vue aujourd’hui, j’ai pensé naturellement que vous étiez apparus à cause de la Brume de la nuit dernière.

Il ria de plus belle en entendant cela. Je ne voulus pas rester plus longtemps, de peur que Discord retourne sa veste. Je lui dis au revoir en sortant et il me lança :

- Faut toujours attendre un peu avant que ça agisse. Fait comme pour un gâteau, laisse la pâte se reposer, me conseillait-il en faisant apparaître une toque et un fouet de nulle part avec un drôle de bruit faisant “zap”.

Je pensais avoir compris son conseil. Tel un parasite, la Brume dévoilait ses effets petit à petit mais dans la plus grande discrétion. Du moins, c’est ce que je pus sortir de la phrase qu’il venait de dire. Je rentrai chez moi pour reprendre l’entrainement que j’avais du sauter. Je ne pus y consacrer que deux heures avant d’aller me coucher. Cette journée m’avait épuisé, surtout quand j’avais rencontré cette étrange créature qu’est Discord. Pour être tout à fait franc, même aujourd’hui je ne sais toujours pas quoi penser de Discord. Je ne croyais plus au fait qu’il était apparu de la Brume de la nuit dernière, mais je comptais quand même demander à Twilight si elle savait depuis quand il était là.

Après plusieurs minutes d’intense réflexion philosophique sous la douche, la fatigue eut raison de moi, je décidai d’aller de coucher et je plongeai mon esprit dans le monde immatériel de Morphée. Je ne fis aucun rêve et ne revue pas non plus Haze. Dommage. J’aurais aimé lui parler de Discord à lui aussi. Enfin, il n’y avait pas de quoi déprimer.

Je me réveillai le lendemain avec une idée dans la tête. Plutôt que de chercher où la Brume avait agis, si j’attendais que ses effets se manifestent. Bien que ça pût passer pour de la fainéantise, j’avais passé la journée précédente à regarder partout sans trouver le moindre indice. Je consacrai donc ma journée à l’entrainement de verrier. J’eu deux bonne surprise ce jour là. La première fut que je réussis enfin à faire un vase qui ressemblait à quelque chose – enfin à peu près. L’entrainement avait payé. Même si je trouvais que mes progrès soient assez étranges, je me fichais de savoir comment j’avais pu évoluer autant et décida de placer mon trophée sur une belle étagère.

La seconde bonne surprise fut que je reçus la visite de Twilight et de ses amies. C’était la première fois que je les voyais toutes rassemblées. De plus, je ne savais même pas pourquoi elles étaient venues. Mais comme je ne voulus pas être un mauvais hôte je leur préparai du thé et nous discutâmes de tout et de rien. Je leur montrai ma réussite du matin et elles semblèrent toutes impressionnées, surtout Rarity qui semblait avoir des étoiles dans les yeux lorsqu’elle regardait l’objet en verre comme si les idées fusaient à travers son esprit. Au bout d’une heure à écouter les histoires drôles de Rainbow et de Pinkie, tout le monde rentra chez soi. J’interceptai rapidement Twilight pour lui poser ma question :

- Euh… Hier, j’ai rencontré Discord et je voulais juste savoir depuis quand il est à Ponyville.

- Il est là depuis quelque temps déjà… Il ne t’a pas trop causé de problème j’espère.

- Au non, pas le moins du monde, mentis-je pour éviter de l’inquiéter.

Après cela, elle rentra chez elle. Je ne fis pas grand-chose d’autre ce jour là. Je passai au marché acheter une ou deux provisions. Je marchai dans le parc pour me détendre et respirer le bon air de la campagne. Lorsque le soleil commença à disparaître derrière des nuages d’orages, je rentrai tranquillement. Je me couchai rapidement mais ne retournas toujours pas dans la salle blanche. J’en venais à me demander si Haze ne m’avait pas oublié. Enfin, je n’y pensai pas longtemps et dormis comme un loir en me laissant bercer par le bruit des gouttes de pluies sur le sol.

Je me réveillai le lendemain matin du sabot gauche, avec un mauvais pressentiment. Je descendis pour arriver dans le séjour et constater que l’objet que j’avais fabriqué la veille avait disparu. Je n’en croyais pas mes yeux. En observant les lieux, je remarquai que la porte avait été ouverte. Je tentai de me calmer. Quelqu’un était entré par effraction chez moi pour me voler. Mais pourquoi ? Pourquoi dérober un objet avec si peu de valeur pécuniaire ? Cela n’avait aucun sens. J’entendis alors la voix de Haze sortir de nulle part :

- Calme-toi et réfléchis lentement.

- Haze ? Mais qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi es-tu là ?

- C’est pas ça le plus important. On t’a volé un objet auquel tu tiens et tu veux le récupérer, c’est tout. Tu devrais pourtant être capable de trouver le coupable.

- Je veux bien essayer, mais je ne suis pas un enquêteur ou un détective, protestai-je. Je ne sais pas mener d’affaire moi.

- Tu n’es peut-être pas tout ça, mais tu es un archéologue. Tu cherches, observes et déduis. Ce sont les trois étapes à respecter pour une enquête, donc... Ne me fais pas croire que j’ai fais le mauvais choix en te prenant toi plutôt qu’un autre.

- Je vais essayer, me résignai-je.

- Très bien. Je vais te laisser, mais il y a deux choses que tu ne dois pas oublier. Premièrement, ne te fis pas aux apparences. Je suis quasiment sûr que le coupable à utiliser un truc que l’on ne remarque pas facilement. Deuxièmement, tout n’est qu’affaire de déduction. Réfléchis et tu trouveras. Lie et tu comprendras. Je pense que tu en sais assez.

Sa voix s’éteint d’un seul coup, ne laissant qu’un étrange écho dans ma tête. Aussi soudainement qu’il était parti, il revint dans ma tête :

-Je viens de m’apercevoir que j’ai omis quelque chose qui pourrait t’être utile concernant la brume. Je t’ai déjà dis que la Brume avait des effets aléatoires. Et bien, c’est le cas uniquement quand elle n’est pas contrôlée. Si une personne arrivait par je ne sais quel miracle à maîtriser la Brume, il pourrait faire ce qu’il voudrait d’elle. Je ne sais pas si je te l’ai déjà dit, mais merde (4) pour la suite.

Après son irruption, je suivis son conseil. Je fis état des lieux. Pas de trace sur le sol. La porte ouverte alors que je l’avais fermé la veille. Rien, sinon le vase, n’avait était dérobé. Je ne pensais pas que quelque chose d’autre soit vraiment intéressant à relever sur le lieu du vol. Je tentais maintenant de comprendre le pourquoi du comment. Il y aurait du avoir des traces vu qu’il y avait plu la veille. Donc s’il n’y en avait pas, c’est que le coupable n’avait pas eu à toucher le sol. Crocheter une porte est une chose difficile, mais je crois qu’un poney suffisamment habile aurait pu l’ouvrir. Concernant le vase, je ne l’avais montré à personne d’autre qu’à Twilight et aux cinq autres juments. Je souris brièvement, pensant tenir une piste solide. Je décidai de faire vérifier mon hypothèse par une petite expérience.

*****

Une fois que Twilight eu rassemblé toutes les juments qui m’avaient rendu visite – et voyant que Rainbow Dash et Pinkie Pie avaient du mal à se tenir tranquille – je commençai à m’expliquer.

- Cette nuit, alors que je dormais tranquillement, quelqu’un s’est introduit chez moi et m’a volé un objet auquel je tiens : le vase de verre que j’ai fabriqué hier.

- Et quel rapport cela a avec nous ? répliqua la pégase bleu à la crinière arc-en-ciel.

- Tu as raison, cela ne devrait rien à voir avec vous. Pourtant vous êtes là ? Je vais vous dire pourquoi. Vous êtes les seules personnes à avoir vu le vase. Je suis désolé de devoir dire cela, mais vous êtes toutes suspectes ici...

Elles me regardèrent toutes d’un air ébahi. Même moi j’avais du mal à croire ce que je disais. Cependant, je savais que j’avais raison. Je continuai :

- Ne trouvant pas de trace de boue sur le sol, j’ai écarté la possibilité qu’un poney terrestre ait fait le coup. Concernant la porte, je suis sûr de l’avoir fermée. Au début j’ai pensé que n’importe quel poney aurait pu l’ouvrir, mais j’ai rapidement écarté cette hypothèse. Qui pourrait crocheter discrètement une porte avec sa bouche, après tout. J’en suis venu à la conclusion que seule une licorne a pu commettre le crime.

Tous les yeux convergèrent vers les deux licornes présentes – bien qu’une n’en fût plus vraiment une. Je repris une nouvelle fois.

- Twilight, hier soir, tu es restée devant ton bureau pour lire. Spike me l’a confirmé quand je t’ai rendu visite tout à l’heure. Par élimination, il n’y a qu’un poney qui a pu commettre ce crime. Et cette personne c’est toi Rarity.

Elle resta d’abord silencieuse avant de fondre en larme. Elle essaya de se défendre.

- C’est vrai, ton magnifique vase est chez moi. Je l’ai trouvé ce matin dans ma chambre. Mais je t’assure que je ne sais pas d’où il provient...

- C’est fini Rarity. Twilight emmène la chercher le vase. J’ai encore un truc à dire aux autres.

Une fois qu’elles furent sorties de la pièce, je m’excusai :

- Désolé de vous avoir faire subir cela. Dire qu’une de vos amies est une voleuse, ça doit vous faire mal.

- Personnellement, bien que je pensais qu’aucune de nous n’était capable d’une telle chose, je me doutais que Rarity était la coupable, avoua la petite pégase beige d’habitude si timide.

Alors que tous les autres poneys présents semblaient étonnés d’avoir entendu de pareilles paroles de la bouche de Fluttershy, je me mis à rire. Elles me regardèrent alors.

- Comme tu l’as si bien dis, lâchai-je d’un air narquois, aucune de vous n’a pus faire ce vol.

- Comment ? répondirent les quatre juments à l’unisson.

- Vous m’avez bien entendu. Twilight, tu peux revenir, criai-je à l’intention de l’alicorne. Désolé de t’avoir si injustement accusé, Rarity.

Plus personne ne semblait comprendre ce qu’il se passait à ce moment. Applejack s’approcha pour m’annoncer :

- J’crois que tu nous dois quelques explications sur le coup, sucre d’orge.

- Et je vais vous les donner. Comme je vous l’ai dit, aucune de vous n’a commis le vol. Et même si tout semble l’accuser, Rarity n’avait pas de mobile.

Une voix résonna :

- Mais elle est l’avarice à l’état pur ! dit Fluttershy comme si quelque chose l’avait énervé.

La voir agir comme cela choqua toutes ses amies. Je me doutais bien qu’elle ne comprenait surement rien à ce qu’il se passait ici.

- Je pense qu’il est temps que le véritable coupable se dénonce, n’est-ce pas Fluttershy, ou qui que tu sois, lâchai-je avec détermination.

- Attend un peu, Coco, m’interpela Applejack. N’viens-tu pas de te contredire.

- Malheureusement non. La personne que vous voyez ici, n’est pas Fluttershy, mais quelqu’un qui a pris son apparence pour éviter que l’on ne se méfie d’elle ou de lui.

L’imposteur me toisa et dit pour me défier :

- Cela paraît probable, le problème est que si je suis un imposteur, comment aurais-je fait pour savoir que tu avais fais un vase hier ? Ou plutôt, quand aurais-je pris l’apparence de Fluttershy ? Et puis, pourquoi n’aurais-je pas changé de comportement ?

- Mais je peux facilement répondre à ça. Il y a deux jours, alors que la vrai Fluttershy était sortie faire ses courses. Tu as pris sa place durant les deux derniers jours, es venue avec les autres hier. Tu es bien rentrée dans le personnage et tu as réussi je ne sais comment à imiter parfaitement son physique et sa voix, mais tu t’es trahie juste à la fin. Heureusement pour moi sinon je n’aurais pas eu d’autre choix que de croire à ma première théorie.

Elle semblait surprise. Je savais que j’avais visé juste. Il ne me restait plus qu’à...

- Un instant ! Je veux bien avouer que j’ai usurpé l’identité de Fluttershy... Mais mon mobile, je n’en ai pas plus que l’autre. Sans mobile, tu ne peux pas prouver que j’ai commis ce vol.

J’avais presque oublié le mobile. Comme avais-je pus passer à côté d’un détail si important ? En plus elle avait raison. Je réfléchis, sans trouver quoi que ce soit de concluant. Puis les mots de Haze me revinrent dans l’esprit :

Lie et tu comprendras, m’avait-il conseillé.

Je tentai donc de relier chacun des éléments de l’affaire. A la fin, je tombai sur une conclusion qui relevait presque de l’improbable, mais comme avait faire dire Sir Arthur Conan Doyle à son personnage Sherlock Holmes dans sa nouvelle : Le Signe des Quatre : “Quand vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, même improbable, doit être la vérité.”

- Tu as fait ça pour me discréditer...

- Hein ?

- Si j’avais accusé à tort un poney d’un crime, j’aurais perdu la confiance de la plupart des habitants de Ponyville. On m’aurait moins écouté par la suite et j’aurais même pu perdre confiance en moi, m’empêchant d’accomplir ma mission...

Le coupable sembla d’abord […] très surpris mais se mit soudainement à rire. S’il avait été humain, il m’aurait surement applaudi. Une étrange et épaisse brume l’enveloppa et, quand il réapparut, il était devenu une licorne à la robe bleu pâle. Il se remit à rire d’une voix grave :

- Bravo Covert. Tu as gagné, je m’avoue vaincu. Mon maître a bien raison de se méfier de toi, mais face à lui, tu ne pourras rien faire. Je vais me retirer maintenant. Sauf si tu as encore des questions...

- J’en ai deux à vrai dire. Qui es-tu et où est la véritable Fluttershy ?

- Mon nom n’importe peu, appelle-moi simplement Enigma. Quant à l’autre pégase, je l’ai ramené chez elle, comme je comptais le faire depuis le début. Ce n’est pas dans mon intérêt de me débarrasser d’elle... Il est temps pour moi de m’éclipser, désormais.

- S’tu crois qu’on va t’laisser fuir comm’ça, tu t’fourres l’doigt dans l’œil, lança la jument orange en se préparant à lui sauter dessus.

- Mais je n’en doute pas.

Et il disparut dans un nuage de fumée. Il s’était littéralement volatilisé. Je fus le seul à plus ou moins comprendre ce qu’il venait de se passer. Il est vrai que la Brume créait des situations bien étranges. Elles me regardèrent toutes en attendant quelque chose :

- J’ai compris, soufflai-je. Twilight, tu penses que je peux leur faire confiance ?

- Oui, ne t’inquiète pas à ce sujet. Elles sauront tenir leur langue, j’y veillerai personnellement, dit-elle.

- Très bien. Accrochez-vous bien.

Je leur racontai la façon dont j’étais arrivé à Equestria après que Haze m’ait choisi. J’évitai le plus possible de parler de mon ancienne vie, tout simplement car ça ne les regardait pas. A la fin de mon récit, elles me lancèrent des regards si surpris et incrédules, que je cru bien qu’elles m’avaient pris pour un fou. Ce fut tout le contraire cependant qui arriva. Chacun leur tour elles avouèrent que c’était “une chose incroyable” et elles me posèrent plein de question sur mon monde. C’était bien mieux passé que je ne l’avais espéré. Surement parce qu’elles avaient vu que je semblais gêné, elles s’excusèrent et me laissèrent tranquille. Je leur promis :

- Ne vous inquiétez pas, je répondrais à vos questions, du moins, quand j’aurais le temps.

Après cela, nous décidâmes de nous séparer. La journée avait été forte en révélation et je ne voulais pas plus les brusquer. Je m’approchai de Rarity pour lui annoncer :

- Pour m’excuser de t’avoir accusé pour rien, j’aimerai que tu gardes le vase.

- C’est vrai ? Oh, c’est si gentil, Covert, me remercia-t-elle

Chacun rentra chez soi, et cette journée ne fut bientôt plus qu’une mauvaise expérience. Fluttershy réapparut le lendemain comme l’avait dit cet Enigma et la vie reprit son cours.

En remontant dans ma chambre le soir de l’affaire, je découvris le même téléphone que la dernière fois, avec le post-it : “Soit plus discret la prochaine fois”. Je gloussai. Haze me paraissait de plus en plus pince-sans-rire, ce qui ne me déplaisait pas. Comme la dernière fois, je tournai le cadran pour composer le numéro d’Avery. La sonnerie retentit plusieurs fois, mais je tombais sur sa messagerie. Je réessayai une fois, deux fois, trois fois, mais jamais je n’eus de réponse. Cela ne m’inquiéta pas tellement, car je savais qu’Avery était rarement avec son portable. J’appelai donc un autre de mes amis. Il répondit à la première sonnerie :

- Allo ?

- John, c’est moi Charles. Tu vas bien ?

- Charles ? Bon sang mais t’es passé où pendant ces deux derniers mois.

- C’est une longue histoire. Et sinon, t’as pas des nouvelles d’Avery ? J’ai essayé de la contacter mais rien n’y fait, elle répond pas.

- Avery ? Alors on ne t’a pas prévenue.

Son ton était devenu triste et gêné, comme s’il ne voulait pas m’avouer quelque chose.

- Qu’est-ce qu’il ce passe ? Arrête, tu me fais peur.

- Eh bien... il y a une semaine, on est partis en Ecosse pour essayer de restaurer un vieux château avec d’autres personnes. Mais on sait pas pourquoi, une aile s’est effondrée, alors qu’Avery était encore dedans...

Je pris conscience de l’horrible vérité qu’il s’apprêtait à m’annoncer.

- On a rien pu faire, tout est allé si vite. Je suis désolé, Charles, mais... mais Avery est morte...

Le monde venait de s’écrouler autour de moi.

(1): Cerveau Humain : dans la théorie du cerveau triunique, partie du cerveau la plus récente permettant la réflexion logique, le langage et l’anticipation.

(2): Cerveau Paléo Mammalien : dans la théorie du cerveau triunique, partie du cerveau apparue en second. Il est lié à la mémoire et aux comportements instinctifs. Il permettrait les émotions et déclencherait les réactions d'alarmes du stress.

(3): Cerveau Reptilien : dans la théorie du cerveau triunique, partie la plus vieille du cerveau. Il assure la régulation de la respiration, de la fréquence cardiaque, de la tension, etc. Il assure la satisfaction de nos besoins primaires ou besoins vitaux (l’alimentation, le sommeil, la reproduction, etc.). Il est le gardien de nos reflexes innés. Enfin, il est responsable de notre instinct de conservation et des comportements défensifs.

(4): Merde : utilisé dans le monde du théâtre pour souhaiter bonne chance au destinataire de l'interjection. En effet, lorsqu'une pièce avait du succès, les attelages stationnant derrière le théâtre laissaient une quantité de crottin importante... L'acteur ainsi interpellé ne doit pas, selon les croyances, remercier celui qui lui a adressé ce souhait.

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Magillon
Magillon : #46364
Chapitre très bon mais la scéne avec Enigma est complètement cliché
Il y a 10 mois · Répondre

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