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The Snow on Her Cheek

Une fiction traduite par System.

Chapitre 27 - Learnin' the Blues

“Un autre.”

Octavia posa le verre sur le comptoir avec un bruit sourd. Bien que son esprit soit déjà embrumé par les quantités d’alcool qu’elle avait consommées, elle n’était pas encore ivre. Et elle avait effectivement envie de noyer ses problèmes au fond d’un verre, buvant jusqu'à ce qu’elle oublie.

Le barman versa du whisky dans le verre, observant prudemment la jument grise. Octavia réfléchit un instant et poussa son verre - son flacon avec la capacité réconfortante de lui faire perdre contact avec la triste réalité.

“Mettez-en un double.”

Le barman obéit, rejetant sa crinière marron clair en arrière en approchant avec la bouteille, les années d’expérience déversant avec l’angle parfait, la quantité précise de liquide terminant dans le flacon. Il ouvrit sa bouche, faisant froncer les sourcils de la jument.

Si jamais il demande quelque chose comme “Pourquoi une tête pareille ?” je vais... pensa-elle, n’ayant aucun désir de conversation.

“Pardonnez ma curiosité, mais vous n’avez pas l’air d’être le type de poney qui descend dans un bar et boit cinq verres de whisky d'affilée.” dit finalement le barman, son habit marron foncé reflétant les lumières vacillantes émises par les lampes au dessus du comptoir.

“Vraiment ?” répondit automatiquement Octavia, sans réfléchir en buvant une gorgée de sa boisson, frémissant un peu sous la chaude morsure du Scoltich whisky.

“Non, vraiment,” confirma le barman, regardant la jument grise. “Les poneys qui viennent ici boivent jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus parler ou organiser de pensées, mais vous semblez différente.” Il trotta pour servir un autre client, dont le faible nombre dans au bar était surprenant, avant de retourner à son emplacement précédent. “Quelque chose vous tracasse ?” demanda-il.

“Ce ne sont pas vos affaires” lui répondit sèchement la violoncelliste, buvant son verre en une gorgée. La colère remplaçant rapidement l’apathie, montant chez elle quand elle réalisa toute l’injustice de la situation. Pourquoi cela devait être sa mère ? Assurément, elle n’avait rien fait pour mériter ça...

Le silence se posa dans le petit bar, seulement interrompu par les discussions des autres visiteurs et de la douce musique de jazz sortant des enceintes. Les poneys s’imprègnent de la nouvelle musique, pensa Octavia, combattant les souvenirs de la perte de son travail adoré à cause de l'inhabilité de certains poneys à voir que le jazz était lentement mais sûrement en train de monter au sommet du monde de la musique. Lentement ? Le poney gris réfléchit un instant. Non. Le jazz a décollé du fond des genres musicaux, écartant tout sur son passage, rapidement, fermement, et sûrement.

“Vous êtes le propriétaire, n’est-ce pas ?” demanda-elle soudainement, surprise à la façon dont son subconscient l'amena à une conversation, malgré son désir d’en rester loin.

Le barman acquiesça, ne semblant pas du tout offensé, les années d’expérience lui disant de ne pas prendre les choses dites par les clients trop à cœur.

“C’est très sympa” continua Octavia. “Cela me fait oublier des choses” Super. Maintenant je m’ouvre à un barman, se sermonna-elle mentalement. Et au beau milieu de la nuit, en plus. Félicitations, Octavia, tu es officiellement une ivrogne.

“Et qu’est-ce que vous voulez oublier, si je puis me permettre ?”

“Des choses” Octavia avança son verre vers le barman, qui le remplit, la curiosité se dessinant sur son visage.

“Je vois.” répondit l’étalon brun, acquiesçant. “Des choses se sont passées, n’est-ce pas ?” il posa une question rhétorique avec un ricanement.

“Non, c’est faux !” cria Octavia, frappant son sabot contre le comptoir avec colère, attirant l’attention des autres clients qui lui lancèrent des regards interrogatifs avant de retourner à leur boissons“... Je suis désolée.” s’excusa la violoncelliste avec un lourd soupir. “Je me sens terriblement mal, maintenant...” expliqua-elle, se massant les tempes. “Ma mère s’est suicidée.” lâcha-elle, se réprimandant immédiatement mentalement pour avoir révélé cette information.

“Je vois.” Le barman se déplaça difficilement et posa un verre “De la part de la maison” dit-il, approchant le verre d’Octavia, qui acquiesça et but la moitié de son whisky en une gorgée. L’alcool agit sur son esprit, la rendant plus ouverte et émotive.

“Mon frère a été tué à la guerre, et elle ne pouvait pas le supporter.” continua-elle, inspectant le liquide ambré dans son verre.

L’étalon brun soupira et secoua sa tête en se lamentant “La guerre...” murmura-il “La guerre vient toujours accompagnée de la tragédie. Je suis désolé pour votre perte.” ajouta-il solennellement.

“Merci, je pense.” Octavia frémit, n’ayant aucun besoin de cette sympathie. “C’est plus facile à dire qu’à ressentir.” ajouta-elle, essayant, de ne pas renouveler sa faute et d’offenser le barman.

“Ça l’est.” répondit simplement l’étalon. “J’ai aussi subit une perte dans ma famille.” dit-il, son regard blessé mais calme montrait qu’il parlait d’événement depuis longtemps avalés par le temps, qui ne sont maintenant que des ombres vagues du passé.

Octavia déglutit, regardant l’étalon, inspectant son visage avec attention. Elle ne remarquait que maintenant qu’il n’était, en fait, pas vieux, comme le sont la plupart des barmans; au contraire, il était plutôt jeune, une petite trentaine, ou une grosse vingtaine.

“Est-ce que... la douleur part un jour ?” demanda-elle soudainement, la question tracassant son subconscient prenant finalement une forme verbale.

Le barman ricana tristement et secoua sa tête. “Non.” Il leva la tête, comme si il inspectait le plafond. “Non,” répéta-il fermement. “La douleur ne s’en va jamais.”

“Je vois.” Octavia tomba dans le silence, réfléchissant à l’information qu’elle venait juste de recevoir. Bien sur. Cela serait stupide d’assumer que ce terrible sentiment de vide et le poids de la douleur quittent son esprit un jour.

“Mais on apprend à vivre avec.”

“Hein ?” Octavia releva sa tête, ses yeux rencontrant ceux du barman. Son regard était fatigué, et il semblait exténué, comme si il en avait assez de la vie elle-même et n’avait pas la joie pour continuer.

“On perd le goût de la vie, bien sur,” élabora l’étalon, ne la quittant pas du regard une seule seconde. “On perd son intégrité, son énergie et tout ce qui nous rendait entier. Mais on va de l’avant.” Il ricana doucement. “On trouve des amis, et son amour, et on oublie... “ Le barman fronça des sourcils. “Non, on oublie pas - on ne se concentre tout simplement plus sur le passé. Il va toujours rester. Mais on apprend à vivre avec.”

Octavia écouta la tirade de l’étalon en silence, perdue dans une contemplation mentale. La douleur ne la quitterait jamais. Elle n’oublierait jamais - un tel privilège était hors de sa portée. Mais... elle a trouvé l’amour. Elle a trouvé quelque chose sur quoi se focaliser, concentrer toutes ses émotions. Quelqu’un à aimer. Vinyl.

Soudainement, la violoncelliste sentit la culpabilité l’envahir. Elle n’avait pas passé assez de temps avec Vinyl. Elle n’avait pas assez exprimé son amour. Elle n’avait pas fait assez attention aux problèmes de sa jument. Et maintenant elle était déterminée à changer tout ça. Peut-être était-ce l’alcool qui parlait, mais elle savait que, peu importe si les souvenirs la hanterait toujours, elle irait de l’avant - avec Vinyl à ses côtés.

Elle se leva et plaça une douzaine de pièces sur le comptoir avec un sourire chaleureux. “Merci.” dit-elle. “Pour la boisson et... le reste.”

“Tout le plaisir est pour moi.” répondit l’étalon en regardant la jument s’en aller, son regard s’assombrissant, son esprit perdu dans les ténèbres du passé.

***

Vinyl se tourna et grogna. Pour ce qui lui semblait être la “je-ne-sais-combien” de fois de la nuit. Ou est-tu, Tavi ? pensa-elle lamentablement, un lourd soupir s'échappant de ses lèvres. Je suis inquiète...

La pianiste voulait dormir: les récents événements la touchant terriblement, quand bien même elle n’était pas directement impliquée; mais, étant donné l’absence de son amour, elle ne pouvait pas. Elle était très inquiète pour Octavia, et ce sentiment la travaillait tellement que chaque pensée concernant le sommeil était mise de côté.

La porte s’ouvrit rapidement, et une ombre ressemblant à un poney entra dans la chambre spacieuse, fermant silencieusement la porte derrière elle. L’odeur de l’alcool emplit la pièce, faisant accourir Vinyl vers la silhouette. Elle la reconnut comme étant son amour, expirant avec soulagement. Après tout, Octavia était juste partie dans un bar pour oublier ses problèmes - c’était naturel et ça ne l’effrayait pas. Malgré tout, quand sa violoncelliste s’allongea à coté d’elle avec un sourire, l’embrassant sur le front, il sembla à Vinyl que quelque chose avait changé. Ne devrait-elle pas avoir... le cœur brisé ? se demanda-elle, tout de même heureuse que sa jument se sente un petit peu mieux.

“Tavi ?” demanda la licorne blanche, étreignant fort sa compagne, une vague de sommeil l’atteignant enfin. “Comment va-tu ?”

La violoncelliste gloussa à la question ensommeillée de Vinyl et caressa sa crinière délicatement. “Je me sens mieux, mon amour” Elle regarda par la fenêtre, les constellations lui faisant des clins d’œil, la lune souriant aux deux amoureuses. “Je me sens vraiment mieux.”

***

Pendant ce temps, au bar, l’étalon brun ferma la porte et soupira. Les clients étaient partis; il pouvait finalement accéder à ses propres besoins, le principal était un besoin de sommeil. En passant devant le comptoir, il s'arrêta un moment, regardant une vielle photographie jute derrière le comptoir, cachée du regard des visiteurs. Une jument souriante le regardait depuis la photo, un jeune étalon jouant à coté. Une larme fit son chemin le long de la joue du barman quand il regarda le plafond, essayant de le percer de ses yeux et de voir le ciel.

“Vous me manquez, Mère” murmura-il “Plus que jamais”

Il embrassa la photographie et la reposa, éteignant les lumières.

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