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Ponykrieg

Une fiction écrite par BroNie.

Chapitre 3-8

Une embardée du train et le cahot qui s'en suivit renversa l'encrier dans lequel Rarity trempait sa plume. La bouteilla versa sur le côté, répandant son contenu sur la table que la licorne utilisait comme support. Par réflexe, elle parvint à retirer sa lettre avant que l'encre ne la souille. Elle détacha un buvard de son feuillet à l'aide de la magie et l'appliqua sur la tache sans tarder avant que l'encre de ne mette à couler partout ou ne salisse sa robe.
Rarity pinça les lèvres en utilisant encore trois buvards jusqu'à avoir totalement épongé les dégâts et redressa l'encrier. C'était bien les problèmes de ce genre de trains. En temps normal, ceux que la diplomate empruntaient était des bijoux de luxe et de technologie avec des appuis spéciaux sur les bureaux et des renforts pour justement éviter ce genre d'accident. Mais la licorne devait se faire une raison. Ça n'aurait pas été des plus intelligents de revenir à Canterlot dans un wagon doré.
Elle avait changé plusieurs fois de véhicules entre Laxenburg et Trente, du fiacre - et Celestia sait que c'était une impression bizarre d'être conduite par des chevaux qui ne parlaient pas - à la voiture, en passant par de la marche à sabot. Mais il n'y avait pas d'autre moyen de rentrer à Equestria que le train de toute façon.

Bien qu'elle ne l’aurait sans doute jamais avoué, Rarity avait aimé ce jeu de cache-cache, ces discussions secrètes. Il y avait eu quelque chose d'extraordinairement excitant dans tout cela. Comme si elle était redevenue une petite pouliche dans un jeu de rôle qu'elle faisait avec ses amies d'enfance. A l'exception près qu'aujourd'hui, le jeu de rôle se jouait avec des monarques et des vies humaines, plus avec de petites licornes.
Charles d'Autriche s'était révélé être un hôte de goût et le genre d'homme qui poussait la diplomate à estimer les humains. Il était encore très attaché à son trône et à la maison des Hasbourg mais il était assez lucide pour voir dans quel néant se dirigeait l'avenir de la Triple Alliance si on la laissait en l'état. Un individu bien plus ouvert sur la question que ne l'était son prédécesseur, François-Joseph.

Qui plus est, Rarity s'était faite une amie de la femme de Charles, Zita. Quand la licorne avait découvert que l'Impératrice maniait le français à la perfection, elle avait cru mourir de plaisir. Rarity adorait le français. C'était une langue si belle, si pleine de charme...un de ses plus grands regrets dans cette guerre soit qu'Equestria combatte les français plutôt que de s'allier avec eux. Enfin...elle ne faisait pas l'Histoire.


Le destin ou quelque chose avait poussé sa nation dans le camp de la Triplice et Rarity n'y pouvait rien, hormis s'en désoler. Et tout faire pour que cette folie s'arrête enfin aussi.
C'était ce que ses amies, surtout Twilight et Applejack à la réflexion, n'avaient jamais compris. Elles pensaient à court terme alors que Rarity avait une plus large vision des choses. Cette paix des braves, la licorne en caressait le rêve depuis le jour où Luna avait officiellement déclaré la guerre à la Serbie en soutien des Puissances Centrales et tout ce qui en avait suivi.
Elle avait comprit que ce qui avait été commencé dans l'encre ne pourrait finir dans le sang. Une paix blanche ou avec quelques concessions et tout rentrerait dans l'ordre. Pour atteindre cet objectif, Rarity était prête à sacrifier beaucoup de choses sur l'autel.
Elle l'avait déjà fait d'ailleurs : Twilight et Applejack l'avaient considérée comme une traîtresse, pour répondre à l'appel de l'Impératrice et elle avait du laisser sa petite sœur de côté alors qu'elle cavalait pour signer la paix. Sweetie Belle lui manquait énormément. Quelque part, elle espérait que Twilight ou Spike l'avait déjà retrouvée et qu'ils l'attendraient dans quelques minutes sur le quai de la gare. Ça serait une telle joie de serrer sa cadette entre ses pattes !
Elles passeraient la nuit à refaire la garde-robe de la petite licorne, Rarity en faisait le serment. Et même la pinkie promesse.


La diplomate nota qu'entre ça et le voyage à Cracovie juré à Spike, ça faisait pas mal de pinkie promesses à tenir. Mais elle le ferait.
Une lady tenait parole.
Rarity passa un dernier buvard sur la table, par sécurité, avant d'y reposer sa lettre. Elle la relut avec attention, vérifiant qu'elle n'ait fait aucune faute d’orthographe ou de syntaxe. Ce n'était qu'un brouillon mais il fallait qu'il soit soigné.

Très chères Fluttershy et Rainbow Dash.

Je n'ai pas souvent eu l'occasion de vous écrire et j'en suis désolée. Il semblerait que le temps lui-même s'est emballé depuis le début de la guerre.
J'ai parfois du mal à me souvenir quand nous étions toutes les six ensemble, à rire d'une plaisanterie de Pinkie Pie ou à profiter d'un pique-nique à Sweet Apple Acres. Les choses se sont tendues entre Twilight et moi et disons que j'aurais quelques difficultés à essayer de contacter Applejack. Mais bref.
Ce que je voulais vous dire avant tout, c'était de tenir bon. La guerre s'arrêtera bien un jour et si Celestia le veut, ce sera dans peu de temps.
Cela me briserait le cœur d'apprendre qu'il vous est arrivé quelque chose là bas.

Je ne suis qu'une diplomate : ma guerre, je la mène dans les palais et mon uniforme, c'est les beaux habits. Mais je n'ignore pas ce qu'est un champ de bataille. J'ai vu des vétérans revenir brisés, physiquement et moralement d'endroits à côtés desquels le Tartare n'est qu'une plaisanterie. Je vous demande donc, je vous supplie de veiller l'une sur l'autre, pour qu'il ne vous arrive rien de grave.
J'ai besoin de vous à la maison. Twilight à besoin de vous.
Après tout, sans vous, l'Harmonie n'est pas complète en Equestria.
Encore une fois, j'espère que vous vous portez toutes les deux très bien. Je l'espère du plus profond de mon cœur.

Si Pinkie Pie est dans votre secteur quand vous recevrez cette lettre, faites une fête avec elle pour moi. Je compte sur vous.
Je vous embrasse.
Votre amie, Rarity.


La licorne hocha le museau, satisfaite. Elle demanderait encore quelques retouches mais elle commençait à être plus qu'acceptable.
En jetant un œil par la fenêtre, Rarity eut l'agréable surprise de reconnaître les montagnes de Canterlot.
Elle arriverait à la gare dans quelques minutes. La diplomate ne serait pas contre un petit tour au spa dans la journée. Une bonne saboticure lui ferait du bien.
Le crissement familier des freins et les volutes de fumées qui entourèrent le train firent comprendre à la licorne que la machine s'était arrêtée. Elle rangea sa lettre dans son sac à sabot et se prépara à descendre du train. Un des points positifs des missions clandestines, c'est qu'on avait peu de bagages à se soucier.


La présence sur les quais, de dizaines de pégases en armes, frappés des couleurs impériales lui fit comprendre un point négatif de ce genre de mission : c'était de se faire prendre.
Le chef des gardes, un poney au visage sévère que Rarity avait plusieurs fois croisé dans des réceptions au palais impérial vint à sa rencontre et lui expliqua calmement que la gare était cernée, qu'elle n'avait aucune chance de fuir et que dans le cas improbable où la licorne déciderait de se servir de sa magie pour tenter sa chance, la garde impériale avait toute autorité pour rafler ses parents.


Rarity tendit ses pattes dans une moue de dédain toute aristocratique alors qu'on lui passait les fers.
Autant pour la saboticure donc..


Elle fut conduite sans attendre jusqu'au palais de Canterlot, mais pas dans la salle du trône ou les appartements de l'Impératrice, comme elle avait pu le croire au premier abord. A la place, les gardes la guidèrent jusqu'aux jardins. Et plus précisément, dans la plus belle des partie des jardins impériaux.
Rarity était déjà venue ici, bien sûr, il y a trente mois. C'était là qu'on avait mis en terre la dépouille de la Princesse Celestia, là où Luna avait officiellement rejoint les Empires Centraux. Là qu'Equestria s'était jetée dans cette folie que l'on nommait la guerre.
La licorne ne fut guère surprise de trouver l'Impératrice Luna devant la tombe de sa sœur.
En lui même, le lieu était d'ailleurs plus sobre que la plupart des mémoriaux que l'on trouvait en Equestria. Une grande statue chryséléphantine de Celestia, recouverte de pieds de roses. Même si le monument transpirait la beauté et l'opulence, il y avait une certaine simplicité qui se dégageait de ses formes. Peut-être la lumière de l'aube, qui caressait l'or et l'ivoire.
Luna avait fait enchanter les fleurs pour qu'elles fleurissent de tout temps, comme ici, alors que l'hiver n'était pas fini.


L'Impératrice equestrienne était aussi vêtue plus sobrement qu'à l'accoutumée. Elle portait sa couronne et son plastron marqués d'un croissant de lune, mais pas son grand manteau de cérémonie. Luna, les yeux clos et le museau perdu dans le cœur d'une rose rouge sang, dut sentir l'étonnement de sa diplomate puisque elle répondit sans attendre à sa question :


_Notre sœur n'était pas très portée sur les regalia. Quand nous sommes auprès d'elle, nous nous efforçons d'être plus simple. C'est ce qu'elle aurait voulu.


Elle fit un geste du sabot et les soldats qui entouraient Rarity la détachèrent avant de reculer jusqu'à être hors de vue. Mais la licorne ne s'y trompait pas, elle était toujours extrêmement surveillée. Luna avait dû la faire libérer de ses chaînes par respect du protocole.

_Vous savez ce qui nous a le plus manqué, là haut, sur la lune ? demanda Luna en se noyant dans l'arôme de la rose. Les fleurs, dit-elle sans attendre une éventuelle réponse de Rarity. Il n'y a rien qui pousse là haut, rien du tout. Et croyez-moi Dame Rarity, nous aimons les fleurs.


Luna se retourna, permettant à Rarity de découvrir un visage épuisé, aux yeux vagues et cernés, que l’absence de maquillage empêchait de travestir l'état de fatigue.


_Quand nous étions de jeunes pouliches, dit Luna avec chaleur et émotion dans la voix, notre sœur et nous-même aimions jouer à cache-cache. Les parties pouvaient durer des heures durant. Nous ne nous arrêtions pas jusqu'à ce que la chercheuse trouve la cachée. Un jour, ce fut à nous de nous cacher. Nous avions repéré un bosquet de roses rouges, comme celles-ci, qui sentait fort. C'était l'été. Nous nous sommes cachée du mieux que nous avons pu mais le bosquet était rempli d'épines. Nous nous sommes piquée. Cruellement.


Luna leva sa patte avant gauche à hauteur de son visage.


_Nous revoyons encore notre sang couler. Mais nous ne disions rien. Si nous arrivions à tenir jusqu'à la fin de la journée, nous gagnions !


L'Impératrice, plongée dans ses souvenirs d'enfance, ferma les yeux.


_Nous sommes restée ainsi durant tout le jour, jusqu'à ce que père abaisse le soleil. Celestia nous cherchait toujours. Nous avions voulu sortir pour clamer notre victoire mais les épines nous arrachaient la robe. Nous étions piégée. Et puis finalement, notre sœur nous a trouvée. Elle a écartée le bosquet par sa magie et nous a tirée de ce piège. Elle nous a consolée. Cajolée. Et quand nous avions articulé, entre deux sanglots que nous avions tout de même gagné la partie de cache-cache, savez vous ce que notre sœur a répondu ?


Luna rouvrit des yeux embués de larmes.


_Qu'elle aurait été prête à perdre deux fois si cela nous avait empêchée de nous piquer dans les roses.


L'Impératrice passa un sabot sur la statue.


_Ainsi était notre sœur Dame Rarity. Une alicorne bonne et prête au sacrifice. Une alicorne assassinée par les humains alors qu'elle venait en paix. Une alicorne pour laquelle nous faisons les plus grands sacrifices...ET QUE VOUS TRAHISSEZ !

L'utilisation de la voix royale traditionnelle de Canterlot manqua de faire vaciller Rarity mais elle tint bon.


_Vous, notre plus fidèle diplomate, vous osez comploter dans notre dos. Vous osez passer des accords de paix. Des accords de paix inacceptables !


_Sauf votre pardon, Votre Majesté, répondit la licorne, piquée au vif, je n'ai pas trahi. Je sers Equestria comme depuis toujours et encore plus par ces accords.


_Courber l'échine devant les humains, vous appelez ça "servir" Dame Rarity ? demanda la souveraine d'un air dégoûté.


_Je ne courbe pas l'échine madame, je m'efforce de sauver ce qui peut encore l'être. Charles Ier a raison, nous ne gagnerons pas cette guerre. L'ennemi est tout simplement trop puissant !


_Alors vous trahissez par défaitisme ? demanda Luna en haussa un sourcil.


_Majesté, tenta de s'expliquer la licorne, la guerre sous marine illimitée allemande va irriter les américains. Ils pourraient entrer en guerre du côté de l'Entente dans quelques mois, dans quelques semaines ! Au prochain navire coulé, ils mettront leur puissance industrielle et militaire au service de l'ennemi ! A l'est, les hommes sont épuisés, rien ne bouge, ni en Italie, ni en France, ni en Belgique...si nous laissons la situation pourrir, nous allons droit à la catastrophe.


_Nos soldats se battent bravement, rétorqua Luna d'un ton impérial.


_Ce n'est plus une question de bravoure votre Altesse. Nous sommes trop peu. Equestria est une minuscule nation, les ennemis ont des millions d'hommes...


_La Triple Alliance aussi, répondit l'Impératrice du tac au tac.


_Ce n'est pas aussi simple, tenta d'expliquer Rarity. Le peuple lui-même est à bout à cause des privations, de l'effort de guerre. Vous allez au devant d'une révolte si vous vous obstinez dans cette voie.


_Notre peuple ne se soulèvera jamais contre nous.


_Votre peuple vous aime, c'est vrai. Mais il vous aimera encore plus si vous appuyez les projets de pourparlers de paix de l'Autriche ! Laissons les humains décider entre eux de quelle terre doit appartenir à qui, de quel peuple dépend telle ville...la chance que nous avons maintenant Majesté, c'est de nous retirer d'un piège mortel pour notre nation.


_Signer la paix et biffer d'un trait les sacrifices de nos sujets et de nos alliés pendant trente mois ? Jamais.


_Est-ce ce que aurait voulu la Princesse Celestia ?


La crudité de la question fit tiquer l'Impératrice qui réagit instantanément.


_NOUS VOUS INTERDISONS DE PARLER DE NOTRE SOEUR ! VOUS AVEZ TRAHI VOTRE SERMENT DE FIDELITE ! VOUS N'AVEZ AUCUN HONNEUR !


Luna se força à reprendre une voix normale pour terminer son discours.


_Nous aimerions vous envoyer sur la lune sans attendre, mais nous sommes nous, une alicorne d'honneur. Nous respectons nos lois. Vous serez jugée Dame Rarity et condamnée, cela ne fait aucun doute, dans les semaines qui viennent. Nous aurions souhaité que le procès soit immédiat mais l'ennemi à percé nos lignes dans les Flandres. Votre cas attendra la fin de ce contretemps.


Elle fit un signe du sabot et deux gardes surgirent de n'importe où, remettant les fers au pattes de Rarity. Juste avant qu'ils ne l'emmènent Luna s'adressa une dernière fois à la licorne.


_Dame Rarity, demanda t-elle, est-ce que tout ceci en valait la peine ? Perdre votre place, votre honneur, les vôtres, tout cela pour un traité de paix qui n'aboutira pas ?


_Je suis Rarity la généreuse votre Majesté, répondit la licorne avec une légère lueur de défi au fond de la prunelle. Je suppose que je suis prête à tout sacrifier pour que les gens aillent mieux. Et si cela doit être moi et bien...


Elle haussa les épaules.


_...ainsi soit-il.


Luna eut un mouvement du museau et les gardes emportèrent l'ancienne diplomate. L'Impératrice revint auprès de la statue de son aînée et se mit à nouveau à sentir les fleurs.


_Ne t'en fais pas Tia, dit-elle à voix basse en caressant la crinière d'or de la sculpture. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu sois vengée. Je te l'ai promis, je te le jure à nouveau.


A plusieurs dizaines de mètres de là, en hauteur, derrière la grande vitre de leur laboratoire, Flim et Flam, ingénieurs de Sa Majesté Impériale éloignèrent de concert leurs têtes du télescope à double optique pointé sur les jardins.


_Et bien mon cher Flim, il me semble que nos réseaux autrichiens avaient raison, une fois de plus.


_Oui. Il faudra penser à inviter le comte Czernin à Maresim's partager une bonne bouteille de champagne avec nous, il l'aura mérité.


_Flim ! s'emporta son jeune frère en lui jetant un regard horrifié. Nous parlons d'un projet de paix qui vient d'échouer et qui fera encore durer la guerre pendant longtemps. Du champagne ne me semble pas très approprié. Pense à tous les morts qu'il va y avoir.

Les deux jumeaux s'échangèrent un de leurs profonds regards avant de tomber sur un compromis.

Oui, le bourbon c'était tellementplus adéquat.

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speedangel
speedangel : #46540
:0 encore eux !
Il y a 10 mois · Répondre
neobius
neobius : #33780
ah ; les freres flim et flam, quels especes de gros "inserer grosse insultes"
Il y a 2 ans · Répondre
fredericdu2375
fredericdu2375 : #6262
luna qui perd de plus en plus les pédale rarity qui se retrouve a faire le bon choix pour de bonne raison et que ca échoue si près du but et les frère connard pardon flimflam toujours aussi immondes et odieux
Il y a 3 ans · Répondre

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