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La Chute de Vitranis

Une fiction écrite par Nova.

Lettre à la Lune

Heure locale : 23 h 00

Date estimée : 18ème jour du 7ème mois

Année de l'existence en cours (39ème) : 78ème

En plein été, la Nuit était claire, tardive et douce. Nombre de poneys, si ce n'est pratiquement tous, dormaient déjà, à part de rares gardes inertes aux portes du château des Deux Sœurs et au sein de quelques couloirs. Ce calme, répété toutes les nuits, était d'un ennui mortel pour la Princesse responsable, Luna. Depuis le temps, elle avait bien grandi, prenant de belles couleurs sombres, une longue crinière éthérée rappelant la nuit. Elle était adulte, responsable, et ses manières avaient quelque peu évoluées. Sa voix était forte, ferme mais juste, sa posture royale... tout transpirait l'autorité sereine qu'elle était.

Installée sur son trône, elle ne pouvait s'empêcher d'être légèrement avachie, un sabot pour se tenir. Après tout, personne ne la regardait, elle s'ennuyait, et elle doutait très fortement que la moindre visite vienne égayer cela, comme à chaque fois depuis de nombreuses années. L'ennui était si fort, sa situation lui déplaisait fortement, et c'était difficilement supportable pour la Princesse de la Nuit, en proie au manque et à la jalousie.

Derrière quelques arbres dissimulés aux abords du château, de petites étincelles pourpres cliquetèrent dans l'air... une fois, deux fois... suivies d'une explosion d'éclairs mauves très brefs, noircissant le sol sur un très court rayon, de l'ordre d'un mètre. Sur la marque noircie se trouvait une jument grisée, à genoux, qui se relevait lentement, portant une cape légère ainsi que des sacoches de flancs. C'était bien évidemment Mala, la crinière lisse et grisée flottant au léger vent estival, qui venait de se téléporter d'une manière bien différente que la plupart des licornes pratiquaient habituellement. Elle se servait de la Magie parcourant le monde comme grille de téléport, pouvant ainsi rejoindre de longues distances instantanément, contre une part importante d'énergie et une concentration accrue du sort. Comme en attestait un léger saignement nasal dont elle avait l'habitude, qu'elle essuya brièvement avec un tissu qu'elle avait sur elle.

Moins habillée et dissimulée que la dernière fois, et aussi beaucoup plus jeune, elle s'approcha calmement de l'enceinte du château. En quelques heures depuis son bain, les lueurs vertes de ses veines et de ses pupilles s'étaient estompées, donc elle ne risquait pas d'attirer l'attention ainsi. Néanmoins, sa cape dissimula sa Cutie Mark, même si techniquement, personne ne l'avait jamais vue auparavant non plus. Ses yeux bleus fixèrent l'entrée du château, essayant de voir à l'intérieur, en vain. Elle passa donc à travers l'entrée, les gardes la laissant tranquillement passer.

Apercevant Luna en train de se morfondre sur son trône bleuté, la jument grisée se faisait discrète et détournait le regard, celle-là ne l'ayant pas encore remarquée. Elle avança d'un pas calme, redoutant le moment où elle se ferait repérer au milieu de cette immense salle... ce qui arriva rapidement, la Princesse de la Nuit n'étant pas non plus complètement amorphe.

« Huh ! Une visite en cette heure tardive ? Notre foi, quelle surprise ! » Déclara Luna puissamment, sa voix résonnant à travers l'immense salle du trône. « Nous vous souhaitons la bienvenue en ces lieux, qui que vous soyez, visiteuse. »

« Bonsoir, votre Altesse... navrée, je ne voulais point vous déranger. »

« Nul ne dérange la Princesse de la Nuit à cette heure. Quelle est votre requête ? Nous tâcherons d'y pourvoir. »

Mala posait discrètement le regard sur Luna, alors que sa « vision sombre » se déclencha... elle voyait celle-ci complètement submergée par sa propre noirceur malgré ses manières et son accueil, et elle savait pourquoi, elle le savait même très bien, et cela l'attristait intérieurement. Refermant les yeux calmement avant de les rouvrir en soupirant, elle revoyait la Princesse de la Nuit normalement, mais la jument grisée semblait toujours prise d'une immense hésitation, comme si son esprit ne savait plus quoi faire.

« Sujet ? Allez-vous bien ? Dérangeons-nous vous ? » finit par demander Luna, suspicieuse, et qui ne semblait pas reconnaître Mala après tout ce temps, ce qui était normal vu qu'elle avait baigné deux fois dans le Lazarus au cours de cette existence.

« Je... navrée, je suis juste venue... consulter les archives. A propos... de l'architecture licorne de la Princesse Platinum. » finit par lancer Mala, peu sûre d'elle.

« Oh, soit. L'aile de Starswirl vous est autorisée, sujet. »

« Merci... je n'en n'aurais pas pour longtemps... » finit par déclarer la jument grisée en commençant à s'y diriger après s'être inclinée, se sentant ouvertement lâche cette fois.

Heureusement pour elle, Luna n'avait pas tilté son identité, même si au fond, cela lui faisait mal. Depuis qu'elle est arrivée à Equestria et qu'elle revit son histoire, depuis la septième fois, repenser et revoir Luna l'emplissait de tristesse. Tristesse qu'elle tâchait de retenir à chaque fois, ne se laissant pas submerger par celle-ci.

Mais au milieu de tous ces livres, dont le nombre avait augmenté en tant d'années... elle n'avait besoin de rien. Elle connaissait déjà tout ce qu'elle avait besoin, et le reste ne l'intéressait pas, en plus de ne lui être d'aucune utilité. Elle grommela, ravala sa tristesse, ragea contre elle-même, faisant les cent pas sur le sol dur et pierreux.

Après une intense réflexion, lui vint une idée qu'elle jugeait irrationnelle... mais qu'elle ne put s'empêcher de réaliser. Se saisissant d'un parchemin à lettres, d'une des plumes présentes ainsi que d'un encrier, elle s'installa à une place d'étude et commença à rédiger une lettre, qui avait au moins pour vocation de mettre sa peine à nu.

Ma chère Luna,

Si jamais tu trouves ces mots, à l'heure où je les rédige, alors cela fait trente-neuf fois que l'on s'est rencontrées, toujours au même moment, lors de cette nuit avec ta sœur Célestia. Cette nuit où nous avions dîné ensemble, j'étais une vielle jument pas très saine dans sa tête... et je crains que ce dernier point ne se soit empiré. Tu n'as pas idée à quel point tu me manques. A quel point ton réconfort me manque.

Sûrement tu ne ressentiras rien d'autre à ces mots que de la gêne, de l'opportunisme ou bien de la pitié à mon égard. Je n'en veux pas, s'il te plaît... la Luna que je connaissais, la Luna qui était mon amie... n'est plus. Elle a disparu à la fin de mon sixième passage, quand j'ai perdu la vie. Et j'en garde une trace indélébile. Te revoir à chaque fois me broie le cœur, car tu n'as plus souvenir de ce que nous avons vécu à chaque fois... des souvenirs qui n'ont finalement jamais existé.

Sûrement encore disparaîtrais-je quelques siècles plus tard, revenant pour la quarantième fois, l'Histoire recommencera, mais jamais rien ne perdurera... seule ma douleur le fera, avec moi et mes souvenirs fantômes. Si jamais ces mots sont lus de mon vivant, alors ne fais rien pour m'aider. Personne ne peut. Même toi tu n'as pu, quand nous étions amies. Le Temps lui-même est soumis à mon tourment, le changer n'a pas marché. Si cette lettre existe encore après ma mort. Pour la trente-neuvième fois, Luna... je te dis adieu. Et ce sera probablement la dernière fois, mon cas est insoluble, il faut que j'en finisse avec cette douleur. Et j'ai bien peur qu'il le soit, que ce tourment infini et répétitif soit ma damnation. Puisse un jour la Mort m'accueillir avec compassion, pour de vrai, sans revenir revivre mes vies.

L'Ingénieure, la maudite du Lazarus.

Reposant la plume dans l'encrier avec peine et soupir, la jument grisée plia soigneusement la lettre en trois, avant de la glisser dans un des livres favoris de Luna, qu'elle savait caché dans sa pièce de lecture privée... après tout, ayant été amie avec elle très longtemps dans une ancienne existence, elle savait tout cela. Elle savait que pour y pénétrer, il fallait faire des gestes et mots précis, intimes... le savoir, c'était bien la seule chose que pouvait garder Mala à travers ses vies. Heureusement qu'il ne fallait pas d'objet ou d'empreinte autorisée pour entrer.

Revenant vers la salle du trône en vue de repartir, Luna se releva à nouveau du sien à la vue de la jument grisée, vu qu'elle n'avait que cela à faire.

« Alors ? Avez-vous trouvé ce qu'il vous fallait, sujet ? » demanda-t-elle de sa voix puissante mais dosée.

« Oui, votre Altesse... j'ai les renseignements qu'il me fallait. Je ne vais vous déranger plus longtemps, je suis attendue. »

« Vous ne Nous dérangez point, sujet. Revenez aussi souvent qu'il vous plaira, ce n'est pas comme si Nous avions autre chose à faire, de toute façon. » termina la Princesse de la Nuit en soupirant, avant de soudainement reprendre la parole, arrêtant la jument grisée. « Une petite minute, sujet... Nous avons l'impression de vous avoir déjà vue. Pouvez-vous décliner votre identité ? »

« Non, votre Altesse. Vous devez vous méprendre... je ne suis rien. Je ne suis... personne. » finit par déclarer calmement Mala sans se retourner, alors que ses yeux larmoyaient de tristesse discrètement, les larmes tombant sur le beau tapis qui faisait la longueur de la salle, tout en s'en allant sans même ralentir, laissant Luna dans le doute. Et cela tout en sachant que de son existence actuelle, ce serait la dernière fois qu'elle entendrait parler de Luna... dans une semaine, elle savait ce qu'il allait arriver, et ça la déprimait, comme à chaque fois.

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cedricc666
cedricc666 : #45627
Tout savoir à l'avance sans pouvoir rien y faire car au final, ce ne serait qu'un coup d'épée dans l'eau. Cruel destin que le sien. Bien pire encore que celui de Luna.
Il y a 1 an · Répondre
Especiel
Especiel : #42128
Une semaine :/ *soupir* Ça doit être plutôt dur à vivre d
quand ont sais ce qui allait lui arriver :/
Il y a 1 an · Répondre

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