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La Chute de Vitranis

Une fiction écrite par Nova.

Toujours la même rengaine

Heure locale : 10 h 30

Date estimée : 18ème jour du 7ème mois

Année de l'existence en cours (39ème) : 78ème

Loin d'être simplement survivante et exilée de son monde, Mala était dans une situation beaucoup plus profonde qu'elle-même ne l'avait crue, 38 fois auparavant. Maudite par les renaissances du Lazarus, elle revivait son passé sur Vitranis, sa fuite, ses neuf premières années en Equestria, avant de retrouver toutes ses mémoires des existences passées à chaque fois qu'elle se rebaignait pour la « première » fois dans l'entité liquide. Et surtout, la jument grisée n'était plus toute seule dans sa tête désormais...

Cette entité sans nom, reflet de sa solitude, de sa rancœur et de ses erreurs, avait pris « vie » à force de vivre seule, de faire passer toujours plus de magie en elle au cours du temps et de son traumatisme apocalyptique. Toutes ces conditions réunies ont fait de la jument grisée une sorte de schizophrène, dont cette obscure part grignotait toujours plus de place avec le temps. Car s'il y avait bien une chose qui continuait de dégénérer malgré les renaissances, c'était bien l'esprit. Mala n'était jamais censée perdurer aussi longtemps... en temps effectif, à cumuler toutes les renaissances, elle devait avoir nombre de millénaires d'âge mental. Sans compter sa stase d'X centaines de milliers d'années qui se répétait à chaque existence. Il était aisé de se perdre en discussions métaphysiques sur l'âme de Mala.

S'il y avait une chose positive à noter, c'était que tout ce savoir accumulé, dans de très nombreux domaines, permettait à la jument grisée de pouvoir accomplir des choses qui sembleraient impossibles... mécanique, magie, astronomie, mathématiques... elle connaissait même l'avenir sur plusieurs siècles, l'Histoire se répétant inlassablement, variant plus ou moins au gré de ses actions... elle avait toutes les dates importantes : Luna qui basculait en Nightmare Moon, l'assaut de Discord, la disparition de l'Empire de Cristal avec Sombra... et bien d'autres. Ça permettait à Mala d'au moins prévoir des choses utiles sur le long terme.

A force, chaque existence finissait par devenir une expérience à grande échelle pour récolter du savoir, des techniques... par pur exemple, Mala avait affronté Sombra 3 fois, malgré son infériorité. A chacun de ces trois affrontements, elle fut tuée/détruite/asservie. Chaque fois que son destin se « brisait », que ce soit par la mort ou d'autres raisons obscures, la jument grisée se réveillait chez elle, sur Vitranis, et elle revivait son histoire sans le moindre souvenir... jusqu'à se replonger la première fois dans le Lazarus, où elle retrouvait chaque instant passé, y compris ses morts, sur l'ensemble de ses précédentes existences. Et évidemment, cela n'était pas sans conséquences pour sa psyché, gravement atteinte.

Régulièrement, la sombre part d'elle-même se manifestait « à sa vue », que ce soit pour l'enfoncer, l'insulter... et parfois même la faire réfléchir. Après tout, il s'agissait d'elle-même, elle pouvait être de bon conseil... ou pas. Actuellement, elle végétait dans la partie pilotage de son astronef échoué, fixant le paysage estival par le hublot, profitant de la hauteur conférée par le pic. Mala affichait un air fatigué, lésé, instable... et ça durait depuis toujours, de son point de vue. D'ailleurs, les veines et le fond des pupilles vertes s'étaient dissipés depuis de nombreuses années... cet effet « visuel » d'un bain récent ne durait que peu de temps après celui-ci. Aujourd'hui... Mala était de nouveau âgée, nombre d'années s'étant écoulées depuis le bain. D'ici quelques temps, elle allait devoir s'y retremper, pour prolonger cette 39ème existence...

« Gni hi... encore à regarder le paysage ? » déclara la sombre réplique qui venait d’apparaître, adossée à une paroi proche de Mala.

« Arrête de venir demander comme ça. Je fais ce que je veux. » répondit directement cette dernière sans détourner le regard du hublot.

« Hin ! Ne prends pas ce ton avec moi, il n'y a que toi à qui parler et à blâmer ! »

« Tu es moi, en même temps. Difficile d'aller pourrir une autre personne. »

« L'on se demandait juste quoi faire cette fois... aller boulotter Discord ? Ré-empêcher Luna de sombrer ? Encore essayer de piquer du savoir à Sombra ? Ou bien on va enfin s'engouffrer dans le Tartarus pour aller se renseigner chez les pires raclures que ce monde ait porté ? »

« J'en ai assez de me faire tuer par des psychotiques. »

« Tu n'as que ça à faire... à force de les affronter, tu les connaîtrais par cœur, même si tu leur es inférieure. Tu espères encore faire quelque chose dont tous se souviennent. Toi, défaire ce que même les Princesses n'ont fait que repousser. »

« Arrête tes salades. Tu sais pertinemment que ça me prendrait des centaines d'existences de savoir comment tous les vaincre sur la même. Et je ne peux pas être une héroïne... pas avec toi. Et même si je l'étais, rien ne sera gardé à la fin... »

« Fuh hu hu... c'est vrai, je te fais marcher. Mais ça m'amuse d'essayer de t'en convaincre ! »

« Cela fait depuis la huitième existence que j'ai arrêté de suivre tes fausses indications. »

« Pourtant, tu repenses encore à Luna... à chaque existence. Elle a été un phare le temps d'une seule. Parce qu'elle était la seule à ME voir... hin hin hin. Même elle a jeté l'éponge. Tu penses encore à essayer de l'empêcher d'être Nightmare Moon sans être confidentes... mais tu souffriras de votre amitié qui n'a finalement jamais existé pour elle. Quoi que tu fasses ! »

« Humph !... » grinça des dents la jument grisée, la Princesse de la Nuit étant un sujet assez épineux pour elle.

« Il va bien falloir t'y confronter, tu es piégée pour sûrement toujours dans ce cycle infernal, avec moi ! »

« Je peux aussi abandonner. »

« Oh, tiens ? Tu connais ce mot ? J'ai vu « fuir » en ce qui te concerne, comme tu as fui Vitranis, fui ta responsabilité dans la fin de celle-ci en concevant les juments de nébuleuse, ou même encore en n'étant même pas une bonne « Mère » pour elles. Tu as tout raté. Alors l'abandon... ? »

« Juste vivre. Sans chercher à me tuer dans des expériences ou contre les menaces d'Equestria. Aller le plus loin possible... le Futur. Il me manque le Futur. »

« Ha ! Si tu te souviens de la folle de la bonne aventure, dans ce « Futur » t'attendent tes filles... elles seront là pour toi ! Tu es coincée. »

« De toute façon, je suis certaine que même de leur sabot, je repartirai encore vers une autre existence. Le Futur avant ça peut m'apporter des choses... peut-être LA réponse. »

« Parce que tu y crois encore à ça ? La fameuse question que tu te souviens bien plus que ton propre nom, que tes échecs ? C'est bien ce que l'on clame, tu n'as pas la tête droite ! »

« Toi non plus, résidu infâme. »

« Moi ? Je ne l'ai jamais nié, je SUIS cette part ! Et plus on avance, plus je grandis ! »

« C'est ça, grandis... moi, je vais chercher dans le Futur. Ma 39ème existence sera consacrée à la longueur... je vais tâcher d'aller le plus loin possible, voir comment Equestria évolue... et voir les causes de la perte de Vitranis se présenter à moi. »

« Dans ce cas, j'espère que tu auras de quoi te distraire. Ou parler ! Le temps risque d'être long... »

« Le temps est très long depuis le nombre de fois que je recommence cette folie. Et tu n'aides pas à le rendre plus court, alors on peut dire que je suis déjà rodée. »

La vieille jument grisée ne rajouta rien à sa sombre part, alors qu'elle se dirigea vers le bassin d'entité verte, toujours luisante dans le fond de la cale de l'astronef échoué. Sa Cutie Mark représentée par un courant vert restait peu perceptible dans l'obscurité, même si avec les reflets du Lazarus, on avait l'impression qu'elle luise également. Cette marque, symbole de son lien avec cette chose qui l'empêchait de partir comme tout le monde dans un repos éternel, troqué pour un recommencement éternel. Mais elle n'avait pas le choix que de continuer cette folie, dès la toute première fois où son sabot avait trempé dans le Lazarus, il y a des existences de cela.

Lentement, elle descendit dans le fluide verdâtre, comme on se plongerait dans un bain chaud, avant de se laisser couler allongée dans la faible profondeur du bassin. Comme la dernière fois, le bassin bouillit intensément, répandant de la brume verdâtre dans la soute, alors que Mala ressortit lentement, le corps retrouvant l'apogée de sa jeunesse et ressortant toujours plus fort, parcouru de temporaires veines vertes luisantes à travers sa robe ainsi que d'un fond de pupilles de la même couleur, engorgé de la force de l'entité.

« Et quelques décennies supplémentaires, c'est parti mademoiselle ! » déclara cyniquement la sombre part qui venait de réapparaître auprès du bassin.

« Tu n'en n'as pas marre ? »

« Jamais, ma chère. Jamais ! »

« Et après, on dit que je me répète... »

« Hu hu, il faut bien ça pour se distraire, le temps est long. Il est déjà très long pour cette fois, alors que tu as à peine décidé de la marche à suivre ! Qu'est-ce qu'on va s'ennuyer... »

« L'ennui ne me fait pas peur. »

« Je te fais peut-être marcher, mais toi aussi tu essaies de le faire, je ne suis pas dupe ! Tu repenses encore à Luna... ça devient tellement prévisible. »

« En quoi tu es étonnée ? Elle était mon amie !... dans une précédente existence. »

« Ne te paies pas ma tête ! Tu penses à la voir... tu hésites à aller te présenter devant elle à nouveau. Tu penses avoir le cran ? »

Mala restait sans bouger, baissant le regard vers le sol, puis un de ses sabots. Il tremblait, d'une pensée indescriptible, à mi-chemin entre la peine et la compassion, le tout teinté de démence. La jument grisée nouvellement jeune finit par se précipiter d'un pas décidé vers ses affaires de sortie, alors que l'obscure part esquissa un rictus mauvais.

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cedricc666
cedricc666 : #45625
J'ai été surpris je dois dire, par l'utilisation du "un jour sans fin" (le film, ou de l'épisode de Stargate SG1 "l'histoire sans fin" ou le même jour se répète a l'infini, tous le monde oubliant cette journée sauf pour les "héros involontaires").
Il y a effectivement de quoi devenir fou avec un truc pareil et de part son lien avec le lazarus qui la condamne ainsi.
Il y a 1 an · Répondre

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