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La Chute de Vitranis

Une fiction écrite par Nova.

Vraie fausse bonne idée

Heure locale : 23 h 00

Date estimée : 8ème jour du 11ème mois

Année (depuis arrivée) : 9ème

Mala ne traîna pas chez les deux sœurs... dès que ses vieux os furent assez reposés, elle refit la route inverse vers sa fusée. Connaissant le trajet, elle put l'optimiser pour prendre moins de voyage. Surtout qu'elle avait recopié ce qui l'intéressait particulièrement... des informations capitales sur le Lazarus.

Cependant, ces données semblaient différer avec les précédentes qu'elle avait ramenées de chez Platinum... à croire que même les equestriens ne se mettaient pas d'accord à son sujet. Mais sur le court terme, il fallait que Mala se fournisse de quoi manger... les nombreuses rations déshydratées fournies dans la soute de son astronef arrivaient à leur fin, et il fallait une alternative viable... heureusement, le pic où elle se trouvait comportait quelques galeries souterraines, contenant moult lichens et champignons des profondeurs, qu'il était possible de réduire en poudre puis bouillir dans de l'eau afin d'en faire une mélasse quelque peu ragoutante, mais saine de toute intoxication et qui procurait assez de nutriments pour ses activités. Et vu la prolifération de ces organismes, la jument grisée ne risquait pas de mourir de faim.

Désormais débarrassée de contraintes de survie, Mala put se mettre enfin au travail. Recoupant les divers écrits au sujet du Lazarus, elle n'aurait assez de ce qui restait sa propre vie pour le trouver. Donc elle chercha à découvrir ce qui faisait le Lazarus... forme, subsistance, composition, état... vu ses connaissances magiques élargies, il pourrait être possible de chercher à recréer un simulacre de cette entité mystérieuse et unique...

Après nombre d'investigations, il apparaissait que l'entité était sous forme liquide, ce qui, pour tout dire, arrangeait grandement la jument grisée. Il était bien plus simple de faire un liquide plutôt qu'un artefact, ou bien une entité si mystique et immatérielle que cela serait impossible. Cherchant ce qui pourrait exactement composer le Lazarus, elle mena nombre de recherches à la fois théoriques, pratiques et magiques. Cependant, son corps continuait de s'user inexorablement... à tel point qu'elle dût suspendre ses recherches pour se fabriquer des prothèses mécaniques fixées sur ses membres, afin de pouvoir continuer à bouger... car malgré le fait qu'elle bougeait encore beaucoup, Mala souffrait d'arthrose et d'insuffisance osseuse, son alimentation très peu variée en principale cause.

Un à un, chaque élément nécessaire à l'existence du Lazarus fut théorisée. Au final, il lui fallait bien une année entière pour ne serait-ce que réunir ce qu'elle n'avait pas sous le sabot. Elle s'attela ensuite à établir un petit bassin, dans la soute de son astronef, de trois mètres cube, à l'aide de matériaux qu'elle recycla de certaines parois de l'habitacle. Même avec l'aide de la magie, le travail était fatiguant, bientôt au crépuscule de sa vie.

Cette nuit, en plein automne, les orages se multipliaient, ainsi que les pluies torrentielles... sauf à l'altitude où résidait Mala et sa fusée, la pluie remplacée par des bourrasques de vents violents ainsi que de lourds flocons de neige, mais toujours rythmés par de terrifiants éclairs qui tonnaient dans le ciel. Le sommet de l'astronef, à une vingtaine de mètres du sol neigeux et rocheux, était affublé d'un semblant de paratonnerre, relié par d'étranges conducteurs jusque dans l'intérieur, au bassin, dans lequel macérait une ragoutante mélasse brune.

Mala était en train de regarder son vieil anneau catalyseur qui se plaçait à la base de la corne... elle ne l'avait plus porté depuis qu'elle était partie de chez Platinum, il y a neuf ans de cela. Même si la sensation de puissance magique était incomparable, elle savait le danger que cela représentait pour un corps aussi fragile et inhabitué à la magie qu'était le sien. Même encore aujourd'hui, elle pouvait avoir des crises de saignements nasaux en cas d'utilisation de magie trop importante dans un court délai, sans compter les habituels maux de tête. Mais peu importe... si ce soir, Mala réussissait, alors elle n'aurait plus jamais à se soucier du temps pour habituer son corps et son esprit à la Magie... en théorie.

Elle désossait tranquillement son anneau en soupirant, tandis qu'elle entendit le tonnerre au dehors, gronder si fort. Elle extrait de l'anneau d'étranges petits cristaux argentés, base de la catalyse provoquée par le bijou sophistiqué, avant de les jeter dans la mélasse, en tant qu'ingrédients finaux. Elle s'attela ensuite à tourner une manivelle avec labeur, reliée à un boîtier en ferraille grossière, qui lui-même reliait le bassin et le paratonnerre.

De longues minutes passèrent, moulinant toujours, avant que la foudre daigne frapper le sommet de la fusée, attirée. L'immense quantité de courant traversa instantanément les conducteurs d'acier et projeta la jument grisée au sol, l'électricité finissant sa course dans le bassin qui changea immédiatement de couleur... il luisait d'un beau vert fluorescent, commençant à émettre une fine brume verdâtre qui emplissait tranquillement la pièce. Cela ne voulait dire qu'une seule chose...

« Ça y est... je l'ai fait, je le sens... enfin, toutes ces années de préparation... et il existe. J'ai contredit vos légendes, equestriens... » déclara la jument avec un certain sourire mauvais, humant la brume verdâtre tout en se relevant lentement.

S'approchant du bord du petit bassin, elle s'affaira à retirer lentement tout ce qu'elle portait... cape, capuche, prothèses mécaniques... révélant son corps grisé, ridé, marqué, usé et sans marque au flanc, elle fixa presque sereinement le fluide vert luisant devant elle... c'était rare de la voir afficher une telle expression. Après un long moment à penser, à savourer sa réussite... elle se laissa tomber dedans, dans une légère éclaboussure verdâtre, se laissant couler au fond.

De très longues secondes s'écoulèrent, sans rien qui se produisait... jusqu'à ce que le fluide vert luisant se mette à bouillir rapidement un instant, avant qu'un sabot ressorte, agrippant au rebord. La jument se hissait lentement hors du Lazarus, se traînant et se laissant tomber au sol dur et froid juste à coté, respirant bruyamment.

Finies les rides, finies les marques... la jument grisée avait retrouvé un teint plus réfléchissant, au faîte de sa jeunesse... elle semblait à peine avoir 25 ans, alors que l'on discernait d'importantes veines d'une légère lueur verte parcourir son corps... le fond de ses pupilles s'était également doté d'une petite lueur verdâtre au milieu du noir. Ses iris bleus éclataient de santé, fixant le plafond. Et aussi, le détail le plus notable... elle avait une Cutie Mark, désormais, de la forme d'un courant vert. Mala aurait pourtant dû savourer sa forme et sa jeunesse retrouvées, laisser exploser sa fierté... il n'en n'était rien. Elle avait même l'air blasée malgré la vitalité qu'elle semblait désormais tenir.

Une autre jument, qui lui ressemblait beaucoup, arborant une aura plus sombre et des yeux plus rougeoyants, se tenait tranquillement adossée à un mur. Depuis quand était-elle là ? Ça n'avait aucune importance... cette dernière fixait Mala avec un regard et un rictus bien plus mauvais. Sa voix semblait chargée d'amertume, de malice et de sombreur.

« Eeeeet... top ! 39ème fois que tu ressors pour la première fois du Lazarus... 39ème fois que tu fabriques ces horreurs qui t'ont considérée comme leur Mère... 39ème fois que tu t'enfuis, comme une lâche, alors que Vitranis se meurt... 39ème fois que tu arrives à Equestria... 39ème fois que tu rembarres Platinum... hu hu hu... je ne m'en lasserai jamais !»

« Et tu vas le dire à chaque nouvelle existence ? Tu me fatigues. » déclara Mala à cette étrange jument semblable et sombre, d'un ton complètement désabusé, restant allongée sur le dos à fixer le plafond.

« Hin hin hin... un peu oui. J'aime à chaque fois le parcours que tu fais pour faire le Lazarus, même s'il est toujours le même. Et puis, la mémoire de toutes tes existences passées ne te revient que lorsque que tu revis ton premier « bain », je rappelle. Quel délicieux apport de vie ! »

« Je n'ai pas que ça à faire de t'amuser. »

« Muh hu hu... tu dis ça, mais tu oublies que tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Plus le temps avance, plus tu te gorges de magie, plus tu renais... et plus je te gangrène. Je suis Toi, après tout ! »

« Tu es ce que mon esprit malade a engendré avec le temps et la magie, rien de plus. »

« Tu dis ça, mais chaque fois que tu revis mes premières manifestations... c'est une délectable touche de folie qui s'ajoute. Voir la part d'ombre de chacun, mes susurres interdites... tu ne passes pas pour une folle. TU ES folle ! » lança la sombre jument en poussant un ricanement sardonique.

« Arrête. On dirait Nightmare Moon. »

« C'est drôle que tu en parles alors que techniquement, elle n'existe pas encore... hin hin hin... »

« Tu sais très bien ce que je veux dire. Tu es véritablement soûlante. »

« Et toi, tu sais très bien que tu devrais t'y faire... ce petit jeu risque fort de ne jamaaaaaaaaais s'arrêter, hi hi hi... allez, prenons les paris ! Combien de fois tu va te rebaigner dans le Lazarus avant de mourir, cette fois ? Deux, trois fois, au mieux ? Tu auras vécu un peu moins de trois siècles... et ce sera reparti pour te réveiller sur Vitranis, sans aucun souvenir... et le Cycle va recommencer, jusqu'à ce que tu reviennes à ce moment, pour la 40ème fois. Ils se sont bien gardés de te le dire dans leur brochure, ah ah ah !! »

« Mon erreur a été de baigner pour la toute première fois dedans. Et maintenant, je suis coincée, à revivre ma vie chaque fois qu'elle s'éteint... »

« Si encore ce n'était que ça, ce ne serait pas drôle !... je me souviens encore très bien, à ton existence première, tu es retombée sur Mystic Path... elle était vieille, mourante, et toi tu étais au meilleur de ta jeunesse, de ta forme... hmmmm... quelle splendide scène ! Elle t'avait fait la morale sur son lit de mort... si tu te souviens de la tête que tu as tirée. Si coupable, mais également si distante... mais le plus beau moment, c'était quand à ta seconde existence, tu es retournée la voir. Et c'était comme si le dialogue n'avait jamais eu lieu... c'est à ce moment bien précis que tu savais dans quel engrenage infernal tu avais plongé ! » redéclara la part sombre et cynique en riant sardoniquement de nouveau.

« ...le Lazarus est une véritable plaie, une malédiction. Si j'avais su que ce tourment sans fin m'attendrait... jamais je n'y aurai mis le moindre sabot la toute première fois. »

« Sauf que maintenant... trop taaaaaard ! Tu vas revivre, et revivre, et revivre sans arrêt... et chaque fois que tu arriveras au moment où tu fabriqueras le Lazarus, toutes tes mémoires te reviendront... et ça continuera indéfiniment ! Et tout ce que tu peux chercher n'y changera rien... j'en veux pour preuve... Luna ! »

Mala se crispa d'un coup et serra les dents en repensant à cela. Cela semblait quelque chose d'assez épineux. Elle ferma fortement ses paupières.

« Hin hin hin... à ta sixième existence, tu as tenté de changer l'Histoire ! Tu as tout fait pour aider Luna, cette greluche jalouse de sa propre sœur... et tu as pu lui éviter la transformation en Nightmare Moon. Tu lui as apporté du soutien, tu t'es montrée très étrangement compatissante, ça ne te ressemblait pas. Connaissant ses capacités à entrer dans les songes, tu espérais qu'elle seule puisse mesurer l'ampleur de ta misérable situation sans fin. Tu l'as sauvée pour tenter de t'en sortir, de te servir d'elle et de ses pouvoirs ! Et avec les deux siècles qui ont suivi, tu t'es attachée à elle... Et vous avez pensé aux Éléments de l'Harmonie pour essayer d'effacer ce cycle infernal. »

« Arrête... »

« Comme si tu pensais que ça allait te sauver. Ils ont fait l'exact opposé que ce que à quoi vous vous attendiez. Ils t'ont tuée.»

« Arrête !... »

« Au final, t'attacher à Luna, être amies et confidentes, ça t'a fait beaucoup plus de mal que de bien. Tu pensais pouvoir le faire sans risques car en tant qu'alicorne, elle était immortelle ? Tu es sotte. A ta septième existence, tu savais que tu avais tout perdu de son amitié, elle ne te connaissait plus... ce septième essai s'est très vite fini, c'en était sombrement délectable. Et... repartie directement pour le huitième ! Hin hin hin... c'était bien la peine d'apprendre à la connaître ! »

« LA FERME !! LA FEEEEEEEERME !!! » hurla finalement Mala, les larmes aux yeux.

Cette dernière envoya un impulsif rayon de magie pourpre de sa corne parcourue de « veines » de la même couleur , et non plus de fissures comme avec le catalyseur. Le rayon magique transperça la jument sombre, ainsi que la paroi métallique derrière et la roche de la montagne derrière, continuant jusque de l'autre coté de celle-ci et terminant sa course dans le ciel. Cela montrait que Mala semblait, au cours de ses existences, avoir acquis un savoir magique des plus gargantuesques, et ce malgré du coup un léger saignement nasal qui coulait lentement de la narine droite, vu la quantité de magie utilisée.

Bien que la jument sombre avait été frappée de plein fouet, comme elle « n'existait pas réellement », elle revint aussi vite au même endroit, poussant un long rire maléfique.

« Ouh ouh ouh... jolie crise, ma chère. Allez, je vais arrêter de t'embêter... pour le moment ! »

Cette dernière disparut à nouveau, pour de bon actuellement, se liquéfiant en une matière sombre qui s'évapora. Alors que les veines pourpres de magie parcourant sa corne se dissipèrent, Mala se prenait la tête entre les sabots, continuant de sangloter de rage et de désespoir, se retournant sur le ventre et se frappant la tête à répétition sur le sol dur et froid. Il semblait y avoir un vrai fossé psychologique entre avant et après le bain, ce qui se comprenait aisément.

« J'en peux plus j'en peux plus j'en peux plus j'en peux plus j'en peux plus j'en peux plus j'en peux plus... »

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Especiel
Especiel : #41938
J'ai... absoooooooooolument rien compris '-'
Il y a 1 an · Répondre

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