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La Chute de Vitranis

Une fiction écrite par Nova.

Trafiquer la balance

Heure locale : 20 h 00

Date estimée : 16ème jour du 7ème mois

Année (depuis arrivée) : 1ère

Mala travailla donc auprès de la tribu des licornes, au sein du château royal... il lui fut confié un petit atelier assez poussiéreux dans les sous-sols, mais ce n'était pas un problème pour elle... avec ce qu'on pouvait lui prêter, elle se confectionna progressivement des outils plus évolués, que lui jalousaient certains autres artisans qui connaissaient son existence. Rapidement, elle put livrer en deux semaines un prototype assez avancé de machine grosse comme une carriole, à tirer, et qui travaille seule la terre. Elle était entièrement faite de bois et de fer, et pourrait sembler limitée, mais permettait à n'importe quelle licorne, en la tirant, de pouvoir travailler tout un champ sans grand effort.

Cependant, le Roi ne semblait que mitigé à la réussite de cet appareil... Mala, avec le temps, savait que la pauvreté de la terre des licornes était aussi en cause. Et de ce coté, elle n'avait pas de miracles à proposer, se refusant d'empoisonner le sol à coups d'engrais agressifs qu'elle pourrait synthétiser. Même avec progressivement un frisquet printemps qui arrivait, les choses n'allaient pas beaucoup mieux...

Elle changea quelque peu la donne avec des améliorations médicamenteuses... après avoir travaillé plusieurs semaines avec des herboristes, elle put donner la création de divers onguents et médicaments, bien plus efficaces, et surtout faciles à administrer, ainsi qu'à stocker. Par exemple, la feuille à mastiquer aux propriétés antalgiques... elle put en faire une poudre à diluer dans de l'eau et à boire, renforçant ainsi ses effets apaisants sur les douleurs soudaines.

Par ailleurs, en parlant de cette poudre... Mala y était véritablement accro. Régulièrement, elle était cible de désagréables et visibles migraines, ce qui faisait qu'elle avait toujours dans ses sacoches quelques doses de poudre ainsi que de l'eau de source, pour pouvoir en prendre à tout moment. Elles lui arrivaient surtout quand elle devait parler d'éléments de son passé, s'en souvenir, ou plus spécialement... quand elle pratiquait la magie, dans ses études parallèles de cette dernière.

Aujourd'hui, c'était la saison estivale... qui n'avait d'estivale que le nom. Selon les autres licornes, les étés étaient de moins en moins beaux, et les hivers de plus en plus longs et rudes chaque année, consécutivement. Il faisait relativement gris, à peine chaud. Et entre-temps également, Platinum avait enfin pris la place de son père, à la tête de la tribu des licornes. Beaucoup de choses en l'espace de sept mois...

En ce début de soirée, Mala étudiait dans les archives magiques tenues par Starswirl... ce dernier était en train de s'entretenir avec son apprentie, Clover, une licorne qui ne payait pas forcément mine, mais qui était d'une ouverture d'esprit extrême et d'une très grande lucidité, véritable amoureuse de savoir. Les deux chercheurs-mages étaient à juste quelques mètres de la jument ingénieure, qui potassait les parchemins comme on ne pouvait faire davantage. Elle semblait presque littéralement avaler le savoir magique écrit par le reconnu mage à barbiche, qui finit par entamer une conversation avec la jument grisée en la revoyant s'enfiler une dose de poudre antalgique dans un bol d'eau une nouvelle fois, après qu'elle eut pratiqué un essai sur un sort de manipulation des effluves.

« Pardon... Ingénieure, mais ça doit être cocasse d'être addicte à ses propres créations, non ? Même sans être herboriste... je peux dire que vous mettez votre santé en danger. » commença-t-il.

« ...je n'ai que faire de votre pitié, s'il vous plaît. Laissez-moi apprendre... c'est tout ce que je vous demande. Vous devriez avoir fort à faire à éduquer une jument tout juste adulte... » rétorqua froidement la jument grisée.

« Apprendre aussi vite notre langue ne vous a pas appris le cynisme, ma chère. J'ai le plus grand des plaisirs à parler avec tous ceux qui aiment la connaissance. Mais il n'y a pas ce plaisir d'apprendre, dans vos yeux... il n'y a que l'envie d'amasser du savoir. Du savoir surtout magique. Pourquoi ? Je pense que vos maux de tête expliqueraient ça. Je devine que vous ne pratiquez intensément la magie que récemment, et au vu de vos bases... vous n'aviez que de la théorie. C'est cela ? »

« ...pourquoi chercher à me sonder ? Oui, je n'avais jamais réellement pratiquée la magie d'où je viens, à part de rares et simples exceptions... et alors ? »

« Et alors, c'est que l'on dirait un poulain, auparavant privé de tout, qui ne peut s'empêcher de s’empiffrer de plaisirs gustatifs maintenant qu'il y a accès. Il finit par avoir mal au ventre, car il n'a pas l'habitude et ne sait pas s'arrêter. Et je pense que c'est la même chose pour vous. Vos migraines vous trahissent... vous essayez trop d'apprendre, trop vite. Votre esprit n'est pas habitué à la magie, et pourtant vous vous obstinez au-delà du raisonnable. »

« Le temps est un luxe que je ne peux me permettre. J'ai déjà perdu bien plus d'années que vous ne pouvez l'imaginer... »

« Qu'espérez-vous faire avec toute cette magie, Ingénieure ? Retourner chez les vôtres et apporter l'illumination ou amener votre suprématie ? Changer le Monde ? » exagéra Starswirl.

« Je n'ai plus la moindre chance de retourner chez les miens. J'ai fui, et ce n'est plus possible désormais... alors je vais tout faire pour que d'autres ne subissent les mêmes tares. Se servir de la Magie pour faire la guerre, et l'épuiser... »

« Vous m'excuserez, Ingénieure, mais même la Princesse n'est pas assez folle, du haut de son intouchable piédestal d’ego, pour oser faire une telle chose. Vous dramatisez, on n'est pas en tragédie. »

« ...la Magie sera utilisée pour faire la guerre. Je le sais. »

« Si vous faites allusion à notre contexte avec les pégases et les terrestres, vous exagérez encore une fois, même si j'avoue que cela commence à prendre des proportions qui frisent la stupidité. Pas la folie. »

« Trois groupes qui sont incapables de se regarder normalement sans s'insulter de tous les noms, vous appelez ça exagérer ?! J'ai l'impression de voir des poulains en train de se battre pour montrer qui est le meilleur... »

« Je sais que la situation est puérile, et nombre d'entre nous rejoignent cet avis. Mais je crois bien que vous êtes mal placée pour dire ça, Ingénieure... avec le savoir que vous apportez à Platinum, vous menacez la maigre balance qui tient encore ces trois groupes en place. »

« Ne croyez pas me connaître... je ne vous connais pas, vous ne me connaissez pas. Je ne brise pas cette balance, au contraire... je vais m'assurer qu'elle reste fixée, équilibrée, et ce définitivement. »

« Je n'aime pas votre ton. Quelque chose anime votre motivation, et ça ne m'inspire pas quelque chose de sain. »

« Chacun les siennes. La mienne, c'est de m'assurer que ces trois immatures arrêtent de se taper dessus et de se cracher au visage... »

« Nombreux sont ceux qui veulent que ça s'arrête. Mais je crains que vos méthodes ne me laissent dubitatif... »

« Bon sang... mais lâchez-moi, Tinsk ! Vous m'exaspérez et je n'arrive pas à me concentrer !! » finit par hurler Mala en tapant du sabot sur la table où elle était installée.

« ...Tinsk ? » demanda Starswirl en haussant un sourcil.

« Rien !... je me suis trompée. Mais le message reste le même !... » gronda-t-elle en finissant son parchemin en cours, l'enroulant.

« Vous me confondez avec quelqu'un... hmmm... je vous rappelle ce personnage ? »

« Ça ne vous regarde pas. Mon passé... ne vous regarde pas ! » déclara Mala avant de rependre une autre dose de poudre antalgique, une migraine lui était montée, tout en se massant la tempe d'un sabot.

« Bon... vous êtes toujours aussi fermée. C'est bien dommage, vous en avez dans la tête, et j'aurais aimé davantage faire connaissance avec vous... comme à chaque fois que vous venez ici. »

« Pas moi... non. » termina-t-elle froidement avant de repartir avec ses affaires.

Elle soupira pour tenter de se calmer, tout en déambulant dans le château dirigé par la Princesse Platinum. En plein été, le Soleil se couchait à peine, mais Mala demanda à sortir de l'enceinte, pour aller chercher d'autres matériaux pour ses complexes projets. Toujours habillée d'une cape, plus légère cette fois, elle partit donc de l'enceinte licorne... ici, beaucoup la connaissaient un peu, et pas vraiment en bien...

Beaucoup des courtisans et d'autres érudits avaient vent de son étrange savoir, de ses manières, de son attitude... ils ignoraient son absence de Cutie Mark, mais Mala était déjà vue comme quelqu'un... de pas très sain d'esprit. En attestaient, selon eux, de sa « manie » à régulièrement avoir des migraines, d'être souvent froide et distante, de parfois ne pas avoir la langue dans sa poche en ce qui concerne les acquis intellectuels... bref, bon nombres d'éléments dans son comportement.

Elle s'éloigna pendant une bonne heure de marche, jusqu'à un léger bosquet, alors que le Soleil venait de disparaître à l'horizon. Elle resta debout à attendre, brièvement, alors qu'un sabot jaune surgit d'un buisson et remua, accompagné d'un discret « Psssst ».

« Ah, vous voilà... sortez donc, il n'y a personne. » soupira la jument grisée.

« Hum... vous êtes sûre, Ingénieure... ? » fit la voix discrète et douce dans les fourrés.

« Cela fait la quatrième fois que l'on se rencontre, et si j'avais voulu vous piéger, ce serait fait depuis longtemps... »

« Et bien... hum... c'est vrai... » fit-elle encore, avant de lentement s'en extirper... une pégase jaune en armure légère et grisée, à la crinière orangée, qui portait un lourd casque sur la tête.

« Pansy, franchement... si vous faites bien votre affaire, on ne se fera jamais attraper toutes deux. »

« Oui oui... c'est vrai, pardon... »

« Ce n'est rien. Voici ce que j'apporte pour cette fois... » déclara Mala en donnant à la pégase un ensemble de trois-quatre parchemins. Ils étaient bien enroulés, et il semblerait que ceux-là aient été écrits par elle-même, pas dérobés aux licornes. « Voilà, vous avez de quoi faire de bons plants en altitude pour l'agriculture, et des méthodes d'écriture, de lecture ainsi que du calcul mental... »

« Oh... m-merci... encore. »

« Je préfère rappeler ce qu'on avait dit : Hurricane ne doit PAS voir tout ça. Je l'ai vu une seule fois... et, sans préjugé aucun, votre Commandant est un véritable furieux. Ces connaissances doivent surgir pour votre tribu... pas pour lui. Faites que ça ait l'air d'avoir été recherché, et progressivement surtout. »

« Bien sûr... bien sûr... hum... mais je ne comprends pas... pourquoi vous faites ça ? Vous êtes une licorne... et vous aidez les pégases. »

« Correction : d'une, je ne suis pas une licorne originaire de chez eux. J'ai fui les miens, et j'ai rejoint Bullion... de deux, les terrestres ont également droit au même traitement que vous. Grâce à une certaine licorne, j'ai... eu vent de votre désapprobation pour votre Commandant, et c'est pour ça aussi que c'est vous que j'ai choisie. »

« M-Merci... mais je ne comprends pas, pourquoi nous donner tout ça, alors ? On vous prendrait pour une traître qui donne des informations à « l'ennemi »... »

« Je pense que je peux vous le dire : je veux éliminer ce sentiment « d'indispensabilité » que se targuent d'avoir les sommets des tribus, ainsi que leurs plus fervents suivants. En donnant à chaque tribu ce qu'il manque, issu des deux autres, je rends chacun moins... indispensable. Je ne pense pas pouvoir rendre des terrestres aussi prompts à manipuler les effets météo que les pégases... mais je compte bien faire, par exemple, que les terrestres aient assez de connaissances pour pouvoir assister au sol des pégases postés dans les airs. Et inversement pour l'agriculture. Je veux que tous se nivellent, pour de vrai, pas en contrebalançant son domaine de prédilection comme ils le font sans arrêt. »

« C'est... hum... pointu, comme idée. Pourquoi nous aider, si vous n'êtes pas d'ici... ? »

« Parce que d'où je viens, trois groupes ont fini par se taper dessus au cours de l'Histoire... et ça a très mal fini. » déclara Mala froidement en reprenant encore une dose de poudre antalgique sur le coup. « Je sais déjà comment ça va se finir si je vous laisse continuer, avec des chefs aussi butés : vous allez vous détruire vous-mêmes... ou quelque chose le fera à votre place. Je n'ai pas peur de « trahir » mon espèce... je ne suis pas d'ici. Alors je décide d'agir à un stade que personne chez aucune des trois tribus ne ferait. Cette même licorne qui m'a renseignée sur vous m'avait dit... que si je m'accrochais trop à mon passé, je pourrais devenir folle. Mais si sombrer dans la folie peut sauver un peuple, que notre Histoire serve d'exemple... alors soit, la démence sera mienne. Ce n'est plus comme si j'avais encore réellement à perdre, dorénavant. » termina-t-elle longuement en retournant sur ses pas, laissant la pégase en armure.

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cedricc666
cedricc666 : #45612
Traité les autres avec équité et dans l'harmonie ? Traitresse ! Au bucher ! ^^
Il y a 1 an · Répondre

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