Site archivé par Silou. Le site officiel ayant disparu, toutes les fonctionnalités de recherche et de compte également. Ce site est une copie en lecture seule

Turn It On Again

Une fiction écrite par inglobwetrust.

Chapitre 16: Las Pegasus (Part 2)

Pendant quelques secondes, la licorne entendit divers bruits de l’autre côté de la porte : du verre qui roulait sur le sol, des papiers froissés, des draps également, comme si l’étalon rangeait. Finalement, il ouvrit la porte et trouva Rarity. Il leva un sourcil et jeta un œil aux alentours.

« Un problème ? » s’enquit-il en cherchant Money du regard de gauche à droite.

Rarity hésita un peu. « Euh… non, non, mais… je… Tu comprends, après ce qui s’est passé… Je… je préférerais un peu de compagnie… Je peux entrer ? » finit-elle par demander sur un ton qui semblait proche de la supplique.

L’étalon la fixa un moment, avant de s’écarter pour la laisser passer. Rarity sourit et le remercia d’un signe de tête, avant de pénétrer dans la chambre.

Un grand lit, tout juste bon pour faire rentrer quelqu’un du gabarit de Mac, sur lequel étaient posées quelques feuilles de papier et un crayon. Le reste était en tout point semblable à n’importe quelle chambre d’hôtel, si ce n’est le pull des Ponytones posé sur un cintre dans la penderie près du lit.

Rarity alla s’asseoir sur le lit et jeta un œil aux feuilles de papier. Il y avait quelques mots écrits au hasard, des notes, des rimes pour…

« Ce sont des nouvelles chansons ? » demanda-t-elle en continuant à scruter la feuille, chantonnant à voix basse quelques mots pour en juger leur musicalité.

Big Mac arriva et s’assit à côté d’elle sur le lit, la faisant bondir un peu en raison du poids qu’il rajoutait à la structure. « Oh… ouaip », dit-il avec une hésitation inhabituelle chez lui. « J’fais… j’fais ça le soir après le concert. »

Rarity reposa les feuilles avec un petit sourire. « Elles sont très bien. Tu en as écris beaucoup ? » demanda-t-elle en tournant la tête vers lui.

Mac semblait véritablement gêné cette fois. « Euh… c’est… c’est tout ce que j’ai. Tu sais, j’ai pas écrit depuis dix ans, c’est dur de s’y remettre au début. Mais… ça ira, t’inquiètes pas. Je… je gère », bafouilla-t-il.

Rarity posa un sabot sur le sien, bien plus grand pour le rassurer. « Hé », dit-elle en lui faisant tourner la tête vers elle. « Je sais qu’on peut te faire confiance. Je ne m’inquiète pas. Je sais que tu y arriveras. » Son sourire contamina le visage de Mac, qui sourit aussi.

Elle le relâcha et se remit à lire les feuilles, un peu plus proche de l’étalon qu’avant. Mac ne savait pas trop quoi faire et l’observait, avant de tourner la tête vers sa droite, vers la penderie et le pull des Ponytones, à le fixer longuement.

Il n’entendit pas Rarity se lever à côté de lui, se mettre à genoux et lui déposer un tendre baiser sur la joue. L’étalon sursauta un peu et tourna rapidement sa tête vers elle. Devant sa surprise, elle recula un peu.

« C’est pour te remercier de ce que tu as fait avant… Pour m’avoir protégée… Tu es un vrai gentlecolt », le complimenta-t-elle en baissant les yeux et en se frottant le sabot contre l’épaule dans une posture gênée.

« De… de rien. Un bon poney ne fait jamais de mal à une jument. C’est… c’est mal », dit-il en avalant la boule dans sa gorge sur la dernière phrase. Rarity leva un sourcil en le remarquant et, voyant sa gêne, décida de laisser parler son instinct, en passant ses sabots autour de sa poitrine pour lui faire un câlin.

Mac sembla encore surpris et tomba à la renverse sur le lit, emportant Rarity avec elle. Elle poussa un petit cri de surprise mais resta les sabots enroulés autour de l’étalon, qui cogna sa tête contre le mur.

Ils reprirent leurs esprits et se regardèrent dans les yeux, pendant quelques secondes. Puis Mac leva un sabot pour caresser la joue de la licorne, qui ferma les yeux et profita de son toucher en souriant. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu ce geste tendre de la part d’un étalon. Cela lui rappelait tellement de choses… Et encore plus avec celui qui se trouvait en-dessous d’elle.

Mac se releva un peu et détourna le regard, ne sachant pas quoi faire d’autre. Les mêmes questions se posaient dans sa tête et les réponses étaient tout aussi confuses.

En avait-il envie ? Est-ce qu’il… ? Est-ce qu’elle… ?

Rarity fit taire son cerveau et prit les devants. Elle mit ses deux sabots de chaque côté de la tête de Mac et s’avança, lèvres tendues, yeux fermés. À toute vitesse, Mac prit une décision.

Il ferma les yeux et laissa la licorne approcher ses lèvres des siennes. Dans leurs esprits, le vide se fit, et leurs lèvres s’approchèrent, comme mu par une irrésistible attraction. Mac avança sa tête et se prépara au contact, sans trop savoir pourquoi tout cela allait si vite et pourquoi il ne protestait pas. L’étalon entrouvrit légèrement ses lèvres et-

« OUCH ! »

Avant même que leurs bouches puissent se connecter, Rarity sentit les sabots de l’étalon la repousser, la faisant tomber par terre en poussant un petit cri.

Un bruit de verre brisé se fit entendre, ainsi que le son d’une bouteille roulant sur le sol. Une odeur d’alcool envahit la pièce et elle sentit la bouteille cogner contre son flanc. Elle la prit dans son aura et lut l’étiquette : du bourbon.

« Ah… Putain… »

En entendant les râles de l’étalon, elle reposa la bouteille et se releva, voyant du verre brisé sur le lit et du liquide couler sur le visage de Mac, descendant jusqu’à ses flancs avant d’arrêter sa descente sur le lit. Il se tenait la tête entre les sabots et n’osa pas bouger pendant quelques secondes.

« Mac ! » cria Rarity qui grimpa sur le lit et écarta d’un coup de sabot les restes de verres brisés par terre. Elle s’approcha rapidement de l’étalon. « Mac ! Laisse-moi voir si tu es blessé ! »

Mac s’écarta, se leva du lit et manqua de marcher dans le verre brisé. Rarity le rattrapa in extremis et le remis dans le lit avec sa magie.

« Mac ! Ne bouge pas, s’il te plaît ! Laisse-moi regarder si tu es blessé ! » le supplia-t-elle presque. Après quelques secondes, Mac baissa ses sabots et la laissa l’ausculter. Fort heureusement, il n’avait rien, même pas une coupure. Il avait le crâne dur. Elle poussa un soupir de soulagement et recula, en restant sur le lit.

« Tu n’as rien, ne t’inquiète pas », le rassura-t-elle. Mac ne répondit rien. En tournant sa tête vers le verre brisé, elle se rappela de l’autre bouteille posée à côté du lit. Elle alluma sa corne et l’amena dans ses sabots. L’étalon finissait de se frotter le crâne et regarda, avec un air horrifié, la bouteille que tenait la licorne.

« Mac, je peux savoir ce que cela fait ici ? » lui demanda-t-elle en lui montrant la bouteille.

Mac baissa piteusement la tête, coincé, fichu, démasqué. Le secret était éventé.

Rarity se remémora le passé et se rappela, violemment. Elle ouvrit grand les yeux et soupira, en observant l’étalon à l’air défait.

« Tu as recommencé, hein ? »

Mac ne répondit pas et garda la tête baissée, comme un enfant pris en flagrant délit dans la boîte à cookies et ne sachant pas quoi faire à part répondre en silence et espérer que l’orage passe au plus vite.

« Mac… » Il sentit Rarity bouger sur le lit. Les restes de la bouteille finissaient de couler dans son dos, laissant ses sabots trempés par l’alcool. Elle s’arrêta face à lui et releva sa tête pour le forcer à regarder dans ses yeux.

« Mac… Depuis combien de temps ? » demanda-t-elle à voix basse.

Il rabaissa sa tête, faisant répéter les mêmes gestes à Rarity.

« Mac… je sais que si tu fais ça, c’est que tu as quelque chose qui te tracasse. Tu peux me le dire, tu sais… », insista-t-elle en le regardant avec des yeux pleins d’inquiétude.

Il abaissa encore la tête et amena ses pattes contre sa poitrine, se recroquevillant sur le lit. Il se mit sur le côté et enfonça sa tête contre sa poitrine. Rarity se pencha au-dessus de lui. Elle savait qu’elle n’obtiendrait rien de lui avec la manière douce. Alors elle choisit la manière forte.

« Mac ! Tu as fini ton petit jeu ?! Arrête de faire comme si le monde entier était contre toi et parle-moi ! Dis-moi ce qui ne va pas ! » lui cria-t-elle en le secouant.

Mac ne répondit pas pendant quelques secondes, avant de marmonner un timide : « Non. »

Rarity était franchement agacée et utilisa sa magie pour le dénouer de sa position et le clouer sur place, l’attachant avec des liens magiques aux quatre coins du lit, le mettant à sa merci. Elle se pencha au-dessus de lui et approcha son visage du sien, les yeux froncés, alors que l’étalon paniquait.

« Mac, tu m’as aidé tout à l’heure, alors c’est normal que je veuille t’aider aussi. Dis-moi ce qui ne va pas et nous trouverons une solution. » Elle fit une pause et amena la bouteille à côté d’elle. « Alors, depuis quand ? »

Mac se débattit et constata qu’il n’avait aucune échappatoire. Il fixa Rarity dans les yeux, ces yeux bleus à la fois si beaux et menaçants dans le même temps. Il y avait de l’inquiétude dans son regard, elle qui se souciait tant des autres, élément de la générosité et tout ce qu’il impliquait.

Il ferma ses yeux et soupira.

« Tu promets de pas le dire aux autres ? »

Rarity recula et leva un sourcil, mais obéit toutefois. « Euh... puisque tu y tiens, oui. Ça restera entre nous. Promis. »

Mac tourna la tête sur le côté et sentit son impuissance remonter jusque dans son cerveau, se transformant en humidité prenant le dessus dans ses yeux.

« J’ai jamais arrêté. »

Rarity leva à nouveau un sourcil. « De quoi tu parles ? »

« D’après toi ? » grogna-t-il. « De boire, tiens. »

Rarity essayait de remonter le fil des souvenirs. Bien sûr, lors de leurs nuits enflammées pendant la dernière tournée, ils avaient souvent partagé quelques verres, mais sans que cela ne l’inquiète jamais. Mac avait certes un certain penchant pour l’alcool, mais il savait se tenir contrairement à d’autres quand il en consommait.

« Ça fait dix ans que j’suis alcoolique et que j’peux pas passer une journée sans vider une bouteille », asséna-t-il sans prendre de gants.

La nouvelle fit un choc à Rarity, qui relâcha sa magie et laissa l’étalon libre de ses mouvements. Il ne bougea même pas et resta dans sa position.

« P-pourquoi ? » bégaya-t-elle, incapable de penser à une autre question.

« Même moi, je sais plus. C’est comme ça. Un jour, tu te réveilles et tu vois que le premier truc que tu veux faire au matin, c’est boire. Et la dernière chose avant de t’coucher aussi. J’peux pas m’arrêter. J’peux… » Le goût de l’échec monta dans sa bouche en avouant et les larmes ne firent que commencer à couler plus vite. « J’peux pas… »

Toujours sous le choc, Rarity se prit la tête entre les sabots. « Est-ce… est-ce que tu as au moins essayé ? » demanda-t-elle, paniquée, en levant les yeux vers lui.

Mac se releva et mit sa tête entre ses sabots, essuyant ses yeux. Un sanglot se fit entendre, ainsi que sa voix étouffée par les émotions qui le prenaient à la gorge. « J’ai… j’ai essayé, mais… j’y arrive pas. Et j’peux pas partir en désintox, j’ai… » Il fit une pause, en se rappelant de ce qui menait inévitablement à une autre vérité. Il hésita, hésita à dire le pourquoi de sa présence ici, la fierté de la famille Apple toujours bien présente en lui. Il tourna les yeux vers Rarity, qui le fixait, avec l’inquiétude bien lisible dans ses yeux, finissant de la convaincre d’avouer.

« Tu… tu sais pourquoi j’ai dit oui quand t’es venu à la ferme pour proposer de rechanter avec le groupe ? » demanda-t-il.

Rarity secoua sa tête.

« J’ai dit oui parce que… j’ai besoin de cet argent. Ça… ça va pas à la ferme. J’ai des dettes énormes et j’suis incapable de les payer. Y’a que moi qui sais. J’ai… » Il avait de plus en plus de mal à parler et des larmes fraîches remontaient dans ses yeux. « Je dépense tout ce qu’on gagne en alcool, parce que j’suis qu’une pauvre merde. Une pauvre merde incapable de prendre soin de sa famille. J’suis pas un bon Apple. J’veux… » Il fit une pause et essuya ses yeux avec un sabot, hoquetant. « J’veux pas vendre la ferme. J’veux pas que Bloom doive aller travailler ailleurs. Elle travaille dur et elle mérite de rependre la ferme. C’est… c’est pour ça que j’ai besoin de cet argent. Y… y m’faut cet argent. J’en ai b’soin… pour la ferme… »

Il se retrouva incapable d’en dire plus, au moins momentanément, et s’effondra sur le lit, dominé par les pleurs. Rarity observa la scène, immobile, digérant ce qu’il venait de lui avouer. Voir un étalon comme Mac craquer, lui qui était le roc de la famille Apple, la mit mal à l’aise. Elle ne savait pas quoi faire ou quoi dire.

« E-Et Cheerilee ? » parvint-elle à bégayer. « Est-ce qu’elle sait ? »

Mac releva sa tête pendant un court instant. « Elle sait pour moi, pas pour la ferme. C’est… » Il hésita à nouveau. « C’est pour ça qu’on a divorcé. Elle a dit que c’était pas bon pour le petit et… elle a raison. J’suis pas un bon père et je le sais. Et… » Il se tut. Rarity s’était approché de lui et lui tenait le sabot pour le réconforter.

« Et ? » le pressa-t-elle.

« Un… un soir, j’ai… » La peur traversa son regard, le dégoût de lui-même s’exprimant dans ses mots. « J’ai… levé le sabot sur elle. Je sais même pas pourquoi tellement j’étais bourré. J’ai… j’ai vu la peur dans ses yeux. J’ai vu à quel point elle était terrifiée. Elle m’a supporté pendant des années et… » Il fit une pause, poussant un long râle de désespoir. « J’ai honte de moi. J’ai honte. J’ai perdu Cheerilee, j’ai perdu mon fils et j’veux pas perdre la ferme. J’veux pas… c’est tout ce qui m’reste. J’ai… j’ai plus rien à part ça.»

Il ne put en dire plus et s’effondra à nouveau sur le lit, pleurant encore et encore, comme jamais il n’avait pleuré autant en face de quelqu’un. Rarity baissa la tête et se rejoua la scène dans sa tête. Mac avait besoin d’aide et elle pouvait être celle qui l’aiderait.

Mac n’avait rien laissé paraître pendant toutes ces années, même pas à sa sœur, qui expliquait toujours à Rarity qu’elle avait de grands projets pour la ferme. Rarity avait le cœur qui se serrait en voyant l’étalon ainsi, même en mettant de côté tout ce qu’ils avaient partagé.

Elle grimpa sur le lit et s’approcha de lui, toujours recroquevillé sur lui-même, mais dos contre le dossier du lit. Rarity prit doucement ses sabots et les écarta, le laissant voir son visage aux yeux rougis par les pleurs.

« Mac ? Pourquoi tu ne nous as rien dit ? Nous sommes tes amis, on peut t’aider », lui murmura-t-elle.

Mac renifla quelques fois et leva la tête pour regarder Rarity. « J’suis un Apple. On a notre fierté. J’ai rien dit parce que j’pensais que j’pourrais y arriver seul. Et j’veux y arriver seul. J’veux pas qu’on m’aide. »

Rarity ouvrit grand les yeux. « Qu’est-ce que tu racontes !? Nous sommes tes amis et nous sommes là pour t’aider. Je veux t’aider. Ça ne sert à rien de te morfondre comme ça », lui asséna-t-elle. « Je sais que les amis ou la famille sont toujours là pour nous quand on a besoin d’aide. C’est à ça que ça sert. Sans Sweetie, tu crois qu’on en serait là ? Elle m’a aidé à ouvrir les yeux. Je veux être celle qui t’aidera. »

Mac fronça les yeux. « Qu’est-ce que t’y gagnerais ? Tu tiens vraiment à aider un fermier pauvre et alcoolique ? J’suis rien, j’veux juste finir cette tournée et qu’on me foute la paix », aboya-t-il, surprenant Rarity par tant d’agressivité.

« Et qu’est-ce que tu vas faire ? Tu vas continuer comme ça jusqu’à ce qu’Applejack et Apple Bloom découvrent la vérité ? Que la ferme est au bord du gouffre ? Quand est-ce que tu vas comprendre que je veux t’aider ? » aboya-t-elle en élevant la voix elle aussi.

Mac se leva et toisa Rarity, qui recula un peu sous l’ombre menaçante de l’étalon. « Qu’est-ce que ça peut te faire de m’aider ? C’est à cause de toi que j’suis là ! Si le groupe n’avait jamais existé, je serais content dans ma ferme avec une femme et un fils qui m’attendent tous les soirs, pas dans ces foutus hôtels ! »

« Je ne t’ai jamais forcé à venir ! Ne rejette pas la faute sur les autres ! Si tu es un pochetron, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même ! » lui hurla-t-elle en se collant museau contre museau avec lui.

Mac fulminait et bouillait de rage, une colère qui avait pris rapidement le pas sur la tristesse. Sans même réfléchir et aveuglé par sa rage, il leva un sabot au-dessus de la licorne.

Rarity poussa un cri et se recroquevilla sur le lit, attendant avec terreur le coup de sabot sur elle. Elle avait levé un de ses sabots pour se protéger et gémissait en prévision de l’impact à venir.

Mac resta avec le sabot levé et baissa les yeux sur la petite boule blanche en dessous.

Il entendit ses pleurs.

Il vit ses yeux fermés et les larmes qui en sortaient.

Il vit ses tremblements.

Il vit son sabot levé dans sa position de défense.

Il vit Cheerilee.

Il leva encore ses yeux et vit son reflet dans le miroir, la position dans laquelle il se trouvait.

Il se fixa longuement, n’entendant que le son des pleurs de la licorne.

Il se stoppa de lui-même et abaissa lentement le sabot.

Rarity attendit encore quelques secondes qui parurent une éternité et finit par ouvrir les yeux. Elle ne vit rien, pas de sabot rouge, ni l’étalon auquel il appartenait. Elle se releva et vit Mac assis sur le bord du lit, dos à elle.

« Va-t’en », lui dit-il d’une voix enfin calme.

Surmontant sa peur, Rarity s’approcha de lui et posa un sabot sur son épaule. Mac se tortilla et fit comprendre qu’il ne voulait pas d’elle.

« Va-t’en », répéta-t-il d’un ton calme mais déterminé.

Rarity retira son sabot et n’insista pas. Une forme de résignation monta en elle, une tristesse qui ne s’exprima pas par des pleurs cette fois, mais par un simple regard. L’espoir qui lui restait avait disparu, même si celui-ci était faible. Elle pensait que celui qu’elle avait un jour aimé était encore là, voudrait encore d’elle. Ce n’était pas le cas, ça ne l’avait jamais été. Et la nouvelle lui fit mal, plus qu’elle n’aurait osé lui avouer.

Elle s’en alla lentement, en silence, repartant vers sa chambre, seule. Elle essaya de se convaincre qu’elle n’avait rien perdu, que ce n’était pas comme si elle s’était imaginée quoi que ce soit. Ils étaient amis, réconciliés, au moins à travers le groupe, et c’était déjà beaucoup par rapport à il y a encore un mois.

Pourtant…

Pourtant, Rarity se mit à pleurer de retour dans sa chambre. Pleurer pour la même personne que des années avant, pleurer pour presque les mêmes raisons, même si la donne avait changé, même si les espoirs n’étaient plus les mêmes. Tout simplement pleurer pour avoir eu le cœur brisé. Elle pensait pouvoir retrouver beaucoup de choses avec le groupe, mais l’amour de Mac, certainement pas. Elle avait déjà regagné assez, pensa-t-elle pour se consoler. Mais une seule chose manquait, et c’était peut-être la plus importante à ce moment-là, plus que tout le reste.

Alors, elle pleura doucement, sans effusions de cris ou de larmes. Juste pour un espoir déçu. Rien de plus.

Dans sa chambre, Mac resta un moment dans sa position. A réfléchir. A se convaincre qu’il avait fait le bon choix, qu’il n’avait pas besoin d’elle, pas besoin de la seule jument qui avait encore de l’attirance pour lui, pas seulement pour son physique, mais pour qui il était. Il n’avait pas besoin d’elle. Il pouvait s’en sortir seul. Il n’avait pas besoin d’elle. Pas besoin d’elle. Pas besoin de Rarity.

Il se répéta encore et encore les derniers mots, l’image de la jument apeurée revenant devant ses yeux malgré lui. Etait-il vraiment prêt à lui faire du mal ? Etait-il vraiment prêt à faire du mal à quelqu’un qui l’aime ou plutôt, l’avait aimé ?

L’image lui revint encore, avec pour seule réponse ce ‘OUI’ qui lui rappelait que si certaines choses avaient changées au sein du groupe, lui restait toujours le même.

Un pauvre fermier alcoolique tout juste bon à chanter et à écrire des paroles niaises.

Il finit par se lever du lit. Il prit les feuilles de papier et les roula en boule, les jetant à la poubelle. Tout ce qui rappelait les Ponytones le rendait malade. Cela lui rappelait ses problèmes, les disputes à la maison avec Cheerilee, les factures qui s’accumulaient, les soirées passées seul aux bars des hôtels, Rarity…

Il ne voulait pas repenser à elle, ne voulait pas repenser aux nuits partagées, ne voulait pas repenser à l’amour qu’elle semblait avoir encore pour lui, ne pas repenser à ses lèvres qui se tendaient vers les siennes il y a encore quelques minutes…

Dans le silence de la pièce, ses pensées prirent de plus en plus de place. Pour les faire taire, il avait sa solution miracle et elle l’attendait au pied du lit.

Sa bonne vieille amie, celle qui ne l’avait jamais laissé tomber, qui le suivrait jusqu’à la mort. Il se pencha sur le lit et tendit le sabot vers la bouteille de bourbon au liquide doré qui lui faisait de l’œil comme le plus précieux des nectars. En se penchant trop loin, il tomba à la renverse et se cogna contre le mur.

Il reprit ses esprits et constata qu’il voyait la pièce à l’envers.

Cela le fit rire, et il ne put s’empêcher de se retenir.

« T’es en forme ce soir… », se dit-il dans le silence de la pièce. Du coin du lit où il était tombé, il se vit dans le miroir. Il se regarda quelques instants. Lui, seul, une bouteille à la main, la même image qui se répétait jour après jour, nuit après nuit.

Il déboucha la bouteille, leva la flasque et porta le goulot à ses lèvres en continuant à s’observer dans le miroir.

Et dans un coin du miroir, le pull des Ponytones. Il s’arrêta avant d’avoir bu déguster la première gorgée. Pas question de boire avec cette image.

Il se leva et prit le pull dans ses sabots, en l’observant longuement, passant ses sabots dessus. Il était doux et aussi soigné que toutes les créations de Rarity. Il se rappela de la première fois où il l’avait porté, dans la boutique de la jument. Il était un bon modèle pour ses créations, de par sa stature.

Toucher le tissu lui rappela son propre toucher. Ses doux sabots, ceux qui l’avaient encore caressé peu avant. Ceux qu’il avait tant aimés et dont un seul contact avait suffit pour raviver les souvenirs enfouis en lui. Dire qu’elle…

Qu’elle aimait encore un monstre tel que lui.

Elle lui avait proposé de l’aider, et qu’avait-il répondu ? Par la manière forte, la seule que connaissait un idiot comme lui. Un pauvre idiot, alcoolique de surcroît.

Il se rappela du moment où sa consommation effrénée avait commencé. Le soir où il avait dit non à Rarity, où il avait dit non à son amour, où il avait dit non à une vie avec elle car il partageait déjà la sienne avec une jument. Il avait commencé ce soir-là en vidant la bouteille de champagne que la licorne avait amené pour leurs jeux.

Aujourd’hui, la même proposition, moins directe, mais avec la même passion qui ne demandait qu’à s’enflammer à nouveau. Et il avait dit non, encore, parce qu’il avait un autre amour. Pas une jument, mais l’alcool. Et ce dernier semblait plus important que tout le reste, plus que la ferme, plus que son fils, plus que sa famille, plus que son groupe, plus que Rarity.

Les sabots de Mac se mirent à trembler, le pull dans l’un et la bouteille dans l’autre. Il se fixa dans le miroir, devant faire un choix. Il savait que cela arriverait un jour, même si l’un choisirait peut-être pour lui, et ce jour était arrivé, dans un drôle de jeu que le destin lui avait réservé.

Il s’observa longuement dans le miroir, ce pauvre étalon rouge qui avait été incapable de voir que quelqu’un était là pour lui, de voir que quelqu’un voulait l’aider malgré ce qu’il était devenu. Le miroir lui renvoya cette image et les minutes s’égrenèrent avec un Mac tétanisé aux sabots tremblants.

La solution était si proche, juste à quelques mètres de lui.

Mais une autre l’était encore plus, au bout de son sabot.

L’amour.

L’alcool.

Deux des drogues les plus puissantes au monde.

C’est tout le corps de l’étalon qui tremblait à présent, confronté à une décision à prendre, et vite.

« Je… » marmonna-t-il dans le vide de la chambre, triturant à la fois le pull et la bouteille dans ses sabots.

Il ferma les yeux, voulant faire taire les voix dans sa tête qui l’aidaient à réfléchir. Quand il les rouvrit, sa décision était prise.

Il lança la bouteille contre le miroir, la faisant voler en éclats, ainsi qu’un morceau de la vitre. Il enfila à toute vitesse le pull et fonça vers la porte, le cœur s’accélérant très rapidement, ainsi que les pensées, toutes dirigées vers la jument de la chambre d’en face.

Il ouvrit la porte, la referma et constata que le couloir était vide. Arrivé devant la porte de la chambre de la jument, il se posa et prit quelques secondes pour se calmer.

Est-ce qu’elle voulait encore le voir ? Est-ce qu’elle voulait encore l’aider ? Est-ce qu’elle… l’aimait encore ?

Il n’eut pas le temps de penser plus longtemps en constatant que la porte était légèrement entrouverte. Il entendit les sanglots discrets de la jument, qui reniflait légèrement.

Non seulement il lui avait fait peur, mais il l’avait aussi fait pleurer. L’entendre lui fit peser un poids supplémentaire sur l’estomac, le faisant hésiter, encore une fois.

Il secoua sa tête.

Non.

Il avait déjà trop hésité avant. Il était temps d’agir, de ne pas encore attendre que les choses s’arrangent d’elles-mêmes. Il avait vu ce que cela avait fait pour les Ponytones, et il ne voulait pas encore avoir à attendre dix ans pour reparler à Rarity. Dans dix ans, il ne serait peut-être plus là, pensa-t-il avec inquiétude.

Il ouvrit la porte et s’approcha à pas de loup de l’unique lit de la chambre. Une faible lumière englobait le couloir, laissant l’étalon invisible aux yeux de la jument. Du coin de l’œil, Rarity finit par voir une masse rouge sur la gauche. Elle sursauta un peu avant de constater que ça n’était que Mac.

Le silence se fit entre les deux. Pesant, lourd, gêné.

« Rarity, je… » Les lèvres de Mac tremblèrent, réussissant uniquement à sortir ces deux mots. C’était comme si son cerveau s’était éteint il y a quelques minutes. « Je… »

Rarity essuya ses yeux avec un sabot. « Qu… Qu’est-ce que tu fais ici ? Je croyais que tu ne voulais pas de mon aide », rétorqua-t-elle, le ton sec.

Mac s’approcha et s’agenouilla au pied du lit, plongeant dans les yeux fatigués de la jument. « Rarity, je… » Il fit une pause, baissa les yeux avant de les remonter vers ceux bleus de la licorne. « Est-ce… est-ce que tu veux vraiment m’aider ? » demanda-t-il.

Rarity sembla s’énerver. « Bien sûr que oui ! Pourquoi aurais-je insisté autant sinon ? »

Mac poursuivit ses questions. « Qu’est-ce que tu y gagnerais ? Je n’ai rien à t’offrir… J’suis juste un pauvre fermier… »

« Arrête de te lamenter ! Je veux t’aider et je n’attends rien en échange ! Je veux juste t’aider… » Elle avait la gorge serrée et du mal à parler. « Je t’aime, Mac ! Tu ne le comprends pas ? Je t’aime et je veux t’aider ! »

L’étalon en resta choqué et écarquilla les yeux. « Tu… tu m’aimes encore ? »

Rarity s’approcha de lui en rampant sur le lit, plantant son visage face au sien. « Bien sûr ! Tu penses que ce qui s’est passé entre nous ne vaut rien ? Que j’ai oublié ? Je t’aimais, Mac et… je t’aime toujours. Tu ne voulais pas et je n’ai pas insisté, mais… je ne t’ai jamais oublié. »

Mac reprit un peu ses esprits. « Tu… tu m’aimes… ? » demanda-t-il encore, comme pour s’en convaincre. Il ne le semblait pas vraiment à en juger par son attitude : la tête tournée ailleurs, loin de Rarity, le regard vide.

« Qu’est-ce qu’il te faut pour te le prouver ? Qu’est-ce qu’il te faut de plus ?! » questionna Rarity, agacée, en le forçant à tourner sa tête vers elle avec un sabot.

« Je… je… » Le cœur de l’étalon s’accéléra et son esprit déjà éteint se vida de toute pensée.

Rarity et Mac se fixèrent pendant quelques secondes, avant que la licorne ne l’embrasse en plongeant littéralement sur lui, ne lui laissant aucune possibilité de réagir, le forçant à laisser les douces lèvres blanches se connecter avec les siennes.

Mac ouvrit grand les yeux et recula un peu face à l’attaque surprise de la jument. Mais sa surprise ne dura pas longtemps et il retourna le baiser avec la même force. Cela faisait trop longtemps. Cela lui avait manqué, terriblement manqué. Cela lui plaisait. Il en voulait plus. Il voulait plus de la jument.

C’était le soir pour se faire pardonner.

Après quelques secondes de baiser, Rarity recula la première, le regard toujours strict.

« Alors, ça te va comme preuve ? »

Mac se lécha les lèvres, sentit le goût de la jument. Oh oui, cela lui avait manqué. Et cela lui fit comprendre. Tout ça par un simple baiser, les mots ne comptaient plus à cet instant.

Alors plutôt que les mots, il retourna le geste, en passant un sabot derrière son dos pour l’embrasser et montrer sa satisfaction.

C’était au tour de Rarity d’être surprise et d’ouvrir grand les yeux, avant de se fondre dans le baiser et de laisser s’échapper quelques gémissements de plaisir qui se mêlaient à des larmes qui coulaient, témoignage de son bonheur de retrouver enfin l’étalon qu’elle avait aimé et qui l’aimait toujours.

Mac pleurait aussi et relâcha très vite les lèvres de la jument. Ses émotions reprenaient le dessus, encore une fois. Il recula et vit les yeux trempés de Rarity, et elle aussi. Elle l’étreignit en enfonçant son visage dans sa poitrine.

« Mac… Reste avec moi… S’il te plaît… Je veux t’aider… Reste avec moi… », sanglota-t-elle.

L’étalon passa un sabot dans son dos pour la rassurer et la serra fort. Il ne trouvait toujours pas les mots et laissa le geste prendre le pas sur la parole. Il se tut et releva sa tête avec son autre sabot, avant de l’embrasser à nouveau, cette fois en ne brisant pas le baiser pendant de longues secondes, le temps que tous deux se calment et cessent de pleurer. Les timides sourires de plaisir finirent par se dessiner sur leurs visages.

Mac prit l’initiative et, tout en continuant à embrasser Rarity, l’amena sur le lit pour qu’ils soient plus à l’aise. Allongée sur le dos, la jument laissa l’étalon faire, passant juste ses deux sabots autour de son cou pour se rassurer, pour s’assurer qu’il ne la laisse pas seule à nouveau.

L’étalon rouge cessa ses baisers et fixa la jument dans les yeux, dans ce bleu aussi brillant que l’océan. Il souriait, elle souriait. Mais il voulait lui prouver qu’il voulait d’elle, pas seulement pour l’aider à surmonter ses problèmes, mais pour plus, pour enfin concrétiser un projet fou qui leur avait fait si peur il y a quelques années, un projet qu’ils n’avaient pas osé tenter.

Mais les choses avaient changé.

« Rarity… Laisse-moi m’occuper de toi… J’veux me faire pardonner… » lui murmura l’étalon en retrouvant l’usage de la parole.

Toujours allongée, la licorne passa un sabot sur le visage de l’étalon et abaissa sa tête afin de lui murmurer à l’oreille : « Je n’espérais plus que tu me dises ça un jour.»

Cette nuit était vraiment faite pour se pardonner.

Vous avez aimé ?

Coup de cœur
S'abonner à l'auteur

N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.

Note de l'auteur

AND THEN SEX HAPPENED

Le prochain chapitre sera labellisé moins de 18 ans.

Désolé pour le long hiatus mais j'ai des arguments: j'étais il y a quelques semaines à la convention MLP-MSP à Minneapolis, réalisant enfin mon rêve que je poursuivais depuis des mois. Un moment génial, avec plein de bronies super-cool très heureux de rencontrer un français venu de si loin pour partager l'amour des poneys avec eux. J'ai écrit un article concernant la convention sur le Poney Blanc, il devrait être publié bientôt.

Prochain chapitre dans deux semaines, promis.

Chapitre précédent Chapitre suivant

Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.

BroNie
BroNie : #40607
...tout ça pour ça. Wow. Je m'attendais à du cliché remarque, vu les chapitres précédents, mais je m'attendais pas à tomber dans l'arrière boutique d'un photographe.

Sérieusement ? On a tous les élements de comédie romantique téléfilm M6 vu mille fois et rediffusé deux mille fois. La nana aggressée qui va chercher du réconfort dans les bras virils de son sauveur. Elle qui lui saute dessus (super logique après une aggression sexuelle soit dit en passant), le mec qui la repousse, le grand macho qui a une terrible blessure au coeur, et qui noie son mal-être dans l'alcool, qui a un déclic de lucidité et qui court rejoindre la nana dans sa chambre. Il manquait que le vol pour Hawaï et le slow-motion, et on était bons.

Je suis assez atterré en fait. Tout ce drama qui débarque juste après l'interminable arc Rarity-la-couverture ça fait penser que tu n'a absolument pas de quoi remplir tes propres quotas de 24 chapitres et donc, on y va, go le drama gratuit et incohérent (parce que Bigmac alcoolique, ça se pose là. 10 ans que le mec se pinte matin et soir, et personne le sait ? Personne l'a encore grillé en tournée ? Scoot qui tient les comptes se rend pas compte que le forfait alcool a explosé plus que de moyenne ?) et maintenant, le NSFW parce que c'est connu, le sexe fait vendre. Quel besoin t'as de glisser en -18, sérieusement ? T'as tenu 15 chapitres sans en faire, c'est quoi la suite du programme ? Une fin en vlog tuto makeup parce que c'est la mode ?

Je suis atterré parce que tu es capable de bien mieux que ça, et que tu te complais de plus en plus dans la médiocrité. Il est pas trop tard pour redresser la barre, mais tu frôles de plus en plus les récifs. T'as intérêt à vite réagir.

PS : dans les notes de chapitres précédents, tu as juré qu'un jour, je serais fier de toi. Au risque de spoiler, c'est pas pour aujourd'hui.
Modifié · Il y a 2 ans · Répondre
jojo
jojo : #40602
Trop Jojo y a pas d'autre mots continus comme ça^^
Il y a 2 ans · Répondre
Wellen
Wellen : #40601
Je n'ai jamais compris la manie des auteurs de toujours devoir faire une scène -18 dans leur fic. M'enfin, tu me diras, je ferais probablement pareil x)
Bref, pas de critique sur ce chapitre, je laisse @BroNie faire. J'ai toujours un challenge à finir moi.
Il y a 2 ans · Répondre

Nouveau message privé