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La Chute de Vitranis

Une fiction écrite par Nova.

Doser ses conséquences

18 h 29, le 15 Romvola, an 2236, Ère V

Avec les capacités sur-équines des quatre sujets de nébuleuse, il ne fallut pas longtemps pour que les têtes dirigeantes du Gouvernement annonce, au monde, l'avènement de ce projet commandité sous la République de Maa'ant : la crise énergétique et magique était en passe d'être reléguée au passé, et ce pour toujours. Depuis six ans, l'équipe de Tinsk opérait dans le secret, mais maintenant que les quatre juments de nébuleuse étaient une pleine réussite physique et énergétique : les deux autres superpuissances, Vitranis toute entière... le projet fut rendu public, afin que tous attestent de la réussite de la République de Maa'ant pour sauver le monde de son dépérissement.

Bien que l'apparence des juments ne fut pas montrée, celle-ci fuita relativement vite en l'espace de seulement deux jours, tellement la nouvelle eut l'effet d'une véritable bombe sur Vitranis. Des juments, dont plusieurs dotées d'ailes, qui étaient de véritables réacteurs à fusion sur sabots, générant magie et énergie en belle quantité de manière constante, tels de minuscules soleils disponibles sur place. Le bond magique et technologique était tout simplement sans pareil. Ainsi débarrassées de telles contraintes énergétiques, les licornes de Vitranis allaient pouvoir cesser de s'opposer les unes aux autres à travers les trois superpuissances qui divisaient la planète, et pouvoir évoluer plus encore... enfin, ça c'était le futur fantasmé par Tinsk.

La réalité fut quelque peu différente. Bien que la nouvelle enchanta une bonne partie de la population républicaine, une autre voyait cela comme un sacrilège du genre équin. Des troubles mineurs à base de manifestations éclatèrent dans la capitale, que ce soit son centre-ville moderne ou dans ses banlieues délabrées par les inégalités économiques, ainsi que les dizaines de kilomètres de bidonville qui entouraient le tout. Et tout ça sans compter ce qui se tramait dans les deux autres superpuissances, qui ne voyaient pas forcément une telle découverte d'un grand optimisme...

Tinsk resta tout de même convaincu du bien qu'apporteront ses « chéries », comme il les appelle secrètement, à Vitranis tout entière, qu'elles seront la base du salut de la planète. Il n'était pas spécialement inquiété de comment ces dernières pourraient être vues par des licornes moins scrupuleuses... et elles étaient légion dans le monde, même en pleine République. Il le savait, mais avait une pleine confiance en ses « filles » qu'il a façonnées... en partie pour Alpha, Beta et Delta, et en grande majorité pour Zeta. Cette dernière était sa plus grande fierté... elle était innocente, pure, elle n'avait que des désirs de pouliche. Il lui portait un amour paternel extrêmement fort, la voyant davantage comme une véritable petite fille que comme un vulgaire projet... même les trois autres juments recevaient son affection et sa considération, certes pas au même volume, mais ces dernières étaient secrètement influencées émotionnellement par la petite Zeta. Bien qu'elles restaient impassibles, elle pouvaient voir à quoi ressemblait la joie, l'envie, le désir... voir toutes ces émotions sur une équidée de nébuleuse. Elles apprenaient, elles assimilaient toujours plus de savoir... et obéissaient docilement à leurs Créateurs, alors qu'assimiler tout ce savoir aurait pu laisser craindre qu'elles finissent par ne plus obéir...

Mais plus que tout, elles fréquentaient énormément Tinsk, qu'elles voyaient vraiment comme un Père, malgré leur inexpressivité et leur manque de ressentiments. Ce dernier ne détournait pas ses petites merveilles de son but de rendre le monde meilleur... la perte de sa famille et le fait d'avoir fait Zeta à l'image de cette fille qu'il aurait tant voulu avoir n'a fait que renforcer sa détermination à changer le visage de Vitranis.

Mais du coté de Zeta, qui découvrait le monde à l’extérieur, via la presse, les réseaux d'information, les quelques autres personnes qu'elle rencontrait... elle se posait énormément de questions, emplie de curiosité, mais il y en avait une, en particulier, qui lui revenait souvent, et dont elle ne pouvait trouver la réponse dans des livres ou des ordinateurs... c'était le « genre de choses qu'on demandait à ses parents », un peu comme la sexualité. Mais pour une petite fille créée artificiellement, la question était tout autre que demander comment on fait les poulains...

Ainsi donc, en plein après-midi de ce 15ème jour du mois de Romvola, alors qu'elle n'avait aucune tâche à effectuer avec ses incroyables capacités, ni analyse à subir de la part d'un appareil, elle erra dans les locaux de l'organisation où se trouvaient le laboratoire de Tinsk et de son équipe. Elle recherchait un membre en particulier de cette équipe, cherchant les divers bureaux privés à certains étages donnés, se guidant par les écriteaux aux murs.

Quand elle arriva à sa destination, elle ouvrit la porte avec fracas grâce à sa magie.

« Maman !! » hurla-t-elle joyeusement en bondissant sur la scientifique qui voulait ne voulait visiblement pas trop de sa visite.

« Zeta ?! Mais... je ne travaille pas, laisse-moi !... et arrête de m'appeler comme ça, c'est gênant !... » fit-elle en grondant légèrement, se relevant de l'assaut affectif de la pouliche, qu'elle avait encore bien du mal à accepter.

« Pardon maman... mais... je voulais te voir ! »

« Sauf que moi, je veux me reposer !... tu n'as pas des choses à faire ? »

« Non... Alpha a fait sa démonstration sur les centrales nuclé-truc qu'elle va remplacer... j'ai pas tout compris... Beta a fait une démonstration de course contre les avions qui ont du feu à leur croupe en métal, Delta a fait d'énormes suites de chiffres et a calculé plein de trucs... et puis moi... ben... Papa jouait aux avions avec moi, mais il s'est endormi tellement il est fatigué... »

« Ah là là... et donc tu viens me fatiguer moi... « Papa » travaille trop, comme tu dis... et pas forcément sur les bonnes choses... » finit-elle par pester.

« Je veux pas t'embêter... je veux juste te demander un truc... Mais j'ai regardé sur les ordinateurs, il n'y a pas la réponse à ce que je cherche... alors je me suis dit que tu savais, toi ! Comme papa, tu sais tout sur tout !»

« Allons bon... et alors, c'est quoi cette question ? Elle a intérêt à être pertinente, Zeta... »

La pouliche alicorne semblait comme déglutir, même si elle n'en n'avait pas le besoin biologique, réaction normale d'une petite fille qui voudrait pas se faire gronder par sa mère.

« Maman, est-ce que j'ai une âme ? » demanda-t-elle ultimement et innocemment.

Mala restait purement silencieuse, les yeux écarquillés... cette question la troubla profondément et instantanément : un être artificiel, persuadé d'être véritable, qui pose une question extrêmement gênante sur la présence d'une âme ou non en lui.

« C'est parce que j'ai beaucoup entendu ce mot quand ça parlait de nous quatre... et... je trouve jamais la réponse, c'est normal ? finissait par renchérir la pouliche pour tenter de faire parler la jument. Maman ? Héo ? Tu sais ou pas ? »

« Je... je ne sais pas, Zeta... je ne sais pas... » finissait-elle par déclarer, non pas amèrement cette fois-ci, mais... par incompréhension, par peine... elle se sentait extrêmement troublée et indécise, son regard sur Zeta changeait instantanément, n'y voyant plus du mépris ou de la peur... mais autre chose, d'indéfinissable.

« Rooh... mais personne n'a la réponseuh ! » pesta la pouliche comme... une pouliche qui n'avait pas ce qu'elle voulait.

Alors que la pouliche de nébuleuse s'en allait en trottinant, l'Ingénieure Mala se prenait la tête entre les sabots, les coudes sur le bureau. Quelque chose venait de se briser en elle... la pessimiste de service, qui a toujours pesté d'abord contre le fait de leur donner une apparence équine, puis ensuite de leur donner vie et mouvements... et enfin d'en doter un de sentiments et de conscience poussée. Voilà maintenant que ce dernier sujet venait demander à l'une de ses créatrices si il possédait une âme, un terme qu'il ne comprenait pas et dont il cherchait la réponse. Mais si la créatrice même ne pouvait avoir la réponse... laquelle serait-elle préférable ?

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cedricc666
cedricc666 : #45562
La fameuse question qui tue... et dont la réponse s'il y en a une... peut faire parfois s'écrouler un monde.
Il y a 1 an · Répondre

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