Chapitre huit

Peur et désir. Deux grands sentiments primaires, capables de vous faire perdre toute raison, toute logique, de vous noyer dans un océan d'émotions et d’annihiler tout ce qui fait de vous ce que vous êtes. L'un peut être enivrant tel le plus merveilleux des parfums, l'autre bien plus cruel que le plus sadique des tortionnaires. L'un et l'autre, poussés à l’extrême, son destructeurs au possible, transformant le plus sage en une coquille vide obsédée par ce qui la tourmente.

Savez-vous vraiment ce qu'est la véritable peur ? Une sensation comparable avec aucune autre, un tourbillon glacé partant du plus profond de vos entrailles pour vous submerger peu à peu, détruisant méthodiquement chaque atome de raison dans votre corps, balayant toute logique dans une tornade émotionnelle des plus chaotique. Vous êtes pris à la gorge, vous ne pouvez lui échapper alors qu'elle s'insinue dans chaque recoins, chaque cachette de votre esprit et de votre âme.

Ce sentiment, brut de décoffrage, qui vous emporte et vous noie avec une facilité déconcertante. Face à cela, vous pouvez être paralysé comme une statue, vous couvrant les yeux, essayant de nier ce qui vous arrive comme le ferait une autruche plongeant sa tête dans le sol pour ne pas voir arriver son apocalypse. Vous pouvez également entrer dans un état de panique comme jamais auparavant, bougeant dans tous les sens, vous débattant contre l'inéluctable, hurlant à pleins poumons votre terreur comme pour tenter de l’exorciser, de la faire fuir.

Peine perdue.

La vraie terreur, peu de gens la connaissent et ceux qui y survivent sont encore plus rares. La vivre est une expérience comme aucune autre, les mots même sont incapables de décrire correctement le chaos qui s'empare de vous, de raconter cette petite voix au creux de votre être qui hurle alors que le reste de votre corps est comme figé, dans l'attente du châtiment. Comment faire passer ce sentiment si puissant qu'il peut briser les volontés les plus endurcies, faire craquer le plus dur, balayer le commun des mortels, anéantir le plus faible.

La pure terreur, sentiment qui vous fait regretter d''être un être vivant et conscient, qui vous fait voir la mort comme un véritable et agréable salut. Vous voulez disparaître, fuir loin, ne pas être vous pour ne pas à avoir à lutter contre ce typhon. Bien souvent, ceux qui racontent leurs pires moment de peur sont loin, très loin, d'avoir ressenti cette terreur noire, car pour cela, il faut plonger au plus profond de votre conscience, aller déterrer vos plus noirs cauchemars et vous les renvoyer à la figure après une cure de fortifiants. C'est côtoyer les aspects les plus sombres de votre vie, affronter au grand jour votre Némésis personnel avec un simple cure-dents comme arme, faire face à votre plus grande crainte en étant nu comme un ver.

Comment décrire cela par des mots ? La littérature est bien en peine d'offrir le champ lexical capable de faire ressentir au lecteur ce kaléidoscope mortel d'émotions extrêmes. Quel art le pourrait d'ailleurs ? Il faut le vivre pour comprendre, regarder et écouter ne suffit plus.

Et justement, cette nuit là, dans ce parc, à cet instant précis, Spike était en train de subir un de ces moments de pure panique, de terreur incontrôlable, de peur profonde devenue réalité concrète. Paralysé, il n'osait pas regarder derrière lui, n'osait pas faire face à la silhouette qui venait de l’appeler par son nom de dragon. Qui, qui donc pouvait donc avoir percé son secret ? Le pauvre était plongé dans un chaos émotionnel indescriptible, comme en chute libre dans un océan noir et visqueux. Tout devenait flou dans sa tête, à la vitesse de l'éclair son imagination exacerbée lui livrait des images toutes plus cruelles les unes que les autres, le représentant face à l'échec total de sa vie qui se profilait devant lui. Si son corps était devenu de glace, son esprit lui était un tourbillon de lave en fusion, moulinant désespérément pour trouver un moyen, n'importe lequel, pour se sortir de cette situation catastrophique. Plus il attendait, plus le silence se faisait pesant, chaque seconde semblant plus insupportable que la précédente. Son bourreau semblait se délecter de la scène, ne disant rien, le laissant se débattre seul avec ses démons. Que faire, que dire...que penser.

Le silence se prolongea durant plusieurs minutes, même si pour Spike cela sembla durer des heures entières. Dans un coin reclus de son esprit, il savait que de toute façon il était foutu, un innocent aurait depuis longtemps répondu et chercher à démentir cette affirmation, son silence était comme le plus criant des aveux. Reconnu, démasqué, il n'était plus rien. Tel une coquille vide, il était dépouillé de tout ce qu'il avait construit ces derniers mois, son talent, son inspiration, sa volonté...envolés.

Avez-vous seulement la moindre idée de ce que cela pouvait représenter, pour quelqu'un qui avait franchi tant d'épreuves, était monté si haut dans l'échelle du bonheur, de voir tous son travail balayé par une simple phrase, tous ses espoirs détruit par quelques mots prononcés par un inconnu ? Au froid mordant faisait désormais place une douleur sourde, qui irradiait dans toutes les directions de son corps, ajoutant la souffrance physique à la douleur intellectuelle.

Spike avait touché le fond si vite, si violemment que dans son désespoir, il trouva finalement une étincelle de courage, comme le condamné brûlant ses dernières réserves pour un ultime baroud d'honneur, pour essayer de quitter la scène la tête haute, un doigt vengeur dressé à l'intention de ses bourreaux. Même s'il n'en était pas encore là, même s'il avait déjà perdu, était déjà dévasté au plus profond de lui-même, il trouva la force de relever la tête et de, lentement, se retourner vers celui ou celle qui venait de lui porter un coup si rude.

Malgré la lumière de la Lune, malgré sa vision depuis longtemps habituée à l'obscurité, son agresseur demeurait une silhouette sombre, ses traits et formes dissimulés par un manteau d'ombre impénétrable. Cela ne découragea pas Spike, qui de toute façon n'avait plus rien à perdre.

- Comment...m'avez-vous appelé ?

Un petit rire fuse, celui d'une personne qui sait qu'elle a devinée juste.

- Bonne réaction mais bien trop lente pour être crédible, ton silence était fort éloquent.
- J'étais simplement....surpris que vous m'interpelliez par un nom qui n'est pas le miens. En vérité je m’appelle Scale Miror et je...
- Oh, mais que vois-je ? Serait-ce de la sueur qui perle sur ton front ? Et qu'est-ce donc que cette voix tremblante, où est donc passée ton assurance et ton franc parlé qui ont séduit tant de poney dans tout Equestria ? Je suis en vérité fort déçu de ton manque de répartie mon cher.

La bouche entrebâillée, les lèvres tremblantes, Spike vécu ce nouvel assaut comme un coup de massue sur son corps déjà épuisé. Cette voix...il l'avait déjà entendue auparavant, mais qui...

- Spike, Spike, Spike...croyais-tu vraiment que ta petite ruse allait marcher encore longtemps ? Tous les poneys ne sont pas aussi crédules que cette cher miss Rarity. L'amour rend aveugle aux choses les plus évidentes, mais tout de même elle est particulièrement naïve, comme une jeune pouliche rêvant encore d'un prince charmant...cela en serait presque divertissant si ce n'était pas aussi pathétique.
- Laissez Rarity en dehors de ça.
- Et pourquoi donc ? C'est à cause de tes sentiments pour elle que tu as accompli un forfait aussi lâche et égoïste.
- Ça suffit. Je ne sais pas qui vous êtes mais je veux savoir ce que vous attendez de moi, à venir me harceler comme cela en pleine nuit.
- Oh, notre petit dragon montrerait-il les crocs ? Comme c'est amusant. Serait-ce parce que j'ai dis du mal de ta Rarity adorée ? Ou parce que je détiens ton existence au creux de mes sabots et que je peux en faire ce qu'il me plaît ? Ou alors...
- J'ai dis STOP, cria Spike. Quoique vous croyez savoir sur moi, je sais parfaitement qui je suis et que, quoique vous croyez savoir de moi, je sais que ce sont des mensonges et des racontars sans aucune trace de vérité.

Malgré l'obscurité, il distingua deux flammes brûler dans ce qu'il supposait être les yeux de son interlocuteur. C'est à ce moment là que, conjointement à une percée de la lumière lunaire au travers des nuages, la forme sombre fit quelques pas en avant, renonçant à son avantage de l'anonymat. C'est donc stupéfait et paralysé par une peur grandissante que Spike reconnu son adversaire, qui n'était autre qu'une alicorne particulièrement puissante, la princesse Luna, sœur de la dirigeante d'Equestria.

- Il suffit maintenant, rétorqua la princesse en prenant la voix royale qui était la sienne lors de sa dernière apparition à Ponyville à l’occasion de la Nightmare Night.

A ces mots, Spike sentit ses jambes faiblir. L'alicorne s'avança vers lui et commença à lui tourner autour sans pour autant le quitter un seul instant des yeux. Il sentait plus que jamais le poids de son regard, le scrutant sans aucune once de sympathie.

- Spike, alias Scale Miror, je suis venue à toi non pas en tant que princesse d'Equestria mais en tant qu'amie, celle d'une personne qui est très chère à mon cœur et à celui de ma sœur.
- Twilight, souffla le dragon dans ce qui ressemblait beaucoup à un gémissement de douleur.

S'avouant vaincu, il renonça à rester plus longtemps debout et s'assit lourdement sur le sol, le souffle court. Un mince filet de sang coulait de sa bouche, en réaction à une légère morsure sur sa lèvre inférieure.

- Exact. Elle a été la première à m'accueillir sincèrement après mon...retour, elle a fait beaucoup pour m'aider à me réintégrer parmi les autres poney. Grâce à elle et ses amies, j'ai pu redevenir moi même et retrouver ma sœur adorée, je suis sortie définitivement de mon exil forcé. Ta...disparition l'a poussée jusqu'à écrire à ma sœur pour lui demander son aide. Cependant, celle-ci est fort occupée à diriger le royaume, c'est pour cela que je me suis proposé pour remplir la tâche de te retrouver et de te ramener à Ponyville, comme payement d'une partie de l'immense dette que j'ai envers elle. J'avoue que, dans un premier temps, ton plan a plutôt bien fonctionné, je ne savais réellement pas où ni comment je pourrais te retrouver. Malheureusement pour toi tu as été bien trop gourmand.

Ah ces mots, une lueur d'incompréhension brilla dans les yeux de Spike.

- Moi gourmand ?
- Tu aurais pu resté longtemps caché sous ta fausse identité si tu n'avais pas eu l'idée de devenir quelqu'un de célèbre et de reconnu. Tôt ou tard j'allais m'intéresser à ce mystérieux poney qui, quelle coïncidence, était apparu à Ponyville le jour même de ta disparition, qui comme par hasard savait exactement quoi dire à miss Rarity pour la faire tomber dans ses bras, avait bizarrement une robe dont les tons se rapprochaient fort de la couleur de tes écailles draconiques, connaissait étrangement bien les us et coutumes du groupe d'amies dont Twilight fait parti. Je me demande d'ailleurs comment celle-ci à fait pour ne pas remarquer tous ces indices que tu as laissés derrière toi, ta fausse lettre étant pourtant un rideau de fumé particulièrement maladroit. J'ai beau avoir été bannie durant mille ans, je ne suis pas née de la dernière pluie. La seule zone d'ombre qu'il me reste, c'est de savoir comment diable as-tu réussi à te transformer ainsi, bloquant jusqu'à la magie de ma sœur. Je suppose que tu as eu recourt à un artefact magique particulièrement puissant que je ne connais pas, ce qui est un exploit en soi.

Voilà, tout était dit. Il ne servait plus à rien de nier, la princesse savait effectivement tout sur lui et sur son plan.

- Un miroir de poche, soupira Spike. Fabriqué par une licorne, que j'ai déniché chez un antiquaire après beaucoup de recherches.
- Intéressant, cela explique en même temps ce choix de pseudonyme...

Un silence pesant s'installa. Spike ne savais plus quoi dire, la princesse était visiblement au courant de toute l'histoire. Comment elle avait percée aussi profondément son secret, il ne savait pas mais devoir lutter face à une alicorne qui était aussi une princesse...non, le combat était trop inégal, elle disposait de bien trop de ressources en tant que noble et bien trop de pouvoirs en tant que magicienne. Au fond de lui, il savait depuis le début que sa transformation subite l'avait empêchée de réaliser une disparition cohérente et organisée, au contraire il avait dû improviser et faire feu de tout bois. Si cela avait marché avec les ponettes et plus tard avec les journalistes peoples, l'enquête poussée de la sœur de Celestia avait visiblement fait craquer le vernis qui recouvrait la vérité. Il était fichu, complètement fichu, lutter contre la parole d'une princesse, personne ne le croirait, encore moins ses amies.

- Et donc...qu'est-ce que vous allez faire maintenant ?
- Qu'est-ce qui te fait dire que je veux quelque chose ?
- Vous venez me voir en pleine nuit, jouez avec moi, me racontez spontanément vos efforts pour percer mon secret, alors soit vous voulez vous faire mousser devant un pauvre poney solitaire qui n'en est pas vraiment un soit vous venez m’impressionner pour essayer d'obtenir quelque chose, même si je ne sais pas encore quoi. J'ai beau être un dragon sous une forme d'étalon, je ne suis plus vraiment un bébé...
- Oh, je pensais pouvoir jouer avec toi encore un peu, fit la princesse avec une moue parfaitement calculée.
- Votre petit côté sadique me rappelle tellement Nightmare Moon.

Spike se sentait comme s'il avait trop bu. La tête lui tournait, sa prudence naturelle laissait place à un comportement de tête brûlée. Il mourrait d'envie de renvoyer à la princesse ses quatre vérités, sans aucune considération pour sa force ou son rang.

- C'est juste un petit plaisir personnel, un avant goût de ce qui va t'arriver désormais, répliqua sèchement l'alicorne. Ne croit pas que tu vas t'en sortir comme ça après avoir menti, trompé, utilisé et abusé de la confiance de tant de personnes à commencer par mon amie Twilight Sparkle.
- Quoi, vous allez me faire payer le fait d'avoir rendu énormément de poneys heureux ? J'ai rendu service à beaucoup de monde en devenant Scale Miror, j'ai pu permettre à l'amour de ma vie de devenir réalité et non plus une chimère, j'ai permis à nombre d'étalons de devenir des personnes séduisantes et bien dans leur peau, j'ai offert à nombre de pouliche ce qui n'était pour elles qu'un rêve de gamine. Vous croyez que Rarity aurait été heureuse de devoir subir le fardeau d'aimer un dragon ? Vous croyez que la vie de tant de poney serait devenue meilleure s'ils avaient eu à écouter un dragon ? Mais qui écoute un dragon dans un monde de poney, hein ? Personne. Et d'ailleurs, pourquoi les autres auraient eu le droit de vivre leurs rêves et moi non parce que je ne suis pas un poney ? Je n'ai rien volé à personne, j'ai tout fait pour me remplacer moi même et faire oublier ma disparition, je n'ai cherché à manipuler ou faire souffrir personne ! Oui Twilight a souffert mais j'ai tout fait pour la consoler ensuite, j'ai même envoyé une lettre pour que justement cesses ses angoisses et qu'elle puisse tourner la page. Je n'ai jamais voulu lui faire du mal mais les circonstances m'ont empêchée de réaliser correctement ce que je voulais faire. Et puis quoi, je devrais m'excuser pour avoir pour la première fois de ma vie fais passé mon intérêt personnel avant celui des autres ? Pour avoir voulu rendre ma vie meilleure ? Pour avoir voulu mettre un terme à un amour impossible ?

Spike reprit sa respiration après ce long monologue. Même s'il savait que cela n'allait rien changer à sa situation, il se sentait mieux d'avoir pu vider son sac plutôt que de toujours encaisser sans rien dire. Si ses crampes d'estomacs le tenaillaient toujours, s'il se sentait encore faible et nauséeux, sa panique était passée, il attendait désormais le verdict de la princesse avec angoisse mais résolu à tout faire pour ne pas se contenter de le subir sans réagir.

- Si cela ne tenait qu'à moi, tu serais depuis longtemps banni d'Equestria après que j'eusse usé de mes pouvoirs pour te ramener à ta forme originelle, je ne me serais pas abaissé à venir discuter avec toi. Ton égoïsme me dégoûte, tu as agi pour ton propre bien-être sans jamais tenir compte des sentiments des autres, tes belles paroles ne font que cacher ton égoïsme. Ce n'est pas pour elles mais pour toi que tu as accompli ton forfait. As-tu seulement jamais pensé, jamais compris l'intensité de la souffrance que tu as infligée à Twilight ? Ce n'est pas une misérable lettre qu'il fallait pour apaiser son malheur et son angoisse. N'as-tu jamais remarqué à quel point elle est devenue faible et fragile depuis ta disparition ? Comment ses instants de joies étaient terni par ton absence ? Je ne te pardonnerai sans doute jamais de l'avoir fait autant souffrir. Et ta chère Rarity ? Son élément est la générosité et toi, tu ne trouves rien de mieux à faire que d'en abuser pour te glisser dans sa vie et son lit sous une fausse apparence, d'abuser de sa fragilité, de la manipuler pour en faire un jouet destiné à ton seul plaisir.

La princesse marqua une pause, comme pour mieux savourer ses paroles et leurs laisser le temps de s’imprégner profondément en Spike.

- Cependant, ma chère et tendre sœur estime que nous devons te laisser une chance de faire amende honorable et de révéler toi-même la vérité aux autres poneys. C'est pour cela que je suis venue. Dans deux jours, la princesse Celestia sera à Ponyville pour une visite informelle. Tu as jusque là pour révéler à Twilight, Rarity et tous les autres poneys toute la vérité, autrement ce sera à ma sœur de le faire et crois bien que cela ne se fera pas en douceur.
-Entendre celle qui fut bannie mille ans pour avoir voulu écouter son ego blessé me reprocher d'avoir été égoïste, c'est l'hôpital qui se moque de la charité.

Entendant cela, la princesse Luna poussa un cri de colère et le bout de sa corne se mit à briller. Spike se retrouva soudain écrasé, plaqué au sol par une pression irrésistible.

- Tu ne sembles pas avoir bien compris ta situation, cria l'alicorne vexée. La seule chose qui te protège de ma colère est la volonté de ma sœur. Je pourrais très bien lui dire que tu as eu un comportement intolérable et que j'ai été obligée de te punir moi-même. Je n'ai qu'une envie, c'est de te faire payer au centuple la souffrance que tu as infligé à Twilight, je ne laisserais pas l'égoïsme de quelqu'un ruiner de nouveau des vies, pas si je le peux. Pour moi tu n'es rien, mais je ne veux pas faire souffrir d'avantage mon amie, c'est pourquoi je me retiens depuis tout à l'heure de t'écrabouiller comme un ver. Mais continu de me provoquer, je n'attends qu'une excuse, qu'un seul faux pas de ta part pour m'occuper très personnellement de ton cas.

Le manque d'oxygène commençait à brouiller la vision de Spike, que la pression magique maintenait au sol sans lui permettre de faire le moindre petit mouvement. Seuls ses yeux pouvaient encore bouger, c'est pourquoi il leva et planta son regard dans celui de Luna, la mettant au défi de l'écraser juste encore un peu. La princesse grogna puis exécuta une ultime poussée avant de relâcher son étreinte. Spike se mit aussitôt à tousser et à cracher par terre, essayant tant bien que mal de reprendre son souffle.

- Bien, te voici maintenant prévu Spike. Tu as donc deux jours pour révéler toi même la vérité te concernant ou bien ma sœur le fera. Sache également que si elle décide de te punir, je me joindrais aux réjouissances pour rendre la chose aussi désagréable que possible...pour toi.

La princesse tourna le dos à Spike, mortifié, déploya ses grandes ailes et prit son envol à destination du palais royal de Canterlot, laissant le pauvre dragon-poney seul face à lui-même et ses démons. Dans le parc désormais, une seule silhouette se détachait de l'obscurité ambiante. La robe en désordre, la crinière sale, les lèvres rougies à force de les mordiller, il offrait un bien triste spectacle,
Il reste de nombreuses minute là, comme perdu dans un rêve ou en train de méditer, sans bouger, sans réaliser le moindre mouvement en dehors de ceux provoqués par la respiration. Spike se sentait comme vidé, épuisé par cette rencontre. Le choc se dissipa peu à peu mais son esprit restait comme perdu dans une couche de nuages, il n'arrivait pas à formuler une seule pensée cohérente. C'est presque machinalement qu'il se mit en route, la tête basse, sans même savoir où aller.

A suivre