A bien des égards, le Maresim's était le restaurant le plus chic de Canterlot. Ou même hors de Canterlot si l'on voulait être exact, le bâtiment ayant été bâti à quelques mètres de la ville, près des chutes. Les propriétaires originels du restaurant avaient expliqué leur choix par la motivation de vouloir offrir à leurs clients un cadre un peu plus paisible que l'atmosphère étouffante de la capitale.
De fait, il n'était ni blanc, ni hérissé de tours. C'était au contraire un bâtiment aux couleurs vives, tout en rondeurs et en angles harmonieux.
De tout temps, le Maresim's avait pratiqué des prix élevés, pour ne pas dire prohibitifs et il était rare que même la haute société canterlotienne ait de quoi s'offrir un déjeuner hebdomadaire à cet endroit. Ce n'était pourtant ni la nourriture, à peine plus savoureuse que le reste des autres restaurants de la capitale ou le décor des lieux, qui motivaient le directeur de l'établissement à afficher de tels prix. C'était tout simplement un mode de vie : on venait au Maresim's parce que l'on avait des bits à dépenser et on murmurait qu'un illustre inconnu qui pousserait les portes du restaurant en n'ayant les moyens de se payer ne serait-ce qu'un verre d'eau, deviendrait un poney en vue dans la bonne société.
Ce soir là, la grande salle du restaurant était pratiquement vide et il y avait deux raisons à cela. La première, c'était qu'à cause de la guerre, encore moins de poneys avaient le temps ou l'envie de briller dans ce genre d'établissement et la seconde, c'était que l'essentiel des ressources de nourriture partaient pour le front. L'Impératrice Luna avait très officiellement annoncé un an auparavant, que le pays devrait apprendre à se contenter de denrées alimentaires communes pour soutenir l'effort de guerre. Ce qui était un bien joli terme pour disette.
Cela dit, il fallait nuancer. Si les poneys bêchaient et plantaient avant tout dans le but de fournir aux troupes de la Triple Alliance de quoi remplir leurs estomacs, qui avaient une fâcheuse tendance à se vider seuls dans les situations de stress extrême - et Celestia savait que dans cette Grande Guerre, les situations de stress extrême étaient monnaie courante -, cela ne voulait pas dire que les civils mourraient de faim. Pour peu qu'on avait fait quelques réserves et que l'on se contente de peu, on pouvait se considérer comme un parfait loyaliste. Sapphire Shores, la pop star avait amusé ses fans pendant des semaines avec son bon mot "au moins, cet été, les patriotes rentreront dans leurs maillots de bain."
Il y avait d'autres manières de s'en sortir bien sûr. Tous les poneys n'étaient pas disposés à livrer aveuglément et surtout, à un prix aussi cassé, leurs denrées alimentaires. Un fructueux marché noir s'était mis en place en sous-sabot un peu partout dans Equestria. La moindre miche de pain était à prix d'or mais au moins, elle était fraîche.
Une différence de taille existait cependant lorsque on abordait le problème du marché noir. Si les petits vendeurs et les pâtissiers clandestins étaient sévèrement punis, les autorités avaient une certaine tendance à fermer les yeux quand il s'agissait de plus gros poissons. La plupart du temps tout simplement parce qu'elles se seraient punies elles-mêmes.
Quelques bits ou gemmes rares glissées discrètement dans une enveloppe encourageaient les gardes à regarder ailleurs.
A ce qu'on disait, la seule personne à ne pas être au courant de la corruption de l'Empire, était l'Impératrice elle-même, aveuglée par son unique objectif : la victoire totale à tout prix.
C'étaient toutes ces raisons qui avaient permis au Maresim's de garder dans ses caves de l'herbe de premier choix et du jus d'avoine frais. Les prix dépassaient l'entendement mais comme se plaisaient à le clamer les lettres d'or gravées dans le bois de la porte d'entrée "rien n'est trop beau pour nos clients".
Les doubles portantes battantes des cuisines du restaurant s'ouvrirent sous l'action de l'arrière train d'un poney en livrée de serveur, qui poussait une desserte, rempli à ras bord de bouteilles vides et d'assiettes sales. Il amena son fardeau jusqu'aux éviers savonneux, y jeta sans autre forme de procès les assiettes avant de déposer les cadavres de bouteilles avec les autres, près d'une grande poubelle. Le chef de Maresim's, un poney terrestre dont la crinière disparaissait sous une imposante toque, apostropha son collègue tout en touillant une soupe rougeâtre, au sommet de laquelle des bulles venaient régulièrement mourir.
_Alors, ils en sont à combien ?
_Quatre bouteilles de champagne, répondit le serveur.
_A eux trois ? s'étonna le cuisinier.
_Non, quatre bouteille de champagne, chacun. Enfin, sauf le plus jeune. J'ai l'impression qu'il a à peine touché à sa coupe depuis qu'ils sont arrivés.
_J'en connais un qui va ramener ses copains sur le dos avant la fin de la soirée, s'esclaffa le chef en salant la soupe.
_Si leurs foies ne se suicident pas avant, c'est possible, commenta le serveur en trottant jusqu'aux grands réfrigérateurs et en en tirant deux nouvelles bouteilles d'un vert sombre. Et ils en veulent encore.
_Ils vont avoir les moyens de payer ? questionna le poney cuisinier en réduisant le feu des fourneaux.
_Pas notre problème et tu le sais bien. On touche deux cent bits par soirée comme ça mais ça dépend jamais de ce que prennent les clients. Pour autant que je sache, ils pourraient manger un sandwich à la marguerite, dit-il en déposant les magnums sur un plateau argenté et de le saisir au sabot, on toucherait pareil.
_Quand je pense à tout ce que se fait le directeur sur notre dos...
_On peut pas vraiment se plaindre à la police à propos de ça pas vrai ? Je te rappelle qu'on est dans l'illégalité, là, techniquement.
_Je sais, grommela le chef en fixant sa soupe. Je pensais à voix haute c'est tout. Allez, apporte leur les bouteilles sinon on pourrait avoir des ennuis.
Le serveur hocha la tête et sans rien répondre à son collègue, il quitta la cuisine.
Ses pas l’amenèrent à traverser la salle principale du restaurant, à la dépasser et à s'engager dans un minuscule escalier, dissimulé derrière un rideau.
Il veilla à ne rien renverser en descendant les marches, tout en maudissant une nouvelle fois, le propriétaire, qui refusait d'installer un système de monte-plats pour faciliter la vie de ses employés. En quelques secondes, le serveur pénétra dans les salons privés du Maresim's.
C'étaient des salles bien plus petites que les immenses pièces que l'on pouvait trouver à l'étage, qui ne pouvaient accueillir qu'une ou deux tables, tout au plus. Mais c'étaient aussi les salles les plus chics de l'établissement : les murs étaient lambrissés et dorés à la feuille d'or tandis que la pierre marbrée sur laquelle on posait les sabots étincelait de mille feux au moindre mouvement des chandeliers et de la cheminée qui éclairaient la pièce.
Ce soir, il n'y avait que trois clients dans les salons et dans le restaurant tout entier, mais il aurait été difficile de l'ignorer tant ils riaient fort et trinquaient avec fracas.
Alors qu'il se rapprochait de la table recouverte d'une nappe bordeaux, souillée de taches et de nourriture renversée, le serveur dut faire un écart pour ne pas poser la patte sur une bouteille vide qui traînait à même le sol.
Bien que voir des clients se comporter comme les derniers des ivrognes le répugnait, il s’efforçait d'afficher un sourire de façade tout en déposant les nouvelles bouteilles qu'il venait de déboucher dans le seau à glaçons et en reprenant les anciennes avec lui. Après avoir achevé sa besogne, il se retira sans un mot, laissant les frères Flim et Flam, ingénieurs personnels de Sa Majesté l'Impératrice Luna apprécier leur alcool.
Et apprécier le champagne, les deux jumeaux s'en donnaient à cœur joie.
Comme ils avaient l'habitude de le dire eux-mêmes, "il ne faut pas boire pas souvent mais quand on le fait, il ne faut se souvenir de rien trois jours après".
Faire la tournée des grands-ducs était devenu une de leur occupations favorite et le moindre événement, prétexte à aller dépenser leur immense fortune en nourriture, boisson ou compagnie de call-ponettes très jolies et très séduisantes.
Techniquement, ils dilapidaient les crédits accordés à leur département par l'Impératrice Luna mais les jumeaux savaient que l'alicorne n'irait jamais mettre le museau dans les comptes. Et quand bien même elle le ferait, elle voulait des résultats et une amélioration constante de la machine de guerre impériale, ce à quoi travaillaient jour et nuit les deux licornes. S'ils ne pouvaient pas relâcher la pression de temps en temps, la vie aurait été impossible.
Le troisième membre du trio, loin d'être aussi enthousiaste en présence d'alcool que les FlimFlam, était aussi le plus jeune et la dernière recrue du département scientifique.
Auréolé d'un diplôme de l'université de Standcolt, il avait été approché alors qu'il finissait ses études. Steelsmarts avait été des plus surpris de se voir offrir un poste au prestigieux cabinet de guerre scientifique, lui qui s'était destiné à suivre les traces de son père, respectable agronome de Stalliongrad.
A la place, il s'était retrouvé bombardé au sein des meilleurs cerveaux de tout Equestria, qui planchaient sans discontinuer à trouver de nouveaux moyens de gagner la guerre.
Steelsmarts se savait chanceux d'avoir obtenu cette bourse pour Standcolt et plus encore, d'y avoir été repéré par les poneys des FlimFlam. Sans cela, il aurait probablement suivi l'appel de la meute et jeté sa signature au bas d'un contrat d'enrôlement dans un corps expéditionnaire.
A ce qu'on disait d'ailleurs, si Luna avait pu compter sur l'immense réservoir de poneys qu'avaient composés les volontaires des premiers jours, les renforts commençaient à manquer un peu partout en Europe. L'Impératrice n'en était pas encore à proclamer la levée en masse mais il semblait difficile de pouvoir renverser la vapeur.
Mais d'un autre côté, la situation ne faisait que conforter Steelsmarts dans l'idée que c'était en améliorant la qualité des armes et de l'équipement equestrien que l'Empire l'emporterait.
Le poney fut tiré de ses pensées par le bruit d'un verre qu'on remplissait et quand il baissa les yeux, il ne fut qu'à demi-surpris de voir Flim pousser vers lui une coupe pleine à ras-bord.
_Allons, l’encouragea son supérieur, buvez-donc un coup. Vous avez presque rien bu depuis qu'on est arrivés...
_Je ne tiens pas très bien l'alcool, avança le poney en un demi-sourire.
_Et alors ? Vous croyez que Flam et moi on l'enquille mieux que vous ?
_Fap du tout ! se crut obliger de confirmer l’intéressé qui passait le plus clair de son temps à faire des nœuds dans sa moustache. Et puis faut boire mon petit, on fête quand même la réussite du test grandeur nature du Sabot Volant.
_Au Sabot Voletant ! lança Flim en levant son verre.
_Volant, corrigea son frère.
_C'est ce que j'ai dit, lui répondit son jumeau en vidant sa coupe.
Steelsmarts continuait d'avoir du mal à en croire ses yeux. Savoir que les deux licornes avinées avec qui il trinquait étaient les mêmes qui étaient à la tête des dernières merveilles technologiques des ateliers et des usines equestriennes...c'était un peu douloureux pour son esprit rationnel.
C'était déjà assez étrange en soi que ses supérieurs l'aient choisi lui et pas un autre pour les accompagner cette nuit là. D'après les bruits qui couraient dans le département, les FilmFlam avaient l'habitude d'emmener avec eux un de leurs subordonnés, à la fois en guise de récompense quand les résultats d'une expérience étaient probants et c'était ici le cas avec le Sabot Volant mais surtout pour impressionner et faire valoir leur valeur aux yeux du poney invité.
Un air de dire que cette abondance de luxe, d'alcool et de nourriture fine, c'était pour eux quelque chose de commun. Steelsmarts était effectivement impressionné mais au fond, plus dégoûté qu'envieux.
Il y avait quelque chose d'obscène dans ce spectacle. C'était peut- être parce que le poney venait d'une famille assez modeste et qu'il n'avait jamais été attiré par le clinquant, il n'en savait rien. Mais une petite voix chuchotait sans cesse à son oreille que s'il fallait se saouler à ce point là pour aimer vivre dans la soie, ce n'était peut-être pas la peine de chercher à grimper l'échelle sociale.
_Allez, Steelsmarts, buvez mon petit, insista Flam en désignant le verre plein du jeune ingénieur. Vous n'allez quand même pas me dire que vous êtes mécontent du triomphe de notre zeppelin, si ?
_C'est pas ça professeur Flam, expliqua le poney. C'est juste que je me sens un peu...comment dire.
Inconfortable à l'idée de boire et de faire la fête alors que là bas, sur le front...
_Je vous arrête tout de suite, l'interrompit Flam d'un ton catégorique. Vous n'avez pas à vous polluer l'esprit avec ce qui est juste ou pas.
_Tout de même, contesta Steelsmarts d'une petite voix, il me semble qu'en tant qu'ingénieurs de Sa Majesté, nous sommes déjà des privilégiés. Ce n'est peut-être pas la peine de...
_Vous vous trompez, s'exclama Flim, volant au secours de son cadet. C'est justement parce que nous sommes des serviteurs directs de l'Impératrice que nous devons nous comporter avec panache.
Pas sûr que vider du champagne au marché noir soit se comporter avec panache, pensa fugacement Steelsmarts.
_Ce que mon grand frère essaye de vous dire, articula difficilement Flam, c'est que vivre ainsi, aller dans les grands restaurants, boire du bon alcool, tout cela est nécessaire à notre détente. Nous faisons un travail harassant, qui n'est en rien différent de l'effort de guerre auquel se livre n'importe quel poney digne de ce nom. Peut-être plus encore parce que c'est à partir des inventions qui sortent de nos cerveaux que de nouvelles tactiques apparaissent, que ce qui hier semblait infaisable et aujourd'hui dans le domaine du possible. Prenons le Sabot Volant justement. S'il a prouvé sa valeur sur le champ de bataille, c'est avant tout grâce à nous. A nos plans, à nos innovations. Notre matière grise est une arme de guerre qui tourne à plein régime pour le bien de l'Empire. Si vous la saturez avec des sujets futiles, vous serez moins productif dans votre travail. Et là vous savez ce qui arrivera ?
_Vous ferez des erreurs, poursuivit Flim en reprenant la phrase de son frère comme si de rien était, des erreurs qui coûteront cher à la couronne. Vous laisserez des failles dans le dernier prototype, vous oublierez un détail sur un modèle qui s’avérera désastreux à la construction. Et en moins de temps qu'il n'en faut pour dire Super Speedy Cider Squeezy 6000...
_Equestria aura perdu la guerre, acheva Flam en faisant claquer sa langue contre son palais après avoir fini un autre verre. Or, je suis sûr que ce n'est pas ce que vous désirez, n'est-ce pas ?
_Non, bien sûr que non, lâcha Steelsmarts avec un sourire d'évidence alors que pour donner bonne impression aux licornes, il approchait sa coupe de champagne de ses lèvres et en sirotait doucement le contenu.
Les frères Flim et Flam sourirent à leur tour, visiblement satisfaits et rassurés sur leur pouvoir de conviction. Ou de persuasion. Après un certain degré d'alcool dans le sang, le distinguo était difficile à faire, même pour des ingénieurs impériaux.
_A propos de gagner la guerre, formula Steelsmarts avec une certaine émotion dans la voix, j'ai eu une idée. A propos du front de l'est.
Le regard des FlimFlam parut se vider instantanément de toute trace d'alcool alors que leurs cerveaux se reconcentraient brusquement sur leur travail. C'était une des caractéristiques les plus surprenantes concernant les deux licornes : elles pouvaient être complètement endormies ou malades à en mourir, pour un peu qu'on aborde le sujet des projets de guerre, elles devenaient plus attentives et plus lucides que jamais.
_Vous voyez, j'ai beaucoup réfléchi à cette nouvelle arme anglaise, expliqua Steelsmarts avec application, ces chars de combat.
_Ah, vous voulez parler de ces espèces d'engins inutiles ? lâcha Flam d'un air dédaigneux.
_Ne sois pas aussi buté, lui reprocha son frère. Nous sommes des inventeurs, c'est l'idée que nous devons juger en premier lieu. Celle du tank, de ce véhicule blindé me semble excellente. Il n'est pas encore au point et l'ennemi l'utilise mal, mais je suis persuadé que cet appareil peut avoir un grand avenir.
_Un avenir tellement grand que cette "arme miracle" qui aurait dû apporter la victoire aux britanniques cet automne sur la Somme, s'est cassée comme un jouet sur nos lignes.
_Je suis de l'avis du professeur Flim, dit Steelsmarts. L'ennemi ne réalise pas encore quel potentiel il a dans les mains mais une fois qu'il l'aura fait, nous irons au delà de graves problèmes. Nous avons eu de la chance qu'ils engagent ces chars trop tôt, cela devrait nous donner assez de répit. J'ai pris la liberté de faire rapatrier un modèle anglais capturé lors de la retraite de nos alliés allemands du village de Combles. Nous pourrons partir cette base pour développer nos propres modèles.
_Je vous en prie ! s'exclama Flam en abattant avec fougue son sabot sur la table et en faisant tinter les verres. L'Entente a dépensé une ressource de temps et d'énergie précieuse dans ces appareils qui ont prouvé leur inutilité la plus plate. Ce n'est pas à nous de suivre l'ennemi dans cette erreur !
_Tu devrais vraiment garder à l'esprit qu'il y a autre chose que les zeppelins et l'armée de l'air dans cette guerre, commenta sèchement son aîné avant de revenir au jeune poney. Je vous en prie mon petit, continuez.
_Et bien, j'avais pensé, si nous produisions assez de ces chars pour les regrouper au lieu de les laisser isolés comme l'ont fait les anglais, nous pourrions obtenir une forme nouvelle de guerre. Un assaut blindé massif sur une tranchée ennemie et elle pourrait être rapidement prise. Sans parler de l'effet psychologique.
Les deux licornes s’entre regardèrent. Même Flam sentait qu'il y avait une possibilité dans ce que suggérait leur ingénieur.
_Et ce n'est pas tout, poursuit Steelsmarts de façon enthousiaste. Je suis conscient de parler avec des "si" mais imaginez un instant que nous faisons joindre les efforts de l'armée de l'air avec ces chars. Imaginez un bombardement des lignes ennemies qui laisserait les soldats adverses sonnés, suivi d'un assaut de chars qui briseraient leurs unités en petits groupes et enfin, une attaque massive de l'infanterie qui déborderait et achèverait ces poches. En jouant sur la vitesse, nous pourrions nous défaire d'armées plus grandes et plus étendues que les nôtres. Sans compter qu'une fois leurs lignes franchies, plus nous avançons et plus nous perturberons l'organisation ennemie. Sur une zone de grande ampleur comme la Russie, nous pourrions neutraliser l'avantage numérique du tsar. Et à l'ouest, casser les fortifications françaises et anglaises.
Les deux jumeaux ne cessaient de s'entre regarder. Ils étaient d'accord tous les deux, c'était probablement un des plans les plus ambitieux et les plus brillants qu'on ait eu à leur proposer. Et surtout, c'était qu'il sonnait possible, pour peu qu'on mette l'accent sur ces fameux chars. Avec une bonne production et de l'entraînement, on pourrait finir la guerre en quelques mois.
_Cette tactique, vous l'avez mise par écrit ? demanda soudainement Flim.
_Oui, effectivement, répondit un peu surpris Steelsmarts. Des notes dans mon carnet personnel.
_Vous l'avez ici ce carnet ?
Puis, voyant le hochement de tête du jeune poney :
_Pouvons nous le voir ?
Steelsmarts acquiesça et leur remit entre les pattes son petit calepin brun, recouvert de son écriture serrée et minutieuse. Les deux licornes se penchèrent sur les pages noircies qui parlaient de ce projet stratégique avant de hocher la tête de concert et sans autre forme de procès, de les détacher sèchement du reste du carnet. Abasourdi, Steelsmarts vit les FlimFlam broyer magiquement les pages déchirées en minuscules morceaux qu'ils jetèrent dans la cheminée. Les deux licornes jetèrent ensuite un regard d'un air dur à leur subordonné.
_Monsieur Steelsmarts, commença Flim d'une voix doucereuse, sachez que nous apprécions votre avis personnel sur les stratégies de guerre...
_...néanmoins, poursuivit Flam, nous aimerions vous rappeler que vous êtes ingénieur, pas tacticien.
_Ainsi, aussi intéressantes que soient vos idées...
_...nous nous accorderons à penser qu'il s'agissait de simples hypothèses ludiques qui ne verront jamais le jour. Laissons la tactique aux militaires et l’ingénierie à nous-mêmes et les étoiles seront bien gardées.
_Sommes nous assez clairs ? demandèrent d'un ton sans appel les deux frères, parfaitement alignés sur le ton et la modulation de leur voix.
_Oui, balbutia Steelsmarts, ne comprenant pas cette soudaine agressivité.
_Alors pourquoi cette tête d'enterrement ? lui demanda Flim en retrouvant un grand sourire et en lui rendant son carnet de notes. Allez, finissez votre coupe, nous allons recommander du champagne ! A l'industrie !
Les deux licornes s'échangèrent un regard muet qui contenait une mine d'information, comme les jumeaux savaient si bien le faire. Ce projet qui pouvait finir le conflit en quelques mois aurait signifié la fin des crédits de guerre et de la belle vie qu'ils menaient depuis la mort de Celestia. Ce n'était pas pour rien qu'un mois auparavant, les forces royales roumaines avaient reçu une lettre anonyme qui indiquait la localisation précise du quartier général de Trixie, licorne en charge du commandement des troupes de la Triple Alliance sur ce secteur du front. La licorne avait eu une légère tendance trop systématique à remporter tous ses combats là bas. Pour peu qu'on l'ait laissée faire et elle aurait posé son sabot dans les rues de St Petersbourg dans moins de dix mois.
Et puis ils étaient des inventeurs. La guerre était sans doute la période la plus stimulante intellectuellement qu'ils ne connaîtraient jamais. Chercher à la finir rapidement, c'était se tirer une balle dans la patte. Il serait toujours temps de gagner la guerre plus tard, quand ils penseraient le moment opportun venu.
Mais en tout cas, pas avant au moins, beaucoup, beaucoup d'autres bouteilles de champagne.
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empêcher des innovations pour gagner plus d'argent c'est sale
quand au flimflam connard salopard ordure bref tout les mots qualificatif ils sont comme dans la series bref ho-ri-ble
"OH LES CHIENS !"
Un la en trop, et assiettes sales*
Beau travail!