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Turn It On Again

Une fiction écrite par inglobwetrust.

Chapitre 14: Salt Lick City

Le lendemain matin…

Après une bonne nuit de sommeil pour mettre les choses au clair, le groupe au complet était réuni, sur ordre de Scootaloo, dans un des salons de l’hôtel pour être au calme.

Les spéculations entre Toe, Torch, Fluttershy et Mac allaient bon train en attendant Rarity. Dans quel état serait-elle ? Est-ce que Sweetie avait vraiment réussi à la convaincre de rester avec les Ponytones ?

Rarity arriva la dernière, sans sa sœur.

« Pour que tout soit clair, Sweetie se repose », annonça la licorne peu après son arrivée. « Elle s’est assoupie juste avant de descendre et j’ai préféré la laisser au lit. Elle l’a bien mérité. »

Personne ne la remit en cause. Après tout, Sweetie était celle qui avait fait le plus d’efforts durant cette tournée, sans même être membre du groupe. Elle méritait vraiment ce repos, surtout après hier soir.

Dans la salle, cinq chaises étaient disposées en cercle, forçant le groupe à se voir. Impossible d’en dévisager un sans en voir un autre. Elles étaient très resserrées les unes par rapport aux autres pour rapprocher physiquement tout le monde, ce qui fut parfois un peu acrobatique pour réussir à tous les faire rentrer, surtout Mac.

Rarity s’installa à la seule place libre, pile en face de Toe et Torch. Un long silence gêné s’installa entre les cinq quand le groupe fut au complet. Rarity semblait la plus mal à l’aise et baissait souvent les yeux, en sachant qu’elle était celle par qui le scandale était arrivé et qu’elle aurait encore beaucoup à se faire pardonner.

Scootaloo se chargea de briser le silence la première et commença son discours tout en tournant autour du cercle.

« Vous savez tous pourquoi on en est là. On va régler le problème une bonne fois pour toutes et se dire les choses franchement. Mais avant, j’ai quelque chose à vous faire écouter. »

Les têtes se tournèrent vers la porte qui s’ouvrit et Rumble poussant un chariot sur lequel il avait installé une platine et un disque. Les sourcils se levèrent à l’unisson dans le groupe.

Le pégase avança le chariot tout près d’eux et le brancha à une prise électrique. Il amena le diamant de la platine sur une piste et quelques grésillements se firent entendre.

« Avant que nous nous quittions, j’aimerais vous dire quelques mots au sujet du groupe »

La voix de Rarity.

D’un disque live des Ponytones.

« Sans eux, je ne serai rien et les Ponytones ne seraient pas le groupe que j’aime tant, alors merci d’applaudir aussi fort que vous le pouvez Big Macintosh, Fluttershy, Toe Tapper et Torch Song. »

Des frissons parcoururent les poneys en entendant les cris de joie gravés sur le disque. Ils se tassèrent après de longues secondes où les sourires eurent le temps de revenir sur les visages, accompagnés de regards complices, comme s’ils étaient revenus sur scène au moment de l’enregistrement.

« Et applaudissez tout aussi fort Rarity, celle qui nous a un jour tous réuni autour de notre passion commune : la musique. »

La voix de Toe.

Les cris des poneys reprirent de plus belle et les sourires -ainsi que les frissons dans leurs corps- ne devinrent que plus grands.

Rumble laissa la dernière chanson aller jusqu’à son terme avant de couper le son. Ils purent quasiment tous deviner ce qu’allait dire Scootaloo.

« Bon, alors dites-moi comment on est passés de ça à ce qui s’est passé hier soir ? » demanda-t-elle.

Un long silence se fit entendre.

« Alors ? Qui commence ? » Elle passa le regard de tous côtés et s’arrêta sur Rarity. La licorne la fixa quelques secondes avant que la pégase ne lui fasse un signe de tête pour la pousser à parler. Rarity ferma les yeux, inspira longuement et se lança.

« J’ai été égoïste. Le groupe était trop petit et pas assez bien pour moi. Je me suis vu… trop belle ? » sourit-elle, avant de reprendre un ton plus sérieux. « Je ne pensais que je serais mieux sans le groupe, seule. Mais en fait, je n’étais rien sans. Je ne serais jamais rien toute seule », avoua-t-elle dans un rare moment de franchise.

Un silence retomba sur la pièce.

« Intéressant, alors pourquoi tu as voulu reformer le groupe ? Et pourquoi tu as refait la même chose qu’avant alors que tu savais les erreurs à ne pas faire ? » la pressa Scootaloo en s’approchant d’elle.

« Ça… ça… ça me manquait de chanter avec vous. J’étais heureuse de faire partie des Ponytones et je ne l’ai compris qu’après l’avoir quitté », poursuivit-elle. « Je croyais que je pouvais être à nouveau heureuse avec cette tournée et… et… et… » Elle fit une pause.

« Et ? » insista Scootaloo en s’arrêtant derrière son siège.

« Et j’ai cru que c’était encore seulement Rarity sur scène et pas les Ponytones ! » dit-elle en élevant la voix. « Je pensais que cette tournée pouvait enfin me donner la gloire que je n’avais pas réussi à avoir seule. Mais c’est impossible. Impossible ! Personne ne s’intéresse à Rarity. Tout le monde adore les Ponytones. Nous sommes tous prisonniers de ça. » Quelques larmes montèrent dans ses yeux.

« J’ai cru que je pourrais m’en détacher et j’ai saboté les concerts pour attirer la lumière sur moi, parce que je croyais qu’on ne pouvait plus se réconcilier ! Mais c’est tout le groupe que j’ai mis en danger et je ne veux pas de ça, je n’en veux pas ! Je suis fière de faire partie de ce groupe et j’ai agi comme si j’en avais honte ! » Les larmes se faisaient de plus en plus difficiles à retenir et elle se cacha le visage dans ses sabots.

« J-je… je suis désolée pour ce que j’ai fait… Je regrette tellement. Pas seulement pour le groupe, mais aussi pour Sweetie, pour tout ce que je lui ai fait subir. Elle ne mérite pas ça, pas ma sœur… » Elle fit une pause et hoqueta. « Pas ma sœur…. » finit-elle avant de s’effondrer en sanglots.

Les regards des autres se firent compatissants. Fluttershy se leva pour consoler Rarity et lui apporter du soutien.

Pendant de longues secondes, ses pleurs et les mots de réconfort de Fluttershy furent les seules choses audibles dans la grande pièce.

« Wouah », dit Scootaloo. « Je pensais pas que tu serais aussi directe, tu me mâches le boulot », avoua-t-elle. Toujours derrière le siège de la licorne, elle leva la tête vers Toe et Torch, en leur faisant signe d’y aller à leur tour.

Le couple se regarda longuement, puis Toe se leva et prit la parole.

« Tu sais, Rarity. Je comprends ce que tu ressens… Enfin, on comprend, Torch et moi. »

Rarity cessa de pleurer et fit montrer ses yeux rougis à l’étalon.

« Quand on a quitté le groupe, c’était un peu pour les mêmes raisons que toi. On ne se supportait plus et on voulait faire autre chose, n’importe quoi tant que ça n’était pas avec toi. Et… on a fini par faire du Ponytones bis dans nos disques », s’amusa-t-il, tout en gardant la voix calme.

« Mais sans toi, sans Mac, sans Fluttershy », poursuivit Torch en se levant pour rejoindre son époux, reculant les chaises pour avoir plus d’espace. « Ça n’était pas pareil. On a besoin d’être ensemble pour que la magie se crée. Et… euh… je… » Elle se tourna vers Toe.

Scootaloo sentit l’hésitation et fit un signe du sabot. « Vas-y, sois honnête, c’est maintenant ou jamais. »

Toe et Torch se regardèrent à nouveau et l’étalon hocha la tête.

« Si on a dit oui, c’était pour le contrat. Deux Ponytones ensemble, ça ne suffit pas pour gagner sa vie et… c’est difficile. On ne sait que chanter, on a rien d’autre dans la vie. On est rien à nous deux, tous seuls. On… » Torch cherchait ses mots et son mari vint à son secours.

« L’argent c’est bien, mais je crois qu’au fond, ce qu’on voulait aussi c’était retrouver la joie qu’on ressentait en chantant tous ensemble. Ça nous manquait plus qu’on aurait osé l’avouer… Ça a été dix années bizarres », finit Toe en passant un sabot autour du cou de sa femme.

« Et est-ce que vous êtes heureux de rechanter avec le groupe ? » demanda Scootaloo.

Toe baissa les yeux et avoua : « Non. Ce n’est pas comme avant. Ça ne pourra jamais être pareil mais… on peut essayer, non ? On peut essayer de redevenir amis ? Je crois qu’entre amis, on peut toujours se pardonner. Même après si longtemps.» Il s’approcha de Rarity, s’abaissa et tendit son sabot sous les yeux de la licorne.

« Rarity, je sais que ça n’a pas été facile entre nous, encore aujourd’hui. Je sais que c’est difficile de demander ça comme ça, aussi soudainement, surtout après hier, mais… est-ce qu’on pourrait redevenir le groupe qu’on était avant, quand il n’y avait que nous et la musique, sans les histoires de contrats autour ? Est-ce qu’on pourrait être à nouveau ce groupe qui s’est formé un jour sur une scène de Poneyville ? » demanda-t-il en jouant la carte des souvenirs.

Rarity regarda longuement Toe et son sabot tendu. Elle ne bougea pas pendant un long moment, alors que tout le monde retenait son souffle en attendant sa réaction.

« Tu veux vraiment me pardonner après tout ce que j’ai fait ? Après cette histoire de contrat, après le concert de Baltimare, après ce que j’ai dit dans les journaux et ce que j’ai fait hier ? » demanda-t-elle en essuyant ses larmes du sabot.

Torch s’avança jusqu’à son mari et posa l’un de ses sabots sur ceux de Rarity.

« Rarity, on sait qu’être en tournée, c’est parfois difficile et ça nous fait faire des choses bizarres. Toe et moi, on est sur la route depuis presque toute notre vie, on a aussi eu des moments comme ça… » Elle se tourna vers son mari, qui hocha la tête en connaissance de cause. « Et on sait que l’important, c’est de se dire les choses honnêtement dès qu’il y a un souci. On s’est menti pendant trop longtemps dans ce groupe. Alors, puisque tu as reconnu tes erreurs, je sais qu’on peut te pardonner. C’est ce que font les amis. »

Rarity fixa pendant quelques secondes Toe et Torch, ceux qui avaient été ses meilleurs ennemis dans le groupe pendant si longtemps, les poneys qu’elle avait appris à détester et qui avaient motivé sa décision de quitter le groupe dix ans auparavant.

Elle se souvint de leur rencontre, vingt ans auparavant après une petite annonce passée à Poneyville. Deux chanteurs qui avaient épousé la musique, étaient époux et avaient épousé le destin du groupe, dans les succès comme dans les coups durs, fiers d’être des Ponytones et continuant à chanter les chansons de ce groupe qui leur avait tant donné et tant pris, même bien après la séparation et en sachant le poids qui pesait sur chaque note.

Ses amis… Qui étaient prêts à lui pardonner…

Rarity retira son sabot posé en dessous de celui de Torch et se leva, écartant ses deux sabots avant pour étreindre le couple, qui retourna l’étreinte après quelques secondes d’hésitation.

« Je suis désolée pour ce que j’ai fait. Et pour qui j’ai été », répéta encore Rarity, cherchant le pardon par tous les moyens possibles.

« C’est bon, Rarity, on te pardonne. Dire oui à la tournée, ça voulait déjà dire qu’on t’avait pardonné d’une certaine façon, pas vrai ? » lui murmura Torch à l’oreille. Rarity sourit et ferma les yeux pour profiter de l’instant pendant encore quelques secondes.

Un bruit lui fit tendre les oreilles. Un bruit de sanglots.

Elle rouvrit les yeux et vit Fluttershy qui s’était assise et avait amenée ses sabots devant sa bouche, prise par l’émotion. En voyant Rarity la fixer, elle se sentit obligée de préciser sa pensée.

« Je suis si heureuse que vous soyez réconciliés. Ça m’émeut toujours de voir ça… » Rarity sourit et alluma sa corne, englobant la pégase pour l’amener avec le trio afin de se joindre au câlin, dans lequel elle se fondit avec joie.

Rarity tourna ensuite la tête vers Mac, le seul à être encore en dehors du groupe de poneys s’étreignant à cet instant. La licorne lui fit un sourire complice, voire un peu taquin, ce qui le fit sourire. Il leva les yeux au ciel et s’avança, entourant tout le monde dans sa large étreinte.

Derrière eux, Rumble avait rejoint Scootaloo, qui bombait le torse, gonflée de fierté.

« Tu peux être fière de toi », lui dit l’étalon en passant une aile autour d’elle.

« C’est surtout Sweetie qui va être fière. C’est grâce à elle qu’on est là », répondit-elle en effectuant le même geste, déployant son aile orange contre la grise. Ils s’embrassèrent tendrement et profitèrent de l’instant, tout simplement. La mission était accomplie.

Le groupe se sépara, prêt à repartir sur de nouvelles bases et ce, dès le prochain concert prévu à Salt Lick City.

Scootaloo relâcha Rumble et s’approcha du groupe. « Mac, Fluttershy, une chose à ajouter peut-être ? »

La question surprit les deux poneys. Néanmoins, la pégase se lança.

« J’ai été triste de devoir quitter le groupe il y a dix ans. J’étais déçue que ça s’arrête mais aussi soulagée d’une certaine façon. Mon stress prenait trop souvent le dessus et je savais que c’était mauvais pour ma fille… Enfin, pour le bébé que je portais », précisa-t-elle, souriante en pensant à Rose. « Aujourd’hui, je sais pourquoi je chante avec le groupe et je ne retiens que les bonnes choses. Je veux que ma fille soit fière de sa maman et elle le sera, j’en suis sûre. »

Elle se tourna vers Mac, tout comme le reste du groupe, attendant une réponse de sa part. Il se tourna vers la pégase, puis vers les autres, avant de soupirer et de parler.

« J’suis content d’être là. C’est pas comme si ma vie en dépendait et comme si ça m’avait vraiment manqué mais… c’est bien d’être tous ensemble à nouveau, au moins histoire de se revoir. C’est important les réunions de famille », expliqua-t-il, un peu gêné et rattrapé par sa timidité.

« En parlant de famille… » commenca Rarity. « Je connais quelqu’un qui sera contente de nous voir à nouveau tous ensemble. Enfin… Je veux dire, ce n’est pas comme si nous n’étions pas déjà tous ensemble sur- »

« Désolée ! Désolée ! Je suis en retard ! Je suis en retard ! »

Sweetie ouvrit grand les portes de la salle et courut vers le groupe, en s’excusant. « Je suis vraiment désolée ! Qu’est-ce que j’ai raté ? Est-ce que ça a déjà commencé ? » demanda-t-elle en enchaînant les questions à toute vitesse.

Rarity s’avança la première vers elle et lui fit un câlin, surprenant sa sœur. « Qu’est-ce qui se passe ? » demanda-t-elle, attendant d’être mise au parfum.

« Merci », lui dit simplement sa grande sœur.

Sweetie leva un sourcil. « Merci ? Euh… merci aussi, Rarity, mais pourquoi ? »

Rarity la relâcha et rit doucement. « Parce que sans toi, jamais on ne se serait réconcilié comme nous venons de le faire. »

Le visage de la licorne s’illumina. « C’est vrai ? Ou c’est juste le temps de finir la tournée ? » questionna-t-elle d’un ton suspect.

Toe et Torch s’avancèrent vers elle et entourèrent Rarity. « Oui, Sweetie, c’est vrai. On s’est dit les choses, honnêtement, et on a compris ce qui était le plus important. On est un groupe et il faut cinq poneys pour faire les Ponytones, pas un plus quatre, ou deux plus trois », ajouta l’étalon du duo.

Torch prit la parole à la suite de son époux. « On voudrait te remercier, Sweetie. Sans toi, je ne sais pas si nous aurions pu nous réconcilier. Alors… merci », finit-elle avant d’étreindre la licorne, un peu surprise du geste, mais agréablement.

Fluttershy et Mac s’avancèrent à hauteur des quatre et s’alignèrent, pour former une belle rangée de cinq poneys. Quand Torch relâcha Sweetie, c’est Toe qui prit la suite et la remercia, puis Fluttershy et enfin Mac.

Scootaloo siffla la fin de la récréation.

« Bon, assez de câlins, on a compris que vous étiez à nouveau amis et tout, bla-bla-bla… super ! Faites vos bagages, on part pour Salt Lick City dans une heure ! » ordonna-t-elle.

Le groupe se sépara et remonta dans ses chambres, sauf Sweetie qui se dirigea vers son amie.

« Aww, toi aussi, Sweetie ? » lui demanda-t-elle en la voyant approcher. Elle s’arrêta en face de la pégase.

« Quoi ? C’est aussi un peu grâce à toi, non ? C’est toi qui as tout géré pendant que moi je dormais ! » lui rappela Sweetie. « Si les Ponytones sont à nouveau soudés, c’est aussi grâce à leur manageuse. »

Rumble s’interposa dans la conversation. « C’est vrai, Scoots. C’est toi qui as tout organisé, c’est toi qui as forcé le groupe à se réunir et c’est toi qui as fait comprendre à Rarity ce qu’elle avait fait. Tu as aussi ta part là-dedans. Je suis fier de toi. Très très fier », la complimenta-t-il en l’embrassant sur la joue.

« Aww, arrête, j’suis gênée », dit-elle en rougissant. « Allez, viens Sweetie, fais-moi un câlin et qu’on n’en parle plus. » Elle écarta grand ses sabots et laissa son amie l’étreindre pendant quelques secondes.

« Bon, assez de ça maintenant, j’ai eu ma dose pour toute l’année », s’amusa-t-elle en la relâchant.

« Aww, alors ça veut dire que je peux plus t’en donner ? » se plaignit Rumble en faisant son regard de chien battu. Scootaloo leva les yeux au ciel et prit sa tête entre ses deux sabots avant.

« Toi, t’es le seul à avoir droit au forfait illimité », lui ronronna-t-elle avant de l’embrasser à pleine bouche, surprenant l’étalon qui ferma les yeux et amena ses sabots autour du cou de la pégase pour se fondre dans le baiser et retourner l’étreinte. Sweetie sourit, laissa les deux amoureux seuls et partit faire sa valise.

Au retour à la réception une heure plus tard, l’ambiance était d’un coup beaucoup plus détendue. Le revirement avait été rapide mais il avait suffi de peu de choses pour mettre fin à ces dix ans de séparation. Juste de se dire les choses avec honnêteté et se souvenir des bonnes choses.

Il suffisait aussi de peu pour rappeler les mauvais souvenirs.

À peine sorti de l’hôtel, une nuée de journalistes attendait le groupe, qui était généralement tranquille au lendemain de concert lors du trajet vers la gare. Même si la raison de leur présence était assez évidente au vu de ce qui s’était passé la veille, les Ponytones ne savaient pas vraiment quelle attitude adopter, alors qu’ils venaient à peine de se réconcilier. Il serait plus difficile de faire taire les rumeurs que de les démentir.

Sweetie trouva un journal à la réception et elle l’amena au groupe en leur montrant la une.

« LES PONYTONES : CLAP DE FIN ? » écrit en gros avec une photo déchirée en deux du groupe au complet.

Un cruel rappel de ce qu’était le groupe à peine quelques heures plus tôt. Un poids tomba sur les estomacs de Toe, Torch et Rarity en se rappelant de leur attitude. À peu de chose près, le point d’interrogation aurait pu disparaître et transformer la question en affirmation. Les trois baissèrent le regard.

« On… On devrait peut-être aller leur parler, au moins nous trois pour démentir et pour que ça se diffuse dans les journaux. Ne serait-ce qu’en attendant le prochain concert », suggéra Toe. Torch hocha la tête et se tourna vers Rarity.

« Qu’est-ce que tu en penses, Rarity ? » demanda-t-elle.

La licorne réfléchit quelques secondes. « Non. »

Toe et Torch ouvrirent grand les yeux, ainsi que Sweetie qui avait entendu sa réponse. La panique commença à envahir rapidement les esprits des trois poneys, jusqu’à ce que Rarity poursuive.

« Pas nous trois. Nous cinq. Mac, Fluttershy, venez avec nous, nous allons leur parler au nom du groupe. »

Quelques soupirs de soulagement se firent entendre.

Les cinq partirent faire face aux journalistes et posèrent pour quelques photos, avec des sourires moins forcés que précédemment. Un reporter plus pressant que les autres se fit entendre.

« Pourquoi avez-vous annulé le concert ? Est-ce que vous allez vous séparer ? »

Rarity ne put s’empêcher de rire avant de répondre. « Est-ce que nous en donnons l’impression ? » rétorqua-t-elle en passant un sabot à sa droite et à sa gauche, autour du cou de Toe et Fluttershy. « Nous sommes plus soudés que jamais. Nous vous le prouverons et nous finirons cette tournée. »

« Et nous pouvons aussi vous dire que nous sortirons bientôt un nouvel album », ajouta Torch en devançant les autres pour cette annonce. Mac se rappela soudainement du rôle qu’il devait jouer dans ce projet et sourit un peu moins que les autres. La pression lui revenait en pleine figure et assez violemment pour lui, qui était en charge d’écrire les paroles du futur disque.

« Et ce sera un chef d’œuvre ! Le meilleur que l’on n'ait jamais fait ! » annonça Toe en se joignant à l’enthousiasme retrouvé du groupe.

« Alors pourquoi n’avez-vous pas chanté hier soir ? » demanda le même journaliste, sortant Mac de sa panique galopante.

Les regards se firent un peu plus gênés. Rarity choisit toutefois de répondre avec honnêteté.

« Je- »

« Je vais être honnête : c’est nous qui avons décidé de ne pas chanter », la coupa Torch. « Après ce qui s’est passé à Baltimare, nous voulions faire comprendre à Rarity que les Ponytones sont cinq, pas un plus quatre », expliqua-t-elle. « Et… nous l’avons fait avec la manière forte », finit-elle avec une pointe de regret dans sa voix et dans son attitude. « Des fois, c’est ce qu’il faut. »

« Mais j’ai encore mis du temps à le comprendre », poursuivit Rarity. Elle se tourna vers Sweetie qui était resté un peu en retrait derrière et lui fit signe de s’approcher. Sweetie arriva à sa hauteur et la laissa passer un sabot autour de son cou.

« Heureusement que Sweetie m’a fait comprendre ce qui était vraiment important. C’est- »

« Pas le temps ! Merci beaucoup et au revoir ! On a un train à prendre ! » s’interposa Scootaloo en se chargeant de rappeler au groupe la raison de leur présence à l’extérieur de l’hôtel.

En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, le groupe au complet se trouva dans le train, direction Salt Lick City. À nouveau ensemble et prêts à se comporter comme tel.

Une discussion principale s’immisça très vite dans les conversations, concernant l’un des futurs projets.

« Mac, où en es-tu au niveau de l’écriture des paroles ? » s’enquit Torch, qui s’occupait avec Toe de mettre en musique ses mots. L’étalon rouge avait toujours été le meilleur pour s’exprimer, au moins sur papier.

« Ça avance, ça avance… » répondit-il rapidement, comme pour vouloir vite évacuer la question.

« Mac, si tu veux de l’aide, on peut se charger d’écrire aussi. Après tout, nous avons déjà sorti des albums que l’on a entièrement composé », expliqua Toe, un peu inquiet quant aux courts délais avant la remise des bandes de l’album à la maison de disques.

« T’inquiète pas. J’ai toujours écrit les paroles et ça changera pas. Faut… Faut juste que je remette la machine en route », dit-il pour les rassurer, sans que les autres puissent savoir quelle était la sincérité de ses mots. Mais ils savaient aussi que l’étalon était quelqu’un de confiance qui faisait toujours le travail demandé à temps, comme à sa ferme.

Jusqu’au concert, les choses se remirent peu à peu en place. Tout le monde se reparlait, certes avec prudence pour ne pas mettre d’huile sur le feu, mais avec une confiance retrouvée. Le baptême du feu des nouveaux Ponytones allait avoir lieu au Equestrian Games Stadium de Salt Lick City.

Les spectateurs s’interrogeaient après que la nouvelle de la réconciliation se soit répandue dans les médias. Certains se demandaient quelle était la part de véracité dans leurs propos et dans leur attitude. Après tout, cette tournée était très juteuse financièrement pour eux et même les pires ennemis du monde pouvaient s’accorder à devenir amis pour la moindre part de ce gâteau. Les médias étaient à l’affût aussi, guettant tout signe de la part du groupe. Pour couper court à leurs questions qui pouvaient être mal interprétées, c’est Mac qui fut envoyé en interview, ce qui en calma plus d’un.

La tension montait peu à peu à l’approche du concert, de tous côtés. Dans les coulisses, la loge qui accueillait les cinq poneys, était redevenue très silencieuse, un stress ne disant pas son nom étant présent dans toutes les têtes.

« Cinq minutes ! » cria Scootaloo en passant une tête dans la loge.

Sweetie revint quelques secondes plus tard de sa première partie, en sueur après avoir tout donné.

« Ils sont vraiment impatients de vous voir, vous auriez dû les entendre quand je leur ai dit que le concert aurait bien lieu ce soir ! » s’amusa-t-elle en s’essuyant avec une serviette.

Un petit sourire gêné passa sur les visages en se rappelant ce qu’avait été le groupe il y a à peine trente-six heures. Rarity se retourna et le duo de chanteurs fit de même, la jument des deux lui faisant un petit signe de tête.

« Sweetie, nous avons discuté et nous avons quelque chose à te proposer », commença Rarity.

Sa sœur reposa la serviette et ouvrit grand ses oreilles, curieuse d’entendre la suite. « J’espère que ça n’est pas grave », s’inquiéta-t-elle.

« Oh non, non, rien de ce genre », la rassura Rarity. « En fait, pour te remercier de ce que tu as fait pour le groupe, nous aimerions que tu te joignes à nous pour les deux derniers morceaux du concert, pas au piano mais que tu viennes chanter avec nous cinq. Que tu sois Ponytones honoraire », lui proposa-t-elle, en sachant que c’était les deux chansons préférées de sa sœur qui clôturaient le concert.

Sweetie écarquilla les yeux et peina à masquer l’excitation qui avait pris possession de son corps, la faisant faire de petits bonds sur place. « Tu es sérieuse ? Enfin c’est pas comme si je n’avais jamais fait de concert avec vous, mais c’était dans d’autres circonstances », se souvint-elle.

Fluttershy arriva devant elle avec le pull typique du groupe. Sweetie le prit dans ses sabots et l’enfila à toute vitesse. « Ça répond à votre question ? » sourit-elle. Le reste du groupe refléta son enthousiasme et s’avança vers la scène.

Fluttershy était comme toujours la dernière à se préparer à faire face au public. Torch alla s’enquérir de son état d’esprit en voyant que la pégase ne montrait aucun signe d’inquiétude, ce qui était une chose rare.

« Fluttershy, comment tu te sens ? Ça va aller ? » demanda-t-elle en se mettant face à elle.

Fluttershy lui répondit pas un petit signe de tête. « Oui. C’est bizarre, mais… pour la première fois depuis longtemps, je me sens… bien. Je sais que tout va bien se passer maintenant que nous sommes réconciliés et… j’ai même hâte de chanter. » Elle-même semblait surprise de se sentir ainsi et elle passa devant tout le groupe pour entrer la première sur scène, surprenant les quatre autres poneys.

Il y avait vraiment quelque chose de nouveau dans le groupe.

Le groupe se mit en place et chanta la première chanson, sous des applaudissements soulagés après la crainte vécue par les spectateurs quand ils avaient appris la nouvelle de l’annulation du concert précédent. Rien n’avait changé au niveau de leurs voix, toujours aussi harmonieuses, les visages étaient toujours aussi concentrés et les sourires toujours présents, toutefois un peu plus qu’à Baltimare.

À la fin de la chanson d’introduction, Rarity prit la parole, comme à l’habitude pour saluer le public présent.

« Bonsoir Salt Lick City ! Vous allez bien ? »

Applaudissements et cris de joie d’usage.

« Nous sommes les Ponytones et nous sommes très heureux d’être à nouveau sur scène, plus que vous ne pourrez l’imaginer ! Je sais que d’habitude, nous faisons cela en fin du concert mais j’aimerais d’abord vous présenter le groupe, sans qui je ne serais rien, sans qui rien ne pourrait exister. »

La lumière se tourna vers le premier membre du groupe aligné à gauche de la scène, avant de passer par chaque poney.

« Toe Tapper, Torch Song, Fluttershy et Big Macintosh ! Applaudissez-les bien fort ! »

Les applaudissements demandés arrivèrent, le groupe saluant au passage.

« Ils m’ont fait comprendre que seule la musique importait et qu’être ensemble est ce qui compte vraiment. Je suis fière de compter ces poneys parmi mes amis », finit-elle, un peu prise par l’émotion.

Une nouvelle salve d’applaudissements se fit entendre pendant qu’elle reprenait sa place au micro.

« Et applaudissez tout aussi fort Rarity, celle par qui ce groupe s’est un jour formé. Celle sans qui les Ponytones n’existeraient pas », ajouta Toe, obtenant cette fois quelques cris d’admiration de la part du public, chauffé à blanc et désormais prêt à chanter avec eux.

Des regards complices et pleins de joie s’échangèrent entre les cinq poneys et c’est à l’unisson que leurs voix se mêlèrent pour la prochaine chanson.

« This is the way

I always dreamed it would be »

Les Ponytones étaient bien de retour, comme lors de leurs plus belles années et le reste du concert se passa parfaitement, jusqu’à ce que la surprise de la soirée n’arrive.

« Et maintenant, avant la fin de notre concert », commença Rarity. « Nous voulons que vous souhaitiez la bienvenue à celle sans qui le groupe n’existerait peut-être plus, celle qui a permis que cette tournée se fasse, celle qui nous a réunis, celle qui nous a réconciliés… Vous la connaissez tous, voici Sweetie Belle ! » annonça-t-elle en montant de plus en plus haut dans les décibels sur la fin.

Sa sœur entra sur scène sous un tonnerre d’applaudissements, s’arrêtant pour saluer avant de venir étreindre pendant un court instant sa sœur puis de prendre place derrière le micro de Rarity, se partageant le même canal sonore pour leurs voix.

« All the leaves are brown

And the sky is grey»

Sur le côté de la scène, Scootaloo se réjouissait.

« Ça ferait un super album live », souffla-t-elle à Rumble, qui ne perdait pas une miette du concert.

« Y’a des fois où tu ne penses pas au business ? » sourit-il sans quitter la scène des yeux.

« Tu veux une preuve ? » lui demanda-t-elle sur un ton taquin.

« Attends au moins qu’on soit à l’hôtel, c’est ma chanson préférée », rétorqua le pégase en déployant son aile pour la passer autour d’elle. La jument se pencha contre lui et passa un sabot autour de son cou pour le rapprocher d’elle.

« Ouais. C’est la mienne aussi », lui murmura-t-elle, avant de se taire pour laisser le groupe les bercer de leurs douces voix.

« Coltifornia Dreamin, on such a winter’s day…. »

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Note de l'auteur

Réconciliés? Réconciliés! Hé oui les choses vont vite... Trop vite, me dites-vous? Peut-être, mais je ne suis pas trop fan des drames qui s'étirent sur quinze chapitres. Je crois au pouvoir du désamorçage des conflits rapidement et de la discussion, ainsi qu'au côté rationnel de chacun. Il suffit de peu pour faire basculer les choses d'un côté ou d'un autre et donc pour remettre tout dans le bon sens.

Je me justifie parce que je sais qu'on risque de me reprocher d'avoir fait monter la sauce aussi longtemps juste pour tout résoudre en un chapitre. L'histoire est loin d'être finie et d'autres drames arrivent, dont un très vite.

Côté vie réelle... je suis désormais titulaire d'une belle carte de presse m'ouvrant à des moments de grande vantardise parce que... c'est trop cool d'avoir cette carte après tant d'efforts pour l'avoir! Ah oui je suis fier. Sinon... les grandes échéances se rapprochent pour moi mais on en reparlera très vite.

Et si vous êtes arrivés jusqu'au bout de ces lignes, bravo! Merci de continuer à lire cette histoire.

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AuRon
AuRon : #39123
Félicitations ^^
Il y a 2 ans · Répondre
BroNie
BroNie : #38906
Effectivement, tu n'es pas fan des drames qui s'étirent sur 15 chapitres, puisque chez toi il se délayent sur 14. Ca n'a donc rien à voir :)

Plus sérieusement, j'ai pas grand chose à dire là. C'est dans la lignée du chapitre précédent, avec la résolution du conflit. C'est très convenu, mais ça fait le café et si ça permet enfin de passer à autre chose que "on va dans une ville/on chante/on se prend la tête/on va dans une autre ville" je serais content.

J'espère juste que les drames futurs que tu mentionnes vont pas tirer artificiellement sur les dix prochains chapitres. Mais je ne peux pas juger sans lire, pas vrai ?

Bon courage pour la suite camarade, et félicitations pour ta carte de presse.
Il y a 2 ans · Répondre

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