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Changing life

Une fiction écrite par Ponycroc.

Un menteur

Il serra encore plus fort pour entendre le bois craquer. C’était un maigre réconfort, mais ronger les pieds du lit était la seule manière qu’il avait pour passer le temps. Il avait bien eu des cerises, mais le temps passé à attendre avait bien dépassé la taille du bol, et Unique s’était jeté sur les noyaux, pour continuer à passer le temps. Il avait même pensé à se laver, histoire de faire quelque chose, mais la baignoire était malheureusement vide, et Sugar ne lui avait pas montré où aller chercher l’eau.

Au beau milieu de la pièce, il pouvait entendre certains bruits provenant des autres chambres. Des voix faibles venant de la chambre de gauche, et une voix forte dans la chambre de droite. Il pouvait aussi sentir la colère qui sortait de cette voix grave, quelqu’un était en colère, et ça pesait dans la tête d’Unique, le forçant à penser à autre chose, le pied du lit dans la bouche.

Il avait fouillé la chambre de fond en comble. Retourné l’entièreté des armoires. Dans la petite commode près du lit, il y avait une brique faite avec plein de feuilles de papier ; des choses étaient inscrites dessus, mais restaient incompréhensibles pour le changelin. Dans l’armoire de la salle de bains, il trouva une boite de pansements comme ceux que mettait Sugar sur sa plaie. Il voulut changer son bandage ; autant parce que sa blessure le démangeait que pour simplement passer le temps.

La jument lui avait dit qu’il pouvait tomber son déguisement, personne n’allait venir après la visite de l’hôtelière. Il défit ses bandages, et s’expérimenta dans l’art des soins personnels. L’infirmière faisait ça tellement facilement, mais Unique avait une extrême difficulté à reproduire son travail. C’est en se piquant plusieurs fois avec une épingle qu’il comprit devoir attendre la pégase pour pouvoir ravoir un bandage correct. Même à l’aide de sa magie, il ne réussit qu’à faire un nœud grossier autour de son épaule… elle allait encore se moquer de lui.

Se regardant dans le miroir, il secoua la tête en voyant son bandage ridicule. Il s’entoura de flamme et c’est le regard bordeaux de Sugar qu’il vit dans le miroir.

« Tu es vraiment perdu sans moi ! » Dit-elle en riant.

« Ce n’est pas vrai Sugar, c’est parce que je ne suis pas habitué à cette nouvelle forme. »

Elle le dévisagea lourdement. « Tu seras toujours comme ça Unique. »

Le changelin ferma les yeux, tentant de trouver une excuse. « Il faut juste que je retrouve la matriarche. »

Des flammes vertes tourbillonnaient, faisant voler l’apparence de la jument pour une reine au regard dur. « Qu’est-ce que tu attends comme réponse ? » lui demanda la reine des changelins.

« Une solution, le moyen de tout réparer. »

Elle le regarda en fronçant les sourcils, comme si elle ne comprenait pas ce qu’il disait. « Pourtant cette forme te convient parfaitement. Tu es fort, puissant, indépendant, pourquoi tout vouloir abandonner ? »

Il posa son sabot sur le verre froid, voulant sentir un contact avec elle. « Parce que j’ai peur seul. » Pendant un instant, il vit le regard doux et chaleureux de sa mère, avant de se cacher derrière des flammes et de changer pour des yeux froids, pleins de suspicions.

« Tu as tué ce poney ! »

Unique se renfrogna aussitôt avant de fusiller Flow le garde du regard.

« Je n’ai rien fait !

— À d’autres. Il n’y a qu’un monstre comme toi pour avoir fait ça. Et quand Sugar aura enfin compris ça – et elle le saura bien assez tôt – tu devras te débrouiller seul ! »

Unique siffla face au visage moqueur du soldat avant de jeter son sabot dans sa direction.

Le déguisement disparu au moment où la douleur parcourue sa patte. Il ne restait plus que lui, face à son reflet brisé, sa vraie apparence.

Ce moment de silence, permit à un certain poney très bruyant de se faire entendre encore plus, toujours haut en voix et en colère. Le changelin n’avait aucune empathie, mais force était de constater que la rage du poney avait l’air de l’irriter tout autant. Elle lui rentrait dans le crâne, l’incitant à éprouver cette même émotion contagieuse. Le récepteur était peu favorable à accepter une émotion aussi lourde et chargée, mais il n’arrivait pas à s’en défaire. Il n’avait plus le choix, pour éviter de se retrouver submerger par l'afflux, il choisit de s’en nourrir, comme pour la contrôler.

S’il drainait suffisamment de colère dans ce poney, il réussirait à le faire taire. Il pouvait le faire après tout, les murs étaient assez fins pour le permettre. Unique se rapprocha du mur de la salle de bain, en se plaquant contre celui-ci, à côté du miroir. Il ferma les yeux pour faire appel à la magie changelin, et sentir ses sens se décupler encore plus qu’à l’habitude. Les sentiments avaient un goût et une odeur, mais ils avaient aussi une couleur, et c’est les yeux fermés qu’Unique put voir des effluves de couleur rouge se propager depuis la cloison qui séparait les deux chambres. Enserrant sa magie autour du nuage, il l’emprisonna les volutes, puis, tenta de remonter jusqu’à la source.

Il entra en contact avec un point brûlant, c’était sûrement ça la rage. Ne semblant toujours pas vouloir s’arrêter, l’émotion que le poney dégageait était de plus en plus oppressante pour le changelin, allant jusqu’à le priver d’oxygène. Unique arrêta ses vaines tentatives pour résister à l’appel et força un peu plus sur son pouvoir pour envelopper la boule de colère.

Le poney sursauta légèrement, face à la licorne qui gardait toujours le regard baissé, les yeux en pleurs.

« Ce n’est pas ma faute si je me suis trompée dans les billets, tout le monde peut faire des erreurs. » Se justifia-t-elle, sachant pertinemment qu’il n’écouterai rien.

« Mais oui, tout le monde peut faire des erreurs ! » Répéta-t-il plus fort, avant de devoir s’interrompre pour reprendre son souffle. « Ce n’est pas comme… comme… comme si on n’était totalement à l’opposer d’où on voulait aller. » Il s’assit à même le sol, épuisé.

« Est-ce que ça va chéri ? » s’enquit la licorne. Le poney secoua la tête pour chasser les taches noires qui dansaient devant ses yeux. « Il faut que tu te reposes, je vais aller à la gare, commander des tickets pour Manehattan.

— Te… te trompe pas… fois ci… » Il voulut se diriger vers le lit, mais s’écroula lourdement sur le sol avant, vidé de ses forces, et surtout, de sa colère.

« Chéri ! » la licorne secoua le poney qui était évanoui.

Unique recula brusquement, glissant sur le sol et tombant dans la baignoire. Encore sonné, il resta dedans, en se frottant la tête. Que s’était-il passé ? Unique avait du mal à l’expliquer. Il se rappelait avoir commencé à drainer l’émotion excessive du poney, mais il n’avait plus réussi à se contrôler, laissant son pouvoir siphonner le poney à l’excès. Il ne savait pas la raison qui l’avait poussé à continuer le drain alors qu’il connaissait parfaitement les risques. Il ne voulait pas le blesser, juste le faire taire, mais le désir avait été plus fort que lui, il n’avait plus voulu s’arrêter.

Il pouvait toujours entendre la licorne crier, suivi par des bruits de sabots qui montaient à l’étage, la patronne de l’hôtel appelant aussitôt les urgences. Unique ne savait pas ce que c’était, mais ça n’allait sûrement pas être quelque chose en raccord avec la discrétion dont Sugar voulait qu’il fasse preuve. En se collant un sabot sur le front, il remarqua être dans de l’eau ; un gros tuyau qu’il avait heurté dans sa chute laissait échapper le liquide chaud sans retenue. Il avait enfin trouvé de quoi passer le temps.

Une heure, peut-être deux que Unique était sous le lit à attendre Sugar. Les poneys de la chambre d’à côté avaient des émotions trop bruyantes. Depuis que le poney s’était rétabli, la licorne n’avait pas arrêté de balancer entre la tristesse et la joie du réconfort. Unique en était presque devenu malade de ce mélange d’odeurs. Il avait froid, sous le lit ; le seul endroit qui se voulait encore silencieux. Il n’avait pas trouvé les serviettes dans la salle de bains, et était donc resté sous le lit à attendre de sécher.

Les bruits étaient toujours présents dans sa tête, mais il n’avait plus trop de difficultés à les supporter depuis qu’il s’était nourri. Peut-être qu’il y avait été un peu fort. S’il n’avait pas arrêté son drain, il aurait pu tuer ce poney, juste avec sa magie. Unique se prit la tête entre les sabots. Depuis quand il s’inquiétait des poneys ? Qu’il meure, qu’il souffre, Unique s’en fichait… mais pas Sugar. Si elle apprenait ce qui était arrivé, elle allait lui passer un de ces savons. Justement, des pas se firent entendre, mais Unique avait trop peur pour sortir de dessous le lit. La clef cliqueta dans la serrure, la porte s’ouvrit, il pouvait voir ses sabots de là où il était.

« Unique ?! » Son odeur avait pris le pas sur toutes les autres, maintenant, il ne sentait plus qu’elle, et elle semblait triste. Triste quand elle avait appris ce qui était arrivé au poney d’à côté. Il n’osait pas faire de bruit. Il la vit se diriger vers la salle de bains, avant de revenir et de l’appeler à nouveau, il sentait son inquiétude, s’apparentant au stress. « Unique, c’est toi sous le lit ? » Elle l’avait trouvé, mais il ne répondit rien. En baissant la tête, Sugar pouvait voir sa croupe. Elle remonta jusqu’à la tête du lit en s’allongeant pour pouvoir voir correctement le visage du changelin. « Tu vas bien Unique ? » Il hocha la tête, mais ne réussit pas à convaincre la pégase. «Ouais, j’peux comprendre. Je suis là, ça va aller, tu sais. » Il se détourna de la jument. « D’accord, je serais juste au-dessus. Viens me voir quand tu auras fini. » Elle se releva et s’installa dans le lit.

C’était bizarre. Pas de colère, pas de reproche, pas de menace, pas la moindre question, ou plutôt si, une question, s’il allait bien. Unique inspira pour sentir de la peine. Était-elle encore plus triste que lui ? L’avait-il déçue à ce point ?

Il rampa hors de dessous le lit et croisa son visage sur les coussins. Elle le regardait avec un œil au beurre noir, la marque faisait toujours autant mal à Sugar qu’à Unique. Quelle était la question qu’elle lui avait posée il y a peu ? « Tu vas bien Sugar ? » Elle eut la même réponse que son silence de tout à l’heure. Ne sachant pas quoi faire, il s’assit devant elle, en gardant le silence et en la dévisageant.

Sugar sourit du changelin. Il resterait sûrement là à la regarder si elle ne faisait rien. À contrecœur, elle se releva du lit pour se mettre en position assise. Elle respira longuement, cherchant au fond d’elle la force de dire les mots.

« Unique, je suis désolé, mais… je crois que j’ai fait une erreur… » Une larme coula le long du visage du changelin qui sentait son cœur se briser. Non, elle ne pouvait pas lui dire qu’elle l’abandonnait. Elle n’a pas le droit, elle doit l’aider. « Mon plan de sortie… on ne peut plus passer par là. » Il lâcha un long soupir de soulagement. Ce n’était que ça…

« Ouf.

— Ouf ? Ça te fait plaisir que je te dise que je ne sache plus comment de faire sortir d’ici ? » Il se reprit très vite.

« Non non, c’est juste que je pensais que la situation serait encore plus grave…

— Mais elle l’est… je ne vois pas comment te faire sortir d’ici.

— Attends, explique-moi quel est le problème. »

La jument dégagea une mèche de crin avant de reprendre son souffle, elle avait l’air de paniquer.

« J’ai trouvé Flow au poste de garde…

— Tu as été le revoir ? » Unique avait posé cette question avec une pointe de colère. Sugar haussa un sourcil, mais il changea vite de conversation. « … et donc, qu’est-ce qu’il s’est passé après ?

« Donc le poste de garde se situe pas très loin de la gare… vraiment pas loin. Il m’a présenté un peu à tous ses collègues. Ils sont une douzaine, et encore, ça c’est en fin de journée, pour la nuit. Le jour, il y en a deux fois plus.

— D’accord, mais je ne vois pas pourquoi paniquer. Je suis un changelin Sugar, on passera facilement pour prendre le train. » Elle baissa son visage en peine. Pourquoi diable n’avait-elle pas confiance en lui ?

« Ils ont un sort capable de démasquer les changelins… Ils examinent chaque personne voulant entrer dans un train, même les ouvriers du train et les gardes le sont régulièrement. On ne pourra pas partir Unique.

— Non, ça ne sera pas un problème. il faut… il faut juste qu’on réfléchisse à un plan. au pire… on attend encore quelques jours. » La jument redressa brusquement la tête.

« Tu n’as rien remarqué quand Flow nous a parlé du poney décédé dans sa cave tout à l’heure ? » Unique restait silencieux, fronçant les sourcils pour feindre l’innocence. Pourquoi parlait-elle de ça maintenant ? « Quand Flow le décrivait… tu ne trouves pas qu’il ressemblait beaucoup à la première apparence que tu avais ?

— Quoi ? Sugar, qu’est-ce que tu vas imaginer là ?

— Unique, tu es un changelin…

— Oui, et je peux inventer des apparences, c’est bien ça.

— Unique…

— Sugar, je n’ai pas fait ça. Je n’étais pas le seul changelin durant l’invasion ! » Sa voix avait monté dans les tons sans qu’il ne s’en aperçoive.

« Unique ! Comment pouvais-tu connaître l’apparence de ce poney, et même sa marque de beauté si tu ne l’as jamais vu ?

— Le hasard ! » Il avait écarté les bras, comme pour montrer qu’il ne cachait rien. Sugar prit un air de plus en plus sombre. Il pouvait la sentir, mais ne comprenait pas. Elle n’était pas en colère, pas pleine de rage face à tous ses mensonges. Elle ne dégageait que de la peine, de la tristesse. Se pourrait-il qu’elle ne soit juste déçue par son mensonge ? Elle reprit d’un ton monocorde, dénué de toute émotion. Comme ci, elle venait de fermer un robinet, Unique ne pouvait plus sentir la moindre émotion s’échapper de son corps.

« Unique… ne me mens pas. Il n’y a pas de hasard pour ce genre de chose. Alors, maintenant, dis-moi… qu’as-tu fait à ce poney ? » Unique soupira longuement, réfléchissant à chaque mot qu’il allait utiliser. La pégase le dévisagea toujours d’un regard dur. Un regard qui ne lui allait pas, pourtant, il avait un effet des plus désagréables sur l’interrogé. Pourquoi fallait-il en arriver là.

« Comme je te l’ai dit Sugar, je n’étais pas le seul changelin… j’étais poursuivi par des soldats… des soldats comme ton ami Flow d’ailleurs. J’ai vu une porte ouverte… la cave, ça paraissait être le meilleur endroit pour se cacher. » Sugar ferma les yeux, incapable de le regarder raconter son histoire. Unique s’approcha silencieusement d’elle. Il chuchota : « Quand je l’ai trouvé, il n’y avait déjà plus qu’un corps froid qui me dévisageait. Je suis resté tout le reste de la journée à l’intérieur de cette cave, avec ce poney qui m’observait. » Sugar ouvrit les yeux, pour tomber naseau à naseau avec un monstre des plus triste.

« Tu veux dire… que tu as trouvé ce poney alors qu’il était déjà…

— Oui, je te l’ai dit Sugar, il y avait plusieurs changelins durant l’invasion.

— Pourquoi ne l’as-tu pas dit plus tôt alors ?

— Sugar, tu crois vraiment que je t’aurais parlé de mes frères qui ont tué un de tes semblables comme ça ? Tu crois que c’est facile pour moi. » Il s’était écarté, blessé par la question de la ponette.

« Unique, promets-le-moi !

— promets ? » Il posa un sabot troué sur son menton.

« Oui, c’est quand tu t’engages devant Celestia… ou ta reine que ce que tu dis est dénué de tout mensonge. On ne promet des choses que quand la personne en face de toi compte. C’est une preuve d’honnêteté et de confiance. Alors, maintenant Unique, promets-moi que tu n’as rien à voir avec la mort de ce poney. » Le silence s’étira. S’engager devant la reine ? Elle aurait surement voulu qu’il mente. Qui comptait pour lui, sa matriarche, ou cette ponette en face de lui ?

« Je te promets que je n’ai rien à voir avec la mort de ce poney, Sugar… » Il avait gardé la bouche ouverte, comme voulant ajouter quelque chose. Mais rien ne vint. La pégase l’observait toujours, assise sur le lit, le regard lourd. Il pouvait à nouveau enfin sentir ses émotions déborder de son corps ; toujours cette peine, mais maintenant, il y avait de la colère. Unique ne reconnaissait plus celle qui l’avait hébergé sous son toit. « Je te le promets. » Répéta-t-il, au cas où elle n’aurait pas entendu. La jument finit par lui tourner le dos pour réfléchir. Il ne savait plus quoi faire à part attendre, mais plusieurs minutes vinrent à bout de sa patience et de celle de Sugar aussi il semblerait. Un long bruit de gargouillement s’échappa du ventre de la pégase qui le réprimanda silencieusement.

« Je vais chercher quelque chose à manger. » Déclara-t-il en se relevant. Il ouvrit la porte juste après avoir fait réapparaître un pégase bleu foncé. « Je ne serai pas long… » Mais la jument ne semblait même pas l’écouter.

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Unique inspectait l’assiette qu’on lui avait donnée. Deux grosses tartines avec ce qui semblait être de l’herbe… sûrement la même herbe qu’il y avait dans jardin où la pégase blanche l’avait soigné. Il espérait qu’elle ne soit pas aussi regardante et dégoutée que lui face à un tel repas. Elle semblait loin l’époque où c’était la matriarche qui le nourrissait.

Il frappa à la porte de la chambre, là où il était resté, hésitant, durant plusieurs minutes interminables. Aucune réponse ne vint, mais ça, il s’y était attendu, même si pendant une seconde, il imagina qu’elle était partie. Loin s’en fallait, elle était toujours là, sur le lit. Mais cette fois-ci, le changelin étouffa quand une vague de tristesse lui refoula au visage. Les sensations étaient épaisses, glaçantes. Elles s’immisçaient dans son corps pour le tirailler de l’intérieur. Pris par surprise, il faillit laisser tomber l’assiette en se crispant de douleur, mais c’était sans compter sa résistance.

Il réussit à rester impassible quand Sugar l’observait du coin de l’œil. Elle venait de pleurer. la créature se plaça juste devant elle qui gardait la tête baissée. Déposant l’assiette juste à côté d’elle sur le lit, il s’assit de nouveau en ôtant son déguisement et attendit qu’elle réagisse. Mais absolument rien ne se passa, elle resta figée comme une statue.

« Sugar… je te l’ai promis. Maintenant il faut que tu manges.

— Le voilà qu’il se prend pour maman. » Grommela-t-elle, toujours la tête baissée.

« Sugar, tu vas manger tout de suite !

— T’es pas ma mère ! » Elle ne l’affrontait toujours pas du regard, mais Unique pouvait enfin la sentir réagir à ce qu’il disait, ça lui faisait du bien.

« Et si je demande gentiment ?

« Gentiment ? Vous savez faire ça vous les changelins ? » Il ignora complètement le commentaire désobligeant.

« C’est un ordre Sugar !

— Tu crois vraiment que je vais obéir au premier monstre venu ? » Une lueur verte éclaira la chambre, juste avant que Unique demande :

« C’est comme ça que l’on parle de ses dirigeants ?! » Prise de curiosité, elle redressa la tête pour faire face à la princesse Célestia en personne.

« Ça aurait sûrement eu plus d’effet si tu n’avais pas gardé ta voix.

— Je ne l’ai jamais entendu. » Dit-il en recopiant la voix de Sugar.

« Hey t’as pas le droit !... C’est le vrai crin de Célestia ? » La princesse roula des yeux et lui dit d’une voix grave d’étalon :

« Oui, c’est sa perruque que j’ai été lui demander. » Sugar le regardait avec les yeux écarquillés, la bouche grande ouverte. « Quoi, elle est de travers ?

— Nan… c’est juste… ça fait bizarre de voir la princesse Célestia dans ma chambre en train de parler avec ta voix de nigaud. » Le feu magique fit disparaitre la princesse pour offrir le reflet de la jument.

« Ça fait bizarre de voir Sugar faire la tête. » Dis la fausse Sugar à la vraie. Celle installée sur le lit soupira longuement avant de reprendre son sérieux.

« Unique, je voudrais te croire… je voudrais tellement penser que ce que tu dis est la vérité, mais… tu es un changelin. »

Ce fut à son tour de lâcher tout l’air qu’il avait dans les poumons. Il fallait faire preuve de tact. Il se rapprocha de la jument, elle n’avait pas peur, elle n’avait jamais eu peur de lui. Il monta sur le lit pour être à la même hauteur qu’elle. Pourquoi commençait-elle à hésiter ? Pourquoi se posait-elle ces questions maintenant ? Avait-t-elle peur que le changelin reste avec elle trop longtemps ? La véritable ponette regardait la fenêtre face à elle ; le soleil commençait lentement à décliner.

« Je ne suis pas… je ne suis plus un changelin, du moins, plus celui que j’étais avant. Je suis seul, et j’ai besoin d’aide. J’ai besoin de ton aide. »

Elle pivota sur le lit pour fixer son regard du même bordeaux. Il continua :

« Tu as toujours été là pour moi. S’il te plait, ne m’abandonne pas. Il faut que je parte, alors on trouvera une solution, mais s’il te plait, aie confiance en moi ! »

La jument ne bougeait pas d’un cil, elle était assise sur le lit, toujours à observer son reflet. Elle finit par ouvrir la bouche, mais quand Unique pensait recevoir une réponse, il n’eut qu’un long sanglot avant qu’elle ne tombe en larmes dans ses bras.

L’émotion lui piquait les yeux, elle se répandait sur tout son corps, lui donnant une impression de saleté, mais pourtant, il ne se déroba pas. Le changelin restait auprès de la pégase qui l’avait toujours aidé et soutenu. Elle pleurait. Celle qui avait toujours caché un grand nombre de ses émotions et les retenait quand le besoin s’en faisait sentir, toujours pour cacher ce qu’elle éprouvait réellement. Et maintenant, elle pleurait. Elle craquait, elle lâchait tout ça.

« J’ai peur Unique, j’ai peur de ne pas réussir à t’aider, j’ai peur de ne pas savoir qui tu es, j’ai peur de me tromper sur toi… J’ai peur de réaliser tout à coup que je suis en train de faire une grosse erreur. » Elle continuait à pleurer, le visage enfouit contre le poitrail de l’étalon jument. Celui-ci ne pouvait que l’entourer de ses sabots, le temps qu’il faudra.

Le goût qu’il avait sur la langue était écœurant. Pourtant, c’est la première fois qu’une émotion lui donnait envie de vomir. Peut-être que ce n’était pas la tristesse en général, mais celle de cette ponette en particulier…

« Fais-moi confiance Sugar, fais-moi confiance. »

Les sanglots diminuaient au fur et à mesure que le temps avançait. Il faisait presque noir dehors. La jument était toujours serrée contre son sosie. Le silence avait été la seule réponse utile depuis longtemps.

Elle releva lentement la tête pour faire face à celui qui la tenait toujours par les épaules, ses yeux étaient rouges d’avoir pleuré, ce qui faisait encore plus ressortir le rouge de ses iris. Elle eut un sourire, en réalisant enfin qu’elle s’était blottie contre son reflet. Ca faisait une drôle d’impression.

« Est-ce que ce serait un eu de joie que je sens en dessous de toutes cette tristesse ? »

La jument ne put camoufler un second sourire avant de serrer Unique dans ses bras. Il était resté là, pendant qu’elle pleurnichait, il avait pris sur lui et attendu qu’elle finisse ses minauderies.

« Pardon, j’ai été idiote.

— Mais non.

— Si !

— Je suis toi, alors je te dis que non et tu dois me croire. »

Elle gloussa. Avant de se reculer un peu pour contempler le déguisement du changelin. Tout y était. Sa queue bicolore avait exactement les mêmes teintes noires et bordeaux sans un ton de différence. Il ne semblait pas avoir un poil de crin en trop ou en moins. Une marque de beauté identique. Son visage lui rendait le même regard qu’elle. Même ses quelques petites taches de rousseur bordeaux sur ses naseaux étaient à leur place. C’est à se demander s’il avait le même nombre de cils qu’elle. Son corps correspondait dans les moindres proportions.

« Mes flancs sont aussi larges ? » Demanda-t-elle douteuse.

« Je suis toi à l’identique. » Dit-il avec fierté.

« C’est une drôle de façon de me dire que je devrais perdre du poids.

— Pourquoi tu ne le fais pas ? »

La jument roula des yeux.

« Parce que c’est pas aussi simple pour nous que pour toi. Mais je dois avouer que ça doit vraiment être bien de pouvoir faire comme toi. Tu peux faire qui tu veux ?

— À condition de l’avoir déjà vu, je peux imiter la personne à l’identique.

— Mais tu n’as jamais vu Celestia, si ?

— J’ai vu une affiche pendant qu’on marchait.

— En un seul regard, tu peux devenir la copie conforme ?

— Oui, regarde, sur l’affiche il y avait aussi l’autre alicorne. » Sugar plissa des yeux face à la lumière vert fluo qui émanait tout autour du changelin, mais le feu fut très vite atténué par une robe et une crinière aux couleurs plus sombres.

La princesse Luna se tenait assise devant la jument. Celle-ci n’en revenait toujours pas, elle voulait en avoir le cœur net. Elle approcha son sabot de la crinière éthéré et tira dessus.

« Ouille, t’es au courant que tu me tires le crin ? » Elle pouffa légèrement, toujours aussi fascinée.

« On dirait que c’est la même crinière, pourtant, quand on touche, c’est tout bizarre.

— Je ne vais pas t’expliquer toute l’astuce, mais ce qu’il faut savoir, c’est que ça reste un déguisement, pas une transformation complète.

— Oh tu peux imiter ma cousine s’il te plait ? La licorne verte avec… »

Il la coupa aussitôt.

— Une crinière blonde, les yeux bleus, une tarte au sucre comme dessin.

— Oui, c’est bien elle.

— Il y a aussi l’oreille gauche un peu plus grande que la droite, les pattes postérieures plus courtes que les antérieurs, deux centimètres en plus que toi, une petite égratignure sur le bout de son sabot gauche avant.

— Euh… oui, sans doute. » Sugar n’était sûr de rien, mais lui semblait la connaître par cœur.

— Oui, sans problème. » Les flammes vertes léchèrent le corps de la princesse Luna pour le réduire de plusieurs centimètres avant de dévoiler une ponette familière à la pégase. « Bonjour Sugar, qu’est-ce que je te sers aujourd’hui ? »

Sugar se mit à rire. Voir sa cousine apparaitre juste ne face d’elle, était vraiment incroyable. Une idée lui vint à l’esprit.

« Est-ce que tu peux inventer une apparence si je te donne les détails ? »

Il eut l’air de réfléchir.

« Oui, mais il me faudra le plus de détails possible pour rendre la forme plus crédible. »

Elle eut un regard sûr.

« Oh ne t’inquiète pas pour ça. »

Sugar commença à lister chaque partie du corps qu’elle imaginait de la même manière que Unique avec le déguisement de sa cousine. Rien n’était oublié, elle semblait avoir imaginé cette apparence dans les moindres détails. Unique pouvait jouer sur les tailles, et bien ça tombe bien, elle avait les mesures en tête. Après avoir tout listé, le changelin ferma les yeux pour se concentrer sur sa nouvelle forme. La jument assise sur le lit ne cacha pas son impatience, trépignant des sabots avant.

Son cœur battait à toute vitesse, une pensée folle se réalisait. Enfin ce visage qu’elle avait connu depuis longtemps allait se matérialiser devant elle. Elle n’en revenait pas. Mais était-ce une bonne idée ? Un doute s’immisça lentement dans la tête de la pégase : est-ce qu’elle avait vraiment envie de le revoir ? Oui, bien sûr que oui ! Mais ça n’était peut-être pas une bonne idée pour autant…

L’angoisse au cœur, elle reporta son regard sur le pégase qui était apparu en face d’elle. Elle le savait maintenant, c’était une mauvaise idée. En face de lui, elle secouait la tête, qu’avait-elle fait ?

« Qu’y a-t-il Sugar ? Il est raté ? » Sa voix sonnait faux dans ce corps si parfait. Elle se jeta dans ses bras, les larmes aux yeux.

« Ferme-la ! » De gros sanglots faisaient tressaillir son corps. Encore une fois, elle se serra contre lui. Unique trouvait que ça commençait à devenir répétitif, mais il n’irait jamais contre un contact aussi agréable avec elle. Même si c’était pour qu’elle déverse tout cette tristesse écœurante sur lui. Néanmoins, il pouvait sentir quelque chose de différent. Ces larmes étaient devenues pétillantes, comme si elles ne refermaient plus de la tristesse, mais de la joie.

Elle plaça son visage dans le creux du coup de l’étalon beige. Passant son sabot dans sa crinière mauve. C’était lui, exactement lui. Pas le moindre défaut en vue, il était parfait, et ça emplissait le cœur de Sugar de joie, mais aussi de peine.

« Smile… Unique. » Elle défit son étreinte pour le fusiller du regard. « Ne change rien, ne dit rien, ne bouge pas. Arrête tout, ne fais plus rien. S’il te plait, ne dis rien. Ne fais surtout rien. » Ses paroles ne s’arrêtaient pas et elle commençait à cafouiller sur ses phrases. Voyant qu’elle perdait le rythme de ses avertissements, elle ressentit de longs sanglots lui déformer le visage. « Mais s’il te plait, ne dis rien, ne bouge plus, reste comme ça. Je t’en supplie, laisse-moi encore un moment, ne pars pas, reste là, je t’en supplie ne m’abandonne plus ! » Elle avait hurlé cette dernière phrase à la face du changelin qui n’avait pas dit un mot depuis qu’elle lui avait ordonné de se taire.

Elle ne voulait rien entendre, elle ne voulait pas voir l’illusion se briser. Smile Dust était là. Elle avait peur, elle n’arrêtait pas de respirer de manière effrénée. Il allait partir, il ne serait plus là dans quelques secondes se répétait-elle intérieurement. Il portait encore une de ses vestes. En tant que militaire, il adorait les habits formels. Elle n’osait plus parler. Se contentant de se remémorer la meilleure façon de l’aborder.

Elle se contenta de se jeter sur lui. C’était lui, il était là, pourquoi se priver ? Le pégase beige fut projeté dos contre le lit. Il ne dit rien, il ne bougeait plus. Unique avait compris son petit jeu et ça ne lui plaisait pas. Car on se servait de lui.

« Pitié, encore quelques minutes s’il te plait. » Elle ne lui laissa même pas la parole. Et se jeta sur lui en le serrant fort contre elle. C’était lui. Entre les bras du poney, elle n’était plus seule. Elle pouvait enfin se reposer, arrêter d’oublier, de faire semblant, et pour la première fois, s’en souvenir.

L’étalon avait les yeux rivés sur le plafond, ne cherchant pas à savoir ce que la jument faisait. Oui, elle était là, oui, elle était heureuse de le voir. Mais tout ça n’était qu’un mensonge, une farce. Et pourtant… elle voulait se faire berner.

Le visage de la jument apparu dans son champ de vision. Elle semblait heureuse, et il le sentait. Tout ce qu’elle avait fait pour lui méritait bien qu’il lui offre ce cadeau ? Mais ça revenait à lui mentir. Elle approcha ses lèvres. Elle le savait, c’était Unique. Fermant les yeux, elle s’allongea sur lui pour être au plus près. Elle ne faisait pas semblant, elle savait que ce poney n’était plus là. Plus qu’un battement de cœur séparait leurs deux bouches. C’était un changelin.

L’amour était différent. Bien plus quand on était le bénéficiaire. Il semblait illimité, impossible à contenir complètement. Sa chaleur était telle qu’elle brulait presque le corps de l’étalon. Pourtant rien ne semblait désagréable. Aucun étouffement n’était à déplorer. Une sensation frétillante agissait sur tout son corps, le laissant presque euphorique. Il était là, et il bénéficiait d’un amour… d’un mensonge.

C’était ce qu’il était après tout, un menteur, un monstre, un parasite. Ne cessant jamais de vivre avec les sentiments des autres. S’amusant à les faire espérer pour ensuite aspirer tout ce qu’ils étaient. Cette vie, il l’avait toujours vécu, mais maintenant, c’était différent. Avec cette jument, c’était différent.

Mais elle. Elle semblait vouloir qu’on lui mente. Elle désirait plus que tout qu’on lui cache les choses. Qu’on ne lui laisse que le bon côté. Elle avait peur au fond, mais elle se cachait, et faisait comme si de rien n’était. Unique était désolé. Désolé de rentrer dans son jeu, et de lui offrir tous les mensonges qu’elle désirait.

Le baiser continua encore plusieurs secondes, durant lesquelles, le silence triomphait. Le changelin ne voulait plus la manipuler, il ne voulait plus la laisser espérer l’impossible. Même s’il était en train de vivre l’une des choses les plus belles de sa vie, il ne pouvait en supporter davantage.

Elle voulut reculer l’espace d’une seconde, il en profita pour arrêter tout ce cinéma. Le feu démarra d’en bas pour remonter lentement le long de son corps, Sugar ne semblait pas y faire attention, et Unique dut mettre un sabot sur sa poitrine pour l’empêcher de recommencer à l’embrasser. Les flammes léchèrent lentement son visage, face à celui horrifié de la jument, la plaisanterie avait assez duré. Elle restait paralysée, incapable de prononcer le moindre mot. Il était là ! Elle pouvait le voir ! Mais la seconde d’après, il n’y avait plus rien. Plus le moindre souvenir.

« C’est moi Sugar… »

Oui, c’était toujours lui. Le changelin. Celui pour lequel elle se battait. La personne qui a bouleversé sa vie presque autant que Smile Dust. Il venait de la ridiculiser, de profiter d’elle sans scrupules, ni remords. Il savait comment faire mal, et il n’était bon qu’à ça.

Fronçant les sourcils, elle voulut le cingler d’insultes, mais s’arrêta au dernier moment. Il la fixait, sans peur, ni tristesse, mais elle pouvait voir de la colère dans son regard. Une boule lui serra la gorge. Que venait-elle de faire ?

Elle s’éloigna vivement de Unique en réalisant où elle se trouvait. S’emmêlant dans ses sabots comme dans ses paroles, elle tomba sur le postérieur à l’autre bout du lit, secouant la tête en repensant ce qu’elle avait fait. C’était un peu sa faute quand même, il reste bon dans son domaine, et il est facile de s’y faire prendre, même si on vient juste de le voir se transformer. C’était juste un test, juste de la curiosité. Sugar avait beau retourner l’histoire dans sa tête, elle n’arrivait pas à justifier ce qu’elle venait de faire. Elle regarda par la fenêtre. Le soleil n’était plus visible, mais il éclairait encore le ciel qui commençait à se garnir d’étoiles. Elle ramena ses yeux bordeaux sur ceux verts du changelin. Il était temps d’arrêter de mentir.

« Je ne sais plus quoi faire Unique. »

Il respira un grand coup. Pas de colère, pas de pleurs, cette fois-ci, il y avait de la peur. Peur de qui ? Pas de lui. Elle n’a jamais eu peur de lui. Peur d’elle, de ce qu’elle venait de dire. Elle avait enfin arrêté de mentir, et maintenant, elle était nue devant lui. Se sentir vulnérable face à quelqu’un, le changelin pouvait facilement comprendre son état.

« Comment peut-on sortir de là si la seule sortie que j’avais jugée sûre ne l’est pas ? » Elle posa les yeux sur le changelin, remarquant enfin son bandage à moitié défait. « Comment est-ce que tu as fait ça ? » Demanda-t-elle avec le sourire. Elle n’attendit pas de réponse et s’approcha de lui pour examiner le pansement sommaire. Venait-elle encore de négliger son patient au point de le laisser avec ça sur le bras sans même le remarquer ? « Tu peux me prendre mon sac s’il te plait ? »

La corne du changelin brilla d’une lueur verte et le sac de la pégase qui était dans le fond de la pièce s’entoura d’un halo du même vert maladif. Le sac se mit à flotter dans les airs et atterrit doucement près de la jument qui sourit.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » Demanda-t-il curieux. Elle pouffa discrètement avant de dire :

« Je me souviens que ce matin encore, tu ne voulais pas me montrer si tu savais faire léviter les objets ou non. »

Cette jument était incroyable. Elle arrivait à pleurer et à rire la seconde d’après. Elle semblait être capable de faire abstraction de tout sentiment quand son devoir l’appelait. Et même sans ça, elle pouvait facilement ignorer certaines choses pour ne pas être distraite. Et pourtant, elle était tellement fragile. Derrière cette carapace, Unique l’avait vu à fleur de peau, si sensible, si faible. Mais elle était là pour lui quand il en avait eu besoin.

Le bandage terminé, elle prit la patte du changelin pour l’examiner, tirant dessus, et la levant le plus haut possible. Ses quelques sifflements légers lui indiquaient qu’il ne souffrait plus tant de la douleur. Il guérissait incroyablement vite. Même si ça avait pris du temps, une plaie comme celle-ci n’aurait pas pu se résorber en seulement trois jours. Par sécurité, elle lui administra quand même un antidouleur.

« Ça devrait aller comme ça. Demain tu n’auras sûrement plus besoin du bandage, il faudra juste que tu le gardes pour plus de discrétion.

— Il faut dormir ! »

La jument dressa un sourcil.

« Quoi ? Comme ça, maintenant ? Et comment on fait pour partir ? On n’a même pas réfléchi à un plan.

« Oui maintenant, on cherchera un plan demain. »

L’air déterminé du changelin faisait douter Sugar.

« Mais… non. Il y a encore beaucoup de choses à dire, je ne vais pas dormir comme ça, s’il te plait Unique pardo… » Il mit un sabot sur sa bouche, elle allait se remettre à pleurer. Mais il n’allait pas la laisser faire.

« Non Sugar, il faut dormir. La journée a été dure, autant pour toi que pour moi. S’il te plait, dors, ne pleure pas, c’est dur pour moi. On pourrait tourner ça longtemps dans nos têtes qu’on ne trouverait quand même pas d’explication. Tu as fait ce que tu avais à faire. » Il désigna sa patte d’un signe de tête. « Il n’y a plus besoin de se fatiguer pour chercher des réponses. S’il te plait Sugar, dormons. »

Elle retenait ses larmes, il avait raison. Mais où allait-il dormir ? Observant le changelin, elle eut bien vite sa réponse quand il s’allongea dans le lit, dos à elle, au-dessus des couvertures. Elle était sur le point de protester, mais se ravisa. Il n’y avait qu’un lit, et pourquoi ça serait à lui de dormir à terre ? Et puis, ça ne semblait pas le déranger de partager, alors elle n’allait pas commencer à jouer les prudes.

Elle s’était couchée, Unique pouvait enfin lâcher un soupir de soulagement. Elle n’allait pas bien, il le savait, elle aussi, mais elle se le cachait. Elle en avait tellement fait pour lui, et voilà qu’elle ne savait plus quoi faire maintenant. Il ne pouvait pas la laisser se mettre à mal pour lui. Il sentit la pégase remuer dans le lit pour se tourner vers lui. Elle chuchota :

« Dit Unique, c’est toi qui as abimé les pieds du lit ? »

Lui qui pensait qu’elle allait encore se plaindre, il fut pris au dépourvu et ne réussit pas à cacher la vérité.

« Hem… non. Il devait déjà être comme ça quand on est arrivé. »Il entendit la jument rire.

« Ce n’est pas grave, j’ai déjà payé la nuit, il faudra juste qu’on parte tôt demain matin. »

Cette ponette était incroyable.

____________________________________________________________________________

« Mon époux, est-ce que vous avez vu mon époux ?

— Madame, il est trois heures du matin, c’est l’heure où on dort !

— Ah ah, ouais je sais, il m’a fait le coup aussi, et se petit saligaud m’a piqué mon argent.

— Il y a un problème, madame ? » Demanda la réceptionniste.

« Oh il va en avoir un, croyez-moi ! »

Sugar quitta l’hôtel à toute allure. Qu’il le veuille ou nous, cet idiot avait besoin d’elle.

Les rues semblaient toutes identiques. Unique avait pensé s’élever par-dessus les toits pour trouver le chemin de la gare, mais il n’osait pas le faire. Après tout, il devait sûrement y avoir des gardes là haut.

En plus de ça, la ville n’avait pas l’air d’être si vide pendant la nuit. Bien moins de monde était présent, certes, mais d’autres personnes avaient pris leur place. Des poneys bizarres qui changeaient aussitôt de trottoir quand Unique approchait. Peut-être que l’apparence du pégase bleu foncé à la crinière magenta ne correspondait pas à cet univers. Quoi qu’il fasse, il n’était jamais dans son monde.

Il ne pouvait plus entraîner Sugar avec lui. Tout ce qu’elle avait fait pour lui, jamais il ne l’avait remerciée pour ce qu’elle faisait pour lui. Il devait l’admettre, la vie des poneys ne l’importait guère, mais pas celle de Sugar. Et cette jument était assez fragile pour ne pas avoir à être dérangée plus que ça. Elle avait été tranquille de longues années chez elle. Il est normal qu’elle ne sache pas comment réagir au premier changelin qu’elle voiyait, allant même jusqu’à le ramener chez elle. Mais maintenant, c’était fini. Il ne devait compter que sur lui-même.

« Unique ! » Le changelin sauta dans une allée sombre avant de se plaquer contre le mur et de jeter un coup d’œil en arrière.

Au beau milieu de la rue, une pégase qu’il connaissait bien était en train de galoper à toute allure. Il pouvait presque voir les flammes qui sortaient de ses yeux. « Tu vas voir ce que tu vas prendre ! »

Il s’enfuit à toute vitesse, sa vie était en jeu.

Comment avait-elle fait pour le retrouver ? Même si elle s’était réveillée cinq minutes après lui, elle n’aurait pas dû le retrouver dans cette si grande ville. Il galopait à travers les rues, faisant négligemment attention à une susceptible garde. Mais elle était toujours à ses trousses.

À force de n’emprunter que des passages étroits et sinueux, il finit très vite par tomber dans une impasse. Il aurait pu s’envoler, mais en l’air, il était plus difficile de se cacher. Se retournant, il fit quelque pas en arrière en voyant le regard plein de rage de la jument.

« Comment t’as pu me faire ça ? Je t’ai dit que je ne t’abandonnerais jamais. Alors pourquoi t’enfuir ? » Elle avait dit ça non sans cacher une certaine pointe de colère. À quoi bon le cacher, il le sentirait de toute façon. Il fut plus calme qu’elle pour répondre.

« Sugar, tu en as déjà trop fait pour moi. Je dois me débrouiller seul à partir de maintenant. »

Petit à petit, elle se rapprocha de lui.

« Ne sois pas bête, tu as besoin de moi. Tu ne pou…

— C’est faux ! J’arriverais à me débrouiller seul. Ma patte me fait à peine mal désormais. Tu as vu à quelle vitesse j’allais ?

— C’est grâce aux antidouleurs. » Mentit-elle. Le changelin se fit hésitant.

« Je ne peux pas t’en demander plus Sugar. Je suis dangereux pour toi.

— Tu parles du bleu ? T’inquiètes pas, j’ai déjà vu pire.

— Non Sugar, c’est bien plus que ça. Cette nuit, dans ce lit… » Il s’arrêta pour soupirer un long moment. Compter jusqu’à dix ne semblait pas l’aider. « Qu’est-ce tu vois en me regardant Sugar ?

— Quelqu’un de différ…

— NON ! » Coupa-t-il. « C’est faux Sugar ! Je suis juste un monstre. »

Elle haussa les épaules en secouant la tête et en s’approchant plus près encore. Ils n’étaient plus qu’à un mètre l’un de l’autre. Elle ne le croyait pas. Comment faisait-elle pour se mentir à elle-même ainsi ? Il laissa bruler son déguisement pour en revêtir un autre par dessus.

« Pourquoi tu fais ça ? » Elle recula d’un pas, surpris de se retrouver encore face à Smile Dust.

« Allons Sugar, tu semblais aimer cette image. Tu n’as plus envie de mensonges ?

— D’accord, excuse-moi pour cette nuit. C’était étrange de…

— De quoi ? Tu as adoré te retrouver face à lui. Il n’y avait qu’à voir comment tu l’embrassais.

— Oh arrête!... Oui, je… je me suis fait avoir, pardon, tu es très fort.

— Oh, mais non, loin de là. » Il tourna autour de la jument. « Moi ce que j’ai vu, c’est une jument qui voulait qu’on lui mente. Elle savait parfaitement que tout ça n’était qu’un rêve, pourtant, cette farce lui plaisait. Et elle m’a détesté pour ça. Quand tout était fini, elle ne voyait plus qu’un parasite qui profitait d’elle. » Elle regardait ses sabots, honteuse. « Mais tu as raison Sugar. Je suis un monstre, ce monde n’est pas pour moi, il n’est pas le mien. Alors je vais partir, et te laisser en paix.

— C’est faux Unique, tu es différent, tu n’es pas un simple changelin.

— Il faudrait arrêter de mentir Sugar Free. » Il quitta le cul-de-sac en regardant des deux côtés pour plus de sûreté : pas âme qui vive.

La jument fut très vite sur ses talons, incapable de se résigner à se séparer. Quelques pas derrière, pour ne pas l’inciter à s’enfuir de nouveau.

« D’accord, j’ai profité de toi. Je ne pensais pas que ça irait jusque-là en même temps. Mais j’ai dit que je ne t’abandonnerais pas, alors fait-moi confiance pour ne pas te lâcher les sabots. »

Il ne répondit rien, tentant de rester le plus discret possible. Un étrange poney, au pelage foncé apparut au coin de la rue, une capuche sur le visage. Non, il n’était pas de la garde, mais il semblait étrange pour la bonne raison que la plupart des poneys que Unique a croisés cette nuit mettaient le plus de distance entre eux et lui. Pas lui. Il passa à côté du changelin sans même le regarder, gardant la tête cachée sous sa capuche. Unique ne lui faisait pas confiance et continuait à l’observer du coin de l’œil.

La seconde d’après, il le plaquait contre le mur. Sugar était couchée au sol, se demandant comment elle était arrivée là. Se relevant, elle pouvait voir le poney se débattre contre le changelin qui le maintenait d’un sabot de fer. Il tentait vainement de lui asséner des coups de sabots, mais sans succès. Sugar intervint aussitôt :

« Unique, qu’est-ce que tu fais ?! »

Il ne répondit rien, se contentant de planter son regard glacial dans celui du poney foncé qui commençait à tousser.

« Tu lui fais mal !

— Ça n’est rien en comparaison de ce qu’il t’aurait fait. »

Elle fut sur le point de lui demander des explications, mais un objet au sol attira son attention. Elle ramassa la lame pour l’examiner. Un simple couteau, ça aurait pu tout aussi bien se retrouver dans une cuisine. S’il n’avait pas été là pour elle, Sugar ne sait pas ce qui lui serait arrivé. Les couinements de l’autre poney la firent sortir de sa méditation.

« Arrête Unique !

— Sûrement pas, tu as vu comme moi ce qu’il allait faire.

— Et alors, qu’est-ce que tu décides ? »

Il sourit face au poney avant de faire voler son déguisement. Celui-ci tenta de hurler, mais il était toujours entravé par le sabot du changelin qui lui souriait de toutes ses dents pointues.

« Je peux sentir sa peur. Si tu savais à quel point c’est excitant. » Il fit claquer ses dents à quelques centimètres du poney qui détournait le visage, présentant ainsi sa gorge. « Je n’ai pas le choix Sugar. » Il s’approcha lentement, mais se paralysa presque aussitôt en sentant une douleur au niveau de l’épaule. Il jeta un rapide coup d’œil derrière lui pour ne pas se distraire de sa proie, mais ce qu’il vit le laissa sans voix. « S-Sugar… qu’est-ce que tu fais ? »

Elle enfonça l’aiguille encore un petit peu plus loin dans la chair du changelin.

« Lâche ce poney ! »

Il reporta son regard sur celle-ci.

« Non, tu sais ce qu’il allait te faire.

— Je te dis de le lâcher !

— C’était lui ou toi Sugar. » Il avait du mal à se concentrer, l’effroi qui émanait de ce poney lui brouillait la tête. Comment faire pour ne pas gouter un parfum qui vous lèche la langue ? Il défit légèrement son emprise sur le poney pour le laisser respirer. « Si je le laisse partir, il va alerter la garde.

— Si tu ne le libères pas, tu vas dormir pour les vingt-quatre prochaines heures. » Il risqua un regard sur la pégase. Elle était immobile, le regard froid, mais déterminé. Elle observait la seringue qu’elle avait plantée dans l’épaule blessée du changelin tout en lui maintenant le dos de l’autre. Elle semblait imperturbable, comme quand elle faisait ses bandages. Se soustraire à ses sabots n’était pas envisageable.

« Tu n’irais quand même pas jusqu’à m’endormir au beau milieu de la rue ?

— Continue pour voir. »

Il retourna sa colère contre le poney qui gémissait.

« SUGAR, arrête de jouer ! On n’est plus chez toi, ici c’est dangereux ! La garde, ma patte, et maintenant ça ! » Le parfum lui montait à la tête, réduisant ses sens au strict minimum pendant qu’il emplissait ses poumons du parfum savoureux de ce poney. Il approcha encore sa bouche aux crocs acérés. « Je pourrais juste tout lui prendre…

— Tout ?

— Oui, tous ses sentiments.

— Il survivra ?

— Oui. »

Sugar ne fut pas convaincu et tira sur le crin du changelin pour mettre de la distance entre le poney et sa gueule.

« Est-ce qu’il survivra ?

— Je n’en sais rien ! Je sais juste qu’on ne peut pas le laisser s’enfuir. Il vient de voir un changelin.

— On ne va pas faire ça ! Tu vas le libérer Unique, je compte jusqu’à trois. Un ! » Il voulut se rapprocher du poney, mais elle tira plus fort sur son crin. « Deux ! » Elle allait le faire, il le savait parce qu’aucune émotion n’était diffusée par la jument. Elle était devenue froide, calculatrice, prête à tout si elle n’avait pas ce qu’elle voulait. « Unique, trois ! »

Elle n’injecta pas tout de suite le produit, laissant au changelin une dernière seconde pour capituler. Il dégagea lentement son sabot, prévenant la moindre réaction du poney foncé.

« Dégage ! » Ordonna Sugar. Il obéit sans demander son reste.

Ils regardaient tous deux l’étalon s’enfuir à toute vitesse. Elle avait encore sa seringue plantée dans l’épaule d’Unique. Elle pouvait encore facilement injecter le calmant, mais retira doucement l’aiguille. Sûrement une grosse erreur…

Il se retourna en un battement de paupière avant de tenir fermement le visage de Sugar entre ses sabots troués. La jument lâcha la seringue. Elle ne pouvait pas quitter les yeux du changelin, ils semblaient briller, littéralement. En plus de ça, ses pupilles s’étaient rétractées pour se réduire à un point où on ne voyait plus que deux fentes noires dans des océans de vert. Elle voulut se dégager, mais il la retenait fermement. Une appréhension naissait dans sa tête : il n’était plus lui-même.

« Unique. »

Il réagit à l’appel en serrant un peu plus.

« Tu me fais mal ! »

Il souriait en la regardant se plaindre. Elle devait être effrayée. Il prit une longue inspiration pour récolter toutes ces saveurs qui se dégageaient d’elle, mais il ne trouva rien. Elle ne sentait rien, elle n’avait aucune saveur. Un long grondement de frustration s’échappait de la bouche du changelin.

« Tu n’es plus toi-même ! »

Elle continuait de le dévisager, en ne pensant à rien d’autre que celui qui se dressait devant elle. Sugar se faisait la plus froide qu’elle le pouvait, cherchant ainsi à camoufler toute la rage qui la brulait à l’intérieur. Unique n’était pas comme ça après tout, ça allait s’arranger. Elle savait ce qu’il ressentait quand il osait lui faire du mal

Il ouvrit sa gueule à quelque centimètre de son visage, cherchant un moyen de lui faire ouvrir la porte vers toutes ses essences. Le corps des poneys était comme un fort, le seul moyen de rentrer à l’intérieur était d’utiliser les voies empruntées par les mêmes choses qui y entraient et sortaient de leur corps : leur émotion

« Aller, ouvre la voie… » Il était affamé, son instinct avait pris le contrôle sur tout le reste. Maintenant il n’y avait plus que son corps qui lui criait famine, et un repas qui refusait d’être servi. Il n’en pouvait plus d’attendre, mais il devait avouer que tout ceci l’excitait au plus haut point. « Tu ne vas pas pouvoir résister longtemps. »

Sugar détourna le regard.

« Qu’est-ce que tu veux mon grand ? » interrogea-t-elle sur un ton neutre.

« Je veux la chose qui me fait vivre ! » Elle soupira longuement, toujours en ignorant le monstre qui souriait de toutes ses dents.

« Tu… tu as eu pourtant tout l’amour que tu souhaitais à l’hôtel. »

Il ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son ne sortit.

« C’était de l’amour… » Dit-elle en replongeant son regard dans le sien. Il fronça les sourcils en serrant les dents.

« NON ! Nous n’en avons pas profité. Il coulait sur notre corps, nous brulant… Mais pas une seule fois nous y avons touché. Il nous rendait heureux, et tristes…

— Unique, il faut te ressaisir, tu te rends compte de ce que tu es en train de faire ?

— NON ! » Il tira la ponette vers lui, maintenant leurs visages se touchaient pendant que le changelin la surplombait. « J’ai faim, et je suis seul ! »

Elle n’arrivait plus à être en colère contre lui. Tout était sa faute après tout. C’était elle qui l’avait embarqué dans cette histoire, et maintenant, il était perdu. Elle lui avait promis que jamais elle ne l’abandonnerait, et pourtant, elle venait déjà de le faire. Le changelin capta enfin une émotion : la tristesse. Il allait pouvoir profiter de cet instant. Unique prit une longue inspiration pour emprisonner l’arôme. Maintenant qu’il avait trouvé le moyen de s’immiscer à l’intérieur d’elle, Sugar n’avait plus qu’une chose à faire. Elle força pour se libérer des sabots du changelin, mais en vain, tant pis. La jument posa ses sabots sur les épaules d’Unique et se rapprocha de lui. Le visage enfui sous son menton, elle laissa exploser toute l’affection qu’elle avait pour lui, toute l’inquiétude qu’elle éprouvait, toute la tristesse qu’elle n’arrivait plus à contenir pour lui.

Il toussa quand l’afflux lui arriva en pleine face. Jamais il n’aurait pensé en recevoir autant aussi vite. Un cocktail aux mille saveurs, un mélange explosif, et portant. Dans toutes ces émanations, il pouvait bien en distinguer une. De l’amour, ou plutôt, une grande affection, ou alors un vrai amour…

Il ne savait pas faire la différence, quoi qu’il en soit, ce n’était pas comparable à ce qu’il avait reçu à l’hôtel. Mais la chose qui l’interpellait le plus, c’était qu’il connaissait cette odeur, il pouvait lui donner un nom ; celui de la jument qui le retenait pour ne pas qu’il tombe.

« Sugar ? »

Elle rouvrit les yeux aussitôt. « Unique… » La pégase redressa la tête avec un large sourire. Elle lui sauta littéralement dessus. « Tu es revenu, s’il te plait, ne m’abandonne pas ! »

Des étoiles dansaient devant ses yeux, il n’arrivait pas à se ressaisir, mais malgré tout, il avait parfaitement entendu la jument.

« Non Sugar. » Dit-il en secouant la tête et en la repoussant doucement. « Non. »

La ponette resta à distance, observant le changelin qui reprenait peu à peu ses esprits.

« D’accord Unique, tu veux un peu être au calme. Je vais attendre, c’est pas grave.

— Non Sugar, tu ne comprends pas. » Il plongea son regard dans le sien. Elle respirait l’innocence et la gentillesse. Elle était toujours la même. « Je suis trop dangereux pour toi Sugar, tu as vu ce que je t’ai fait. Pardonne-moi.

— Non Unique, tu n’as rien fait, c’est moi qui…

— Sugar ! » Coupa-t-il. Le silence se fit, lourd, long. Il respirait bruyamment pendant qu’elle attendait sa réponse. « Je suis un changelin…

— Et alors ? Hey, mais qu’est-ce que… » Une douleur aigue pointa au niveau de sa patte. Elle y jeta un coup d’œil pour voir la seringue se vider. Elle jeta un regard implorant à Unique. « Non, s’il te plait… ne… » L’effet fut si instantané qu’elle ne put terminer sa phrase avant de s’écrouler au sol.

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Note de l'auteur

Rien à dire de particulier sur ce chapitre, si ce n’est que c’est à chaque fois plus dur de continuer l’histoire, tout en gardant bon nombre de non-dit.

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FireBlast
FireBlast : #832
Woah...
Super fic, vraiment !!
J'attend la suite avec impatience ^^
Il y a 4 ans · Répondre

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