Un jeune changelin se traînait difficilement, laissant sur son passage des traces fluorescentes. Maura, le disciple à carapace mauve avait commencé par se diriger vers son alvéole, là où il aurait pu retrouver son maître, mais au fond de lui, quelque chose lui disait que son maître ne s’y trouverait pas. Maura se disait qu’il avait dû être capturé, et après une journée, il ne tiendrait pas une semaine à l’attendre. Les autres Maîtres auraient pu le soigner exceptionnellement, mais les blessures qu’il avait étaient bien trop profondes, il ne survivrait pas deux jours dans son état. Des larmes à la teinte verte se mirent à couler de son unique œil de couleur bleue, brillant comme un cristal, sans pupille. L’autre côté de son visage, le côte droit, hormis du sang et des chairs en lambeau, il n’en restait rien.
Il serrait la mâchoire, la douleur qui le parcourait lui donnait envie de hurler à la mort, que son maître l’entende. Mais c’était un mâle, il avait déjà que peu d'estime, alors s’il se mettait à pleurer, les femelles ne voudraient pas de lui lorsqu’elle auront leurs chaleurs, l’année prochaine, s’il était encore en vie. Sous un point, il était heureux, marqué par la femelle qui l’avait attrapé, il serait tranquille jusqu'à la fin de la période, mais ce qui le rendait fier, c’est qu’il avait réussi à fuir cette femelle, même s’il avait dû sacrifier une partie de son corps. Son maître étant indisponible, seul, il ne tiendrait pas. Il n’avait pas le choix. L'ancienne, ou bien….Maura s'arrêta, regardant autour de lui. La ruche qui fourmillait de vie semblait désertée. Cette période n’était vraiment pas le bon moment pour se faire blesser. L’insecte s'appuya contre la parois, près d’une faille où de l’air frais lui caressait son visage endolori. Il regarda par dessus son épaule, son dos était lacéré et l’une de ses ailes était arrachée. “Si je ne meurs pas de mes blessures, je mourrai quand elle repoussera.” Le jeune changelin se mit à frissonner à l’idée de souffrir. Il avait mal, il se sentait faible, mais une aile arrachée est la pire chose qui puisse arriver à un insecte. Quand l’aile repousse, elle occasionne de terribles douleurs, aucun changelin n’aimerait prendre sa place, bien que tous les mâles lui offriraient caresses et chaleur le temps que ça repousse. Une douleur si forte, une impression que l’on se fait arracher le coeur...
Maura posa sa tête au sol, essayant de se mettre en boule, se reposer un peu. La fatigue le poussait à dormir. Il coucha ses oreilles, essayant de garder les yeux ouverts. “Faut pas dormir, juste me reposer…un peu.” L’insecte ferma les yeux.
Une ombre se rapprocha du jeune changelin, s'arrêtant près de lui, un museau noir se mit à le humer avant de lui lécher ses larmes. “Maman est là, c’est fini.” Une corne trouée se posa contre celle de l’insecte, puis une lueur verte, éblouissante, apparut. Le jeune Maura était toujours endormi, blessé. Mais quelques plaques venaient d’apparaître sur son corps, protégeant sa croupe et son abdomen. Le museau noir se rapprocha de l’encolure du changelin, frottant contre sa crinière de couleur noire et au reflet bleu. “On rentre à la maison, maman vient prendre soin de sa petite larve”. Maura releva sa paupière, laissant à l’ombre le temps de voir sa couleur, un iris bleu clair. L’ombre ouvrit sa gueule, dévoilant une dentition aiguisée, se refermant sur l’encolure de Maura, le changelin poussa un sifflement de plaisir avant d'être soulevé et posé sur le dos de l’ombre. “Rentrons que je m'occupe de tes blessures, mon fils.”
Maura se mit à frotter son visage contre l'épaule de la grande jument insectoïde, le seul côté où il ne souffrait pas, reniflant l’odeur. Une odeur douce à ses naseaux endoloris, mais un parfum qu’il saurait reconnaître entre mille. “Tu es revenue ? Ce n’est pas un rêve. Maman ?”
Sinitra se trouvait dans la dernière galerie, face à un portail magique. Derrière cette barrière se trouvait la seule qui puisse l’aider. La garde respirait rapidement, elle ne savait pas si elle devait entrer, ou bien faire demi-tour. Elle se disait qu’elle aurait plus de chance avec ses sœurs qui ont mis bas. Redressant ses oreilles, elle se mit à humer les odeurs, ses yeux ouverts en grand, elle se sentait mal, comme un malaise, ses pattes se mirent à trembler. Une vieille changeline apparut, approchant la garde à la carapace marron. Arrivée à sa hauteur elle releva son museau. “Hé bien, que fais-tu ici, ne sens-tu pas les odeurs des reines, la reine mère est là aussi”.
La grande changeline tourna lentement la tête, plantant son regard dans les yeux bleu cristallin de la vieille changeline à carapace jaune. “J’ai besoin de vous, je ne veux pas être en service. Pas maintenant, les reines ne comprendraient pas, du moins ? J’ai besoin de 3 mois. Aidez-moi à les obtenir.” L'ancienne fronça des paupières, avant de se tourner vers le bas ventre de la garde.
Elle lui plaça son sabot entre ses pattes arrières. Sinitra releva la tête, poussant un sifflement de surprise. Tournant la tête vers la vieille changeline, elle dévoila sa dentition. “Que fais-tu ? Les femelles ne m'intéressent pas, encore moins les vieilles peaux.” L'ancienne fit un pas en arrière, couchant les oreilles.
“Ne te méprend pas, Sinitra. Tu étais en chaleur, et tu devais l'être encore 5 jours. Suis moi.” L'ancienne se déplaça, entrant dans son alvéole, elle fut suivie par la garde. Une fois à l'intérieur, Sinitra plaça son sabot sur ses naseaux. L’odeur qui régnait dans cette pièce repousserait importe quel insecte. L’odeur venait de ces marmites qui fumaient et ces pots qui refermaient des choses que la changeline à la carapace marron refusait de connaître. L'ancienne se retourna vers la garde, avant de prendre un pot et le boire dans un bruit de succion. “Comment as-tu fait pour couler tes chaleurs ?”
Sinitra sentit la nausée lui monter, elle désirait vraiment quitter l'alvéole au plus vite. Prenant un morceau de tissu qui traînait sur le meuble qui se trouvait à côté d’elle, elle se tourna vers la vieille changeline. “Il me faut du lait, je voudrais en faire.” La garde posa le tissu sur son museau espérant atténuer l'odeur, mais le tissu semblait en être aussi imbibé. “J’ai trouvé un petit, un mâle.” Sinitra sentit quelle n’allait pas pouvoir rester encore longtemps, elle commençait à suer. Une envie de relâcher ce que elle avait absorbé le matin semblait vouloir remonter. “Je dois sortir. Pardon.” Sans attendre plus, la garde fit demi-tour et passa le portail magique. S'appuyant contre la parois, elle plaça son sabot à son abdomen avant de régurgiter la gelée qu’elle avait eue ce matin. Sinitra se mit a tousser, regardant son repas couler le long de la galerie. Un air attristé sur le visage.
La garde sentit un sabot se poser sur son épaule. Relevant la tête et l’inclinant sur le côté, elle vit la vieille changeline à la carapace jaune. Lui adressant un sourire. L'ancienne lui redressa le museau du sabot. “Sois sans crainte, je vais te les donner ces trois mois. Mais je voudrais savoir la raison de l’abandon de ce petit.”
Sinitra fit face, un léger sourire apparut à ses lèvres. “Je pense qui a été rejeté car il n'a pas de corne.” A ces mots, l'ancienne se mis à froncer des paupières, lançant un regard sombre a la garde.
“Tu me demandes que je t’aide à avoir du lait pour un petit ! Qui mourra ?” L'ancienne se mit à secouer la tête, l’air désolée pour la garde, elle se déplaça de quelques pas dans la galerie avant de s'arrêter et de faire face a Sinitra. “Es-tu si inconsciente ? Tu veux avoir un petit. Je peux le comprendre, une garde telle que toi donnerait d'excellentes petites larves, des femelles et des mâles de bonne composition.” L’insecte à la carapace jaune se mit à tourner sur elle-même, cherchant un moyen de faire comprendre à la garde qu’elle ne devait par s’attacher à ce petit. Elle s'immobilisa, tête baissée, elle releva son sabot brusquement et frappa l’abdomen de Sinitra.
La garde royale cracha du sang avant de s'écrouler au sol. Relevant la tête, sa respiration était saccadée. Sinitra essayait de se reprendre, se relever pour frapper cette changeline qui l’avait attaquée. L’abdomen d’un insecte de base n’est pas protégé d’une carapace et l'ancienne ne l’avait pas frappée bien fort pour lui occasionner cette extrême douleur. La garde se mit sur le côté, repliant ses pattes contre son abdomen. Sinitra se mit à serrer les dents, lançant un regard assassin à l’ancienne. “Tu vas me le payer, putain de pouliche. Je vais t’arracher les entrailles et te les faire bouffer.”
L'ancienne se rapprocha de Sinitra, posant son sabot sur l’encolure, sans réellement mettre de force. Elle baissa la tête, rapprochant son museau de l’oreille de la garde. “Tu souffres ? Sache que tu souffriras encore plus dans 3 mois. Que feras-tu quand ce petit que tu auras nourri au pis, te demandera du lait ? Ou bien qu’il te mordra au sang, la faim le ravageant ?” L'ancienne se recula, laissant à la garde le temps d’assimiler ce qu’elle venait de lui dire. La vieille changeline s'assit à côté de Sinitra, lui caressant l’encolure. “Sans corne, il mourra. Tu souffriras de le voir dans cette état. Étant une garde royale, tu ne voudras pas qu’il souffre, donc tu abrégeras sa vie au moment où la faim se fera trop insistante. Et cette souffrance que tu as en ce moment, celle que tu ressentiras à ce moment sera bien plus douloureuse.” Sinitra avait récupéré, sa tête relevée et ses lèvres retroussées, elle fixait la vielle changeline d’un regard noir et assassin.
“Tu veux savoir ? Et tu n’attends pas que je te dise pourquoi j’ai pris et que je veux garder ce petit ?” Sinitra se redressa et fit face à la changeline à carapace jaune. Levant son sabot, elle le rabattit avec force sur le museau de l’ancienne qui poussa un sifflement de douleur. L’insecte à la carapace marron rapprocha son museau de l’insecte aux plaques jaunes, grognant un bruit venant de son abdomen. “Quand un petit est abandonné, trop faible ou bien pas assez de lait, les petits sont toujours dans la nurserie, leur donnant une chance d’être récupéré par une autre mère ou bien par une femelle qui ne peut mettre bas. Mais lui, ce petit, je l’ai trouvé deux étages plus haut, dans une faille qui apporte de l’air de la surface. Aucune mère ne serait sortie au risque d'être jugée comme mauvaise, et serait remontée vers la surface pour blesser son petit et ensuite le jeter dans une faille.”
L'ancienne avait reculé jusqu'à rencontrer la paroi, la garde se faisait menaçante. Ses yeux cristallins ne quittaient pas la vieille changeline aux carapaces jaunes, ses muscles prêts à répondre au moindre signal. La garde pourrait la tuer, elle le sentait. Se reprenant, elle leva la patte et la plaça contre le poitrail de Sinitra qui s'arrêta. L'ancienne coucha ses oreilles, honteuse de ne pas avoir attendu la réponse et d’avoir frappé, mais elle le devait, elle devait savoir ce qui se passerait si elle avait pris un petit dans la nurserie qui n’aurait pas de corne, même si ce cas d’insecte sans corne s’était produit une seule fois. “Tu as trouvé un insecte sauvage. Je suis désolée, j’ai été trop rapide à conclure. Ne m’en veux pas je te prie.”
Sinitra se retira, laissant l’ancienne se coucher sur son abdomen, la vieille changeline avait ses pattes tremblantes. Elle aurait vraiment pu lui faire du mal. Relevant la tête, elle observait la garde royale aux carapaces marrons qui venait de se mettre à faire les cents pas. “Tu sais qu’ils sont différents ? Ils ne se nourrissent plus de sentiments et ils n’ont pas de reine.” Sinitra s'arrêta, inclinant la tête sur le côté, elle se déplaça vers l’ancienne. Arrivée près de la vieille insecte, elle lui tenait son sabot.
“Relève toi. Je te prie d'accepter mes excuses. J’ai réagi à l’instinct, devoir faire souffrir celle qui ma frappé l’abdomen.” L’ancienne accepta le sabot de la garde et se redressa, adressant un sourire elle lui fit une caresse sur la crête ce qui tendit les muscles de l’encolure de la garde. Poussant un sifflement, elle répondit en frottant son visage à celui de la vieille changeline. “ J’ai un mâle qui lui prodigue des soins en ce moment, je veux juste pouvoir le nourrir de mon propre lait. Je veux les garder.” La garde coucha ses oreilles devant l’expression de l’ancienne qui venait de redresser les siennes, ouvrant en grand ses yeux.
“Tu es la cinquième !” L’ancienne se redressa, affichant un large sourire aux lèvres. “Comment il réagit ? Le mâle que tu as pris ?” L’insecte aux carapaces jaunes semblait être différent, elle sautillait sur ses pattes avant, lançant un regard joyeux à la garde royale.
Sinitra afficha un léger sourire, timide. “Je l’ai capturé, pour me calmer, mais nous avons récupéré ce petit insecte.” La changeline à carapace marron s'assit sur sa croupe, gardant son regard baissé. Elle avait une certaine appréhension à dire qu’elle voulait le garder, créer quelque chose qui n'existait pas dans l'essaim. “Quand j’ai découvert ce petit, quelque chose en moi m’a dit…...Je pourrais vivre avec ce mâle et garder ce petit, ensemble on pourrait l'éduquer.” Sinitra releva la tête, observant l’ancienne. Celle-ci gardait un large sourire. Elle ne semblait pas surprise. “Qui sont les quatre autres ?”
L'ancienne se déplaça, se rapprochant de son alvéole. Tournant la tête vers Sinitra et affichant un sourire encore plus large, elle passa son sabot en travers du portail avant de le ressortir avec un petit pot transparent. Sinitra releva ses paupières, l’air étonnée. Elle se rappelait que quand elle était entrée, il n’y avait rien à cet endroit, comment pouvait-elle prendre quelque chose s’il n’y avait rien ? La garde redressa ses oreilles, poussant un sifflement court. “Tu en es une ?” L’ancienne lui fit face, apportant le pot qu’elle tendait à la garde.
“Oui, je suis la première. Garde ça pour toi et bois ce liquide. Cul sec ! N’en laisse pas une goutte.” Sinitra leva une paupière, l’air interrogateur en regardant le liquide de couleur bleue. Le prenant d’un sabot et ouvrant avec ses dents, elle se mit à le renifler. Reculant la tête et poussant un sifflement de dégoût, elle regarda la vielle changeline. “Ça refoule ce truc.” Rapprochant le pot de sa gueule, elle se mit à observer l’ancienne. “Pourquoi je ne l’ai pas vu et encore moins ressenti ?”.
L’ancienne patienta un moment, laissant la garde boire la liqueur, avant de laisser le pot tomber au sol. Récupérant le pot, elle observa la garde à la carapace marron avec un rictus de dégoût. L’insecte se mit a lécher son sabot, essayant de retirer le goût infecte du liquide. “Pour te répondre Sinitra, tu n’es pas restée longtemps dans mon alvéole. À cause de l’odeur que mon mâle crée. Ils ont des capacités bien différentes de nous, et il n’en prennent pas compte quand leur entourage change. Nous nous aimons, et il veut que personne ne nous sépare. Alors il a trouvé ce moyen.” L’ancienne se rapprocha de la garde, posant son sabot contre la joue de l’insecte. “Dans 3 mois, avant que tu ne donnes plus de lait. Viens me voir. Je t'apprendrai plusieurs choses sur ce petit sauvage. Pour le moment, reste discrète sur le petit, comme sur le mâle que tu as.” L’ancienne se recula, avant de se retourner, laissant la garde royale seule dans c’est galerie.
Sinitra se sentait sereine. Elle commençait à se déplacer, remontant vers la galerie où se trouvait son alvéole. Son petit et ce maître. Quelque chose au fond d’elle lui faisait mal, pas une douleur comme une blessure, mais une douleur douce, chaleureuse. La garde royale s'arrêta, elle ressentait à quelques encablures de sa galerie une odeur, celle d’une reine et d’un mâle. Elle n’arrivait pas à savoir quelle était la reine qui s'éloignait. Mais quelque chose l’interpella. Sur le sol, il y avait des gouttes fluorescentes, l’un des deux semblait perdre du sang. Elle abaissa son museau, reniflant le sang. C'était l’odeur du mâle. Ne reconnaissant pas l’odeur, elle se disait que la reine avait dû capturer. Ressentant des picotements entre ses pattes arrières, elle baissa la tête, observant ses pis, des gouttelettes à la couleur blanche goûtaient des ses quatre pis. Sinitra releva la tête, poussant des cliquetis de joie. Elle faisait du lait, elle pouvait nourrir son petit. Oubliant les traces de sang, elle se mit à galoper en direction de son alvéole.
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Sinon, je me demandais ou cela allé nous amener mais maintenant je commence a cerner même si il reste certaines inconnues dans l'équation. On verra donc avec la suite ou ça va mener.