Ne lui fais pas de mal.

Maître Nara était allongé sur son abdomen, passant délicatement sa langue fourchue sur les plaies et le sang séché de la petite larve qu’il avait placé dans le creux de son sabot. Il venait de finir de lui nettoyer la tête et le dos. Maintenant, il la plaçait dans son autre sabot, la plaçant sur le dos pour qu’il puisse lui nettoyer son abdomen. Rapprochant sa gueule du petit, il sentit quatre petits points l'arrêter. Le changelin à la carapace grisâtres releva son museau, observant le petit qui venait d'ouvrir les yeux, et de ses pattes, il l'empêchait de rapprocher son museau. Maître Nara rapprocha son second sabot, relevant la tête du petit. Il offrit un léger sourire accompagné d’un regard qui se voulait doux. Bien qu’il savait que le petit ne voyait qu’une forme et qu’il pouvait pas voir que le vieux changelin lui voulait aucun mal. Mais après ce que ce petit avait enduré, maître Nara comprenait que le petit redoute qu’on lui touche l’abdomen. “Tu n’as rien à craindre, je veux juste te laver, sois sans crainte.”

Il rapprocha son museau, mais avant d’être arrêté par les pattes du petit, il fit passer sa langue entre les pattes et lécha délicatement son abdomen. La larve se mit à pousser un gémissement de plaisir, avant de replier ses membres, laissant au vieux changelin la possibilité de rapprocher son museau. Maître Nara passait sa langue, gardant toujours son sabot sous la tête du petit. Lui prodiguant une simple caresse avec la fourchette de son sabot, ce qui fit ronronner le petit. L’insecte s'arrêta, sa langue venait de toucher quelque chose qui n’était ni du pelage, ni de la fine carapace. Relevant la tête, il releva ses oreilles. Ce qu’il venait de lécher était les entrailles de la larve. Une plaie presque aussi grande que l’abdomen laissait à l’air libre ses organes.

Maître Nara laissa passer un court sifflement, il n’aurait pas assez de gelée pour le soigner, cette plaie était trop grande, sans compter les autres qui lui parcouraient le corps. Ce petit était affamé, blessé et il n’avait pas de corne. Ses ailes n’étaient pas encore sorties et la douleur allait l'abattre. Le changelin à la carapace grisâtre laissa couler une larme le long de sa joue. “Ne m’en veux pas. Mais si tu meurs maintenant, cette garde royale ne souffrira pas trop.” Maître Nara rapprocha le petit de son poitrail, lui offrant quelques caresses, faisant ça, il savait ce qui allait se passer. Mais pour une fois, il était prêt à mourir, pour éviter de voir le petit souffrir. “Tu es si fragile, tu ne sentiras rien.” Le changelin se prépara à entendre le craquement, celui du cou du petit, quand une voix l'interrompit.

“Ne fais pas ça.” Maître Nara releva la tête, regardant autour de lui. Il était seul dans l'alvéole, pourtant, une voix venait de se faire entendre, douce et mélodieuse. “C’est un sauvage, ils n’ont pas de corne. Ils sont plus résistant que de simples insectes, ou bien que des reines.” Maître Nara se redressa, gardant le petit contre son poitrail. Il se mit à se déplacer dans la grande alvéole, se dirigeant vers le portail magique qui semblait créer des vagues, comme si un changelin avait posé son sabot dessus.

S'arrêtant auprès du portail, il inclina la tête, comme s’il désirait voir à travers. “Qui êtes-vous, vous êtes une reine, mais je n’arrive pas à savoir laquelle ?”

L’insecte fit un pas supplémentaire, désirant passer la tête pour voir et honorer la reine d’un salut. Même s’il en avait peur, il se devait de la saluer. La voix résonna de nouveau. “Reste dans l'alvéole. Passe juste ta corne, j’ai quelque chose pour toi.” Le vieux mâle redressa ses oreilles, cette reine était douce, et aimante, mais il avait reçu un ordre, et pour lui, il avait déjà enfreint plusieurs règles, et désobéir à une reine serait de trop. Passer sa corne, pour quelle raison lui demandait-elle ça ? Pour le punir ? Une reine ne restait jamais vraiment longtemps sans être au courant de ce que faisaient ses sujets, chaque changelin étant lié. C’est ce qu’il pensait. Car à chaque fois que l’on voulait lui dire quelque chose, elle était déjà au courant.

Maitre Nara passa sa corne, avec une certaine crainte d’être frappé par cette reine. Il sentit un plaisir naître au fond de lui, une chaleur douce et un sentiment d'amour lui parcoururent la corne en descendant jusqu'à son poitrail. Cette reine venait de lui offrir un sentiment, lui qui se nourrissait de gelée. Un sentiment pur, seuls les gardes et les proches serviteurs des reines y avaient droit, les autres devaient se contenter de gelée crée à partir des sentiments que les reines créaient et déposaient dans de grandes cuves. La voix se fit encore entendre et maître Nara recula d’un pas, resserrant son sabot contre la larve. “Voici pour toi.” Le petit poussait de petits gémissements qui attirèrent l’attention du changelin.

“Ma Reine, qui que vous soyez. Je vous remercie de ce cadeau, moi qui suis juste un simple insecte. Mais ce petit est gravement blessé, je n’ai par assez de gelée pour le soigner.” Une patte traversa le portail, se dirigeant vers le changelin, puis le sabot se posa sur la joue de l’insecte.

Maître Nara n’en pouvait plus, le fait qu’une reine lui adresse la parole était un miracle, mais là, elle le caressait. Ses ailes se mirent à vibrer de plaisir avant que sa queue ne s’agite comme celle d’une femelle en chaleur. Il était heureux, il voulait tellement la voir, mais un ordre était un ordre. Le sabot nu de fer glissait le long de son visage avant de se placer sous son museau. “Sois digne, tu es un maître, je sais que tu es capable de te surpasser pour ce petit.” Un silence se fit, pendant que le sabot de la reine descendait vers le poitrail où se trouvait la larve qui avait incliné la tête, observant le membre flou qui se rapprochait de lui. Elle offrit une caresse au petit qui poussa un gémissement aigu. “Tu as bien éduqué ton disciple, maintenant tu as ce petit à élever... et une femelle à éduquer.” La patte se retira, laissant maître Nara la bouche ouverte. Elle était au courant de ce qui se passait avec cette garde et ce petit, il ne savait pas s’il devait demander pardon d'avoir désobéi ou s’il devait continuer à suivre ce que cette changeline lui demandait. Mais une chose le déstabilisait, cette reine venait de le libérer de son disciple.

L’insecte fit un pas, se laissant tomber au sol pour pouvoir passer son autre sabot en travers de la protection magique. “Ma reine, attendez… S’il vous plaît. Vous ne pouvez par me retirer Maura, je n’ai pas fini son éducation, il est encore jeune. Il a encore beaucoup à apprendre.” Nara ne savait pas si la reine était encore là, il espérait qu’elle change d’avis. Maura était comme un fils pour lui, bien qu’il ne fût pas le premier qu’il éduquait, il avait créé une relation avec ce jeune mâle.

Maître Nara sentit un sabot se poser sur le sien, la reine était encore là. “Tu l’aimes ce petit ? Désolée de te le retirer, mais… Je vais finir son éducation. Il est pour moi… C’est mon petit. Il doit être auprès de moi. Comprends-moi, les règles qui ont été écrites doivent être changées, je ne supporte plus de voir la tristesse dans les yeux des mères qui doivent se séparer car c’est écrit.” Le sabot se retira. Il pouvait entendre les sabots s'éloigner avant de s'arrêter. “Bientôt, il y aura des changements, ne soit pas triste, tu le reverras. Sois digne de ma confiance, je place sur tes épaules les bases d’un futur différent. Si tu arrives à les surmonter avec cette garde et ce petit. Les essaims verront naître une cohabitation entre mâles et femelles, où les petits ne seront plus séparés à cause du sexe de leur mère.”

Dans une grande alvéole extrêmement bien gardée où une dizaine de gardes royales montaient la garde, plusieurs grandes juments insectoïdes se trouvaient. L’une d’elles, à la crinière noire et au reflet vert, était installée sur un coussin, une jeune femelle placée sur le dos se trouvait entre ses pattes avant. Chrysalis faisait de douces caresses de son museau sur l’abdomen de l’insecte qui poussait de délicats cliquetis de plaisir. De sa langue fourchue, elle lui prodiguait quelques coups de langue sur les pis, ce qui poussait la jeune changeline à respirer fortement. La grande insecte à la carapace qui lui recouvrait pratiquement tout le corps redressa la tête, observant les cinq autres grandes juments qui lui ressemblaient. Posant son sabot recouvert d’un fer de couleur verte sur l’abdomen de la femelle, elle le fit descendre jusqu'à l’entre-jambe de l’insecte qui poussa un sifflement long, ressemblant à un râle de jouissance. La jeune femelle à la carapace bleue avait les joues qui avaient rougi, sa reine lui offrit un baiser sur le museau avant d’apporter à son museau son fer recouvert une fine couche d’un liquide verdâtre, le humant, elle adressa un sourire à la changeline qui se retourna avant de quitter le coussin. La reine Chrysalis apporta à ses lèvres son fer et se mit à le lécher avant de tourner son visage vers une de ses sœurs.

“Mère n’est pas encore arrivée ? Pourtant, nous sentons son odeur.” Une grande jument insectoïde inclina la tête vers Chrysalis, lui adressant un large sourire.

Relevant sa patte où un fer de couleur grise se trouvait sur son sabot, elle tapota ses lèvres. “Il t’en reste encore, là.” L’insecte à la carapace grise et à la chevelure noire aux reflets gris se redressa, se déplaçant dans l'alvéole, elle se dirigeait vers le coussin de sa sœur. La reine Levantine rapprocha son visage de Chrysalis, humant l’odeur avant de lui lécher. “Hum, je comprends pourquoi elle est ta préférée. Une vierge. Vas-tu la laisser avoir une relation avec un mâle ou comptes-tu la garder pour toi ?” La grande insecte à la carapaces grises adressa un sourire interrogateur à sa sœur, plissant légèrement les paupières.

Chrysalis lui adressa un regard noir, avant de lui repousser le visage de son sabot. “De quoi je me mêle ? Je te demande moi si tu te fais grimper par les mâles de ton harem ?” Plusieurs gloussements se firent entendre, la grande jument à la carapace grise lança un regard assassin à ses sœurs qui se redressaient sur leurs membres, avant d’incliner la tête en signe de respect envers leur mère qui venait de pénétrer dans l'alvéole. Les deux grandes juments se redressèrent à leur tour avant de s’incliner.

Un grand insecte, bien plus grand que la régente solaire des poneys venait de faire son entrée. Regardant autour d’elle, elle se rapprocha de Chrysalis et Levantine. Leur adressant un regard soutenu, les deux juments insectoïdes abaissaient leur tête, couchant leurs oreilles. “Quand vous aurez fini vos chamailleries, vous me tiendrez au courant ?” Les deux femelles se lancèrent un regard avant d'incliner plus bas la tête. La grande insecte à la carapace noire et à la chevelure du même ton se retourna vers les quatre autres juments. “Nous sommes là, toutes réunies pour parler des ressources. Les niveaux sont stables, mais nous ne sommes pas à l’abri. Deux ruches sont placées sur des sols fragiles et des tremblements de terre pourraient détruire leurs cuves.” La grande changeline à la carapace noire commençait à se déplacer, se plaçant au centre de l'alvéole, elle se mit à regarder ses filles. “Bien, commençons la réunion. Ce soir, je serais indisponible. Et je désire ne pas être dérangée. Alors mes filles, pour faire simple, la première qui l’ouvre pour rien, je lui ferais regretter amèrement de m'avoir interrompue.” Les six grandes changelines inclinèrent leurs têtes avant de prendre place sur leurs coussins. Se regardant mutuellement elles tournèrent leurs têtes vers leur mère, écoutant attentivement ce qu’elle allait dire.

Sinitra venait d'arriver devant son alvéole, la tête baissée, elle regardait avec crainte les traces de sang séché sur le sol. La reine qu’elle avait sentie semblait s’être arrêté devant son alvéole. Pour quelle raison ? La changeline avait peur, peur qu’elle lui ait pris le mâle qu’elle avait attrapé, tué le petit. Étant une garde royale, elle avait déjà assisté à une modification de l’odeur de sa reine. Faisant cela pour infiltrer une ruche voisine et récupérer quelques mâles, changeant leur odeur pour éviter que la ruche s’aperçoive qu’elle se faisait prendre des reproducteurs. Certains mâles fuyaient la ruche après la période de chaleur, étant maltraité par les femelles, ils se disaient que chez les voisins, ça serait peut-être mieux. Ils s'apercevaient que quelle que soit la ruche, les femelles étaient pareilles.

La garde royale se redressa, faisant face au portail magique. Sa respiration était rapide et forte. Une peur était née, et elle craignait de rentrer. Stoppant sa respiration, elle traversa le portail. Regardant à gauche puis à droite de son espace vital, elle trouva maître Nara là où elle s’était placée en entrant avec le petit insecte. Il était allongé sur son abdomen, les pattes arrières étendues et ses pattes avant repliées sous son poitrail. Le changelin était endormi, la tête posée au sol. Le mâle semblait fatigué, comme s’il avait eu une relation avec la changeline, mais Sinitra avait son regard posé sur les mouvements de la queue du mâle, se levant et se rabattant au sol, comme pour se refroidir. Elle trouvait cela excitant. Inclinant la tête sur le côté, elle la baissa pour regarder sous son entre-jambe, ses pis étaient gonflés et le lait s’était mis à goutter sur le sol. Redressant la tête, elle regarda maître Nara. La changeline à la carapace marron se rapprocha, désirant apercevoir le petit qui semblait être caché devant le poitrail du mâle.

Contournant le mâle, elle émit un cliquetis de surprise. La petit larve était dans le casque, baignant dans une gelée verte qui lui recouvrait tout le corps. Seule la tête du petit dépassait, mais il était tout de même recouvert de cette gelée. Le petit semblait être éveillé et affamé. Il essayait de téter l'oreille du changelin, poussant de petits gémissements. Rapprochant son museau du petit, la larve tourna la tête, reniflant et poussant un autre gémissement plus puissant qui réveilla maître Nara qui releva ses paupières. Sinitra tourna son regard sur le mâle, gardant son attention sur le petit. “Je peux le sortir ? J’ai du lait.” Maître Nara fit un signe de tête, lui faisant comprendre qu’elle pouvait le sortir pour le nourrir. Ouvrant légèrement la gueule, la garde royale prit le petit entre ses dents avant de le soulever sous le regard du changelin à la carapace grisâtre.

Se déplaçant sur le côté, Sinitra se mit à tourner sur elle-même avant de se coucher sur le flanc et amena le petit entre ses pattes arrières, près des pis. La larve était à peine posée qu’il rampa au pis le plus proche d'elle. La changeline poussa un sifflement de plaisir quand le petit commença à boire le lait. Elle la regardait, avalant la première gorgée de lait. Maître Nara poussa un sifflement au même moment que la garde quand le petit insecte se retira du pis, secouant la tête comme s’il était surpris par le goût. Puis un autre sifflement se fit, celui de Sinitra, c’était un sifflement de douleur cette fois-ci. Le petit venait de reprendre le pis en bouche, mais cette fois-ci, il planta deux petites canines pour rajouter un goût sucré au lait, celui du sang. La garde royale releva la tête, observant le mâle qui avait relevé la sienne, surpris de ce comportement. “C’est un sauvage, il doit avoir des besoins différents des petits des ruches.” Les deux changelins se regardaient, abasourdis d’avoir dit la même phrase. Mais Sinitra était surpris que maître Nara sache pour le petit, que c'était un sauvage.

“Comment es-tu au courant, pour le petit ?” La garde royale garda son regard sur le mâle, penchant la tête et la rapprocha du petit qui était collé à son abdomen, elle lui donna quelques coups de langue, désirant le nettoyer de la gelée qui lui recouvrait le corps. “J'espère que ça s’enlève facilement, tu as rempli mon casque de cette substance ?”

Maître Nara se redressa, se rapprochant de la garde. “C’est une reine qui me l’a dit. Et si te plaît, ne le lave pas. Il a une plaie à l’abdomen et cette gelée est la seule que je pourrais faire avant dix jours.” Le changelin regarda derrière lui, où le casque de cristaux noir se trouvait. “Je me suis surpassé pour créer une telle quantité, et à chaque fois que tu le sortiras, de la gelée sera perdue, sans compter celle qu’il mange.” Maître Nara retourna son attention sur Sinitra, apercevant qu’elle avait les yeux grands ouverts et les oreilles dressées. Elle semblait surprise que le petit mange cette chose.

Secouant la tête, comme pour se remettre les idées en place, elle lança un regard noir au mâle. “Si c’est comestible, pourquoi m'avoir fait comprendre de sortir et d’aller rencontrer l'ancienne pour que je puisse faire du lait ? Ce n'était pas si urgent ?” Maître Nara inclina la tête sur le côté, offrant un sourire à la garde.

“Nourrissant, non. Sucré, oui. Et tu es bien placée pour savoir que nous raffolons du sucré.” Maître Nara se posa face à la changeline, repliant ses pattes contre son abdomen. “J’aimerais connaître tes intentions envers ce petit et moi. Tu me demandes de rester. Si j’accepte, nous enfreignons les règles. Là en ce moment, nous en outrepassons déjà. Le simple fait de parler entre nous, sans aucune raison valable, tu n’es plus en chaleur, donc ma raison d’être avec toi n’est pas valable.” Sinitra frottait son museau contre le petit, goûtant discrètement à la gelée qui le recouvrait. Et à sa grande surprise, le goût qui lui coulait dans la gorge lui donnait envie de plonger son museau dans le casque pour en reprendre. La raison pour laquelle elle se refusait à cela, c’est que cette gelée était la garante, qui protégeait et soignait le petit insecte. Gardant les oreilles dressées aux paroles du mâle. Son regard posé sur le petit qui la tétait, buvant son lait et un peu de son sang. Le petit lui massait de ses petites pattes avant son pis, comme pour la stimuler. Redressant la tête, elle se mit à regarder maître Nara.

La garde Royale abaissa ses oreilles, son regard posé sur le mâle. Elle se sentait bien, mais aussi honteuse à la demande qu’elle voulait adresser au mâle. “S’il te plaît… Rapproche-toi de moi, sois près du petit. Je vais te dire ce que je veux de toi.” Abaissant la tête en l’inclinant un peu, elle rapprocha sa patte postérieure pour que le petit soit plus contre son abdomen. “Toi aussi mon petit, écoute, ça te concerne, même si tu ne le comprends pas encore.”