PARTIE II - Chapitre 5 : Étoiles (1)

La Vie Ennuyeuse de Dreary Sky

PARTIE II : Le Voyage de Dreary Sky

Chapitre 5 : Étoiles (1)

Le sol trembla.

Dream et Dreary se réveillèrent en sursaut, sortis brutalement de leurs sommeils par la secousse, qui après quelques secondes, s'arrêta aussi brutalement qu'elle avait commencé. Puis résonna dans l'étendue désertique un cri monstrueux, un cri de bête féroce et affamée, qui donna la chair de poule aux deux poneys toujours cachés dans leur cavité sous les rochers.

Le pégase, paniqué, voulut sortir au galop et s'envoler aussi vite que possible, mais Dreary l'en empêcha.

« Pas un bruit ! » lui chuchota-t-il.

Le poney au pelage de sable regarda son compagnon avec terreur. Il semblait tout aussi effrayé que lui, mais apparemment, il en savait plus sur la bête qui rôdait au-dehors que lui. Il acquiesça silencieusement, et attendit que Dreary lui dise quand la voie serait libre.

Ils n'eurent pas à attendre très longtemps. Après quelques minutes, qui parurent une éternité à Dream qui retenait même sa respiration de peur de faire du bruit, il y eut une nouvelle secousse, qui diminua rapidement en intensité avant de s'éteindre complètement.

En voyant l'architecte se détendre, Dream relâcha sa respiration, et se mit à haleter, une main sur son cœur qui battait à tout rompre.

« Qu'est-ce que c'était que ça ? réussit-il à articuler entre deux bouffées d'air.

- Je ne sais pas, mais c'est à cause de lui que je me suis retrouvé dans ce désert, révéla Dreary, haletant légèrement lui aussi.

- Ça fait des années que je traverse ce désert, et je n'avais jamais vu une créature pareille... Mais je n'ai même pas pu le voir, à quoi ça ressemble ?

- Je ne sais pas trop, je n'ai jamais pu le voir en entier non plus, répondit Dreary. Ce que je sais par contre, c'est que ça se déplace sous terre, dans le sable, et que ça réagit aux vibrations. Il faut rester immobile si ça nous repère, et ne surtout pas courir dans tous les sens. »

Le poney gris jeta un œil en-dehors de la cavité, et dit à son compagnon : « Je pense qu'on peut y aller sans risque maintenant. »

Ils remballèrent leurs affaires après un frugal petit-déjeuner, et se remirent rapidement en route. Dream tenta de calculer combien de temps il leur faudrait encore pour arriver jusqu'à Appleloosa. Il avait annoncé qu'il leur faudrait trois jours de marche, mais en continuant à ce rythme régulier, ils pourraient bien y arriver avant.

Jetant un œil à son aile blessée, toujours maintenue par l'attelle, le pégase avait du mal à réaliser qu'il ne s'était écoulé qu'une journée depuis qu'il avait croisé ce fascinant poney qu'était Dreary Sky. Son récit était si passionnant qu'il avait l'impression qu'il était sorti tout droit d'un roman.

D'ailleurs, se dit-il en apercevant du coin de l'œil la plume noire qui lui faisait office de Cutie Mark, en parlant de roman...

Il s'aperçut alors que, perdu dans ses pensées, il s'était laissé distancer par son compagnon de voyage. Il se dépêcha de le rattraper.

« Donc où est-ce que tu en étais hier ? Je crois que je me suis endormi quand tu me parlais de la fin de ton premier jour à Cloudsdale... » lui dit le pégase, le poussant à continuer son histoire.

Dreary sourit, et une fois de plus, reprit son récit.

« Comme je le disais, je suis resté deux jours à Cloudsdale... »

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L'infirmière toqua à la porte. Après un « entrez ! », elle l'ouvrit, et pénétra dans la chambre de son patient, qui était une fois de plus à la fenêtre.

« Encore en train de regarder dehors ? » plaisanta-t-elle, déposant le plateau de nourriture qu'elle transportait sur la table de chevet.

Dreary se retourna et sourit à son infirmière. « Je ne me lasse pas de la vue. C'est dommage que je doive sortir aujourd'hui, je serais bien resté encore quelques jours.

- Il ne vaudrait mieux pas. Même avec les colliers enchantés, dit-elle en pointant celui que Dreary portait autour du cou, la ville reste dangereuse pour les non-pégases. Elle n'a pas vraiment été construite pour les poneys sans ailes, après tout. »

Dreary hocha la tête silencieusement. Il ne se plaignait pas. Après tout, il avait, grâce à son accident, eu la chance de visiter cette merveille qu'était Cloudsdale, que jamais il n'aurait pu voir autrement. Il rit intérieurement à ce constat. Ça doit être la première fois que j'ai de la chance depuis le début de mon voyage. Enfin si on peut appeler « tomber d'une chute de plusieurs dizaines de mètres de haut » de la chance.

« La ville vient de s'arrêter à quelques kilomètres de Las Pegasus, l'informa l'infirmière, Cloudchaser et Flitter devraient donc arriver dans une heure ou deux pour vous prendre en char. »

Dreary hocha la tête, et alors que la pégase se tournait pour sortir, elle sembla se souvenir de quelque chose.

« Au fait, le capitaine Spitfire m'a demandé de vous transmettre ses salutations. Et elle a aussi dit qu'elle vous souhaitait bonne chance pour le reste de votre voyage. »

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« J'arrive toujours pas à croire que tu aies rencontré Spitfire en personne. » commenta Dream, ce qui lui valut un regard ennuyé de la part de Dreary. « Désolé, continue. »

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Effectivement, les deux sœurs lavandes vinrent une heure plus tard s'arrêter aux portes de l'hôpital, tirant derrière elles un char de transport de passagers. Dreary hésita avant de monter dedans. Même s'il n'avait pas peur du vide, il ne pouvait nier que l'idée d'être transporté dans ce genre de véhicule ne le réjouissait pas. Remarquant son hésitation, Flitter lui fit un sourire encourageant.

« Ne t'inquiète pas, ma sœur et moi sommes parmi les meilleurs pégases de Cloudsdale. Tu ne risques rien. » le rassura-t-elle.

Déglutissant, le poney terrestre monta doucement dans le char. Se retournant, Cloudchaser lui demanda avec un air de défi : « Prêt ? »

Il acquiesça, agrippant le rebord du véhicule de toutes ses forces. Les deux sœurs se regardèrent, et après un signe de la tête, commencèrent à galoper, tirant le char derrière elles. Dreary couina lorsqu'elles déployèrent leurs ailes et s'élancèrent dans le vide, se cramponnant le plus possible. Il n'osait pas regarder en bas, les yeux clos. Après quelques secondes, leur vol chaotique se stabilisa et le char cessa de tanguer, encourageant Dreary à ouvrir enfin les yeux.

Il pensait, après son séjour dans la ville aérienne et le temps passé à contempler le sol depuis le haut des nuages, avoir vécu une expérience proche du vol d'un vol de pégase. Il se trompait lourdement.

Les sensations que ressentait l'étalon n'avaient aucun rapport avec ce qu'il avait vécu auparavant. Le vent, la vitesse, la sensation de son estomac bondissant dans son corps à chaque secousse, à chaque trou d'air, Dreary était à la fois terrifié et euphorique. Il avait envie de se rouler en boule au fond du char, et en même temps il voulait se lever sur ses jambes arrières et hurler à pleins poumons. Tentant de se contrôler, il ne fit que se cramponner de plus belle au rebord du char, fixant un point droit devant lui pour éviter de regarder en dessous.

Bientôt, le char ralentit pour prendre un rythme de croisière plus stable, et l'étalon put se détendre un peu.

« Ça va derrière ? » cria Cloudchaser en jetant un regard au passager.

Celui-ci acquiesça sans parler, encore secoué. Jamais il n'avait vécu autant d'émotions fortes d'un seul coup. Jamais il ne s'était senti aussi vivant.

Ils volèrent ainsi un certain temps avant d'arriver en vue de Las Pegasus. Dreary mit un moment à comprendre que la ville était déjà en vue, puisque le seul indice de sa présence à cette hauteur était un large et épais groupe de nuages blancs près du sol. Alors qu'ils s'approchaient, cependant, le poney gris remarqua que tout autour de la masse de nuages, une ville moderne s'étendait dans toutes les directions, ses gratte-ciel tentant de rivaliser de hauteur avec le nuage, sur lequel la ville s'était développée également. Les deux sœurs pégases se retournèrent pour voir la curiosité dans les yeux de leur passager, et sourirent. Elles amorcèrent leur descente.

Las Pegasus était immense. Les quartiers les plus animés se trouvaient tous au centre, autour de l'immense nuage qui supportait toute une partie de la ville, sauf l'un d'entre eux, plus excentré, qui se trouvait au pied des montagnes non loin du nuage. Montagnes sur lesquelles était écrit en grandes lettres blanches « APPLEWOOD ». Le tout donnait à la ville un aspect bicéphale qui fascinait Dreary. Il admirait, de haut, la façon dont la ville avait été construire, et le chaos organisé qui en résultait. On pouvait deviner que les premières constructions avaient été bâties sur le nuage, la jeune ville se développant en cercle autour, et que l'arrivée du quartier au pied des montagnes avait bouleversé l'équilibre de la cité, transformant son organisation circulaire organisée en véritable chaos architectural, les bâtiments ayant poussé un peu partout entre les deux centres puissants. L'architecte en Dreary contemplait ainsi les constructions, les quartiers et la ville en général, tentant d'interpréter historiquement ce qu'il voyait, absorbé par l'apparence unique de Las Pegasus.

« Tu veux qu'on te dépose à la gare ? » lui cria Cloudchaser pour couvrir le bruit du vent alors que le char descendait vers le centre-ville.

Dreary réfléchit à l'idée. Il pourrait descendre à la gare, prendre le premier train pour Canterlot, rejoindre la licorne de son cœur pour lui raconter les incroyables aventures qu'il avait vécues en dix jours, et se dire qu'il avait déjà vu les plus grandes merveilles d'Equestria. Il avait traversé les majestueuses et magnifiques montagnes du nord, était arrivé aux plus grandes chutes d'eau du royaume, et avait même séjourné dans la ville volante des pégases !

Mais il se rappela la réflexion qu'il s'était faite en découvrant Cloudsdale. Lorsqu'il était au sommet des montagnes, il pensait avoir vu l'endroit le plus beau d'Equestria. Quand il avait contemplé la ville de nuages, il avait compris qu'il s'était trompé. Il y avait sûrement encore beaucoup d'autres endroits plus beaux que ceux qu'il avait déjà visités, et Dreary voulait le vérifier de ses propres yeux. Il voulait tout voir, tout visiter, et ne pouvait pas s'arrêter comme ça après seulement deux semaines de voyage. La soif d'aventure prit une fois de plus le poney, qui répondit à la jument lavande :

« Non, déposez-moi plutôt dans le centre-ville. »

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Après avoir dit au revoir aux deux pégases qui l'avaient déposé au milieu d'un quartier animé non loin du Nuage, Dreary commença à déambuler sans but dans les rues de l'immense cité. Il pensait être habitué aux grandes villes, ayant vécu à Canterlot la majeure partie de sa vie, mais se rendit compte que la capitale n'était en rien comparable à Las Pegasus. Celle-ci était un étrange mélange entre ancien et moderne, les immeubles de bureaux et les boutiques touristiques côtoyant les vieilles maisons à l'architecture typique et les petites rues pavées. Ici et là, le poney croisait un gigantesque casino de cinq étages faisant de l'ombre à une maison à colonnades lui rappelant étrangement celles qu'il avait pu voir à Cloudsdale, ou encore une petite place pavée décorée par une fontaine sculptée jouxtant un pâté d'hôtels tous plus luxueux les uns que les autres. Partout, des bosquets d'immeubles semblaient être sortis de terre au milieu d'une ancienne ville au style presque médiéval, le tout formant un étonnant patchwork, où chaque coin de rue recelait une nouvelle curiosité architecturale.

Dreary aimait déjà cette ville.

Le nombre impressionnant de poneys dans les rues ne gênait pas l'architecte, habitué aux rues de Canterlot, mais il avait tout de même du mal à garder son calme dans la marée équine se déplaçant d'un attrape-touristes à un autre. Les touristes n'étaient pas connus pour leur politesse ou leur patience, et Dreary le constatait une fois de plus, alors qu'il se faisait bousculer de tous les côtés. Il était déjà presque midi, et le flot de poneys à lunettes de soleil et appareils photo sembler ne jamais vouloir cesser, forçant parfois l'étalon à se glisser entre la foule pour pouvoir se déplacer.

Cependant, un problème se posa rapidement alors que Dreary se baladait au milieu des bâtiments aux enseignes colorées et des gratte-ciel de verre. Il n'avait absolument aucune idée d'où aller. Il avait décidé de rester en ville sous le coup d'une impulsion, pour visiter un peu l'endroit et en apprendre plus sur son étrange structure, mais n'avait aucun endroit où rester. Il haussa les épaules, se disant qu'il pourrait toujours visiter la ville pour la journée, et reprendre sa route dans la nature le soir même. Il avait déjà dormi à la belle étoile plusieurs nuits, cela ne le dérangeait pas.

À cet instant, deux choses frappèrent Dreary, faisant couler des sueurs froides le long de sa colonne vertébrale. La première était qu'il n'avait certainement pas assez de vivres pour un autre long voyage à sabot. La deuxième était qu'il n'avait plus d'argent pour en racheter. Le poney réalisa alors qu'à cause de sa stupide impulsion, il s'était retrouvé sans-le-sou et sans toit dans une ville inconnue, et maudit son inconscience. Inconscience qui l'avait déjà fait marcher des jours durant jusqu'à l'épuisement, et qui encore une fois le mettait dans une situation délicate. Il commença à paniquer.

« Ouch ! »

Dreary sentit quelque chose heurter sa jambe. Se retournant, il vit qu'un petit dragon aux écailles vertes et violettes venait de lui rentrer dedans.

« Oh, d-désolé ! Je ne vous avais pas vu ! »

La petite créature avait l'air paniquée et désorientée, et portait dans ses griffes une pile de bagages qui l'empêchait de voir correctement où il se dirigeait. La présence d'un dragon dans une ville comme Las Pegasus ne surprit pas Dreary, qui avait déjà vu des groupes de touristes plus exotiques au gré de sa balade en ville. Après avoir croisé un smooze faisant ses achats dans une boutique de vêtements, plus rien ne le surprenait.

« Ce n'est rien, le rassura l'étalon. Tout va bien ? ajouta-t-il en voyant l'expression effrayée du dragon, au bord des larmes.

- Oui, euh, non, je veux dire, je me suis un peu perdu, et... »

Il regardait autour de lui, visiblement cherchant quelqu'un en particulier. Dreary eut pitié du dragon, et lui fit un sourire chaleureux en tentant de le réconforter.

« Dis-moi, tu étais avec quelqu'un ? Demanda-t-il doucement.

- Oui, répondit-il en reniflant, je marchais avec Rarity et son amie, et je me suis cogné contre quelqu'un, et le temps que je ramasse les affaires, elles étaient parties sans moi... »

L'étalon prit les bagages qu'il transportait avec ses dents, et les déposa sur son dos déjà chargé par son sac de voyage. Le dragon le regarda avec de grands yeux, surpris.

« Si elles se sont aperçues de ta disparition assez vite, elles ne devraient pas s'être trop éloignées.

- Mais... balbutia-t-il, vous n'avez pas à...

- Et laisser un jeune garçon perdu seul une ville aussi grande ? Aller viens, tu vas me dire à quoi ressemblent celles qui t'accompagnaient. »

Il le regarda sans comprendre pendant quelques secondes, puis son visage s'éclaira et il acquiesça, visiblement soulagé, avant de suivre le poney.