Vous vous êtes fait botter le cul par une araignée

"Il m’a attaqué"

"Atticus, c’est vrai ?" demanda Luna, fronçant les sourcils.

La tarentule agita ses pattes farouchement, probablement pour lui expliquer son plan de me tuer et de prendre le contrôle du monde. Ce foutu Atticus lui avait sauté dessus ! C’était un coup bas !

"Comment as-tu fait pour te mettre dans cet état ?" me demanda Luna

"Je te l’ai dit, il m’a sauté dessus !"

"Tu as perdu contre une tarentule de la taille de ton sabot"

"Je n’ai pas perdu" cassais-je.

Luna rigola, enveloppant des bandages autour de mon sabot. "Comment as-tu fait pour te couper là ?"

"Il m’a mordu" elle n’y croyait pas. "Bon, ok, je me suis jetée par la fenêtre, ou plutôt dans la fenêtre, et suis tombée."

"Et quoi d’autre ?" dit-elle en sortant une flèche plantée dans mon genou.

"Beaucoup trop d’autres", grognai-je.

"Il n’empêche que tu t’es fait botter le cul par une araignée."

Je me rassise, atterrée. "Que viens-tu de dire ?"

"Que ton royal arrière train s’était fait cogner par un arachnide, ma chère sœur", dit Luna, soulevant Atticus et le posant sur sa tête. "Viens, Atticus."

J’essayais vainement de quitter l’arrière du crâne de Luna des yeux. Atticus balayait ses pattes autour, hissant. Il se moquait de moi.

******

Après une très rapide récupération, j’étais de retour sur mes pattes, ressassant que faire. Je ne pouvais tuer Atticus par moi-même. Quelque part entre engager un assassin et utiliser les codes de lancement des missiles nucléaire cachés sous mon matelas, je regardai un coin poussiéreux du couloir et palis.

Encore des toiles.

Je trottai aussi calmement que je le pus (c’est-à-dire transportant mes flancs plus rapidement que la vitesse de la lumière) vers la chambre de Luna. En approchant de la pièce, je pus sentir des vibrations dans le sol, comme des basses très fortes. J’ouvris la porte et fus expulsée par la musique.

"EVERYDAY WE ARE SHUFFLING !"

Mes oreilles furent attaquées par le souffle de la musique, arrachant presque mes sabots de ces dernières. Luna dansait au centre de la pièce, glissant de manière alternative entre ses sabots droite et gauche, un peu ridicule.

"OH, BONJOUR, SŒURETTE !"

"LUNA !"

"REGARDE ! JE LUI AI APPRIS UN NOUVEAU TOUR !"

Et il était là, dansant avec Luna au rythme de la musique, glissant et se trémoussant. Par quel bordel une tarentule pouvait-elle danser ?!

"LUNA !" criai-je en me débattant contre le souffle, m’approchant de plus en plus des enceintes.

"QUOI ? JE N’ARRIVE PAS À T’ENTENDRE AVEC LA MUSIQUE ! TU VAS DEVOIR PARLER PLUS FORT !"

"LUNA !"

"OH, VOILA LE REFRAIN ! PONY ROCKERS IN THE HOOOOOUSE TONIGHT !"

J’arrachai les câbles d’alimentation des basses, mettant fin au Pony Rock Anthem et à leur insupportable danse. "Atticus a refait des toiles."

"Ce n’est pas vrai ! Je lui ai spécifiquement dit de ne pas en faire, et c’est un très, très bon animal !" Elle caressa la tarentule. “N’est-ce pas, Atticus ?’’ Elle me fixa. "Tu es juste jalouse."

"Moi ?! Jalouse ? Pourquoi ?"

"Tu es jalouse que ton animal ne soit pas aussi mignon que le mien."

"Cette chose est aussi mignonne que ta mère !"

"Comment oses-tu, nous avons la même mère !"

"Et bien alors, c’est que tu as été battue avec un misérable gourdin lorsque tu étais pouliche."

"Dit mademoiselle gros flancs avec sa belle crinière rose !"

Je fronçai les sourcils, inspirant. "Oh non, tu n’oserais pas !"

"Si j’ose. Qu’est-ce que tu vas faire, princesse ?"

J’atteignis et agrippai Luna par sa crinière étoilée, l’entrainant avec moi.

"Ow, ow, OW !"

******

"Tu vois ?" soufflai-je.

"Atticus ?" demanda Luna, calmement.

L’araignée sur sa tête haussa des épaules.

"Il me dit qu’il n’y ait pour rien."

"Comment peux-tu comprendre ce qu’il te dit ?"

"Atticus, dis-moi la vérité", dit Luna, levant la tête vers l’araignée perchée dessus.

Atticus sembla tourner les pattes en ayant un air penaud, ses crocs faisant des allers-retours. Il sauta soudainement hors des cheveux de Luna. Je criai, me collant au mur en le regardant partir dans le couloir. Luna partit à sa poursuite, et moi à celle de Luna.

"Où va-t-il ?" chuchotai-je

"Shh"

La tarentule pointa une porte familière.

"C’est le placard à balais, Luna."

Elle se renfrogna, roulant des yeux. "Je peux le lire, sœurette."

"Il n’y a pas de panneau."

Luna attrapa la poignée avec sa magie. Je déglutis, tremblante. Qu’y avait-il derrière la porte ? Et si maman Attticus s’était énervée, et était venue récupérer son fils ? Et si elle faisait la taille du placard entier ? La taille du château ?

La porte s’ouvrit. Je jetai un œil par-dessus l’aile de Luna

Rien.

"Atticus, qu’y a-t-il ?"

La tarentule rampa à l’intérieur et il y eut un clic. Il avait allumé la lumière, pinçant la chaîne pendante avec ses pattes.

"Oh, Tia, regarde ! Regarde ce qui faisait ces toiles !" couina Luna. "Atticus a une petite amie !" sauta-t-elle, excitée. "Playboy, va."

"G-G-G---"

Luna laissa échapper un couinement encore plus aigu. "Il y a des œufs d’araignée là-dedans ! Oh, ils ont eu des enfants ! Des bébés tarentules, Tia ! Ce n’est pas fantastique ?"