Au cours des deux jours qui suivirent, la vie continua normalement. Enfin, aussi normalement que possible. Il était difficile d’avoir une vie normale quand Twilight Sparkle était votre loyale étudiante, spécialement lorsque des parchemins pouvaient vous tomber dessus à n’importe quel moment. Je n’osais pas rentrer dans la chambre de Luna. J’avais presque oublié Atticus, car j’avais réussi à convaincre Luna de ne plus apporter nos animaux à table.
Tout changea lors d’une soirée après le dîner, je traversais le couloir en trottant lorsque mes sabots se prirent dans des toiles. Évidemment, je fis ce que la plupart des poneys feraient lorsqu’ils tomberaient dans ces pièges mortels.
Crier comme une pouliche et courir en rond en essayant de s’en débarrasser jusqu’au moment où je réalisais que des tarentules vivaient dans cette toile. Ou du moins, l’avaient fabriqué. Voulant dire qu’elles n’étaient pas très loin. Ce qui voulait dire…
Il y eut de nouveau cette sensation brûlante de démangeaison. Un essaim d’araignées englouti mon corps. Je hurlai.
"ARRÊTE, TOMBE ET ROULE !*" Je gueulais, m’arrêtant, me jetant au sol et roulant comme si c’était une mode. "ARRÊTE, TOMBE ET ROULE !"
Mes gardes bougèrent à peine. L’un cligna des yeux. L’autre bailla.
"Sœurette ? Que t’arrive-t-il ?"
Je levais les yeux, voyant le visage de Luna tordu par un petit sourire, essayant de le masquer derrière une façade de préoccupation.
"Toi", grognai je, "tu, il, ça !" Je levais mon sabot pour lui montrer. "Il a fait ça !"
Luna hoqueta d’une fausse horreur. "Atticus !"
En un clin d’œil, Atticus atterrit entre nous deux. Je hurlai et volai au plafond à nouveau.
Je ne perdis pas l’ironie de la situation.
"As-tu fait ces toiles, Atticus ?"
La tarentule se baissa légèrement.
"Oh, je n’arrive pas à être en colère contre toi, ma petite araignée."
Il y avait bien des dizaines de manières d’appeler cette vile chose, et ‘petite’ ne me semblait pas l’une d’entre elles. Cette chose faisait la taille d’une grande assiette.
"Nocturne, Apollo !"
En un instant, ses deux gardes lunaires apparurent dans un éclat d’ombre. Ils portaient la même expression ennuyée que mes gardes, à la différence que leurs yeux semblaient identiques à ceux des dragons et qu’ils avaient des ailes de chauve-souris.
"Assurez-vous qu’Atticus rejoigne ma chambre, et nettoyez-moi ces toiles !"
Le garde que j’assurai être Nocturne se contenta de se baisser et de laisser Atticus monter sur son sabot avant le poser sur son casque. Je me dis qu’il était désormais sûr de me laisser redescendre, atterrissant dans un léger bruit en regardant cette brave âme s’éloigner avec le monstre. Apollo prit un chiffon dans sa bouche et commença à nettoyer.
"Je t’assure, Tia, Atticus est inoffensif !"
"Je ne suis pas effrayée par une araignée."
"Tarentule."
"Ça ne fait aucune différence", dis-je avec un accès de colère. "Il ne me fait pas peur."
"Bien sûr", se moqua Luna. "C’est ça."
Luna avait eu le dernier mot et commençait à trotter au loin, un énorme sourire traversant son visage.
"Je sais ce que tu prépares !" lui criai-je. "Je te surveille ! Tu m’entends ?"
******
Cela me mettait hors de moi, pardonnez le jeu de mot*. J’allais montrer à cette araignée (tarentule) qui était large et responsable. Et par large, je ne parle pas de mes majestueux flancs (oui, je vous vois les regarder).
Je fronçai les sourcils, m’observant dans le miroir.
"Note à moi-même" dis-je à haute voix. "Moins de gâteaux."
Je soulevai mon matelas et sortis la valisette contenant mes armes de destruction massive, qui s’ouvrit dans un cliquètement. "Voyons voir. Codes de lancement des missiles nucléaires… C4… aha."
Je soulevai la brique de manière triomphante, la soulevant plusieurs fois dans mon étreinte magique avant de marcher vers la sortie confiante, appelant mes gardes.
"Si Luna me cherche, je suis à la cuisine."
Ils ne prirent même pas la peine de me demander pourquoi je transportais une brique.
Je ruai dans la porte de la chambre de Luna, telle une jument dans un film d’action, scannant la pièce à la recherche de ma cible que je trouvai rampante près du bureau.
"Toi", me renfrognai-je.
L’araignée ne fit aucun mouvement brusque. Oui, cette araignée (tarentule) était sans aucun doute intelligente.
"Tu vas m’écouter, parasite", soufflai-je, me sentant un peu courageuse. "Si tu veux rester l’animal de Luna, tu vas devoir suivre quelques règles."
La tarentule bougea lentement sur la table. Est-ce qu’il me comprenait, au moins ?
"Premièrement, cesse d’être effrayant. Je suis sûre que cela va à l’encontre de ta nature, mais ne me traque pas", la préviens-je.
L’arachnide s’arrêta, se tournant lentement. Arrêtant ce qu’elle faisait. Ce dont j’assurai être faire plus de toiles.
"Ou sinon", ajoutai-je, levant la brique. "Tu vois ça ?"
Atticus sembla avoir une expression de curiosité traversant son corps, comme un poney penchant sa tête de confusion.
"C’est bien ça. Ton sens d’araignée te prévient ! Cette brique signifie la mort pour toi."
Il leva ses pattes avant. Je levai ma brique. C’était la confrontation du siècle, je vous le dis. Un ballot de poussière traversa la pièce.
Silence.
Atticus se glissa à l’avant du bureau. Je levai plus haut ma brique et usai d’un sort pour l’enflammer.
"J’ai une brique enflammée. Pas toi. On se comprend ?"
Il baissa ses pattes avant.
"Bien", dis-je, lançant la brique par la fenêtre. "Maintenant que tout est-"
Atticus sauta sur mon museau. Je sentis ses pattes furieuses sur mon visage, bougeant et gesticulant, comme s’il essayait de me parler ou de me convaincre. Peut-être essayait-il de me dire qu’il allait conquérir Equestria, ou me mordre pendant mon sommeil. Ou peut-être essayait-il d’être amical.
Parce que la meilleure manière d’être amical consistait à sauter au visage de quelqu’un.
Ses larges yeux rouges étaient innocents, mais dans la seconde, je ne vis rien de plus qu’une tarentule sur mon visage.
"AIEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE !"
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