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Allegrezza

Une fiction traduite par Littera Inkwell.

Concerto Quattordici

« En garde, vil Jockey des Disques ! »

Octavia brandit son archet comme une épée vers la licorne blanche en face d’elle, qui feignit la surprise en poussant un cri de stupeur.

« Tu penses que tu peux vaincre ma musique, joueuse de violon ? »

« Violoncelle. »

« Peu importe. Je vais faire de la musique si forte que ton violoncelle ne pourra jouer que du dubstep pendant des semaines ! »

Octavia s’écria à son tour d’une manière théâtrale, et fit plus de mouvements de l’archet en direction de Vinyl.

« Vous courez à votre perte, Maîtresse du Micro ! Je vais vous montrer ce qu’est la vraie musique ! »

Octavia redressa son violoncelle, le fit tournoyer sur lui-même d’un coup de sabot avant de le bloquer contre son épaule et de commencer à jouer. L’archet filait sur les cordes à toute vitesse ; ça faisait des années qu’elle n’avait pas joué comme ça. Une des cordes finirait sans doute par casser, mais elle en avait de rechange à la maison après leur petite bataille. Quand sa cheville commença à lui faire mal elle conclut par un crescendo mélodramatique, et s’inclina devant les enfants ébahis pendant que Vinyl faisait la moue, les pattes croisées.

« Pas mal, Octy, mais tu n’as encore rien entendu. »

Vinyl envoya un disque dans les airs par magie, le rattrapa sur le bout du sabot et le garda en équilibre. Elle laissa son public applaudir un moment avant de le renvoyer dans les airs d’un mouvement de la patte. Le disque tournoya en vol, atterrit sur la platine, et tournait déjà quand la pointe de lecture se posa dessus. Elle apporta ensuite ses propres retouches à la piste, un morceau d’électro plutôt banal. Ses sabots filaient parmi les boutons de la table de mixage, transformant la piste en un léviathan de basses furieuses. Elle avait décidé d’en mettre plein la vue à Octavia. S’étant souvenue du vieux pari, elle avait choisi de tout faire au sabot, sans magie.

Elle porta la musique à une apogée ; l’anticipation était de plus en plus palpable. Le tempo et la puissance montaient en flèche vers un maximum presque insoutenable, jusqu’à ce qu’enfin, elle fasse le grand saut. La chanson plongea dans un abysse de basses et de pulsations électro, avant que la mélodie ne s’estompe en une fine sonnerie cristalline, qui dura jusqu’à devenir imperceptible pour l’ouïe de tous les poneys. Vinyl éteignit la platine, stoppa le disque qui tournait toujours, et le renvoya dans sa pochette. Des applaudissements enthousiastes remercièrent Vinyl qui s’inclinait devant les enfants.

« Très bien joué, pour un DJ, Mlle Scratch. Mais permettez-moi de partager mes commisérations, car je me sens capable de vous battre. »

Un faible toussotement jaillit d’ailleurs que sur la scène, captant l’attention du public. Il avait coupé Octavia à mi-chemin de sa présentation falsetto du prochain morceau, alors elle baissa son archet pour en identifier la source.

La source était la réceptionniste qui avait accueilli Octavia à son arrivée. Elle arborait une expression qui portait un mélange d’inquiétude et d’excuse ; elle trotta vers les enfants assis sur le sol et les rassembla.

« Désolée de devoir mettre fin à ça, Vinyl et… vous savez, je ne crois pas que nous nous soyons donné nos noms. Je suis Crystal Murmur. »

Octavia descendit de scène et accueillit Crystal avec une poignée de sabot.

« Octavia. Je ne vais pas vous embêter avec mon nom complet, il fait rire Vinyl. »

« Tu l’as dit ! »

Le visage de Crystal s’illumina et elle mit une once d’excitation dans sa voix.

« Oh, je suis si désolée de faire ça. Mais il y a des poulains qui ont besoin de repos. Désolée les enfants, je suis sûre que Vinyl et Octavia… reviendront vite ? »

Octavia opina du chef à la promesse devenue requête, comme les poulains et pouliches tournaient vers elle des yeux brillants d’espoir.

« Bien sûr. J’ai toujours besoin de montrer à quelqu’un ce qu’est la vraie musique. »

« On est jamais mieux servi que par soi-même, Octy. »

« Silence, toi. »

Crystal parvint à rassembler les poulains une fois de plus, après qu’ils se furent mis à danser de joie.

« Allez les enfants, dites au revoir à Vinyl et Octavia. »

Un chœur de gratitude jaillit du groupe de petits poneys qui s’étaient rassemblés autour d’Octavia. Crystal sourit et inclina la tête en chassant les poulains hors de la pièce. Elle attendit un moment avant de les suivre, jeta un œil vers Vinyl qui se tenait sur la scène puis se tourna vers Octavia.

« Vous savez, Vinyl a dit beaucoup de bien de vous. Ça a été un plaisir de vous rencontrer enfin. »

« Oh, elle a fait ça, vraiment ? »

Vinyl dut sentir le poids des mots d’Octavia, car elle fut saisie du besoin urgent de ranger ses disques par ordre alphabétique et pour cause plongea sa tête dans leur coffre. Crystal hocha la tête, son petit sourire faisait se serrer et rosir ses joues.

« Eh oui. J’attends votre retour avec impatience, Octavia. Toi aussi, Vinyl. »

« À plus. Dis leur que j’reviens la semaine prochaine. »

Crystal quitta la salle, tandis que Vinyl gardait la tête enfouie dans le coffre. En réalité, elle ne faisait que tripoter des disques au hasard pour paraître occupée, mais il ne fallut pas bien longtemps pour qu’un certain poney s’en rende compte. Vinyl vit une ombre tomber sur elle juste après que le son d’un violoncelle que l’on range ait cessé. Elle tenta de fredonner une chanson pour paraître encore plus occupée, mais difficile de fredonner du dubstep, à moins d’avoir un subwoofer à la place du larynx.

Le visage d’Octavia apparut sur le côté, et Vinyl détourna légèrement le sien pour éviter son regard, toujours en fredonnant, malgré son sourire rayonnant. Le visage réapparut de l’autre côté, et elle se tourna encore, sa chanson entrecoupée de petits rires. Finalement, Octavia décida de saisir Vinyl par les épaules et de la retourner sur son dos pour la mettre dans l’inévitable position d’où elle pourrait voir le sourire d’Octavia.

« Wouah, Octy. Ça va bien de t’allonger sur moi comme ça ? Encore heureux que les enfants soient pas là. »

« Oh chut, toi ! Tu es vraiment un drôle de spécimen, Vinyl. Tu oscilles entre l’idiote et la sainte, à dire du bien de moi à tous les poneys que tu rencontres. »

Vinyl plongea ses yeux rubis dans ceux lavande d’Octavia. Ses lunettes étaient tombées au sol durant le petit roulé-boulé peu typique d’Octavia.

« Unique en mon genre, tu pourrais parcourir tout Équestria sans croiser un poney comme moi, Octy. Mais t’es plutôt cool, toi aussi. »

« Oh, tu peux être d’une arrogance insupportable. Attachante, et insupportable. »

« Octy, j'ai comme l'impression que… » Vinyl récupéra ses lunettes gisant non loin dans une aura grise, qui s’estompa lorsqu’elles se posèrent sur son museau. « … tu vas devoir t'y faire. »

Octavia annula la distance avec un bisou sur les lèvres, puis se redressa pour voir le sourire frivole de Vinyl.

« Je suppose qu’il faudra bien, n’est-ce pas ? »

« Bon, qu’est-ce que tu veux faire ce soir ? »

Le rictus de Vinyl déborda sur ses joues, et elle arqua les sourcils au passage. Octavia resta bouche bée un moment, avant de faire l’expérience d’un rougissement de réalisation. Sa voix devint un murmure étouffé teinté de rire.

« Vinyl, tu es vraiment une sacrée effrontée parfois. »

« Quoi ? J’ai rien suggéré du tout. Tu n’as pas encore des idées cochonnes, Octavia ? »

« Oh, mais tu… tu es vraiment la pire des taquines. Tu le sais ça ? »

« Pour vous servir, ma p’tite dame. »

« Eh bien, je pensais plus à quelque chose comme une boisson relaxante. »

Vinyl souleva doucement ses lunettes du bout du sabot et plissa les yeux pour donner l’air de scruter Octavia avec attention.

« Très bien. Mais je ne boirai pas les mêmes trucs bizarres que toi. Pour moi ce sera Bacoltis et puis c’est tout. »

Octavia fit les gros yeux et tendit un sabot à Vinyl à terre.

« Je suppose que mes tentatives d'incitation à la dignité et à la classe ont échoué ? »

« Tout à fait. »

« Pas grave, tu fais toujours l'affaire. »

Vinyl feignit la stupeur en poussant un cri tout en se tenant sur ses pattes arrière et en écartant celles de devant aussi large que possible.

« Je fais l'affaire? Je suis la meilleure ponette du ghetto, Octy ! »

Le sang-froid de renommée nationale de Vinyl se vit fragmenté lorsqu’Octavia lui envoya un sabot joueur dans les côtes, au point de la renverser sur son dos. Octavia trotta vers Vinyl, et se pencha au-dessus de sa forme horizontale avec une expression inquiète.

« Oh, je suis si désolée, Vinyl. »

« T’as intérêt. »

« Qu- ? »

Vinyl s’agrippa à Octavia, fit une roulade et la plaqua au sol sur son dos. Octavia lutta contre le poids sur ses épaules, et regardait Vinyl qui avait répété sa posture de triomphe les pattes avant écartées tout en restant assise sur elle pour compléter le plaquage.

« Vous oubliez quelque chose, Mlle Philharmonica. » Vinyl se pencha pour murmurer à l’oreille d’Octavia. « Je connais ton point faible. »

« Qu’est-ce que c’est que… oh Célestia, non Vinyl. Pas ici. »

« Si, c’est ma revanche. Et je vais l’avoir comme je veux. »

Vinyl enfouit le bout du sabot entre les côtes d’Octavia et chatouilla rapidement autour de la zone vulnérable. Octavia fut saisie d’une crise de fou rire, et se débattit plus fort pour se libérer de la prise de Vinyl.

« Non, Vinyl… pitié ! Je… c’est complètement… immature ! »

« Je savais que t’étais chatouilleuse, Octavia. »

Vinyl enfouit son sabot dans le cou d’Octavia, et la regarda secouer la tête pour tenter d’échapper à l’attaque nerveuse qui la paralysait de rire.

« Vinyl… pour l’amour de… arrête, tout de suite ! »

« Eh quoi, Octy ? Chatouiller plus fort ? À ton service. »

« Non… sé… rieusement. Arrête ! »

« Et si on montait à onze ? »

Octavia gigota plus longtemps sous l’ampleur croissant des chatouillis, puis parvint à dégager ses pattes de devant. Elle les pressa contre le ventre de Vinyl, la poussa en arrière pour l’envoyer s’effondrer sur le sol en titubant. Octavia se tint les côtes, dans une tentative de réprimer les sursauts de rire qui parcouraient toujours son corps.

Vinyl se remit sur ses sabots à peu près au moment où Octavia s’empêtrait avec les siens. Elle replaça ses fidèles lunettes sur ses yeux et regarda Octavia qui peinait à rester debout en riant.

« Wouah, Octy. Je ne t’avais pas vue aussi rouge depuis la nuit après cette audition machin-chose. »

« La ferme… toi. Laisse-moi… juste reprendre… mon souffle. »

« Je peux te donner le baiser de la vie, si tu veux. Ou un sabot peut-être ? »

« Je vais… me passer du baiser, merci. Passe-moi… un sabot. »

Vinyl passa les pattes sous la cage thoracique d’Octavia et la remit sur ses sabots en grognant. Elle entoura son épaule avec une patte et profita de l’étreinte légère alors qu’Octavia profitait de son support.

« Le meilleur dans tout ça, Octy, c’est qu’on a même pas commencé à picoler. »



* * * * * *



« Garçon, deux Sambuckas Flambées ! »

« Vinyl, je n’ai même pas commencé à boire. Tu veux vraiment que je boive une Sambucka ? »

Vinyl se tâta le menton une seconde, puis se tourna à nouveau vers le bar.

« Alors juste une, on la partagera. » Elle se pencha vers le barcolt pour lui souffler à l’oreille. « Elle supporte pas l’alcool. »

« Ce n’est pas vrai. Et nous ne partagerons rien. »

« Oooh, mais ça sera roman- »

« Un Chardonnay, je vous prie, monsieur. Et… un Bacolti ? »

« Ok, pourquoi pas ? »

« Super. »

Octavia tendit l’argent, avant de saisir les deux boissons puis de se diriger vers la table. Vinyl et elle-même avaient décidé de passer la soirée dans le bar à vin, qui, heureusement, était désormais déserté de tout poney à marque de glace ou autres importuns. Le barcolt était toujours là, cependant, à exhiber ses manières de jument, comme toujours. Elle fut interrompue par ce même barcolt, qui pointait un sabot et lançait un regard vers Vinyl.

« Excusez-moi madame, puis-je vous demander vos papiers d’identité ? »

Vinyl se figea, et une expression de choc mêlé d’inquiétude se dessina sur son visage avant de laisser place à un calme détendu. Elle tourna sur elle-même et sortit une carte de sa poche en souriant.

« Ça fait toujours du bien d'entendre dire qu'on fait jeune pour son âge. Voilà pour toi, brony. » La carte d’identité dansa devant les yeux du barcolt, quelque peu maladroitement, avant qu’il n’acquiesce et l’écarte d’un geste efféminé du sabot.

« Pardon de vous embêter. Nouvelle politique, tout ça. Passez une bonne soirée ! »

« Ouais… c’est noté. »

Elle se retourna vers Octavia, et haussa les épaules.

« Je dois avoir l’air jeune et en bonne santé, peut-être. T’en penses quoi ? »

« Je suppose que tu as l’air jeune et… en bonne santé, Mlle Scratch. La carte d’identité m’intrigue, par contre. Je n’en ai même pas et ils me laissent tranquille. »

« C’est pac’que ce nœud pap’ leur fait croire que t’es ma grand-mère. »

Elle remarqua l’expression indignée d’Octavia, la bouche béate et le sabot levé qui annonçaient la diatribe imminente de cette dernière, et décida d’y couper court avant qu’elle ne commence.

« Je déconne. C’était une blague, mon petit poney. »

« Je… ne m’appelle plus comme ça. »

Vinyl fit tourner la carte d’identité sur elle-même, révélant une photo datant de quelques années encadrée de divers détails sur elle. Octavia, cependant, repéra le nom écrit en gras et en noir sur le haut de la carte.

« Vinyl Jennifer Scratch. Tu ne m’avais pas dit que tu avais un deuxième prénom. »

La carte d’identité fut vivement écartée et fourrée dans la poche de Vinyl une fois de plus. Elle se tourna pour cacher ses joues rouges, et aperçut une table dans un coin qui serait parfaite pour la nuit.

« Ma mère trouvait ça joli… Enfin, il y a une table par là qui est libre, Octy. »

« C’est un très joli prénom. Ça te donne presque le sens… des convenances. Pompe et apparat, si tu préfères. »

Vinyl rit en rejetant le compliment d’un mouvement du sabot, pendant qu’Octavia posait les boissons sur la table.

« Sûrement aussi classe que je peux être, Octy. Je veux pas être une jument chic, juste un poney bon à ce qu’il fait. »

« Eh bien, je crois que tu as déjà fait tes preuves sur ce front. Peut-être serait-il temps de considérer les autres. »

« Nan. C’est pas le chic le problème, c’est le côté vieux jeu qui va avec. Le prends pas mal. »

Vinyl s’enfonça dans le divan moelleux à côté d’Octavia, saisit son Bacolti et engloutit la moitié de la bouteille en une gorgée. Elle tendit une patte, et attira Octavia près d’elle pour l’enlacer tendrement. Octavia s’était promis d’être plus frugale avec l’alcool, et sirotait délicatement son vin, en s’autorisant à en apprécier la saveur et la texture avant d’avaler. Malheureusement, elle n’avait pas donné à Vinyl cette habitude de boire de l’alcool plus que pour le simple fait de se saouler.

Vinyl poussa un soupir de contentement. Elle se voûta plus loin dans sa position assise, attira Octavia plus près d’elle tout en sirotant sa boisson. Elle remarqua bientôt la sensation familière du léger poids de la tête d’Octavia sur son épaule, et posa doucement sa propre tête contre celle d’Octavia.

Boisson décente dans un sabot, belle jument dans l’autre. Vinyl sentit qu’elle pourrait retenir ce moment comme un des meilleurs passages de sa vie à cet instant.

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Abigaël
Abigaël : #47376
Ce moment à la fin me rappelle étrangement Mafia 2, je ne sais même pas pourquoi....
Il y a 8 mois · Répondre
fredericdu2375
fredericdu2375 : #17730
constantoine14 avril 2015 - #17722
Apparament, les musiciens poneys et les écrivains bronies ont le même but : l'alcool, et les femmes.

@fredericdu2375 20 pourcent plus chouette, please
non pour cent pur cent bon d'accord pourcent merci
Il y a 3 ans · Répondre
constantoine
constantoine : #17722
Apparament, les musiciens poneys et les écrivains bronies ont le même but : l'alcool, et les femmes.

@fredericdu2375 20 pourcent plus chouette, please
Modifié · Il y a 3 ans · Répondre
Le commentaire a été masqué par l'auteur.
fredericdu2375
fredericdu2375 : #17700
toujours aussi fun 20pour cent plus cool
Il y a 3 ans · Répondre

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