Site archivé par Silou. Le site officiel ayant disparu, toutes les fonctionnalités de recherche et de compte également. Ce site est une copie en lecture seule

Nopony

Une fiction écrite par JackHyde.

Chapitre 2

Pourquoi diable Anna s’était-elle mise dans cet état là ? Cela n’avait pas de sens, si l’on partait du principe que Jack se trouvait en plein milieu d’un rêve, cela expliquerait facilement pourquoi il était un poney. Mais s’il ne rêvait pas, le fait qu’Anna ait été surprise à ce point trouverait parfaitement sens, mais absolument pas pourquoi il était en poney.

 

Le temps de s’amuser était clairement passé. Jack était, comme toute personne, capable de se comporter comme un véritable enfant lorsqu’il laissait libre cours à ses pensées, mais il était tout de même capable de réflexion et de raison lorsque les circonstances s’en jouaient, et celles-ci s’y prêtaient parfaitement. La logique voudrait qu’il ne se soit pas transformé en poney par hasard, sans aucune explication, mais elle voudrait aussi lui dire que tout ceci n’était absolument pas réel, une chose n’ayant jamais existé dans le monde humain, ne peut absolument pas se manifester d’un coup. Jack pouvait tout à fait être en train de rêver, comme il l’avait pensé jusqu’à maintenant, ou peut être délirait-il suite à la chute du lit de ce matin qui aurait très bien pu lui donner quelques séquelles, même si c’était très peu probable.

 

Une seule façon d’être sûr que tout ceci n’était pas le fruit de son imagination, et qu’il pouvait parfaitement se réveiller. Jack observa son sabot, longuement, puis se décida enfin à le mordre, rien ne s’estompa, mais peut-être n’était-ce pas assez, alors il força davantage la pression de sa mâchoire jusqu’à ce qu’un goût métallique emplisse sa bouche. Il cessa immédiatement et examina la morsure, il s’était mordu jusqu’au sang et ça saignait suffisamment pour qu’il décide d’abandonner Anna un instant pour allez chercher quelques pansements dans la pharmacie située dans la salle de bain.

 

Les menus problèmes rencontrés pour ouvrir la pharmacie et tenter de bander sa plaie ne le préoccupèrent pas tant que ça, car il était enclin à un début de panique intérieur : Qu’allait-il lui arriver si tout ceci persistait ? Comment continuerait-il à vivre ? Que se passerait-il s’il était découvert ? Cette dernière question souleva néanmoins une crainte importante en lui. Ce matin, persuadé comme il l’était d’être en plein rêve lucide, Jack n’avait pas vraiment fait dans la discrétion, il avait fait beaucoup de bruits : Il avait hurlé en se voyant dans le miroir, fracassé la porte du jardin pour y accéder et avait probablement été aussi bruyant que n’importe quel enfant de maternelle en construisant son poney de neige. Même s’il n’avait aperçu personne, rien n’assurait qu’il n’avait pas été observé par de nombreux regards cachés derrière leur rideaux, venu s'assurer de ce qui faisait autant de boucan.

 

- “Espèce d’imbécile !” jura-t-il à l’attention de son reflet dans le miroir de la salle de bain.

 

Si il n’avait pas été aussi en joie, peut-être aurait-il pu prendre la peine de vérifier correctement la situation, mais à la place il avait fait le pitre et il se retrouvait potentiellement en danger. Et de toute manière, il ne pourrait pas se cacher sans aide, on viendrait sûrement le voir durant la semaine, la vieille madame Bellay, la voisine d’en face, venait souvent apporter quelques surplus de gigot ou de tartes qu’elle cuisinait en trop par habitude du temps où son mari était encore de ce monde, mais elle avait beau être l’une des vieilles dames les plus aimables qui soit, rien ne disait qu’elle resterait calme en voyant une créature qu’elle penserait sûrement sortie tout droit d’un laboratoire et qu’elle ne s’enfuirait pas aussi vite que ses jambes rongées par l'arthrite le lui permettrait.

 

Il fallait à Jack une personne de confiance, au moins jusqu’au retour de ses parents, mais même pour eux il n'était pas sûr de leur réaction, il faudrait un médiateur, quelqu’un qui pourrait assurer qu’il s’agisse bel et bien de leur fils, mais qui pourrait également les rassurer. Un déclic se fit dans l’esprit de Jack, cette personne était justement allongée sur son canapé : Anna était son amie depuis qu’il était tout petit, et on pouvait pratiquement dire qu’ils avaient été élevés ensemble, avec les bons mots, il pourrait la convaincre qu’il s’agissait bien de lui et de l’aider le temps qu’il faudrait.

 

Et en parlant d’elle, Jack l’entendit justement commencer à gémir, elle se réveillait. Il trotta jusqu’au salon et s'assit juste en face d’elle, mais pas non plus trop proche pour éviter de l’effrayer lorsqu’elle serait pleinement consciente. Déjà elle clignait des yeux et se tenait la tête de la main droite.

 

- “Wouah, qu’est-ce qui m’est arrivé ?” demanda-t-elle.

 

- “Tu t’es évanouie il y a quelques instants, tu as vu quelque chose qui t’a fait peur et … je crois savoir ce que c’est.”

 

- “Oh Jack, maintenant que tu le dis c’est vrai que j’ai vu une drôle de chose, je m’en souviens pas très bien mais c’était blanc et sur quatre pattes.” elle tenta de se relever.

 

- “Relève-toi doucement.” tempéra-t-il. “Tu t’es pris un sacré choc tout de même.”

 

- “Ça va, ma vision est floue, mais je commence à y voir. T’es où ?”

 

- “Juste en face de toi … Promets-moi de ne pas avoir peur.”

 

- “Mais de quoi est-ce que tu-” stoppa-t-elle net.

 

Quand les yeux d’Anna se furent à nouveau habitués à la lumière et que celle-ci vit la chose assise juste de l’autre côté de la table, son coeur rata un battement et sa bouche resta grande ouverte sans qu’aucun son n’en sorte. Elle jeta d’abord des regards à droite et gauche, dans l’espoir de trouver son ami dans la pièce, puis elle se rappela ce qu’il avait dit : “Juste en face de toi”, elle reposa alors son regard sur la source de sa stupeur, et comme pour répondre à sa question non encore formulée, celui-ci répondit, tête baissé :

 

- “Oui.”

 

Tout simplement.

 

Anna prit le temps de se redresser en position assise et prit appui sur ses genoux.

 

- “J-Jack ? C’est bien toi ?” demanda-t-elle finalement.

 

Il soupira, las.

 

- “Je crois.” répondit-il évasivement. “Je ne suis même plus sûr de rien.”

 

Elle le regarda dans les yeux. Cet être étrange, qui lui semblait pourtant presque familier. Elle n’y croyait pas. Elle eut le même réflexe que Jack et se pinça la main pour vérifier qu’elle n’était pas dans un rêve, elle eut mal, mais rien ne changea.

 

- “Ce n’est pas la peine de t’infliger ça, j’ai déjà essayé.” Il leva sa patte bandée maladroitement.” Et comme tu peux le voir, j’ai essayé relativement fort.”

 

- “Oh mon dieu !” cria-t-elle, écarquillant les yeux en voyant la blessure et le bandage imbibé de sang. “Laisse moi régler ça.”

 

Et elle fonça immédiatement dans la salle de bain, pour aller chercher de quoi recommencer le travail. Quand elle revint, les bras chargés de désinfectant et de bandages, Jack n’eut qu’à tendre le sabot pour la laisser s’en occuper.

 

- “Quand est-ce arrivé ?” questionna-t-elle pendant qu’elle dénouait le bandage grossier.

 

- “C’est sûrement arrivé durant la nuit. Vu que je me souviens très bien encore avoir eu des mains hier soir.”

 

Elle expira puis inspira longuement. Jack lui, se contentait de fixer les reliefs de la table basse.

 

- “As-tu une idée de comment c’est arrivé ?”

 

Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’il ne réponde.

 

- “Absolument aucune, et j’ai bien l’intention de découvrir pourquoi.” Il attendit qu’elle eut fini d’appliquer le désinfectant pour lui poser la question. : “Anna … Je - J’ai besoin de ton aide.”

 

- “Ne te fatigue pas, la réponse est d’ores et déjà oui.”

 

Jack se contenta de sourire. Anna était définitivement la personne sur qui il pouvait s’appuyer, et s’il avait le moindre doute, celui-ci fut directement balayé. Que ce soit depuis leur plus jeune enfance, ils avaient toujours pu compter l’un sur l’autre. Que ce soit la fois où Jack s’était cassé la jambe à l’âge de six ans et qu’Anna était restée auprès de lui jusqu’à l’arrivée des secours, ou lors de la mort de la mère d’Anna, où Jack était resté presque toute une semaine avec elle pour la réconforter et l’aider à tenir le coup. Il se sentait déjà mieux, moins anxieux.

 

- “Merci.”

 

Anna finit de refaire le bandage de Jack. Le sien était bien plus propre que celui qu’il avait tenté avec ses sabots. Quand on est en possession de mains, c’est évidement plus simple. Une fois le pansement effectué, Anna leva les yeux et regarda son ami. Elle arqua légèrement un sourcil et dit:

 

- “C’est pas l’avatar que tu utilises en tant que brony?” dit-elle, brisant le sérieux de la situation.

 

Anna ne connaissait que très peu le show devant lequel son ami avait passé énormément de temps. Elle ne s’y était jamais vraiment intéressée, bien qu’elle ai regardé quelques épisodes avec lui et ai été souvent invitée à se joindre à quelques débats, elle ne se considérait pas vraiment comme fan de cette série. Néanmoins, Anna n'eut aucun mal à reconnaître la tête du poney en face d’elle, un visage blanc au yeux vairons orné d’une corne et d’une crinière bleu, cela ne s'oubliait pas si facilement étant donné que Jack l'exhibait sur chaque site internet.

 

- “Si, et c’est ce que je comprends encore moins. Déjà pourquoi un poney, et surtout pourquoi mon avatar ?” lui répondit-il.

 

- “Tout ça doit avoir un rapport avec My Little Pony, non ?”

 

- “Sans doute, c’est trop gros pour être dû au hasard…” songea-t-il.

 

Tout deux réfléchirent en silence à la situation. Jack était dans une situation plus que délicate, et si jamais cela finissait par se savoir, et bien tout finirait sûrement mal.

 

- “Tu ne t’es pas fait remarquer au moins ?” questionna-t-elle finalement.

 

- “Heu…” hésita Jack en se raclant la gorge, gêné par ses propres bêtises. “En fait… Je suis sorti tout à l’heure pour faire un poney en neige. Il n’y avait personne dehors, mais j’étais pas trop attentif non plus.”

 

Anna n’en revenait pas.

 

- “Mais… ! Pourquoi tu as fait ça !?”

 

- “Je croyais être dans un rêve. Je pensais pas que c’était réel ! Je voulais juste m’amuser.”

 

Anna fixa son ami. Après tout, elle ne lui en voulait pas. C’était compréhensible qu’il se soit crû dans un rêve, il en avait été de même pour elle. Mais si quelqu’un l’avait remarqué, il y allait avoir des problèmes. Tous deux savaient que chez les humains, ce que l’on ne comprend pas effraie, alors on cherche à l’étudier pour le comprendre, l’ennui était que ces études, ne respectaient pas toutes les règles de bientraitance.

 

- “J’espère encore que tout cela ne soit pas réel Anna. Que je sois dans un quelconque lit et que je me réveillerais en pensant que tout ça n’est qu’un délire.” se répéta-t-il pour la énième fois. “Mais, si tout cela est vrai, alors je vais devoir me cacher, vivre à l’abri des regards, tirer un trait sur beaucoup de choses.”

 

- “Du calme Jack, pour l’instant on va réfléchir. Mon père a encore été appelé par son “employeur” et il ne rentrera pas avant des semaines. Il me laisse de l’argent pour vivre et d’ici le retour de tes parents, je passerais tous les jours pour apporter des provisions et être là en cas de souci, je pourrais même dormir ici si cela peut te rassurer.”

 

Depuis qu’Anna avait perdu sa mère dans un tragique crash d’avion il y a de ça quatre ans, son père s’était retrouvé tout seul pour élever sa fille. Manque de chance, c’était elle qui assurait le principal revenu de la maison grâce à son travail de cadre supérieur. Son père n’arrivant pas à joindre les deux bouts tous les mois, leurs conditions de vie se s’étaient dégradées, à un point même que son employeur finit par le virer, comme pour les achever, lui et Anna, pour “non respect de l’image de marque de l’entreprise”. Mais alors que tout semblait perdu et qu’Anna allait être bientôt enlevée à son père pour être placée en famille d’accueil, une société vint sonner à leur porte et proposa au père d’Anna un poste d’agent de sécurité extrêmement bien payé. Cette offre salvatrice n’imposait que deux obligations, la première étant que le père d’Anna était tenu au secret professionnel et la seconde étant que lorsqu’il partait il s’agissait souvent d’une durée pouvant aller jusqu’à un trimestre complet. Mais, bien que le père et la fille ne pouvait plus se voir très souvent désormais, il n’était quand même plus menacés d’être séparés, et puis les périodes entre deux appels étaient relativement longues, ce qui permettait tout de même à leur famille de passer beaucoup de temps ensemble.

 

- “Eh bien, en y pensant ça se tient, si jamais quelqu’un vient frapper à la porte, tu seras là pour dire que je suis malade et que tu veilles sur moi (ce qui n’est pas totalement faux au passage), et tu pourras certainement m’aider à tempérer mes parents lorsqu’ils reviendront et verront … ça.” fit-il d’un geste vague.

 

- “Et vu le désordre que tu mets, il faudra bien quelqu’un pour ranger derrière toi” compléta-t-elle. “Et puis tu ne pourras certainement pas t’occuper de toi tout seul.” Elle commença à toucher sa crinière et sa fourrure. “Waouw, ce que t’es doux”.

 

- “Heh, mais arrête, c’est gênant !” protesta-t-il pendant qu’elle le caressait.

 

- “Et c’est chaud en plus.”

- “Mais - arrête de me toucher !”

 

- “Nan tu m'échapperas pas comme ça.” rétorqua-t-elle avant de lui sauter dessus pour le prendre dans ses bras. “Mon petit poney.” rit-elle.

 

Situation oblige et ambiance bon enfant, Jack se prêta alors au jeu lui aussi et roula avec elle en riant sur le tapis.


Au moins ils pouvaient toujours s'amuser comme avant.

Vous avez aimé ?

Coup de cœur
S'abonner à l'auteur

N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.

Chapitre précédent Chapitre suivant

Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.

thedarkcaster
thedarkcaster : #11554
un excellant chapitre
Il y a 3 ans · Répondre
makuta
makuta : #11071
chapitre charmant ^^
Il y a 3 ans · Répondre

Nouveau message privé