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Le journal d'Ahuizotl

Une fiction traduite par inglobwetrust.

Chapitre 5: Une bête

10 Septembre 2352

Je me demande quelle qualité les gens se rappelleront en pensant à moi après ma mort ? Est-ce que ça sera ma roublardise ? Ou l’intensité avec laquelle j’ai conspiré contre mes ennemis ? Ou peut-être mon habileté à m’en sortir avec le peu dont je dispose ?

Si je devais choisir, je prendrais cette dernière, ma capacité à récupérer. Peu importe les pertes chez mes serviteurs, peu importe le manque d’argent, peu importe les fois où j’ai fini dans la jungle avec rien que l’amertume dans la gorge, je suis toujours revenu en pleine forme. Peu importe d'où je suis tombé, je me suis toujours relevé et ait recommencé. Peu ont réussi à faire ça et à revenir au top.

J’ai, heureusement, été l’un des rares choisis par la chance, on dirait. Regardez ce que j’ai réussi ! Il y a trois jours, je revenais vers mes derniers loyaux sujets comme un chien battu. Aujourd’hui, je me tiens fier et fort, le temple sous mon contrôle. C’est vrai, la chance a joué un grand rôle, mais c’est aussi, par extension, ma volonté qui a fait ça.

Ces créatures en forme d’oiseaux que nous avons exilées auparavant se sont retrouvées sans maison, comme nous il y a peu. Par un coup de chance, ils ont trouvé la tribu des poneys terrestres et ont décidé de reconquérir leur temple ! Le reste de leur tribu a vagabondé dans la jungle et ont vu où je me trouvais, me suppliant de les laisser s’installer en échange de leur obéissance. L’ironie de la situation me fait jubiler. Je ne suis même plus triste à propos de la défaite !

Ce n’est pas la fin cependant. Les pégases sont occupés et ont entraîné des bêtes pour m’assister. Un tigre ! Une hyène ! Une panthère ! Un lynx ! Et, eh bien, un chaton. J’imagine qu’ils ont pris tout ce qu’ils avaient sous les sabots, mais je ne m’en plains pas. Le chaton est duveteux et très amusant.

Concernant Casse-Cou, j’ai déjà quelque chose de préparé. J’ai appris qu’une statue de haute valeur se trouve dans les tombes pas loin. Si cette information fuite en ville, je doute qu’elle puisse y résister. Surtout si je dis qu’elle menace le monde si elle tombe entre de mauvaises mains. Si j’obtiens cette relique moi-même et la place dans une pièce remplie de pièges, je pourrais me débarrasser d’elle, et même avoir un joli souvenir à vendre, pour faire d’une pierre deux coups.

Casse-Cou frissonna. Araignées, serpents, lances, sables mouvants, et qui sait quoi d’autre - Ahuizotl ne lâchait pas le morceau. Il m’a eue cette fois-là. J’ai eu de la chance qu’il soit assez idiot pour mettre le levier qui arrête ce piège dans le piège. Et tout ce que j’ai gagné a été un morceau de saphir. ‘Haute qualité’, hah ! Heureusement que j’ai pu écrire ‘Casse-Cou et la Quête du Saphir Sacré’ après ça.

16 Novembre 2352

Eh bien, encore deux mois de perdus, je suppose. Et je m’étais pourtant assuré que le piège était parfait ! Quelle honte. J’aurais dû écouter les architectes pégases – mettre le levier à l’intérieur était une mauvaise idée.

Je voulais vraiment lui parler une dernière fois, avant que le piège se referme sur elle ! Je ne sais même pas pourquoi, ça me semblait juste être la bonne chose à faire. Après tout, nous nous connaissons depuis longtemps, n’est-ce pas ? Et je dois dire que son expression quand elle a réalisé que je l’avais piégée avait une valeur inestimable ! Je devrais peut-être engager un photographe la prochaine fois ? Non, j’imagine que ça casserait toute l’ambiance ‘tu vas mourir dans une ruine oubliée.’

Du côté des choses positives, Parfaite ne m’est pas venue à l’esprit une seule fois. Même pas quand j’ai regardé Casse-Cou, malgré leurs similarités. En y repensant, je n’ai pas pensé à Parfaite depuis des semaines. Bien. Je peux enfin me concentrer sur mes plans sans être distrait.

Tu as oublié ton amour ? Il était temps. Peut-être que tu vas arrêter de me comparer à cette prétentieuse duchesse.

30 Décembre 2352

‘Casse-Cou et la Quête du Saphir Sacré’ ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Je suis décrit comme un fou et idiot assoiffé de sang ! Et à quoi joue Casse-Cou ? A.K Yearling ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce qu’elle pense que je suis stupide ? Que je penserais que c’était écrit par quelqu’un d’autre ? ‘Oh, A.K. Yearling. Jamais entendu parler d’elle. Ça doit être une pure coïncidence qu’elle écrive exactement sur ce qui s’est passé ici !’

En fait, c’était pour booster ma popularité. Mon agent m’a dit que personne ne croyait ce qu’il y avait dans mes livres et que je ferais mieux de sortir le suivant comme une fiction et sortir une nouvelle série sous un nom d’emprunt. Sinon, ça avait l’air d’être une histoire personnelle. Je pensais que c’était idiot, mais ça a marché et ‘Casse-Cou et la Quête du Saphir Sacré’ a été un best-seller.

Quel outrage ! Je veux dire, même si les événements sont plus ou moins vrais, mais les adjectifs ! ‘La faible opposition’, ‘les pièges mal conçus’, ‘la créature brutale’ ! Une vraie campagne de dénigrement ! Attends que je te mette la main dessus, Casse-Cou !

Allez. Tu es vraiment menaçant de près. Et les lecteurs veulent des méchants qui font peur ! Je ne peux pas les décevoir. Mais en relisant ce que j’ai écrit… j’ai peut-être été un peu fort. Les adjectifs composés sont ma bête noire ! Mais ça ne t’excuse pas pour ce que tu as fait.

Casse-Cou continuait à tourner les pages. La forteresse de Talicon, l’amulette du destin, le bouclier de Rasdon... Elle n’avait que peu vu Ahuizotl durant tout ça. Cela était normal, vu les pièges qu’elle avait dû éviter : il devait être occupé ailleurs, et le journal le montrait.

Page après page était détaillé chacun des pièges qu’elle avait rencontrés. Seul un texte occasionnel sur les progrès de la construction brisait de temps en temps ce qui tenait plus d’un manuel de bricolage que d’un vrai journal. Mais Ahuizotl semblait au mieux de sa forme. Oh, celui-là était terrible. J’en ai même eu des cauchemars pendant les deux semaines suivantes !

Elle sauta quelques entrées, ses yeux atterrissant sur l’image d’une bouteille avec de la poudre d’endormissement et un pulvérisateur en bois.

Hé, celui-là m’a capturée. Être à nouveau dans une cellule était quand même – d’une certaine façon – un soulagement, je n’avais plus à me battre pour vivre ! Une pause est exactement ce qu’il me fallait. Hé. Je me suis même amusée là-dedans. C’est en fait la seule fois que j’ai vu Ahuizotl dans tout ça.

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Casse-Cou s’assit sur une pile de foin, fredonnant une chanson pendant qu’elle terminait un autre plateau de fruit. « Encore un, s’il vous plaît », dit-elle à travers le petit trou en haut de la porte en bois.

« Euh… » Le garde ouvrit le judas et la regarda, plissant le front. « J-je ne suis pas sûr que c’était ce qu’il voulait dire par ‘prendre soin d’elle’. »

Elle sourit. « Il voulait de toute évidence que tu sois proche de moi et que tu prennes soin de moi. Il pourrait me tuer s’il ne voulait pas que je survive, donc il ne veut pas me faire mourir de faim. Je suis affamée ! » Et je viens juste de constater que les mangues sont délicieuses !

Elle examina le pégase à travers le trou. Il était jeune, et bien qu’il fût couvert de peintures tribales, il n’y avait rien t’intimidant sur sa maigre figure. Une chiffe molle. « Où est parti Ahuizotl ? Je pensais qu’il serait là, jubilant et tout. Pas seulement toi. »

« Euh…eh bien… » Il se gratta la tête. « Il n’a pas d’ailes et c’est très loin. Ça lui prendra un peu plus de temps. »

Casse-Cou se leva. « Combien de temps ? »

« Q-quelques heures ? Trois, s'il va vite. »

« Oh. » Elle hocha la tête et se pencha contre le mur. « Alors, c’est comment de travailler pour un taré ? »

« I-il n’est pas un taré. Il nous a donné une nouvelle maison et à manger. »

Casse-Cou sourit. « Si tu le dis. Mais… tu as l’air neveux. Qu’est-ce qu’il y a ? »

« V-vous êtes jolie ! » Il se couvrit la bouche avec ses sabots. « J-je veux dire… »

« Eh bien, tu n’es pas mal non plus. » Elle lui fit un clin d’œil. « Qu’est-ce que tu aimes chez moi ? Peut-être mes cooooooourbes ? » Elle commença à jouer avec sa queue, l’entortillant autour de son sabot.

Son visage devint plus rouge qu’un piment. « Euh… euh… »

« Allez, ne sois pas timide. »

« J-j’aime vraiment vos… yeux. »

« Mes yeux, hein ? Et si tu m’amenais des mangues, et peut-être que je te laisserais les regarder d’un peu plus près ? »

« P-plus près ? »

« Oui, très près », sourit-elle d’un air taquin. « Qui sait à quel point nos lèvres seront proches, hmm ? »

Il continuait à la regarder.

Oh, par Celestia ! « Des mangues ! Vite ! »

« O-oui ! » Il courut et revint moins d’une minute plus tard, avec un bol plein de fruits orange.

« Super ! Maintenant, ouvre la porte. »

Il recula. « Je ne peux pas faire ça. »

Casse-Cou soupira et se massa les tempes. « D’accord. Je comprends que vous n’êtes pas les plus intelligents du coin. Pour faire court, ce que je voulais dire c’est qu’on s’embrasserait. Désolée de te demander un nombre déraisonnable de matière grise de ta part. Maintenant, on ne peut pas vraiment s’embrasser à travers une porte fermée. Alors ouvre-la ! »

« D’accord ! » Il commença à triturer la serrure.

Je jure qu’Ahuizotl a mis ce crétin juste pour m’énerver !

« Voilà les mangues », dit-il en marchant vers elle et en tendant ses lèvres.

Casse-Cou prit le bol avec un sabot et les clés de l’autre. Elle lança les mangues dans le visage du pégase, prit les clés et le poussa dans la cellule. « Désolée, tu n’es pas mon genre », dit-elle en refermant la porte. « En plus, je ne sors pas avec les petits poulains ! » Elle rit et se retourna.

Ahuizotl la regardait de l’autre côté du couloir. « Casse-Cou ? »

« Ahuizotl ? » Elle se tourna vers le pégase. « Tu avais dit trois heures ! »

« Oui, trois heures maximum ! » acquiesça le garde. « À moins qu’il ait prit un chariot, il serait beaucoup plus rapide du coup. »

Le visage de Casse-Cou se remplissait de rage. Imbécile ! Je te jure que-

« Qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda Ahuizotl. « Comment tu es sortie de ta cellule ? » Il regarda le pégase. « Comment tu es entré là-dedans ? »

« E-elle a dit qu’elle m’embrasserait. »

« Quoi ? Explique-toi ! »

Les yeux de Casse-Cou se tournèrent vers le couloir, et elle vit, qu’à part d’autres cellules, il n’y avait aucune porte de sortie à part celle derrière Ahuizotl. « Il m’a dit que j’étais jolie, alors j’ai joué avec. Prends des gardes plus intelligents la prochaine fois. »

Ahuizotl commença à s’avancer, les yeux injectés de sang. « Tu as fait quoi ? »

« Euh… » Casse-Cou fit un pas en arrière. « Je lui ai dit que- »

« Pas toi, lui ! »

Le pégase avala lourdement.

« C’est de la trahison ! Une complète et totale violation du cœur même de ta mission ! Déloyal et incompétent ! » Il s’approcha d’eux, le chemin en avant bloqué par son imposant corps. « Solliciter l’ennemi, c’est inconcevable ! »

Casse-Cou commençait à suer. « Calme-toi, tu m’as eue. Soyons raisonnables. »

« Me calmer ? Être raisonnable ? » Ahuizotl se tenait à quelques mètres, les crocs bien visibles. « J’en ai assez ! C’est soit toi » – il la regarda – « ou c’est un de mes propres gardes ! Cette fois, les traîtres seront punis. » Il s’avança, frappant la porte fermée à clé.

Casse-Cou bondit entre ses jambes, glissant sur le sol et prenant la voie des airs après être passée sous lui. Puis, quelque chose l’agrippa par derrière. Qu’est-ce que- cette stupide main-queue !

Elle battait des ailes aussi vite que possible, mais sans réussite. Ahuizotl l’amena vers elle, frappant sur la porte et rugissant comme un lion alors que des sanglots se faisaient entendre derrière lui.

Elle tira sur la queue, la frappa même, mais c’était inutile – elle commençait à l’envelopper comme une corde, la coinçant complètement. « Lâche-moi ! »

Elle la mordit.

Ahuizotl cria, et la queue commença à la secouer avec force. « J’ai dit… » Cela lui coupait le souffle. « Lâche-moi… » Elle cherchait de l’air. « Espèce de bête ! »

Elle le mordit encore avec toute la force qu’il lui restait.

Ahuizotl cria – plus comme un chien battu qu’un lion féroce. Elle sentait déjà le goût du sang quand il la relâcha.

Il était temps ! Elle s’envola sans même un regard vers lui.

« Sois-maudite, Casse-Cou ! »

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C’était quand même assez drôle. Il est devenu fou d’un coup !

4 Avril 2353

‘Une bête’, a dit celle qui a failli me couper la queue. Il est vrai que j’ai un peu… perdu le contrôle. Je ne suis même pas sûr du pourquoi, comme si un voile rouge avait soudain recouvert mes yeux. Casser la porte comme une brute et utiliser ma force n’était pas… ma meilleure décision, je l’admets. Qu’est-ce qui m’est arrivé ? Quand il a dit qu’il avait succombé à ses charmes féminins pour se défendre, c’était comme s'il me disait ‘viens ici et frappe-moi’. La conséquence de trop de trahison, je suppose.

Cependant, je n’ai pas été juste envers le garde – il ne méritait pas d’avoir les jambes brisées par la porte, même s'il m’a trahit. Qui peut le blâmer ? Qui peut résister à ses charmes indéniables ? Ses hanches si joliment sculptées, son visage d’ange, son sourire nacré, sa crinière sauvage ou, comment l’a-t-il dit ? ‘Ses yeux magenta aussi doux que le sirop, qui refuse de vous lâcher et vous laissent vous noyer dedans’. Une description parfaite, je dirais.

Casse-Cou se regarda, les joues rouges. Est-ce que… je suis vraiment comme ça ?

C’est vrai que seul quelqu’un d’aussi mature et sage que moi puisse être immunisé face à ces distractions.

Ouais, c’est ça ! Si immunisé que tu écris sur mes hanches dans ton petit journal ! Pourquoi tu ne dis pas que tu veux un bisou aussi, pauvre petite chose ? Ha !

C’était déraisonnable de ma part de penser qu’un pégase tribal, un jeune en plus, soit capable de résister. J’espère qu’il récupèrera vite pour que je puisse le punir correctement – il m’a trahi en fin de compte, que ça soit sa faute ou pas. Je ne peux pas laisser passer ça. Deux mois à cueillir des mangues devrait lui faire penser à autre chose.

J’en doute.

J’imagine qu’on apprend de ses erreurs. La prochaine fois, le garde sera vieux et marié. Ou peut-être devrais-je engager une jument pour ça ? Ou je mettrai Casse-Cou dans un piège qui ne requiert aucun garde. Aucun risque d’être séduit. Mais je ne la mettrai sous aucune surveillance – trop risqué.

Il me faut penser à cela. Mais mes pièges deviennent de mieux en mieux ; la prochaine fois, je l’aurai, j’en suis certain !

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fredericdu2375
fredericdu2375 : #8788
ha on commence a atteindre la partie des roman qu'on connait peut etre qu' il va parler de dash je me demande ce que va dire daring do et oh surprise et oh joie ou tragédie il semble que auizotl soit légèrement intéresser par cette jument qu'est notre héroïne
Il y a 3 ans · Répondre

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