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Le journal d'Ahuizotl

Une fiction traduite par inglobwetrust.

Chapitre 3: Le piège

23 Juin 2351

Les choses ont été trépidantes. Depuis que j’ai changé mes plans, je n’ai pas pu me reposer. Comme si tout était de ma faute ! Heureusement, le chef et le chaman m’ont soutenu, voyant que j’ai été plus proche que quiconque de remplir leur destinée. Je les aime bien ; ils sont assez intelligents pour de simples sauvages. Mais je le suis aussi !

J’ai mis du temps à les persuader, mais j’ai convaincu la tribu d’attaquer leurs voisins –et tout aussi barbares- pégases, qui ont une autre relique. Normalement, les poneys terrestres seraient défaits, mais cette fois, ils m’avaient moi. Même si ma force a été peu utile contre leurs talents aériens, mon intelligence les a encore sauvés. Tout ce qu’il a fallu a été de feindre la retraite et laisser les pégases nous poursuivre plus loin dans la jungle. Là, les arbres étaient plus épais et la flore plus dense, et nos ennemis se sont soudain retrouvés encerclés. Ils se sont rendus lorsqu’ils ont vu la situation et nos défenses sortir de tous côtés.

Cette glorieuse victoire a fait se dissiper les doutes sur mon leadership. Mes soldats ont fouillé le village, prenant la Lance de Xiuhtecuhtli et des tas d’or, ainsi que les pégases. Je ne savais pas quoi faire d’eux au départ- la façon tribale serait de les sacrifier en haut du temple le plus proche, mais cela serait assez inutile. Ils m’aideront dans mon travail. Je ne sais pas quoi faire d’eux, je dois y réfléchir.

Néanmoins, le rituel aura lieu ce soir, et j’ai doublé les gardes au cas où il y aurait des visiteurs inattendus.

Hé. Ça ne t’a pas aidé. Un des pégases est parti chercher le ‘héros qui a défait Ahuizotl ‘le terrible’ déjà une fois avant. J’y suis retourné, déguisée comme un des esclaves, passé les gardes sans problème et l’ait pris juste sous leur nez ! On aurait pu penser que vu que comme je l’avais déjà fait, ils seraient mieux préparés, mais non. Imbécile.

24 Juin 2351

Encore cette jument ! SI cela n’était arrivé qu’une fois, j’aurais pu penser que c’était juste une de ces ‘aventurières’ qui étaient là au mauvais endroit au mauvais moment, mais deux fois ? Est-ce que cette auto-proclamée gardienne me considère comme un vilain, ou est-elle une sorte de mercenaire ? Mais qui l’aurait engagée ?

‘Gardienne’, hein ? ça sonne bien. ‘Casse-Cou, la protectrice de la vallée de Tenochtitlan’.

Pire encore, chaque fois que je la vois, je me souviens de Parfaite. Je pourrais jurer que leurs pelages sont de la même couleur ! Est-ce une blague du destin joué sur moi ? Au moins, leurs crinières sont différentes, un peu. Chaque regard porté vers elle me fait mal, et je ne peux pas la dévisager ! Je dois me débarrasser d’elle.

Mon amour m’a laissé tomber, ouin-ouin !’ Laisse-tomber Ahuizotl. T’es un grand garçon maintenant !

J’ai eu de la chance de gagner avant. Un peu plus de pertes et ils m’auraient détrôné ! Cela ne doit plus se répéter. Je, malgré mes déclarations, dois à nouveau m’aventurer en ville et engager un détective privé pour trouver des informations sur cette jument. Je sens qu’elle va se mettre encore en travers de ma route.

Un…détective privé ? Mon premier livre sortait à ce moment-là, ça veut dire…..Nom d’un foin !

30 Juin 2351

L’enquête a été rapide. Il m’a donné un dossier épais ce matin et a pris le montant d’or convenu sans un mot.

La photo qu’il a prise est assez bizarre. Est-ce que j’ai été contrecarré deux fois par une ivrogne ?

Okay, bon ! J’ai fêté un peu, et alors ? J’avais de l’argent pour la première fois de ma vie ; j’avais le droit de fêter ça ! Ça ne fait pas de moi une ivrogne.

Son nom est, apparemment, ‘Casse-Cou’, et elle passe beaucoup de temps dans des aventures. Rien de trop important, cependant. A part voler des reliques d’anciennes pyramides et faire face aux malédictions et aux gardiens réveillés.

« Quoi ? Voler ? » Elle frappa des sabots sur le bureau. « Retire ça de ta tête de pioche ! Je suis une archéologue diplômée, je les ai découverts ! Je veux dire, pourquoi voler ces précieuses œuvres d’arts pour les laisser prendre la poussière dans une cave ? Ils sont mieux dans les musées et les collections privées ! »

Elle est arrivée dans la vallée de Tenoctitlan il y a quelques mois et a sorti un livre appelé ‘Casse-Cou et le secret du Pharaon’, le premier livre de sa série consacré à ‘l’Arabie Séloulite’, ce qui l’a rendue populaire et lui a fait gagner de l’argent. Elle n’a montré aucune envie de renoncer à ses aventures.

Eh bien, ‘Casse-Cou’, tu as prouvé que tu étais une nuisance à ne pas prendre à la légère. Je serais prêt la prochaine fois.

Elle commença à sauter les pages. C’était quand la fois suivante qu’il a essayé de détruire la vallée ? Août ? Non, septembre. Où était-ce octobre ?

25 Septembre 2351

Obtenir la relique avait été délicat. La couronne de Xiuhtecuhtli est la dernière de celles-ci, et la tombe dans laquelle elle était cachée était piégée. C’est bon d’avoir autant de poneys prêts à prendre des risques juste pour quelques pièces de métal doré.

Je dois réussir cette fois. C’est ma dernière chance- même si le musée n’était pas aussi bien gardé que les cinq dernières fois où j’ai volé des reliques, je sais que la tribu ne tolérera aucun échec. Je devrai même avoir un plan B. Il ne sera sans doute pas nécessaire, toutefois. Le temple est protégé de Casse-Cou et de ses semblables maintenant, après les quelques ‘changements’ que j’ai fait.

Il continue à me sous-estimer, hein ? Je dois lui concéder ça quand même. J’étais assez impressionné quand j’ai vu ses défenses…

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Par Celestia, qu’est-ce que c’est ? Casse-Cou reprit son équilibre et regarda la mare de lave dans laquelle elle avait failli tomber. Ce…ce n’était pas là la dernière fois ! Ni les serpents, scorpions, lances, pièges et qui sait quoi d’autre !

Elle s’ébroua et regarda la pièce dans laquelle elle naviguait à vue. A part la petite ‘île’ sur laquelle elle se tenait, ce n’était que de la lave avec des rochers sortant ici et là, créant un chemin vers la porte de l’autre côté. Des trous couvraient les murs et tiraient aléatoirement des flèches. Elle leva les yeux et vit des poneys armés au balcon. Tout en haut, un énorme rocher s’écrasa derrière elle, l’empêchant de sortir. « C’est ridicule ? Vous êtes fous ? » Encore plus que d’habitude, au moins.

Un rire maléfique emplit la pièce. « Je t’attendais, ‘Casse-Cou.’ »

La porte de l’autre côté du lac de lave s’ouvrit pour révéler Ahuizotl.

« Comment tu connais mon nom, Ahvuilabtl ? »

« C’est Ahuizotl, idiote ! » Il s’éclaircit la voix. « Mais cela importe peut. Tu vas périr, que tu saches prononcer mon nom ou pas. »

« Ah oui ? » Casse-Cou leva un sourcil. « Et tu me dis ça parce que… ? Je veux dire, si tu voulais que je meure, tes sbires m’auraient déjà envoyé plus de flèches pour que je ressemble plus à un porc-épic. Ou tu veux juste te vanter ? »

Il s’ébroua. « Se vanter, c’est du passé. Je voulais juste te donner l’occasion de dire un dernier mot. »

En d’autres termes, tu te vantes. « Mes derniers mots ? Pourquoi pas ‘Ahuizactal est un imbécile ?’ » Elle décolla et utilisa son chapeau comme bouclier contre les flèches.

« C’est Ahuizotl, espèce de- Tirez-lui dessus, qu’est-ce que vous attendez ? »

Les flèches volaient, passant à quelques centimètres d’elle, brossant sa queue et crinière. Le chapeau ressemblait de plus en plus à un hérisson et sa queue manqua de s’enflammer après avoir dû reculer pour éviter un boulet de canon. Des canons ? Vraiment ? Malgré tout ça, elle parvint à voler de l’autre côté de la pièce sans blessure.

« Accepte ta mort avec dignité, Casse-Cou ! »

Elle roula des yeux et arriva vers lui, glissant à travers la porte ouverte, qui se referma juste derrière elle, manquant de la frapper à la tête.

Casse-Cou courut dans quelques couloirs avant de ralentir, et elle sourit. Je…je ne peux pas croire que je sois toujours en vie. Ses archers sont vraiment nuls ! Elle atterrit dans un grand hall et regarda son chapeau. Ouais, il est fichu. Elle le jeta et se focalisa sur un large piédestal au centre de la pièce.

Pendant que le reste du bâtiment souffrait sous la fine couche de plantes et que les pierres semblaient pouvoir s’écrouler à chaque seconde, le piédestal semblait intact, sa surface blanche recouverte de décoration. Dessus se trouvait une grande couronne en or, sans protection.

Viens-voir maman.

Casse-Cou trotta en avant et s’avança pour le prendre, mais son sabot s’arrêta à quelques centimètres de la couronne, les yeux fixés sur le cercle.

Je le déteste. Je le déteste tellement.

Une grosse araignée la regardait depuis l’intérieur de la couronne, ses mandibules aussi grosses que des couteaux et remplis de poison.

« Psh ! Va-t’en ! Va manger des moustiques ou un truc du genre ! »

L’araignée ne bougea pas d’un centimètre.

Elle grogna et posa son sabot près de la relique. « Tu l’as voulu, mon pote. » Elle enleva la couronne du piédestal.

Maintenant ce- L’araignée était plus rapide qu’elle ne le semblait et bondit sur son sabot, serrant ses longues pattes autour.

Par Celestia !

« Yaaaaaaaaaaaaaaagh !’ » Les larmes montaient dans les yeux de Casse-Cou alors qu’elle tournait frénétiquement, criant en essayant de la faire tomber de son sabot.

Pendant ce temps, Ahuizotl descendit les escaliers et se pencha contre le mur, un sourire machiavélique sur mon visage.

« Ah, te voilà, Casse-Cou. J’espère que tu as trouvé -»

« Tais-toi ! Tais-toi ! Tais-toi et dégage ! Viiiiiiiite ! » Son visage devint rouge et trempé de sueur. « Je jure que je m’occuperais de ton cas ! Je te pousserai dans la lave ; je t’attacherai la queue à un rocher avant de l’envoyer rouler tout en bas de la montagne ! Je- » L’araignée relâcha enfin son emprise et vola hors de son sabot-droit sur Ahuizotl.

Il ricana et l’enleva. « Tu es stupide de penser que j’aurais peur de quelque chose que j’avais l’habitude de manger au-Hé ! Enlève tes sabots de ma couronne ! »

« Trop tard. » Casse-Cou attrapa la couronne au sol et la mit sur sa tête avant d’étirer ses ailes. « Alors, aucun mot d’adieu ? Tu sais, pour te rendre la monnaie de ta pièce. »

Le regard d’Ahuizotl entra en elle alors qu’il serrait les poings. « Je…je te paierai si tu me la donnes. J’ai des tonnes d’or, des montagnes ! Tu n’auras plus à te soucier de l’argent pour le reste de ta vie ! »

Casse-Cou fronça les yeux et se frotta le menton. « Merci pour l’offre maiiiiiiis…..je ne fais pas ça pour l’argent, alors non merci. Désolée. A la prochaine ! » Elle s’en alla en riant.

« Sois maudite, Casse-Cou ! Sale voleuse ! » Il courut après elle, secouant sa queue-poing comme un serpent à sonnette.

« Tu as ruiné mon chapeau- Je dois bien le remplacer ! » dit-elle en volant à l’horizon.

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Je me demande qui a mis tous ces pièges. Ridicule, tous, mais je suis assez flattée qu’il ait fait tout ça pour se défendre contre moi, quand même. Je veux dire, la plupart des vilains engagent juste quelqu’un pour le faire à leur place ou un truc du genre.

26 Septembre 2351

Je ne peux y croire : tout est perdu ! Ils ne savent pas que j’ai perdu la couronne, mais ça ne tardera pas. Je vais devoir m’en aller.

Que cette Casse-Cou soit maudite ! Les pégases ont travaillé jour et nuit pour construire les pièges. Ne peut-elle pas montrer un peu de respect pour eux et mourir comme prévu ? Il est vrai que c’est, en partie, de ma faute : je n’aurais pas dû y aller. La porte aurait été fermée et elle n’aurait eu aucune chance de s’échapper. Mais comment n’aurais-je pu ne pas y aller ? Elle ressemble tellement à Parfaite ; je devais aller la voir. Les indigènes auraient quand même pu faire mieux ! Ils étaient des dizaines, et elle n’avait qu’un chapeau. Ils ont eu ce qu’ils méritent !

Si seulement les choses auraient été un peu différentes. Je vais repartir vers le Sud. Le culot qu’elle a eu de refuser mon offre ! ‘Je ne le fais pour l’argent’- eh bien, pourquoi le fait-elle ? Soit elle se voit comme une héroïne, ce que je trouve douteux, soit elle le fait pour l’adrénaline. Elle se fiche de la cité ou des poneys ; elle veut juste vivre des aventures !

« Quoi ? » Elle bondit de son siège, les yeux envoyant des flammes sur la page. « Mensonges ! Qui croit-il que je suis ? Les poneys comptent pour moi ! Et alors, c’est quoi le problème si j’aime sentir l’adrénaline couler dans mes veines, les frissons dans mon corps, ou…ou la sensation que chaque inspiration pourrait être la dernière ? »

Ses yeux s’arrêtèrent.

« Ça ne veut pas dire que des choses comme la…euh…justice, bonté, l’honneur….et…tout le reste ne veut rien dire pour moi ! »

Elle fronça les yeux et se rassit. « Ça montre qui est l’imbécile. Je croyais qu’il avait un cerveau, que certains de ses pièges étaient plutôt malin. J’imagine que je ne peux pas en attendre plus d’un méchant sorti de la jungle. »

C’est affreux de savoir que quelqu’un comme elle peut me défaire encore et encore. Je pense même qu’elle a trouvé mes pièges amusants ! Eh bien, Casse-Cou, ce genre ‘d’amusement’ te coûtera la vie un jour.

Ma mère me l’a toujours dit ; tu n’as pas besoin de me le répéter.

Mais cela n’importe plus. Je dois me concentrer sur mon plan.

27 Septembre 2351

Le plan a marché. Dans un sens. L’idée était de libérer les esclaves, de me présenter comme leur libérateur, vaincre la tribu des poneys terrestres et de les faire suivre mon plan. Les pégases, toujours un peu amers de les avoir faits esclaves au départ, ont fini par me suivre, comme si j’étais leur seule voie pour être libre, et parce que j’ai déjà prouvé ma capacité de leader. Le plan marchait jusque-là.

Puis un garde est arrivé et a demandé des renforts. Désarmés et faibles, les pégases n’avaient aucune chance, et j’ai ordonné la retraite. Maintenant, nous sommes coincés dans cette jungle avec des patrouilles qui nous cherchent ! J’imagine que mes plans de revanche devront être reportés jusqu’à trouver un nouveau moyen de revenir en ville, parce que le temps n’est clairement plus une option. Si au moins j’avais quelque argent….

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