Agression

Une fin d’après-midi, Cheerilee vint me voir au château, manifestement troublée. Apparemment, Applebloom n’était plus venue à l’école depuis deux jours. Depuis quelques temps, les moqueries qu’elle subissait en raison de la situation de sa famille, apparemment majoritairement le fait de Diamond Tiara et de Silver Spoon, étaient devenues intenables et aucun des rappels à l’ordre de l’institutrice n’avait pu les calmer. La sœur d’Applejack semblait donc avoir perdue le courage d’affronter ses tortionnaires et avait décidé de s’enfermer avec ses proches. Cheerilee me fit aussi part de ses inquiétudes vis-à-vis de Big Mac. Elle avait apparemment elle aussi remarquée la rudesse et la froideur de son comportement et, en raison de ses sentiments pour l’étalon, j’imaginais bien la douleur de ce qu’elle devait ressentir.

Je me mis alors en chemin avec l’institutrice avec l’intention de discuter avec les parents des deux pestes, dans l’espoir de les faire se calmer. Je n’avais par ailleurs jamais compris comment le talent spécial de certains poneys pouvait être simplement l’orgueil et la mesquinerie. Je ne nourrissais ainsi que peu d’espoir de les faire changer fondamentalement mais au moins un rappel à l’ordre d’une princesse alicorne devrait avoir un effet suffisant pour les faire se tenir à carreau.

Alors que nous arrivions sur la rue principale de Ponyville, une ambulance tirée par deux infirmiers passa rapidement devant nous alors que de plus en plus de poneys semblaient se diriger dans la direction opposée. M’enquérant auprès d’eux de ce qui était en train de se dérouler, un étalon me répondit abruptement que Big Mac s’était apparemment occupé de régler leurs comptes à Diamond Tiara et à Silver Spoon. Et que justice devait maintenant être rendue.

Laissant là Cheerilee, je m’envolais à toute vitesse vers Sweet Apple Acres, l’inquiétude me donnant même la force dépasser les autres pégases en chemin. A mon arrivée, je vis que Rainbow Dash et Rarity étaient déjà là pour empêcher les premiers habitants de Ponyville de rentrer sur les terres de la famille Apple alors que d’autres ne cessaient d’arriver. Applejack était derrière elles, l’air profondément abattue. Je me posais alors auprès d’elle, lui demandant sa version de l’histoire.

« Twilight, j’suis désolée » me répondit-elle, « j’suis arrivée trop tard… j’ai pas pu l’empêcher… enfin si, j’ai pu l’arrêter mais pas assez tôt. » Des larmes coulaient le long de ses yeux et il m’était douloureux de voir que c’était dans ses conditions qu’elle avait semblé avoir repris sa personnalité d’antan. Je la calmai du mieux que je le pouvais et lui demandait de m’expliquer ce qu’il s’était passé.

« Ce sont les deux pouliches là, les deux bourgeoises… » commença-t-elle, une légère colère dans la voix ainsi qu’une intonation particulièrement méprisante sur ses derniers mots, « apparemment elles en avaient pas assez de martyriser Applebloom à l’école et maintenant qu’elle voulait plus sortir d’chez elle, elles se sont dit qu’elles auraient pu continuer ici… » La jument fit une légère pause, reprenant son souffle en même temps que son courage pour présenter des évènements auxquelles elle ne semblait pas croire elle-même.

« Sauf que Big Mac leur est tombé dessus… » lâcha-t-elle dans un souffle. « J’l’ai jamais vu comme ça Twilight, il était si …haineux. » Applejack pleurait dorénavant franchement, sa voix régulièrement parcourue du hoquet lui rendant la parole difficile. Mais elle continua : « J’ai réussi à lui faire lâcher prise… Avant qu’il ne… Enfin tu vois quoi… Qu’il ne finisse… » Elle ne fut pas capable d’aller plus loin. Et soudain des hurlements aussi horribles que terrifiants s’élevèrent de la grange, tétanisant la fermière et faisant blêmir les habitants de Ponville qui bataillaient avec Rainbow Dash et Rarity à quelques mètres de là.

« J’sais pas comment j’ai fait mais j’ai réussi à l’enfermer dans la grange. Il est devenu fou Twilight, fou ! » me dit-elle en s’accrochant à moi. Je la serrai autant que je le pouvais, essayant de lui apporter tout le réconfort possible malgré les sons qui s’échappaient du bâtiment voisin. A l’écoute des cris de Big Mac, elle avait manifestement raison. Et à ceux là s’ajoutèrent ceux de la population de Ponyville, qui réclamait manifestement qu’on leur livre l’étalon. Je lâchais alors Applejack et me dirigeais vers eux, dans l’intention de négocier.

J’essayais d’expliquer que Big Mac avait manifestement perdu la raison et qu’il allait rester enfermé dans cette grange magiquement scellée par mes soins tant que nous ne trouvions pas un moyen de l’aider. Mes la foule n’avait cure de ma proposition et continuait de réclamer à cors et à cris le fermier. Je n’avais jamais vu les habitants de Ponyville ainsi mais manifestement nous nous approchions d’un lynchage en bonne et due forme. Prise de panique et sentant la colère monter vis-à-vis du comportement inqualifiable des poneys, je leur hurlais d’arrêter et frappant violemment du sabot sur le sol.

La déflagration magique qui s’ensuivit mis tous les poneys à terre. Dans ma rage, j’avais apparemment laissée sortir ma magie sans réussir à la contrôler et tous me regardaient, la crainte dans leurs yeux. L’image de tous ces regards terrifiés tournés vers moi m’emplit aujourd’hui encore de honte mais je n’avais pas le choix, rien d’autre n’aurait pu leur faire entendre raison. Depuis, Luna m’a fait comprendre que j’avais eu raison d’agir ainsi, qu’en tant que princesse, il est parfois nécessaire de rappeler violemment à l’ordre ses sujets. Mais je savais que dans l’affaire, j’avais perdue des amis.