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Souillure

Une fiction écrite par Brocco.

Recherches

Les semaines qui suivirent, plus personne n’aborda de sujet touchant de près ou de loin à l’aérolithe tombé chez les Apple où à l’étrange orage. Je remarquais que mes amies évitaient même de parler de la pluie et du beau temps, dans le sens le plus littéral de l’expression. Consciente de leur trouble, je préférai les laisser en paix et favoriser d’autres thématiques pour nos conversations. La tension qui se ressentait dans leurs corps et l’assombrissement fugace de leurs visages à chaque fois que nous dérivions vers une discussion qui faisait partiellement remonter à la surface les souvenirs honnis était suffisant pour me dissuader. Ce qui ne m’empêcha pas pour autant d’essayer de trouver discrètement des réponses aux nombreuses interrogations que ces évènements étranges avaient soulevés.

Fidèle à moi-même, je cherchais en premier lieu des informations dans les livres, fouillant aussi bien dans la Bibliothèque de Ponyville qu’à Canterlot ou dans l’ancien château de Celestia et de Luna sis au sein de la forêt Everfree. Il m’était relativement facile de dissimuler ces travaux à mes amis en invoquant d’imaginaires obligations ennuyeuses de princesse. Mais mes recherches ne donnèrent rien de concluant. Aucun ouvrage traitant de corps célestes ou d’anomalies de la nature ne furent en mesure de donner une description coïncidant un minimum avec l’étrange aérolithe ni même avec de potentiels orages parlants. Les semaines passèrent ainsi sans résultats, me forçant à chercher toujours plus loin dans des ouvrages au contenu cryptique que j’aurais dédaigné en temps normal.

C’est ainsi que je trouvais dans la bibliothèque royale mon premier indice dans un parchemin à moitié illisible et partiellement rongé par le temps, caché au sein d’un livre portant sur les étrangetés cosmiques. Son contenu, quand il était écrit dans notre langue et non dans ce qui semblait être un obscur alphabet, ni trop rongé par les moisissures, était malheureusement bien trop sibyllin pour pouvoir servir à quoi que ce soit. Toutefois, et sans pouvoir l’expliquer, un extrait en particulier parmi les rares lisibles me faisaient ressentir une dérangeante familiarité, instaurant en moi un incontrôlable mal-être :

«

Quand les Anciens finiront par déchirer les parois d’éons d’emprisonnement

Leurs premiers fils descendront des ténèbres en un fracas assourdissant

Ils seront nimbés d’une aura qui témoignera du changement des univers

Par leur simple présence ils aspireront âme et matière de ce qui sera désormais hier

Et appelleront dans les ponts entre ciels et terre les noms de leurs Pères

Alors Ils émergeront des abysses vides, aqueux et chtoniens

Et abraseront les mondes pour les remodeler de la couleur de leurs desseins. »

Profitant de l’une de mes sessions de recherches à Canterlot, j’essayai d’en discuter avec la princesse Celestia, espérant que son infinie sagesse pourrait m’apporter les clés qui me manquaient désespérément. Bien qu’elle apparut profondément troublée lors de ma présentation des évènements de Ponyville, elle fut incapable de me renseigner en quoique ce soit. « Je ne suis pas omnisciente Twilight » me dit-elle doucement alors qu’elle remarquait ma déception, « et bien que mes connaissances soient vastes, j’ai bien peur que ces sujets soient trop occultes pour que je puisse t’apporter quoique ce soit. Cependant je pense tu connais d’autres êtres à Equestria qui seraient sans doute plus apte que moi pour répondre à tes interrogations. »

« C’est en effet assez troublant… » lâcha doucement le draconequus alors qu’il sirotait –littéralement- une tasse de thé. Etant donné l’étrangeté des évènements, il m’avait semblée que Discord était sans doute le plus à même d’apporter une piste pertinente. « Néanmoins » reprit-il en faisant claquer sa langue « je ne pense pas que nous pouvons lier cela au chaos. »

Je m’étonnais de sa réponse. Après tout, aller à l’encontre de la nature et détruire le monde tel que nous le connaissions n’étaient-ils pas des actes purement chaotiques ? Le démon se replaça sur son fauteuil afin de paraître le plus droit possible et reprit d’un ton exagérément professoral :

« Twilight, sache que le chaos est l’art de modifier les règles qui gouvernent ce monde, de les détourner si je puis dire. Je modèle l’existant pour créer quelque chose de neuf pour résumer simplement. Ce que tu me présentes va cependant au-delà de la notion même de chaos. Ces « anciens » que tu me présentes ne veulent apparemment pas simplement changer l’agencement des choses. Non, ils ont plutôt l’air décidé à faire table rase de tout ce que nous connaissons et refaire un monde hors de portée de notre imagination. La couleur que tu me décris ne serait ainsi qu’un avant-goût de cette nouvelle réalité. Qui induirait peut être un nouveau chaos, certes, mais qui ne serait pas le mien. »

Je restai quelques instants surprise tant je n’étais pas habitué à voir Discord aussi sérieux. Il n’avait même pas essayé de se déguiser pour apporter une discrète touche de ridicule à ses propos ! Celui-ci en profita alors pour continuer sur un ton plus enjoué :

« Néanmoins pour cela, nous nous basons simplement sur une étrange météorite, une obscure prophétie et sur des éclairs qui auraient parlés. C’est un peu maigre tu ne trouves pas ? Bien que pour le dernier point, je dois dire que ces « anciens » ont un sens du spectacle admirable. » A ce dernier mot, le draconequus vit dans mon regard une expression de reproche. Il est vrai que je n’appréciais pas que l’on aborde aussi légèrement l’évènement qui semblait avoir traumatisé mes amies.

« Oh c’est bon, je blague ! » reprit-il « Est-ce que tu as vu les effets de cet orage sur Fluttershy ? Je peux la voir trembler dès qu’elle pose ses yeux sur un nuage, bien qu’elle essaye désespérément de vous le cacher. Tu penses vraiment que cela ne m’affecte pas moi aussi ? ».

Il n’avait pas tort. La pégase avait en effet l’air particulièrement mal depuis ces évènements et il était certain que la voir ainsi était aussi difficile pour moi que pour lui. Mais à nouveau, mes investigations ne donnaient rien. Et un certain abattement me pris alors que je réalisais que tout cela semblait aller au-delà de ce que je considérais comme la frontière ultime de la réalité.

« De ne pouvoir t’aider dans tes recherches je crains. De ce que tu me présentes, je ne connais rien. »

La zèbre était doucement en train de préparer une soupe d’herbes sauvages alors que je l’observais assise sur une chaise dans l’arbre qui lui servait de demeure, me réchauffant auprès du feu qui crépitait doucement dans l’âtre. Je continuais un instant de la presser de questions avant de m’arrêter soudainement et de m’excuser de mon insistance.

« Si la noirceur du futur est avérée, nous ne pourrons te blâmer de t’être inquiétée » me répondit-elle avant de rester pensive quelques instants. « Quel est le nom tant détesté que Pinkie a citée en dernier ? »

Je fouillai dans mon esprit afin de retrouver la prononciation exacte, quelque chose qui ressemblait à « keufulu » me semblait-il. En entendant à nouveau ce borborygme, la chamane sembla prise d’un illumination alors que ses souvenirs revenaient :

« Une vieille histoire cela me rappelle. Celle de K’avoulou et de son sommeil. »

Il apparaissait que je tenais un semblant de piste et je lui demandais plus de détail sur ce « K’avoulou. ».

« Il est un ancien démon nous disait les vieilles générations.

Venu des plus obscurs tréfonds du ciel, et par des braves mis en sommeil.

Il dort toujours au fond de la mer, au point le plus éloigné des terres.

Et rêve en attendant la venue de son heure

Celle où il propagera enfin un infernal malheur. »

De nouveaux frissons me prirent à l’écoute de cette histoire. Ce n’était que vieilles légendes mais sa proximité avec l’obscure prophétie avait quelque chose de dérangeant. Et plus mes investigations avançaient, plus j’avais l’impression que l’absurdité même de ce que nous avions pourtant bel et bien vécu finissait par me faire croire à ce que j’aurais considéré auparavant comme des balivernes et des histoires pour les poulains.

Zecora fut cependant incapable de me donner des informations sur les autres noms que Pinkie avait énumérés. Il n’était certes pas impossible que je fasse des erreurs dans leur prononciation, ne les ayant entendus qu’une seule fois, et leur étrange nature, apparemment au-delà de nos capacités phonétiques, rendait difficile leur retranscription sans tomber dans le simple grognement. Mais la discussion ne mena nulle part et nous dînèrent silencieusement, toutes les deux troublées par ces anciennes légendes.

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