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Souillure

Une fiction écrite par Brocco.

Tonnerre

Il semblait que le pinkie-sens était loin d’être émoussé car à notre arrivée à la gare, nous fument accueillies par un véritable torrent de serpentins et cotillons, et accessoirement par une ponette rose incapable de rester ne serait-ce qu’un dixième de seconde en place, si ce n’était pour venir régulièrement enlacer sa sœur.

« Oh merci merci merci Twilight pour m’avoir fait la surprise d’amener ma sœur pour mon anniversaire ! Bon, ce n’est pas mon anniversaire mais ce n’est pas important ! » furent à peu près les deux seules phrases que je réussis à comprendre.

Rarity et Fluttershy étaient elles aussi présentes, en retrait, apparemment averties de notre retour imminent. « Qu’ont donné vos recherches ? » me demanda la licorne, manifestement inquiète. Je lui répondis la vérité : pas grand-chose. Il fallait toutefois bien admettre que nous arrivions à bouleverser certaines lois de la nature pourtant considérées comme immuables, ce qui n’était pas si mal en soi.

« Mais bouleverser comment ? En bien ou en mal ? » questionna Fluttershy, légèrement tremblante. Je fus incapable de lui répondre. Bien entendu l’écoute des horribles chuintements avait été un traumatisme –ma crise de tétanie dans le labo de Maud n’en était que la plus criante illustration- mais il ne semblait pas sage d’inculquer une notion de volonté à ce qui semblait simplement être l’expression naturelle, bien que profondément dérangeante, d’un élément au-delà de notre compréhension. Je dois bien dire que je n’avais aucune idée d’où mes amies voulaient en venir et je commençais à m’en sentir mal à l’aise. Voyant mon incompréhension, Rarity posa alors doucement sa patte sur mon épaule. « Il faudrait que vous veniez voir Sweet Apple Acres. » me dit-elle simplement.

Nous partîmes donc vers la pommeraie accompagnée au son de la fanfare que Pinkie s’était apparemment mise en tête de jouer pour fêter l’arrivée de sa sœur. Bien qu’elle soit un être naturellement exubérant et imprévisible, et tout comme je pouvais comprendre sa joie d’avoir une visite surprise de sa sœur adorée, quelque chose semblait étrange chez celle qui personnifiait l’élément du rire. Son attitude avait l’air de manquer de spontanéité, comme si elle se forçait à mettre en place une atmosphère légère. Le décalage entre cette ambiance gaie et la tension sous-jacente que je ressentais ne fit donc qu’accentuer mes appréhensions alors que nous nous approchions de la ferme.

Une fois rendue à l’entrée des terres de la famille Apple, je remarquais en premier lieu les alentours du cratère, entièrement noircis alors que ce dernier semblait avoir doublé de surface et qu’une légère fumée s’en élevait. En arrière, devant la maison, se trouvaient une Rainbow Dash apparemment épuisée, soutenue par Applejack et Spike, tous deux la mine sombre. Je partis en courant vers eux, m’inquiétant de ce qu’il semblait s’être passé durant mon absence. « J’sais pas Twilight » me répondit Applejack d’un ton morne « peu après qu’tu sois partie, des nuages orageux sont v’nus s’agglutiner d’partout au d’ssus de c’te caillou et l’ont frappé d’éclairs toute la journée et une bonne part d’la nuit. »

« J’ai essayé de les chasser, je t’assure » embraya Rainbow, la voix légèrement brisée devant son échec manifeste, « mais pour un que je dégageais, il en venait deux autres. Et j’ne sais même pas d’où ! A croire qu’ils se formaient en cachette pour fondre ici. J’ai essayée encore et encore mais rien à faire, l’on aurait dit qu’ils s’étaient mis en tête de le démolir et ils ont réussi… » A ces derniers mots, je regardai à l’intérieur du cratère et vis qu’il ne restait plus aucune trace de la météorite. Seulement de la terre et de la roche, défoncées et noircies par la puissance de l’étrange orage.

« Et ce n’était pas des éclairs normaux… » murmura doucement Fluttershy, toujours tremblante, comme si elle avait compris mes réflexions. Interloquée par cette situation de plus en plus étrange, je lui demandais plus d’informations. La pégase se recula, cachant son visage derrière sa crinière, comme si elle avait peur de sortir une idiotie autant qu’elle essayait de se protéger d’une menace mystérieuse. D’un volume si bas qu’il me fallut tendre l’oreille du mieux possible pour la comprendre, elle finit néanmoins par me répondre :

« Le son qu’ils faisaient… On aurait dit… des mots… ».

J’essayais alors de lui expliquer de la façon la plus rassurante possible que les éclairs ne parlaient pas mais je m’arrêtais très vite en regardant l’expression de mes amis réunis autour de moi. Tous regardaient le sol, l’air gêné comme s’ils avaient tous bien conscience de l’absurdité de la chose mais ne pouvaient se défaire d’une expérience qu’ils avaient apparemment tous vécus.

« Et qu’ont-ils dit ces éclairs ? » demanda Maud, visiblement peu impressionnée. Applejack se gratta la nuque. « J’sais pas. J’te dis pas qu’on a compris ce qu’ils disaient mais pour sûr, on aurait vraiment dit qu’ils disaient quequ’chose. » Et soudain, une voix criarde commença à baragouiner des choses incompréhensibles :

« Ïa ! Euzeufeuf ! Ïa ! Niayavofep ! Ïa ! Asfur ! Ïa ! Ogsovof ! Ïa ! Soubnirourate ! Ïa ! Kafulu ! »

Pinkie tournait autour de nous, répétant ces étranges mots qui ne semblaient avoir aucun sens. Du moins seulement pour Maud et moi car tous devinrent blême à leur écoute. Les tremblements de Fluttershy devinrent même largement visible et elle se retrouva vite prostrée et couinante. Il semblait donc bien que tous aient entendu les mêmes termes dans le fracas de l’orage et ceux-ci semblaient avoir des effets similaires à ceux des horribles sons émis par le déchirement de la météorite. Un frisson me traversa soudain l’échine au moment où j’essayais d’imaginer le bruit qu’avait dû faire la roche alors qu’elle était réduite en miette par cet orage surnaturel. Sans doute ces « voix » n’étaient pas provenues du ciel mais bien de la météorite elle-même.

Mes pensées furent brusquement interrompues par la voix de Maud qui s’éleva au dessus de celle de sa sœur sans qu’elle néanmoins besoin de hurler : « Pinkie, arrête. » La jument rose stoppa immédiatement et observa ses amies, manifestement terrifiées et tétanisées. Elle semblait avoir voulu réitérer la leçon apprise bien des années auparavant dans la forêt Everfree, consistant à se moquer de ses peurs pour les faire disparaître mais le rire ne semblait avoir aucun pouvoir dans le cas présent. « Désolé » dit-elle doucement, les larmes au bord des yeux alors qu’elle allait chercher le contact rassurant de sa sœur. C’est ainsi que je compris le caractère apparemment forcé de son attitude depuis notre retour. Elle avait essayée de toute ses forces de purger la tension née de la terreur ressentie à l’écoute des ces étranges éclairs hurlants, aussi bien que ses amies que pour elle-même. Mais son échec avait fini par briser sa volonté et elle aussi était rattrapée par l’horreur qu’ils ressentaient tous.

J’essayais bien de demander discrètement à Rainbow Dash si ces étranges mots correspondaient bien à ce qu’elle avait entendu mais même la plus téméraire d’entre nous était incapable de répondre, une boule apparemment coincée dans la gorge. Ce fut Applejack qui clôtura le sujet, la mine sombre :

« Il y avait d’autres « mots » mais c’tait ceux là qui revenaient l’plus régulièrement. Trop souvent pour qu’ce soit un simple hasard Twilight… »

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