Site archivé par Silou. Le site officiel ayant disparu, toutes les fonctionnalités de recherche et de compte également. Ce site est une copie en lecture seule

Coup de blues au paradis

Une fiction écrite par BroNie.

Chapitre 3

Soarin trottait tranquillement sur le chemin de montagne, ses sabots crissant sur les cailloux. Il faisait chaud, mais sa bonne vieille casquette de sport le protégeait du soleil.

Le pégase se moquait bien de la température. S'il avait appris quelque chose lors de ses classes à l'académie, et plus tard, en devenant sportif professionnel, c'était bien que la gêne était mentale, bien avant d'être physique. Le corps était une mécanique merveilleuse, qui pouvait encaisser n'importe quoi.

Soarin se souvenait d'une fois, lors d'une course très importante, il s'était mal réceptionné, et s'était foulé la patte. N'importe qui aurait abandonné. Et personne ne lui en aurait tenu rigueur : comment courir sur trois jambes ?

Mais le pégase s'était accroché. Il avait serré les dents, ravalé sa douleur, et s'était concentré sur la ligne d'arrivée.

Il avait fini troisième. La médaille de bronze, ce n'était pas le nirvana, mais compte tenu de sa blessure, c'était exceptionnel.

 

Soarin n'avait jamais oublié cette leçon.

 

La situation était loin d'être aussi grave aujourd'hui : il était en vacances, sa blessure était guérie depuis longtemps, et il prenait tout son temps. Mais quand il jetait un œil derrière lui, et qu'il voyait les autres touristes suer à grosses gouttes, et laisser échapper une langue pendante de leurs gueules, Soarin se bornait à se concentrer sur son objectif pour ne pas penser à la chaleur.

 

Ils étaient au nord d'Hoowaï, près du volcan qui était le point culminant de l'île. Soarin ne goûtait que peu la géologie. Ce n'était donc pas pour les cailloux que le pégase était ici, mais pour la vue.

Le wonderbolt avait du mal à l'expliquer rationnellement, mais il avait un amour, un amour pur et sans limite pour les panoramas. Au fond, il se demandait si Celestia ne l'avait pas fait pégase juste pour qu'il puisse se percher sur les plus hauts nids-d'aigles d'Equestria.

Dès que Soarin avait l'occasion de découvrir un nouveau point de vue, il s'en abreuvait, en prenait plein les yeux jusqu'à en avoir la tête qui tourne. Il aimait tout dans ces moments-là : le repérage, où du coin de l'œil, il distinguait déjà quelle montagne, ou quel édifice il allait devoir gravir ; le fantasme, où sa tête s'illuminait déjà de paysages splendides ; et la réalité, quand il pouvait enfin poser son regard sur cette beauté.

 

Il aurait pu atteindre le chapiteau du volcan en quelques coups d'ailes, mais concernant son hobby, Soarin qui était d'ordinaire si souple devait incroyablement intransigeant. Tout devait se faire au sabot, à l'ancienne. Juste à la force des pattes. Et quand bien même il aurait été licorne, c'était la même chose. Gravir les panoramas sans aide, c'était une question de principe pour lui. Il prenait son temps, lui dont le métier exigeait d'aller vite. Et si certains se vidaient la tête en faisant le ménage à fond, ou en descendant bière sur bière, Soarin préférait la marche à pattes.

 

Et la session de ce matin tombait à pic, le pégase ayant pas mal à penser.

 

Spitfire.

 

Spit lui échappait totalement. Sa petite amie avait un comportement de plus en plus bizarre. Un moment, elle était totalement normale, pleine de répondant, de vie, et d'entrain, et la seconde qui suivait, ses yeux se perdaient dans le vide, et elle devenait presque... mélancolique. Comme si elle ressassait en permanence quelque chose.

 

Ce que n'arrivait pas à comprendre Soarin, c'était pourquoi. Pourquoi est-ce qu'elle faisait ça ? C'était quoi la cause ? Il avait beau se creuser la cervelle, il ne se rappelait jamais avoir vu la jument d'or ainsi. Du moins... pas avant qu'ils se soient mis ensemble.

 

Pour Soarin aussi ça avait été bizarre de passer de collègues à amants. Surtout avec Spitfire. Ce n'était pas une jeunette qui était entrée dans l'équipe deux mois avant. C'était la chef. Le capitaine. Bon sang, il avait même été à l'académie avec elle !

 

Le matin qui avait suivi la première nuit où ils avaient fait l'amour, Soarin s'était inquiété. Il s'était persuadé que Spitfire avait eu un mouvement de faiblesse à cause de l'alcool, que ce n'avait été qu'un accident, et que ni l'un, ni l'autre ne mentionnerait jamais plus cette soirée. Mais Spitfire s'était réveillée comme une fleur, avait embrassé Soarin à pleine bouche, et s'était levée pour préparer le petit-déjeuner.

 

C'était ça qui perturbait Soarin. Spitfire se comportait toujours comme si tout allait très bien. Et elle ne parlait que très rarement de ses sentiments, ou de ses pensées. Soarin ne se souvenait pas d'une fois où elle aurait évoqué, même sommairement, la nuit où tout avait basculé entre eux.

 

À se demander si... si elle l'aimait. En tant qu'ami, c'était indéniable. Il en avait eu la preuve pendant des années. Mais désormais, ils couchaient ensemble.

Du coup, ils étaient quoi ? Sex-friends ?

 

Même pas puisque ce type de relation exigeait quand même un accord commun des deux parties. Il n'y avait rien eu du genre entre eux. Tout s'était fait comme ça.

 

Quelque part, Soarin avait l'impression que sentimentalement, Spitfire n'avait pas bougé d'un iota à son encontre.

C'était peut-être bêta de la part du pégase de séparer à ce point sexe et sentiment – en plus, il paraissait que c'était un truc de juments ça – mais il était ainsi. Plus jeune, il avait vécu quelques mois de liaison avec une terrestre. Relation purement physique. Il n'avait jamais réussi à l'aimer.

Soarin avait préféré rompre. Si les sentiments n'étaient pas là, il ne voyait pas l'intérêt de faire durer.

 

Le cas Spitfire était particulier. Si de loin, on pouvait avoir l'impression que la situation ressemblait à la précédente expérience de Soarin, en réalité, il n'en était rien.

 

Tout simplement parce que l'étalon était amoureux de la pégase. Amoureux à s'en damner.

 

En gros, on pouvait résumer la situation ainsi. Ils couchaient ensemble. Soarin était amoureux. Et Spitfire... eh bien il n'en savait rien, et c'était bien ça le plus gênant. Il ne demandait pas forcément qu'elle lui dise “je t'aime” ou quelque chose d'aussi formel. Il savait bien comment Spitfire n'était pas jument à suivre les convenances.

Mais il aurait aimé le sentir, à défaut de le savoir.

 

En fait c'était ça. Depuis qu'ils étaient amants, Soarin avait l'impression qu'un grand point d'interrogation trônait au-dessus de son couple. L'étaient-ils ? Ne l'étaient-ils pas ?

 

Le pégase pencha la tête en arrière, une ombre de sourire sur le visage. Heureusement qu'il était là ce volcan. Ça coûtait moins cher qu'une séance chez le psy, et ça marchait tout aussi bien.












Spitfire déambulait dans les couloirs de l'hôtel, la mine basse, le visage plissé de réflexion. Elle avait donc déjeuné avec Chocolate. Après l'apéritif, ils avaient mangé des aubergines braisées, arrosées de vin blanc. Et en dessert, un flan aux épices mexicoltiennes.

Celestia que c'était bon. Chocolate avait semblait-il pris le coup de sabot pour la cuisine ces dix dernières années.

 

Elle souffla par les naseaux. Qu'est-ce qu'elle était en train de faire ? Ce n'était pas normal de se rendre à un déjeuner en tête à tête avec son ex. Pas normal du tout.

Oui, il lui était déjà arrivé de recroiser certaines de ces anciennes petites amies. Mais ça n'allait pas plus loin qu'un salut de la tête, deux trois mots échangés, ou un verre en terrasse dans de très rares occasions. Et puis à tous ces moments, elle était célibataire. Là, elle était avec Soarin.

Et même si elle n'avait rien fait avec Chocolate, elle aurait menti en disant que pendant le déjeuner, elle n'avait pas eu envie de lui plaire, pas envie que peut-être, il se passe quelque chose.

 

Tout cela tournait et retournait dans sa tête.

 

Après le dessert, Chocolate avait annoncé à Spitfire qu'il devrait quitter l'île après demain, et que la préparation de son départ l'occuperait tout le lendemain. En conséquence, il avait proposé à la pégase qu'ils se rejoignent dans la soirée, pour disputer une partie de hoofball. C'était par ce biais qu'ils s'étaient rencontrés, et liés. Ce sport restait extrêmement important pour l'un et l'autre.

 

La jument avait accepté sans réfléchir. C'était la dernière occasion qu'ils auraient de jouer au hoofball avant peut-être très longtemps. Et c'était un tel hasard de s'être recroisés, ils seraient idiots de reprendre chacun leur route sans faire une dernière partie ensemble.

 

C'était pour cette raison que Spitfire reprit la route du bungalow de Chocolate, plus tard en début de soirée, après avoir passé l'après-midi à nager et à jouer au billard. Soarin n'était pas encore rentré. Tant mieux. Spitfire s'épargnait ainsi une explication qui aurait pu être gênante. La partie de hoofball terminée, le wonderbolt n'aurait même plus à évoquer Chocolate devant son petit ami. Ça mettrait un point final à toute cette histoire, et toute cette gène.

 

Le terrestre n'était pas à sa maison de location, mais en contrebas, en bord d'une petite crique. On l'atteignait en descendant une pente de sable et Spitfire devait bien avouer que le décor, déjà beau d'ordinaire, tutoyait le sublime avec les tons rosés du couchant.

Le ciel était une kyrielle de rose, de violet, et de rouge. Le soleil était désormais si bas qu'on avait l'impression qu'il se baignait dans les eaux irisées de la crique.

Le sable crissait agréablement sous les pattes de la pégase. À quelques pas d'elle, les sabots presque dans l'eau, ballon de hoofball sous le bras, l'attendait Chocolate. La robe mimosa et la crinière zinzoline du l'étalon se fondaient plus que jamais dans ce décor de coucher de soleil tropical.

 

Il salua Spitfire d'un signe de tête, qu'elle rendit bien volontiers.

 

_Prête à te faire humilier ? lança-t-il d'un ton de défi, faisant tournoyer le ballon sur son paturon d'un air assuré.

 

_Parle pour toi, répliqua une Spitfire qui s'empara prestement de la balle d'un geste rapide.

 

Chocolate sourit, et la pégase fit de même. Les deux adversaires s'éloignèrent doucement l'un de l'autre.

Le hoofball n'était pas le plus complexe des sports. Surtout dans sa variante à deux joueurs. Un attaquant, un défenseur. Le premier devait garder la balle et l'amener dans le but adverse. Le second devait tout faire pour l'en empêcher. Dès que le défenseur s'emparait de la balle, les rôles s'inversaient.

Le premier joueur à atteindre dix points gagnait. Simple et efficace.

 

La wonderbolt avait toujours aimé ce jeu. Il était rapide et physique. Et même si elle savait se débrouiller en équipe – n'était-elle pas capitaine des plus grands voltigeurs d'Equestria ? – elle préférait un adversaire en solo. Les duels étaient plus amusants. On finissait par comprendre comment son opposant fonctionnait, quelle était sa tactique. C'était un jeu autant psychologique que purement physique.

Et quelque part, c'était un plus beau spectacle. Spitfire n'avait jamais oublié la leçon de base du cirque où elle avait grandi : le show avant tout.

 

La jument cala le ballon sous sa patte. Pas droit aux ailes. Normal. Elle affrontait un terrestre. Si Chocolate avait été un poney ailé, ou bien une licorne, ils auraient peut-être négocié ce que l'on appelait une partie avec “avantages”. Mais dès lors qu'un poney était engagé, le fair play le plus élémentaire voulait qu'on se batte avec les mêmes armes que lui.

 

Le but était juste derrière Chocolate. Cinq mètres de long, délimité par deux coquillages posés sur le sable.

Pour l'instant, le terrestre ne bougeait pas. Il semblait attendre le premier mouvement de Spitfire. Il n'allait pas être déçu.

 

Elle s'élança.

 

D'une bonne impulsion du sabot, elle fonça droit devant elle, sans subtilité. Ses sabots martelaient la plage dans un rythme rapide.

Elle vit Chocolate se tendre, mais rester toujours immobile. Est-ce qu'elle devait le contourner ? Dangereux. Il n'aurait qu'à plonger pour la bloquer, et elle risquerait de perdre la balle.

Autant jouer de façon plus acrobatique.

 

Elle continua sa course, se rapprochant du but, et de Chocolate. Ce dernier attendait visiblement de savoir si elle bifurquerait à droite ou à gauche, afin de la gêner.

 

Mais ni l'un, ni l'autre. Arrivée presque devant l'étalon, Spitfire sauta, lui passant au-dessus, atterrissant juste derrière les coquillages. Elle laissa tomber la balle, et se retourna avec un petit sourire.

 

_Tu disais quoi sur l'humiliation ?

 

_Toujours aussi agile, hein ?

 

_Tu m'as connue plus souple que ça.

 

La phrase était sortie toute seule. Mais cette fois, la jument n'en ressentit aucune gêne. C'était normal de faire toutes ces plaisanteries, toutes ces phrases à double sens. Surtout avec lui.

 

Spitfire reprit le ballon, et retourna à la ligne de départ. Elle attendit quelques secondes, que Chocolate se mette en place, et s'élança à nouveau.

 

Elle allait refaire exactement la même chose.

Combien de fois avait-elle marqué un but en reproduisant tout à fait le précédent ! Il fallait être fou pour imaginer qu'on tenterait deux fois la même action. Mais Spitfire savait d'expérience que ça marchait. C'était justement parce que c'était évident que c'était inattendu.

 

Tout se passa exactement comme quelques minutes auparavant. À l'exception près qu'elle rencontra Chocolate dans les airs à mi-chemin, qui lui chipa le ballon sans autre forme de procès.

 

Le couple atterrit plus ou moins en même temps sur la plage.

 

_Trompe-moi une fois, lança un Chocolate d'une voix déjà saisie par l'effort physique, honte à toi. Trompe-moi deux fois, honte à moi.

 

Spitfire gloussa. Très bien joué de la part du terrestre jaune. Elle avait peut-être un peu trop pris d'assurance.

 

Ils reprirent leurs positions de départ, en inversant naturellement les rôles. Cette fois, c'était à la voltigeuse de défendre les buts.

 

Chocolate se lança. Pas aussi vite qu'elle ne l'avait fait aux tours précédents, non. Chocolate le faisait par acoups. Il courait vite, avant de freiner, de quasiment marcher, et de courir à nouveau. La course fractionnée. Malin. C'était extrêmement troublant. On ne savait jamais si l'adversaire allait arriver à fond la caisse, ou bien privilégier une approche plus lente et contrôlée.

 

Et Celestia savait que l'étalon savait se montrer imprévisible quand il le voulait.

 

Spitfire décida de ne pas prendre de risque. Quand on était aux cages, il fallait jouer la sécurité tant qu'on le pouvait.

Elle attendit que Chocolate se rapproche pour lui sauter dessus. Mais pas pour lui prendre le ballon, comme on aurait pu l'attendre.

 

Elle le plaqua aux pattes.

 

Chocolate chuta droit sur Spitfire qui, emportée par son élan, alla rouler jusque dans les vagues.

Elle sentit l'eau salée les entourer, le sable mouillé s'agglutiner sur le pelage.

 

Elle toussa. De l'eau de mer était entrée dans ses poumons.

 

Elle tourna la tête, pour découvrir un Chocolate dans un état approchant : sa robe mimosa était agglutinée en gros paquets par l'eau, sa crinière était pleine de sable, et du sabot, il chassait un minuscule crabe qui s'était égaré sur son museau.

 

Spitfire rit. Elle rit si fort, si franchement qu'elle eut l'impression que cela faisait des siècles qu'elle ne s'était pas amusée comme cela. Contaminé par ce geste idiot, Chocolate se mit à rire aussi.

 

Spitfire fixa les yeux émeraudes de l'étalon. Et eut envie de faire un autre geste idiot.

 

Elle se colla à lui, passa ses pattes derrière son cou, et colla ses lèvres aux siennes.

 

Embrasser Chocolate l'électrifia de plaisir. C'était comme une décharge qui remontait le long de son dos, avant de gagner l'ensemble de son corps.

Il avait un goût salé, et il lui restait de l'eau de mer dans la bouche. Spitfire, en laissant sa langue caresser celle de l'étalon, en but un petit peu.

 

Le geste lui sembla érotique au possible, et d'instinct, elle sera plus fort Chocolate contre elle.

 

Les yeux clos, les lèvres verrouillées à celle de Chocolate, prise dans un baiser fiévreux, Spitfire se sentait incroyablement bien. C'était comme se régénérer dans une fontaine de jouvence. Elle se sentait plus forte, plus apaisée, plus heureuse.

Les souvenirs des moments heureux passés avec l'étalon revenaient en masse, du concert d'Haydochine, à la première fois où ils avaient fait l'amour, de leur première Saint Galopin, à la fois où il lui avait fait découvrir l'orgasme.

 

Une voix intérieure lui martelait que cette fois-ci, c'était la bonne. Que si le destin avait réussi à les séparer dix ans plus tôt, désormais, ils reprenaient le fil de leur histoire.

 

Qu'ils se donnaient une nouvelle chance.

 

Le baiser perdit en intensité, les langues s'apaisèrent, les lèvres se décollèrent. Front posé contre celui de l'étalon, Spitfire inspirait à pleins poumons, voulant sentir son odeur au maximum.

 

_Spit...

 

_Chuuut, murmura-t-elle d'une voix qui ne lui ressemblait pas. Embrasse-moi encore au lieu de perdre du temps à parler...

 

Elle tendit les lèvres. Mais Chocolate restait sans bouger.

 

Elle rouvrit les yeux, et nota que l'étalon était très mal à l'aise. Doucement, très doucement, il se sépara d'elle.

 

_Chocolate, murmura-t-elle, qu'est-ce qui se passe ?

 

_Je savais, finit-il par dire. Je savais que ça risquait d'arriver. Je savais qu'on se sauterait dessus à un moment ou à un autre. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas faire ça.

 

_Bien sûr que tu peux ! objecta-t-elle avec force. Tu n'es plus obligé de partir à des milliers de kilomètres pour ton travail. On peut reprendre notre vie là où on l'avait laissée ! Toi et moi, comme avant.

 

Un sourire, un minuscule sourire éclaira le visage de l'étalon.

 

_C'est pas aussi simple. D'une, tu as un petit ami...

 

_Les choses ne vont pas bien entre lui et moi ! le coupa-t-elle. Aucun de nous deux ne voulait vraiment se l'avouer, mais ça ne marche pas. Maintenant, je sais pourquoi. Il n'y qu'un seul étalon dans tout Equestria avec qui je veux être et...

 

_Spitfire, s'il te plaît...

 

_... et c'est toi. On pourra prendre notre temps si tu veux. Je suis prête à attendre le temps qu'il faudra et...

 

_Spit. C'est pas aussi simple que ça.

 

Il leva les yeux vers le ciel. Ses yeux vert émeraude étaient embués de larmes.

 

_J'aimerais que ça soit aussi simple.

 

Il déglutit et abaissa la tête.

 

_Tu veux savoir pourquoi j'ai arrêté de travailler ? J'ai été marié, Spit. Ouais, ça doit faire bizarre à entendre, pouffa-t-il quelques secondes devant les yeux ronds de la pégase.

 

Son regard se perdit dans le vague.

 

_Autumn Comet. Elle était venue dans le magasin pour nous acheter un grand cru pour l'anniversaire de son père, un des plus gros industriels de la côte. On a parlé vin, on a beaucoup sympathisé. Je lui ai fait un prix sur une bouteille, et elle m'a invité à la fête. On a appris à mieux se connaître là-bas.

 

Spitfire n'en revenait toujours pas. Chocolate, marié ?

 

_On s'est marié pile un an après notre rencontre. Quelques très belles années, même si on avait tous les deux des emplois du temps difficiles. Et puis l'an dernier, elle est morte. Un AVC foudroyant. Une saloperie qu'elle se trimbalait depuis des années, mais dont elle m'a jamais parlé, sans doute pour pas m'inquiéter. Bref, un beau matin, elle est tombée raide. Comme ça. Comme si... comme si Celestia avait éteint un interrupteur, et puis pouf. Fini.

 

La voix de Chocolate était percluse de sanglots.

 

_Je te laisse imaginer le choc. J'ai... j'ai pété les plombs. J'avais mal. Partout. Comme si j'avais du feu à l'intérieur de moi, qui me brûlait de l'intérieur. Je hurlais. Je la détestais pour m'avoir abandonné, et je me détestais de la haïr. J'ai passé pas mal de mois dans un institut. J'ai essayé d'en finir au tout début, mais avec le temps, j'ai fini par accepter. Lentement, mais ça s'est fait. Un peu.

 

Il souffla, soulagé d'avoir prononcé ces mots.

 

_Depuis que je suis sorti, je prends des vacances. De grosses vacances. J'avais économisé un poil, et surtout, Autumn était riche. Elle m'avait inscrit comme légataire universel. Du coup, je me suis retrouvé avec plein de fric. J'en ai mis la moitié de côté, le reste, je le dépense ici et là, pour faire ce qui me fait plaisir.

 

Son sabot plongea vers son encolure, en tirant une chaînette dorée, au bout de laquelle était passée une bague argentée.

 

_Un jour, j'arriverai à l'oublier un peu, et sûrement que je rencontrerai quelqu'un avec qui refaire ma vie. Mais pas maintenant. Je ne suis pas encore prêt.

 

Il porta les yeux sur Spitfire, souriant tristement.

 

_T'es une fille géniale Spit. J'ai été heureux chaque minute où on a été ensemble, et je sais quelle chance j'ai eue de t'avoir comme première petite amie. Je te jure que je ne t'oublierai jamais. Mais ce qu'il y a eu entre nous, c'est du passé. On ne peut pas le faire revenir.

Il s'approcha d'elle, et l'enlaça. Pas comme un amoureux, pas comme un amant. Non, comme ce qu'il avait été avant ça. Comme un ami.

_Oublie jamais que t'es géniale, et ne laisse jamais personne te dire le contraire. J'étais quand même ravi de te revoir. J'espère qu'on se croisera encore dans le futur. Que Celestia veille sur toi. Porte-toi bien.

 

Il l'embrassa sur le front, brisa leur câlin, et s'éloigna à petits pas, sans se retourner.

Spitfire restait éberluée, à demi dans l'eau, grelottante de froid. Son cerveau et son corps tout entier était pris dans la glace. Un trou béant à la place de la poitrine, son cœur avait sûrement dû couler dans les profondeurs hoowaïennes.

Ses tremblements gagnèrent en force, les larmes lui virent aux yeux, coulant sans discontinuer.

Autour d'elle, le décor n'avait plus rien de paradisiaque, plus rien de rose, de violet, ou de rouge.

Plus que du noir, le noir absolu.

Le noir qui l'avait avalée crue et qui la digérait lentement.

Vous avez aimé ?

Coup de cœur
S'abonner à l'auteur

N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.

Chapitre précédent Chapitre suivant

Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.

BroNie
BroNie : #5313
Toropicana09 octobre 2014 - #5312
Ta tellement précipité le truc qu'on se demande si t'a pas torché la fic a la va-vite histoire de passer à autre chose. La scène est tellement rapide et soudaine qu'on a même pas le temps de compatire pour Spit. C'est con parce que le début du chapitre commençait bien comme le reste de la fic, faisant bien marriner tout ça. Puis d'un coup pouf, en quelques petit paragraphe tu nous sort un mariage, un décès et enfin un "allez salut j'men vais lol". On a même pas eu le temps de savoir ce qu'a ressentit Spitfire de s'être fait larguer par l'amour de sa vie, puis on dirait que Br-... Chocolate ne semble pas plus affecter que ça.
Bref, même si ca devait finir mal, ce qui n'est pas mauvais en soit, on est pas plus touché par ce râteau. J'irais pas jusqu'à dire que c'est baclé, je me le premettait pas, mais franchement ça aurait pu être largement mieux.


Précipité, oui, c'était voulu. Torché, j'ose espérer que non.
Le but de la scène était de détruire les espoirs de Spitfire, je me voyais mal faire traîner ça pendant mille ans.
Et on sait ce qu'elle ressent : elle est quand même en train de chialer en se gelant la croupe dans l'eau de mer. Ca l'affecte cette séparation.

Pour Chocolate, peut-être, oui. Mais la fic était spito-centrée, et la scène également. Pour des raisons de continuité logique, je ne pouvais pas décrire tout à fait ce qu'il se passe dans la tête de l'étalon, juste ce que Spitfire pense qu'il se passe. C'est une nuance importante.
Il y a 3 ans · Répondre
Toropicana
Toropicana : #5312
Ta tellement précipité le truc qu'on se demande si t'a pas torché la fic a la va-vite histoire de passer à autre chose. La scène est tellement rapide et soudaine qu'on a même pas le temps de compatire pour Spit. C'est con parce que le début du chapitre commençait bien comme le reste de la fic, faisant bien marriner tout ça. Puis d'un coup pouf, en quelques petit paragraphe tu nous sort un mariage, un décès et enfin un "allez salut j'men vais lol". On a même pas eu le temps de savoir ce qu'a ressentit Spitfire de s'être fait larguer par l'amour de sa vie, puis on dirait que Br-... Chocolate ne semble pas plus affecter que ça.
Bref, même si ca devait finir mal, ce qui n'est pas mauvais en soit, on est pas plus touché par ce râteau. J'irais pas jusqu'à dire que c'est baclé, je me le premettait pas, mais franchement ça aurait pu être largement mieux.
Il y a 3 ans · Répondre

Nouveau message privé