Site archivé par Silou. Le site officiel ayant disparu, toutes les fonctionnalités de recherche et de compte également. Ce site est une copie en lecture seule

Ceux qui restent

Une fiction traduite par inglobwetrust.

Les vrais sentiments

Ça fait très longtemps que je ne suis pas allé à la Ferme de la Douce Pomme. En fait, j’évitais d’y aller, espérant éviter à coup sûr une déprime qui ne manquerait pas de me frapper. Sugarcube Corner et le cottage étaient les seuls endroits où je devais aller. Jamais à la ferme. Alors quand j’avais dû enterrer mon amie sous l’arbre isolé loin de la grange, j’ai choisi de ne plus revenir. A cause de ça, je ne savais pas ce que la ferme devenait. J’allais le découvrir aujourd’hui.

Je marchais avec Rarity le long des arbres.

« Non, pas celui-là », dit-elle à haute voix, en les pointant du sabot à chaque fois qu’il ne faisait pas l’affaire. « Non, celui-là non plus. Hmm, pourquoi pas celui-là ? Non… » On continuait ainsi, avec une douce brise qui caressait nos visages. L’odeur des pommes flottait en l’air. J’ai suggéré quelques arbres aussi, espérant trouvant un endroit pour qu’elle se repose avec moi. La plupart des arbres ne l’intéressaient pas, et on commençait à se rapprocher de la grange. Dans mon esprit, j’espérais rester le plus loin possible de la ferme. Je ne savais pas qui s’en occupait maintenant, puisque je voulais en rester loin.

Heureusement, elle s’arrêta en face d’un grand arbre plein de feuilles, avec un sourire satisfait.

« Celui-là fera l’affaire », dit-elle, en marchant vers lui. Elle s’allongea contre lui, soupirant de satisfaction. « Parfait. » Elle se blottit dessus, me fixa et tapota l’herbe avec un sourire chaleureux. « Eh bien, tu vas rester ici, ou tu viens t’asseoir pour manger ? »

Je n’avais rien à ajouter, et je la rejoignais sous l’arbre. Je m’abaissais lentement au sol, me reposant sur la douce herbe. J’ouvrais le panier, en déposant sur la nappe la nourriture achetée. Je faisais en sorte que les sandwichs étaient placés près d’elle.

Puis je levais les yeux vers l’arbre, espérant y trouver quelque chose. Bien sûr, il n’y avait rien, mais j’aimais toujours regarder ailleurs, pour être sûre que Rarity était en sécurité. Heureusement, Rarity avait choisi un des arbres sur lequel aucun fruit ne poussait. Au moins, sa vie n’était pas menacée par un fruit qui pourrait tomber à toute vitesse.

« Okay, Rarity, qu’aimerais-tu manger ? » demandais-je, en prenant une portion. Même le plus gentil des dragons devient pingre quand on en arrive à la nourriture, et en cela, je n’avais pas changé.

« Je prendrais bien quelques sandwiches », dit-elle. « Et si ça ne te pose pas de problème, j’aimerais essayais ces « cookies spéciaux » que te prépare Lemon Cake. Mais pas trop. Je n’ai pas si faim que ça. »

Je regardais le reste des cookies. Il s’était surpassé encore une fois. Il y en avait de toute façon trop. Ça ne me ferait pas de mal d’en partager avec Rarity. Même si ce n’était pas assez, je lui aurais donné mon dernier cookie. Je l’aurais sans doute regretté, mais sur le moment, ça m’aurait rempli de joie.

Je déposais deux morceaux de sandwiches sur un plateau pour elle, avec deux cookies. Avec un verre de limonade que je déposais près d’elle, en observant du coin de l’œil un sourire gracieux orner son visage.

« Et voilà, madame », dis-je. « J’espère que vous apprécierez votre repas. »

« Oh, je n’en doute pas », dit-elle en prenant les sandwiches avec ses frêles sabots. Je la regardai les amener vers sa bouche, ouvrant lentement ses lèvres pour y mordre. Aussi bizarre que ça puisse l’être, j’aimais la voir manger. Pour une vieille jument, sa dentition se portait comme un charme. Les dents toujours bien blanches, sans que l’âge ne les atteignent. C’était comme si j’étudiais ses manières de manger, qui étaient comme…

Comme…

Avant que je puisse compléter mes pensées, je sentis un sabot frapper contre mon corps. Ça faisait un peu mal, comme se prendre une légère ruade. Je grognais et frottais ma tête, en regardant Rarity qui semblait stupéfaite.

« Spike, tu sais que c’est malpoli de regarder quelqu’un manger ! » s’exclama-t-elle avec un petit grognement. « Qu’est-ce qui te permet de faire quelque chose d’aussi déplaisant ? »

J’avais oublié son dédain pour toute chose malpolie, et ce qui allait contre ses standards se finissait par une ruade en plein tête. Quand j’étais plus jeune et…eh bien…juste plus jeune, elle laissait passer ça. Manger des choses dans la poubelle : mignon. Sentir sale : passable, tant que je restais loin d’elle et que je prenais un bain. Maintenant, si je regardais une poubelle avec envie, elle s’assurerait que la seule vers laquelle je serais proche serait celle où je vomirais.

« Désolé », était tout ce que je pouvais dire. Je me reposais contre l’arbre, essayant d’éviter son regard du mieux possible. En attendant que l’ambiance se calme, je prenais quelques sandwiches et gâteaux et commençais à manger. Le silence s’installait, et seul le vent le brisait, ainsi que nos mâchonnements. Je la regardais de temps en temps, avant de bouger ma tête pour ne pas me faire avoir, ce qui ne manquait jamais de me faire rougir. Après les six ou septièmes tentatives, j’ai décidé de briser le silence.

« Le vent est doux », dis-je, en essayant de mener la conversation pour une fois. « Belle journée pour pique-niquer, n’est-ce pas ? »

J’entendis un petit gloussement, étouffé par le vent. « Oh, mais bien sûr. C’est encore mieux vu que tu essayes de me parler aujourd’hui, au lieu de l’inverse. »

Je riais nerveusement. « Ça t’inquiétait vraiment, n’est-ce pas ? »

« Peut-être un peu. Mais je suis une grande jument, alors je peux m’adapter aux humeurs d’un enfant. » Elle tapota ma tête en secouant mes joues. Elle aimait vraiment me pousser à bout. Peu importe ce que je faisais ou disait, chaque fois qu’elle s’amusait avec moi, elle me raillait toujours sur ma taille. Je restais silencieux, en me détournant d’elle dans une pose dramatique.

« Allons, Spikey-chou ! » dit-elle. « Je faisais juste une petite blague. »

« Mmhh… »

« Tu ne me crois pas ? »

« Si, je te crois. C’est juste que j’aimerais avoir la taille pour ne plus subir aussi facilement tes blagues. Tu ne pourrais plus te moquer d’un grand dragon ?

Rarity sourit d’un air taquin. « Oh, s’il te plaît. Même si tu seras énorme, je pourrais toujours te rabattre le caquet. En plus, on sait tous que plus c’est grand, plus c’est facile de les embarrasser. »

« Euh, Rarity je crois que l’expression est ‘Plus on est grand, plus la chute est dure’ ? »

« Je préfère la mienne. »

« Si tu le dis, Rarity. » Je m’allongeais, en soufflant un peu de fumée en signe de contentement. La plupart de la nourriture avait été mangée. Je souris vers Rarity. Le sourire le plus sincère que je lui avais donné jusqu’alors.

Alors, j’étais un peu déçu qu’elle ne me le retourne pas. Pour une raison que j’ignorais, elle avait un visage sérieux, les yeux plantés vers l’horizon. C’était un peu décourageant. J’avais enfin envie de sourire, de montrer que j’étais heureux, et elle était là, l’air un peu triste.

« Rarity, ça va ? » demandais-je. Pas de réponse. Elle était assise là, à fixer la grange. L’idée de la réconforter monta en moi, mais je ne savais pas si j’oserais. Mon esprit était traversé de questions, pensant à ce que je pouvais faire. Cependant, mon corps réagit différemment. Je m’approchais d’elle, et posait mes mains sur son dos.

Elle me regarda, les lèvres tremblantes légèrement. J’étais soulagé, ne serait-ce que pour avoir fait le bon mouvement. Elle me dévisagea, une fois de plus.

« Elle te manque, c’est ça ? »

Mes yeux s’écarquillèrent, et mon cœur commençait à s’accélérer. Quel tournant drastique au détour d’une conversation si plaisante.

« Euh, oui, c’est vrai. »

« Je le vois. Elles te manquent toutes, pas vrai ? »

Il n’y avait plus rien à cacher. Ce n’était pas comme si je le faisais bien. « Oui. »

« Je ne t’en veux pas, Spike. Je pense aussi à elles parfois. J’ai vu que tu étais affolé quand j’ai suggéré de venir ici, mais tu es quand même venu. Je suis surpris que tu ais accepté de venir ici. »

J’ai mis un moment avant de reprendre mes esprits. Les émotions se bousculaient en moi, essayant de s’échapper une fois de plus ! Je ne pouvais pas lui faire ça. Je forçais un sourire et dit, « Eh bien, je ne pouvais pas ne pas exaucer les vœux d’une dame, n’est-ce pas ? »

Rarity soupira, d’un air triste. « Mais c’est justement ça, darling. Tu n’as fait que répondre à mes souhaits. Peu importe ce que je te demandais, tu l’as fait sans hésitation. Tu ne m’as jamais dit non quand je te demandais quelque chose. »

Je voulais la corriger, mais elle disait la vérité. Je ne lui avais pas dit aujourd’hui, même si je voulais vraiment le lui dire. J’ai fait ce qu’elle voulait, parce que….je cherchais encore pourquoi. Ce qui me poussait à lui obéir sans question me dépassait. A part la rendre heureuse, j’étais aussi confus de ce que je ressentais qu’elle en était curieuse.

« Spike, je dois avouer, ce n’est pas une sortie habituelle. Je… » Elle fit une pause, cherchant ses mots avant de continuer. « Je sens que j’ai profité de toi. »

J’étais choqué. Comment pouvait-elle penser une chose pareille ? Elle ne pourrait jamais me faire ça, et je devais le lui dire. « Rarity, ne dis pas ça ! Tu sais que tu n’as jamais profité de- »

« Non, Spike. Je veux que tu m’écoutes. » Je me tus en voyant ses yeux. « J’aurais dû penser à toi et à tes sentiments avant de te demander de faire ça. C’est aussi douloureux pour toi que pour moi, et je n’ai pris en compte ça. » Elle commença à ricaner d’une drôle de façon. « C’est drôle. Les années ont passés et je suis toujours aussi égoïste. »

Ses mots étaient comme des poignards envoyés dans mon cœur. C’était déjà assez difficile de ne pas pleurer en étant ici, mais ce qu’elle me dit me fit encore plus mal que ça. Je choisis de la réconforter, la faire sentir moins coupable de toute cette situation.

Je me penchais vers elle, lui caressant la crinière. « Tu en as plus besoin que moi. Elles étaient tout pour toi, et je ne t’empêcherais jamais de les revoir. »

Elle me sourit, comme si elle était soulagée que j’accepte ses excuses. J’aurais dû être celui qui s’excusait envers elle. Si j’avais passé plus de temps avec elle, en repensant aux bons souvenirs avec nos amies, au lieu de les cacher, ça n’aurait pas posé ce genre de problème. Je continuais à la caresser, espérant qu’elle se détente. En entendant ses doux murmures, ça semblait marcher.

« Je suis heureuse de pouvoir passer du temps avec toi, Spikey-chou. »

Mon cœur commençait à battre de plus en plus. Qu’est-ce qu’elle voulait dire ? Mes attentes étaient-elles trop hautes ? Peut-être que je m’excitais pour rien, mais pourquoi je l’étais de toute façon ?

« Q-qu’est-ce qui te fais dire ça, Rarity ? » demandais-je.

« C’est juste bien d’être avec un ami, en se repassant les vieux souvenirs. J’apprécie vraiment tout ce que tu fais pour moi. Ça veut dire beaucoup pour moi de pouvoir revoir mes amies. Je tiens beaucoup à mes souvenirs. Je ne veux pas les oublier comme- »

Et le silence s’installa à nouveau. Nous savions tous deux où cela nous mènerait. C’était déjà assez dur d’être là où elle était enterrée, mais penser à ses derniers moments, c’était compliqué. On pensait toujours qu’Applejack serait la plus stable d’entre nous. Elle resterait en bonne santé avec toute sa tête, même après la mort de certaines de nos amies. On était certain qu’elle resterait saine d’esprit.

Elle a fini par nous oublier durant ses dernières années. Ses jambes devenaient plus faibles, et nous essayions de l’aider autour de la ferme. Chaque fois qu’on venait, elle nous jetait des choses, nous disant de quitter sa propriété avant de prendre sa pelle et menacer de nous frapper avec. Elle est devenue sénile, et recluse. LA dernière fois que je l’aie vue en face à face était pour prendre son cercueil. Si seulement on aurait pu se quitter en meilleurs termes…

Mais ce n’était pas le moment de parler de ça. Elle avait besoin de réconfort et de joie, pas de ma tristesse. Pour lui remonter le moral, je lui souris et commença à rire. « Même avec un sabot dans la tombe, elle savait comment éloigner les curieux. Elle était toujours forte. »

Rarity gloussa. « Oui, elle savait conserver son énergie, même jusqu’à ses derniers instants. Aussi vivante que d’habitude. Un peu entêtée, mais toujours vive. »

« Pas autant que toi, Rarity. »

Je restais pétrifié, me demandant pourquoi j’avais dit ça. J’espérais le pire. Au lieu de ça, elle se blottit contre moi, frottant son menton contre mes épaules.

« Tu me flattes trop, tu le sais, Spikey ? »

Impossible de me cacher. Mon visage était tout rouge, à la fois de ses mots doux et de son toucher. J’essayais de ne pas la regarder, mais par curiosité, et la joie d’être avec elle dirigea mon regard vers le sien. Ce que je vis ne fit rien pour faire partir ma rougeur. Ça ne faisait que l’intensifiait.

Je ne savais ce que mes mots avaient de si spéciaux, mais ils avaient assez d’effet pour faire aussi rougir Rarity. C’était bon signe. Je me sentais apaisé et en confiance. Je me sentais…

Comme si tout devenait clair. Ma confusion commençait à disparaître, et mes vrais sentiments à germer. Ça ne tenait qu’à moi de les lui dire. Le devrais-je ? Elle rougit, mais elle pouvait seulement être amusée. Les filles rougissent quand quelqu’un les fait rire, non ? Il n’y avait pas besoin d’une attraction mutuelle. Mais pourquoi rougirais-t-elle si elle n’était pas un minimum attirée ?

Les pensées se bousculaient en moi, et rien de cohérent n’émergeait. IL n’y avait qu’un moyen de le savoir, et je voulais tout clarifier.

Je devais lui dire.

« Je me sens comme un idiot. » Excellent début, j’imagine. Je souris, en regardant les feuilles sur l’arbre. « Ça m’a pris des années pour le comprendre, pour l’accepter. Je suis heureux d’avoir quelqu’un comme toi avec moi, Rarity. Chaque fois que je te parle, je me sens bien. Tu es la raison pour laquelle je garde un esprit sain depuis soixante-dix longues années. Tu es…tout simplement belle, à l’intérieur et à l’extérieur. Je sais que ça sonne bizarre maintenant. Tu as déjà dû entendre ça une centaine de fois, mais c’est vrai. J’ai toujours le même faible pour toi que lorsque j’étais plus jeune. Il est resté, et est devenu quelque chose d’autre. »

Je pris une grande inspiration. J’allais le faire. Mon cœur battait plus vite, essayait de s’échapper de ma poitrine. Je lui avais déjà trop dit. Pas moyen de reculer.

« Rarity, je- »

Ma confession fût stoppée par un bruit. Je regardais vers Rarity, secouant ma tête et ricanant. J’aurais dû savoir que ça allait arriver.

« Elle s’est endormie. » Je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir légèrement déçu. Voilà où sont partis tous mes mots. Inaudibles, et de la salive perdue.

Mais je me sentais quand même un peu soulagé. Et si j’y étais allé un peu trop fort ? Et si mes sentiments n’étaient pas les bons ? J’avais un peu plus de temps pur y penser. Je me demandais si elle avait entendu quoi que ce soit, comme si ça comptait vraiment. Quel que soit le résultat, je me sentais heureux, et en sécurité, proche de celle que j’aimais.

J’étais assis là, laissant Rarity se reposer sur moi pendant qu’elle dormait. C’était pour le moins intéressant, mais aussi relaxant. Sa respiration était douce et angélique, accompagnant le vent. Ses ronflements étaient légers, presque mélodiques, comme une berceuse joué à un enfant pour dormir. Mais ce qui m’intéressait le plus, ce qui me réconfortait dans son sommeil était de voir sa poitrine se gonfler et se dégonfler avec sa respiration. J’étais apaisé quand elle faisait ça. C’était un rappel plaisant pour me dire qu’elle était toujours avec moi, que je n’étais pas seul. Ça peut sembler bizarre de trouver du réconfort dans ce détail, mais quand on vieillit, et quand on voit des choses qu’on doit voir, on se met à penser que les meilleures choses sont les plus simples.

Enfin, le sommeil commençait à m’attirer dans ses filets. Je pouvais m’endormir en sachant que je me réveillerais aux côtés de ma princesse, toujours avec moi. Mes yeux commencèrent à se fermer, et je m’enfonçais dans le pays de Luna. Je me suis dit qu’une petite sieste ne ferait pas de mal. Juste pour une heure. Puis je me réveillerais avec elle.

Cette « heure » passa, et le ciel avait des couleurs différentes. La teinte orange était un bon indicateur de notre temps passé à dormir. L’heure avait été plus longue que prévu. Mais il n’y avait pas grand-chose à faire aujourd’hui. A part passer du temps avec Rarity, qui était toujours blottie contre moi, endormie, apaisée et immobile…

Un peu trop immobile. Mon cœur se remit à battre de plus en plus vite. Je craignais le pire, priant pour que ce ne soit pas cela. Je la regardais, cherchant un signe de vie. Elle était toujours chaude, ce qui me donna une pointe d’espoir. Un espoir qui se brisa en quelques secondes, lorsque je regardais sa poitrine. Mes yeux s’écarquillèrent, mon estomac me retomba dans les talons, et les larmes commençaient à apparaître au coin de mes yeux. Je murmurais « Non » de façon répétitive. Mon ton se fit plus sonore et fréquent en comprenant la situation.

Son vente ne se gonflait ou dégonflait plus. Mon seul rayon de soleil était parti.

« Non… »

La panique et la peur commençait à s’emparer de moi.

« Non… »

Tout ce qui valait la peine d’être vécu s’écrasait en quelques secondes. Submergé de tristesse, les larmes coulaient ses mes joues alors que je m’allongeais sur le sol, appuyant sur sa poitrine dans une tentative désespéré pour la faire revenir avec moi.

« NON NON NON ! Tu ne peux pas me faire ça ! Tu ne peux pas me quitter comme ça ! » Je continuais à appuyer sur sa poitrine, sans résultat. Mes bras commençaient à trembler, et mes mouvements se firent plus rapides. Rien ne marchait.

« S’il te plaît, ne me quitte pas ! » Mes cris étaient forts. Je me fichais de qui pouvait bien m’entendre. Je ne pensais qu’à une personne. Celle que j’allais perdre pour toujours. Je l’allongeais contre l’arbre, en espérant avoir plus de force ainsi. La désespoir me rongeait, et je tentais tout ce à quoi je pensais.

Mais tout n’était pas assez. Je commençais à le comprendre. Je me penchais contre elle, l’étreignait une dernière fois. Je ne pourrais pas faire ça. Je ne pourrais pas l’enterrer comme les autres. Je n’étais pas prêt pour son départ, et je restais assis à pleurer non-stop jusqu’à ce que mes yeux semblèrent se noyer.

« Rarity. S’il te plaît…ne me quitte pas. Je ne veux pas être seul. Je ne peux pas… »

Puis, je sentis quelque chose se passer. Je sentis ses jambes bouger et elle grommela. Elle ouvrit lentement ses yeux, l’air aussi somnolent qu’avant.

« Spike, qu’est-ce que tu fais ? »

Je baissais la tête, enfin soulagé. Juste une fausse alerte. Elle était encore là, et je n’étais pas seul. La situation était quand même étrange. J’étais là, assis devant elle, les yeux humides et un cœur battant si fort qu’on pouvait l’entendre à des kilomètres. Pas moyen d’échapper à ses questions.

Elle remarqua mon angoisse, et posa son sabot sur mes joues.

« Spike, pourquoi pleures-tu ? Quelque chose ne va pas ? »

J’essuyais les larmes sur mes joues, en forçant un sourire. Elle était toujours avec moi. Mes peurs s’éloignèrent, pour le moment.

« Désolé, Rarity », dis-je en respirant lourdement, « mais je ne savais pas quoi faire. Je pensais que tu avais cessé de respirer, et je ne savais pas quoi faire ! Je ne voulais pas te perdre, je ne voulais pas croire que tu étais- »

Elle posa ses sabots contre mes lèvres, et je cessais de parler. Mes joues commençaient à rougir pour ce qui devait être la millionième fois aujourd’hui. Je la fixais des yeux alors qu’elle riait, de plus en plus fort.

« Spike, qu’est-ce qui te fais croire que j’allais te quitter ? » me demanda-t-elle, en ne parvenant pas à contenir son rire. « Je faisais juste une sieste. Rien ne pouvait m’arriver. Tu t’inquiètes trop, darling ! »

J’étais abasourdi, incapable de bouger et tout, mais aussi dépassé. Elle se moquait de moi. J’avais sur réagi, et elle en riait, en tenant ses côtes dans son fou rire. Au plus profond de moi, je bouillais de rage. Comment pouvait-elle rire d’une chose pareille ? Je n’avais rien fait à part exprimer ses sentiments, et elle riait. Je voulais me mettre en colère. Crier et être enragé.

Au lieu de ça, je riais à mon tour. En y rependant, j’avais sans doute pris les choses trop à cœur. Ce n’était pas la première fois qu’elle cessait momentanément de respirer. J’aurais dû gérer ça un peu plus prudemment. Avec ça à l’esprit, je partageais un long rire avec elle, en m’allongeant contre l’arbre à ses côtés. On était ensemble. Nous avons fini par nous calmer, et nos sourires illuminaient nos visages.

« Ouais, je crois que j’étais un peu idiot », dis-je.

« Tu as le droit, Spike », répondit-elle, en essayant de se lever du sol. Je me levais pour l’aider à se remettre sur ses sabots. En voyant que son dos était sale et couvert d’herbe, elle fit de son mieux pour l’enlever. Elle était collée à son dos, refusant de partir. Je ne pouvais m’empêcher de rire, alors qu’elle essayait désespérément d’enlever la crasse sur elle.

« Donc, ma demoiselle a les fesses sales », je ricanais. « Je pense que quelqu’un devrait être plus prudent la prochaine fois pour garder son derrière propre. »

De toute évidence, ce n’était pas les mots appropriés, puisque je recevais un coup dans l’estomac, et un grognement venant d’elle.

« Tu n’as besoin d’être si grossier », dit-elle avec une colère rentrée. Avec sa magie, elle prit une serviette du panier et l’amena autour d’elle, en cachant son croupion du reste du monde. « Génial, maintenant je vais devoir nettoyer ça. Je ne peux pas me montrer ainsi, encore moins porter ce qui ressemble à un crime contre la mode. »

Certaines choses ne changent pas. Comme son inquiétude concernant son look en public. Je ne m’en lassais jamais. C’était l’une des multiples raisons pour lesquelles j’aimais être avec elle. La voir marcher avec une serviette aux motifs vichy autour d’elle serait une douce vengeance pour avoir ri de mon désespoir.

« Si on rentrait, alors ? » demandais-je. « Je peux toujours attendre que tu aies pris ton bain. »

Rarity se tourna vers moi avec un regard stoïque. « En fait, je me demandais si je pourrais utiliser la douche à la bibliothèque. »

J’étais au départ confus, mais en me remémorant les évènements de la journée, je savais que c’était une partie de son plan pour revoir ses amies. « Oh, je comprends. C’est comme tous les endroits qu’on a visités ! Les souvenirs, c’est ça ? »

Rairty posa un sabot contre ses joues. « Ce n’est pas entièrement ça, pas cette fois du moins. Mais visiter la bibliothèque serait bien, et je ne veux pas retourner à la boutique…pour le moment. »

Je restais confus et je me grattais la tête, en essayant de comprendre ce qu’elle voulait de moi. Mais rien de clair ne se présenta dans mon esprit. J’attendais qu’elle s’explique, même si j’étais quasi-sûr qu’elle ne le ferait pas.

« Je t’en parlerais plus tard, Spike. » Et je compris. Elle avait décidé de me laisser dans mon ignorance. « J’aimerais être escortée vers la bibliothèque. Il commence à se faire tard. »

Et voilà. Le ciel étoilé de Luna allait nous apparaître à n’importe quel instant. Je marchais prêt d’elle, en m’assurant que sa couverture ne se détacherait pas en public. Je ne voulais pas qu’elle se retrouve embarrassée en public.

« Quand tu veux. »

Elle me sourit et se tourna vers la ville. « Prête. »

Nous voilà, quittant cet endroit. Pas de pleurs, pas de regrets, juste des souvenirs. J’espérais qu’ils soient plus doux, mais tout ne peux pas se terminer comme dans un conte de fées. Au moins, ils étaient avec nous, même si elle nous avait oubliés.

*****************************************************************************

Le soleil s’était presque couché lorsque Rarity et moi arrivèrent à la bibliothèque. Les lampadaires s’allumaient, et les enfants dans les rues entendaient leurs parents leur dire de rentrer à la maison. Il était temps pour les rues d’ordinaire si animées de s’éteindre. C’était parfait, car ça voulait dire moins de trafic. C’était assez courant pour moi d’être bousculé par des poneys à cause de ma taille, alors moins on est de fous, plus on rit.

J’ouvrais la porte, l’invitant dans ma demeure.

Comme prévu, la bibliothécaire était partie. Je ne peux pas lui en tenir rigueur. Elle a des choses à faire, alors rester à la bibliothèque après le coucher du soleil serait grotesque. Mais c’était quand même bien d’avoir un compagnon de lecture. Elle aimait les livres presque autant que Twilight.

Twilight. C’était un choc pour nous tous de la voir partir la première. J’imagine que le stress d’être une princesse était trop dur à encaisser. J’ai passé des années à me sentir coupable de ça. J’étais avec elle durant presque toute ma vie, et je n’ai jamais vu les signaux d’alerte concernant sa santé. Elle s’est démenée pour Equestria et en retour, elle y a perdu sa santé.

Cependant, quand on se souvient constamment d’un ami à cause de l’endroit où l’on vit, on apprend à se pardonner. C’est ça ou se morfondre dans sa propre misère.

Je refermais la porte derrière Rarity, qui trottait dans le salon en regardant tout autour. C’était étrange. Pour la première fois depuis bien longtemps, cet endroit ne semblait pas aussi vide. Les livres n’étaient plus ma seule compagnie. Même si ça ne serait que pour un court instant, j’avais un compagnon ici. Un ami. Quelqu’un en qui j’avais confiance.

« J’aime la façon dont est entretenu cet endroit », dit-elle. « « Il n’y a pas une once de désorganisation ici. Tout est parfaitement en ordre. Twilight serait fière. »

« Tu le penses ? » demandais-je. « Je ne sais pas. Elle serait un peu contrariée en voyant ce morceau de papier. »

« Oh, allez, Spike. Ce n’est pas si grave. »

Je roulais des yeux, en ricanant légèrement. « Tu n’as jamais eu à vivre avec elle. »

Rarity rit et continua son chemin. Elle regardait les étagères de livres. Ce tas ne s’était jamais réduit. En fait, je m’assurais que le choix serait toujours plus grand. Quel genre de bibliothèque avait des livres datés ? Je savais que Twilight aurait voulu ça.

Je me souvenais. D’un album photo que nous avions partagé. Ça ferait une bonne dose de souvenirs pour nous deux. Je sentais que le moment était venu pour me rappeler de ces années sans craquer.

« Hé Rarity, j’ai quelque chose à te montrer avant que tu prennes une douche. »

« Oh ? » Elle se tourna vers moi, en me regardant chercher dans l’étagère. L’album était à ma hauteur, pour que je n’aie pas à utiliser une échelle pour accéder à mes mémoires. Elle me suivait jusqu’à la table, où je déposais le livre.

« Avant que je l’ouvre, es-tu prête pour ce voyage dans notre passé ? »

Elle hocha la tête, et je soupirais. Il était temps de se replonger dans nos souvenirs. J’ouvrais l’album, en regrettant presque immédiatement ce geste. La première image était le jour où j’ai éclos, avec une pouliche me tenant près d’elle.

« Awww, ce que tu étais mignon mon petit Spike », dit-elle, en s’extasiant sur la photo. « Avec Twilight qui prenait soin de toi. »

« Merci pour ce moment extrêmement gênant ». Je continuais à feuilleter les pages, en jetant de rapide coup d’œil vers ces merveilleuses années. Ça me manquait d’être un enfant par moments. Devenir vieux et plus sage était une douleur pour mon esprit. Un enfant ne savait rien de la mort. Ne savait rien de ce qu’on éprouve en perdant ses amis. On vit simplement, et on en profite. J’aurais aimé pouvoir continuer à ressentir ça.

Et on a continué à regarder cet album pendant un long moment, jusqu’à ce que Rarity décide de se lever.

« C’était très amusant, Spike, mais je dois vraiment aller me nettoyer », dit-elle. « Tu devrais faire de même. Peut-être aussi trouver quelque chose de joli à porter. »

Je levais un sourcil. « Quelque chose de joli ? On ne retourne pas chez toi ? »

« Oui, mais il y a quelque chose de spécial chez moi, et je veux que tu sois parfait. »

Je me grattais la tête, cherchant ce qu’elle voulait bien pouvoir dire. Elle secoua sa tête et me sourit, en grimpant les escaliers.

« Je sais que tu ne trouveras pas ce que j’essaye de te faire comprendre, alors je vais te le dire. Spike, j’apprécie beaucoup le temps passé avec toi. Ce sont des moments que je chérirais pour toujours. »

« Et c’est pour ça que je veux te rendre la pareille. Ce soir, je m’occupe du dîner. Je veux qu’on se détende et qu’on s’amuse. »

« C’est gentil de ta part, Rarity, mais tu n’as pas besoin de faire tout ça pour me nourrir », dis-je. « Je m’occuperais du repas s’il le faut. »

« C’est certes très gentil de ta part, mais je n’ai jamais dit que j’allais cuisiner. »

Et je compris. Mes yeux s’écarquillèrent, et ma mâchoire en tomba à terre. Elle sourit devant ma réaction.

« Je pense que tu as compris. J’ai engagé quelqu’un pour nous cuisiner notre dîner. Disons que c’est une sortie, mais à l’intérieur. »

J’hochais la tête, en souriant chaleureusement. « Ça m’a l’air d’être une bonne idée. Maintenant que tu en parles, j’ai un smoking pour sortir, tu sais au cas où quelque chose comme ça arriverait. »

« Alors, c’est acté. » Elle continuait à grimper les marches, en me regardant avec un grand sourire. « Je vais me rafraîchir, et j’espère que tu auras fait de même quand j’aurais fini. Choisis bien ton habit, darling ! »

« Oui m’dame ! » m’exclamais-je en la regardant entrer dans ma chambre. Quand elle fût hors de vue, je ne pouvais m’empêcher de me balancer d’avant en arrière, heureux et impatient.

Elle était sortie de chez elle pour réserver un dîner pour nous, juste pour nous. Je savais qu’elle ne l’avait pas dit comme ça, mais mes pensées enfantines commençaient à revenir en moi, et mes joues se mirent à rougir.

Je devais me préparer. Qu’est-ce que je pourrais porter ? Comment l’impressionner ? Quels couleurs allaient avec mes écailles ? Ça faisait longtemps que je n’avais plus pris soin de mon apparence.

C’est peut-être pour ça qu’elle avait fait. Elle voulait rallumer cette flamme dans mon cœur, et revoir le vrai Spike. Il était là, prêt et disponible. Il était temps de faire revenir le dragon qui pouvait ressentir des émotions. Il était temps d’apprécier ma vie avec Rarity.

Et apprécier ces moments avec un bonheur retrouvé. Pour la première fois depuis longtemps, je le ressentais.

« Spike ! Spike ! Viens ici, s’il te plaît ! »

Puis je l’entendis crier. Qu’est-ce qui avait pu mal se passer ? Quoi que ce fût, c’était un cri de peur, et je grimpais quatre à quatre les escaliers pour voir ce qui n’allait pas. J’ouvris la porte, ignorant qu’elle pouvait être sa gêne pour lui venir en aide.

Je regrettais immédiatement cette décision. En entrant, je la trouvais en train de regarder une bouteille remplie d’une poudre verte. Elle lit la note dessus à haute voix, pour que je puisse l’entendre.

« Cœur Gelé ? » commença-t-elle, d’une voix qui semblait se briser. « Le jour où ma maitresse partira, je la rejoindrais aussi. Je m’endormirais, comme elle. Un cœur gelé, pour toujours au repos. Sans douleur et apaisé. Je…je ne reculerais pas ce jour-là, parce que je ne veux pas être seul pour des centaines d’années. Je refuse… »

J’étais pétrifié, incapable de prononcer un mot. Pas seulement parce qu’elle avait trouvé la potion, mais aussi à cause de sa réaction Elle semblait déçue, triste que j’ai pu simplement y penser. Elle la tenait avec sa faible magie, son sabot posé sur sa bouche, incrédule.

« Spike, qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que c’est ?! »

Silence. Mes yeux se détournaient d’elle. Au fond de mon esprit, je me maudis pour avoir laissé la potion dans un endroit aussi peu discret.

Tout ça pour un simple et petit dîner.

Vous avez aimé ?

Coup de cœur
S'abonner à l'auteur

N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.

Chapitre précédent Chapitre suivant

Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.

Aucun commentaire n'a été publié. Sois le premier à donner ton avis !

Nouveau message privé