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Ceux qui restent

Une fiction traduite par inglobwetrust.

Sur les chemins de la mémoire

« Et j’ai retapissé la pièce avant de partir l’autre jour. J’espère que c’est joli. Si quelqu’un devait acheter le cottage, je ne voudrais pas qu’il soit inconfortable. »

Rarity hocha la tête. « Tu t’es vraiment surpassé. J’ai hâte de voir le résultat. »

« Ouais, moi aussi. » Je mentais, bien sûr, mais j’avais besoin d’elle pour rester heureux. Je ne savais pas pourquoi, mais son bonheur me complétait. Peut-être était-ce la raison pour laquelle je ne pouvais pas dire non. Je ne supportais de la voir tête baissée, déçue.

L’atmosphère de la ville peuplée s’épuisait en marchant vers l’entrée de la forêt Everfree. C’était paisible et calme ici. Les papillons volaient tout autour, les oiseaux chantaient leurs harmonies, et quelques animaux de la forêt couraient à travers le chemin lorsque nous sommes entrés dans le domaine de ma chère amie, Fluttershy.

Encore aujourd’hui, j’ai du mal à dire son nom. Elle était si douce, si gentille, et elle tomba en dépression lorsque la peur de la mort la rattrapa. Je connaissais trop bien ce sentiment. Dans un sens, je comprenais ce qu’elle ressentait.

« Wow, c’est magnifique », dit Rarity avec des yeux brillants, en marchant autour du cottage. « C’est comme si un ange avait posé ses ailes dessus ! »

« Merci, Rarity, j’ai fait de mon mieux. » Je ne savais d’où je sortais ça, mais c’était quelque chose d’inattendu au vu de mon humeur.

Rarity secoua sa tête et roula des yeux, ne parvenant pas à retenir sa joie. C’était étrange. Ce n’était pas l’une de ses conversations banales que nous avions à la boutique. On marchait et parlait. C’est quelque chose que j’essayais d’éviter depuis la perte de nos chères amies. Essayait-elle de me dire quelque chose ? L’avais-je retenu trop longtemps à cet endroit, et elle mordait à pleines dents sa liberté ? Suis-je le dragon qui retient prisonnière la princesse dans le château ? Y penser me faisait grimacer.

En marchant de plus en plus près du cottage, mes jambes étaient de plus en plus lourdes. C’était trop tôt. Je me donnais du temps pour ne pas replonger, mais avec Rarity autour de moi, les démons me rappelaient, se cachant dans cet endroit vide et froid. J’avais honte de le voir ainsi. Un endroit entouré de toute cette beauté naturelle, de plantes, d’oiseaux et d’animaux brisant le silence avec leurs sons harmonieux ne devait pas être empoisonné par ce genre de pensées.

Rarity et moi arrivions à la porte d’entrée, et son visage se remplit de nostalgie. Je voyais ses yeux briller, avec des larmes essayant de s’échapper. Elle les retenait, pour ne montrer aucun signe de faiblesse et me fit un petit sourire.

« C’est comme dans mes souvenirs », dit-elle, en scannant la maison. « Je me demande ce que tu as fait à l’intérieur. »

« Un seul moyen de le savoir », dis-je en ouvrant la porte. Je lui fis un signe pour qu’elle passe la première. « Les dames d’abord. »

Elle trotta à l’intérieur. « Toujours un gentlemen, n’est-ce pas, Spikey-chou ? »

Je rougis et répondis par un sourire, « Bien sûr », avant de refermer la porte derrière nous. La seule lumière dans la maison était les rayons du soleil à travers les fenêtres, illuminant l’intérieur d’un splendide orange. Le sol grinçait à chaque pas. Mais la maison était vide.

Rarity regarda autour d’elle, s’imprégnant de l’atmosphère. J’espère que ses souvenirs sont plus joyeux que les miens. Le seul que j’avais était le dernier soupir poussé par Fluttershy. J’étais venu l’assister durant ces dernières heures, l’aidant parce qu’elle se sentait faible. Vers le milieu de la journée, je l’ai assisse sur le canapé, et j’ai choisi de préparer du thé pour nous aider à nous détendre. Les choses se passaient bien, tout comme l’après-midi.

Quand je suis revenu avec les tasses de thé, je l’ai trouvé allongée sur le canapé, immobile. J’espérais qu’elle se soit juste endormie. Qu’elle était fatiguée et avait besoin d’un peu de repos. Avec l’âge, on a besoin de plus se reposer. C’est ce que je voulais croire. La vérité était que, pendant que je prenais mon temps pour préparer le breuvage, son cœur s’arrêta. Je me souviens m’être assis là, attendant que quelque chose, n’importe quoi, arrive.

Je suis resté là deux heures, pleurant à chaudes larmes. C’est le dernier souvenir que j’ai de cette maison. Je me demande lesquels avait Rarity sur cette maison, et sur Fluttershy.

« Hé, Rarity, si on s’asseyait un peu ? » dis-je en pointant vers le canapé. « Tu n’as pas besoin de rester debout si tu ne veux pas. »

Rarity secoua sa tête. « Oh, je ne peux pas souiller ses meubles comme ça. Je ne voudrais pas que l’acheteur de la maison doive s’accommoder avec une chaise cassé. Fluttershy mérite ce qu’il y a de mieux. »

« Ça va, Rarity », j’insistais. « Je peux remettre le canapé comme il faut. Tu n’as pas à rester sur tes sabots si longtemps. »

Elle me fixa intensément, en croisant les sabots. « Qu’est-ce que tu veux dire ? »

Je faisais tout pour ne pas la regarder. C’était stupide de croire que Rarity ne pouvait pas faire quelque chose elle-même parce qu’elle était vieille. Elle méritait mieux que ça. Je baissais les yeux au sol de honte.

« Désolé, je ne voulais rien insinuer. Je voulais seulement te mettre à l’aise ici. »

« Eh bien, je ne me sentirais pas à l’aise si je savais que je pourrais ruiner la valeur de cette maison en gâchant ton travail pour la garder en bonne état. Ce serait bien malpoli. »

« J’imagine. » Mon regard retourna vers elle, attendant une autre réaction. « Alors, pourquoi voulais-tu venir ici ? Je veux dire, la plupart des animaux sont partis, et même les plus petits ne viennent plus. C’est juste une…maison vide et isolée. »

« Et c’est pour ça qu’elle a besoin d’un peu de ménage. » Ma tête se relevait et je la regardais avec des yeux écarquillés. « Sans vouloir t’offenser, Spike, cet endroit a besoin d’un petit nettoyage. Je sens la poussière sur mes sabots ! Oh, et cet air, ça sent le renfermé et- » Son nez s’agita. Elle vacilla avant d’éternuer. « Disons juste que nous pourrions faire un petit ménage de printemps qui serait approprié pour des futurs locataires. »

Je n’étais pas surpris de voir que Rarity prenait toujours autant soin de la propreté. Si ce n’était pas pour ses rides et sa peau fripée, je ne pourrais pas dire qu’elle était âgée. Sa personnalité demeurait intacte.

« Nous ? » Elle voulait nettoyer avec moi. Je ne savais pas quoi en penser. Elle était toujours pleine de vie, mais je m’inquiétais toujours pour elle. Je ne pourrais jamais me pardonner si elle se faisait mal.

« Rarity, ce n’est pas nécessaire », lui dis-je alors qu’elle m’ignorait et continuait à chercher des vieux habits et chiffons. « Je peux faire tout le travail. Tu n’as pas besoin de- »

Elle me coupa avec un sabot, en me regardant fermement. « Spike, je ne veux entendre aucun si, et, ou mais. Je suis peut-être vieille mais je suis toujours vaillante, et je ne veux que tu te casses le dos en essayant de t’occuper de tout. »

Je voulais dire quelque chose contre, mais elle avait déjà mis les choses au clair. Elle voulait travailler. Elle voulait m’aider dans ma tâche et entretenir le vieux cottage de Fluttershy. Alors que j’acquiesçais, un sourire chaleureux parcourut son visage. Je ne pouvais pas dire non à un visage avec une telle détermination, peu importe ce que je pensais d’elle. Je pourrais toujours lui proposer de faire une pause quand je sentais qu’elle arriverait à ses limites.

« Okay, si tu veux vraiment m’aider », dis-je, « mais il n’y a pas beaucoup à faire, et je ne veux pas que tu te fatigues trop. Ça te va une heure de travail ? »

Elle hocha la tête. « C’est parfait, mon cher. » Elle fit léviter le chiffon à poussière avec sa magie et me fit signe de la suivre. « Faisons-en le plus possible durant cette heure. Il y a beaucoup à faire ! »

Il n’y avait pas beaucoup à faire en réalité, mais je n’osais pas lui dire. Je commençais à penser qu’elle voulait juste se remémorer les moments passés avec son amie. En fait, j’en étais certain. Mais pourquoi, et pour quelle raison ? On parlerait du passé, certes, mais c’était inhabituel de sa part d’aller dans la maison vide de son amie et d’aider à la nettoyer. J’étais confus, et un peu effrayé. J’ai déjà entendu des histoires de ceux qui veulent mettre les choses au point avant de partir. Etait-elle dans ce même cas ?

J’évitais d’y penser le reste de l’heure, m’assurant qu’elle soit capable de travailler. Je lui donnais des tâches peu épuisantes, comme épousseter les tables ou s’assurer que l’argenterie était là. Du travail facile, je sais, mais je ne voulais pas qu’elle se fasse du mal, surtout dans une maison qui fût la dernière demeure de Fluttershy.

Je fis le reste, comme bouger des meubles et redressant les cadres sur le mur, avec Rarity qui me guidait. Je secouais ma tête et roulais des yeux en souriant. C’est étrange de voir comment une personne en plus peut remplir de joie et de vie une maison triste et silencieuse. Avant, je voyais seulement les ténèbres qui entouraient la demeure. Ce sentiment de vite que je ressentais chaque fois que je la voyais. Maintenant, je voyais les rayons du soleil briller à travers les fenêtres, réchauffant la maison.

On a continué ainsi pendant une heure, sûrement un peu plus, avant de décider qu’il était temps d’arrêter.

« Rarity, l’heure est passée », dis-je. « On devrait arrêter pour aujourd’hui. »

« Oh, mais il y a encore un peu de poussière ici. Oh, et la cuisine ? On ne peut pas la laisser toute poussiéreuse ! »

Du Rarity tout craché. Son côté maniaque de la propreté était toujours présent chez elle. Elle n’était pas l’élément de la Générosité pour rien, et je l’aimais pour ça. Ce mot encore. Aimer. Lutter contre mes sentiments devenait de plus en plus difficile, et ça me rendait toujours plus confus. Je ne savais toujours pas ce que je ressentais pour elle. Tout ce que je savais, c’est qu’à chaque fois que je pensais à elle, je commençais à me sentir bizarre.

« Rarity, je peux gérer maintenant », dis-je en m’approchant d’elle. « Tu n’as pas besoin de te fatiguer, surtout quand il y a aussi peu à nettoyer. Je viens souvent ici. Je m’assurerais qu’il reste en l’état.

Rarity abaissa son chiffon, et soupira. « Je te laisse ça alors, Spikey-chou. »

Nos regards se rencontrèrent un bref instant, avec le sentiment du devoir accompli. Je lui souris, avec une expression idiote comme quand j’étais plus pe…euh…jeune. Elle était sans pitié envers moi. Quelque chose était sans pitié au même moment.

Mon estomac. Ça faisait une heure que l’on avait fini de manger et mon estomac grognait déjà. Je rougis, en levant les yeux vers Rarity tout en me grattant la tête. Elle croisa ses pattes et me fit un sourire taquin.

« Et tu disais que tu n’avais pas faim au restaurant. On dirait que ton estomac te punit pour ton entêtement. »

Je la regardais rire de moi, grognant un peu, mais je profitais de cet instant. Après avoir fini de rire, je toussais dans ma griffe et reposa mes yeux sur elle.

« J’imagine que je prendrais bien quelque chose à grignoter. Rien de trop gros quand même. Je n’ai pas envie d’être encore plus gros que je le suis déjà. » Je frappais mon estomac, en le regarder se trémousser.

« Sugarcube Corner ? », demanda Rarity.

« S-Sugarcube Corner ? » J’avais une nouvelle fois une boule dans la gorge. J’avais du mal à juste être là, et maintenant elle voulait m’emmener là-bas ? C’était trop tôt et trop soudain. Elle n’était morte que depuis dix ans, et y être me faisait toujours aussi mal.

Soit elle ne voyait pas mon inquiétude, soit elle s’en fichait, mais elle me gratifiait encore d’un sourire plein d’espoir. « On pourra acheter quelques pâtisseries pour la route. Puis on pourra déjeuner à l’ombre d’un arbre de la Ferme de la Douce Pomme. »

C’est comme si quelqu’un venait de me larguer une bombe dessus. C’était beaucoup à encaisser d’un coup, et être entouré de tous ces endroits chargés de souvenir était quelque chose pour lequel je n’étais pas préparé. Mais elle semblait le vouloir plus que tout, et avait l’air si heureuse. Mes émotions se battaient avec les siennes, et je voulais qu’elle gagne. Au même moment, je savais que je ne pouvais pas passer une journée de plus en ignorant les miennes. Je priais pour qu’elle ne découvre rien.

Une fois de plus, j’hochais la tête et dit un simple, « D’accord. » Nous trottâmes vers la porte, avec moi devant, et quittèrent le cottage. En s’éloignant de la maison, je fis quelque chose que je n’avais jamais fait avant. Quelque chose que je ne me pensais pas capable de faire.

Je me suis retourné. J’ai regardé le cottage et senti une sensation de chaleur en moi qui d’habitude me tourmentait. J’imagine qu’y revenir était déjà assez pour faire face à mes démons sans problèmes. C’est aussi grâce à Rarity que j’ai pu enfin tourner la tête. Je ne me sentais plus coupable de ce qui est arrivé à Fluttershy. Il n’y avait rien que je puisse faire. Mais quand même, le Sugarcube Corner ? La Ferme de la Douce Pomme ? C’est comme si tout arrivait trop vite, et je voulais ralentir ce rythme. Je n’aurais aucune respiration aujourd’hui. Elle me l’avait clairement prouvé.

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La promenade jusqu’au Sugarcube Corner était plus animée que vers le cottage, grâce à l’humeur joyeuse de Rarity. Le voyage était aussi plus court. Ce fût rapide, et en arrivant, nous fûmes curieusement accueillis par les nouveaux propriétaires.

« S’lut, les gars ! C’est rare que je te voie deux fois dans la même journée, Spike. Et Madame Rarity ? Ça fait un bail que je ne vous ai pas vue. »

Ah, Velvet Cake. L’une des membres restants de la famille Cake. La fille de Pond continuait à garder la confiserie ouverte et refusant de laisser le business familial mourir. Ses efforts étaient admirables, et bien récompensés. Le business se poursuivant, même sans ses parents, et je venais l’aider assez souvent.

« Salut, Velvet », la saluais-je en marchant vers le bâtiment. « Je sais que tu n’as pas l’habitude de me voir deux fois dans la journée. On est justes là pour prendre quelques trucs pour un pique-nique. »

« Ah, un peu de bon temps avec les dames ? »

Je rougis, et Rarity rit de ma gêne.

« On passe du temps ensemble, oui », dit-elle dans un sourire. « Ça fait un moment qu’on n’a pas fait quelque chose ensemble hors de la boutique et je voulais simplement prendre l’air »

Velvet sourit et hocha la tête. « Alors vous êtes venus au bon endroit. On a plein de choses qui seraient parfaites pour vous. Entrez ! Mon collègue va s’occuper de vous pendant que je nettoie. »

Rarity fit une révérence. « Avec plaisir, Miss Velvet. »

Elle nous amena dans le Sugarcube Corner, avec dedans les clients habituels qui mangeaient ou prenaient des commandes à emporter. Le caissier en question était le fils de Pumpkin Cake, et s’appelait Lemon. Il avait du cran, comme sa grande tante.

« Hé, Spike ! » Il bondit au-dessus du comptoir et étendit son sabot pour secouer ma griffe. « C’est rare de te voir deux fois ! Heureux de me revoir ? »

Il avait ses grands yeux écarquillés comme toujours, souriant à pleines dents. J’étais à la fois confus et flatté.

« Tu sais, Lemon, il viendrait peut-être un peu plus souvent si tu arrêtais de te comporter comme une ado toute excitée chaque fois qu’il vient », se moqua Velvet.

« Quoi ? Je n’ai pas le droit d’être content de voir le dragon le plus cool au monde ?! »

De quoi flatter mon ego, et aussi me faire sourire. Lemon était doué avec les mots. Il était une des raisons pour lesquelles mes journées n’étaient pas aussi déprimantes. Jusqu’à ce que je me rappelle de sa ressemblance avec ma vieille amie fêtarde.

« Et il a amené l’un des éléments d’équilibre restants avec lui ! Pourquoi ne serais-je pas heureux ? »

Ambiance plombé, bravo petit. Je voulais le corriger, lui dire qu’elle était la dernière des éléments. Mais mon cynisme ne pourrait pas venir gâcher bêtement cette journée.

Rarity gloussa. « Allons allons, je ne suis pas si importante. »

« Pas si importante ! Vous êtes l’un des héroïnes d’Equestria ! » Lemon attira l’attention de tout le monde dans la pièce, la plupart riant de son manque de professionnalisme. Velvet en rougit. Rarity et moi ne pouvions nous empêcher de sourire de cet étalon maladroit. Il marcha vers Rarity et prit son sabot pour l’embrasser. Je grimaçais. Qui lui avait donné le droit de marcher vers ma demoiselle pour embrasser son sabot ?

Et pourquoi l’appelais-je ma demoiselle ?

« Oh, c’est charmant », dit Rarity.

« Beurk ! » Velvet sortit sa langue, feignant d’être dégouté. « Tu vas rendre tous nos clients malade un jour avec tes actions flamboyantes, alors comment payeras-tu les factures ? »

« Les rendre malade ? » Lemon rit et trotta vers sa sœur, puis posa son sabot sur ses épaules. « Je pense que les clients apprécient mon ‘côté flamboyant’ parce que je ne fais pas la tête tout le temps ! » Il prit la bouche de Velvet avec ses pattes avant et l’étira, la forçant à sourire. « C’est Madame Grognon qui fait partir tous les clients. Allez ! Souris ! »

Rarity s’amusait de la scène. « Décidemment, c’est de famille. Tu ressembles tellement à- »

Je me gelais sur place. Je voulais lui dire, Non, ne le dis pas ! Je ne veux pas y penser maintenant ! S’il te plaît…arrête ! S’il te plaît…

« J’y pense aussi parfois », interromput Lemon, en trottant sur place. « Je ne pense pas que j’ai besoin qu’on me rappelle cette jument qui m’a tant influencé, pas vrai, Spike ? »

C’est pour ça que j’aime Lemon. Il peut-être excentrique et énergique, mais il lit les émotions comme personne. Je suis heureux aussi. En y pensant, entendre son nom n’aurait pas été aussi terrible. Ça me fait mal parce que je me souviens à quel point elle a eu mal. Elle a dû voir chacune de ses amies mourir devant ses yeux. La fête était finie. La dépression l’avait rattrapée.

Quand sa dernière heure est arrivé, elle essaya de sourire. Mais il était forcé et sans espoir. Je pense qu’elle avait perdu toute capacité à ressentir quelque chose en voyant ses amies partir. Je me demande si que ce serait passé si elle serait à la place de Rarity.

Non, il ne faut pas y penser maintenant. Rien de déprimant ne le devrait. Je dois rester heureux pour elle. Pas de pleurs, pas de tristesse. Je devais les garder pour moi seul. En plus, j’avais trop faim pour m’inquiéter en même temps. Mon estomac continuait à me le rappeler. Je toussais et regardais Lemon, qui bondissait sur place comme un enfant ayant mangé trop de sucre.

« J’adorerais parler avec vous plus longtemps, mais on a un pique-nique de prévu à…la Ferme de la Douce Pomme. Vous avez quelque chose pour un bon repas ? »

Lemon marcha autour du comptoir, scannant les étagères de nourriture et pâtisseries. Il sortit sa langue, posant son sabot sur la vitre pour trouver quelque chose. Il trouva vite ce qu’il cherchait, et nous fixa de ses grands yeux avec un sourire pour l’accompagner.

« Oh, nous avons des muffins frais pour vous, et aussi de très bons sandwiches ! Qu’est-ce préfèrerait Madame ? Des choses sucrées ? Salées ? Je parie qu’elle adore les bonbons ! La plupart des anciens que je rencontre le sont ! »

Je frottais ma nuque, en choisissant mes mots prudemment. « Eh, bien….je ne sais pas comment tu as deviné, Lemon, mais oui…elle aime les bonbons sucrés. »

Rarity rit, et me regarda dans les yeux avec un air malicieux. J’étais quasi-certain qu’elle se moquait de moi, mais j’étais trop content pour prendre le risque. Je l’ai déjà vu en colère, et je sais qu’elle peut toujours me faire supplier, même à son âge si elle le voulait. La magie est quelque chose, ça c’est sûr. Je n’ai jamais fait d’autre blague concernant sa vue après avoir reçu un caillou dans la tête.

« Oh, alors pourquoi pas ces gâteaux au chocolat avec un cœur à la fraise ? Velvet a eu l’idée ! Elle est vraiment bonne quand il faut trouver cuisiner des nouvelles choses ! »

Velvet sourit et hocha la tête. « Quelqu’un dans cette famille le doit. Tu es plus que maladroit quand il s’agit de faire la cuisine. »

Lemon prit une pose dramatique. « Oh, ma chère sœur, quelle méchanceté ! Je t’aide pourtant tellement ! Bon, je mange parfois les ingrédients avant de les cuisiner, mais n’ai-je pas créé le « Cookie aux pépites triple chocolat » qu’adore Spike ? »

« Si tu le dis, Lemon », dit Velvet en roulant des yeux tout en continuant à servir les clients. « Voilà votre commande. »

Lemon sourit, avant de pencher la tête sur le côté comme si il pensait à quelque chose. « Oh, je me rappelle ! » Il déposa un plateau de ces cookies sur le comptoir. Je ne sais jamais d’où il sort toutes ces choses. Ça ne me surprendrait pas s’il le sortait de nulle part, honnêtement. L’esprit de Pinkie Pie vivait dans cet enfant.

Pinkie, je n’aurais jamais su dire son nom sans problème jusqu’à aujourd’hui. Je n’arrive pas à me sortir de mon esprit que je dois garder la tête haute pour Rarity. Etait-ce ce qu’elle essayait de faire ? Je ne le savais toujours pas. Mais il y avait une chose que je devinais.

Ces cookies avaient l’air très appétissant.

« Heu, Spike ? Et tes manières ? » Rarity pointa ma bouche, en voyant que je bavais devant ces délices. « Je suis heureuse que tu sois impatient de remplir ton estomac, mais garde un peu de décence, darling ! »

Elle avait raison. La salive coulait de mes lèvres sans que je ne puisse rien y faire. Bizarre que je fasse ça en sa présence. Elle avait vraiment un drôle d’effet sur moi. Je m’essuyais rapidement ma bouche pour éviter de m’embarrasser encore plus.

« Alors, combien coûte…..ces mets délicieux ? »

« Oh, c’est gratuit ! »

« Hé, tu as des oursins dans les poches, hein ? J’imagine que c’est juste. Tu as travaillé dur pour- » Je fis une pause avant de chercher dans mes poches, confus. « Attends, qu’est-ce que tu as dit ? »

« Je ne pense pas que beaucoup de gens ont un estomac comme le tien ! Les poneys se plaindraient d’avoir un « arrêt cardiaque » en mangeant ça, si tu peux y croire ! Et tu es mon client préféré ici, alors je veux bien te donner quelques-uns de mes cookies spéciaux gratuitement ! »

« C’est très gentil », dit Rarity. « Même, je ne le ferais pas aussi souvent. Je ne voudrais pas lui faire croire que tu insinues qu’il est dodu. »

Rarity l’avait déjà insinué, mais je n’avais rien dit. Elle prit son petit sac et essaya de sortir quelques pièces pour payer ce qu’elle allait commander. J’allais l’en dissuader, mais elle me regarda d’un air ferme, pour me faire clairement savoir qu’elle paierait à ma place.

« J’aimerais quelques-unes des douceurs dont tu m’as parlé, avec quelques sandwichs. Avec un supplément de jonquilles sur cinq d’entre eux. »

« Quelque chose à boire avec tout ça ? Peut-être une bouteille de limonade ? »

Rarity secoua sa tête. « Je ne pense pas que ça sera nécessaire. Qu’est-ce que tu en penses, Spike ? »

Pourquoi est-ce qu’elle me le demandait ? Cherchait-elle une sorte de confirmation pour son choix ? Je me posais des questions, mais je savais quelque chose. Ils font des breuvages délicieux, rien de surprenant quand on sait qu’on est au Sugarcube Corner.

« En fait, tu ne penses pas qu’on sera un peu assoiffés après manger ? Je pense qu’on devrait prendre quelque chose à boire. »

Elle me regarda, l’air pensif, se grattant le menton et restant stoïque. Je me sentais nerveux, et une boule commençait à apparaitre dans ma gorge. Je ne savais pas ce à quoi elle pouvait penser.

« J’imagine que tu as raison, Spike. Je ne veux pas être à sec après le repas. » Elle sourit et déposa d’autres pièces, me faisant sentir encore plus coupable pour ma suggestion. « Ça devrait suffire, n’est-ce pas ? »

Il compta les pièces, rendant la monnaie en la lançant parfaitement dans son sac. Je pouvais dire qu’elle était impressionnée par sa performance. J’étais là la première fois où il l’avait fait. Son enthousiasme était relaxant.

« Ça devrait le faire ! Je reviens ! » Il disparut dans la cuisine, hors de vue. Il revint vite, mais n’était pas derrière la caisse. Il était juste devant nous, avec un grand sourire. Je voulais toujours lui demander comment il faisait ça. Mais je savais que c’était inutile.

« Et voilà » ! s’exclama-t-il, avec le panier dans sa bouche. « Un panier plein de bonnes choses pour toi et Madame Rarity ! »

J’attrapais le panier et hochait la tête. « Merci, Lemon. »

Il bondissait sur place. « Non ! Merci à toi d’être revenu ! Viens plus souvent ! »

Rarity me regardait, en croisant les sabots avec un sourire malicieux. « Oui, Spikey-chou. Ne laisse pas ce pauvre petit seul. » Les deux prirent leur meilleur air de chien battu. Quel genre de dragon serais-je en disant non, surtout devant ces têtes ?

« Seulement si tu as des cookies comme ça tous les jours », dis-je.

« Deal ! » Il rebondit derrière la caisse, en nous saluant. « A plus vous deux ! »

Velvet nous amena jusqu’à la porte, en souriant doucement. « Viens plus souvent, Spike. Même si Lemon est énervant, je suis d’accord. Tu ne devrais pas venir aussi rarement. Tu fais presque partie de la famille. Sans ton aide, on n’aurait jamais réussi à maintenir à flot le business de nos grands-parents. »

Chaque fois qu’elle me remerciait pour ça, je me sentais bien. Je n’aurais jamais laissé un tel endroit tomber en désuétude. Je ne pouvais pas faire ça à mes amies. Ma fierté m’empêchait de revenir voir comment ils s’en sortaient, et comme ma peur déclinait de plus en plus, je pouvais imaginer faire des visites plus fréquentes. Peut-être même venir un jour comme client.

« Bien sûr », lui dis-je, avec un clin d’œil. « Je dois te garder en bonne santé. Je connais ton frère. »

Elle rit, en se tenant les côtes avec un sabot. « Tu n’en vois même pas la moitié ! » Elle trotta vers la porte, en nous regardant une dernière fois avant de retourner dans le magasin. La porte se referme, et les deux continuèrent leur journée de travail.

C’est incroyable de voir à quelle vitesse ils se sont adaptés à la perte d’un proche, ou combien de temps j’ai mis pour faire de même. Rarity semble aussi y arriver mieux que moi. J’avais honte de cette faiblesse.

« Oh, j’ai hâte de secouer un peu mes vieux sabots », dit Rarity, en secouant de fait ses pattes. « SI on y allait ? »

« Tout ce que tu veux, ma chère. » Je marchais de son côté, en l’amenant vers mon prochain challenge mental. La ferme de la Douce Pomme était toujours aussi belle qu’autrefois, mais les souvenirs me hantaient. Mais je devais le faire. Pour moi et Rarity. Ma chère amie, Applejack. Ça fait longtemps que je ne suis pas venu voir ta tombe.

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