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Ceux qui restent

Une fiction traduite par inglobwetrust.

Sa requête

Le serveur versa le thé dans la petite tasse de Rarity, en lui souriant chaleureusement.

« Et que désirez-vous ce matin, jeune demoiselle ? » demanda-t-il, en inclinant sa tête par respect pour elle.

Rarity gloussa, en agitant son sabot. « Oh, vil flatteur. Vous savez que j’ai passée l’âge. »

« Vous ? Passer l’âge ? Vous auriez pu me tromper ! »

Les deux continuèrent leur conversation, et j’étais là, la griffe sur mon menton. J’enviais son habileté à agir normalement, à lui parler comme si elle était jeune et pas une vieille dame fragile.

« Mais je vous distrais », dit-il, en souriant encore plus. « Que désirez-vous manger, m’dame ? »

Rarity regarda rapidement le menu. Soudain, son attention se tourna vers moi.

« Spike, je ne sais pas quoi choisir. » Elle lévita le menu vers mon visage. « Qu’est-ce que tu me recommandes ? »

Du point de vue du serveur, elle demandait mon opinion. Mais je savais qu’elle faisait de son mieux pour ne pas montrer que sa vue se détériorait. Feindre le bonheur était difficile, mais je devais le faire, pour elle.

« Je pense que les gaufres au blé avec des myrtilles seraient parfaites », je suggérais.

« Alors, vous avez ma réponse. Des gaufres au blé avec des myrtilles, s’il vous plaît. »

Le serveur nota la commande sur son carnet. « Ce sera tout, m’dame ? »

« Oui, ce sera tout. »

« Et vous, jeune homme ? Qu’est-ce que je vous sers ? »

Jeune. Le mot serait flatteur en d’autres circonstances. Je m’éclaircis la voix et dit, « Désolé de vous décevoir, mais je ne suis pas aussi jeune. »

« Vraiment ? Vous avez l’air d’être à peine sorti de l’œuf ! Quel âge avez-vous ? »

Je m’affaissais dans mon siège, fronçant les yeux. Je n’ai jamais aimé dire mon âge à quelqu’un. Ce n’était pas seulement démoralisant d’être vu comme un bébé dragon vu ma taille, mais ça me faisait mal de me rappeler les années passées, et les amis perdus.

« D-désolé pour la question », s’excusa le serveur. « Voulez-vous quelque chose, monsieur ? »

« Juste…juste un muffin aux myrtilles », répondis-je.

« Spike, c’est tout ? » demanda Rarity. « Tu as normalement un plus gros appétit. »

« Ça va, Rarity. C’est juste que je n’aie pas vraiment faim maintenant. »

« Tu es sûr ? »

Je regardais d’un air sombre la table. Rarity fronça les yeux, me regardant avec ses grands yeux de saphir. Elle finit par hocher la tête et se tourna vers le serveur.

« Je pense que c’est tout ce que nous prendrons aujourd’hui », dit-elle en lui rendant les menus. Il s’inclina vers nous et sourit chaleureusement comme si rien n’était arrivé.

« Vos plats arriveront très vite. C’est une belle journée pour être dehors, n’est-ce pas ? »

« C’est une belle journée, en effet », dit Rarity. « J’ai dû trainer le bon vieux Spike dehors. » Elle s’approcha du serveur et lui murmura à l’oreille. J’essayais d’entendre ce qu’ils se disaient, sans succès. Encore pire en les entendant rire, apparemment de moi. Pour une raison que j’ignorais, le serveur me fit un clin d’œil et trotta ailleurs, me laissant confus.

Après qu’il nous laissa, Rarity se tourna vers moi et posa ses sabots sur son menton. Elle semblait à l’aise avec moi, comme si elle faisait ça depuis des années. C’était comme le bon vieux temps. Je détestais penser à cela maintenant.

« Alors, Spike, comment vas-tu ? » demanda-t-elle. « Tu viens souvent, mais tu parles rarement de ce que tu fais. »

Parce que pendant toutes ces années, je me morfondais, avec un album photos et une collection d’images pour me tenir compagnie. Je n’osais pas lui dire cela. Elle ne devait pas s’inquiéter des larmes qui coulaient la nuit, quand je me demandais quand tout se terminerait.

« Je vais bien », fût tout ce que j’arrivais à dire. L’air devint glacial, avec le silence qui planait au-dessus de nous. Elle était assisse là, attendant que j’en dise plus. Mais que pouvais-je dire d’autre ? Chaque jour était le même, banal. Je ne voulais pas l’ennuyer avec ces détails, même si elle insistait parfois.

« Il fait beau aujourd’hui », dit-elle, en essayant de forcer la conversation. « Ce n’est pas souvent que je suis dehors par ce temps. C’est une bouffée d’air frais, n’est-ce pas, Spike ? »

« J’imagine… »

Ma réponse était vide, comme moi. Je faisais courir mes doigts sur la table, en restant discret. Je ne savais pas quoi dire. Devrais-je avoir l’air heureux et continuer la discussion ? Devrais-je dire la vérité sur ce que je ressentais ?

« Spike, qu’est-ce qui ne va pas ? Tu dis à peine quelques mots et tu as une mine sombre depuis quelques temps. »

Je levais immédiatement les yeux vers elle, écarquillés. Je ne pensais qu’elle pouvait me lire aussi facilement.

« Rien, Rarity », dis-je en soupirant. « Tout va bien. »

« Tu n’es pas très convaincant. Je ne suis pas du genre à me mêler des affaires des autres mais ton comportement est inhabituel, et je ne cesserais de te le demander jusqu’à ce que tu me donnes une réponse. »

« Rarity- »

« Spike…dis-moi, s’il te plaît ? » Elle fit la moue, comme quand elle était jeune. Ses traits n’étaient plus aussi doux qu’avant pourtant. C’était amusant de la voir essayer de me manipuler encore une fois. Mais ça marchait, comme toujours. Pourquoi ça marchait toujours ?

Je soupirais. Mes joues rougirent, et je me préparais à cracher le morceau. « Eh bien, je suis très stressé dernièrement. Je dors mal, et je repense à toutes les fois où nous étions avec….tu sais. »

Elle acquiesça, en m’observant attentivement. C’était comme si ce que j’avais dit l’avait intriguée, en tout cas, elle était plus intéressé que moi dans ce que j’allais dire.

« J’ai le cafard depuis quelque temps. Je…je ne sais pas exactement pourquoi, mais je sais que j’y songe beaucoup. A propos de choses dont je ne veux pas que tu t’inquiètes. »

« Et rien de tout ça n’a à voir avec ton âge et ta taille ? »

Elle mit en partie le sabot dessus, ce qui fut assez pour me coincer une boule dans ma gorge. Je ne pouvais pas répondre. Elle avait dit la vérité, en tout cas, en partie. J’avais peur qu’elle ne découvre le reste.

« Spike, je ne peux pas comprendre ce que tu ressens à cause de ton âge et de ta taille, mais tu ne peux pas laisser ça prendre le dessus. »

Plus facile à dire qu’à faire. Mais ses mots parvinrent à me faire sourire un peu.

« Par ailleurs, je t’envie un peu. J’aimerais pouvoir être aussi vieille et avoir l’air aussi jeune. » Elle frotta ses sabots contre son visage pour montrer la texture de sa peau. « Peu importe ce que je fais, ma peau est toujours ridée et flasque ! Ma beauté d’antan est partie ! Mais je dois accepter que l’âge entraîne le déclin de la beauté. Au moins, tu es toujours un beau et séduisant jeune dragon. »

Pourquoi est-ce que je rougis ? Pourquoi ses mots ramènent de l’espoir dans mon cœur déchiré ? « Et même si tu vieillis, Rarity, je pense que tu es toujours aussi belle. » Et pourquoi ai-je dit ça ? Je couvris ma bouche et me détourna d’elle. Je pouvais l’entendre glousser.

« Oh, Spike, quand seras-tu à court de compliments ? »

« Eh bien…je…euh… » Les mots me manquaient. Sa voix majestueuse pouvait couper le souffle à tous ceux qui tombaient sous son charme. J’étais sa victime. Quatre-vingt ans à la suivre, et je ne pouvais m’empêcher de penser que quelque chose manquait. Je ne me satisfaisais pas d’être seulement un ami, mais c’est la seule chose que je pouvais faire pour être auprès d’elle.

Avant que la discussion aille plus loin, le serveur réapparut, en tenant les plats sur sa tête. Il déposa les gaufres de Rarity juste en face d’elle et mon muffin, avec un plateau de patates frites et d’oranges. Je levais les yeux vers le serveur.

« Excusez-moi, monsieur, mais je pense que vous vous êtes trompé de plat. », dis-je en pointant le coupable. Mais Rarity et le serveur rirent en voyant ma réaction.

« Pas du tout, monsieur. Cette charmante jeune femme m’a suggéré que j’ajoute de la nourriture à votre commande. J’ai proposé de le mettre sur le compte de la maison vu que vous ne sembliez pas de très bonne humeur, mais elle a insisté pour payer. »

Rarity hocha la tête. « Je ne te crois pas quand tu me dit que tu n’as pas faim, Spike. D’habitude, tu manges comme trois poneys, alors je vais m’assurer que tu te remplisses l’estomac. »

Elle ne plaisantait pas, n’est-ce pas ? La raison pour laquelle elle me traitait ainsi m’échappait, mais j’hésitais toujours. Ce n’était pas une chose habituelle venant d’elle de commander de la nourriture contre ma volonté. Mais c’était aussi peu commun pour nous deux d’être ensemble en public.

« Spike, s’il te plaît, mange-le pour moi. »

Ce visage, encore. Elle savait comment jouer sur mes sentiments.

Je rapprochais le plateau près de moi et plantait ma fourchette dans le plat.

« Je vais vous laisser seuls tous les deux. Bon appétit ! »

« Merci, mon cher », dit-elle. « Merci de votre coopération. Spike peut être un peu grognon parfois. »

Je grommelais un peu trop fort, les faisant rire tous les deux.

« Au plaisir, m’dame. Je repasserais voir si tout va bien. »

Il trotta pour servir les autres clients, nous laissant seuls. Rarity leva son couteau avec sa magie et le tendit vers ses gaufres.

« Oh, je suis impatiente de manger ! Je suis sûre que ce que tu m’as conseillé est exquis. »

J’hochais la tête, souriant faiblement en commençant à manger mon repas. Elle coupa lentement ses gaufres, les amenant vers ses lèvres avec sa fourchette tremblante. Sa magie n’était plus aussi forte qu’autrefois, et je demandais souvent quand est-ce qu’elle disparaîtrait et deviendrait faible tout comme…

Non, pas question de penser à ça maintenant Je ne pouvais pas la laisser me voir pleurer. Je ne pouvais pas.

Je la regardais utiliser sa fourchette, la plaçant sur sa gaufre pour qu’elle ne bouge quand elle la coupait avec le couteau. Je la regardais manger, en touchant à peine mon repas. Je passais beaucoup de temps à essayer de la comprendre. Pourquoi voulait-elle manger dehors avec moi aujourd’hui ? Normalement, elle ferait cela elle-même et resterait à la boutique. Mais aujourd’hui, elle avait insisté pour que je vienne avec elle, et que j’en profite.

« Spike, pourquoi tu ne manges pas ? » demanda-t-elle, en me faisant sortir de ma rêverie. Je prenais maladroitement une bouchée et l’amenait à ma bouche. Elle couvrit ses lèvres et gloussa. « Tu es vraiment unique, Spike. »

Je rougis encore plus. C’était pathétique. Un dragon presque octogénaire arrivait toujours à être embarrassé par une dame comme Rarity. Quel honte. Et elle était là, me souriant chaleureusement en mangeant ses gaufres. Elle mâchait lentement, et fredonnait avant d’avaler.

« C’est délicieux », dit Rarity. « Je comprends pourquoi tu en manges tout le temps, Spike. Leur goût est divin. »

« Heureux que tu les aimes », dis-je. « Je ne te conseillerais pas quelque chose que tu n’aimes pas. »

« C’est pour ça que je suis toujours heureuse que tu choisisses pour moi », continua-t-elle, en coupant ses gaufres. « Tu sembles me connaître mieux que moi-même parfois. »

Je souris. Il n’était pas forcé, mais il me semblait naturel. Pour la première fois depuis longtemps, je partageais un moment de bonheur avec quelqu’un que j’aimais.

Puis ce mot me revint à l’esprit. Aimer. C’est un mot compliqué, souvent noyé dans le doute. Je ne savais jamais précisément quels étaient mes sentiments pour Rarity, si je l’aimais ou si j’aimais penser à elle. Ça me dévorait presque autant que la peur de la perdre.

« C’est le visage que j’aime voir ! » Raity pointa sa fourchette vers moi, me faisant lever les sourcils. « Tu es tristounet en ce moment, Spike. Je n’aime pas voir mes amis si tristes et contrariés. Ça me brise le cœur de voir ça. » Elle fit ressortir ses lèvres, ainsi que ses yeux brillants en me montrant son adorable visage. Cette expression réussissait toujours à faire cesser le battement de mon cœur. « Je ferais n’importe quoi, et je veux dire vraiment n’importe quoi pour faire sourire quelqu’un à qui je tiens. »

« C’est pour ça que tu voulais sortir avec moi aujourd’hui ? » demandais-je, réalisant trop tard le contexte de ma question. Je fis tomber ma fourchette alors qu’elle me regarda. « Euh…je ne veux pas dire sortir sortir. Juste deux amis qui prennent un bon repas ensemble. Je ne veux pas dire que l’on sort ensemble- » Je me pétrifiais une nouvelle fois. Encore une phrase embarrassante sortie de mes lèvres. « Je veux dire, tu es assez jolie pour sortir avec toi, c’est juste….attends, je veux dire….ARGGHHH ! »

Ma tête s’en alla frapper la table…ou du moins, c’est ce que j’espérais. Au lieu de ça, je m’enfonçais le crâne dans ma propre nourriture. Je n’essayais même pas de bouger, me vautrant dans ma propre humiliation. Tout ce qui me faisait vaciller aujourd’hui me faisait chuter de haut. Ça faisant longtemps que je ne m’étais pas senti aussi bizarre. Si je me souviens bien, j’avais vingt ans la dernière fois que Rarity m’avait fait me sentir ainsi. Peu importe ce qui arrivait, ça devenait très gênant.

« Eh bien, c’est un peu à cause de ça », dit-elle, en essayant de contenir son rire. Je levais doucement la tête de mon assiette et la regardait confus. « Il y aussi une autre raison pour laquelle je voulais faire des choses avec toi aujourd’hui. »

Elle avait piqué ma curiosité. Peut-être était-ce un espoir aveugle, mais la façon dont elle avait dit une autre raison me poussait à mes retranchements. J’essuyais mon visage et la fixait, attendant avec impatience ses prochains mots.

« Eh bien », débuta Rarity, en continuant de couper ses gaufres en petites bouchées. « Je préfèrerais attendre que l’on ait fini de manger. Apprécions ce bon repas avant que je te fasse ma requête, okay ? »

A part ce dernier mot, il n’y avait rien d’autre à dire, et tout ce que je fis fût de hocher la tête. Le reste du repas se passa bien. Elle ne laissait jamais le silence s’installer trop longtemps, me forçant à entrer dans la conversation à chaque fois qu’elle pouvait. Maintenant que j’y pensais, c’était pour le meilleur. Plus le silence était long, plus je passais du temps à penser à des choses auxquelles je ne devrais pas penser. Je ne pouvais que rougir à chaque commentaire qu’elle faisait à mon égard. Comme au bon vieux temps.

On a continué ainsi pendant presque vingt minutes. Le temps que je finisse mon repas, il était froid. Il était inhabituel que Rarity finisse de manger avant moi, mais elle parvint à me battre en mangeant à son rythme. Cela veut dire quelque chose quand une vieille dame peut battre quelqu’un de ma taille et de mon métabolisme. Le serveur remarqua que nous avions fini nos repas.

« Alors, vous avez aimé votre petit-déjeuner ? » me demanda-t-il avec un ton de voix enjoué comme je n’en avais pas entendu depuis longtemps.

« Oh, c’était merveilleux, darling », dit Rarity. « Spikey-chou m’a très bien conseillée en me proposant les gaufres. Elles étaient divines…peut-être un peu trop sucrés. Je dois surveiller cela un peu plus. Je ne suis plus très jeune vous savez. »

Le sabot du serveur se leva. « Ne soyez pas si dure envers vous. Je vois toujours une jeune et belle dame en vous. »

Rarity rougit et je fronçais les yeux vers le serveur, en raclant lourdement ma gorge pour attirer son attention. « Hum, vous avez fini ? »

« Oh, désolé monsieur. Je ne voulais me mettre entre vous et votre demoiselle ! » Il me fit un clin d’œil avant de placer l’addition sur la table. Je l’attrapais rapidement, essayant de ne pas montrer ma frustration.

« Combien est-ce, Spike ? » demanda Rarity. Je scannais le ticket et lui dit ma réponse.

« Vingt-deux pièces. » Je cherchais dans ma poche pour aller à la pêche aux pièces. Je sortais souvent avec au moins dix pièces, mais j’avais peur de ne pas en avoir assez pour payer. En enlevant les pièces de ma poche pour les compter, j’entendis un bruit sur la table. En levant les yeux, je vis Rarity déposer trente pièces.

« Ça fera le compte, n’est-ce pas ? »

Le serveur hocha la tête. « Oui, m’dame. Cependant, je pense que vous avez trop payé. »

« Pas du tout, mon cher. Vous méritez chaque pièce en plus. »

Je levais les yeux vers Rarity, en secouant ma tête. « Tu n’as pas à payer, Rarity. Je peux le faire. »

« Sottises ! » objecta-t-elle. « Même si c’est très galant de le proposer, une dame ne profite jamais de ses amis. Tu m’as bien aidée aujourd’hui, alors celle-là est pour moi. »

« Mais- »

« Pas seulement ça, mais tu sembles manquer d’argent en voyant comment tu cherchais dans tes poches. Je ne veux pas que mon Spikey soit ruiné à la fin de la journée ! »

Pourquoi devais-t-elle faire ça en public ? C’était déjà assez embarrassant que le serveur la désigne comme ma demoiselle, mais maintenant, elle utilisait ce surnom ? Je soupirais et remis les pièces dans mes poches. Au moins, cela lui faisait plaisir.

« Merci pour le pourboire, m’dame », dit le serveur. « J’espère que vous passerez une bonne journée. »

« Vous aussi ! »

« Ouais, à plus. »

Le serveur prit nos assiettes et les balança sur sa tête. Il était excentrique, c’est le moins que l’on puisse dire, mais je ne pouvais être trop dur envers lui. Il avait de bonnes intentions, c’est sûr, même si elles étaient assez embarrassantes pour moi devant Rarity. Mais elle y arrivait très bien aussi. Qu’est-ce que je ne ferais pas par am…

Puis mes pensées furent interrompues par d’autre. Nous avions fini de manger. Elle allait m’annoncer sa requête. Tout ce que j’avais à faire était de lui demander, et peut-être me donnerait-t-elle un signe de ce qu’elle voulait vraiment.

« Alors, pourquoi voulais-tu sortir avec moi aujourd’hui ? » demandais-je.

« Je te demande pardon ? » Elle pencha sa tête sur le côté, en levant un sourcil de manière confuse.

« Eh bien, tu as dit que tu avais une autre raison pour sortir à part me redonner le sourire. Il y a quelque chose que tu aimerais faire ? »

Rarity soupira, en se levant lentement de la chaise pour s’approcher de moi. Ses yeux étaient plus sérieux et plus fermes qu’avant. Des frissons parcouraient mon corps alors que d’autres pensées vagabondaient dans mon esprit, aucune d’entre elles n’étant vraiment cohérente.

Elle regardait d’un air sombre le sol. Je fis de mon mieux pour deviner ce qui la contrariait, mais rien n’était clair. Mais dès qu’elle leva un peu les yeux, son regard se remplit d’espoir.

« Si je ne me trompe pas, Fluttershy t’avait demandé de t’assurer que son cottage soit en bon état avant qu’elle nous quitte, n’est-ce pas ? »

Je restais silencieux, assis là sans pouvoir parler. Elle se montra inquiète devant mon absence de réaction, alors j’hochais la tête, toujours incapable de prononcer un mot.

« Te connaissant, tu as sûrement travaillé dur pour qu’il soit aussi beau qu’avant. »

J’hochais une nouvelle fois la tête. Il n’y avait toujours rien que je puisse dire, ou que je voulais dire.

Mes yeux s’écarquillèrent et mon cœur se brisa. J’essayais de ne pas y aller sauf si il le fallait. Je venais vérifier le cottage pour m’assurer que tout était en ordre et que personne de mal intentionné ne s’en prenne à lui. Je me souviens avoir fait fuir quelques jeunes poulains qui essayait de taguer les murs. C’était bizarre d’essayer de les chasser avec un si petit corps.

J’essayais d’éviter les visites trop fréquentes pour ne pas être rattrapé par les souvenirs. Mais je devrais m’y confronter .Je n’étais pas prêt pour ça.

« Je sais que tu as fait des merveilles, mais je veux les voir dès que possible. Je veux voir où vivrait ma vieille amie si elle était encore parmi nous. »

Vieille amie. Vieille. Je ne savais pas si je pouvais supporter ce torrent d’émotions. Je voulais lui dire non. Je voulais lui dire qu’on ne pouvait pas y aller, qu’il était sous contrôle. Je voulais lui refuser cette opportunité. C’était égoïste, mais j’y songeais vraiment.

« Sûr. On peut y aller si tu veux. » Et j’acceptais de l’y emmener. Je me frappais mentalement pour ça. Mais je devais le faire. Je pourrais aller chez Fluttershy sans pleurer. Ce ne serait pas facile, mais je le faisais pour Rarity.

Un sourire chaleureux peignait son visage, et elle passa un sabot sur mes joues, me faisant frissonner. « Merci, j’apprécie beaucoup, Spikey-chou. »

« Ouais, pas de problème… » Je baissais les yeux, évitant son regard. « Quand tu seras prête, on pourra y aller. »

« Je le suis », dit-elle impatiemment, en se tenant à mes côtés. « Alors, si nous y allions ? »

« Bien sûr, ma chère. »

Je marchais à côté d’elle, allant à un rythme calme pour lui éviter de tomber sur le chemin du cottage. Elle fredonnait de plaisir. Elle était si heureuse de voir la résidence d’une de ses vieilles amies, prête à voir un vestige du passé.

Je souhaitais pouvoir partager son enthousiasme.

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