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Le dernier sortilège

Une fiction écrite par Acylius.

LDS - Chapitre 24

Tout s’était déroulé très vite. Après l’assaut sur la mine, les pégases et les changelins avaient investi chaque galerie, submergeant tous ceux qui résistaient encore. Au plus profond du labyrinthe de tunnels, ils avaient découvert les geôles où étaient enfermées les licornes prisonnières. Shining Armor et les autres avaient immédiatement été libérés et ramenés à la surface avant d’embarquer dans le dirigeable. Cadence et son époux s’étaient jeté dans les bras l’un de l’autre, les larmes aux yeux. Les poneys et les bouquetins désormais prisonniers avaient ensuite embarqué dans le dirigeable et mis le cap sur Caprésia, escortés par l’armée changeline.

L’assaut sur la capitale n’avait duré que quelques minutes. Le vaisseau de guerre capturé par les changelins n’avait eu qu’à lancer quelques tirs pour que les caprésiens déposent les armes. Quand la nouvelle de la défaite à la mine et de la mort de Namar leur était parvenue, les officiers et les hauts dirigeants avaient ordonné le cesser le feu. Le palais, la ville et la caserne étaient désormais entre les pattes des poneys et des changelins, qui patrouillaient pour désarmer les troupes ennemies. Le dirigeable, toujours piloté par les créatures insectoïdes, se tenait maintenant immobile au dessus de la ville, sa proue tournée vers l’entrée du palais. Un des obus tiré par le vaisseau avait éclaté sur la falaise, à côté de la grande arche taillée dans le roc. Une des fissures provoquée par l’impact filait jusqu'au blason qui ornait le sommet du portail, lézardant une partie de la sculpture.

Célestia, Cadence et Chrysalis étaient réunies dans le grand salon du palais, là même où Namar avait accueilli Twilight au premier jour de sa mission. Une brochette de hauts responsables caprésiens leurs faisaient face, la mine sévère. Une dizaine de changelins et de pégases les encadraient, l’oeil rivé sur les bouquetins. L’intendant Griezel fixait Célestia en silence, la tête haute.

- Il s’agit d’un armistice, pas d’une capitulation, finit-il par lâcher. Toute forme d’occupation ne saurait être tolérée.

- Pensez-vous être encore en position de décider quoi que ce soit ? trancha Célestia.

La crinière et la queue la princesse avaient été lavées et avaient retrouvé leur douce couleur pastel, cependant les longs crins pendaient toujours, inertes. Bien que Twilight ait rendu leurs pouvoirs aux habitants d’Equestria et d’au delà, Célestia et les autres alicornes restaient encore très affaiblies. Déjà vidée de ses forces par le premier contre-sort, la princesse du jour n’avait eu que peu d’énergie à lancer quand la vague avait déferlé, et n’en avait pas reçu en retour quand l’onde avait pris fin.

En face de la princesse, Griezel fronça le museau. Ses yeux passèrent de Célestia à Cadence, puis à Chrysalis. Quand il croisa le regard de la reine, il ne put retenir un frisson.

- Nous resterons jusqu’à ce que toutes menace ait disparu, quand bien même cela devrait-il prendre des années entières, reprit Célestia. Et tous les peuples de magie continueront à vous surveiller. Montrez-vous à nouveau belliqueux, et nous veillerons à vous remettre dans le droit chemin, avec toute la force nécessaire.

Griezel ne répondit pas. Célestia balaya le salon du regard, ses yeux se posant sur chaque bouquetin debout devant elle. La plupart baissèrent la tête en silence. Sur un signe de patte, les pégases et les changelins qui gardaient la porte s’écartèrent et firent le tour de la pièce avant d’escorter les bouquetins dehors. Avant de franchir le seuil, Griezel se tourna une dernière fois vers l’alicorne blanche.

- La mort de Namar aura plus de conséquences que vous ne le pensez, lança-t-il, le regard mauvais. Ce n’est pas plus une victoire pour vous que pour nous.

L’alicorne blanche le fixa à son tour, toujours droite et digne. La dépouille de Namar avait été ramenée au palais et installée dans une des chambres, en attendant d’être embaumée. La ville était déjà plongée dans le deuil. Célestia ne doutait pas que les caprésiens veilleraient à offrir à leur souverain des funérailles dignes de lui, quand le moment serait venu. Elle regrettait presque de ne pas pouvoir y assister.

- La guerre ne fait jamais que des victimes, finit-elle par répondre. Namar le savait. Mais s’il avait dû choisir sa fin, je pense que c’est celle-là qu’il aurait embrassée.

L’intendant la fixa pendant encore quelques secondes avant de sortir. Les deux alicornes et le reine changeline se retrouvèrent seules. Célestia s’approcha avec lenteur de la fenêtre. Elle s’appuya sur le parapet et soupira, les yeux dans le vague.

- Il faut les obliger à réparer ce qu’ils ont fait, fit Cadence dans son dos.

Célestia se tourna vers elle, le regard las.

- Tu veux leur faire rebâtir l’Empire de Cristal ? Et le château de Canterlot ? Obtenir réparation, qu’ils paient pour les dégâts qu’ils ont causé ?

Cadence soutint le regard de son aînée, le sourcils froncés. Célestia soupira.

- Cela ne ferait qu’attiser la haine. Et même si nous les y obligions, il y a des choses qu’ils ne pourraient jamais nous rendre. Ce qu’ils nous ont pris, ni eux ni nous ne pourrons le ramener.

Cadence baissa le museau, dépitée. Célestia s’approcha et se pressa contre elle pour la réconforter. Les temps à venir s’annonçaient éprouvants pour tous. L’onde du contre-sort avait enveloppé le monde avant de s’interrompre. D’autres créatures magiques ne manqueraient sans doutes pas d’envoyer leurs messagers en terre caprésienne, qu’ils soient lanceurs de sorts ou simples hybrides ailés. Griffons, kirins et peut-être d’autres encore se rappelleraient bientôt à leur bon souvenir. Célestia s’était déjà promis de contacter Maliwan à ce sujet. Les envoyés du roi griffon traversaient sans doutes déjà l’océan oriental pour venir à leur rencontre.

Alors qu’elle desserrait son étreinte, elle sentit dans son dos le regard d’émeraude de Chrysalis. Elle se tourna vers elle, les yeux dans les siens.

- Touchantes embrassades, mais le temps n’est pas à l’allégresse, fit la reine de sa voix métallique. Nous n’en avons pas encore terminé.

Célestia soutint son regard, sans ciller.

- Je sais ce que Cadence et Luna t’ont promis. Je ne reviendrai pas sur leur parole. Mais considère les conséquences que cela aura pour les poneys de cristal.

La reine se tourna vers Cadence, les paupières à moitié closes.

- Nous serons liés à eux, et eux à nous. Ils ne seront pas nos ennemis, tant qu’ils tiendront leur engagement.

Cadence soupira avec tristesse. Célestia continua à fixer la reine changeline.

- D’autres sujets méritent notre attention. Le gisement et la mine doivent être interdits d’accès et surveillés de près. Nous établirons une garde conjointe, en attendant que nous puissions lancer un sort d’isolement pour en empêcher définitivement l’accès à qui que ce soit.

Elle avait clairement insisté sur les derniers mots de sa phrase. Chrysalis lui rendit son regard, un rictus au coin des lèvres.

- Tu crains que nous ne profitions de votre faiblesse pour vous attaquer à notre tour. Tu me considère toujours comme ton ennemie, et tu as raison. Mais personne ne mène la guerre sans motif. Mon peuple est fatigué, et nous n’aurons pas de raison de nous en prendre à vous tant que vous tiendrez parole.

Célestia soupira à son tour. Elle s’en retourna ensuite vers la fenêtre, et plongea à nouveau son regard dans la vallée, des centaines de mètres en contrebas. Une colonne de pégases et de changelins, volant à l’unisson, traversa les airs devant elle. L’alicorne blanche reconnut le pelage bleu et la crinière arc-en-ciel de Rainbow Dash, en tête de la formation.

- L’avenir nous réserve encore sans doutes bien des surprises, fit-elle sans se détourner.

Cadence s’approcha et s’avança à côté de son aînée. Chrysalis resta debout au milieu de la pièce, immobile, le regard dans leur dos. Au dehors, les nuages se dissipaient lentement, révélant le bleu du ciel. Un rayon de soleil traversa les nuées et entra dans le salon, le réchauffant de sa douce lumière dorée. Célestia soupira, cependant un sourire se dessina sur son visage.

 

Dans un bâtiment de la caserne, gardé de près par les pégases et les changelins, Spike, Shining Armor et les amies de Twilight encadraient les brancards où étaient étendues Luna et sa jeune consœur. La princesse de la nuit était plongée dans le sommeil, paisible et apaisée. Twilight, elle, avait les yeux ouverts, les yeux dans ceux de son frère. L’étalon à la crinière bleue lui tenait la patte, un sourire ému sur le visage.

- Tu as été héroïque, Twilie.

La jeune alicorne s’efforça à sourire. Les calmants qu’on lui avait administrés avait atténué la douleur, mais elle était toujours d’une faiblesse extrême.

Le son d’une sirène retentit au dehors. Un vaisseau marchand avait été réquisitionné afin de ramener les poneys épuisés à Equestria. Ils était à présent arrimé au quai, prêt à les recevoir.

- J’ai hâte de retrouver Poneyville, confia Rarity à Applejack tandis que les les brancards étaient amenés au dehors avec précaution.

- On aura du pain sur la planche quand on sera rentrés, répondit la fermière.

- C’est sans importance. Nous serons chez nous, avec les nôtres.

La licorne leva les yeux pour chasser la larme qui brillait au coin de sa paupière.

- Je suis sûre que Sweetie Belle sera heureuse de retrouver sa grande sœur, fit la terrestre avec malice.

Rarity ne put retenir un petit sourire.

Alors que les deux ponettes sortaient à leur tour, Shining Armor resta encore un moment seul dans la pièce. Par la fenêtre, l’escadrille menée par Rainbow Dash traversa le ciel, survolant les toits de la ville. Dans une courbe gracieuse, pégases et changelins contournèrent un des clochers qui se dressait parmi les bâtiments et reprirent leur vol vers le palais. L’étalon soupira. Les temps à venir s’annonçaient ardus, mais le pire était derrière eux. Et, malgré tout, peut-être que du bon allait pouvoir émerger de tout cela. Le capitaine se détourna de la fenêtre et s’avança vers le quai.

Quelques minutes plus tard, l’aéronef s’écarta de la falaise, pivota lentement et s’engagea dans la vallée. Le soleil brillait derrière eux, éclairant leur chemin de sa lumière dorée. Ils rentraient chez eux.

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