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Discors Consentus

Une fiction écrite par Nochixtlan.

Chapitre 18 : Dreamwalker

- Tu…tu es sûre de ce que tu avances ? bafouilla Harmonie, soufflée par ce que venait de lui dire Twilight.

La jeune femme avait chuté sous le coup de la révélation que venait de lui faire la licorne, et restait assise dans le mélange de neige et de cendres, ses jambes refusant soudainement de la porter.


- J’en suis quasiment certaine, répondit Twilight sans hésiter.
- Et ça nous avance à quoi ? s’impatienta Rainbow. On peut aller trouver Discord et le battre ou non ?
- Non, trancha la bibliothécaire. On ne sais pas ce qui pourrait arriver, c’est plus dangereux qu’autre chose. Le mieux est d’attendre de nouvelles manifestations et de te faire travailler un maximum pour que tu puisses t’en servir, Harmonie, afin que nous soyons prêtes pour le jour de la confrontation.
- Mais comment veux-tu que je travaille quelque chose dont je ne soupçonnais même pas l’existence ? se plaignit la jeune femme. Jusqu’à maintenant, je n’avais aucune idée que… que j’étais ce que je suis!
- Justement. Maintenant que tu es au courant, peut être qu’une sorte de capacité enfouie va se réveiller. Pour être parfaitement franche, je n’ai aucune idée de ce qui pourrait arriver, conclut calmement Twilight.

Harmonie était totalement déboussolée. En plus de lui couper les jambes, ce qu’elle venait d’apprendre avait profondément ébranlé son esprit.
Cependant, certaines choses trouvaient leur sens.
La fable qui entourait les circonstances de sa naissance, par exemple.

Sa mère leur racontait souvent ce conte, à elle et Loki, quand ils étaient encore très jeunes, à l’âge auquel on exigeait d’entendre une belle histoire avant de s’endormir.
Celle qui les avait élevés racontait que son accouchement s’était passé dans des circonstances qui avaient pour elle un sens et un ressenti tout particulier.
Elle avait été placée dans une salle de travail qui s’ouvrait sur l’extérieur par une simple fenêtre. Pour tenter d’oublier la douleur atroce de l’enfantement, elle avait tenté de perdre son regard et son esprit dans le firmament étoilé, brillant en ce jour comme en nul autre, malgré les reflets causés par les lampes éclairant la salle.
La mère d’Harmonie découvrit six étoiles, qu’elle ne pensait pas avoir remarqué auparavant, étincelant de mille feux et disposées en un hexagone parfait. Elles luisaient tels des diamants d’une extrême pureté incrustés dans le noir profond de la voute céleste, et leur rayonnement semblait irradier depuis les profondeurs cosmiques un sentiment puissant de sérénité, de paix de l’âme, et d’apaisement. Une forte impression que l’Harmonie s’installait dans le cœur de celui qui les contemplait.
D’une manière inexplicable, la jeune mère oublia un instant la douleur, pour ne plus ressentir que cette paix intérieure, et n’entendait plus ni les conseils de la sage-femme ni les encouragements fiévreux de son mari. N’existaient plus qu’elle et ce six étoiles.
Lorsqu’elle revint à la réalité, on lui présentait sa magnifique petite fille. Quand on lui demanda le prénom de l’enfant, au lieu de dire « Adrianna » comme elle l’avait décidé quelque temps auparavant avec son mari, elle dit un seul mot : « Harmonie ».
Lors du voyage de retour, toujours sous le regard des milliers d’étoiles, alors que la mère berçait son enfant entre ses bras, admirant la fragilité et pourtant la furieuse envie de vivre de ce petit bout d’elle-même, qui dormait à poings fermés, le jeune père poussa un juron, et fit décrire un écart brutal au véhicule, coupant sur la seconde voie de la route avant de stopper immédiatement sur le bas-côté. La mère n’avait eu le temps que d’apercevoir deux lueurs jaunes, qu’elle avait prises pour les yeux d’un renard immobilisé, fasciné par la lueur aveuglante des phares de la voiture.
L’homme sortit à toute vitesse du véhicule, voulant s’assurer que l’animal qu’il avait failli écraser n’avait rien. Il était sûr que ce n’était pas un renard qu’il avait vu, assis là, au milieu de sa voie de conduite.
Et il avait raison. Un tout jeune chiot, probablement âgé de quelques mois, était recroquevillé sur le sol, mort de peur, et l’observait de ses deux grands yeux d’ambre.
Alors qu’il s’approchait doucement pour ne pas effrayer davantage l’animal, le père d’Harmonie vit quelque chose briller dans l’herbe haute sur le bas-côté. D’énormes chaînes, qui avaient probablement servi à empêcher l’animal de s’échapper, mais qui avaient visiblement failli à leur mission. En s’approchant encore de l’animal, l’homme s’aperçut que par endroits, les poils avaient été arrachés. Pas de doute, cet animal avait été enchaîné. Comment pouvait-on abandonner un si jeune être vivant à une mort certaine ?
Lorsque le chiot se fut habitué à sa présence, le père d’Harmonie put le prendre dans ses bras, et après avoir vérifié qu’il ne portait ni collier ni tatouage, décida de le présenter à sa femme. Après tout, ce n’était pas le premier animal dont ils s’occuperaient, et il serait plus facile à entretenir qu’une buse à l’aile percée d’une balle de fusil, cas qu’ils avaient déjà rencontré.
Lorsque la jeune mère vit le jeune animal, elle fut enthousiasmée par l’idée de l’adopter. Après tout, il était gratuit, et ferait un compagnon de jeu et d’apprentissage parfait pour leur fille nouvelle-née. Ainsi, elle grandirait et s’épanouirait en toute quiétude.
Sauf que le chiot s’avéra être un jeune coyote, arrivé là on-ne-savait comment, que le couple baptisa Loki, en référence au caractère facétieux et jour qu’il ne tarda pas à montrer. Et, alors que le couple pensait qu’il s’éteindrait à l’âge de quinze ans, le coyote continua de grandir, et arriva en pleine force de l’âge au bout de vingt ans, et ce en ayant appris à parler même avant Harmonie, devenant un membre de la famille à part entière dès ses premiers mots prononcés.

Les larmes montèrent aux yeux d’Harmonie. C’était la belle époque, quand ses seuls soucis étaient l’ennui de l’école, ce qu’on mangeait le soir et l’envie pressante de rentrer chez elle pour jouer avec son frère pas comme les autres.
A l’heure qu’il était, égarée dans un monde qui lui était devenu totalement hostile et étranger, abandonnée par celui qui comptait le plus à ses yeux, elle découvrit que le poids qui pesait sur ses épaules était bien plus important qu’elle ne l’avait cru.
Car au final, Pinkie avait eu raison de demander si Harmonie avait un quelconque rapport avec les Eléments qui portaient le même nom, le jour de leur rencontre.
Leur pouvoir coulait dans ses veines.

Pour Twilight comme pour Harmonie, la chronologie des évènements était la suivante : un portail s’était ouvert vingt-et-un ans auparavant entre la Terre et Equestria, et c’est à travers ce portail que Loki et les Eléments étaient passés pour se retrouver sur Terre, les Eléments investissant alors le corps de la nouvelle-née Harmonie, et Loki atterrissant non loin de là, enchaîné pour des raisons obscures.
Cependant, deux incohérences majeures subsistaient : pourquoi Loki avait-il été enchaîné en tant que jeune chiot ? Ses méditations ne le décrivaient-elles pas comme un coyote adulte avant de parvenir sur Terre ? Et si les Eléments se trouvaient dans ce monde depuis plus de vingt ans, comment Twilight et ses amies avaient-elles pu les manier deux fois contre deux ennemis mortels d’Equestria, alors que leur disparition remontait à trois semaines avant que Discord ait pu se libérer ?
Twilight se concentra. Trois semaines.
Vingt-et-un jours.
Vingt-et-une années.
Le parallèle n’avait pas été compliqué à faire, mais à présent qu’elle y était confrontée, Twilight comprenait mieux la théorie de la relativité du temps et de l’espace énoncée par Starswirl le Barbu, alors que sa compréhension restait très floue suite à la lecture du traité de métaphysique du vieux magicien disparu.
Mais alors, depuis combien de temps elle-même et ses amies avaient-elles disparu d’Equestria, si le temps s’écoulait plus rapidement dans ce monde-ci ?
Et surtout, si Discord revenait en force à Equestria, comment la Princesse Celestia serait-elle préparée à le recevoir ?
Les interrogations de ce genre trouveraient leurs réponses plus tard, se dit la licorne. Pour le moment, la priorité était de protéger Harmonie assez longtemps de Discord pour qu’elle puisse apprendre à maîtriser le pouvoir qui coulait dans ses veines.
Enfin, si Discord les trouvait, Rainbow, Fluttershy et Twilight risquaient de faire un bien piètre rempart, mais ce serait mieux que rien.
Et dire que le groupe de Loki et Pinkie voulait vendre Harmonie à Discord… Quelle folie ils auraient accompli.
Quelle folie ils avaient accompli, en dissociant le groupe. C’étaient des difficultés supplémentaires pour assurer la protection d’Harmonie, pensa-t-elle.

- Ne t’en fais pas, nous sommes là pour t’aider et te protéger, assura Fluttershy à Harmonie avec compassion. Nous ne te laisserons pas tomber.
- Jamais de la vie, renchérit Rainbow. Surtout maintenant qu’on a les clés de la victoire !

Harmonie se força à leur adresser un sourire. Mais ce sourire n’était que façade, et cela se ressentait.
Sentant le désarroi qui agitait son amie, Twilight fut prise d’une puissante empathie pour elle.
Trahie et abandonnée, écrasée par la responsabilité et les espoirs que les poneys plaçaient en elle, la souffrance qu’elle devait ressentir devait lui être intolérable.
La licorne vint s’asseoir contre elle, tentant par cette démonstration d’affection de remonter un peu le moral de la jeune femme.
Après tout, elles partageaient au moins une chose.
Leur rancœur envers le coyote qui avait pratiquement brisé leur vie.
Harmonie trouva ce soutien bienvenu, au vu de l’état émotionnel dans lequel elle se trouvait, et serra Twilight contre elle. La licorne se laissa faire, et invita les autres à les rejoindre dans une étreinte collective propre à remonter encore un peu le moral d’Harmonie d’un geste du sabot.
Un peu surprises, Rainbow et Fluttershy s’exécutèrent sans rechigner. Harmonie les prit à son tour dans ses bras, prenant garde à ne pas toucher l’aile blessée de Rainbow, et leur rendit leur étreinte.


- Merci les filles, dit-elle dans un souffle. Merci.

Elle laissa doucement les poneys desserrer leur étreinte, puis se releva en essuyant une larme qui roulait sur sa joue. Il était temps de reprendre la route.
Twilight cala son pas à côté d’elle, laissant Rainbow Dash et Fluttershy prendre un peu d’avance, et elles marchèrent ainsi côte à côte, de longues minutes durant, dans un silence quasi-religieux.
Les deux pégases, ainsi à l’avant du groupe, profitaient de leur vue aiguisée à la recherche d’une éventuelle source d’intérêt qui parviendrait à percer l’horizon brumeux, ce qui laissait Harmonie et Twilight dans une paix relative.
Cependant, la licorne affichait petit à petit un air de tristesse et de mélancolie.
Harmonie songea un instant à lui demander la raison de son désarroi, voulant lui rendre les attentions qu’elle avait témoigné à son égard, avant de comprendre.
Loki.
La jeune femme savait que la ponette l’avait vu, collé à Rarity comme si sa vie en dépendait. Elle savait que si Twilight ne s’était pas montrée plus tôt, c’était pour masquer son chagrin d’avoir été si brutalement écartée du cœur du coyote.
Plutôt que d’engager un dialogue qui les mènerait toutes deux sur des sentiers tortueux et stériles, Harmonie préféra un geste simple : elle posa une main amicale sur le dos de la licorne, près de l’épaule, en signe de compréhension.
Twilight leva ses yeux couleur améthyste vers la jeune femme, et lui adressa un maigre sourire de remerciement.
Elles se comprenaient bien, après tout.
Elles étaient liées par leur déception.

Pinkie était lasse.
Elle en avait assez de marcher.
Et d’entendre les deux autres rigolos faire des messes basses à longueur de temps, à roucouler comme des pigeons.
Depuis le matin, ils n’avaient pas décollé une seconde l’un de l’autre. Quand ils marchaient, ils étaient collés l’un à l’autre, se murmurant ce qui étaient probablement des mots doux au creux de l’oreille, ce qui était franchement agaçant, d’autant plus que Pinkie marchait à côté de Rarity pour qu’elles d’eux puissent tirer le traîneau qui portait leurs affaires et se sentait mise à l’écart.
Sans parler du fait qu’à chaque pause, ils se câlinaient en rougissant sous leur fourrure, et s’embrassaient timidement quand ils pensaient que Pinkie et Applejack regardaient ailleurs.
Dire qu’Applejack trouvait ça mignon. Pinkie les trouvait plus dégoûtants qu’autre chose. Ils devaient en permanence s’échanger des tas de choses, et elle ne préférait pas imaginer ce qui se passait quand ils s’embrassaient. Et puis zut, il y avait des hôtels pour ce genre de choses, non ?
Quand Pinkie en fit la remarque à Applejack, celle-ci répondit non sans gêne que c’était pour faire des choses bien plus poussées qu’on allait dans les hôtels. Le poney rose ne comprit pas pourquoi on devait faire grandir des plantes pour louer une chambre d’hôtel, et de toute façon s’en moquait. Elle en avait assez que Loki et Rarity passent leur temps à montrer leur affection l’un pour l’autre, aussi discrètement que ce fût.

Applejack, elle, commençait à éprouver quelques soupçons. Certes, Loki était heureux de s’être trouvé quelqu’un avec qui partager sa vie, au moins un temps, mais il avait l’air presque trop heureux. Comme s’il se moquait éperdument de la séparation dramatique du groupe des six meilleures amies du monde et du fait que sa propre sœur pouvait à présent être n’importe où, à la surface de la Terre comme en dessous.
Mais Applejack pouvait-elle décemment rompre les instants de bonheur que partageaient ses amis avec de telles considérations ? Ils étaient si mignons tous les deux, à s’aimer ainsi timidement, avec la retenue qu’exigeait le standing de Rarity et l’inexpérience de Loki. Ce serait franchement malvenu de la part d’Applejack de les perturber ainsi.
Et pourtant, elle ne pouvait pas garder ces considérations pour elle. Elle avait toujours eu du mal à cacher les choses, et il valait mieux qu’elle se libère rapidement du poids de ses réflexions, avant qu’elle ne s’enveniment toutes seules.
Mais il valait mieux attendre encore un peu avant d’amener le sujet.

Lorsque Pinkie donna l’ordre de repartir de la huitième pause de la journée, dont chacun avait profité pour se réhydrater ou soulager des pattes endolories par le froid et le gel du sentier, Applejack n’y tint plus. Elle n’avait trouvé aucune meilleure occasion.


- J’suis quand même inquiète pour les autres, dit-elle en essayant d’amener calmement le sujet. Et s’ils tombaient sur des animaux dangereux ?
- Pas de problème, c’est Harmonie qui a conservé le couteau et l’arc, répondit Loki, ainsi qu’Applejack s’y attendait. Elles ne sont pas sans défenses.
- Ouais, mais un petit groupe est plus intéressant pour un prédateur, objecta la paysanne.
- Y a pas à s’inquiéter, soutint Loki, une pointe d’incertitude transparaissant dans sa voix. Elles sauront se débrouiller.

Là. C’était le moment qu’Applejack attendait. Elle lança un regard dur au coyote :


- T’as conscience de pas croire toi-même à ce que tu dis ? lâcha-t-elle d’un ton neutre.
- Bien sûr que si j’y crois ! Elles sont fortes et armées, il n’y a aucune raison que…
- Twilight est à moitié incapable de faire de la magie, Rainbow est handicapée, et Fluttershy a peur de se battre, rappela durement Applejack. Tu trouves toujours qu’il n’y a pas de raison de s’inquiéter ?
- Où veux-tu en venir, Applejack ? fit Loki d’un ton soupçonneux.
- J’veux savoir pourquoi t’as l’air de t’en foutre de nos amies ! tonna Applejack. J’veux savoir c’qu’il se passe dans ta tête pour que tu sois le seul à pas t’inquiéter !
- Applejack, il n’est pas nécessaire de crier, tempéra Rarity du bout des lèvres, ne sachant plus où se mettre devant la furie d’Applejack.
Loki rabattit ses oreilles en arrière et découvrir ses crocs tout en gonflant sa fourrure.
- Tu crois que je m’en moque ? grogna-t-il pour se donner une contenance. Tu crois qu’il n’y a que moi qui compte à mes yeux ?
- Ouais, c’est ce que je crois, dit Applejack en plaçant son visage à quelques centimètres de celui du coyote, en signe de défi. Prouve-moi l’contraire.
- Ah ouais ? Mais est-ce que ta p’tite tête de pécore a réfléchi plus loin que le bout de son nez ? Est-ce que tu t’es dit que j’avais p’têtre autre chose à pense que de m’inquiéter pour des gens qu’on reverra de toute façon peut-être jamais ?
- J’vous l’avais dit ! cria Applejack à la cantonade. Il s’en balance complètement des autres !
- Tu vas la fermer maintenant, bouffeuse de pommes ! aboya Loki en faisant claquer ses mâchoires à l’adresse de la ponette, malgré les protestations de Rarity. Tu vas fermer ta grande gueule et me laisser parler !
- Vas-y, je suis toute ouïe. Dis-moi combien ton entourage compte pour toi ! répondit Applejack avec une ironie non dissimulée.

Loki grogna un instant, et abaissa légèrement son corps sur ses pattes. Il semblait prêt à sauter à la gorge d’Applejack.


- Qu’est-ce que tu veux à la fin ? Pourquoi tu fais ça ? gronda Loki.
- Je l’ai dit. J’veux savoir pourquoi tu t’en fous de nous. J’veux pas qu’Rarity sorte avec un gars qui pense qu’à sa pomme. J’veux pas qu’les autres aient des problèmes à cause de nous, parce qu’on t’a quand même suivi toutes les trois. Et ton attitude me dit qu’on est pas sur le bon sentier, et j’veux savoir pourquoi j’me suis plantée de voie.

Loki fut désarçonné par les propos de la ponette. Alors c’était cette image qu’il donnait ? C’était ainsi que le percevait les autres, comme une espèce de jean-foutre imbu de lui-même ?
Rarity tourna son regard vers lui. Elle voulait des explications, et semblait éprouver une pointe de déception.
Loki se calma, et répondit en baissant l’œil vers le sol.


- J’ai mieux à faire pour nous tous que de m’inquiéter en permanence pour tout le monde. Bien sûr que je me fais du souci, ce sont mes amies au moins autant que les vôtres, et Harmonie reste ma sœur, qu’on ait eu des différents ou non. Mais à quoi ça sert que je m’inquiète en permanence, comme je devrais le faire ? Ca va les aider ? Non. Ca va nous aider ? Non plus. Alors je veux bien éprouver des sentiments humains, ou poneys, et je le fais d’ailleurs, mais les montrer ne servirait à rien. Au contraire, je suis persuadé qu’on entretiendrait ainsi le climat de tristesse générale, et nous n’avons pas besoin de ça. Plutôt que de m’inquiéter pour notre avenir et le leur, je préfère vivre à fond l’instant présent, aimer Rarity tout ce que je peux tant que je le peux encore, et essayer de me vider la tête de toutes ces horreurs qui nous oppressent. Alors non, je ne m’inquiète pas assez pour le montrer, parce ce qui compte est le présent, sachant qu’on peut tout à fait mourir demain.

La tirade de Loki avait calmé tout le monde. Même Pinkie qui n’écoutait auparavant même pas, le regard morose égaré dans les méandres du ciel voilé de nuages d’un gris sale, s’était partiellement retournée vers Loki et dressait les oreilles.
Vivre à fond l’instant présent, hein ?
Voilà une leçon qu’elle avait oubliée depuis trop longtemps.

- Alors au nom du concept de « vivre au jour le jour », tu es prêt à oublier ceux qui t’entourent ? comprit Applejack.
- Bien sûr que non. Tout ce que je pense, c’est qu’il vaut mieux éviter de trop penser aux soucis, si nombreux qu’ils soient, pour se concentrer sur les choses positives, aussi rares qu’elles soient. Si on ne pense qu’à ce qu’il nous arrive de mauvais, Applejack, on va finir par tomber en dépression, et ça n’aidera personne. Sans parler du fait que trop d’énergies négatives attirent les démons et les créatures de l’Ombre. On ne peut tout simplement pas se permettre de se faire trop de souci. Je suis désolé si cela va à l’encontre de tes principes, mais c’est de cette manière que je vois les choses.
- Oui, ça va à l’encontre de mes principes. On devrait toujours faire passer la famille et les amis avant soi-même.
- Je ne peux pas faire plus que ne pas vous faire souffrir avec mes propres problèmes et interrogations. Et les émotions sont contagieuses, théoriquement. La tristesse des gens se répand peut être plus rapidement que le bonheur, mais j’essaie quand même d’être heureux avec ce que j’ai, et de vous communiquer ça, même si apparemment ça ne marche pas.
- C’est sûr qu’en restant dans ton coin avec Rarity et en vous disant des trucs à l’oreille, on va plus se sentir exclues qu’heureuses, lança Pinkie.

Loki ouvrit des yeux ronds et dressa les oreilles.


- Alors je m’y prends mal. Je corrigerai ça.
- Tu ferais bien, lâcha Applejack. J’continue à penser qu’ta vision des choses est étrange, surtout le fait que tu cache tes sentiments. Ca m’paraît pas naturel.
- Je peux le comprendre, dit tristement Loki. Mais je cache plus de choses que tu ne pourrais croire, pour être parfaitement honnête au moins une fois dans ma vie. Surtout quand il s’agit de ne pas blesser les autres.
- Prends garde à ce que ça ne se retourne pas contre toi, lui glissa Rarity avant de frotter sa joue contre la sienne.
- Je l’ai toujours fait, répondit-il doucement en rendant ses caresses à sa compagne. Et je le ferai toujours.
- Bon, en route, avant qu’on ne finisse par vraiment plus rien dire d’intéressant, ordonna Pinkie, toujours d’aussi mauvaise humeur.

Ils se remirent en route dans le froid et le silence. Rarity et Loki se contentaient de marcher côte à côte désormais, limitant leurs démonstrations d’affection. Et c’était tant mieux, pensa Pinkie.
Applejack, de son côté, réfléchissait. Elle ne parvenait pas à comprendre la manière dont Loki voulait profiter de chaque instant.
Elle avait toujours préparé l’avenir, laissant le présent se dérouler jusqu’à ce qu’il devienne le passé afin de pouvoir baser ses plans dessus. Que ce soient les tâches à effectuer le lendemain à la ferme, le bilan de la récolte annuelle et son impact sur la scolarisation d’Apple Bloom, Applejack pensait sans cesse à l’avenir.
C’était également ce qui lui valait son honnêteté légendaire. Elle savait qu’un mensonge ne durait qu’un temps et faisait bien plus de mal que la vérité dite en face sur le long terme.
Jamais la fermière n’avait vécu l’instant présent comme si c’était le dernier.
Peut-être cela l’aiderait-elle, au final ? Peut-être que cela permettait de mieux supporter la vie dans ces conditions, où l’avenir était plus qu’incertain et sources de craintes et d’appréhension, et où le passé était lourd et se rappelait à elle à chaque seconde dans la douleur de sa patte meurtrie par les crocs d’un monstre venu d’outre-monde ?

Au bout de quelques heures de marche, l’atmosphère avait fini par se détendre un peu, mais elle restait lourde. Personne n’osait briser le silence qui s’était installé comme une chape de plomb, ne sachant pas trop si cela aboutirait à une nouvelle dispute ou simplement à des mots jetés dans le vide.
Applejack recommença à réfléchir.
Il y avait au moins un point sur lequel Loki avait raison : la tristesse et la morosité de chacun s’additionnait à celle ressentie par les autres, et en était ainsi amplifiée.
Elle aurait aimé détendre un peu l’atmosphère, la rendre un peu plus joyeuse, et faire disparaître cet air morose du visage de ses amis.
Dire que c’auraient dû être les pensées de Pinkie choqua Applejack. Même le poney le plus enjoué d’Equestria était dans un tel état de trouble qu’elle ne pensait plus à sourire. Il fallait faire quelque chose, malgré la légère méfiance qui persistait chez elle à l’égard de Loki.


- Vous savez, quand j’étais petite et que quelque chose n’allait pas, Granny Smith nous forçait toujours à chanter une chanson, Big Mac et moi, dit la fermière, proposant l’idée comme pour se faire pardonner par Loki de sa conduite malvenue.
- C’est une idée adorable, concéda Rarity.
- Excellente, en effet, approuva Loki. On devrait faire pareil.
- Oh, c’est qu’une idée en l’air, bafouilla Applejack. On n’aimait pas ça. Mais bon, ça passait, quand on commençait à chanter.
- Alors qu’est-ce qu’on attend ? fit Pinkie presque dans l’oreille d’Applejack, qui fit une grimace de douleur quand la voie haut perchée du poney rose lui vrilla les tympans.
- Attends, tu comptes vraiment chanter ? s’étonna Rarity, qui croyait pourtant à une idée en l’air de la part d’Applejack.
- Bien sûr, fit Pinkie. Loki l’a bien dit, ça ne sert à rien qu’on passe notre temps à s’inquiéter. Autant être un peu joyeux !
- Tu vois, je dis parfois des choses sensées, se moqua Loki à l’intention de sa compagne.
- Je n’en ai jamais douté, mais…
- On chante quoi alors ? s’impatienta Pinkie.
- Je ne sais pas, un truc entraînant… dit Loki plus pour lui-même que pour réellement aider à une décision.

Pinkie réfléchit quelques secondes.


- Je sais ! Il y en a une qui est parfaite pour les circonstances !
- Ta chanson pour ne plus avoir peur d noir ? dit une Rarity dubitative.
- Non, bien sûr que non, banane, répliqua Pinkie. Non, tu sais, celle dans le film avec les lions et tous les animaux, là !
- Le Roi Lion ? tenta un Loki incrédule.
- Oui, ça !
- Mais il n’y a pas qu’une chanson là-dedans…
- Mais si, il y en a une qui dit qu’il faut pas s’inquiéter, ce genre de trucs…
- Ah ! s’exclama Loki, une lueur de compréhension ayant illuminé son esprit. Hakuna Matata !
- Ouiii !! s’écria Pinkie.
- Vous n’y pensez pas ? implora Rarity.
- « Hakuna Matata, mais quelle phrase magnifique ! » commença Loki sans tenir compte de la protestation, regardant même la licorne avec un regard en coin et un sourire moqueur.
- « Hakuna Matata ! » reprit Pinkie avec entrain. « Quel chant fantastique ! »

Loki contourna Rarity pour se mettre au niveau de Pinkie, afin de donner un peu de force à leur duo. Rarity le regarda s’éloigner d’elle en secouant la tête d’un air résigné, tout en gardant un sourire amusé aux lèvres.
Un vrai gosse, en fait.

Pinkie et Loki mettaient du cœur dans leur chanson, et cela réchauffait celui de Rarity et Applejack, qui les regardaient se dandiner dans une tentative ratée d’ajouter une chorégraphie à leur marche, Pinkie étant néanmoins franchement limitée par le harnais qui la reliait au traîneau. Ils chantaient fort, mais heureusement juste, ce qui n’empêcha pas leurs amies de rougir de honte. Heureusement, personne ne pouvait les entendre.
Au troisième refrain, cependant, Rarity se joignit à eux deux, précisément à l’instant où Simba donnait de la voix avec les deux compères Timon et Pumbaa, le tout dans une parfaite synchronisation, ajoutant ses notes cristallines à l’ensemble au final peu harmonieux des deux chanteurs improvisés, Pinkie ayant la voix trop aigüe et Loki trop grave.
Ne voulant pas être laissée pour compte, Applejack les rejoignit au refrain suivant, chantant avec la force de sa voix chaleureuse comme le soleil qui baignait son verger les jours d’été. Et elle se rappela qu’au final, chanter avec quelqu’un était un sentiment formidable, et que la musique rapprochait les gens.


- Je n’en reviens pas que vous m’ayez entraînée là-dedans, s’effraya Rarity.
- Tu t’y es mise toute seule, chérie, rectifia Loki en frottant son museau contre son front.
- Une autre ! Une autre ! s’excita Pinkie, qui commençait à se rapprocher de sa bonne humeur habituelle.
- C’est parti !

Ils enchaînèrent ainsi avec « Sous l’Océan », vue dans La Petite Sirène, ainsi que des tas d’autres chansons joyeuses, sortant petit à petit du répertoire de Walt Disney pour s’aventurer sur des sentiers plus étranges, comme celui de « Witch Doctor », des Cartoons, que Loki affectionnait particulièrement.
Dès qu’il avait commencé à chanter la première ligne de texte, à savoir « Ouh, iih,, Ouh ah ah, ting tang, wala wala bing bang », Applejack s’était effondrée de rire, et Rarity s’était retenue autant qu’elle le pouvait devant les grimaces que faisait le coyote pour accompagner chaque syllabe de ce refrain étrange.
Objectif atteint. La bonne humeur était plus ou moins revenue dans le groupe.
Et Witch Doctor s’était gravée dans les esprits, à tel point que plusieurs heures après, rassemblés autour du feu de camp, Pinkie la sifflotait encore.
Applejack était fière d’elle. Tout ceci était parti d’une simple idée qui lui avait traversé l’esprit, et elle était parvenue à rendre enfin le sourire à Pinkie et aux autres. Peut-être pouvait-elle espérer que le reste du voyage se déroulerait dans des conditions semblables ?
En tous cas, Loki avait eu raison. Le bonheur était contagieux.

Chanter avait créé de nouveaux liens, et délié les langues. Les souvenirs heureux ressurgissaient, et étaient racontés avec passion ou avec humour. On ne parlait plus du groupe d’Harmonie, ou alors uniquement pour se remémorer les bons moments. Les joies, et parfois tout de même les peines qui avaient permis de se souder les uns les autres.
Quand chacun eut épuisé son stock d’anecdotes, de souvenirs amusants ou d’histoires croustillantes, la nuit était bien avancée, et Pinkie et Applejack, rassérénées mais néanmoins épuisées. Mine de rien, chanter dépensait beaucoup d’énergie.


- Une dernière chanson vous dérangerait-elle, avant d’aller dormir ? demanda Rarity.
- Non, c’est bon, tu peux y aller sucre d’orge, dit Applejack avec un geste désinvolte de la patte.
- Pareil pour moi, répondit Pinkie.
- Tu veux chanter quoi ? interrogea Loki.
- « While your lips are still red ».
- Attends, tu connais les paroles ? s’étonna le coyote.
- Plus ou moins, dit la licorne en rougissant. Au moins le refrain.

Loki mit un peu de temps à joindre les deux bouts.


- C’était ça que tu fredonnais sous ta douche le matin ! Je savais qu’elle te plaisait pour que tu la redemande tout le temps quand on écoutait de la musique à la maison, mais quand même !
- S’il te plaît, implora la styliste.

Elle regarda Loki de son air de chien battu, en battant des cils à toute vitesse.


- Un jour, il faudra que je te défigure. T’as pas le droit de me manipuler comme ça, protesta le coyote, faisant sourire sa compagne. Je te déteste.
- Moi aussi, je t’aime.

« N’empêche, sa tête quand elle fait ça me dit quelque chose… les yeux, sûrement. » pensa-t-il.
Encore ce mystère avec les yeux de Rarity. Il faudrait se pencher là-dessus quand il aurait fini.

- Attends attends attends, c’est pas la chanson super triste qui fait pleurer celle-là ? Intervint Applejack. Hors de question que vous chantiez ça !
- Applejack, s’il te plaît, pleurnicha Rarity.
- Non. Je veux pas l’entendre, je vais me mettre à pleurer après. Tu viens Pinkie ? On va faire un tour.
- Soyez prudentes, quand même, prévint Loki.
- T’inquiète, on court moins de risques loin d’ici tant que vous chanterez ! répondit le poney de ferme avec un geste désinvolte de la patte, alors qu’elle s’éloignait déjà du campement, une torche improvisée à partir d’un morceau de bois à l’extrêmité en feu tenu par Pinkie.
- On y va ? demanda Rarity.
- On y va, soupira Loki.

Il prit une profonde inspiration, et expira tout l’air de ses poumons. Il commença à chanter doucement:

Sweet little words made for silence,
Not talk,
Young heart for love
Not heartache.
Dark hair for catching the wind,
Not to veil the sight of a cold world.

Rarity joignit sa voix cristalline à celle plus profonde du coyote pour le refrain, tentant de conserver la douceur du morceau. L’alliance de leur deux voix était aussi douce que les caresses qu’ils échangeaient, et aurait été une berceuse des plus efficaces. Un chant de l’apaisement à l’efficacité redoutable.

Kiss while your lips are still red
While he's still silent
Rest while bosom is still untouched, unveiled.

Leur chant s’intensifia, et la communion entre les deux chanteurs se fit plus forte. Leurs deux voix n’en formèrent plus qu’une.

Hold another hand while the hand's still without a tool
Drown into eyes while they're still blind
Love while the night still hides the withering dawn

La pression que Loki et Rarity avaient infligé à leur voix retomba, alors qu’ils attaquaient le second couplet, parfaitement en harmonie l’un avec l’autre.

First day of love never comes back
A passionate hour's never a wasted one The violin, the poet's
Every thawing heart plays your theme with care

Le refrain reprit. Cette fois, un léger crescendo par rapport à sa précédente itération se fit sentir, une légère tension s’installant dans la voix désormais unique du coyote et de la licorne. A ce stade, ils chantaient l’un contre l’autre, faisant face à la même direction, les yeux fermés pour mieux ressentir l’émotion de leur chant.

Kiss while your lips are still red
While he's still silent
Rest while bosom is still untouched, unveiled.
Hold another hand while the hand's still without a tool
Drown into eyes while they're still blind
Love while the night still hides the withering dawn

Le morceau se conclut par un troisième refrain. Cette fois, l’intensité du chant était à son comble, les interprètes ne chantant plus seulement avec leur corps mais avec leur âme toute entière, ne vivant plus que par ces notes qu’ils lançaient vers les cieux voilés.
Lorsqu’ils ouvrirent les yeux pour chercher du regard ceux – ou celui – de l’autre, ils virent qu’ils étaient brillants de larmes.
Loki pesta intérieurement. Chanter ce morceau lui faisait toujours cet effet. Et c’est en partie pour ça qu’Harmonie s’était fait un malin plaisir de le lui faire apprendre, afin de pouvoir le chanter tous les deux à l’occasion.
Mais Harmonie n’était plus là.
Et si le destin jouait contre lui, jamais il ne la reverrait.
Il leva la tête vers le ciel, espérant apercevoir les étoiles.
Mais il ne vit rien. Le ciel nocturne, comme en journée, était masqué depuis plusieurs mois par des nuages de cendres.
Harmonie observait-elle le ciel, en ce moment ?

Il reporta son attention sur Rarity. Elle aussi regardait le ciel, espérant probablement également y apercevoir un quelconque signe. Quand elle se rendit compte que son compagnon la dévorait des yeux, elle se tourna vers lui, et ils échangèrent un nouveau tendre baiser.


- On arrive vraiment au bon moment, on dirait, lança Applejack, qui était revenue de sa promenade avec Pinkie. On peut aller se coucher maintenant ?

Rarity décolla ses lèvres de celles de Loki en rougissant d’avoir été ainsi surprise. Loki avait lui aussi les joues un peu rose, n’étant toujours pas habitué aux sensations qu’il ressentait lorsqu’il embrassait celle qu’il aimait.

- Oui, on va y aller aussi, approuva Loki.

Le coyote vérifia bien que le cercle de pierre qu’il avait dressé autour du feu maintenait les braises à l’intérieur de leur périmètre, et que les tentes étaient suffisamment éloignées pour ne pas prendre feu par un brusque coup de vent – même si par ce froid il n’y avait aucun risque.
Il finit par suivre Rarity dans sa tente.
Mais au lieu de se pelotonner contre elle comme elle s’y attendait, il l’informa qu’il désirait méditer cette nuit, profitant de ce qu’il avait l’âme en paix.
Il se mit en position du sphinx, et Rarity s’écarta légèrement pour éviter de le perturber. Elle ferma les yeux, et tenta de trouver le sommeil.

Loki entama sa routine méditative. Exercice de respiration puis visualisation.
Cette fois, il ne comptait pas remonter le temps afin de découvrir sa vie antérieure. Il en savait assez.
Il allait descendre. Il avait envie de voir une vieille connaissance.
Il visualisa un large terrier creusé sous un arbre, dans une forêt sombre et dense, et s’y engouffra.
Le tunnel descendait, toujours plus bas, toujours plus loin. Au bout de quelques longs instants à ramper parmi les radicelles qui pendaient du plafond, Loki aperçut une lumière au bout du tunnel.
Il était arrivé.

Il déboucha dans une seconde forêt, d’une beauté incomparable. Des arbres gigantesques, aux feuilles d’un vert éclatant, dominaient le coyote de leur ombre multiséculaire.
Les rayons de soleil semblaient se matérialiser, et se rassemblaient en faisceaux lumineux dorés, faisant jouer les reflets sur l’herbe verte qui tapissait le sol de la forêt.
C’était un monde unique, et dont rien ne pourrait perturber la paix et la sérénité.
Le monde des esprits animaux.
Loki entendit un bruit provenant d’un buisson d’aubépine, sur sa droite. Les feuilles s’agitèrent un peu, mais le coyote n’avait aucune raison de s’inquiéter. Il savait ce qui allait venir.
Une longue forme noire se faufila entre les feuilles. En approchant de Loki, elle se redressa, pour lui faire face.


- Bonjour, Naga, salua le coyote.
- Bonjour, Loki, répondit le cobra aux écailles noires.


La voix du totem de Loki était étrange. Elle ne venait clairement pas de l’extérieur, mais résonnait dans l’esprit de Loki. En fait, il la sentait plus qu’il ne l’entendait.
C’était une voix profonde, chaleureuse, apaisante, malgré l’apparence de reptile du totem.
Le serpent fixait Loki de ses yeux d’émeraude à la pupille fendue, attendant patiemment que le coyote daigne lui poser une question. Après tout, en tant qu’animal-totem, il était là pour ça.


- Tu penses que je fais bien les choses ? interrogea Loki après un instant de réflexion.
- Pour l’instant, oui, dit la voix du reptile, qui dardait une langue noire et luisante entre les lèvres écailleuses. Le concept du Carpe Diem a parfaitement lieu d’être appliqué dans ce cas. En revanche, tu as commis une erreur en abandonnant Harmonie. Une grave erreur, termina le cobra sur un ton sentencieux.
- Je ne l’ai pas abandonnée, protesta Loki sans trop y croire.
- Si je dis cela, c’est que tu le penses. N’oublie pas que je suis toi, en ton fort intérieur. Tu sais pertinemment que tu n’aurais pas dû partir, et tu regrette ta décision.
- Tout ce que je voulais, c’était que Rarity et moi soyons en sécurité.
- Intention fort louable, mais échec cuisant, lâcha le reptile à peine la phrase de Loki terminée. Tu ne fais que retarder l’échéance. D’une façon ou d’une autre, Rarity et toi serez menacés. De plus, si Rarity, Applejack, Pinkie et toi étiez restés avec le groupe d’Harmonie, vous auriez évité de nombreux problèmes à venir…
- Que veux-tu dire ? dit Loki d’un ton suspicieux.
- Ce n’est pas à moi de répondre à cette question, éluda Naga en détournant le regard vers le Nord, cherchant des yeux un point masqué par les arbres. La réponse te viendra des dragons. Va les trouver, et tu sauras.

Loki considéra un instant son totem. Le serpent représentait sa nature profonde, et par conséquent parlait souvent avec ce ton condescendant qu’utilisait celui qui se savait supérieur à son interlocuteur sur le plan intellectuel, ton que Loki lui-même employait souvent sans s’en rendre compte.
Mais pour cette dernière réplique, Naga s’était départi de cet air supérieur. Il ne connaissait pas la réponse, et Loki pressentait également que la découvrir ne lui ferait pas plaisir.

Les dragons.
Le seul endroit où Loki savait qu’il en trouverait était une caverne creusée dans le flanc d’une montagne au Nord de la forêt enchantée où vivaient les animaux-totems.
C’est là qu’il trouverait cette réponse que Naga était incapable de lui fournir.
Il se mit donc en route, et entreprit de traverser la forêt, suivant un sentier de terre qui, il le savait, le guiderait jusqu’à la caverne.
Naga le suivait de près, rampant aussi rapidement que ses anneaux le lui permettaient, et se maintenait au niveau de Loki qui marchait tout de même à un rythme soutenu, serpentant entre les pieds de fougères et les racines apparentes à la surface du sol.
Pour tromper son appréhension, Loki finit par dire :


- Il me reste une question.
- Pose-là, fit la voix du serpent.
- A chaque fois que je regarde les yeux de Rarity, j’ai comme une impression de déjà-vu. Pourquoi ?
- C’est pourtant simple. Ce sont les mêmes yeux que Xali. C’est la première chose que tu as remarqué et apprécié chez Rarity, seulement tu n’étais pas conscient du lien qui t’unissait à ces yeux, fit le cobra d’un ton détaché.
- Rarity serait la réincarnation de Xali ?
- Je n’en sais rien. Certes, les yeux sont le miroir de l’âme, mais comment être sûr qu’il ne s’agit pas que d’une coïncidence ? De deux âmes semblables ? Seul l’avenir pourra te le dire.
- Nos verrons bien, conclut Loki, peu satisfait.

Encore un mystère non élucidé. Cela commençait à agacer Loki au plus haut point.
Mais il avait d’autres priorités.
Les deux animaux marchèrent et rampèrent côte à côte encore quelques instants, parvenant bientôt à la lisière de la forêt, qui s’ouvrait sur une plaine herbeuse semblant s’étendre à l’infini. Au Nord, des pics dentelés de montagnes gigantesques s’élevaient vers le ciel comme des lances à la pointe couverte de neige et perdue dans une couche de nuages denses gravitant nonchalamment autour des pitons rocheux.
Le sentier que Loki et Naga avait suivi jusqu’ici continuait à serpenter jusqu’à ces montagnes, à travers la plaine. Après avoir salué son totem qui se fondit presque immédiatement dans la végétation, Loki s’engagea sur le chantier, et accéléra le pas afin d’écourter son périple.
La méditation subit une ellipse temporelle, et Loki se retrouva sur le sentier à flanc de montagne. Là, dominé par des falaises trop hautes pour en voir le sommer, Loki bénéficiait d’un point de vue d’ensemble sur la plaine et ce qui l’entourait.
A l’horizon, il découvrit un désert au Sud-est et un océan à l’Ouest. Le soleil radieux illuminant le paysage donnait au panorama un air de paysage de conte de fée qui émerveilla Loki. Equestria ressemblait-elle à cela ?
Il reprit son chemin sur le sentier caillouteux, et avança vers sa destination finale.
L’entrée de la grotte, aux rocs étrangement sculptés pour figurer une tête de dragon féroce.
Loki trotta jusqu’à la gueule du monstre, et s’y engouffra en prenant bien garde à ne pas s’écorcher sur les stalagmites figurant les dents de la bête.
L’intérieur était sombre, naturellement, et lorsque l’oeil de Loki se fut adapté à l’obscurité ambiante, il découvrit un escalier sculpté dans la roche qui descendait dans les profondeurs de la terre.
Quelques torches éclairaient les marches, mais malgré la lumière tremblotante qu’elles émettaient, Loki ne put pas apprécier la profondeur à laquelle descendaient les escaliers.
Qu’à cela ne tienne. Au fond se trouvaient les dragons, porteurs de réponse.
Le coyote entama sa descente.

Après une interminable descente, qui le mena à une profondeur telle qu’il avait totalement perdu la notion de l’espace, Loki arriva devant une nouvelle salle, fermée par une porte monumentale.
Elle s’élevait à plus de cinq mètres de haut, le bois d’ébène constituant les battants renforçant l’impression de majesté et de présence intimidante de l’ensemble. Elle était à l’image des dragons.
Des dorures figurant les dragons eux-mêmes serpentaient entre une quantité incroyable de gemmes et de pierres semi-précieuses incrustées à même le bois. les yeux des créatures étaient figurés par des rubis, et donnaient l’impression à Loki que les dragons étaient déjà là, et le surveillaient.
Sous le regard de feu des reptiles sculptés, Loki posa une patte sur l’un des battants, et s’annonça d’une phrase mentale.
« Je suis Loki, et je requiert l’assistance des dragons ».
Il poussa le battant.
La porte s’ouvrit lentement, sans grincer.

Le coyote découvrit une immense salle sphérique, au fond occupée par un vaste lac de lave, et traversée par un pont de pierre naturel orné en son centre d’une plate-forme circulaire d’une trentaine de mètres de diamètre.
Ecrasé par l’impression d’être observé par des dizaines de paires d’yeux invisibles, Loki marcha jusqu’au centre de la plate-forme, et s’assit sur le sol chauffé par la lave en fusion à plusieurs dizaines de mètres en dessous, avant de fermer l’oeil.
Il laissait ainsi les dragons l’observer, l’étudier, en montrant qu’il ne leur voulait aucun mal.
Rapidement, il sentit des présences à ses côtés, voletant et tourbillonnant autour de lui, et entendit des murmures dans une langue reptilienne qui lui était familière, bien qu’il ne la comprît pas.
Au bout de quelques instants, les présences se firent plus précises, plus marquées. Il pouvait entendre le bruit feutré des battements des ailes des dragons, et saisissait des bribes de ce qu’ils se disaient entre eux.
Un cri formidable résonna dans la pièce, faisant taire instantanément les murmures, et se répercutant sur les parois en un écho fantastique.
Un cri qui n’était pas inconnu de Loki, et qui le fit tressaillir en l’entendant.
Semblable au rugissement d’un milliers de fauves et de la sonnerie d’un millier de trompettes.
Malgré la crainte qui lui tenaillait le ventre, Loki ne bougea pas d’un poil, et garda l’œil fermé. Il devait laisser ce dragon l’approcher, tout héraut de l’Apocalypse qu’il fut.
Le souffle d’un battement d’ailes lui parvint, soufflant les poils de sa crinière, précédé par un claquement de cuir.
Loki sentit un second battement ébouriffer les poils de son visage, puis un troisième, puis plusieurs autres.
Le dragon allait se poser juste devant lui.
Les griffes claquèrent bruyamment sur le roc, et la plate-forme trembla en recevant l’impact de l’atterrissage du monstre. Ses griffes crissèrent alors qu’il remuait, Loki ne sachant pas vraiment ce qu’il préparait. Un frottement de cuir lui indiqua qu’il avait replié ses ailes, et le raclement des écailles sur la roche le fit penser que le dragon s’était couché près de lui.
N’entendant de bruit que le souffle de forge de la respiration du reptile, Loki ouvrit l’œil.

S’il n’avait pas été assis, il serait tombé, fauché sur place par l’immensité de la créature.
Elle faisait facilement quatre mètres au garrot, et atteignait sans doute les sept mètres de haut si elle redressait son cou au maximum.
Ses écailles avaient un air étrange. Comme un millier de boucliers, elles s’agençaient parfaitement entre elles, mais leur couleur était indéfinissable pour l’œil de Loki, semblant varier selon l’angle avec lequel la lumière émanant de la lave stagnant en contrebas les frappait.
La peau des ailes du dragon était zébrée de motifs noirs entrelacés complexes, et de veines étonnamment iridescentes.
La gueule du dragon était allongée, les crocs saillant de chaque côté de ces mâchoires lui donnant un air féroce. Ses cornes formaient une sorte de couronne à l’arrière du crâne, semblant symboliser une sorte de royauté chez cet individu particulier.
Ses yeux avaient l’air animés par les flammes qui couvaient dans ses entrailles, et flamboyaient sous le reflet de la lave en fusion.
L’ensemble dégageait une étrange impression chez Loki. Le Chaos et l’Harmonie semblaient réunis en un seul être, et présentaient l’une ou l’autre des facettes selon le jour sous lequel l’observateur le voyait.
Le dragon était couché sur le côté, les ailes repliées, les pattes antérieures croisées et la queue se balançant mollement dans le vide. Même ainsi avachi – la seule position confortable pour une bête de sa morphologie, en fait – le monstre gardait toute sa grandeur et sa majesté.
Il toisait Loki de sa hauteur formidable, profitant de sa position surélevée pour assurer sa domination sur Loki. Il observa un instant le coyote qui portait sur lui un regard à la fois effrayé, fasciné et émerveillé, puis commença à parler. Sa voix puissante, profonde et bestiale en même temps, remua le shaman coyote jusqu’au plus profond de son être.


- Je suis Ziri Kaar, Gardien de l’Equilibre de la Balance cosmique de ce qui est, a été et sera, pour toujours et à jamais.

Après un court moment d’hébétude devant le spectacle unique et transcendant qui s’offrait à lui, Loki bredouilla :


- Je suis…
- Je sais qui tu es, coupa le dieu dragon. Je te connais, Loki, tout comme je connais les motivations qui t’ont mené dans ce sanctuaire sacré des dragons. Tu es en quête de révélations, et je suis venu te les accorder.
- Mais pourquoi moi ? demanda Loki.
- Silence, ordonna le dragon d’un ton impérieux. On n’exige rien d’un dragon. Nous arrivons toujours à point nommé, ni en retard, ni en avance, et ne parlons que lorsqu’il est nécessaire. Nous dispensons la connaissance aux patients et aux méritants, et ne souffrons aucune requête. Cependant, ta question mérite réponse. J’apparais en ce jour devant toi car tu es le seul être impliqué dans le sort de ce monde capable de saisir pleinement les enjeux de la finalité de toute cette fable.

Loki aurait voulu poser une nouvelle question. En quoi était-il si spécial ? Mais il dut se retenir. Mieux valait ne pas brusquer à nouveau la créature, et la réponse viendrait probablement plus tard, de toute façon.

- J’ai contacté par des rêves les deux protagonistes majeurs de l’acte qui se jouera lors de la clôture de ce que vous appelez la Levée du Voile, l’Apocalypse, reprit Ziri Kaar. Cependant, aucun d’eux n’est apte à comprendre les signes que je porte à leur conscience. Aucun d’eux n’a compris le lien qui les unissait, bien que je les aie confronté l’un à l’autre dans le cadre de leurs songes. Aucun d’eux ne sait que leur destinée a toujours été écrite de manière conjointe, inextricablement liée, et qu’elle le sera toujours pour les éons à venir. Tu es le seul proche de ces protagonistes qui ait eu les capacités de venir jusqu’ici chercher à prendre contact avec ceux de ma race. Tu deviendras donc le héraut de ma volonté, celui qui aura les responsabilités de mener à bien l’accomplissement de mes desseins. Si tu échoues, le monde ne connaîtra jamais plus l’équilibre, et sera détruit, tout comme Equestria le sera.

Loki ne put qu’écouter, la bouche entrouverte sous la stupeur. Lui ? Garant de l’Equilibre de deux mondes ? Le coyote ne parvint pas à réaliser la tâche qui venait de lui être allouée. Il laissa là ses pensées, préférant écouter la suite du monologue draconique.


- En effet, ce monde dominé par les Hommes ne pouvait plus retrouver l’Equilibre par lui-même. Ils sombraient dans le Chaos, et pervertissaient petit à petit la nature qui les environne, éradiquant les créations de mes divins frères. Rien n’aurait pu arrêter le carnage qu’ils organisaient, et cela faisait souffrir les dieux dragons de voir leurs enfants détruits, abattus, emprisonnés par les hommes. Cependant, ils conservent toujours un faux-semblant d’Harmonie entre eux, et leurs faux principes sociétaires d’entraide, de soutien intéressé les uns des autres retardaient leur propre fin, prolongeant par la même l’agonie du monde et des enfants des dragons. Malheureusement, aucun Homme ne pouvait jouer le rôle de l’Antéchrist, qui aurait déclenché l’Apocalypse à laquelle j’ai tenté de préparer les Hommes il y a de cela des siècles. Le monde souffre de leurs prétendus accords de paix, et le jeu des alliances entre eux aurait interdit à un simple être humain de libérer un Chaos insidieux sur le monde, mais aurait précipité la fin de toute chose dans une guerre dévastatrice. J’ai dû utiliser l’être le mieux qualifié pour cela, vivant dans le monde civilisé le plus proche de la Terre : Discord, l’Esprit même du Chaos. Et sur ce plan, d’ailleurs, le Chaos qu’il a engendré était parfait, correspondant parfaitement à mes desseins. Suffisamment insidieux pour passer relativement inaperçu, mais terriblement efficace, provoquant de réelles dissensions incontrôlables dans les populations humaines. En revanche, j’avais dû également amener les Eléments d’Harmonie en ce monde, afin de stopper Discord et l’empêcher de détruire l’humanité entière et de faire sombrer la planète dans le sang et l’horreur plus qu’il n’était nécessaire. Seulement, les Eléments devaient être protégés de l’avidité des Hommes, qui auraient pu percer le secret de leur pouvoir, et en dévier leur utilisation, et devenant de ce fait incapables de lutter contre Discord, précipitant leur chute finale. C’est pourquoi, il y a vingt-et-une années, j’ai décidé d’abriter les Eléments d’Harmonie dans un corps humain. Celui de celle qui partagea la plus grande partie de ton existence, Harmonie.

Loki était à présent bouche bée. Il était désormais incapable de réfléchir, prêtant uniquement attention aux paroles du dragon, qui parlait inlassablement, plutôt qu’à réfléchir aux révélations qu’il venait d’avoir.

- Ta mission terrestre, Loki, consiste à garantir la libération des Eléments face à Discord, afin de vaincre enfin la Bête du Chaos et de préserver l’avenir de deux mondes. Sache que les Eléments constituent l’âme d’Harmonie, et que seule une âme parfaitement libre de toute contrainte peut révéler son véritable pouvoir, conclut le dieu dragon en se redressant sur ses pattes.

Avant que Loki ait pu faire quoi que ce soit pour reprendre ses esprits, Ziri Kaar déploya ses ailes et sauta dans le vide. Porté par les courants d’air chaud, il monta en décrivant une spirale jusqu’au plafond de la grotte.
Avant de savoir ce que ferait le monstre, Loki se détourna, et fila comme une flèche rejoindre l’entrée de la caverne. Il sentit le regard de dragons encore invisibles dans son dos, et la sensation ne cessa que lorsque la porte d’ébène se referma mystérieusement derrière lui. Il avala ensuite la série d’escaliers quatre à quatre, et retrouva l’air frais du dehors.
Le coyote était hors d’haleine, et chancelait sous l’effort qu’il avait fourni dans sa précipitation pour quitter la caverne des dragons.
Un instinct bestial lui avait hurlé de quitter l’endroit. Il ne pouvait rester. Son cerveau s’était jusqu’alors mis en pause, et ses neurones reprenaient vie petit à petit, alors que son sang se chargeait à nouveau en oxygène.
Loki s’effondra sur le sentier caillouteux à flanc de montagne, le regard perdu vers la forêt.
Ce dragon…Ziri Kaar…
C’était un dieu, cela était indéniable dans l’esprit de Loki.
Mais quel genre de Dieu était-ce là ? Il œuvrait pour sauver les deux mondes, certes, et cela était le propre d’un dieu de veiller sur les mondes desquels il avait échu. Mais pourquoi, dans sa prétendue quête d’Equilibre, ce dieu provoquait-il la mort de milliards d’êtres vivants ? Cela n’allait-il pas à l’encontre de sa volonté de protéger les créations de ses frères ?
Pas tout à fait, puisqu’il voulait éviter l’extinction de l’humanité du fait de Discord.
Mais amener Discord sur Terre avait été un geste aux conséquences dramatiques. L’humanité se trouvait sans doute au bord de l’extinction à cause des actes inconsidérés de l’Esprit du Chaos, à cause de Ziri Kaar ! Sans compter qu’il semblait que l’Equilibre en Equestria ait été rompu également, en l’absence de ses principaux antagonistes, l’Harmonie et la Discorde.
C’était donc cela, l’Equilibre ? Mettre délibérément deux mondes en danger, ouvrir la porte aux loups d’un côté, et ôter ses principaux régulateurs à un système qui en avait besoin, le tout en faisant reposer le destin du monde sur les frêles épaules de deux individus, en l’occurrence Loki et Harmonie ?
Ziri Kaar était un dieu monstrueux. Un dieu qui n’avait aucun scrupule, aucun amour pour les plus belles créations de ses frères. Un dieu froid et sans âme.

Les pensées de Loki se tournèrent vers sa sœur. Elle portait les Eléments d’Harmonie en elle. Elle était la seule qui pouvait lutter contre Discord…
Loki était heureux d’avoir pris la décision de l’abandonner. Si lui et son groupe trouvaient Discord rapidement, ils pourraient observer ses faits et gestes, et peut être retarder le moment lors duquel le draconequus retrouverait la jeune femme.
Il se rendit compte que la réalité était toute autre. Le désespoir l’envahit.
Dans l’idéal pour le sort de ce monde et d’Equestria, pour préserver les derniers humains vivants sur cette Terre, il fallait que Discord retrouve Harmonie au plus vite, et qu’il la tue. Seule une âme libre pourrait révéler son vrai pouvoir, celui des Eléments.
Si Discord s’y refusait, c’était à Loki que reviendrait la cagoule du bourreau.

 


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Note de l'auteur

J'écris une fan fiction, je me moque des copyrights. Et j'aime les chansons.

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