Octavia ferma la porte derrière elle avec un soupir et jeta les clés sur la table. Le fait de repenser qu'elle avait passé toute la journée aux côtés de Vinyl la faisait se sentir encore plus mal. Malgré que la pianiste est été accueillante, et qu'elle ait même accepté tous les médicaments qu'on lui avait administrés, la jument savait que c'était faux. Tout du moins, à moitié faux. Vinyl souffrait, et elle, Octavia, ne pouvait rien y faire. Rien, à part... Non, n'y pense même pas, Octavia. Tu ne vas pas acheter de buck à Vinyl. Elle fronça les sourcils et enleva son écharpe, la posant sur le canapé.
La violoncelliste trotta en direction de la cuisine, remarquant une tasse de café, dont le liquide à l'intérieur était recouvert d'un mince film, et un journal entrouvert, ainsi que quelques lettres qui n'avaient pas encore été lues. Bien sûr, je me rappelle de Père faisant mention de certains points de vente... Pensa-t-elle involontairement lorsqu'elle s'assit à table en prenant le journal, ses yeux parcourant les pages. Politique, Économie, Sport, Musique... Quoi ?...
Le regard de la violoncelliste tomba sur un petit article dédié à la scène de la musique classique moderne. Elle vit que son nom y était mentionné, et elle décida de lire le paragraphe où elle se trouvait.
Cependant, il y a beaucoup de traîtres de nos jours. Par exemple, la célèbre violoncelliste Octavia Philarmonica, qui nous a tant bercés avec la musique de grands artistes comme Beethoofen, Coltbert et Motzcolt, est aujourd'hui accusée d'avoir trahi la scène de la musique classique. Mais qu'a-t-elle fait, vous demandez-vous ? C'est simple : elle a rejoint les rangs des soi-disant 'poneys jazz', des musiciens qui s'opposent aux fondements même de la musique, ne tenant compte d'aucune des règles. Notre reporter l'a vue dans un bar jazz local une nuit et-
Octavia arrêta de lire, son sang se glaça dans ses veines. Fichue, je suis fichue... Elle tressaillit et posa précautionneusement le journal hors de sa vue. Bientôt, toute la ville allait apprendre son dévouement pour le jazz, et son orchestre... Ses yeux se fixèrent sur une enveloppe dorée avec une couronne dessus. Le cachet de l'Orchestre Royal ! Pensa-t-elle, choquée. Sans même l'ouvrir, elle connaissait déjà les formalités : Nous avons le regret de vous dire que vous ne répondez plus aux exigences de l'Orchestre Royal. Bien sûr, ils le savaient très bien. Bien sûr, ils ne l'accepteraient plus. Bien sûr, tout ce jazz avait ruiné sa carrière... Elle ouvrit l'enveloppe et considéra qu'il n'y avait rien de plus à perdre.
Ayant lu le court message, elle se pencha en arrière avec un soupir. Comme elle l'avait redouté. Elle ne jouait plus pour l'orchestre. Être une amoureuse du jazz signifiait qu'elle 'ne répondait plus aux attentes' de ces poneys conservateurs, démodés qui dirigeaient l'Orchestre Royal. Elle pourrait en parler à son Père. Il tirerait quelques cordes ça et là, et elle retrouverait sa place. Mais... elle ne voulait plus le déranger. Et elle ne voulait de toute façon plus jouer de musique classique. Maintenant qu'elle connaissait Vinyl, et Double Bass, ainsi que George, elle savait que son cœur et son esprit appartenaient au jazz.
Mais le jazz ne rapporte pas grand chose, pensa-t-elle, son humeur s'assombrit graduellement. Je viens juste de perdre mon boulot, et Vinyl est hospitalisée... Comment vais-je continuer sans solution pour gagner ma vie ? ...Comment vais-je avancer ? C'est seulement à cet instant qu'elle réalisa à quel point elle était habituée à son travail. Une sensation sombre l'enveloppa, une impression d'incertitude à propos du futur. La peur de l'inconnu. La meilleure des peurs.
Elle se mit sur ses sabots, tremblante. Elle avait besoin de réfléchir de ça ailleurs. Et elle savait exactement où aller.
***
« Et j'peux même pas parler de mes sentiments aux gens ! » S'exclama Octavia, tapant son sabot sur le comptoir du bar, son esprit était brumeux à cause de la quantité d'alcool qu'elle avait absorbée. « Mais tu le dis à personne ! » Murmura-t-elle au barman. « Ils m'foutraient moi et Vinyl en prison ! » Ses yeux s'écarquillèrent et elle fit un geste étrange avec ses sabots qui devait être sa façon de conspirer.
« Ne vous inquiétez pas. » Dit le barman, lui servant un autre verre. « Dans ce bar, nous savons pour Vinyl depuis des années, et nous sommes heureux qu'elle ait trouvée une compagne aussi bien que vous. » Il s'approcha pour laver le comptoir.
« Je suis pas bien... » Dit tristement Octavia, remuant la tête. Pour une raison quelconque, le whisky ne l'avait pas faite se sentir mieux, au contraire, ça l'avait juste enfoncée un peu plus dans les profondeurs de l’apitoiement et de la déception. « Je suis une bonne-à-rien, qui ne peut pas aider sa compagne, ou même gagner de quoi vivre ! » S'exclama-t-elle, hoquetant, tapant une fois de plus son sabot contre le comptoir.
Le barman ne répondit pas ; il savait qu'il y avait mieux à faire que de discuter avec les poneys en état d'ébriété. En fait, il fut plutôt content lorsque la jument grommela quelque chose comme 'buck'– il n'avait pas trop perçu la phrase ; puis il quitta le bar, jetant quelque pièces sur le comptoir.
« Interdiction du filly-fooling, risques de guerres... Celestia, où allons-nous avec tout ça ?.. » Murmura-t-il, rassemblant l'argent, et il retourna à son travail.
***
Octavia tenait une cuiller dans son sabot, la balançant faiblement, laissant la flamme de la bougie réchauffer l'objet. La violoncelliste savait qu'elle était sous les effets de l'alcool ; et énormément de surcroît. Mais en même temps, sa dépression avait atteint son point culminant. Quinze, quatorze, treize... Je suis une musicienne ratée... Pensa-t-elle pendant qu'elle comptait. Dix, neuf, huit... Je suis une mauvaise compagne... Quatre, trois, deux, un... Prête ! La jument écarta la flamme et versa doucement le liquide chaud dans la seringue, tenant la cuiller avec un sabot tremblant. Ça devrait le faire...
Elle s'assit et regarda la seringue. C'est pour Vinyl... n'est-ce pas ? Elle réalisa enfin pourquoi Vinyl avait été aussi obsédée par le buck. Le liquide dans la seringue était plutôt charmeur. Cela criait pratiquement, je peux régler tous tes problèmes ! Je peux t'aider pour tout ! Et elle voulait évidemment l'aider. Elle voulait oublier ses batailles. Elle voulait de la paix et du bonheur.
Peut-être qu'elle devrait le tester ? Juste pour voir si c'est bien dosé ? Elle ne voudrait pas amener à Vinyl, quelque chose de brut... Si un tel adjectif pouvait être appliqué aux drogues.
Non. Octavia remua la tête. A quoi pensait-elle ? Une dose – et elle serait dépendante. Une dose – et sa vie serait déchirée. Elle regarda encore la seringue, ses contours étaient soulignés par la lumière de la lune. ...Une dose – et elle ne serait plus jamais une ratée, et fatiguée, et triste. ...Une dose – et elle serait brillante, et heureuse, et courageuse...
Octavia inspecta la seringue de plus près. C'était juste oisivement posé là, attendant d'être utilisé. Non... Elle ne pouvait pas ! Ou... Pouvait-elle ? La vie est terrible comme elle est. Peut-être qu'elle avait juste besoin d'un peu de changement ? Quelque chose pour illuminer sa nuit sombre passée sans sa compagne. Quelque chose pour remonter son moral et lui donner un idée sur ce qu'il fallait faire. Quelque chose pour lui donner la force de continuer. L'aiguille va dans la veine de la patte... n'est-ce pas ?
Elle s'avança et leva une patte, son sabot était à un centimètre de la seringue. Le vent entrait dans la cuisine à travers la fenêtre ouverte, la faisant frissonner. Une dose...
Elle attrapa la seringue.
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