Cela faisait bien dix minutes qu'ils venaient de quitter la salle des cartes lorsqu'un mystérieux espion sortit de sa cachette. « Cette foutue détraquée ! Elle a été à deux doigts de m'alpaguer ce coup-ci ! »
Sur le mur principal de la pièce se trouvait une très grande tapisserie représentant une grande bataille durant laquelle s'affrontaient des poneys et des griffons. Au dessus des deux armées en conflit, un draconequus flottait dans les airs. Soudain, il sembla prendre vie. Il commença par cligner de l’œil et finit par s'agiter en tout sens. Puis, se déplaçant sur la tapisserie, il en sortit pour aller se promener sur le mur d'en face où il reprit peu à peu sa taille originelle. A l'image d'un chien qui se secoue pour évacuer de l'eau accrochée à son poil, il fit de même pour se débarrasser de son apparence comme tissée qu'il avait adoptée, tel un caméléon, pour se fondre dans le paysage. « Aaaaah ! On se sent mieux dans sa vraie peau ! »
Il s'envola alors jusqu'à la fenêtre qu'avait déjà précédemment empruntée Firefly. S'arrêtant sur la bordure extérieure, il scruta discrètement les alentours, s'assurant ainsi que personne ne serait en mesure de le voir. Il s'élança alors dans le vide, remontant vers le haut de l'édifice. Il arriva au niveau de la pièce la plus haute du château et vint se poser sans un bruit sur son balcon. C'était la chambre de la princesse Uranie, l'aînée des deux sœurs alicornes. Elle s'y trouvait d'ailleurs, tournant le dos à cet étrange visiteur dont elle ne perçut pas la présence. Un sourire carnassier se dessina sur son visage, laissant largement dépasser son croc aiguë. Il se rapprocha d'elle dans le plus grand silence tel un fauve qui s'apprête à bondir sur sa proie. Il dégaina ses griffes, écartant largement ses deux mains différentes l'une de l'autre, sa serre de rapace et sa patte de félin. Il se rapprochait de plus en plus et se retrouva juste derrière l'innocente, prêt à fondre sur elle, prêt à lacérer de ses crochets d'acier sa peau vierge et douce, prêt à ventouser son groin immonde sur son tendre cou afin d'aboucher son sang clair en lentes sussions gargouillées et glaireuses jusqu'à ce que mort s'en suive !!!
Mais l'attitude du draconequus n'était pas menaçante. Dans un mouvement rapide et précis, il apposa ses mains sur les seins de la princesse, les massant avec douceur, tout en collant sa joue droite sur sa joue gauche à elle « Huuuuuuummmm !!!! Je suis comme un pauvre petit chaton sevré trop tôt de sa mère.....j'ai besoin de beaucoup d'affection ! » Totalement prise au dépourvu dans un premier temps par ce 'tripotage' en règle, elle réagit néanmoins promptement. Une grimace déforma son visage et elle asséna un violent coup de coude dans le ventre du draconequus qui ne se fit pas prier pour la relâcher.
« Ouch !!!
- Tu deviens dingue, ou quoi ? !, s'exclama-t-elle.
- Pourquoi tu réagis comme ça ? , à moitié recroquevillé sur lui même, serrant ses bras contre son ventre meurtris, il se remettait avec douleur de ce coup, il y a pas si longtemps, tu n'étais pas aussi farouche.
- On a pas le temps de s'amuser !, déclara-t-elle assez stoïque.
- Alors nous deux, c'est juste un amusement, c'est bien ça ?
Ignorant sciemment cette question elle tourna les talons et passa à un tout autre sujet, Alors, quelles nouvelles ?
- J'ai passé une bonne journée, merci. Et toi ça va ? Pas trop embêtée toute seule ? T'as pas trop passé de temps à bouffer des gât..., il s'arrêta instantanément, prenant conscience du regard noir qu'elle lui jetait, Pfff...tu n'as même plus d'humour...
- Alors...
- Le Roi Orobas est arrivé.
- Merci, je ne suis pas stupide ! Une armée en vadrouille, ça ne passe pas inaperçue ! Que se sont ils racontés ? Ont ils passé un accord ?
Il resta un moment silencieux, la fixant droit dans les yeux.
- Alors, tu es devenu muet ?
- … la petite fille à la crinière rose a bel et bien disparue... tu pourras nier autant que tu voudras, mais tu lui ressembles de plus en plus... enfin..., il ferma les yeux, pris une profonde inspiration, puis passa à table, Orobas a, non sans difficulté, accepté l'alliance.
- Et plus en détail ?
- Ton père lui a proposé d'aller affronter les forces cristalliennes sur la plaine du sud-est, et il a accepté. Faut dire que son larbin lui a bien bourré le mou ! L'est pas clair ce type, y m'inspire pas confiance.
La princesse n'écouta pas cette dernière remarque, déjà plongée dans ses pensées, Hum... je vois. Je ne sais pas encore ce que trame Moros, mais il a forcement quelque chose de pas net dans tout ça !
- Comme si c'était nouveau !
- Il faut savoir ce qu'il a en tête...il a eut des apartés avec Blood Thirster ?
- Comment savoir s'ils ont parlé de quelque chose en particulier ? Ils sont de toute façon toujours collés l'un à l'autre !
Cette dernière allusion contraria l'alicorne au teint clair qui mis quelques secondes à reprendre la parole, Tu sais ce qu'il te reste à faire alors ! ?
- Ouais, ouais... retourner au turbin... une p'tite bise pour me donner du courage ?
- On verra, on verra... plus tard peut être...», lui répondit elle tout en se retournant.
Dépité de voir qu'il n'obtiendrait rien de plus que cette vague promesse remise aux calendes grecques, il n'insista pas plus. Mais il rajouta tout de même quelques mots. « Bon, d'accord, j'y vais... mais ne fait pas de bêtises durant mon absence ! » Et profitant qu'elle ait le dos tourné, la gratifia d'une petite tape sur les fesses, ce qui la fit une nouvelle fois sur-sauter. Mais cette fois-ci, il eut le temps de s'éclipser avant d'éventuelles représailles.
Pendant ce temps, abrité au pied du Rocher de la Selle. Camp de base des troupes du Roi Orobas.
La générale Firefly rejoignit son armée, portant l'important message qui lui a confié son maître. Elle vint atterrir non loin de sa tente de commandement et fit les derniers mètres qui la séparaient d'elle à pied. Arrivant à l'entrée, les deux sentinelles la saluèrent, abaissant leurs lances pour la laisser passer. Sans s'arrêter, elle leur lança : « Sont-elles arrivées ?
- Oui générale ! » répondirent ils en cœur.
Une fois sous sa tente, elle constata effectivement que deux de ses commandants généraux l'attendaient. A sa vue, elles la saluèrent à leur tour.
« Générale !
Elle leur rendit et prit la parole, Rompez !... Amdusias est il parti ?
- Oui madame, lui répondit la pégase qui portait une crinière bicolore rouge et noire, il a, comme convenu, suivi votre convoi sans être détecté et à l'heure qu'il est, il doit être à son poste auprès du roi.
- Fort bien ! »
Celle qui venait de lui répondre se nommait Hippocrène. C'était l'un des trois commandants généraux de l'armée d'Orobas. Sa sœur Aganippé était à ses côtés et occupait elle aussi les mêmes fonctions.
« Bien, poursuivit Firefly, nous n'avons plus qu'a attendre le retour de notre roi pour passer aux choses sérieuses. Le combat aura lieu non loin d'ici, elle se dirigea vers une table sur laquelle était étalée une carte, voilà, ce sera à cet endroit précis ! Nous nous dirigerons vers l'Est. Elle resta silencieuse un instant, comme perdue dans ses pensées, avant de reprendre la parole, Mais pour l'instant, nous avons à régler d'autres problèmes... Gullfaxi !!! »
Après quelques secondes d'attente, quelqu'un vint se présenter à la tente de Firefly. Une jeune jument terrestre à l’étincelante crinière dorée attachée par une épingle d'argent arriva devant la générale qu'elle salua, malgré une timidité apparente.
« Vous m'avez fait demander madame ?
- En effet..., elle lui tendit le message préparé par Moros, cette missive doit parvenir dans les plus bref délais à Gemmalia... ordre direct du roi ! Je peux compter sur toi ?
- Ou... oui madame, vous pouvez me faire confiance !, répondit la terrestre qui portait une armure brune de cuir et de métal et qui était armée d'une lance.
- Parfait....je ne te retiens pas plus ! Tu peux y aller !
- Madame !, saluant une nouvelle fois sa supérieure, elle tourna les talons et partit accomplir sa mission.
- A nous maintenant, reprit la généralissime, nous devons préparer le plan de bataille et ce ne sera pas simple ! N'oubliez pas que nous connaissons nos adversaires aussi bien qu'ils nous connaissent eux-même. Mais gardez toujours en tête que, malgré tout ce qui à pu se passer autrefois, les circonstances sont désormais bien différentes. Vous vous battez pour votre roi, votre royaume, votre peuple, cela doit demeurer votre unique objectif....vous m'avez bien compris ?
- Oui madame !
- Même si je suis bien placé pour savoir à quel point cela sera difficile... »
Himinbiorg, Chambre du Roi Sweet Light.
L'atmosphère était pesante et crépusculaire. Crystal Tears avait conduit le vice-roi Phos Phoros auprès de son père et était restée près de l'entrée de la chambre, au cas où. Le vieux monarque était dans un état physique qui faisait peine à voir. En quelques mois, il semblait avoir vieilli de plusieurs siècles. Sa voix était faible et son souffle court. De puissantes quintes de toux ponctuaient ses paroles, parfois jusqu'à l'étranglement. De son côté, son fils avait la gorge nouée car il savait pertinemment que l'inévitable était en train de se produire. Il devait se faire violence pour contenir le torrent d'émotions qui l'étreignait afin de ne pas ajouter plus de souffrances à son pauvre père. Néanmoins, le roi demeurait encore très lucide et faisait preuve d'un courage admirable face à sa mort qui s'annonçait désormais imminente.
« Mon fils, j'aurais préféré que ces instants se passent dans un tout autre contexte... Malheureusement, j'ai échoué dans mon ambition de rétablir la paix entre les différents royaumes...
- Père... ce que vous avez fait, personne d'autre n'aurait pu le faire ! Vous avez été le bouclier de l'empire durant toutes ces années, vous avez...
- Non, j'ai échoué ! La responsabilité d'un roi est de protéger son peuple en toutes circonstances, aussi bien au début qu'à la fin de son règne. De plus, il doit également préparer l'avenir et créer les conditions les plus favorables pour l'époque où il ne sera plus de ce monde. Je te transmets un royaume en guerre, une guerre toujours aussi incertaine... pardonne moi mon fils...
- Vous avez su préserver l'essentiel, l'intégrité de ce royaume, conserver la paix à l'intérieur de l'empire. Mais notre adversaire est pernicieux, il ne respecte aucunes règles, aucuns interdits, c'est un barbare génocidaire.
- Certes... mais il n'y a pas que cela. Le revirement d'Orobas, comment ai-je pu ne pas le voir venir ? Que c'est il passé pour qu'il en arrive là ? Son père et moi sommes devenus roi en même temps, nos deux dynasties sont liées depuis des millénaires... comment n'ai-je pas pu ressentir le trouble qui l'a poussé à nous trahir ? De plus, par mon incompétence, j'ai mis en danger ma chère fille... je suis impardonnable...»
Le roi se mit à tousser très bruyamment, laissant son fils perdu dans ses pensées. L'évocation de sa sœur avait encore ravivé ses inquiétudes quotidiennes à son sujet. Lui aussi était à blâmer. Après tout, lui aussi connaissait Orobas... et mieux que quiconque. Comment pouvait il avoir été si aveugle ? Mais il voulait encore croire que son vieil ami, malgré sa traîtrise, n'avait pas changé au point de faire du mal à sa propre épouse, à la mère de sa fille. Soudain, on vint frapper à la porte, ce qui le fit brutalement émerger et revenir à la réalité. C'était Crystal Tears qui entra dans la pièce, visiblement très gênée. « Je suis profondément désolé de vous déranger en ces instants difficiles, mais une information de la plus haute importance vient d'arriver ! » Phos Phoros mit quelques secondes à réagir, comme si son temps de réaction était diminué par toutes les inquiétudes qui l'assaillaient. Il fit néanmoins un signe d'approbation de la tête. La jument ressortit alors dans le couloir pour quérir une personne. « Vous pouvez rentrer général ! »
C'était en effet le Général Midnight Wings, le commandant en chef des armées de l'empire. C'était un batpony assez intimidant et plutôt taciturne. C'était une tradition de la nation de cristal. En effet, aussi loin que se perdent les souvenirs, ce fut toujours un de ces pégases nocturne qui dirigeait l'armée impériale. D'ailleurs, il s'agit de la seule armée à compter autant de pégases aux ailes de chauve-souris dans ses rangs. En silence et plein de respect, il vint saluer son roi en mettant un genou à terre. Un pâle sourire vint, autant que cela fusse possible, éclairer le visage du roi mourant « Ah ! Je suis bien heureux de vous voir mon cher ! Cela m'aurait attristé de partir sans vous revoir une dernière fois et vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi et pour le royaume ! Encore merci !
- Majesté... » Le général n'était pas du genre à se répandre en discours et n'était guère bavard, se bornant au strict nécessaire. D'apparence stoïque il ne laissait jamais rien paraître de ses émotions. Malgré cela, en ces heures difficiles, même un guerrier aguerri comme lui avait du mal à cacher son ressentit et on pouvait clairement lire sur son visage toute la souffrance, toute l'empathie qui serrait son âme, tant il lui était insupportable de voir son roi dans un tel état.
« Et bien, que se passe-t-il ?, questionna le vice-roi, un peu contrarié d'être perturbé dans un moment si dur.
Le batpony se redressa avant de déclarer, Un messager porteur d'un ultimatum du roi Orobas vient d'arriver à l'instant, il tendit le dit message à Phos Phoros, il nous incite à venir l'affronter sur le terrain de son choix, sans quoi, si nous n'avons pas répondu positivement d'ici trois heures, il mènera ses troupes devant Gemmalia !
- Et bien sûr, la bataille doit avoir lieu en plein Equestria !, le vice-roi avait déroulé la missive qu'il parcourait des yeux de façon nerveuse
- C'est un piège mon fils, à n'en pas douter ! Je reconnais bien là les manigances du roi Moros ! Il se peut même que ce soit lui qui soit à l'origine de ce message.
- Hum... cela paraît logique. Il nous envoie clairement nous entre-tuer sous couvert de rester neutre. Ainsi, au pire, il se sera débarrassé d'un adversaire, au mieux des deux. Et tout cela, sans prendre le moindre risque !
- Ton analyse juste. C'est pourquoi il ne faut pas te rendre à cette 'invitation', sous peine de risquer une catastrophe. Mieux vaut affronter Orobas en terrain connu qu'en territoire ennemi... Non, le risque est trop gr... »
Une nouvelle quinte de toux, plus forte que les précédentes, vint interrompre les paroles du roi. Cette coupure imprévue permit à Phos Phoros de se replonger dans ses questionnements. Oui, tout cela paraissait bien être un piège, c'était même indubitable. Les deux armées vont s'affronter, deux armées de valeurs, composées de puissants et valeureux guerriers... quel malheur ! Il était impossible pour lui qu'Orobas n'ait pas pris conscience lui aussi de ce traquenard plus qu'évident. Il ne pouvait se résoudre à cette idée. Non, il ne viendra pas assiéger Gemmalia, il ne pouvait avoir changé à ce point là, non... Un piège... oui, un piège... Mais s'il se rendait tout de même à ce point de rencontre... Et s'il se passait tout autre chose.... et si...
Le vice-roi fut tiré de ses pensées par son père, « Et bien mon fils, tu parais songeur...
- Oui, père... je réfléchissais à tout cela... mais j'ai pris ma décision... je vais bien me rendre à ce 'rendez-vous'
La stupeur du roi fut grande, Tu vas finalement accéder à sa requête ? Mais pourquoi ce brutal revirement ? Tu as conclu de toi même qu'il ne pouvait s'agir que d'un piège.
- Je sais... mais Moros est trop imbu de lui même pour pouvoir imaginer un seul instant que son plan peut faillir. Il prend même le risque inimaginable de laisser pénétrer en plein cœur de son royaume les deux armées ennemies.
- Alors qu'as tu en tête ?
- Je vais me rendre là-bas, je vais rencontrer Orobas et je le ferai changer d'avis ! Il m'est impossible de croire qu'il ait pu changer à ce point. Il y a sûrement une explication à tout cela. On l'a sûrement induit en erreur, volontairement ou pas. Je le ferrai revenir sur sa décision... il m'écoutera, j'en suis sûr... on se connaît depuis trop longtemps pour en douter ! J'en suis persuadé, j'y parviendrai ! Et le jeu en vaut la chandelle. Si ça marche, nos deux armées coalisées seront aux portes de Canterlot ! Jamais nous ne pourrions être aussi proche de mettre fin à cette maudite guerre !
- C'est un risque bien grand que tu prendrais là mon fils. De plus, rien n'indique vraiment que Moros n'ait pas prévu cette éventualité !
- Oui, j'en ai bien conscience... mais je n'ai pas le droit de négliger cette opportunité. Si je ne saisis pas cette chance qui s'offre à nous d'abattre enfin Oléthros, cette guerre et son lot de morts vont continuer. Si je peux en finir, je dois prendre ce risque !
Un silence pesant descendit sur la petite assemblée. Midnight Wings le brisa en s'approchant du vice-roi, Majesté, je suis de tout cœur avec vous ! Phos Phoros posa la main sur son épaule et fit un signe d'approbation de la tête.
Le Roi Sweet Light prit une profonde inspiration, Fort bien mon fils, si tu es sûr de ton fait et que tu ressens au plus fond de ton cœur que tu peux le faire revenir parmi nous, je ne peux t'en dissuader... après tout, c'est toi le roi désormais...
- Père...
- Il en sera donc ainsi, tu viens de prendre ta première décision en tant que nouveau roi de l'empire... puisse Athéna t'assister pour le combat qui s'annonce. »
Il s'écoula encore quelques petites minutes de silence avant que le nouveau roi ne reprenne la parole, s'adressant tout d'abord à Crystal Tears, Qu'on prépare une missive afin de signifier au roi Orobas la nature de ma décision. Une fois cela fait, je viendrai apposer mon sceau en bonne et due forme...Cette bataille se déroulera aux premières heures du jour.
- Bien majesté, répondit la jument.
Puis, il s'adressa à son général en chef, Un messager doit se tenir prêt à partir au plus vite afin que ma réponse puisse arriver dans les plus bref délais à Orobas.
- Il en sera fait selon vos ordres, monseigneur ! »
Crystal Tears et Midnight Wings firent tout deux une révérence à leurs suzerains, puis sortirent de la chambre pour aller accomplir leur mission.
Resté seul avec son fils, le roi Sweet Light lui fit ses ultimes recommandations. « Je mets toutes les maigres forces qu'il me reste à prier les dieux pour que ton entreprise soit couronnée de succès, mais je m'inquiète beaucoup pour toi. Oh, non pas que je remette en doute tes compétences de stratèges ou tes capacités à gérer l'empire, bien au contraire. Je t'ai vu à l’œuvre, je sais que tu ferras un excellent monarque. Je n'en doute point. Mais je m'inquiète comme s'inquiète un père pour son fils et pour son avenir. Je ne serai plus là, à tes côtés pour te soutenir.... j'en suis désolé...
- Père... vous avez tellement fait de chose pour moi ! Et je ne me suis pas montré assez reconnaissant envers vous. En ces heures tragiques, je sais tout ce que je vous dois, tout ce que vous m'avez apporté, aussi bien sur le plan affectif que politique. Je ne serais rien sans vous...
- Je n'ai accompli là que mon devoir de père et de roi. Mais tu es un fils comme tout père rêverait d'en avoir. J'ai toujours été fier de toi et de tout ce que tu as accompli... et je le serai jusqu'à mon dernier souffle, et même au-delà. »
Un lourd silence empli d'émotion tomba durant quelques minutes avant que le monarque agonisant ne reprenne la parole : « Mais avant de partir pour le grand voyage, je me dois de te donner un dernier commandement. Si jamais ton entreprise vient à échouer, si notre empire ne ressort pas indemne de ce conflit, si notre dynastie est décimée par cette guerre, tu te dois de le libérer de son serment ! Lui et les siens on une mission ô combien plus importante à accomplir. Une mission plusieurs fois millénaire dont dépend l'avenir de Chtonie toute entière ! C'est grâce à eux que l'empire a vu le jour et a pu prospérer... Nous n'avons pas le droit de leurs faire payer nos échecs... Me comprends tu ?
- Oui père, j'en ai pleinement conscience et je ne manquerai pas à mon devoir.
- J'en suis ravi... je peux partir l'esprit plus léger.... j'ai foi en toi, mon fils... »
Le roi Sweet Light ferma les yeux, épuisé par ce long discours. Phos Phoros prit sa main et la serra très fort. Une larme roula sur sa joue gauche... la fin était là, il le savait... son père ne verra probablement pas le prochain levé d'Hélios...
Equestria, Canterlot, Gimlé.
Le Roi Moros avait passé la soirée à faire la visite du château au roi Orobas qui n'avait pas desserré une seule fois les dents. Le discours, à la fois miévreux et très satisfait de lui même, du souverain local n'avait en aucune manière déridé le monarque de l'ouest, malgré les efforts de son chambellan qui faisait mine de trouver un grand intérêt à tout ce que leur racontait leur hôte. Une fois le tour de l’édifice effectué, la petite troupe arriva dans la grande salle d'apparat qui permettait d'accéder à la porte royale et donc à la sortie. C'était une pièce richement décorée. Aux murs, de nombreuses tentures et tapisseries ornaient les murs sur lesquels étaient également fixés des boucliers et diverses armes. Des collections d'armures s’étalaient au pied des murs latéraux. Moros prit alors la parole. « J'espère que vous avez pu, durant votre séjour à Canterlot, apprécier toutes les merveilles de notre belle cité ! »
Prenant les devants, comprenant que son maître ne piperait pas un traître mot, voire pire, Myrtilos remercia le seigneur des lieux avec beaucoup d’emphase. « Soyez remercié, seigneur Moros, pour toute l'attention que vous avez su nous témoigner durant ce malheureusement trop court passage. Recevez notre entière et éternelle reconnaissance !
- Mais je vous en prie ! Ce fut un réel plaisir ! » lança Moros, un sourire de fausset aux lèvres.
Orobas lança un regard en coin à cette scène qu'il considérait plus que pathétique. Il aurait bien voulu remettre à sa place son chambellan mais il avait une envie plus qu'irrépressible de déserter cet endroit qu'il exécrait plus que tout. Profitant du fait que le roi des Montagnes Fumantes voulait presser le pas, Moros laissa Myrtilos le rattraper et resta quelque peu en retrait avec Blood Thirster.
« Vous avez pris les mesures nécessaire ?
- Disons un petit test plutôt, majesté » répondit laconiquement la leader des Kères
Orobas arriva en vue de la grande porte d'enceinte quand brusquement quelqu'un hurla dans son dos. « Mort au tyran ! » Un terrestre drapé de noir émergea brutalement de sa cachette derrière une tenture. Il renversa Myrtilos au passage et se rua vers le roi, un glaive à la main, près à le frapper mortellement. Sauf que... dans le même temps, surgissant d'on ne sait où, un licorne portant une armure bronzée vint s'interposer entre le roi et son agresseur. Vif comme l'éclair, il le désarma facilement d'un coup de poing sur son bras armée, ce qui lui fit lâcher son épée, et le mit hors d'état de nuire d'un coup de lance au niveau de la gorge. Mais ce n'était pas fini. Un second assassin se précipita vers eux. Le mystérieux protecteur d'Orobas réagit tout aussi promptement. Il tendit la paume de sa main vers son assaillant, cette dernière étant entourée d'une aura jaune, de la même teinte que sa crinière. Son adversaire fut baigné d'un halo de la même couleur, se souleva à un mètre au-dessus du sol et fut violemment projeté sur les armures derrières lui où il alla s'empaler sur une lance. Il expira rapidement.
Durant cette attaque, Orobas n'avait pas bougé d'un iota. Il se retourna vers celui qui l'avait sauvé.
« Beau travail Amdusias...
- Majesté... » répondit laconiquement celui qui venait de lui sauver la vie. Amdusias, le troisième des commandants généraux de l'armée des Montagnes Fumantes. Mystérieux, toujours en retrait par rapport à ses coreligionnaires, on le surnommait l'Ombre d'Orobas, et à raison. En effet, toujours tapis dans l'ombre, il suivait de près son roi lors de ses déplacements à l'étranger en se fondant totalement dans le décors, comme s'il était invisible. Encore une fois, il avait fait honneur à sa réputation.
Toujours un peu en retrait, Moros et Blood Thirster s'échangèrent encore quelques messes basses.
« Pas très efficaces ces recrues...
- Effectivement votre majesté... toutefois, l'objectif a été atteint. Nous voulions forcer Amdusias à sortir de sa cachette afin d'être sûr et certain qu'il quitte lui aussi le palais. C'est chose faite désormais.
- Oui... Nous sommes toujours maître de notre destin ! Laissant là sa subordonnée, Moros se précipita vers le pégase sombre, Part les dieux, qu'elle horreur ! Je ne sais quoi dire pour...
Mais il ne put en rajouter plus, arrêté dans ses paroles et dans son élan par son homologue, pas dupe de ses manigances, Ne vous fatiguez pas à chercher une excuse bidon... Néanmoins, ne vous inquiétez pas, nous réglerons nos comptes en temps voulus, puis, posant son regard sévère sur Myrtilos, redresses toi, nous partons ! »
Le grand chambellan se remit aussitôt sur ses jambes et se mit à la suite de son roi et d'Amdusias qui partaient sans l'attendre. Ils passèrent la grande porte et sortirent à l'extérieur. Restés en leurs murs, Moros et Blood Thirster les regardaient s'éloigner : « Parfait, se réjouit le monarque blafard, San Franticorno vas demeurer sans surveillance... tu sais ce qu'il te reste à faire ?
- Oui, mon Maître, lui répondit la pégase.
- Parfais ! Une fois cela accomplit, tu pourras t'occuper de Gemmalia ! Sous peu, elle sera elle aussi sans défense !
- Oui mon Seigneur ! Il en sera fait selon vos désirs !» La générale fit une révérence à son roi puis partit accomplir sa mystérieuse mission.
De leur côté, Orobas et ses deux serviteurs avaient passé le pont-levis jusqu'au char royal qui les attendait à l'extérieur. Ce dernier, commandé par un cocher pégase, était tiré par un gigantesque manticore. Le roi, Myrtilos et Amdusias prirent place à l'intérieur et l’attelage décolla sur le champ, direction le camp de base de l'armée. Le voyage fut très rapide. L'équipage arriva enfin à destination et vint se poser non loin de la tente de commandement de Firefly.
Cette dernière accueillit son roi. « Majesté !
- Tout fut fais selon mes ordres ?
- Oui majesté !
- Parfais... »
Orobas sortit de son char, suivit de très près par Amdusias. Myrtilos allait faire de même mais fut arrêté par son roi. « Rentre à San Franticorno. Tu as fait ce que tu avais à faire. Maintenant, je n'ai pas besoin de tes services sur le champ de bataille
- Mais monseigneur...
- Il suffit ! Je t'ai donné un ordre, exécute le !
- Bien monseigneur ! » Dépité, l'humain obtempéra.
Orobas se dirigea ensuite vers son QG de toile au côté de Firefly. Cette dernière l'informa des dernières nouvelles.
« Un messager en provenance de Gemmalia nous a apporté la réponse de Phos Phoros, votre majesté
- Qui est ?
- Il accepte de venir nous rencontrer à l'endroit et à l'heure convenus. Néanmoins, il désire avoir une ultime entrevue avant le début de la confrontation.
- Et bien, rien ne s'y oppose... même si au final, cela ne changera rien ! Les dés sont jetés, nous ne pouvons plus revenir en arrière. Ce qui doit s'accomplir s'accomplira, il se retourna vers Amdusias qui était toujours auprès d'eux, que les hommes fassent relâche durant quelques heures pour se reposer et penser à leur familles, beaucoup d'entre eux ne rentreront pas avec nous malheureusement.
- Oui, monseigneur » Le licorne aux yeux verts salua son maître et partit effectuer sa tâche.
Orobas continua sa marche auprès de Firefly. Il remarqua l'air quelque peu contrarié de sa générale en chef.
« Un problème ?
- Le message nous a également appris le décès du roi Sweet Light.
- Ce fut un grand roi, juste et bon pour tous ! Et aussi un grand guerrier. Il était le fidèle ami de mon père et je le connaissais depuis l'enfance. Je prierai les dieux pour la paix de son âme... Qu'on ne me dérange pas, j'ai besoin de rester seul...
- Bien majesté. » Firefly salua son roi et rejoignit ses troupes.
Pendant ce temps, le char royal dans lequel était resté Myrtilos avait repris les airs pour rentrer vers la capitale du royaume. Mais, lorsqu'il fut hors de porté de tout regard provenant du quartier général d'Orobas, il dévia de son premier itinéraire et reprit la route de Canterlot.
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Je prends bien note pour les changements de lieux. A l'avenir, je mettrai des séparations plus nettes.
Pour Athéna, et bien ... si tu te souviens, ce n'est pas la première fois que des dieux grecs sont nommés. Dans le précédent chapitre, j'expose le fait que les deux princesses alicornes sont nées pour devenir les prêtresses de deux grands dieux tutélaires d'Equestria, Nyx (la nuit) et Hélios (le Soleil). Tout simplement parce que les dieux de la mythologie (grecque principalement) sont les dieux de ce monde... entre autre ^^ Univers alternatif, ne pas oublier. ^^ Je comprends que cela questionne, surtout que c'est pas habituel, mais tu fais bien de poser la question, après tout, c'est ce que je demande à chaque fois ^^ Faut pas hésiter, même concernant le choix du nom de tel ou tel personnages, de lieux, etc.
En tout cas, je suis content de voir que ce chapitre t'as convaincu. A la prochaine ^^
Mais mis à part ces points, très bon chapitre aussi et j'ai hâte de lire le prochain! ^^