Apparition d'un disparu - 4

Je chantais sans ordre ni harmonie entre mes paroles, et encore pour moi cela créait une fabuleuse chanson, simplement parce qu'on ne me la dictait pas ! Je l'arrangeais à ma sauce, sans convention ni retenue, avec pour seules règles qu'elle me plaise. Et quand ce n'était plus le cas, je hurlais ! Ah ! En jurant, en rigolant et le rythme me revenait. Depuis plus d'un jour que je marchais, que j'avais faim. J'arrivais bientôt, j'avais hâte ! De manger bien sûr, et de montrer à ces poneys qui est Melody. La belle, la folle, l'audacieuse, la forte, l'étrange, la mauvaise... Mais surtout pas leur amie.

-Eh !

Oui ? Je cherchais aux environs en bondissant sur mes pattes. Qui va lààà ? Mais personne ne se montrait. C'est dans ma tête ! Je pense que ça signifie qu'il faut que je continue à chanter. Je reprenais, toujours courant à vive allure en zigzagant, quand je ne marchais pas tout droit. Le Soleil descendit d'une taille, quand je m'entendis appeler. C'est fréquent, ahah ! Un instant, je repensais à mes ailes. Que j'aimerais qu'elles regagnent leur vigueur... Ah ! Je ferais croire que je vole, cela me contentera amplement.

-Melody !

Surprise, j'eus le temps de tourner la tête d'un quart qu'une boule de feu m'emporte au sol.
Ah non, voilà un poney. Un petit poney. Je me levais vite, prête à déchaîner Melody. Mais je n'en fis rien, à cause d'un détail qui me perturba d'émotions et de sentiments: Elle me ressemblait. Vraiment. Même couleur rouge et orange de crinière, malgré que j'obtins le orange d'une fâcheuse décoloration à l'acide, à vie. Même pelage, même sourire. Seuls ses yeux différaient: Rouges, ils présentaient en elle toute une vigueur ardente et une agilité brute et naturelle, avec toujours un aspect mignon d'ignorance. J'avais tout à lui demander, mais ma première question fut:

-D'où tiens-tu mon prénom ?

Elle me ria au nez.

-Vous le chantez depuis tout à l'heure !

Je me sentais bête quelques instants, le regard vide; je me ressaisissais.

-Depuis quand me suis-tu ?

Elle se rapprochait, parlant plus bas:

-Lorsque je me suis réveillée, vous commenciez à vivre, à vous exprimer en partant dans la forêt. Je n'avais jamais rien vu de tel. Vous êtes unique. Je vous ai suivi. Je vous ai appelé. Plus vous chantiez, plus mon amour pour vous grandissait, votre harmonie propre me transperçait... Je vous aime, Melody. Et je n'ai plus pu me retenir lorsque vous avez commencé à bondir en tout sens, j'étais obligée de libérer ce que vous provoquiez en moi.

Cela me fit un grand bien d'entendre tous ces compliments, mais...

-Merci pour ces paroles, mais c'est ma folie que tu aimes ? C'est parce que je souffre que je suis ainsi, tu sais. Je suis bien plus intéressante heureuse. Et tu es bien trop jeune pour une jument pour m'aimer, ça marchera jamais ma cocote. Laisse moi maintenant.

Je remarquais alors sa marque de beauté, différente de la mienne, presque effrayante. Elle ne pouvait pas représenter une passion, elle présentait un dessin trop abstrait: Un masque souriant avec des cornes et une crinière comme une flamme.

-Quel est ton prénom ?

-Pandelion !

Je n'oublierais pas cette rencontre.

-Merci Pandelion, mais je dois y aller maintenant.

-Aller où ?

Elle touchait une corde sensible. La vérité frappait: Je n'avais pas de destination... Mais je la sentais bien s'inviter. Il n'en était pas question.

-Je vais dans une grande ville très loin, en courant, elle est dangereuse et difficile d'accès.

-Oh, je connais ce genre d'endroit ! Moi je viens d'une ville pire encore, capitale en son monde et j'espère que ce n'est pas où tu vas...

-Je ne pense pas que ce soit ma destination non plus, je préfère rester sur la lumière de mon propre chemin.

-Quoi ?

-Oublie. Salut.

Je reprenais ma route, le visage grave et l'esprit chamboulé. Qui était-elle ? D'où venait-elle ? Et... Je tournais la tête vers elle; Je vois, plus, je ressens son aura, une aura puissante, comme une flamme... Elle failli me brûler. Je ne sais pas d'où elle tient sa magie, mais... Elle est semblable à celle qu'un instant, j'ai possédé... Pandelion était trop suspecte. Elle apparaît après que j'ai perdu mes pouvoirs... Elle me ressemble étrangement, me connaît trop bien et m'apprécie bien trop pour n'être qu'un poney commun. De plus, elle semble comme... Complémentaire à mes pouvoirs. Non, je reviens sur ma décision, elle m'intrigue trop. En fait...

-Eh, petite...

Plus rien. Elle avait disparu du sentier.

-Oui ?

Mon coeur fit un bond. Elle m'était simplement passé devant, me surprenant...

-Ça va pas de me surprendre comme ça ?

Pandelion ne comprenait pas.

-J'étais devant vous tout ce temps.

-Devant toi.

Elle se retournait, ne comprenant pas.

-Qui ?

-Non, je te disais de me tutoyer...

-Ah ! D'accord.

-Dis, heu... Pandelion, ça te dirait de venir avec moi ? Ça me plairait d'apprendre à... Te connaître.

-Et beh, tu changes d'avis comme de fer ! Bah... Oui, pourquoi pas ! Attends, je regarde mon agenda...

Je ne sais pas d'où elle le sortait, et elle connaissait déjà son planning:

-Non, j'ai rien pour les 23 années à venir !

-Pourquoi 23 ans ?

-Alors, c'est parce que j'ai promis à un camarade de Pandemonium...

-Pandemonium !?

-Oui, et donc...

Elle me racontait en chemin ses aventures et son futur, me remplissant d'espoir et je l'espérais bientôt, de pouvoir...