J’en avais assez d’Ember et de ses jeux idiots. Elle n’avait pas vraiment fait avancer mon enquête, mais à la place, elle m’en avait appris énormément sur les magouilles de Chrysalis et de tout ce qu’elle pouvait faire avec moi. Je faisais partie de sa ruche désormais, que je le veuille ou non, c’était comme ça.
Pour l’instant, je me contentai de quitter cet endroit en fermant un maximum mon esprit. Je ne voulais plus sentir Ember s’introduire en moi et se mêler de ce qui ne la regardait pas. Je ne pouvais rien faire de plus, et c’était cela qui m’énervait. Chicha évita de siffler à nouveau sur l’autre changelin qui était à l’entrée, se contentant de détourner le regard en grognant légèrement. Je l’aurais bien remercié pour cet effort si je n’étais pas si pressée. Je quittai quelque peu précipitamment la maison d’Ember et attendit que Chicha referme la porte derrière moi pour me mettre enfin à souffler. Celui-ci avait repris sa forme de pégase avant de me rejoindre.
« Tu sais, elle ne te voit peut-être plus, mais elle peut toujours… »
J’attrapai alors le museau du changelin avec mon sabot et serra fermement. Lui jetant un regard noir, j’articulais calmement, mais tout de même légèrement à cran :
« Je m’en fiche ! Que ce soit toi, Ember, ou même Chrysalis, je ne veux plus vous entendre ! Par mes oreilles, ou directement dans ma tête, est-ce que c’est compris ?! »
Chicha roula des yeux avant de hocher la tête. Il attendit que je le relâche pour ajouter : « Ember dit qu’elle te laisse tranquille. »
Je secouais la tête en comprenant que je n’étais pas assez loin pour avoir la paix. Mais tout cela n’avait aucune importance pour l’instant. Ember venait de se moquer de moi et de me mettre face à un défi… Bien sûr, cela n’était peut-être pas son intention, et elle voulait juste se foutre de moi, mais j’étais certaine que je passais à côté de quelque chose. Le fait qu’elle connaisse si bien les pratiques et les visiteurs de l’établissement en face n’indiquait rien qui vaille. Maintenant que j’y faisais attention, je pouvais ressentir le nombre de glamours qui entourait ce bâtiment. Celui-ci était immense, et il fallait une puissance déjà conséquente pour pouvoir recouvrir entièrement ce lieu. Des sorts de répulsion pour éloigner les poneys normaux, d’autres pour bloquer le son et les odeurs. Avec toutes ces couvertures, mon odorat était totalement empesté.
« Qu’est-ce que tu vas encore faire ? » Interrogea Chicha en soupirant.
« Ember semble connaître cet endroit, alors je pense que c’est une bonne idée d’y jeter un coup d’oeil.
-Pourquoi ? Elle a seulement dit ça pour t’énerver, tu ne vas quand même pas faire ce qu’elle te demande !?
-Et pourquoi pas ? Tu as peur que j’entre là-dedans ? Tu crois que je vais trouver d’autres créatures encore pires qu’Ember ?!
-Exactement ! » grogna-t-il énervé. Il venait de changer de comportement si rapidement que je fis un pas en arrière pour me mettre sur la défensive. « Bien sûr que c’est ce que tu trouveras ! Tu as bien senti tous ces glamours qui couvrent l’entrée. » Il me jetait un regard sombre, et même s’il était sous sa forme de pégase, je pouvais sentir l’énergie qui courrait sous son déguisement.
« Je suis Marshall, Chicha, j’ai parfaitement le droit de faire une inspection ici !
-Et qu’est-ce que tu veux trouver ? Un nouveau prétexte pour te sentir mieux que nous ?! » Cracha-t-il en frappant du sabot.
« Qu’est-ce que tu racontes ?
-Ne fais pas comme si tu ne comprenais pas, c’est encore plus insultant ! » Voyant que je ne réagissais toujours pas, il soupira en secouant la tête avant de me répondre : « Tu es une succube Cadance, une créature qui se nourrit du désir de ses victimes, tu peux causer leur mort si tu ne fais pas attention. Pourtant, aussi dangereuse que tu sois, tu crois encore que tu es la plus inoffensive de toutes !
-Moi j’ai décidé d’utiliser mes pouvoirs pour défendre Equestria, pour empêcher d’autres de faire pire !
-MAIS C’EST LEUR NATURE ! » Hurla-t-il en se rapprochant de moi. Je me préparais alors à agir à la moindre seconde. « Je ne veux pas excuser tous les monstres qui envahissent Equestria, mais il y en a qui ne peuvent faire autrement, tu le sais bien ! Tu détestes Chrysalis et cherches toujours à la montrer comme le pire des monstres, pourtant, elle ne fait rien contre toi !
-Tu plaisantes j’espère !? Elle se sert de moi !
-Et tu te sers de moi pour te nourrir ! Je ne te déteste pas pour autant parce que je connais ta vraie nature !
-Oh arrête, tu sais que certains pourraient tuer pour coucher avec moi et goûter à l’Ardeur !
-Et à cause de toi, j’en suis devenu accro ! »
L’Ardeur était un autre nom que je donnais à mon pouvoir. Celui-ci pouvait être ressenti par mes victimes et si je faisais en sorte de ne pas les tuer, cela créait une dépendance chez eux. Le plaisir à l’état brut était uniquement possible avec une succube et arrivait à leur faire ressentir le sexe traditionnel comme quelque chose de fade.
« Peut-être, mais je ne te fais aucun mal ! Et je suis sûre qu’il y a un moyen de te sevrer. Ce qu’il y a à l’intérieur de ce bordel, c’est certainement plus dangereux que moi ! »
Chicha baissa alors la tête pour se calmer. Je le savais, car je pouvais sentir la magie qui circulait en lui diminuer peu à peu. Il releva alors son regard sur moi avant de secouer la tête, l’air las.
« Fais comme tu veux Marshall. Je t’ai conduit à Ember, je n’ai plus rien à faire ici. Quand tu auras terminé de jouer avec ton insigne, n’oublie pas de retourner chez toi, Chrysalis t’attend. » Puis, sans rien ajouter de plus, il me contourna avant de s’en aller.
« Hey, j’en ai rien à foutre de Chrysalis ! » Mais il ne chercha même pas à me répondre. « Dis-lui qu’elle n’a pas d’ordre à me donner !... Et puis j’en ai marre de vous ! Vous squattez chez moi alors qu’elle aurait pu aller n’importe où ! » Après avoir hurlé une ou deux autres insultes à l’intention de Chrysalis, je me retournai sur la maison close qui était ma prochaine destination. Aucun poney normal n’était capable de franchir ces barrières, celles-ci leur auraient simplement donné l’idée d’aller voir ailleurs. Mais parmi tous ces glamours, j’arrivais à en sentir d’autres qui étaient justement là pour attirer d’autres personnes ici. Rien qu’avec ça, j’avais de quoi intervenir légalement en tant que Marshall pour faire fermer cet établissement. « L’after life » voilà le nom de ce bordel qui était dessiné grâce à des néons sur la façade. Il fallait être un poney sacrément tordu pour vouloir entrer là-dedans.
Bien sûr, moi j’y allais pour une affaire professionnelle, ce qui excluait totalement la cause de la folie. Je montais les quelques marches du perron avant de frapper à la porte. J’hésitais tout de même un instant, après tout, Chicha avait dit que j’y trouverais des créatures bien pires qu’Ember. Tout ce que je devais réussir à faire, c’était garder mon calme, mais sans cet idiot de changelin qui était parti se cacher dans les jupes de sa mère, je risquais à tout moment de perdre mon sang froid. La porte s’ouvrit alors brusquement pour faire apparaître une batpony qui me présenta un large sourire avant de s’écarter du passage.
Les batponies faisaient partie des rares créatures à être reconnues à Equestria. La raison venait du fait qu’ils partageaient leurs origines avec les deux mondes, et il fallait remercier Luna pour les avoir introduits ici. Bien entendu, ces derniers devaient tout de même se faire relativement discrets, que ce soit sur leur nature, mais aussi leurs activités. L’immortalité, la force, et les sens aiguisés ça pouvait être chouette, mais le fait de se nourrir de sang tous les soirs l’était beaucoup moins. Il n’y avait aucun crime du genre à Canterlot, j’y veillais personnellement. Une marque de morsure sur une victime était facilement repérable, et vu qu’ils n’avaient que la nuit pour se déplacer librement, il leur était compliqué de cacher un corps. Les hôpitaux de Canterlot étaient donc leur principale source pour se nourrir et cela avait déjà rendu riche plus d’un médecin.
« Bienfenue Marshfall Mi amorrre. » Me souhaita la batpony en faisant un signe du sabot pour que je la suive à l’intérieur.
À son allure et à sa manière de parler, je pouvais facilement déduire que cette jument était très jeune en tant que batpony, ce qui expliquait pourquoi elle adorait à ce point sourire. Les nouveau-nés adoraient montrer leurs crocs à n’importe quelle personne qu’ils rencontraient.
« Hmm oui, bonsoir. Pourrais-je parler à la directrice de l’établissement ?
-Bien fûr, f’est à quel fuguet ?
-Pardon ? Je n’ai rien compris, excusez-moi, vous pourriez répéter ? »
La batpony à la robe sombre coucha alors les oreilles en baissant la tête et en se cachant derrière sa longue crinière grise, certainement incroyablement gênée par ce que je venais de lui dire. C’était plus fort que moi, après tout, ces poneys avaient décidé d’abandonner leur ancienne vie pour devenir des batponies en pensant que c’était la solution de facilité. Parfois, certains allaient jusqu’à abandonner leur femme et leurs enfants. Il ne fallait donc pas compter sur moi pour me montrer compatissante envers eux, je sautais sur n’importe quelle occasion pour leur rappeler que ce nouveau choix de vie n’était pas le meilleur.
« J-je fais fous l’amener. » Puis, en l’espace d’une seconde, je la vis quitter sa première position pour foncer à une vitesse surnaturelle jusqu’à l’escalier qui était en bout de couloir, et monter les marches quatre à quatre. Si je n’avais pas été attentive, je ne l’aurais certainement pas vue. Ça encore, c’était une preuve que c’était une jeune batpony qui adorait faire la démonstration de ses pouvoirs à chaque instant. Moi, je détestais ça.
Je ne pouvais voir qu’un long couloir avec plusieurs portes qui devaient sans doute mener vers des chambres privées. J’avais déjà vu plusieurs bordels, je savais comment l’organisation était faite dans ce genre d’endroit. Il y avait aussi une grande ouverture sur la gauche d’où provenaient plusieurs éclats de voix. On aurait dit qu’il y avait un bar là-bas… ou alors c’était une orgie très mal camouflée. Je n’eus finalement pas à attendre longtemps que la jeune batpony réapparaisse brusquement derrière son comptoir.
« Elle arrif’ tout de fuite. » M’informa-t-elle avant de reporter son regard vers ses fiches en gardant un large sourire. Je roulais des yeux en me contentant de me taire. J’aurais bien voulu lui dire d’arrêter de faire sa maligne devant moi, mais je n’allais pas déjà me faire une nouvelle ennemie alors que je découvrais cet endroit.
Heureusement, la propriétaire de ces lieux apparut en haut des marches de l’escalier. Sans surprise, je me retrouvais avec une autre batpony. Elle avait une robe grise caractéristique des poneys nocturnes, accompagnée d’une crinière bordeaux qui soulignait la couleur de ses yeux du même rouge. Je ne pouvais pas le nier, mais elle avait une certaine grâce dans ces mouvements, qui se lisait jusque dans l’assurance de son regard. Chacun de ses déplacements étaient calculés pour faire rouler au maximum l’ensemble de ses muscles, donnant même l’impression qu’elle en possédait plus que la moyenne. Je me tendis légèrement, je pouvais sentir le poids des années alors qu’elle était à l’autre bout du couloir. Plus un batpony était ancien, et plus il était puissant. Je pouvais déjà estimer son âge à plus d’un demi-millénaire. C’était une sensation électrique qui était passablement désagréable, cette pression envahissait l’air, me donnant des difficultés pour respirer, exactement comme avec Ember. Il n’y avait que des poneys sans la moindre perception magique pour ne pas être affectés par la simple présence de cette jument. Mon regard s’attarda un moment sur le large collier qu’elle avait autour du cou. Un ornement doré digne de celui de la princesse Celestia, avec une gemme rouge incrustée en son centre. Il m’intriguait légèrement principalement à cause de sa ressemblance avec celui de la princesse, mais aussi parce qu’il avait réussi à attirer mon regard, et quand je voyais le mal qu’elle se donnait pour se déplacer avec autant d’élégance, il y avait forcément quelque chose qui clochait.
« Enfin je vous rencontre, Marshall, vous ne pouvez pas savoir comme je suis heureuse de vous voir. » Me dit-elle d’une voix tellement douce et profonde. Sa voix n’avait rien de naturel non plus, cela ne m’étonnait pas en même temps, elle résonnait comme un écho dans mon crâne. « Enchanté, je suis Catherine Fontaine, la gérante de ce bel établissement. Luna m’a beaucoup parlé de vous.
-Luna… » Répétais-je en me demandant dans quel bourbier je venais encore de me fourrer. Si Luna lui avait parlé de moi, Catherine en savait plus sur moi que je n’en savais sur elle, je détestais quand elle faisait ça.
« Oui, elle essaye toujours de venir une fois entre deux mois.
-Ah bon… » Chicha avait raison, Ember s’était moqué de moi, et voulait juste que je me ridiculise. Je me préparai alors à partir d’ici rapidement en m’excusant du dérangement, mais la batpony sembla le percevoir et m’interrogea aussitôt.
« Mais voyons, ne restez pas là, venez, je vais vous trouver une chambre. Vous préférez les étalons, les juments ? » Elle m’attrapa le sabot et me tira à sa suite. Sous ses allures de gentille batpony, je voyais bien qu’elle ne cherchait qu’à cacher sa véritable personnalité.
« Calmez-vous Catherine ! » Fis-je sèchement en libérant mon sabot. La jument s’arrêta alors et je crus déceler dans son regard, l’apparence de quelqu’un de bien plus dangereux que la douce jument que j’avais en face de moi.
« Je vous en prie, appelez-moi Cat. » Me dit-elle de sa voix suave.
« Écoutez… Cat. Je suis venue ici en tant que Marshall, non en tant que… que…
-Succube ?
-Exact… » Répondis-je amèrement. En effet, même si c’était bel et bien ce que j’étais, je n’aimais pas vraiment me qualifier moi-même comme tel. « Je viens faire une inspection, en tant que Marshall, j’ai le droit et le devoir de garder un oeil sur les activités des créatures surnaturelles de Canterlot. »
La batpony me jugea quelques secondes, sa bonne humeur semblait avoir disparu subitement, mais l’instant d’après, elle revint à la charge quand elle me décocha un large sourire tout en faisant un geste ample du sabot.
« Mais bien sûr Marshall Mi amore. Après tout, c’est vers vous que nous nous tournons quand nous avons un problème. » Me dit-elle sur un ton que je n’arrivais pas à déchiffrer. « Cependant, j’ai un rendez-vous qui m’attend à mon bureau, je vous invite donc à patienter quelques minutes au bar en jusqu'à mon retour.
-Je peux faire ça seule.
-Certainement pas ! » Éructa-t-elle en laissant à nouveau son pouvoir se décharger de son corps, emplissant le couloir et me bloquant la respiration. « Je veux dire… Vous savez le genre d’établissement que je tiens, je ne peux tout de même pas vous laisser ouvrir toutes les portes sans que je ne sois là pour rassurer mes chers clients. » Sa voix douce était déjà revenue. Catherine devait avoir l’habitude que tout marche dans son sens, ce qui expliquerait son comportement si changeant à la moindre contradiction de ma part.
« Très bien, mais ne trainez pas. » Il valait mieux éviter de la provoquer davantage. Sur son territoire et sans la moindre information sur elle, c’était suicidaire de se la mettre à dos.
« Ne vous inquiétez pas Marshall, j’ai hâte de vous faire la visite. N’hésitez pas à commander à boire, c’est pour la maison. »
Catherine se détourna alors de moi et reprit sa démarche si particulière pour remonter les escaliers. L’autre batpony qui était derrière son comptoir, apparut alors juste devant moi et me fit un rapide geste du sabot.
« Feuillez me Fuivre Marfall. » Me dit-elle avant de me guider vers le bar qui était juste sur la gauche du couloir. Visiblement, on ne voulait pas que je me perde. Elle écarta un long rideau qui bloquait la visibilité, mais certainement pas le bruit et les odeurs. J’avais presque peur de voir ce qui se trouvait dans ce bar. « Paffez une bonne foirée. » Me souhaita-t-elle en me laissant entrer.
« Merfi. » Répondis-je avant de passer le rideau sans me retourner sur la jeune batpony.
Et comme je m’y attendais, ce bar n’avait rien à envier à celui de Chrysalis. Le Green Cocoon, lui, avait peut-être juste un peu plus de changelin. Là bien sûr, la majorité était pour les batponies. Je pouvais en compter une vingtaine assise aux tables en train de boire. En une inspection rapide, je pouvais voir qu’il y avait une lycanthrope qui avait l’air accompagnée d’un dragon, un groupe d’anges qui comme à leur habitude, restait immobile à se fixer sans rien dire, il y avait aussi une sirène bleue qui semblait observer avec envie un étalon qui était en train de se préparer sur une petite estrade, qui était dans le fond du bar. Bien entendu, celle-ci n’avait pas le droit de chanter, et cela devait plus être par jalousie qu’elle regardait ce poney qui avait l’air tout à fait banal.
Ce n’était pas rare que des poneys tout à fait normaux se retrouvent dans ce genre d’endroit. L’autre monde n’était pas toujours le plus discret, et il arrivait qu’il change la vie de poneys croyant avoir une existence tout à fait normale jusqu’à ce jour. Certains rejoignaient les groupes extrémistes comme les éclairés, d’autres encore tentaient d’ignorer cet autre monde et de poursuivre leur vie comme avant, et il y en avait qui désiraient le découvrir, le comprendre, et parfois même, le rejoindre. Les batponies en étaient un très bon exemple, mais il y avait encore bien d’autres créatures qui autrefois, étaient des poneys tout à fait normaux.
Je me dirigeai calmement vers le bar, tentant de garder un oeil sur tous ceux qui me fixaient avec un peu plus d’intensité que les autres. Je ne doutais pas d'être connue ici, comme beaucoup d’endroits principalement occupés par les créatures de l’autre monde.
Une fois installée, je me tournai sur la chaise de sorte à me retrouver dos contre le comptoir, ainsi, je me sentais plus en sécurité en gardant le danger bien en face de moi. Je sentis alors un mouvement qui devait provenir de la serveuse batpony qui était de l’autre côté du bar.
« Un gin tonic s’il vous plaît.
-Désolée, nous n’en avons pas.
-De quoi ?! » Lâchais-je en me retournant sur elle. « Un bar qui ne sert même pas du gin tonic, pour qui vous vous prenez ?!
-On sert principalement des non-poneys ici Marshall, mais nous servons aussi de la fée verte ainsi que du cheval noir.
-Qu’est-ce que c’est encore que ces noms de codes ? » J’entendis alors une jument assise au comptoir se mettre à rire. Je la fusillai du regard, ne comptant pas laisser quelqu’un se moquer de moi, mais tout ce que je vis, ce fut une licorne blanche à la crinière bleue électrique et aux yeux rouges.
« La fée verte, c’est de l’absinthe, le cheval noir, ça, c’est du vin. Je vous conseille pas de goûter le vin, on a l’impression qu’ils y ont foutu du vrai sang. » M’informa-t-elle en levant son verre qui contenait un liquide rouge, presque noir.
« Une fée verte s’il vous plaît. » Demandais-je à la batpony avant de reporter mon regard sur la licorne. « Excusez-moi, mais vous êtes quoi au juste ? » Cette dernière me décocha un nouveau sourire avant de se pencher un peu plus sur moi, pour que je puisse l’entendre à travers le brouhaha de la pièce.
« Une musicienne, DJ pour être précise. Pourquoi, ça t’intéresse ? »
Je reculais légèrement en interprétant ce qu’elle venait de dire pour du rentre-dedans.
« Attends, t’es juste une licorne ?
-Ouais pourquoi, tu préfères les mordeurs ?
-Non non, c’est juste… Je pensais que la remarque sur le vin… et la couleur de tes yeux…
-Quoi ? T’as déjà vu des batponies sans crocs, toi ?
-Non, mais je pensais que t’utilisais un glamour, ou alors que t’étais une bestiole que j’avais encore jamais vue. » Expliquais-je en collant un sabot sur mon front et en prenant une rapide gorgée du verre qu’on venait de me servir.
« Ouah, calme-toi, je rigole. Tu sais, ici, j’ai plus l’habitude d’être une friandise pour les mordeurs. »
J’eus un léger rire à sa remarque, il était rare de voir un poney normal se moquer de la sorte de cette situation.
« Au fait, je m’appelle Vinyl, mes yeux n’ont rien de spéciaux, je suis réellement une licorne, et le vin est véritablement infect. » Dit-elle en repoussant son verre. « Et toi ? » Elle se pencha à nouveau sur moi pour un peu plus d’intimité. Habituellement, je lui aurais demandé de s’éloigner, mais trouver quelqu’un de normal dans un endroit pareil suffisait à me dire que c’était mieux de la garder à ses côtés. Au moins, je n’avais pas à faire attention à ses crocs.
« Mi amore Cadenza, mais tu peux m’appeler Cadance. Je suis Marshall, c’est moi qui m’occupe de surveiller tous ces phénomènes pour qu’ils restent bien dans leur coin.
-Marshall ? Jamais entendu parlé, faut dire que je suis là juste à cause de mon amie, c’est elle qui est le phénomène. Moi j’y connais rien à tous ces trucs. »
Je fronçais légèrement les sourcils.
« Écoute Vinyl, je ne connais pas ton amie, mais je te conseille d’éviter de la suivre dans ce genre d’endroit. Si elle fait partie de ces créatures, alors elle n’aura de cesse de t’entrainer dans ces galères à chaque soir. » Lui dis-je par expérience.
« Hey, trouve-toi une autre soudre de sang, celle-là, c’est la mienne ! » S’exclama une jument derrière moi, je me retournais brusquement, la corne déjà en train de briller.
Je m’appuyais alors un peu plus sur le comptoir pour retenir mon élan quand je vis à qui j’avais affaire. Une batpony à la robe grise et à la crinière noire. Elle n’avait rien de très distinctif, si ce n’était ses yeux améthystes ainsi que son noeud de la même couleur.
« Opera ? » Demandais-je en penchant la tête sur le côté.
« M-marshall Mi amore ? » Répondit-elle en écarquillant les yeux qui ressemblaient à ceux d’un chat sur le point d’attaquer. « Excusez-moi, j-je ne vous ai pas reconnu avec cette couleur dans votre crinière. »
Je pinçais légèrement les lèvres en hochant la tête, c’était vrai que j’avais rencontré Opera quand j’étais encore avec Shining.
« Sinon, vous m’expliquez ce qui se passe ? » Demanda la licorne blanche en finissant son verre d’une traite.
« Vinyl arrête de boire ce vin, je t’ai déjà dit qu’il ne servait qu’à donner du goût au sang de celui qui le buvait. Et je me doute que comme d’habitude, c’est toi qui t’es amusée à draguer la première personne que tu as croisée au bar.
-Ce n’est peut-être pas le meilleur endroit pour elle. » Signalais-je en espérant qu’elle suive mon conseil.
« Oh, mais ne pensez pas que c’est moi qui l’entraine ici, c’est elle qui insiste pour venir avec moi. Vous ne pensez tout de même pas que je serai du genre à imposer ça à mes amies ?
-Ouah… juste amie ? Et dire que je pensais qu’ici on aurait pu se comporter ‘normalement’. » Dit-elle en roulant des yeux. « Et d’où vous vous connaissez ? »
Je reportais alors mon regard sur la batpony qui gardait la bouche entrouverte. Elle semblait avoir du mal à trouver ses mots, et c’était bien normal après tout. En général, les batponies détestaient parler de leur transformation, c’est pourquoi je pris la parole.
« J’ai aidé Opera à tuer son censeur.
-Et c’est quoi ça ? Je vois mal Octavia tuer quelqu’un juste au passage. »
Je me doutais que la batpony était en train de ressasser intérieurement son passé. C’était quelque chose de douloureux pour la plupart, et Opera avait vécu l’enfer le jour de sa transformation. Il était normal qu’elle n’en ait jamais parlé à sa compagne, et si elle me laissait lui raconter ça, c’était avant tout parce qu’elle ne se sentirait jamais capable de le faire elle-même, mais aussi parce que j’allais passer beaucoup de détails sous silence, étant donné que je ne connaissais pas l’histoire complète.
« Un censeur est un batpony qui en a créé un autre. Il devient son chef et peut lui donner des ordres. Le code des batponies exige que le censeur aide le nouveau-né à maîtriser ses pouvoirs, à se nourrir sans tuer, à passer inaperçu. Bien sûr, il y a aussi un règlement Equestrien qui s’applique secrètement aux batponies. La règle principale est de ne pas transformer les poneys sans leur consentement.
-Et donc c’est pour ça que vous l’avez tué ? » Me demanda Vinyl.
« Exact. J’ai rencontré Opera grâce à un ami et je l’ai amené vers une personne qui pouvait l’aider à se faire à sa nouvelle condition. Pendant ce temps, je suis allé chercher ce censeur.
-ça n’a pas dû être facile ?
-Oh ça n’était… » Je me tus en comprenant que Vinyl s’adressait à sa compagne qui restait toujours le regard baissé.
« Non Vinyl… C’est pour ça que je refuse que tu subisses la transformation. Je déteste te voir ici dans ce bar, te voir m’agacer en draguant les autres clients, à boire ce vin ignoble juste pour m’exciter avec l’odeur de ton sang. Ce n’est pas un jeu pour moi Vinyl, c’est ma vie, et c’est dangereux.
-Excuse-moi de vouloir faire des choses avec toi. Tu crois que c’est facile de se mettre au rythme d’une batpony ? J’ai l’impression de rien connaître sur toi, à part que tu viens ici pour jouer de la musique.
-Oh arrête, ne fais pas comme si vivre de nuit te changeait beaucoup. Et puis, tu n’es pas obligée de venir avec moi.
-Et qu’est-ce que je devrais faire selon toi, te croiser en début de soirée quand tu sors de ta chambre, et une autre fois le matin juste avant que tu n’y retournes pour te coucher ?
-Tu détournes le problème ! Tu cherches juste un prétexte pour me convaincre de te transformer !
-Il n’y a que comme ça qu’on pourra être ensemble !
-Tu m’énerves ! » Lâcha-t-elle à voix haute ce qui réussit à attirer l’attention de plusieurs autres batponies dans la pièce. « Je ne supporte plus d’avoir ce genre de discussion avec toi, je dois me préparer pour entrer sur scène, tâche de ne pas t’attirer d’ennuis. »
Opera m’adressa alors un rapide coup d’oeil, cela pouvait signifier plein de choses, mais j’en déduisis qu’elle me demandait de surveiller Vinyl. Je n’aurais pas accepté ça pour n’importe qui, mais la jument avait été l’une de mes premières affaires sur les batponies et m’avait beaucoup aidé à les comprendre par la suite.
J'acquiesçais rapidement avant de me retourner sur le bar, prenant l’air de rien en vidant mon verre à moitié.
« Je la supporte plus. Elle m’énerve à toujours vouloir me mettre à l’écart. C’est pas une vie de couple ça ! » S’énerva la licorne.
« Tu sais, ce n’est pas vraiment facile pour elle.
-Pourquoi ? Parce qu’elle vit uniquement la nuit, qu’elle rencontre des créatures incroyables chaque soir, qu’elle a des supers pouvoirs qui lui permettent de jouer encore mieux de son instrument ? J’imagine que ça ne doit vraiment pas être facile.
-Ouais, ne jamais revoir un lever de soleil, vivre un danger permanent avec des monstres imprévisibles, une force qu’elle doit en permanence contrôler pour éviter de broyer les côtes de sa compagne… la vie que je souhaite à n’importe qui.
-Elle aurait moins de problèmes si elle me transformait.
-Elle n’est pas assez puissante pour se permettre de changer quelqu’un. Elle a beaucoup de self-control, ça l’empêche de se comporter comme beaucoup de jeunes batponies, mais elle serait incapable d’en contrôler un. Sans le moindre censeur pour le protéger, ou au minimum lui donner des ordres, ça n’en ferait qu’une bête insensible qui ne ferait qu’un carnage avant qu’on ne l’arrête. » Je lui adressai alors un regard froid, lui faisant indirectement comprendre que c’était à moi qu’elle aurait affaire, si elle en arrivait là.
« Et donc elle préfère attendre que je meurs plutôt que de prendre le risque de me voir vivre avec elle ?
-Fais-moi confiance, devenir batpony, c’est loin de ce qu’on appelle vivre une vie. Opera était abusée régulièrement par son censeur, mais comme elle était sa descendance, elle ne pouvait lui désobéir. Elle a eu énormément de chance qu’on découvre qu’elle avait été transformée contre son gré, sinon, son calvaire n’aurait fait que se poursuivre indéfiniment.
-Je sais qu’elle ne me ferait pas le moindre mal. Il y a forcément un moyen pour que je la rejoigne. » Maugréa la licorne en terminant son verre. Ce que je fis par la même occasion avant de me retourner sur la petite scène.
Je ne voulais plus poursuivre cette discussion, cette jument était comme tant d’autres, incapable de voir l’importance et l’horreur que cette transformation représentait. Si Opera la changeait, il y avait de grandes chances pour qu’elle ne devienne qu’une bête incontrôlable qu’il faudrait aussitôt supprimer. La batpony musicienne ne voudrait certainement pas en arriver là. Bien sûr, il y avait d’autres solutions, comme simplement demander à un autre plus ancien de faire la transformation, mais bien sûr, il y aurait toujours ce batpony entre elles deux. Mais ce n’était pas aussi dramatique après tout, vivre avec l’être aimé jusqu’à la fin des temps, cela valait bien tous les inconvénients d'en être un… sauf si vous n’étiez pas avec la bonne personne. C’était peut-être bien la seule raison qui l’empêchait de déjà la transformer. Car oui, devoir vivre une éternité avec une personne qu’on ne supporte plus, mais qui nous fait culpabiliser de l’avoir transformé, c’était l’une des pires choses qui pouvait arriver à un batpony.
J’arrêtai de penser à cette histoire qui finissait généralement par tourner en rond quand cela concernait des juments dans son genre, pour me concentrer à ce qui se passait sur scène. Le poney qui était en train de se préparer depuis mon arrivée dans ce bar avait l’air d’en avoir enfin terminé. Il était pourtant seul sur la scène avec son violon et une étrange malle qui était dressée sur le côté. Il prit alors une profonde inspiration et posa l’archet sur les cordes de son instrument et commença sa musique. À l’instant où la première note retentit dans toute la pièce, un bruit sec suivi. Celui-ci provenait de la malle, comme si quelqu’un était à l’intérieur en train de frapper. Le musicien poursuivit sans y faire attention alors qu’à chaque fois qu’il accélérait, les coups de sabots en faisaient de même, jusqu’à ce que la malle s’ouvre brusquement pour se vider de son contenu. C’était une jument, d’où je me trouvais, je n’arrivais pas vraiment à la voir, mais on aurait dit qu’elle était inconsciente, étalée à terre. La musique ralentit alors, accentuant par moment les sons aigus, ce qui fit alors ouvrir les yeux de la jument qui regarda avec grande surprise le public en se relevant avec une étrange souplesse. Elle avait une robe entièrement noire, tout comme sa crinière, cependant, elle semblait recouverte de peinture blanche qui reprenait les motifs de son squelette, du sabot jusqu’à la tête. Déguisée de la sorte, elle avait une allure vraiment lugubre accentuée par ses yeux or complètement écarquillés. Elle ne semblait pas à l’aise, pourtant, elle arrivait tout de même à faire bouger son corps au rythme de la musique, se relevant en faisant mouvoir ses pattes. Elle se mit ensuite à tourner sur elle même le long de la scène, articulant chacun de ses membres sur les sons de l’instrument. Sa danse semblait anarchique, et pourtant rythmée parfaitement en accord avec le musicien, elle tournait, se contorsionnait, sautait, roulait. Elle semblait capable de mouvement impossible avec des membres équins normaux, cela dit, par moment, j’avais plus l’impression de voir un cadavre se mouvoir.
Ses mouvements de sabot, son regard qui semblait observer la foule sans pourtant les voir, ses peintures, rien n’indiquait que c’était une jument normale, pas comme son musicien en qui je ne percevais pas la moindre émanation magique ou surnaturelle. Je ne ressentais rien avec cette jument non plus, pourtant, j’étais certaine qu’elle cachait quelque chose. Et en effet, lorsque vint la fin de la musique, deux batponies montèrent sur scène pour coucher la malle, tandis que la jument continuait de danser en passant les sabots à l’intérieur de celle-ci. Lorsque la dernière note se tue, elle s’effondra lourdement à l’intérieur de la malle avant qu’une batpony ne la referme aussitôt. Cela entraina plusieurs applaudissements, tandis que d’autres se levèrent de leur table. Ces derniers ne semblaient pas si contents de la fin du spectacle et se mirent à avancer vers la scène en repoussant ceux qui continuaient d’applaudir.
Je me levai alors rapidement de mon tabouret pour aller voir la raison de cette hostilité, mais une batpony que j’avais déjà vue semblait avoir la situation bien en sabot.
« Reculez bande de sauvages ! » Éructa Opera en mettant bien en évidence ses crocs face aux autres batponies qui lui sifflaient dessus. Ils ne la visaient peut-être pas au départ, mais à partir du moment où elle se trouvait entre eux et le musicien, elle devenait un obstacle. « C’est un invité, si vous lui faites le moindre mal, Catherine vous le fera payer au centuple !
-On s’en fout du musicien, tout ce qu’on veut, c’est la goule ! Elle ne risque pas d’avoir mal. »
Aie, une guerre de clan. Les batponies n’avaient jamais vraiment apprécié leur camarade non mort. Pourtant, ils n’étaient pas si différents. Cela devait certainement remonter à des conflits datant d’une époque tellement lointaine que les deux soeurs ne devaient même pas s’en souvenir. J’imaginais que le flair des batponies était meilleur que le mien, car je ne reconnaissais pas l’odeur magique caractéristique d’une goule sur cette jument.
« Arrêtez, ce n’est pas une goule, je vous l’assure ! » S’exclama le musicien en se mettant au côté d’Opera. C’était une très mauvaise idée que de se rapprocher d’un groupe de batponies en colère et il allait très vite le comprendre. Malheureusement pour moi, même si je connaissais les consignes de sécurité, je ne pouvais pas laisser un pauvre type se faire tuer sans rien faire.
« Bonsoir à tous, je me présente, Marshall Mi amore pour le secteur de Canterlot… » Tous les regards se tournèrent vers moi tandis que je leur adressais un léger sourire en présentant mon insigne qui était cachée sous mon aile. Règle numéro un des Marshalls, toujours avoir son insigne sur soi. « Voilà, je suis très contente de vous rencontrer, mais maintenant il faut se rasseoir sur sa chaise, les prochains musiciens ont besoin de place. » Je m’attendais à un refus général, mais étrangement, tous obéirent, non sans grommeler plusieurs insultes à mon égard que j'accueillis avec le sourire.
« Vous ne devriez pas profiter ainsi de votre statut. » Me signala Opera en m’écartant un peu de la foule pour me faire monter sur la petite scène.
« Je n’ai pas souvent l’occasion de calmer les foules avec mon boulot de Marshall, je ne pensais même pas que ça marcherait.
-Je ne parle pas de ça. » Me répondit-elle sèchement. « Vous êtes l’invité de Catherine, personne ne serait assez fou pour venir vous défier maintenant. Sans compter que plusieurs changelins présents ici auraient été prêts à vous défendre vu que vous êtes la servante de la reine Chrysalis.
-J’y crois pas, tout le monde est déjà au courant ici ? » M’énervais-je. J’avais tendance à croire que j’étais la dernière au courant dans toute cette histoire.
« Merci d’avoir défendu Eve. Ce n’est pas une goule, mais son état est dur à expliquer… même avec des non-morts. » Dit le musicien.
« N’utilisez pas ce mot Sound Machinist, beaucoup de monde peut vous entendre et ils détestent cette appellation ! » Rétorqua la batpony.
« Hmm oui, excusez-moi. Je pense qu'Eve et moi n’allons plus trop trainer.
-Entendu, c’est regrettable que nous n’ayons pas eu le temps de discuter davantage. Allez voir au bar, votre escorte vous rejoindra là-bas pour éviter qu’il vous arrive une mésaventure sur le chemin du retour. »
Sound Machinist étant partie, la jument grise se retourna sur moi.
« Tout le monde est au courant de ce qui se passe à Canterlot. Peu importe les efforts que vous faites pour le cacher, il y aura toujours moyen de savoir qui vous êtes. »
Sur ces mots, Opera m’invita à descendre de l’estrade, c’était à son tour de jouer et il fallait dire que je ne manquais pas de me faire remarquer. Ça devait être à cause de mon pelage. Une alicorne rose dans un lieu pareil, ça avait de quoi faire tache. Je retournai ses mots dans ma tête, il était vrai que quasi rien ne pouvait rester discret dans cette ville, même si je n’étais pas forcément la plus au courant de ce qui se passait. Mon métier ne m’obligeait pas à surveiller vingt-quatre heures sur vingt-quatre les faits et gestes de toutes les créatures surnaturelles. Et après tout, si j’étais venue ici, c’était justement pour faire un petit checkup, et certainement pas parce qu’Ember m’en avait donné l’idée.
Une fois descendue, je fis un rapide tour des environs. Je n’avais pas envie de retourner au bar auprès de cette licorne qui allait encore retourner son problème dans tous les sens pour en venir à la seule conclusion logique qui était de rejoindre son amie dans l’éternité. J’étais incapable de faire entendre raison à ce genre de personne.
Quelque chose attira mon regard vers une autre pièce qui se situait juste à côté du bar. Plusieurs tables drapées et serties de couverts. Une salle de restauration tout au plus, mais ce qui m'interpela, ce fut les deux juments assises à une table, ou du moins, le nombre de pattes de l’une d’entre elles et le manque total de membres postérieurs venant de l’autre. Une lamia et une arachnnée. Je sentis un frisson me parcourir en voyant toutes les pattes de cette dernière se mettre à se mouvoir pour se tourner vers moi.
« Oh, regarde Zoé, c’est le Marshall de Canterlot. Tu crois qu’elle vient se joindre à notre table ? » Demanda l’hybride. Les arachnnées étaient l’une des races qui arrivait toujours à me donner des frissons dans le dos à chaque fois. Huit pattes immenses accompagnées d’un abdomen démesuré, et surmonté d’un torse ainsi que des pattes et une tête de poney. Je craignais à chaque fois qu’elles soient au courant des araignées que j’avais tuées chez moi.
« Oh non Anakiel, Le Marshall n’aime peut-être pas le goût des breezies. » Répondit la dénommée Zoé en faisant onduler son corps de serpent tandis qu’elle passait son sabot dans un bol pour en sortir un breezies qui s’agitait dans tous les sens.
Je baissais les yeux pour ne pas regarder ça. Les breezies étaient des petites pestes qui n’apportaient que la malchance à tous ceux qui s’approchaient trop d’eux. Quarante ou cinquante individus en moins n’étaient qu’un bon moyen pour rendre la ville plus tranquille. J’avais déjà goûté ce genre « d’aliment » et je devais admettre que c’était loin d’être mauvais, mais je n’aimais pas la manière dont ces deux hybrides savouraient autant le goût que le fait de faire souffrir inutilement ces créatures. Après tout, on était tous le repas de quelqu’un d’autre, le minimum était de traiter sa nourriture avec respect.
« Oh la pauvre, on dirait qu’elle n’aime pas la vue du sang. »
Je me retins de lui répondre, me contentant de la fusiller du regard alors que du sang coulait encore de sa bouche. J’étais sur le point de foncer sur elle pour tenter une action encore plus idiote que de simplement lui dire de me foutre la paix, mais une batpony apparut juste devant moi avec un large sourire.
« Marshall, j’espère que je ne vous ai pas fait trop attendre. Personne ne vous a importuné, j’espère ? » Elle se retourna et adressa un regard étrange aux deux hybrides qui se sentirent aussitôt concernés.
« On lui a juste proposé de se joindre à nous pour notre repas. » Répondit Zoé avec un large sourire.
« Essuyez votre bouche, langue de vipère ! » Tonna Catherine, ce qui fit légèrement sursauter la lamia et son amie. Cela ne les empêcha pas pour autant de se mettre à glousser avant de poursuivre leur repas.
« Certains de nos bénéficiaires ont beau avoir la langue fourchue, ils ne mordent pas. Les bagarres sont interdites de plus, à la moindre goutte de sang ou d’un autre fluide vital, les perturbateurs sont aussitôt expulsés dans la plus grande discrétion pour éviter d’attirer les regards curieux des habitants normaux de la capitale. » Elle se mit en marche en m’invitant à la suivre. Nous retournâmes bien vite dans le couloir où elle m'indiqua la suite de notre chemin par l’escalier.
« J’imagine que vous êtes là pour faire une inspection, et voir si tout est en règle par rapport aux lois instaurées sur les commerces des créatures surnaturelles ouvertes en milieu urbain et où l’accès est à restriction limitée ?
-...Parfaitement ! » Répondis-je en essayant de comprendre tous les mots qu’elle venait d’employer. C’était vrai, je n’avais pas eu mon badge de Marshall en apprenant les règlements par cœur, mais uniquement parce que Luna voulait me virer de son château tout en me gardant sous le sabot quand elle en avait besoin.
« Très bien, alors vous serez certainement rassurée d’apprendre que nous avons augmenté le nombre de glamours répulsifs. Ainsi, seuls les êtres hors du commun pourront entrer sans problème, sans compter quelques exceptions, bien entendu. » Elle continua sur un long couloir avant de s’arrêter devant une porte. « Venez, nous serons plus à l’aise dans mon bureau.
-Excusez-moi, mais qu’est-ce que vous entendez par ‘quelques exceptions’ ? » Demandais-je en m'introduisant dans son bureau et en m'asseyant juste en face d’elle.
« Eh bien, cela comprend tout les poneys normaux qui ont besoin de venir ici, bien sûr. » Elle passa un sabot dans sa crinière bordeaux avant de redescendre sur son ornement doré qu’elle gardait autour de son cou.
« Pourquoi est-ce que des poneys normaux auraient besoin de venir ici ? J’ai beau avoir croisé une licorne, elle accompagnait juste une amie batpony.
-Mais voyons Marshall, nous les accueillons ici pour les aider bien sûr. »
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Cadence est juste trop class dans ce chapitre, y'a plein de bestioles les lycan les hybrides et autre bizarrerie c'est super cool aussi. Je rejoins le camarade Auron, les décors et lieu viennent naturellement à l'esprit, et même si y'a pas une scène ultra cool qui surpasse tout le reste du chapitre, il est intéressant tout du long on découvre ( ou redécouvre ) plein de personnages. #Détailssurlepassédesbatponeys ^^
So far c'est mon chapitre préférés de cette deuxième version de Paranormal Canterlot, parce que la justement, on nage en plein dans le paranormal, et c'est super cool.
Surtout quand Zoé et Anakiel J'avoue, j'ai copie colle son nom^^ font leurs casse-dalle.
Petit plus pour la Bat qui zozote, Charisme/20. ^^
La scène (littéralement) est humble permettant un accès simple tout en gardant l'effet "piédestal" sans pour autant ajouter un effet inaccessible.
Ce qu'il manquerait à mon sens, ce serait une meilleurs description du toucher, de la texture, de la résistance de la matière. Bon je comprend que ça saute pas aux yeux (he he ^^) mais ça pourrait apporter beaucoup.