Chapitre 2 : Duel des dieux

Les ressources se faisant rare, ce fut rapidement l’anarchie, des clans se formèrent et seul les plus forts survécurent. Chacun se battait pour prendre possession des lieux contenant les ressources pour survivre, comme les grottes qui renfermaient des sources d’eau signifiant la vie et en plus d’être en guerre face au roi des ténèbres. Le peuple se déchira, oubliant le véritable responsable de leur malheur. Aodha sachant cela, s’en donna à cœur joie et attisa même la flamme afin que la résistance n’ait aucune influence pour garder le peuple sous l’instinct de survie.

Aodha admirait son œuvre depuis sa chambre, tout se passait comme il le souhaitait, il avait enfin pris sa vengeance sur ces mortels qui avaient osé se rebeller contre lui. Un conseiller commis d’office vint toquer à sa porte pour le questionner.

“Seigneur Aodha ? Puis-je avoir une séance privée avec vous ?”

Il répondit face à la fenêtre sans quitter des yeux cette terre de feu et ce ciel ardent parcouru par les éclairs ne laissant aucune lumière, aucun espoir de revoir cet astre qui semblait insignifiant et la pluie dont presque tout le monde se plaignait.

“Je vous écoute.”

“Comment comptez vous prospérer, alors que vous êtes affecté par cette famine ?”

Aodha ricana d’une manière qu’on comprenne qu’il était l’être supérieur, le dieu de ce monde. Après tout, n’était-il pas immortel ?

“Voyons, en quoi je serais affecté par cette chose qu’on appelle la famine ? La famine c’est pour les mortels, ceux qui ne sont pas capables de s'adapter doivent mourir et les plus forts seront ceux qui dirigeront ce royaume.”

“Que voulez-vous dire ?”

Le roi finit par faire face à son conseiller qui doutait de ses pouvoirs ainsi que de sa manière de diriger le royaume.

“Je veux dire que le maître-mot, c’est diviser pour mieux régner. Le fait de savoir que des clans se forment au sein du peuple me permet d’avoir un contrôle total. Ils se battent entre eux ? Soit, faites donc ! Je me ferais un plaisir de vous regarder vous entre-tuer.”

Son regard de braise surbrilla, intimidant le conseiller qui recula, avant qu’un autre événement n’attire l’attention du poney. Il semblait que le ciel commençait à s’ouvrir laissant passer un rayon de soleil éblouissant Ahoda qui s’empressa d’aller voir.

“Ce… Ce n’est pas censé arriver. Comment se fait-il qu’il y ait une faille ?!”

Le conseiller s'avança pour dire la véritable mauvaise nouvelle, craignant aussi sa réaction.

“C’est ce que j'essaye de vous dire, Altesse. Vous faiblissez de jour en jour, plusieurs de nos éclaireurs ont repéré des failles…”

Il fut immédiatement saisi par le cou et soulevé par la magie d’Aodha, visiblement furieux d’apprendre que ce phénomène ne lui avait pas été rapporté. Ses yeux s’illuminèrent ainsi que le contour de ses yeux qui s’enflamma, accentuant sa colère. Le conseiller s’étouffa et se débattit inutilement pour avoir ne serait-ce qu’un peu d’oxygène.

“Vous dites, qu'il y a eu d’autres failles ?! Et on ne m’a pas prévenu ?!”

Il concentra un peu plus d’énergie, faisant briller l’anneau orangé au cou du conseiller, qui fut violemment lancé contre la porte comme un objet qu’on lancerait pour se défouler à la moindre contradiction.

“Je vous ai nommé conseiller pour me tenir au courant de tout ce qui se passe à l’extérieur ! Qu’est-ce que j’entends ?! Qu’il y a eu d’autres failles avant celui-ci ! Ce n’est pas pour rien que j’ai dressé sur toute la planète cette couverture de feu qui est censée empêcher la venue de cet enfant prodige !”

Aodha frappa le sabot au sol faisant trembler tout le château, ouvrant une fissure jusqu’au conseiller, se remettant à peine du choc, qu’il se retrouva face à face avec son roi enragé prenant sa voix impériale à faire vibrer les murs.

“Je devrais te tuer pour cette erreur !”

Le conseiller effrayé, n'eut d’autre réflexe que de fuir en se téléportant. Aodha reprit son sang-froid, observant la faille se refermer lentement, le laissant perplexe sur les limites de ses pouvoirs. En effet, la famine ne le laissait pas indifférent car il n’avait que la peau sur les os et personne ne savait comment le roi n’en souffrait pas. Sa soif de puissance et de pouvoir se retournerait-elle contre lui ? C’était clair qu’Aodha avait atteint ses limites, il n’en prit conscience que trop tard et pour rassembler l’énergie nécessaire pour le combat qu’il juge inévitable. Le seigneur du feu libéra le royaume de cette prison de nuage brûlant et alla sur son trône, armure vêtue et armes aux sabots, attendant avec impatience d’en découdre avec sa némésis.

Durant son moment de méditation, sa femme fut mise au courant de son état de santé et en le voyant en tenue de combat, elle comprit tout de suite que son heure était comptée. La reine cachée du peuple se nommait Isabelle, une conquête d’Aodha cachée de ses frères et qu’il épousa une fois sur le trône de fer. Isabelle était une alicorne à la crinière violette et à la robe noire avec des yeux rouges qui maîtrisait la magie noire. Elle l’embrassa tendrement, l’interrompant agréablement dans sa concentration puis elle se colla à lui pour lui chuchoter à l’oreille.

“Pourquoi tiens-tu à ce combat ? Viens avec moi, tu le combattras quand tu seras capable de tenir debout tout seul.”

Aodha la regarda droit dans les yeux, lui faisant comprendre qu’il ne fuirait pas devant son ennemi. Désespérée, la mage frappa faiblement son torse, essayant de convaincre sa tête de mule de mari.

“Je ne veux pas te perdre ! Je ne te pardonnerai jamais si tu meurs !”

Aodha glissa un sabot sur la joue de sa reine pour y essuyer une larme avant de le mettre sous le menton afin de redresser son regard.

“Tu le sais tout comme moi que ma mort est inévitable et qu’en fuyant, je ne ferais que la retarder. Et puis…”

Il jeta un regard plus intense qu’Isabelle comprit vite, et afficha un sourire presque inquiétant.

“Tu sauras quand frapper.”

“Je le ferai souffrir comme il m’aura fait souffrir de ton absence.”

Ses yeux se dilatèrent et ce ne furent plus des larmes ordinaires qui coulaient, mais des larmes de haine, laissant échapper une aura lugubre qui une fois au sol s’évapora dans de la fumée noire, on pouvait distinguer un cri à glacer le sang et le visage de l’alicorne se transforma ressemblant à celle de la jument séléniaque.

Soudain, un bruit sourd résonna dans tout le château, faisant vibrer les murs. Un courant d’air balaya la cour royale éteignant toutes les bougies, seules la crinière et la queue de feu du roi les éclairaient dans une ambiance funéraire.

“Il est là, part tant qu’il en est encore temps. L’avenir t’appartient désormais, profite de ton anonymat pour frapper fort… et tue le.”

La reine se sépara doucement de son mari avec la ferme intention d’accomplir la dernière volonté de son défunt roi. Sa démarche sensuelle dû à ses talents de mannequin faisait tourner les yeux de tous les étalons et avait séduit le cœur d’Aodha, mais sous cette beauté se cachait une mage noire pouvant distordre la réalité.

“Je ne me contenterai pas que de le tuer.”

Elle disparut après avoir ouvert un portail dont elle seule connaissait la destination. Aodha était désormais seul face à son destin, le crépitement de crinière de flamme brisant le silence ; le soleil commençait lentement à se coucher.

Aodha toujours dans sa méditation, profitait des derniers rayons de soleil pour se régénérer en puissance. Lorsqu’il ouvrit les yeux, sa bête noire était présente.

“Pourrais-je avoir un nom ?! Sur celui qui vient mettre fin à mon règne ?!”

Les ailes de l’alicorne céleste brillaient dans l'obscurité, tout comme sa crinière et sa queue. Il était vêtu d’une armure plus légère que son adversaire et tous les deux étaient protégés du sabot jusqu'à la croupe. Sa robe était d’un bleu profond qui dérivait vers le violet en fonction du placement et de la luminosité.

“Je me nomme Sirius, je suis celui que tu as tenté de faire disparaître avec tes frères. Tes frères que tu as jadis trahis.”

Le roi se leva doucement dans un bruit de cliquetis d’acier, puis fit léviter son épée imposante en avançant vers Sirius.

“Mes frères étaient faibles, ils ont fui devant le peuple alors qu’il suffisait d’imposer le respect.”

“Est-ce la raison du meurtre de tes frères et de la destruction du royaume ?!”

Aodha s’approcha de lui, étant un peu plus grand que le jeune Sirius visiblement en quête de réponse.

“La raison ? La raison de ta présence dans ce monde tout simplement ! Ta naissance signifiait une nouvelle ère, le premier dirigeant du royaume d’Equestria, mes frères et moi étions les seuls dignes dirigeants, puis vint ta naissance. Ta venue a tout fait basculer, il fallait que j’agisse mais visiblement, je ne pouvais empêcher ton retour.”

Le tyran recula de quelque pas, se mit en garde, bouclier dressé et arme prête pour le duel.

“Cette fois-ci, c’est entre toi et moi. Je te tuerai comme j’ai tué ta mère.”

Le regard de son opposant se durcit, sa pupille se rétracta, le rendant plus menaçant mais son adversaire était mieux préparé, mieux armé et plus imposant.

“Tu es vraiment sûr de l’avoir tuée ? Tu n’as pas eu sa tête à ce que je sache.”

Sa corne s’illumina, une longue silhouette légèrement courbée se forma, laissant apparaître un katana. Sirius le dégaina d’un coup faisant apparaitre des pétales blancs, et plaça le katana devant son museau légèrement pointé vers l’avant, comme la posture de sa mère face aux quatre frères.

“C’est avec cette lame que je te décapiterai.”

Le roi n'eut pas de mal à reconnaître l’arme qui les avait tenus en difficulté, lui et ses frères. Malgré tout, Aodha resta confiant, trop confiant, au point de se permettre un sourire avant d’engager d’un coup latéral, rapidement esquivé vers l’arrière d’un coup d’aile. Mais le jeune alicorne se fit instantanément charger et violemment éjecter contre l’un des piliers.

“Quoi ?! C’est tout ?! Alors donc ?! Tu n’es pas censé être celui qui devait libérer ce royaume de la tyrannie ?!”

Sirius ne s’attendait pas à une telle force d’opposition, mais c’était également son premier combat. Il se releva rapidement tandis qu’Aodha jouissait de cet instant de force. Les combattants étaient éclairés seulement avec la lumière de la pleine lune.

“Es-tu sûr d'être vraiment en position de force ?”

Le mastodonte infernal commença à s’inquiéter en voyant la pleine lune. À ce moment-là, Sirius effectua plusieurs mouvements de katana avant de le rengainer, et se positionna prêt à charger. Son katana se mit à briller aux couleurs de la nuit, gagnant de plus en plus de puissance. Il se déplaça instantanément dans une lueur bleue et le roi n'eut pas le temps de réagir que son casque s’envola.

Du sang se mit à couler de la joue du roi encore surpris. Il se ressaisit car Sirius revenait à la charge et il bloqua le coup grâce à son bouclier. À vrai dire, il était attaqué dans tous les sens sans pouvoir riposter. Aodha forma un bouclier qui explosa instantanément, brisant l'enchaînement de Sirius ; il s’élança faisant violemment croiser le fer créant une impulsion énergétique.

Aodha brisa le duel en repoussant Sirius d’un coup de bouclier et concentra de l’énergie avant de tirer un puissant rayon le forçant à passer sur la défensive. Il esquiva le rayon, offrant au combattant un moment de répit. Le roi semblait montrer des signes de faiblesse, l’armure qu’il portait semblait lui peser de plus en plus et ses sabots tremblaient. Le roi savait que son moment était venu, il lâcha son épée et se mit en position de tir, engrangeant une énorme quantité d'énergie.

Quatre cercles d’énergie apparurent vers l’avant en direction de Sirius, qui se prépara en formant un bouclier en pointe visant à disperser l’énergie du rayon. Le roi joua sa dernière carte en tirant le même rayon qui lui avait permis de réduire en cendre toute l’allée principale de la ville. Une énorme explosion retentit, le rayon traversa le château et Sirius derrière son bouclier lutta pour résister, la puissance était telle que malgré la dispersion de l’énergie, Sirius traîna sur le sol, résistant du mieux. Le sort avait tellement demandé de ressources que l’armure d’Aodha se désintégra, le laissant sans protection.

“Quoi ?! Impossible !”

Sirius saisit l’occasion en se téléportant devant lui et transperça la poitrine d’Aodha qui s’effondra au sol.

“Je te l’avais dit, je te décapiterai avec cette lame.”

Sirius faisait un mouvement de mouliné avant d'abattre le katana mais fut vite interrompu, s'arrêtant pile au cou d’Aodha.

“Stop ! Ai-je le droit à une dernière volonté ?”

Le jeune alicorne curieux, recula de quelque pas avant de tendre l’oreille.

“Si je dois mourir... je mourrais... avec mon château…”

“Je vois.”

Il rengaina le katana avant de le faire disparaître, pour s’envoler vers l’extérieur par la brèche laissée par le rayon. Aodha titubant au sol regarde son bourreau s'éloigner attendant son exécution et une fois à bonne distance, il fit apparaître un arc magique armant une flèche qui se charga d’énergie, augmentant également en taille. La flèche brilla comme l’étoile du nord, telle une comète, puis s'abattit sur le château qui explosa et s’écroula dans un fracas de roche et de gravats.

Des siècles de souffrance enfin terminés, le roi était mort et le royaume enfin libre. Sirius fut accueilli comme il se doit et acclamé par la foule. Il resta quelque jour à Equestria, aidant son peuple à reconstruire la ville. Malheureusement, il n’y resta que temporairement, le temps que le royaume reprenne toute sa splendeur et de chercher celui qui prendrait sa place sur le trône. Il estimait que sa place n'était pas sur le trône à diriger le royaume, Sirius se devait de garder et de guider les âmes quittant ce monde. On raconte qu’il était capable d’emmener un mortel vers l’âme d’un être cher au plus méritant. Sirius parcourut chaque coin du royaume mais en vain, le château était bientôt fini et personne n'y aurait accès tant qu’il n'y aura pas de dirigeant pour occuper le trône.

Une nouvelle circulait sur la naissance de deux alicornes, deux juments qui seraient née avec leur marque de beauté. Sirius ne tarda pas à rencontrer la mère des deux futures princesses, sa proposition de devenir reine, afin que ses deux filles puissent dirigeait le royaume à sa suite, fut acceptée après une longue discussion. Il couronna la nouvelle reine et baptisa les futures princesses, soulagé que le royaume soit entre de bons sabots. Le soir venu, il fit ses adieux avant de déployer ses ailes lumineuses reflétant le ciel étoilé. Sirius décolla d’un coup, disparaissant dans la voûte céleste. Au moment où il disparut, des milliers d’étoiles apparurent, illuminant le ciel comme un sapin de Noël. C’est ainsi que l’on nomma cette nuit, la nuit des étoiles qui aurait lieu à chaque anniversaire des princesses. Ainsi Sirius put rejoindre sa mère pour l'éternité.