L’enterrement était des plus grandioses. Toute la ville ou presque devait être présente pour les sept membres les plus prestigieuses de la cité. Rien que quarante-deux personnes étaient nécessaires pour soulever les sept cercueils. Les six personnes les plus proches de chaque défunte portaient le lourd coffre en bois de sapin. Les trois détectives portaient chacune leur sœur respective, qu’elle soit de sang ou juste de cœur.
La lente procession, portant à la fois le fardeau du poids et de la peine, était constituée de personne venant de tout horizon social, mais chacun avait vêtu le deuil de circonstance. Au cimetière, on déposa les funestes bières au fond des tombes. Elles reposeront, selon leur volonté, côte à côte.
Une cérémonie d’hommage fût organisée et menée à bien. Des discours touchants furent prononcés, des amitiés renouées ou entretenues et surtout, beaucoup de larmes furent versées. Profitant d’un moment d’accalmie, le Triple Private Eye retrouva l’inspecteur Spitfire, à l’extérieur, profitant d’une pause cigarette pour la policière et l’enquêtrice distinguée.
« Vous avez pu aller chez Fluttershy ? demanda au bout d’un moment Scootaloo.
- Oui, répondit succinctement l’inspectrice qui tira une bouffée de cigarette. Mais au départ, j’ai bien cru que je m’étais trompée d’adresse.
- Comment ça ? questionna une Applebloom ironique. Au lieu d’atterrir au zoo, t’as atterri chez le boucher ?
- Il n’y avait plus aucun animal, expliqua avec agacement la femme aux cheveux de feu tout en serrant le poing. Mais elle s’apprêtait à envoyer à tous ses confrères de la région une alerte pour ses animaux enfuis. Comme ça me paraissait bizarre, j’ai enchaîné en vérifiant les fourrières et autres organismes de protections des animaux. Dans tous les quartiers de banlieues[1], les animaux se sont échappés et font tout pour quitter la ville. »
Spitfire s’était radoucie petit à petit, tout autant que les trois privées. Visiblement, il y avait un phénomène magique en cours, la réaction animale en était la preuve. Mais il y avait quelque chose qui n’allait pas du tout. Déjà, en tout logique, Twilight Sparkle aurait déboulé beaucoup plus tôt au commissariat, donnée l’alerte et participé à la résolution de l’affaire. Hors, selon les éléments réunis par les quatre enquêtrices, cela n’avait commencé il n’y a que deux ou trois jours. De plus, c’est Fluttershy qui semblait être à l’origine de tout et les sept femmes ne s’étaient réunies que pour résoudre un problème d’origine inconnue. Mais d’un autre côté, un événement pareil expliquerait la mort soudaine et inexplicable.
« Et vous comptez faire quoi par la suite ? interrogea la policière qui écrasa son mégot au sol.
- On va voir la scène de crime, répondit calmement Sweetie Belle qui achevait elle aussi sa cigarette.
- On a déjà passé la clairière au peigne fin. Mais je vous montrerai où ça se trouve sur une carte, histoire que vous ne perdiez pas de temps. »
***
« C’est là, indiqua Applebloom qui suivait la carte des yeux et du doigt.
- Sweetie Belle, hésita un instant Scootaloo avant de se lancer. Tu étais obligée de mettre ta robe rouge à dix milles dollars pour ce genre d’occasion ?
- Tu sais ce que te répondrais ma sœur ?
- Non, je préfère bosser. » abandonna aussitôt la yamakazi.
Elles avisèrent les banderoles jaunes de la police et se concentrèrent : juste au cas où, elles ne devaient pas déranger la scène de crime. En aucun cas. Les trois détectives se séparèrent pour couvrir un maximum de terrain, mais au bout de vingt minutes, elles durent se confronter à l’évidence : il n’y avait rien ici.
Reprenant sa carte, Applebloom qui avait fait de nombreuse balades dans le coin proposa de vérifier les autres clairières à proximité. Peut-être étaient-elles ailleurs au départ, et qu’elles ont été déplacées pour cacher un truc ? Autant vérifier, elles n’avaient rien d’autre à faire, ni aucune autre idées pour le moment.
Sur le chemin, l’acrobate se rapprocha de la femme forte pour lui parler dans un murmure :
« Dit, tu saurais pas pourquoi elle fait soudainement autant attention à son apparence ?
- Sweetie Belle ? demanda presque aussi silencieusement Applebloom. Je crois qu’elle a un mec.
- Y’en a qui ont de la chance, ronchonna la petite détective.
- Ouaip. Mais bon, si on se donnait du mal, on aurait peut-être une chance.
- Vu comment je suis gaulée, on risque de me prendre pour un travesti si je mets une robe.
- N’exagère pas, tu n’es pas si plate non plus.
- Si c’est une planche à pain, intervint alors Sweetie Belle excédée que l’on parle dans son dos. Maintenant taisez-vous, on peut voir l’autre clairière. »
La clairière était plus petite, mais semblait également plus tranquille. Il semblait y avoir eu beaucoup de passages dernièrement, l’herbe était encore aplatie par endroits. Beaucoup plus même qu’à l’autre clairière qui avait pourtant été visitée par la police. Lentement, Scootaloo et Sweetie Belle dégainèrent leur arme de poing avant de reprendre les recherches. Après quelques minutes, Applebloom se pencha, ayant remarqué un petit objet recouvert par l’herbes, les feuilles et autres fleurs : des lunettes violettes cassés. Certainement foulées par le pied. Les lunettes de Twilight Sparkle. Elles étaient bien ici, mais quelque chose d’autre n’allait pas. Applebloom n’arrivait pas à déterminer quoi, mais elle plaça les yeux accessoires dans sa poche. Finissant par se rejoindre, les trois détectives affichaient des mines perplexes et livides.
« J’ai trouvé du sang coagulé sur une branche, annonça Sweetie Belle.
- Et moi des éclats de lentilles, compléta Scootaloo. J’ai pu le déterminer avec sa taille, son diamètre, sa forme arrondie… Bref. La théorie de l’astronomie se confirme. »
Applebloom ouvrit la bouche mais fut coupée par deux coups de feu lointains. Les deux autres filles se mirent aussitôt en position de défense, prête à faire feu.
« Du calme les filles. Ce doit être Big Mac’ qui a repéré des renards, apaisa Applebloom en les forçant à rengainer. Hier aussi dans la nuit j’ai entendu des tirs. Bon, voilà ce que j’ai trouvé pour ma part. »
Elle ressortit les lunettes de sa poche, ce qui provoqua un effarement complet de ses camarades qui s’écrièrent de surprise.
« C’est impossible ! cria Sweetie Belle.
- Twilight avait ses lunettes sur le nez à la morgue !
- Vous êtes sûres de vous là ? bafouilla Applebloom.
- Absolument, confirma Scootaloo qui sentait perlait sur son dos une sueur froide soudaine et intense. »
Le portable de la yamakazi émit alors une brève et mélodieuse sonnerie.
« Ah bon sang Scoot’, ça fait quoi, dix ans qu’elles avaient chanté ça ? se moqua Applebloom.
- Vos bouches, c’est un SMS de Spitfire. Elle me demande si ses deux experts de la police scientifique nous ont rejointes. Ils ont dû se perdre. »
Un coup de tonnerre retentit alors que le téléphone se prit une volée de plomb qui le détruisit aussitôt. Les drôles de dames se jetèrent alors au sol, esquivant un deuxième tir qui se perdit dans les arbres. La voix chevrotante de Granny Smith retentit dans un accent enragé :
« J’vais exposer vos peaux dans mon salon, bande de petits bâtards ! »
Elle commença alors à recharger son arme. Le Triple avait pour sa part rejoint la bordure de la clairière pour se mettre à couvert.
« C’est même plus être gâteuse là, commenta Scootaloo.
- C’est de la folie, concéda la détective en robe qui s’empara d’une lunette de visée dans son sac.
- Grand-mère ! hurla Applebloom les larmes aux yeux. C’est nous bon sang ! »
Deux autres tirs déchirant l’herbe et le bois la firent taire cependant.
« Je ne suis pas sûre que ce soit ta grand-mère, hésita lentement la détective en sublime robe rouge. Regarde. »
La fille de fermiers s’empara de l’organe de visée et observa son aïeule. C’est bouche bée qu’elle se rendit compte que la vieille personne avait des détails des plus perturbants. Comme des yeux totalement verts et des crocs bien trop grands et larges.
« Il doit y avoir une explication. » tenta Applebloom qui bégayait d’incompréhension.
Mais Sweetie Belle ne sembla pas d’accord et vida son chargeur dans la direction de la vieille cinglée. Celle-ci, au loin, tituba et s’effondra.
[1] Rappel : Dans la culture américaine, une banlieue est un quartier aisé/classe moyenne où se trouvent moult maisons individuelles. Contrairement à chez nous, ils ne correspondront pas à des barres HLM et à des zones de basses conditions sociales.
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Dans cette fiction, les chapitres sont courts. Mes autres fictions peuvent te démontrer que je sais faire quelque chose de plus long ;)
Je te souhaite bonne chance pour la suite et continue comme ça mais je pense que tu pourrais peut être faire des chapitres légèrement plus long.
Bon voilà aller bonne chance !