Heure locale : 09 h 30
Date estimée : 28ème jour du 7ème mois
Année de l'existence en cours (39ème) : 78ème
La jument grisée se tenait près d'un hublot de son astronef échoué, la tête contre une paroi et le regard vide, vers le sol. Elle fermait les yeux, soupirant d'un mélange entre le soulagement et la tristesse. Elle venait de bannir de sa mémoire une partie de ses existences... une partie à laquelle elle tenait et se raccrochait, mais également douloureuse... trop douloureuse. Les dernières preuves de l'amitié qu'elle avait eue avec Luna, ses souvenirs d'elle... tout cela disparut dans le Néant. Mala ne voulait plus continuer à souffrir pour quelque chose de révolu.
Alors que ses larmes se stoppèrent progressivement, comme sa peine n'avait plus trop de raisons d'être alimentée, sa sombre part se matérialisa à nouveau auprès d'elle, un certain sourire satisfait sur le visage.
« Et bien voilà, on progresse ! On est bien mieux sans ces souvenirs peinés ! Nous allons enfin aller de l'avant... j'ai attendu ça depuis que l'on a parlé toutes deux pour la première fois, à ta huitième existence. »
« Ne rêve pas trop. Je vais m’efforcer de me soigner en te purgeant. Même si je dois me récurer la tête à coup d'acide et de lavements tous les jours. »
« J'en rirai presque ! Tu sais très bien que c'est inéluctable... tu ne fais que te bercer de pensées rassurantes, vaines. »
« C'est ça, nos dialogues ? Ressasser sans arrêt les mêmes sujets, régulièrement ? Je n'ai pas que ça à faire... je dois laisser le temps passer, et reconstruire quelques machines, ainsi que refaire des orbes de foudre. Comme à chaque fois. Il faut que je m'équipe, surtout que je ne saurai pas ce qu'il se passe après l'an 651... »
« Quelle surprise l'on pourrait avoir, hi hi hi... ? Encore des monstres attaquant Equestria ? Célestia qui va en prendre pour son grade parce qu'elle a banni sa sœur et qu'elle ne supporte plus sa décision ? Tant de possibilités qu'on pourrait imaginer... hu hu... mais il n'y a bien qu'une seule chose qui nous intéresse. Plus que ces poneys qui subissent avec une pintade millénaire à leur tête. »
« ...les juments artificielles. »
« Elles viendront. Quand ? On en sait rien ! Mais on va les attendre... oh oui... tu va peut-être arriver à assumer tes erreurs et réparer tes fautes, qui sait ! »
Le regard de la jument grisée se fronça visiblement, relevant la tête pour fixer longuement le paysage matinal à travers le hublot.
« Célestia vient de bannir Nightmare Moon il y a à peine deux jours... Canterlot va bientôt être fondée. »
« Oh oui !... tu devrais te dépêcher de déplacer la fusée pour la rapprocher... enfin, tu le sais déjà, ce n'est pas la première fois que tu le fais ! »
« Merci de me rappeler qu'elle ne remarque pas l'onde de magie à cause de sa détresse. Ce ne sera bien que la neuvième fois que je le ferai. » fit froidement Mala sans même éprouver de compassion pour la sœur de son ancienne amie.
Alors que la sombre jument disparut malicieusement, Mala regarda consciencieusement la carte de l'actuelle Equestria, encore relativement peu étendue, qu'elle finissait par connaître en grande partie à force. Elle semblait avoir elle-même apposé la future position des prochaines et différentes villes à être fondées à l'avenir... vu que techniquement, elle n'avait pour ainsi dire participé à aucune action envers un événement majeur de l'Histoire equestrienne dans cette trente-neuvième existence, il ne devrait pas y avoir de changements impromptus.
Un pic isolé à de courtes lieues de celui de la future Canterlot... elle finissait par également le reconnaître à chaque fois. Célestia fondait cette ville peu loin de leur ancien château, systématiquement. Comme pour pouvoir intervenir rapidement en cas de besoin. C'était logique après tout...
Pendant plusieurs jours, la jument grisée rassembla des matériaux et minéraux nécessaires à l'élaboration des fameuses orbes de foudre, dont elle connaissait la fabrication... pour une licorne évoluée issue d'une société à un niveau technologique relativement confortable, avoir des orbes génératrices d’électricité était fort utile. Elles tenaient dans le sabot et pouvaient alimenter l'équivalent d'une maison bien équipée pendant quelques temps sans trop sourciller.
Une fois sa petite réserve d'orbes établie, Mala put s'atteler à préparer son... déménagement. Aménageant les murs de l'astronef afin de conduire le maximum de magie, elle pensa également à sceller le bassin du Lazarus qui existait dans sa soute, afin de ne pas en perdre avec d'éventuelles secousses. Une fois tout paré, elle se plaça sur un piédestal en ferraille de fortune et commença à faire luire sa corne d'un bleu clair de manière naturelle, semblant se concentrer. Après un long instant, les « veines » pourpres de sa corne s'illuminèrent, alors que l'aura de celle-ci y vira également. Ses yeux firent de même, alors que les « veines » de magie pourpre s'étendaient peu à peu à son corps, la Magie commençant à emplir l'air d'une curieuse aura de même teinte.
Une fois les sabots atteints, ces mêmes « veines » commencèrent désormais à se répandre à travers l'astronef, alors que Mala commençait à saigner bleu du nez, puis des oreilles. Son corps ne supportait toute cette avalanche de magie que la jument s'infligeait, même après tout ce temps, le corps n'était pas encore aussi habitué qu'un mage equestrien aguerri, sachant que ce qu'elle s'apprêtait à faire était un pervertissement magique, un pliage de son essence même pour la déformer. Ses origines, sa méthodologie ainsi que son corps renforcé par le Lazarus lui permettaient de telles choses, non sans risques.
Les « veines » commencèrent à être visibles depuis l’extérieur, recouvrant progressivement la totalité de l'astronef, alors que son entourage crépita pourpre, de manière plus en plus soutenue. Ce furent au tour des yeux de la jument de se mettre à saigner, son corps atteignait sa limite magique. Dans un hurlement résonnant puissant résonnant sur le pic, l'astronef ainsi que la roche environnante disparurent purement et simplement dans une explosion d'éclairs pourpres...
Bien plus loin de là, sur un autre pic venteux, aux faibles neiges éternelles, se produisit une autre explosion d'éclairs pourpres, à seule une quinzaine de mètres de son sommet... l'astronef et la roche qui l'entouraient réapparurent soudainement dans celle-ci, à même pas une seule seconde d'intervalle... seulement, l'appareil apparut encastré dans le pic, défigurant celui-ci. Il faisait nuit noire, alors qu'à l'intérieur, la jument grisée s'effondra de fatigue et de douleur sur le sol froid de l'astronef, les veines magiques s'estompant. Toussant du sang bleuté par la bouche, comme si les yeux, les oreilles et le nez n'avaient pas suffi, elle se mit à regarder le ciel nocturne à travers les hublots, d'un calme assez effrayant malgré l'état dans lequel elle était.
« Hmph... pas trop mal... pour une neuvième fois... »
Elle savait qu'elle allait mettre du temps pour pleinement récupérer, sachant que les bains du Lazarus étaient réservés au crépuscule de sa vie... il ne fallait pas qu'elle en abuse, ou elle s'affaiblirait par sur-utilisation. Elle essaya de se détendre malgré tout, s'accordant du calme à observer le ciel... et quand elle posa les yeux sur la Lune ornée des cratères représentant la jument emprisonnée là-bas... elle resta totalement indifférente, soupirant et fermant les yeux, toussant une nouvelle fois.
« Voilà... plus qu'à... attendre... et observer... »
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Pour moi, elle fait une erreur. Elle n'efface pas juste ses souvenirs, douloureux certes, mais elle efface ce qui restait de sa bonté. Devenant encore plus froide et pragmatique qu'avant.