30 h 02, le 2 Gygala, an 2233, Ère V
Dans le grand laboratoire sans fenêtres se trouvaient l'éminent professeur Tinsk ainsi que son équipe, composée de 6 autres licornes. Tous étaient habillés d'une blouse, et une partie portaient des lunettes de vue. Mais niveau parité, il y avait cinq étalons et une seule jument, en plus de Tinsk. Les installations étaient surtout composées d' incubateurs translucides et hexagonaux, renforcés avec des plaques d'un titane blanc sur les cotés. Le reste était surtout composé d'ordinateurs, de microscopes électroniques gros comme des voitures ainsi que d'énormes installations de scans qui montaient jusqu'au plafond, à savoir cinq mètres.
Tinsk, lui, était en train de regarder un calendrier, suivant la vitesse de progression de son projet. Cela faisait exactement 3 ans et 2 mois que celui-ci avait commencé, en attestait l'ordre des 8 mois de l'année : Rotola, Rolkola, Biyola, Oratala, Romvola, Fala, Gygala et Yovola. Un peu plus de la maturité de la première vague de poneys de nébuleuse était donc passée.
« Allez !... dans 6 heures, il sera minuit et nous seront le 3 Gygala, commença Tinsk en rompant le "silence" de travail de son équipe. Helvor ! Torah ! Comment se porte leur stabilité atomique ? »
« Elle est en très bonne voie, professeur, répondit l'un d'eux. Les sujets sont très stables depuis que leur étoile s'est formée il y a dix jours. Celles-ci sont encore très immatures, mais chacun des quatre sujets produit théoriquement plus qu'une centrale à charbon, actuellement. »
« Très bien, très bien. Menoa ? Rasti ? Voka ? Dans quel état sont leurs incubateurs ? »
« Ils sont pleinement opérationnels. Les radiations cosmiques émises par leur étoile ne passent pas le blindage. Quand les sujets seront matures, ils ne devraient plus émettre la moindre radiation nocive à l'état naturel, selon nos prévisions. »
Le professeur alla ensuite voir la seule jument de son équipe, d'une robe d'un gris assez brillant et d'une longue crinière grisée, bien lisse et peignée. Elle ne portait pas de lunettes, elle. La dite jument se trouvait dans un petit box, au sein d'un coin du laboratoire, à pianoter sur un clavier, relié à un énorme bras, se divisant et attrapant le haut de chacun des incubateurs.
« Ingénieure Mala ? Où en est leur inculcation magique ? »
« Ardue, mais elle se tient, professeur. Comme vous l'aviez prévu, leur amas de nébuleuse absorbe les connaissances que nous leur envoyons. A ce rythme... ils sauront entendre, comprendre et communiquer avant leur maturité. »
« C'est parfait tout ça, Mala. »
Il retourna auprès des incubateurs, tenant des notes, alors qu'il tapota chaque incubateur, sur la paroi translucide au devant, observant les quatre masses complètement informes, mais colorées, de nébuleuse aux différents tons violets et rosés, avec un petit point brillant faiblement en leur centre.
« Alors, mesdemoiselles ? On est bien aujourd'hui ? Je l'espère bien ! disait-il, semblant parler aux masses luisantes dans les incubateurs. Saviez-vous que ma tendre épouse devrait être en train de donner naissance à notre petite chérie ? Suis-je bête... bien sûr que vous le savez ! Je vous le dis tous les jours que c'est ce soir ! »
« Professeur... commença la jument depuis son box en interrompant son travail pour dépasser la tête, on vous le dit à chaque fois, vous devriez arrêter de parler aux sujets comme ça... c'est assez inquiétant. »
« Ingénieure Mala, pourquoi est-ce que c'est si inquiétant ? C'est comme parler à son animal de compagnie, sa plante... ou même son ordinateur pour qu'il aille plus vite. »
« Ne me leurrez pas, s'il vous plaît. Vous leur parlez comme si les sujets allaient vous répondre et partager vos discussions. De plus, vous leur parlez au féminin... »
« Et bien oui, elles seront de jolies demoiselles, non ? »
« Professeur... vous êtes le seul à vous comporter ainsi pour... des sujets de test, des outils pour l'avenir. Vous parlez à des réacteurs à fusion comme à de véritables juments. »
« Vous m'en voyez navré, Mala, mais je suis quelqu'un d'assez sociable ! Affirma Tinsk en souriant. Je parle à tout ce que j'apprécie, peu importe ce que c'est et ce que vous en pensez. »
« Et bien... vivement que votre fille naisse alors, soupira la jument. Vous lui parlerez à elle, au moins, et arrêterez de le faire à... de la nébuleuse. »
« Justement, Mala. Ces assistants de nébuleuse vont changer le monde ! Ma petite chérie naîtra dans un monde meilleur !... »
« On le sait... c'est ce qui explique votre dévotion aux travaux. Tant qu'on en est aux introspections, professeur... sachez que j'ai le plus grand respect pour vos travaux. L'idée de faire grandir des étoiles artificiellement dans de la nébuleuse en taille réduite est tout bonnement une véritable étincelle de génie. Mais... pourquoi tenir autant à en faire des équidés ? A leur donner... vie ? Vous jouez à un genre de mauvais Dieu... »
« Mala, Mala, Mala... justement, vous me connaissez, moi et mes précédents travaux. Vous vous doutez très bien que je ne tiendrai pas à cela sans une très bonne raison. Si j'avais jugé que ne pas leur faire ce que vous dites était meilleur, c'est ce que j'aurais fait. Vous pouvez avoir pleinement confiance en moi, et vous le savez, sinon vous ne seriez pas là. »
« Je le sais bien, professeur, mais vous connaissez au moins mes craintes sur le sujet... »
« Ne vous en faites donc pas, je l'ai rincé et entièrement prévu, ce sujet. Tout va bien dans ma vie, tout va bien dans le projet. Laissez-moi le gros du travail, et à nous sept la gloire ! Nous aurons révolutionné le domaine énergétique ET le domaine magique en même temps ! »
Une jument pénétra dans le laboratoire, un combiné rectangulaire dans le sabot, un téléphone. Elle s’avança vers le professeur tranquillement. Visiblement, vu sa tenue, c'était une secrétaire.
« Professeur ? C'est votre épouse au téléphone... » annonça-t-elle de manière totalement neutre... un peu trop neutre, comme cherchant à dissimuler quelque chose.
« Oh ! Splendide !! s'écria-t-il, euphorique. Je vous libère dès maintenant pour ce soir, ma chère équipe... il faut que je fête cela ! »
Tous les autres équidés du laboratoire terminèrent leur tâche en cours et sortirent dans le couloir avec la secrétaire, mais l'ingénieure Mala semblait rester dans le couloir, à le regarder parler dans le combiné avec grande joie. Cependant, sans le montrer à Tinsk, la secrétaire semblait sortir du laboratoire avec un air grave, ce qui interloqua Mala qui la retint, alors que la joie du professeur à la robe sombre commença à se dissiper progressivement. A la fin d'un long instant de discussion, l'étalon avait l'air... tout simplement dévasté, alors qu'il lâcha le combiné, qui s'écrasa au sol en s’abîmant.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé... ? » demanda Mala à la secrétaire.
« C'est la fille du professeur, ingénieure... elle... n'a pas survécu à sa naissance... »
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Mais c'est important pour la suite, sinon j'aurais pas mis une fin de chapitre aussi dégueulasse :p
On attend généralement le quatrième, et on le met dans un frigo ! Bon sang !